Bréviaire d'Alaric
Modèle:Infobox Document juridique du haut Moyen Âge
Le Bréviaire d'Alaric (en latin breviarium alarici ou breviarium alaricianum, c'est-à-dire « abrégé d'Alaric »), appelé aussi code Alaric ou lex romana visigotorum, est un recueil de droit romano-germain promulgué par le roi wisigoth Alaric II en 506 à Aire-sur-l’Adour<ref>Michel Rouche, Les Wisigoths en Aquitaine, p. 23, dans Modèle:Harvsp.</ref>.
Il s'agit principalement d'une compilation et d'une interprétation du Code de Théodose (438), faite par Anien et destinée aux sujets gallo-romains et romano-hispaniques des Wisigoths.
L'élaboration et le contenu du Bréviaire
Le processus d'édition et de promulgation
Le bréviaire semble avoir été pour l’essentiel rédigé par des juristes (prudentes) qui ont choisi des extraits du droit romain et rédigé les commentaires ou « interprétations ». Le texte a été soumis pour consultation aux évêques et nobles. Enfin, le roi a donné son autorité royale au bréviaire début février 506 à Toulouse, dans des directives (Commonitorium) envoyées au comte Timotheus<ref>Ralph Mathisen, D'Aire-sur-l'Adour à Agde : les relations entre la loi séculière et la loi canonique à la fin du royaume de Toulouse, p. 42, dans Modèle:Harvsp.</ref>, ou début février 507<ref>B. Saint-Sorny, La fin du roi Alaric II : la possibilité d'une nouvelle datation du Bréviaire, dans Studi del Storia del Diritto III, Milano, Giuffrè, 2001, p. 27-90, cité dans Modèle:Harvsp.</ref> :
Le processus de promulgation s'est achevé par la souscription, c'est-à-dire l’apposition de la signature authentifiant le texte et permettant les copies, par le fonctionnaire royal Anien à Aire<ref>Hubert le Bourdellès, Les circonstances de l'édition du Bréviaire d'Alaric précisées par l'analyse toponymique, p. 53, dans Modèle:Harvsp.</ref>.
Une lettre du roi accompagnant le bréviaire, reproduite dans certains manuscrits, indique qu'aucune autre loi ne doit être appliquée dans les cours de justice du royaumeModèle:Sfn.
Contenu du Bréviaire
Malgré le terme « bréviaire », il ne s'agit pas d'un simple abrégé, mais d'un véritable code juridique dans le sens moderne du mot, c'est-à-dire d'une collection de textes normatifs réunis dans un seul documentModèle:Sfn.
Le Bréviaire comprend des lois et traités juridiques romains, dont il conserve la structureModèle:Sfn :
- des extraits ou résumés du Code de Théodose et des Novelles de Théodose II, Valentinien III, Marcien, Majorien et Sévère ;
- des extraits ou résumés des œuvres des principaux jurisconsultes romains du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, notamment le Liber Gai, abrégé du travail de Gaius, et des extraits des Sentences de Paul ;
- des extraits de deux recueils non officiels de constitutions impériales, le code Grégorien et le code Hermogénien ;
- un fragment des Responsa de Papinien ;
- des Interpretationes provenant d'une œuvre tardive perdue composée en Gaule au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
Une interprétation wisigothique et rénovée du droit
Ce document marque une étape importante dans l'histoire du droit, puisqu'il offre une interprétation contemporaine du droit romain qui était en vigueur dans l'empire au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à l'initiative d'un souverain barbare et dans un contexte de personnalité des lois.
Cette interpretatio, placée en marge de résumés ou d'extraits des textes juridiques et constitutionnels romains, constitue un commentaire officiel, qui se fonde principalement sur la pratique du droit au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Par ce biais, au contraire du roi des Francs et à l'instar des rois burgondes, le roi wisigoth ne se contente pas de laisser en application le droit théodosien, mais il le modifie. C'est dans cet esprit que le Bréviaire est d'abord composé par des juristes, à Aire, résidence royale wisigothe. Il est ensuite approuvé par les notables gallo-romains, ecclésiastiques et laïques, avant d'être promulgué par le roi Alaric II.
