Bataille de Badr
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Conflit militaire La bataille de Badr est un affrontement que la tradition islamique situe entre les villes de La Mecque et de Médine vers 624 à la suite de l'Hégire, et qui oppose la tribu des Quraysh à Mahomet et ses compagnons (muhâjirûn, ansâr). Selon la tradition, Mahomet et trois cent de ses hommes, ayant décidé d'attaquer une riche caravane, se retrouvent face une armée d'un millier de Quraysh qu'ils dominent, y voyant le signe d'une intervention divine. La bataille marque le début de l'expansion des premières communautés musulmanes. Cette bataille est la seule explicitement nommée dans le Coran.
Récit traditionnel de la bataille
Contexte
Vers 622, Mahomet et plusieurs de ses compagnons (muhâjirûn) quittent la ville de La Mecque à la suite des violences qu'ils commencent à y subir de la part de la tribu des Quraysh, et s'installent à Yathrib (actuellement Médine), au cours de l'épisode de l'Hégire<ref name="B">Modèle:Britannica (consulté le 22 novembre 2022)</ref>. Malgré les accords conclus dans la constitution de Médine, les muhâjirûn restent en marge de la vie socioéconomique locale et commencent à s'attaquer aux caravanes faisant du commerce à La Mecque<ref name="B"/>.
Au printemps 624, une caravane quraychite quitte La Mecque pour rejoindre la Syrie comme chaque année, à laquelle s'associe également un convoi à destination de l'Irak<ref name=Gabriel86>Modèle:Ouvrage.</ref>. La caravane qui voyage en ce milieu de mois de ramadan est donc particulièrement riche, transportant une grande partie des revenus mecquois<ref name="B"/>,<ref name=Gabriel86/>. Elle est dirigée par un ennemi de Mahomet, le Quraychite Abû Sufyân.
Mouvements avant la bataille
Les événements commencent lorsque Mahomet ordonne de prendre pour cible la caravane, après qu’il a reçu des informations selon lesquelles Kurz ibn Jabir al-Fihri a volé quelques troupeaux en pâture appartenant aux musulmans. Mahomet prend alors la tête d'un groupe de 70 compagnons, qui poursuivent Kurz ibn Jabir al-Fihri jusqu'à Safouan, dans la banlieue de Badr. Mais celui-ci parvient à leur échapper<ref name="Al-Mubarakpuri 2002">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="Strauch 2006 400">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="hawarey">Modèle:Ouvrage Note : le livre contient une liste des batailles de Mahomet en arabe, la traduction anglaise est disponible ici.</ref>.
Mohamet rassemble alors une force d'environ Modèle:Nobr issus de La Mecque (muhâjirûn) et de Médine (ansâr)<ref name="B"/>,<ref group=note>D'après les chroniques de Tabari (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), la version la plus exacte avance que le nombre de musulmans est de 314 hommes.</ref>. Abû Sufyân réussit à éviter l'affrontement pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, Abu Jahl rassemble à La Mecque une force de Modèle:Nobr pour défendre la caravane et éliminer Mahomet qui faisait obstacle au commerce mecquois. De leur côté, les hommes de Mahomet remplissent de sable les puits situés sur la route de la caravane, de façon à attirer l'armée adverse vers la localité de Badr pour combattre<ref name="B"/>.
Bataille
Les deux armées se retrouvent vers la localité de Modèle:Lien, située entre Médine et La Mecque. Comme cela est la tradition, un combat opposant trois membres de chaque armée a lieu avant l'affrontement<ref name="B"/>.
La bataille tourne à l'avantage de l'armée de Mahomet, malgré leur infériorité numérique face au millier de combattants Quraysh<ref name="B"/>. Elle aurait fait 70 morts du côté mecquois (dont Abu Jahl) et seulement 14 de l'autre, qui aurait en outre capturé 70 prisonniers<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>. Ce succès fit beaucoup pour la réputation de Mahomet comme chef de guerre, grâce au butin qu'il rapporta.
