Algorithme
Un algorithme est une suite finie et non ambiguë d'instructions et d’opérations permettant de résoudre une classe de problèmes<ref>La notion de problème peut être vue dans un sens large, il peut s'agir d'une tâche à effectuer, comme trier des objets, assigner des ressources, transmettre des informations, traduire un texteModèle:Etc
Il reçoit des données (les entrées), par exemple les objets à trier, la description des ressources à assigner, des besoins à couvrir, un texte à traduire, les informations à transmettre et l'adresse du destinataire, etc., et fournit éventuellement des données (la sortie), par exemple les objets triés, les associations ressource-besoin, un compte-rendu de transmission, la traduction du texteModèle:, etc.</ref>.
Le domaine qui étudie les algorithmes est appelé l'algorithmique. On retrouve aujourd'hui des algorithmes dans de nombreuses applications telles que le fonctionnement des ordinateurs<ref>En particulier dans les systèmes d'exploitation et la compilation</ref>, la cryptographie, le routage d'informations, la planification et l'utilisation optimale des ressources, le traitement d'images, le traitement de textes, la bio-informatiqueModèle:, etc.
L' algorithme peut être mis en forme de façon graphique dans un algorigramme ou organigramme de programmation.
Etymologie et Histoire
Le mot algorithme a une longue histoire.
'Al-Khwârizmî (en arabe : Modèle:Lang)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, est un mathématicien persan du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dont le nom est relatif au Khwarezm, une région située au Sud de la mer d'Aral.
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il écrit en arabe un traité qui sera traduit en latin au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sous le titre Algoritmi de numero Indorum. "Algoritmie des nombres indiens"<ref>Al-Khwarizmi: The Inventor of Algebra</ref>,<ref>Ibid., Modèle:P.</ref>. Algoritmie est la latinisation de son nom par les traducteurs : Alchoarismi puis Algorismi, Algorismo, Algoritmi<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>.
Un de ses ouvrage a d'ailleurs donné son nom à l'algèbre (voir cet article), dont le titre de la traduction par Gilbert de Cremone : Liber Maumeti filii Moysi Alchoarismi de Algebra et Almuquabala, où l'on retrouve traduit son nom : Maumeti filii Moysi Alchoarismi (Muhammad Ben Musa al Kwuwarizmi) et le fameux Alchoarismi ...
Joannes Sacrobosco, moine ayant étudié à Oxford est reçu à l'université de la Sorbonne le Modèle:Date- et élu professeur de Quadrivium peu après. C’est vers cette date qu’il compose De Algorismo<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il est l'un des premiers docteurs du Moyen Âge à utiliser les écrits astronomiques des Arabes, considéré d'ailleurs en Angleterre comme ayant introduit l'usage des « chiffres » (sifer) que le pape Sylvestre II avait tenté en vain de répandre plus tôt.
Alexandre de Villedieu écrit son Carmen de Algorismo en 1240, sur la science des chiffres.
Algoritmie désigne alors aussi ce nouveau système de numération, le système de numération de position avec le zéro<ref name=":1" />.
Sous l’influence de l’ancien espagnol algorismo, le mot apparaît aussi en français déjà vers 1230 sous la forme augorisme, puis algorisme au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, pour désigner le calcul en chiffres, l’arithmétique. La forme moderne du terme reprend le latin médiéval algorithmus, altération influencée par arithmetica et d'autres, du grec ancien arithmos = nombre.
Définition générale
Un algorithme est une méthode générale pour résoudre un type de problèmes. Il est dit correct lorsque, pour chaque instance du problème, il se termine en produisant la bonne sortie, c'est-à-dire qu'il résout le problème posé.
L'efficacité d'un algorithme est mesurée notamment par :
- sa durée de calcul (en partant du principe que chaque instruction a un temps d'exécution constant) ;
- sa consommation de mémoire vive ;
- la précision des résultats obtenus (par exemple avec l'utilisation de méthodes probabilistes) ;
- sa scalabilité ;
- sa parallélisation
Les ordinateurs sur lesquels s'exécutent ces algorithmes ne sont pas infiniment rapides, car le temps de machine reste une ressource limitée, malgré une augmentation constante des performances des ordinateurs. Un algorithme sera donc dit performant s'il utilise avec parcimonie les ressources dont il dispose, c'est-à-dire le temps CPU, la mémoire vive et (objet de recherches récentes) la consommation électrique. L’analyse de la complexité algorithmique permet de prédire l'évolution en temps calcul nécessaire pour amener un algorithme à son terme, en fonction de la quantité de données à traiter.
