Acide borique

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Infobox Chimie

L'acide borique, aussi appelé acide boracique ou acide orthoborique, est un composé chimique de formule brute H3BO3 ou structurelle B(OH)3, nommé autrefois sassoline en Italie centrale, où il jaillit à l'état naturel dans les fumerolles brûlantes et se dépose avec les autres vapeurs condensées dans les lagoni de Toscane<ref>La sassoline peut ainsi désigner autant l'acide borique hydraté des dépôts refroidis de lagoni que l'acide borique solubilisé dans les eaux chaudes ou les divers borates stables vaporisés dans les vapeurs surchauffées et les fumerolles. La dénomination acide borique a été proposée par les chimistes français Gay-Lussac et Thénard vers 1810 [Recherches physico-chimique faites sur la pile de Davy (...et la décomposition de l'acide boracique), Bulletin de Pharmacie, tome 3, D. Colin, 1811, Modèle:P.]. Elle a supplanté en particulier celle de l'acide boracique et surtout une foule d'autres comportant des indications hasardeuses, vitriol et autres, qui existaient auparavant. </ref>. Ce solide blanc, parfois légèrement coloré, cristallise dans un réseau triclinique. Il se présente sous forme d'un solide cristallisé en paillettes nacrées.

Assez peu soluble dans l'eau, c'est un acide faible. Il est souvent employé comme antiseptique bien que toxique, insecticide, absorbeur de neutrons dans les centrales nucléaires pour contrôler le taux de fission de l'uranium, et comme précurseur d'autres composés chimiques. Cet acide de Lewis tire son nom de l'un de ses composants, le bore, sa formule brute est H3BO3 ou en respectant mieux la structure à liaisons covalentes B(OH)3.

L'acide borique moléculaire peut provenir de la simple décomposition du minéral naturel nommée sassolite qui, décrit par sa formule Modèle:Fchim, n'est qu'un assemblage de plans d'acide borique stabilisés par des liaisons hydrogène<ref>La sassolite pouvait autrefois s'écrire avec la formule brute Modèle:Fchim, en réalité double. Elle demeure son principal minerai direct, mais il est possible d'obtenir de l'acide borique en traitant un grand nombre de borates.</ref>. Il existe sous forme de cristaux incolores ou de poudre blanche se dissolvant dans l'eau.

Fabrication

L'acide borique est produit principalement à partir de minerai de borate par sa réaction avec l’acide sulfurique. La plus grande source de borates dans le monde est une mine à ciel ouvert située à Boron.

L'acide borique a été produit pour la première fois par Wilhelm Homberg (1652-1715) à partir du borax, sous l'action d’acides minéraux, et a reçu le nom de « sal sedativum Hombergi ».

Dans la nature

L'acide libre est présent sous forme native ou régénérée dans certaines zones possédant des batholithes granitiques proches de la surface telles que la Toscane, les îles Lipari et au Nevada, ses effluents sont mélangés à la vapeur issue des fissures de la croûte terrestre. En Toscane, on récupère l'acide borique dans des jets de vapeur d'eau surchauffée (Modèle:Tmp) d'origine volcanique, exploités comme source d'énergie ; la vapeur, hydrolysant des borates dans les profondeurs du sol de cette région, contient en effet de l'acide borique et divers sels minéraux. Celle qui s'échappe librement des fissures du sol (soffioni) est simplement condensée dans des bassins (lagoni).

La présence de l'acide borique ou de ses sels a été décelée dans l’eau de mer, et existerait également dans les végétaux et plus particulièrement dans presque tous les fruits<ref>A.H. Allen, Analyst, 1904, 301</ref> où il pourrait jouer un certain rôle d'insecticide naturel.

Fichier:Boric-acid-unit-cell-3D-balls.png
Disposition spatiale de molécules (hélicoïdales) d'acide borique dans son cristal artificiel ou dans la sassolite naturelle.

L'acide borique est le produit de dégradation ultime (souvent à l'aide d'un acide fort) de nombreux borates : borax, boracite, boronatrocalcite, colemanite, borocalcite, ascharite, kaliborite, kernite, kurnakovite, pinnaïte, pandermite, tunellite, larderellite, probertite, inderite, hydroboraciteModèle:Etc., mais aussi howlite et bakérite, en plus des minéraux qui peuvent contenir l'acide borique en partie comme la harkérite ou la sassolite.