Une opération de séduction politique
Certains historiens pensent aujourd'hui que le Bréviaire d'Alaric serait une pure opération de propagande destinée à obtenir l'adhésion des populations gallo-romaines, alors qu'Alaric II ne pouvait pas se targuer, comme Clovis, de s'être converti au catholicisme, mais restait arien. Ce point de vue modère l'intention écrite dans le Commonitorium qui introduit les lois : « corriger tout ce qui est injuste dans les lois. »
Postérité du Bréviaire d'Alaric
Après la conquête d'une partie du territoire des Wisigoths par le roi des Francs, à la suite de la victoire de Vouillé, par Clovis, le Bréviaire d'Alaric fut rendu applicable par ce dernier à tous ses sujets en Gaule. Le succès du Bréviaire apparaît dans le nombre important de manuscrits qui nous sont parvenus et dans les canons conciliaires et traités de juristes qui y font référence<ref>Modèle:Article</ref>. Il demeura le texte de lois romaines le plus répandu jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle notamment en Auvergne, au moment de la renaissance bolonaise du droit, quand furent découvertes en Occident les Compilations de Justinien et fondée l'université de Bologne.
Éditions
Manuscrits
Cinquante-trois manuscrits sont connus<ref>G. Haenel, Lex Romana Visigothorum ad LXXXVI librorum (Leipzig, 1849 – Aalen, 1962), XL-XCIX, cité par Modèle:Harvsp.</ref>.
Liste non exhaustive :
- Manuscrit 201 de la bibliothèque du Patrimoine à Clermont-Ferrand, {{#ifeq:s | s | Modèle:Siècle | IXe{{#if:s| s }} }} ou {{#ifeq:s | s | Modèle:Siècle | Xe{{#if:s| s }} }}<ref>Modèle:Lien web</ref>, probablement deuxième moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Christian Lauranson-Rosaz, « Le Bréviaire d’Alaric en Auvergne : le Liber legis doctorum de Clermont (MS 201 [anc. 275] de la B.M.I.U. de Clermont-Ferrand) » dans : Michel Rouche et Bruno Dumézil (dir.), Le Bréviaire d’Alaric. Aux origines du Code civil (2008)</ref>.
- Manuscrit 375 de la bibliothèque municipale de Lyon, {{#ifeq:s | s | Modèle:Siècle | IXe{{#if:s| s }} }} ou Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Manuscrit H 24 de la bibliothèque interuniversitaire (section Médecine) à Montpellier, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Alain Dubreucq « Le Bréviaire d'Alaric de Couches-Les-Mines et l'influence aquitaine en Burgondie » dans : Michel Rouche et Bruno Dumézil (dir.), Le Bréviaire d’Alaric. Aux origines du Code civil (2008)</ref>.
- Manuscrit H 136 de la bibliothèque interuniversitaire (section Médecine) à Montpellier, {{#ifeq:s | s | Modèle:Siècle | IXe{{#if:s| s }} }} ou Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
- Manuscrit Clm 22501 de la Bayerische Staatsbibliothek à Munich, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Modèle:Lien, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Éditions imprimées
- Gustav Haenel, éd., Lex romana Wisigothorum, Berlin-Leipzig, 1847-1849 (reproduit par Scientia, Aalen, 1962).
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage, édition intégrale du Bréviaire d'Alaric
- Jean Gaudemet, Le Bréviaire d'Alaric et les Epitome, IRMAE, I, 2, b, aa., 1965.
- Álvaro d'Ors, « Alarico II », IURA, 41, 1990, pp. 163-168.
- Renzo Lambertini, La codificazione di Alarico II, G. Giappichelli, Turin, 1991.
- Jean Gaudemet, « Bréviaire d'Alaric », Dictionnaire de l'Antiquité, dir. Jean Leclant, Presses Universitaires de France, 2005.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Bibliographie
- Laura Viaut, Les écritures du droit romain au haut Moyen Âge, Théorie et histoire du droit / Éditions de la Sorbonne, 2023.
Articles connexes
Liens externes
Manuscrits
- Manuscrit 201 ou Pauli Liber legis doctorum (Bréviaire d'Alaric), Bibliothèque du patrimoine de Clermont-Ferrand (site Overnia.
Éditions imprimées
Autres documents
- A Handbook For Alaric's Codification, essai en anglais de José-Domingo Rodríguez-Martín (Madrid Complutense, 1999).
- Bréviaire d'Alaric II. Extrait d'Histoire de l'Aquitaine de M. de Verneilh-Puiraseau, 1822.
- Informations sur la Lex Romana Visigothorum sur le site de la Bibliotheca legum. A database on Carolingian secular law texts (allemand et anglais).