Conséquences humaines
Morts
Lorsque la bataille s’acheva, les corps des Quraychites furent enterrés dans une fosse commune<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Prisonniers
Le sort des prisonniers polythéistes fit l'objet de divergences entre les sahaba. Abou Bakr suggéra de les épargner, Omar de les tuer et Abdullah ibn Rawaha de les brûler vifs. Mahomet loua ces trois propositions, voyant dans celle d'Abou Bakr les qualités d'Ibrahim et de ʿĪsā, dans celle d'Omar les qualités de Moussa, et dans celle d'Abdullah ibn Rawaha, les qualités de Nûh. À chaque fois, il cita des passages du Coran pour justifier ces dires<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Finalement il décida de favoriser la position d'Abou Bakr : les prisonniers furent traités humainement<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, et libérés après le paiement d'une rançon ou, pour certains d'entre-eux, à condition d'apprendre à dix personnes comment lire et écrire<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref> ; mais il regretta son choix<ref name=":0" />,<ref group=note>En effet, les versets qui suivent sont (Coran 8, 66-67) : Modèle:Citation.</ref>.
Exécution de Oqba ibn Abi Mouait et Nadr ibn al-Harith
Deux des prisonniers capturés à Badr, à savoir Modèle:Lien et le médecin arabe païen Modèle:Lien, auraient été exécutés sur ordre de Mahomet.
Selon de nombreux témoignages jugés fiables par les musulmans sunnites<ref group=note>Notamment, un certain nombre de récits dans le Sahih de l'imam al-Boukhari et le recueil biographique (Tabaqat Al-Kubra) d’Ibn Sa’d</ref>, Oqba ibn Abi Mouait n’a pas été exécuté, mais a été tué lors des combats sur le champ de bataille à Badr et faisait partie des chefs qurayshites dont les cadavres ont été enterrés dans la fosse commune<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Al Tabaqat-al-Kubra, Muhammad Ibn Sa'd, Volume 2, p. 260, ghazwatul Badr, Darul Ihya'it-Turathil-'Arabi, Beirut, Lebanon, First Edition, (1996)</ref>.
L'exécution de Nadr ibn al-Harith est également débattue, bien que retenue par Ibn Kathir dans son interprétation (tafsir) du verset 31 de la sourate 8. Des récits mentionnent l'exécution de Nadr par Ali, mais sans chaîne de transmission<ref group=note>Dans la sîra d'Ibn Ishaq, rapportée via la version d'Ibn Hichâm, et les Sunan d'al-Bayhaqî.</ref>. D'autres textes font état de l’exécution de Nadr ibn al-Harith<ref group=note>Dans les Sunan d'al-Bayhaqî, dans le Kitab al-Amwal de Hamid ibn Mukhlid ibn Zanjawayh au numéro 418, dans le Kitab al-Marasil d'Abou Dawoud, dans l'Ansab al-Ashraf d'Al-Balâdhurî.</ref>, mais sont mis en doute car leur chaîne de transmission est « mursal », c'est-à-dire qu'elle ne remonte jusqu'à Mahomet ou à ses compagnons<ref group=note>Elles s'arrêtent à Ash-Shafî'î, qui vécut plus d'un siècle et demi après Muhammad, ou à Sa'id bin Jubair, qui était un tābi).</ref>. D'autres versions<ref group=note>Celle rapportée par At-Tabarani dans al-Awsat au numéro 3892, ou celle d'Abu al-Faraj al-Isfahani dans son Kitab al-Aghani.</ref> qui évoquent l'exécution de Nadr ibn al-Harith ont des chaînes de transmissions qui remontent jusqu'aux compagnons du prophète (ibn Abbas, Ali), mais sont parfois considérées inauthentiques par la présence de narrateurs inconnus, ou non fiables. Enfin, certains d'entre eux diffèrent quant à l'identité du bourreau de Nadr ibn al-Harith<ref group=note>Hamid ibn Mukhlid ibn Zanjawayh rapporte ainsi dans son Kitab al-Amwal, que ce serait Miqdad ibn Amr qui l'aurait mis à mort.</ref>. À l'opposé des précédents récits, Ibn Sallâm al-Jumahî<ref group=note>Dans le Tabaqat fuhul ash-Shu'ara.</ref> affirme que Nadr ibn al-Harith est mort naturellement, par refus de se nourrir en prison.
