Cabinet de curiosités
Les cabinets de curiosités<ref>https://curiositas.org : Les cabinets de curiosités en Europe.</ref> sont des pièces, ou parfois des meubles, où sont entreposées et exposées des « choses rares, nouvelles, singulières », pour reprendre la définition du Littré : on y trouve un mélange hétéroclite comprenant :
- naturalia, objets d'histoire naturelle des trois règnes :
- minéral (pierres précieuses, fossiles, pierres étranges comme les héliotropes, les fulgurites ou pierres de foudre (découvertes pour la première fois au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)<ref group=alpha>« Sous le nom de pierres à [ou : de] tonnerre on comprend, en pays gallot, les haches ou les couteaux polis de main d'homme, et aussi certains cailloux ronds ou oblongs qu'on trouve dans les champs, et que les paysans croient être tombés du ciel au moment des orages. » Pierre Saintyves (1870-1935), Pierres magiques, bétyles, haches-amulettes et pierres de foudre : traditions savantes et traditions populaires, 1936 Modèle:P.. Même information chez Antoine Joseph Dezallier d’Argenville : Modèle:Citation L'Histoire naturelle éclaircie dans une de ses parties principales : l'oryctologie, qui traite des terres, des pierres, des métaux, des minéraux, et autres fossiles, 1755, Modèle:P..</ref> et bien d’autres objets qui intéressaient depuis longtemps les alchimistes)
- animal (animaux empaillés, insectes séchés, coquillages, squelettes, carapaces, cornes, dents, défenses)
- végétal (herbiers, herbiers peints, florilèges)
- artificialia
- objets créés par l'homme : objets archéologiques, antiquités, médailles, œuvres d'art, armes, objets de vitrine (boîtes, tabatières, petits flacons)
- modifiés : objets d’art, tels les peintures sur pierre, pièces en pierres fines ou précieuses (camées, intailles), en cristal de roche, ivoire, ambre, nautiles montés en hanap, œufs d’autruche, etc.
- scientifica (instruments scientifiques, automates, zograscopes, etc.)
- exotica (plantes, animaux exotiques, objets ethnographiques)
L’une de leurs fonctions était de faire découvrir le monde, y compris lointain (dans le temps et l’espace), de mieux le comprendre, ou de confirmer des croyances de l'époque (on pouvait y voir des restes d'animaux mythiques, des cornes de licorne, l’Agneau tartare, mi-animal, mi-végétal, ou des racines de Baara<ref>Modèle:Lien web.</ref>).
L'édition de catalogues qui en faisaient l'inventaire souvent illustré, permettait d'en diffuser le contenu auprès des savants européens<ref>Christine Davenne, Modernité du cabinet de curiosités, Éditions L'Harmattan, 2004, Modèle:P..</ref>.
Histoire
Naissance
Les cabinets de curiosités marquèrent une étape vers une appréhension plus scientifique du monde. Apparus à la Renaissance en Europe (studiolo en italien, Wunderkammer en allemand), leurs collections, souvent ouvertes à la visite, formèrent par la suite le noyau des musées, muséums et jardins botaniques qui les remplacèrent peu à peu. Ainsi, l’Ashmolean Museum d’Oxford ouvrit en 1683, présentant les collections des cabinets des Tradescant, père et fils, et celles d’Elias Ashmole. Celui-ci établit clairement le lien entre les collections de spécimens et la connaissance scientifique : « Parce que la connaissance de la Nature est très nécessaire à la vie humaine, à la santé et aux conditions qui la permettent, et parce que cette connaissance ne se peut si bien trouver et ne peut être si utilement atteinte sans connaître et approfondir l’histoire naturelle ; et qu’à cette fin il est indispensable d’examiner des spécimens, en particulier ceux qui sont d’une constitution extraordinaire, ou utiles en médecine, ou qui peuvent être mis au service de l’industrie ou du commerce : moi, Elias Ashmole, par passion pour cette branche du Savoir pour laquelle j’ai éprouvé le plus vif plaisir, ce qui reste encore vrai aujourd’hui ; cause pour laquelle j’ai aussi amassé une grande variété de corps composés et de corps simples, et en ai fait don à l’université d’Oxford […] » (Statutes Orders & Rules, for the Ashmolean Museum, in the University of Oxford)<ref group=alpha>Modèle:Citation étrangère.</ref>
De même, à Londres, la Royal Society (fondée en 1660) avait commencé à se constituer une collection en achetant le cabinet de « raretés naturelles » de Robert Hubert. C’est en 1669 qu’elle prit la décision de compléter ses collections de manière plus systématique en commençant à réunir un herbier exhaustif des îles britanniques. Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le prince électeur de Saxe Frédéric Auguste I, dit Auguste le Fort, transforma les salles de son trésor, le Grünes Gewölbe, en musée public. Enfin, alors que le jardin botanique de Pise existait déjà depuis 1544, il fut imité à la fin du siècle, puis au début du suivant, au jardin botanique de l'université de Strasbourg, au jardin des plantes de Montpellier, puis au jardin royal des plantes médicinales de Paris.