L'émergence des langages de niveaux supérieurs pose le problème du temps :
- soit on passe du temps à programmer avec des langages de bas niveau (le programme est alors rapide)
- soit on utilise des langages de haut niveau où une instruction est déjà constituée de plusieurs instructions de base. Le temps d'utilisation de la machine augmente alors de façon importante.
L'algorithme composé de boites peut ainsi être plus ou moins détaillé, précis.
Quelques définitions connexes
Donald Knuth (1938-) liste, comme prérequis d'un algorithme, cinq propriétés<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> :
- finitude : Modèle:Citation ;
- définition précise : Modèle:Citation ;
- entrées : Modèle:Citation ;
- sorties : Modèle:Citation ;
- rendement : Modèle:Citation.
George Boolos (1940-1996), philosophe et mathématicien, propose la définition suivante<ref>Boolos and Jeffrey 1974,1999:19</ref> :
Gérard Berry (1948-), chercheur en science informatique, en donne la définition grand public suivante<ref>Un petit condensé d'histoire de l'informatique, web-série didactique.</ref> :
Les entrées sont généralement associées à des capteurs et les sorties à des actions, actionneurs ou opérateurs ( affichage, moteurs etc).
Algorithmes numériques
Les algorithmes sont des objets historiquement dédiés à la résolution de problèmes arithmétiques, comme la multiplication de deux nombres. Ils ont été formalisés bien plus tard avec l'avènement de la logique mathématique et l'émergence des machines qui permettaient de les mettre en œuvre, à savoir les ordinateurs.
Algorithmes non numériques
La plupart des algorithmes ne sont pas numériques.
On peut distinguer :
- des algorithmes généralistes qui s'appliquent à toute donnée numérique ou non numérique : par exemple les algorithmes liés au chiffrement, ou qui permettent de les mémoriser ou de les transmettre ;
- des algorithmes dédiés à un type de données particulier (par exemple ceux liés au traitement d'images).
Voir aussi : Modèle:Lien
Algorithmes dans la vie quotidienne
L'algorithmique intervient de plus en plus dans la vie quotidienne<ref>Voir l'article Modèle:Article traduit en français comme La pensée informatique et le livre de Gilles Dowek, Modèle:Ouvrage.</ref>.
- Une recette de cuisine peut être réduite à un algorithme si on peut réduire sa spécification aux éléments constitutifs :
- des entrées (les ingrédients, le matériel utilisé) ;
- des instructions élémentaires simples (frire, flamber, rissoler, braiser, blanchir, etc.) dont les exécutions dans un ordre précis amènent au résultat voulu ;
- un résultat : le plat préparé.
- Cependant, les recettes de cuisine ne sont en général pas présentées rigoureusement sous forme non ambiguë : il est d'usage d'y employer des termes vagues laissant une liberté d'appréciation à l'exécutant<ref>Hervé This Cours de gastronomie moléculaire, tome 1 : Science, technologie, technique… culinaires : quelles relations? , (2009) Éditions Quae/Belin.</ref> alors qu'un algorithme non probabiliste stricto sensu doit être précis et sans ambiguïté.
- Le tissage, surtout tel qu'il a été automatisé par le métier Jacquard, est une activité que l'on peut dire algorithmique.
- Le tricot est enseigné parfois comme éveil aux algorithmes : les machines à tricoter des années 1980 fonctionnaient avec des cartes perforées.
- Un casse-tête, comme le cube Rubik, peut être résolu de façon systématique par un algorithme qui mécanise sa résolution<ref>Modèle:Article</ref>.
- En sport, l'exécution de séquences répondant à des finalités d'attaque, de défense, de progression, correspond à des algorithmes (dans un sens assez lâche du terme). Voir en particulier l'article tactique (football).