Propriétés

Dilué dans l'eau, l'acide borique, acide très faible, se nomme l'eau borée.

Solubilité

L'acide borique est assez faiblement soluble dans l'eau froide.

Tableau de solubilité<ref>Perry's Chemical Engineer's Handbook, Modèle:6eModèle:Éd.</ref>
Masse dissoute (g)
pour Modèle:Unité d'eau
Température
2,66 Modèle:Tmp
3,57 Modèle:Tmp
5,04 Modèle:Tmp
6,6 Modèle:Tmp
8,72 Modèle:Tmp
11,54 Modèle:Tmp
14,81 Modèle:Tmp
16,73 Modèle:Tmp
23,75 Modèle:Tmp
30,38 Modèle:Tmp
40,25 Modèle:Tmp

L'acide borique est beaucoup plus soluble dans l’eau chaude et surtout dans l'eau bouillante. Dans l'eau à température ordinaire il se dissout à la condition d'être finement divisé jusqu'à une teneur en bore proche de Modèle:Unité/2 où un début de cristallisation est observé.

L'acide borique est soluble dans le glycérol (glycérine), soit Modèle:Nobr pour Modèle:Nobr de solvant à Modèle:Tmp et Modèle:Nobr à Modèle:Tmp. Il est soluble aussi dans le méthanol, soit Modèle:Nobr pour Modèle:Nobr à Modèle:Tmp. Il l'est nettement moins dans l'éthanol (Modèle:Nobr pour Modèle:Nobr à Modèle:Tmp), dans l'éther éthylique (Modèle:Nobr pour Modèle:Nobr à Modèle:Tmp). Il est insoluble dans l'acétone.

Chimie

L'acide (ortho)borique est fabriqué à partir de (méta)borates en chaîne ou cyclique, en particulier de borax. Ce sont en fait des réactions de dégradation avec l'acide chlorhydrique et l'acide sulfurique qui génèrent l'acide borique.

L'acide borique est aussi le produit de l'hydratation du sesquioxyde de bore, acide monobasique faible soit :

B2O3 solide en poudre + 3 H2O → 2 B(OH)3 aq

Propriété acide-base

L'acide borique est un acide de Lewis, il accepte les électrons des ions hydroxyles<ref>Le bore est un insatiable accepteur d'électron, au contraire du carbone, ce qui différencie leurs deux chimies à liaisons covalentes.</ref>, en conséquence il capte ces derniers en formant des structures ioniques : tétraèdre, structure géométrique pentacoordinée ou bipyramide, structure hexacoordinéeModèle:Etc.

Ainsi l'acide borique ne se dissocie pas en solution aqueuse, mais son activité acide est due à son interaction avec les molécules d’eau :

B(OH)3 + H2O ⇌ B(OH)4+ H+
Ka = Modèle:Nb ; pKa = 9,14.

Des anions polyborates se forment lentement à pH 7,10 si la concentration en bore est au-dessus de 0,025 mol/L. Le plus connu de ces derniers est l'ion tétraborate, à structure cyclique, trouvé dans le borax minéral :

4 B(OH)4 + 2 H+ → B4O72− + 9 H2O

En résumé, l'acide borique est essentiellement un acide faible monobasique. Il est possible d'écrire, avec la convention gommant une molécule d'eau H2O soit H2BO3 aqueux pour l'ion tétrahydroxyborate B(OH)4, les équilibres acido-basiques :

H3BO3 aqueux ⇌ H+aqueux + H2BO3aqueux
H2BO3aqueux ⇌ H2O + BO2aqueux

L'acide borique peut être dosé en étalon par une solution de soude, suivant la réaction produisant le métaborate de sodium, sel de sodium de l'acide métaborique :

H3BO3 aqueux + NaOHaqueux → NaBO2 aqueux + 2 H2O

Ce dosage peut être amélioré en ajoutant à la solution d'acide borique des composés organiques polyhydroxylés (contenant des groupements diols voisins), du type glycérol, mannitol, sucres diversModèle:Etc., qui augmentent significativement la force de l'acide borique et permettent en pratique de connaître avec une meilleure précision la fin du dosage.

Chimie à la température d'ébullition de l'eau et au-delà

Portée et maintenue à ébullition à Modèle:Tmp, la solution aqueuse d'acide borique donne un dépôt d'acide métaborique, ici écrit avec une formule équivalente simplifiée<ref>La formule brute moléculaire correspond à un triplement de matière.</ref> :

B(OH)3 aq à ébullition → HBO2 + H2Ogaz

Par chauffage au rouge, l'acide métaborique se transforme en sesquioxyde de bore, en perdant l'équivalent d'une molécule d'eau.