Cabinets de curiosités célèbres
Ces cabinets pouvaient être prestigieux.
- C'était le cas des studioli italiens des d’Este (le Studiolo de Belfiore date de 1447), ceux des Montefeltro vers la fin du siècle, des Médicis au siècle suivant, sans oublier ceux des familles Gonzague, Farnese, ou Sforza.
- Le Cabinet d’art et de merveilles ("Kunst- und Wunderkammer") de Archiduc Ferdinand II. (Tyrol) (1529-1595) dans le château d’Ambras, Innsbruck en Autriche. Un des plus riches et célèbres et la seule Kunstkammer de la Renaissance qui s’y trouve toujours au bâtiment original<ref>Kunst- und Wunderkammer - Schloss Ambras Innsbruck.</ref>,<ref>Chamber of Art and Curiosities, Ambras Castle.</ref>. Le château d’Ambras est par conséquent le plus ancien musée du monde.
- Le cabinet de Rodolphe II de Habsbourg au château de Prague fut l’autre des plus riches et célèbres, à voir aujourd'hui dans le Kunstkammer du Kunsthistorisches Museum Wien, Autriche.
- Le Cabinet de merveilles Grünes Gewölbe (« la Voûte verte ») d’Auguste le Fort, au Château de la Résidence de Dresde, Allemagne, mis en place entre 1723 et 1729., qui remonte à l'origine au Maurice de Saxe (1521-1553).
- Frédéric III (1452-1486) et son fils [[Maximilien Ier (empereur des Romains)|Maximilien {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] (1459-1519) avaient le leur<ref>Modèle:Lien web</ref>. En effet des Schatzkammern (trésors médiévaux) et pas encore de Kunstkammern (Cabinets de curiosités de la Renaissance et du baroque).
- En France, Charles V (1337-1380) fut collectionneur, le duc [[Jean Ier de Berry|Jean {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} de Berry]] (1340-1416) fut amateur d'œuvres d'art et bibliophile.
- [[François Ier (roi de France)|François {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }}]] (1494-1547) eut un cabinet à Fontainebleau. Il fit d’André Thevet son cosmographe. Celui-ci, en rentrant du Brésil, écrivit Les Singularités de la France Antarctique (1557) comportant une description de différentes plantes et plus de quarante gravures (flore, faune, rituels des Tupinamba). Henri IV (1553-1610) eut un cabinet des singularités au palais des Tuileries, et un autre à Fontainebleau. Jean Mocquet lui rapporta notamment de ses voyages de nombreuses plantes exotiques qui, si elles avaient résisté au voyage, étaient replantées dans le jardin du Louvre. Il introduisit en France le goût de la botanique exotique.
- De Gaston d’Orléans (1608-1660), frère de Louis XIII, Bonnaffé nota que « Relégué à Blois, le Duc … forma dans ses jardins un musée de plantes vivaces indigènes et exotiques. Le tout fut légué à Louis XIV, et réparti plus tard entre le Louvre et le Jardin du roi<ref>Bonnaffé Modèle:P..</ref> ». On connaît précisément les plantes qu’il cultivait et l’évolution de son jardin grâce aux catalogues<ref>Modèle:Lien web</ref> rédigés par ses botanistes Abel Brunier, puis Robert Morison. En outre, Gaston d’Orléans fit venir des peintres de fleurs à Blois. Daniel Rabel pourrait être le premier d’entre eux, en 1631 et 1632. Le plus célèbre, qui fut ensuite peintre en miniature de Louis XIV, est Nicolas Robert. Rabel et Robert ont notamment laissé des peintures de tulipes, en pleine période de tulipomanie.
- Les intailles, camées, médailles (et sculptures antiques ?) du cabinet de Gaston d’Orléans sont aujourd’hui au département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France) ; les livres à la Bibliothèque nationale ; et les vélins de Nicolas Robert dans la collection des vélins du roi au Muséum national d'histoire naturelle.