À la suite de la mort de Nadr ibn al-Harith, la tradition attribue à sa sœur Modèle:Lien, poétesse arabe du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, un poème évoquant la douleur qu'elle éprouve à la mort de son frère et les liens qu'il a pu avoir avec Mohamet<ref group="note">Après une exécution capitale :
Cavalier, prend ton élan et galope
jusqu'à Outhayl; tu atteindras ce lieu
après quatre jours, si tout est propice.
Dis à mon frère qui gît là tué,
que du campement mon salut j'envoie,
qui fait ruer nos chevaux de bataille.
Pour toi, ô disparu, coulent mes larmes,
qui ruisselant de seins généreux,
qui m'étouffent lorsque je les retiens.
Cavalier, lorsque mon salut, là-bas
tu porteras en longs cris douloureux,
le mort t'entendra-t-ils? Sa bouche est close.
Hélas! ses cousins eux-mêmes l'ont frappé
de leurs sabres sanglants à Outhayl,
acharnés à rompre les liens du sang.
On l'a trainé, accablé sous les chaînes
dont on l'a chargé, et vers la mort conduit
dans les liens, comme une bête entravée.
Ô Mohamet, issu de parents nobles,
ta bonté n'aurait causé aucun mal;
bien qu'irrité, le généreux pardonne.
Si tu as avais voulu une rançon
nous t'aurions envoyé des dons précieux,
les plus rares qu'on pût trouver ici.
Parmi ceux que tu as vu dans l'erreur,
Al-Nadr était ton parent le plus proche
digne d'être affranchi de l'esclavage.<ref>Modèle:Ouvrage</ref></ref>.
Historicité
Modèle:... Modèle:Article détaillé Depuis les années 1970, un certain nombre de sources jusque là considérées comme historiquement fiables (e.g. hadîths, compilation d'Othman ibn AffanModèle:Etc) sont fortement remises en doute<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Importance historique
La bataille de Badr marque le passage d'une posture défensive à une posture d'expansion de la part des premières communautés musulmanes<ref name="B"/>. Croyant à l'intervention divine lors de la bataille, les musulmans n'hésitèrent plus à contester la domination Quraysh, jusqu'à la reddition de La Mecque en 630 après des années de conflits<ref name="B"/>.
Dans les sources coraniques
Dans le Coran
La bataille de Badr est l'une des rares batailles explicitement décrites dans le Coran<ref group=note>La bataille est évoquée aux références suivantes : Modèle:Réf Coran ; Modèle:Réf Coran.</ref>.
Elle est la seule bataille qui y est mentionnée nommément<ref name="B"/>, dans la sourate 3 « Al-Imran », dans le cadre d'une comparaison avec la bataille d'Uhud : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
La bataille de Badr est également mentionnée dans la sourate 8 « Al-Anfal », qui détaille le comportement et les opérations militaires. « Al-Anfal » signifie « le butin » et fait référence à la discussion d'après-guerre au sein de l'armée musulmane sur la manière de diviser le pillage de l'armée Quraychite. Modèle:Refnec.
Dans la Chronique de Tabari
Dans son Histoire des prophètes et des rois, Tabari donne un récit de la bataille de Badr : Modèle:Citation bloc
Dans la culture
- 1976 : Le Message (Al-risâlah) de Moustapha Akkad
- 2012 : Omar de Modèle:Lien
Notes et références
Notes
Références
Modèle:Traduction/RéférenceModèle:Crédit d'auteurs Modèle:Références