Acratie

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Acracia, Barcelone, 1886.
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Acratia, journal de la Fédération ibérique des jeunesses libertaires du Nord (22 mai 1937).

L'acratie (ou acratisme ou acrate) est un concept de philosophie politique, inspiré de l'espagnol acracia, qui définit un état d'absence d'autorité, de domination, de pouvoir<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Doctrina que propugna la supresión de toda autoridad », Diccionario de la lengua española, 2005, lire en ligne.</ref>.

Le terme est d’un usage fréquent dans la tradition libertaire hispanophone<ref>« un socialisme pratique, qui ne se réclame pas encore, du moins en Espagne, du marxisme ou de l'acratie », Juan-Bautista Vilar. Carthagène et son district minier aux origines du mouvement ouvrier espagnol (1856 - 1870), Mélanges de la Casa de Velázquez, tome 22, 1986. page 355, Modèle:Doi.</ref> où il est utilisé notamment comme titre pour de nombreuses publications<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Nombre de varias publicaciones periódicas de conlenido libertario », Miguel Iñiguez, Esbozo de una Enciclopedia histórica del anarquismo español, Fundación de Estudios Libertarios Anselmo Lorenzo, Madrid, 2001, page 15.</ref>,<ref>Jaime Massardo, Alberto Suarez-Rojas, Civilisation latino-américaine : notes de cours, Ellipses, 2000, page 75.</ref>.

Certains anarchistes useront du terme « acratie » (du grec « kratos », le pouvoir), donc littéralement « absence de pouvoir », plutôt que du terme « anarchie » qui leur semble devenu ambigu ou péjoratif. De même, certains anarchistes auront plutôt tendance à utiliser le terme de « libertaires »<ref>Guillaume Thuillet, Le Système Idéal, Books on Demand, 2011, Modèle:ISBN, page 19.</ref>.

Définitions

Étymologiquement, le terme vient du grec ἀ-κρατία, « absence de » « pouvoir ».

En 1914, La Revue politique internationale précise : « L'A-cratie n'est pas l'A-narchie. L'Acratie est l'idéal d'une société ignorant toute exploitation économique, l'anarchie est l'idéal d'une société dépourvue de toute autorité et de tout pouvoir juridique coercitif : ce sont donc, tout d'abord au point de vue abstrait, deux concepts totalement opposés. »<ref>Félix Vályi, La Revue politique internationale, Lausanne, 1914, page 35.</ref>

Cette définition est renforcée, en 1936, par les Archives pour la science et la réforme sociales qui lui donne le « sens du manque de toute espèce d'exploitation, non […] celui d'absence complète de l'autorité »<ref>Archives pour la science et la réforme sociales, volume 13, 1936, page 237.</ref>.

Pour l'Encyclopédie anarchiste, « le mot a-crate […] signifie l’absence de tout pouvoir » et « pour que l’anarchisme ne se mue pas en outil de conservation sociale ou morale, […] il est nécessaire qu’en son sein se concurrencent toutes les éthiques antiautoritaires, toutes les façons acratiques […] de vivre la vie »<ref>E. Armand, La morale et l'individualiste anarchiste, Encyclopédie anarchiste, 1925-1934, lire en ligne.</ref>.

La Gran Enciclopèdia Catalana y consacre deux articles, où sont définies une « Doctrine qui nie la nécessité de l'existence du pouvoir politique et de l'autorité, et dont l'objectif est de les supprimer. »<ref>Modèle:GEC.</ref> et avec un lien vers anarchisme, une « situation sociale où il n'y a pas de pouvoir, avec peu ou pas d'autorité »<ref>Modèle:GEC.</ref>.

Pour Les Études bergsoniennes en 1970, « l'acratie [est] la liberté de désobéissance à la force politique […] par l'acratie est rendue possible l'anarchie qui constitue le règne de la morale des fins. »<ref>Les Études bergsoniennes, volume 9, 1970, lire en ligne.</ref>

Pour le politologue Jacques Viard, « La République proudhonienne est une « acratie, une anarchie positive qui se passe de souverain parce qu'elle fait confiance à la liberté. […] Ainsi la république gouvernement de la démocratie identifiée à l'acratie - abolition de toute autorité arbitraire - est-elle bien une an-archie, c'est-à-dire « une absence de souverain », de souveraineté, même populaire. »<ref>Jacques Viard (dir), L'Esprit républicain : colloque d'Orléans, 4 et 5 septembre 1970, Université d'Orléans, 1972, lire en ligne.</ref>

Historiologie

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Rafael Farga i Pellicer.

La paternité du néologisme Acracia est parfois attribuée à Rafael Farga i Pellicer<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Vladimiro Muñoz, El origen de la palabra Acracia, Espoir, Toulouse, 26 juillet 1970, in Reconstruir, Revista libertaria, Modèle:N°, 1972, page 43.</ref> (1844-1890), militant syndicaliste catalan. En 1886-1888, Pellicer utilise l'expression dans des articles publiés dans Acracia, journal qu'il a fondé à Barcelone avec Anselmo Lorenzo<ref>Modèle:GEC.</ref>. Entre janvier et Modèle:Date-, il y publie une série de textes titrés « Acratismo societario »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gonzalo Zaragoza, Anarquismo argentino, 1876-1902, Ediciones de la Torre, 1996, page 294.</ref>.