- On possède une description précise du contenu du cabinet de Louis-Pierre-Maximilien de Béthune, duc de Sully (1685-1761)<ref>https://curiositas.org/cabinet/curios296.</ref>.
- La passion des plantes exotiques se prolongea jusqu’au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avec Joséphine de Beauharnais (1763-1814), qui fit de la Petite Malmaison un jardin d'acclimatation comprenant une grande serre chaude. Elle apporta également son soutien actif aux peintres de plantes et d’animaux. Pierre-Joseph Redouté fut son peintre officiel, après avoir été celui de Marie-Antoinette.
- Il n’y eut pas de collectionneurs de rang aussi éminent au Royaume-Uni. Néanmoins, le baronnet Hans Sloane (1660-1753), naturaliste, racheta de nombreux cabinets privés et constitua une riche collection de plantes qui fut mise à la disposition de John Ray avant d’être offerte à la nation afin d’être présentée au public (British Museum, 1759, puis Musée d'histoire naturelle de Londres, 1881).
Edmond Bonnaffé note que Modèle:Citation Sans abandonner tout projet d’éblouir le public par le faste des œuvres d’art présentées ou de l’étonner par la présentation d’objets insolites, voire monstrueux, les propriétaires aux moyens plus modestes constituèrent bien souvent des cabinets d’histoire naturelle qui eurent souvent une influence scientifique, en partie grâce à la publication de leurs catalogues illustrés.
Parmi les cabinets contenant des « miettes de curiosités », on peut mentionner :
- Le fils d’André Tiraqueau, Michel, possédait à Fontenay-le-Comte un cabinet décrit en vers<ref group=alpha>Hymne de Marie Tiraqueau.</ref>, en 1566, par son neveu, André de Rivaudeau, le rival de Ronsard :
- Michel Tiraqueau possédait donc un herbier peint de 500 plantes<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Bernard Palissy posséda un cabinet qu’il mentionne dans sa dédicace au « Sire Anthoine de Ponts » au début de Discours admirables de la nature des eaux et fontaines … (1580)<ref group=alpha>Œuvres complètes avec des notes et une notice historique par P. A. Cap, Paris: Dubochet et Cie, 1844, p. 130 : « Tels liures pernicieux [ceux des alchimistes] m'ont causé gratter le terre l’espace de quarante ans, et foüiller les entrailles d'icelle, à fin de connoistre les choses qu’elle produit dans soy, et par tel moyen i’ay trouué grace deuant Dieu, qui m’a fait connoistre des secrets qui ont esté iusques à present inconnuz aux hommes, voire aux plus doctes, comme l'on pourra connoistre par mes escrits contenuz en ce liure, ie sçay bien qu'aucuns se moqueront, en disant qu’il est impossible qu’vn homme destitué de la langue Latine puisse auoir intelligence des choses naturelles; et diront que c’est à moy vne grande temerité d’escrire contre l'opinion de tant de Philosophes fameux et anciens, lesquels ont escrit des effects naturels, et rempli toute la terre de sagesse. Ie sçay aussi qu’autres iugeront selon l'exterieur, disans que ie ne suis qu'un pauure artisan : et par tels propos voudront faire trouuer mauuais mes escrits. A la verité il y a des choses en mon liure qui seront difficiles à croire aux ignorans. Nonobstant toutes ces considerations, ie n’ay laissé de poursuyure mon entreprise, et pour couper broche à toutes calomnies et embusches, i'ay dressé vn cabinet auquel i’ay mis plusieurs choses admirables et monstrueuses, que i'ay tirees de la matrice de la terre, lesquelles rendent tesmoignage certain de ce que ie dis, et ne se trouuera homme qui ne soit contraint confesser iceux veritables, apres qu’il aura veu les choses que i’ay préparees en mon cabinet, pour rendre certains tous ceux qui ne voudroyent autrement adiouster foy à mes escrits. S'il venoit d’auenture quelque grosse teste, qui voulut ignorer les preuues mises en mon cabinet, ie ne demanderois autre iugement que le vostre, lequel est suffisant pour conuaincre et renuerser toutes les opinions de ceux qui y voudroyent contredire. »
.</ref> : il l’avait constitué afin de réunir des preuves des faits qu’il défendait au sujet notamment des fossiles, qui étaient, selon lui, des débris d’animaux. On peut noter aussi qu’il oppose son approche en contact direct avec la réalité étudiée à celle des « philosophes » reconnus qui trouvaient leur science dans des livres écrits en latin.