2 HBO2 solide chauffé au rouge → B2O3 solide + H2Ogaz

Les sels de l'acide borique sont complexes.

Du fait d'une transformation de structure par une transition progressive initié entre Modèle:Tmp et Modèle:Tmp et généralement terminée vers Modèle:Tmp, l'acide borique solide sec se déshydrate, formant l’acide métaborique HBO2. L'acide métaborique est un cristal cubique, blanc et légèrement soluble dans l'eau. Il fond à environ Modèle:Tmp et une fois chauffé au-dessus de Modèle:Tmp, il se déshydrate en formant l'acide tétraborique ou l’acide pyroborique, H2B4O7. Le terme d’acide borique peut se rapporter à l’un ou l’autre de ces composés. À une température légèrement plus élevée, il se forme du sesquioxyde de bore.

Toxicité, écotoxicité

On connaît mal sa toxicité environnementale, sauf pour les insectes contre lesquels il est utilisé comme insecticide autorisé pour certains usages dans certains pays. Les insectes se contaminent en se nettoyant après un contact avec ce produit. Il agit sur leur estomac, conduisant à la mort de l'insecte en une dizaine de jours. Son efficacité persiste plusieurs années dans les endroits secs.

  • Il est classé reprotoxique 2 (CMR) par la Communauté européenne. Son emploi est désormais règlementé.

Utilisations

En agriculture

L'acide borique et ses sels sont utilisés comme fertilisants en agriculture conventionnelle et biologique<ref>Modèle:Lien web.</ref>. La carence en bore est la carence en oligoéléments la plus répandue dans le monde et occasionne des pertes de rendement importantes chez les plantes cultivées et les arbres fruitiers<ref>Modèle:Article.</ref>.

En médecine et biologie

Antiseptique

Il peut être utilisé comme antiseptique pour les brûlures ou les coupures et est parfois employé dans les pommades et les onguents ou est utilisé dans une solution très diluée comme bain oculaire (eau boriquée). Comme composé anti-bactérien, l'acide borique peut également être prescrit comme traitement de l’acné. Modèle:Refnec Le borate de sodium, un antiseptique doux, associé à d’autres composants appropriés peut également être proposé en usage externe pour des maladies des yeux, telle que la sécheresse oculaire.

Antimycosique

Modèle:Refnec

Insecticide

L'acide borique est également souvent utilisé comme insecticide relativement peu toxique, pour l’extermination des cancrelats, termites, fourmis, puces, et beaucoup d'autres insectes. Il peut être employé directement sous la forme de poudre pour les puces et les cancrelats, ou être mélangé avec du sucre ou de la gelée pour les fourmis. C'est également un composant de beaucoup d’insecticides du commerce. Dans cette utilisation, particulièrement dans le cas des cancrelats, l'acide borique sous forme de poudre est appliqué dans les zones fréquentées par les insectes. Les fines particules s'accrochent aux pattes des insectes et causent par la suite des brûlures chimiques mortelles. L'acide borique est commercialisé pour cet usage dans des quartiers résidentiels dans des zones urbaines infestées par les cancrelats.

Au laboratoire

Solution tampon

Le borate de lithium est le sel de lithium de l'acide borique employé en laboratoire comme solution tampon pour le gel couramment employé dans les tampons d'électrophorèse des acides nucléiques (tels que les tampons TBE, SB et LB). Il peut être utilisé pour l’électrophorèse de l'ADN et de l'ARN, en gel de polyacrylamide et en gel d'agarose.

Agent fondant (flux)

L'acide borique et les borates servent d'agent fondant (flux), notamment pour permettre la dissolution d'échantillons en phase fondue avant analyse, ou pour la préparation de pastilles destinées à l'analyse par spectrométrie de fluorescence des rayons X (XRF). Le bore étant un élément léger, il n'interfère pas avec les autres éléments dans les analyses XRF.

Dans l'industrie nucléaire

Le bore a une capacité élevée d'absorption des neutrons, mais avec l'inconvénient, au-delà d'un certain seuil, d'augmenter le risque de radiolyse de l'eau.