- En soins infirmiers, le jugement clinique est assimilable à un algorithme. Le jugement clinique désigne l'ensemble des procédés cognitifs et métacognitifs qui aboutissent au diagnostic infirmier. Il met en jeu des processus de pensée et de prise de décision dans le but d’améliorer l’état de santé et le bien-être des personnes que les soignants accompagnent<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Un code juridique, qui décrit un ensemble de procédures applicables à un ensemble de cas, est un algorithme.
- Les procédures de dépannage sont des algorithmes.
Les progrès de ce qu'on appelle l'intelligence artificielle s'appuient sur un algorithmique de plus en plus complexe qui devient l'un des rouages cachés du Web 2.0 et des grands réseaux sociaux.
Nouveaux enjeux, éthiques liés à l'intelligence artificielle
À partir des années 2000, ce qui est appelé Modèle:Cita est un ensemble de Modèle:Cita (autrement dit de processus informatiques dont on ne sait pas ce qu'il y a à l'intérieur) qui exploitent et influencent les comportements inconscients des consommateurs, et des électeurs.
Critiques
Dans la vie quotidienne, un glissement de sens s'est opéré, ces dernières années, dans le concept d'« algorithme » qui devient à la fois plus réducteur, puisque ce sont pour l'essentiel des algorithmes de gestion du big data, et d'autre part plus universel en ce sens qu'il intervient dans tous les domaines du comportement quotidien<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La famille des algorithmes dont il est question effectue des calculs à partir de grandes masses de données (les big data). Ils réalisent des classements, sélectionnent des informations et en déduisent un profil, en général de consommation, qui est ensuite utilisé ou exploité commercialement. Les implications sont nombreuses et touchent les domaines les plus variés<ref>Colloque « Gouvernance des algorithmes » du Modèle:Date-.</ref>. Mais les libertés individuelles et collectives pourraient être finalement mises en péril<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, comme le montre la mathématicienne américaine Cathy O'Neil dans le livre Weapons of Math Destruction, publié en 2016 et sorti en français en 2018 sous le titre Algorithmes : la bombe à retardement (aux éditions Les Arènes). Modèle:Citation bloc
Dans cet ouvrage, l'auteure alerte le lecteur sur les décisions majeures que nous déléguons aujourd'hui aux algorithmes dans des domaines aussi variés que l'éducation, la santé, l'emploi et la justice, sous prétexte qu'ils sont neutres et objectifs, alors que, dans les faits, ils donnent lieu à « des choix éminemment subjectifs, des opinions, voire des préjugés insérés dans des équations mathématiques »<ref>Modèle:Article</ref>.
L'opacité des algorithmes est l'une des raisons principales de ces critiques. Une meilleure information sur leur mode de fonctionnement spécifique permettrait de rendre plus clair le « contrat social passé entre les internautes et les calculateurs »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La description pour chaque algorithme de son propre principe de classement de l'information aide l'utilisateur à mieux comprendre les choix proposés par l'algorithme et les résultats obtenus<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Éthique des algorithmes
Les philosophes Wendell Wallach et Colin Allen ont soulevé des questions liées à l'implantation par les programmeurs de règles morales dans les algorithmes d'intelligence artificielle : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>. Dans son livre Faire la morale aux robots : une introduction à l'éthique des algorithmes, Martin Gibert met en évidence le rôle de la programmation dans l'éthique des robots, en traitant plus précisément des enjeux moraux liés à la construction des algorithmes. Il définit un algorithme comme Modèle:Citation. L'éthique des algorithmes poserait donc une question : Modèle:Citation<ref name=":0" />. Gibert souligne notamment l'ambiguïté de ces agents moraux artificiels : Modèle:Citation bloc
Notes et références
Annexes
Articles connexes
- Analyse de la complexité des algorithmes
- Algorithmique
- Correction d'un algorithme
- Biais algorithmique
- Régulation des algorithmes
Liens externes
- Modèle:Autorité
- Modèle:Dictionnaires
- Modèle:Bases
- Qu’est-ce qu'un algorithme ? par Philippe Flajolet et Étienne Parizot sur la revue en ligne Interstices
- Définition du terme « algorithme » par des savants