En 1887, au congrès de la Fédération régionale espagnole de l'Association internationale des travailleurs, un Manifeste est adopté et publié dans le journal El Productor : « Nous proclamons l'acratie et nous aspirons à un régime économico-social dans lequel, par l'accord des intérêts et la réciprocité des droits et des devoirs tous seront libres, tous contribueront à la production et jouiront du plus grand bonheur possible, qui consiste en ce que les produits consommés soient le fruit du travail de chacun, sans exploitation, et par conséquent sans les malédictions d'aucun exploité. »<ref>Gaston Leval, Espagne libertaire 36-39, La Tête de feuilles, 1971, réédité en 1983 par les Éditions du Monde Libertaire et en 2002 par les éditions TOPS-H. Trinquier Modèle:ISBN, lire en ligne.</ref>,<ref>Louis Comby, Histoire du mouvement anarchiste, SEDIP éditeur, 1972, page 84.</ref>

Dans une lettre du Modèle:Date-, le célèbre photographe Nadar écrit : « J’en suis venu à l’acratie pure et simple qui m’apparaît comme l’unique vérité de demain »<ref>Itinéraire : une vie, une pensée, Élisée Reclus, Modèle:N°/15, 1998, page 99.</ref>.

En 1897, s'interrogeant sur les positions de Francesco Merlino, A. D. Bancel écrit dans L'Humanité nouvelle : « Notre auteur essaie de démontrer […] que la démocratie - gouvernement de tous en général - équivaut à l'anarchie, à l'acratie, à la suppression de tout gouvernement. »<ref>A. D. Bancel, Trade unionisme, mutualisme, néo-coopératisme, L'Humanité nouvelle, revue internationale : sciences, lettres et arts, Librairie de l'art social (Paris), Librairie Spineux (Bruxelles), 1897, page 711.</ref> Et, dans la même livraison, A. Hamon affirme « qu'existent ou que peuvent exister des socialismes anarchiques ou acratiques, des socialismes autocratiques, des socialismes théocratiques, des socialismes monarchiques, des socialismes parlementaires, etc. »<ref>A. Hamon, De la définition du socialisme et de ses variétés, L'Humanité nouvelle, revue internationale : sciences, lettres et arts, Librairie de l'art social (Paris), Librairie Spineux (Bruxelles), 1897, page 724.</ref>

En 1901 sort au Chili, le journal El Ácrata dont le titre « résume un point fondamental de la doctrine » libertaire<ref>Caravelle, Modèle:N°, Université de Toulouse-Le Mirail, 1988, page 82.</ref> et « stipule un point fondamental et bien connu de la pensée révolutionnaire »<ref>Maurice Fraysse, Culture et révolution dans la presse anarchiste (Chili, fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), in Claude Dumas, Jacqueline Covo (dir), Minorités et marginalités en Espagne et en Amérique latine au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Presses Universitaires du Septentrion, 1995, page 187.</ref>.

À Buenos-Aires, le Modèle:Date-, Antonio Pellicer Paraire fonde le journal La Protesta humana, où il utilise la synonymie entre acratísmo et no autoritarismo.

En 1901, l'espagnol Francisco Ferrer, Modèle:Citation<ref>Marie-Catherine Talvikki Chanfreau, Contre la violence du dénigrement : éloges artistico-littéraires des rationalistes italiens, belges et espagnols à la mémoire de Francesc Ferrer i Guàrdia, Mémoire(s), identité(s), marginalité(s) dans le monde occidental contemporain, 9|2013, Modèle:Doi, lire en ligne.</ref> fonde à Barcelone la première École Moderne dont, selon William Archer, « le programme […] était indiscutablement acrate. Sa finalité était conceptuellement libertaire : antipatriotique, antimilitariste, rationaliste, antiétatique. »<ref>Jean Houssaye (dir), Quinze pédagogues : leur influence aujourd'hui, Armand Colin, coll. Enseigner, Bordas, 1994, lire en ligne.</ref>

En 1901, dans son étude Le militarisme et l'attitude des anarchistes et socialistes révolutionnaires devant la guerre, le Néerlandais Ferdinand Domela Nieuwenhuis interpelle : Modèle:Citation bloc

En 1904, le jeune socialiste libertaire Charles Péguy<ref>Charles Péguy, Encyclopædia Universalis, en ligne.</ref> consacre trois conférences à l'École des Hautes Études Sociales au thème de l'acratie<ref>L'Amitié Charles Péguy, volume 26, L'Amitié, 2003, page 104.</ref>. Modèle:Citation bloc

Pierre Kropotkine ou Martin Buber utilisent le terme comme synonyme d'anarchie.

En 1916, E. Armand fonde le journal Par-delà la mêlée sous-titré « acrate, individualiste, éclectique, inactuel »<ref>Par delà la mêlée : acrate, individualiste, éclectique, inactuel ["puis" acrate, individualiste, éclectique], Orléans, 1916-1918 Modèle:OCLC.</ref>.

En 2018, l'économiste et chercheur en philosophie Frédéric Lordon précise : « Le courant politique que l’on appelle "anarchisme", comme visée d’un monde sans pouvoir ni domination, devrait en fait s’appeler "acratie" »<ref>Rédaction, Entretien-fleuve avec Frédéric Lordon : “La société ne tient que suspendue à elle-même”, Les Inrockuptibles, 6 octobre 2018, lire en ligne.</ref>.

Sources

Bibliographie

Documentaires

Notes et références

Notice

Notes

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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes


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