Onanisme
En français, l'onanisme est l'ensemble regroupant les pratiques individuelles de masturbation. Le mot provient du crime d'Onan, personnage de la Genèse.
Origine du terme
Le terme apparaît en anglais dans un pamphlet, publié anonymement vers 1712, Modèle:Lang<ref>Cairn - Comptes rendus.</ref>. Ce texte est aujourd'hui attribué à John Marten (1692–1737), un chirurgien britannique.
En français, il est utilisé pour la première fois en 1760 dans l'ouvrage du pasteur Dutoit-Membrini, L'Onanisme ou Discours philosophique et moral sur la luxure artificielle et sur tous les crimes relatifs. Puis le terme est repris en 1770 dans la Modèle:3e de l'ouvrage de Samuel-Auguste Tissot (1728-1797), L'Onanisme, essai sur les maladies produites par la masturbation<ref>Texte sur gallica.bnf.fr.</ref>. On sait aujourd'hui que la masturbation n'entraîne aucune maladie<ref name="brenot">« Onanisme », Dictionnaire de la sexualité humaine, in Philippe Brenot (Éd). L'Esprit du Temps, 2004.</ref>.
C'est donc à l'origine un terme religieux et moral, puis médical, permettant de désigner la pathologie associée à la masturbation. Il apparaît précisément au moment où cette pratique commence à être considérée comme un fléau social et nuisible à la santé.
La publication à la même période et chez le même éditeur, Grasset à Lausanne, de deux ouvrages religieux et médicaux montre la collusion qui existait à l'époque entre les deux domaines : le médical décrit les déviances et le religieux les condamne au nom de la morale.
C'est le début de deux siècles de persécutions sadiquesModèle:Refnec (voir Condamnation et répression de la masturbation), qui ne prendront fin qu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="brenot"/>.
L'allusion au péché d'Onan
Modèle:Article détaillé Dans l'Ancien Testament, Onan est un personnage qui, refusant de féconder l'épouse de son défunt frère (comme la tradition l'exigeait), aurait préféré Modèle:Citation (Gn 38, 9-10). Il est clair que, quand John Marten utilise le mot onanisme, il fait allusion à ce récit.
Il y est dit que Er et Onan étaient les deux fils de Juda. Er mourut pour avoir été méchant. Le père voulut que son second fils Onan épousât la veuve, selon l'ancienne loi des Égyptiens et des Phéniciens, leurs voisins : cela s'appelait susciter des enfants à son frère. Le premier-né du second mariage porterait le nom du défunt et c'est ce qu'Onan ne voulait pas. Il haïssait la mémoire de son frère ; et pour ne point faire d'enfant qui portât le nom d'Er, il jeta sa semence à terre, enfreignant ainsi la loi du lévirat. Il fut puni de mort par Dieu.
Contrairement à l’interprétation traditionnelle, l’épisode concerne directement la loi du lévirat selon laquelle le frère devait donner une descendance à la femme de son frère si ce dernier venait à mourir, afin que les biens et la propriété pussent rester dans la famille (Ruth 4 et Jérémie 32). En effet, la famille et la propriété étaient des concepts extrêmement importants dans l’Israël ancien en raison de l’enracinement des fils d’Abraham en la promesse donnée par Dieu à ce dernier<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Ce passage de la Bible ne fait donc aucune référence directe à la masturbation, il n'y est par exemple pas dit qu'Onan n'a pas eu de relations sexuelles avec son épouse.
Voltaire
Voltaire avoue sa perplexité sur ce point car ni la Genèse ni Dom Calmet, qui l'a doctement commentée<ref>Dictionnaire philosophique, article « Onan, onanisme »</ref>, ne sont très explicites, mais il convient qu'Modèle:Citation
Dans la terminologie de l'Église catholique romaine, l'onanisme désigne par conséquent toute éjaculation en dehors du vagin<ref>Hervé Le Bras, « Maîtrise des naissances : vie privée et défi planétaire », Concordance des temps, France Culture, émission du 9 mars 2013, 8 min 30 s.</ref>. Il renvoie notamment au coït interrompu, un moyen de contraception à l'efficacité toute relative, qui consiste à retirer le pénis du vagin avant l'éjaculation pour éviter la fécondation.
Effets supposés, selon la littérature du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Modèle:Pas clair, de nombreux médecins ont très lourdement stigmatisé l'onanisme<ref>Carol, A. (2002). Les médecins et la stigmatisation du vice solitaire (fin Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle-début Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle). Revue dhistoire moderne contemporaine, 491(1), 156-172. URL=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2002-1-page-156.htm</ref>, peut être sous l'effet du protestantisme, selon Elisabeth Ladenson qui note à propos de l'anti-onanisme : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>.
Dans l’Onanisme, Tissot dit que son objectif est moins Modèle:Citation<ref>Voir Stengers & Van Neck 1998 : 49-72 & Laqueur 2003 : 324 ss.</ref>. Parmi les terribles exemples de conséquences inévitables annoncées, figurent, selon les travaux de Jean Stengers Anne Van Neck sur la vague de peur de la masturbation qui a touché l'occident au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle :
- « Troubles du système cérébro spinal (...) : céphalagies, vertiges, congestion cérébrale, et de façon générale, ‘’toutes les maladies du cerveau et de la moelle épinière’’. Troubles nerveux : asthénie, mélancolie, hystérie, stupidité, imbécillité, aliénation mentale. Organes des sens et phonation : affaiblissement ou perte totale de la vue et de l’ouïe ; perte progressive de l’odorat et du goût ; troubles de la phonation. Système osseux : rachi- tisme, gibbosités, arrêt de la croissance, rhumatisme articulaire et goutte. Appareil musculaire et adipeux: amaigrissement, étiolement, paralysie. Système cardiovasculaire : palpitations, syncopes, lésions du cœur et des gros vaisseaux, rupture d’anévrisme. Système respiratoire : catarrhe chronique, phtisie, consomption tuberculeuse, scrofules. Système digestif : gastralgie rebelle, dyspepsie, coliques. Système génito-urinaire : spermatorrhée, prostatite, impuissance, stérilité. Et le pronostic final, pour le masturbateur inguérissable : la mort »<ref>Modèle:Article</ref>.
Représentations
Modèle:Article détaillé L'onanisme a fait l'objet de nombreux travaux de la part des surréalistes dans leurs études freudiennes. Une des toiles les plus notables sur le sujet est Le Grand Masturbateur de Salvador Dalí.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Guillaume Jalade-Lafond, Considérations sur la confection des corsets et de ceintures propres à s'opposer à la pernicieuse habitude de l'onanisme, Paris, chez l'auteur, 1819
- Philippe Brenot, Éloge de la masturbation, Éditions Zulma
- Alexandre Wenger, « Lire l’onanisme. Le discours médical sur la masturbation et la lecture féminines au xviiie siècle », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 22 | 2005, mis en ligne le 01 décembre 2007, consulté le 02 août 2022. URL : http://journals.openedition.org/clio/1787 ; DOI : https://doi.org/10.4000/clio.1787