- Paul Contant. (1562-1629) possédait un jardin botanique avec un cabinet d’histoire naturelle. En 1609, il publia un poème intitulé Le Jardin, et Cabinet poétique. Il y évoque les plantes qu’il cultive, les plus prisées par les collectionneurs, et chante leurs avantages. En outre, il chante plusieurs animaux qu'il collectionne aussi. Le poème est accompagné de gravures et d’un index. Contant possède en outre de riches herbiers de plantes exotiques.
- Le médecin suisse Félix Platter (1536-1614) avait un cabinet d'histoire naturelle, un herbier (en partie conservé à l'Université de Berne) et une collection d'instruments de musique. C'est probablement par l'intermédiaire de Guillaume Rondelet (1507-66) dont il suivit les cours à Montpellier qu'il apprit la technique de séchage des plantes mise au point en Italie par le médecin et botaniste Luca Ghini (1490-1556).
- Le Danois Ole Worm (1588-1654) posséda un cabinet d’histoire naturelle comportant également des pièces ethnographiques. Un inventaire (Museum Wormianum) illustré de gravures fut publié en 1655. Il utilisa ses collections comme point de départ pour ses explorations en philosophie naturelle. Il en eut également une approche empirique qui le conduisit à nier l’existence des licornes et à établir que leurs cornes devaient être attribuées aux narvals, même si, sur d’autres points, il a continué à croire à des faits dont l’inexactitude a fini par être prouvée. Après sa mort ses collections furent intégrées à celles de Frédéric III, roi du Danemark.
- Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637) possédait un cabinet et un jardin d’acclimatation à Aix-en-Provence. On en possède encore deux inventaires, et plusieurs dessins d’objets d’art.
- Le Cabinet du roi (classé ici parce qu’il ne comprenait pas d’œuvres d’art fastueuses, conservées ailleurs) fut créé en 1633 au Jardin du roi, qui devint ensuite le Jardin des plantes de Paris. Le cabinet fut agrandi et enrichi par Buffon, qui dirigea la publication de l’Histoire Naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roi. Les collections du cabinet sont à la base des collections actuelles du Muséum national d'histoire naturelle et du musée de l'Homme, à Paris.
- Athanasius Kircher (1602-1680) constitua le musée Kircher créé en 1651 après le don d’un cabinet de curiosités. Le musée a disparu, mais il reste deux catalogues illustrés.
- Le père Claude Du Molinet (1620-1687) fut responsable de la bibliothèque de l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris à partir de 1662, dans laquelle il créa un cabinet. Collectionneur de médailles, il constitua un cabinet divisé en deux parties: l'Histoire ancienne, regroupant les objets des civilisations grecques, romaines ou égyptiennes, et l'Histoire naturelle, où il rassembla les vestiges des animaux les plus étranges<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
- Georg Everhard Rumphius (1627-1702) eut un cabinet dont le catalogue illustré (D'Amboinsche Rariteitkamer) parut en 1705.
- Frederik Ruysch (1638-1731), constitua un cabinet de curiosités anatomiques acquis par Pierre le Grand et qui est, en partie, à l'origine du Musée d'ethnographie et d'anthropologie de l'Académie des sciences de Russie, avec les collections d’Albertus Seba (1665-1736), qui publia à partir de 1734 un Thesaurus comportant plusieurs centaines de gravures animalières (à voir à la Bibliothèque royale de La Hague).
- René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) assembla le plus grand cabinet de France, surtout consacré aux espèces animales, en particulier à l’ornithologie. À la mort de Réaumur, Buffon réussit à obtenir ses collections et à les intégrer dans le cabinet du roi.
- Le cabinet de curiosités de Joseph Bonnier de La Mosson (1702-1744), dans l'hôtel du Lude, au 58 rue Saint-Dominique, à Paris, était exemplaire en ce qu’il était très structuré. Les différentes parties du cabinet s'intéressaient chacune à un domaine particulier: l'anatomie, la chimie, la pharmacie, les drogues, la mécanique, les mathématiques ou encore les outils propres à différents arts et métiers. Enfin, il comprenait 3 cabinets d'Histoire Naturelle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Par ailleurs, on pouvait y voir un coquillier, meuble servant à ranger et présenter des coquilles (de mollusques). Une partie des armoires se trouve aujourd’hui à la médiathèque du Museum<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- Vers 1760, James Darcy Lever (1728-1788) commença à amasser une immense collection. Il acheta le cabinet de Johann Reinhold Forster (1729-1798) quand celui-ci, privé du soutien du gouvernement, fut ruiné. En 1774, il ouvrit musée à Londres, mais fut à son tour ruiné et ses collections dispersées dans l’indifférence du gouvernement. À la même époque, Joseph Banks (1743-1820) développait aux Jardins botaniques royaux de Kew la culture des plantes indigènes et exotiques utiles au progrès économique.