  • En tant qu'absorbeur de neutrons, il est ajouté en solution sous forme d'acide borique à l'eau du circuit primaire qui traverse le réacteur des centrales nucléaires, afin absorber les neutrons excédentaires, pour éviter tout emballement de réaction (les réactions de fission en chaîne sont essentiellement déterminées par la quantité de neutrons en présence ; neutrons issus des fissions précédentes). La maîtrise précise du taux d'acide borique dans l'eau du circuit primaire est le principal moyen pour contrôler la réactivité de base du réacteur en cours de cycle. L'acide borique est ajouté en début de cycle lorsque le réacteur (re)démarre avec du nouveau combustible (capable de produire davantage de fissions) et progressivement retiré du circuit primaire au fur et à mesure que le combustible s'épuise en matière fissile.
  • Pour la même raison et sous la même forme, il est injecté dans les piscines de stockage contenant les assemblages de combustible nucléaire usagé, avec une concentration devant être suffisante pour maintenir la piscine en sous-criticité.
  • L'acide borique a aussi été utilisé lors de l'accident nucléaire de Tchernobyl (Modèle:Date-). Modèle:Unité furent larguées par hélicoptère lors des 11 premiers jours suivant la catastrophe, sur le brasier pour limiter la dispersion des radiations.
  • Le bore ne doit cependant pas être présent en quantité excessive, car au-delà d'un certain seuil qui varie selon la température, la pression, la composition chimique et la radioactivité de l'eau, il exacerbe la radiolyse de l'eau<ref name=Hickel97/> (même quand cette radiolyse est inhibée par addition d'hydrogène, sachant que cette inhibition est très sensible à la concentration en hydrogène mais aussi à la température de l'eau, à la nature du rayonnement et à la présence éventuelle d'impuretés chimiques par exemple issues de la corrosion qui peut elle-même être exacerbée par la radiolyse<ref name=Hickel97/>).

Modèle:Citation<ref name=Hickel97>B. Hickel, « La radiolyse de l'eau », Phases Magazine, CEA/DSM, La lettre du DRECAM et du SPht Modèle:N°, décembre 1997</ref>.

L'acide borique est classiquement utiliséModèle:Pas clair, mais au-dessus d'une certaine concentration (seuil variant selon divers paramètres dont température et pression) la décomposition de l'eau est brutalement accentuée,

Modèle:Citation<ref name=Hickel97/>,<ref>T. Stolz, D. Ducret, S. Heinze, G. Baldacchino, J.-C. Colson, B. Dedieu, Th. Pelletier, Self radiolysis of tritiated water, Fusion Engineering and Design, Modèle:Vol., issues 1-4, septembre 2003, Modèle:P., 22nd Symposium on Fusion Technology, Modèle:Doi (résumé)</ref>.

Autres

Les borates et l'acide borique ont été employés :

  • depuis la période de la Grèce antique pour le nettoyage, la conservation des aliments et d'autres activités ;
  • dans l'industrie du bijou et de la soudure traditionnelle (plomberie), l'acide borique a été ou est encore employé en combinaison avec l'alcool dénaturé pour réduire l’oxydation de surface et l’importance de l’oxydation sur les métaux pendant les opérations de métallurgie et de soudure ;
  • le mastic au silicone a été fabriqué à l'origine en ajoutant de l'acide borique à de l’huile de silicone. Maintenant le mastic commercialisé sous différents noms de marque contient également des quantités significatives de l’élément silicium (le silicium lié au silicone permet d’augmenter de 20 % l’élasticité du produit) ;
  • l'acide borique est couramment utilisé par les pyrotechniciens amateurs - en solution dans l’alcool - pour donner à la flamme une couleur vert clair, et pour empêcher la formation d’amide pendant la réaction entre l'aluminium et les nitrates : un peu d'acide borique est ajouté à la composition pour neutraliser les amides alcalines qui peuvent réagir avec l’aluminium ;
  • il est également employé en Inde et à travers le monde Modèle:Comment, pour diminuer le frottement et pour augmenter la vitesse du jeu au billard indien ;
  • comme biocide pour le traitement des eaux de piscines où il fait partie de la composition de la grande majorité des galets de chlore.

Règlementation

Depuis 2010, sa commercialisation et son emploi sont réglementés en Europe, en faveur de produits alternatifs, en raison de sa classification CMR - reprotoxique, et de son intégration dans le règlement REACH.

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

Modèle:Références

Modèle:Palette Modèle:Portail