- Le médecin et naturaliste alsacien Jean Hermann (1738-1800) créa à partir de 1768, à Strasbourg, un cabinet d'histoire naturelle riche d'un grand nombre d’animaux naturalisés et de plantes séchées. Ses collections et sa bibliothèque, riche de 20 000 volumes, sont à l'origine du Musée de minéralogie de Strasbourg et du Musée zoologique de la ville de Strasbourg, où son cabinet d'histoire naturelle a été recréé. Hermann dirigeait en outre le jardin botanique.
- La curiosité est en essor constant durant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et son commerce atteint son apogée dans la deuxième moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 42 catalogues de cabinets étant imprimés par an. Néanmoins, la curiosité est étouffée par la révolution française. En effet, elle existait principalement à travers de riches cabinets, dont les propriétaires ont fui la France. La curiosité s'était déjà replié autour de Port-Royal, quartier apprécié des brocanteurs, mais ne subsiste désormais qu'en marge de la capitale, chez les grandes fortunes de la Restauration. Elle ne reprendra son essor qu'au milieu du siècle suivant, mais avec beaucoup moins d'aplomb<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
- Le premier museum de Cherbourg, ouvert en 1832 et devenu plus tard Muséum Emmanuel-Liais, fut conçu autour des collections du cabinet d’un savant local, enrichies d’objets légués par les grandes familles locales, et des collections de savants normands ou ayant des attaches normandes réunis au sein de la Société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg tels que Louis Corbière et Emmanuel Liais. Liais avait dans sa propriété un jardin botanique (fondé en 1878).
- Aux {{#switch: XXI
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}}, un intérêt nouveau se manifeste pour les cabinets de curiosités, de la part d’artistes comme André Breton<ref>Modèle:Lien web.</ref> ou Christophe Conan (Nature vivante)<ref>Modèle:Lien web.</ref>: « Animaux des abysses » est exposé au musée de Vernon. Des expositions sont organisées dans l’ancien cabinet du château de La Roche-Guyon et dans les salles du château d’Oiron.
Évolution
Les cabinets de curiosités apparus au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle évoluent pour devenir, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des « cabinets d’histoire naturelle » ; ces derniers sont considérés comme les ancêtres des musées d'histoire naturelle modernes<ref name=expo>Modèle:Lien web.</ref>. Le cabinet de curiosités présente dans le désordre des pièces des règnes animal, végétal et minéral ; l'objectif est de montrer la diversité du monde. Dans le cabinet d'histoire naturelle, en revanche, les collections sont structurées, et suivent une classification scientifique ; elles se spécialisent aussi ; apparaissent ainsi par exemple des collections de fossiles, d'où sont exclus les spécimens d'espèces de la période historique<ref name=expo/>. Cette évolution est en rapport avec les progrès de la science. Les notions de genre et d'espèce sont mieux définies par Carl von Linné, l'histoire de la Terre et des fossiles fait l'objet de tentatives d'explication rationnelles<ref name=expo/>.
Critique des cabinets de curiosités
L'un des premiers critiques fut l’épigrammiste néerlandais Roemer Visscher qui nota au-dessus d'une gravure (la quatrième de l'ouvrage) représentant des coquilles qu'« Il est étrange de voir pour quelles choses un fou dépense son argent<ref>Modèle:Citation étrangère (Sinnepoppen, 1614). La cinquième gravure, consacrée aux tulipes, provoque ce commentaire : Modèle:Citation étrangère.</ref>. »
Descartes
Dans Règles pour la direction de l’esprit (1628), parlant des écoles, dont l’enseignement est mal conçu, Descartes énonce la règle IV :Modèle:Citation bloc Il en déduit la nécessité d’une méthode.
La Bruyère
Jean de La Bruyère consacre le chapitre ‘De la mode’ dans ses Caractères (1688) aux amateurs de curiosités (amateurs de fleurs qui se pâment devant une tulipe, propriétaires de cabinets de curiosités : il présente la curiosité comme une mode et une passion dévorante, ridicule et vaine, et conclut : Modèle:Citation
Furetière
Dans son Dictionnaire Universel de 1690, Antoine Furetière oppose les curieux et les savants : Modèle:Citation blocIl laisse entendre que les curieux pratiquent un amalgame entre sciences réelles et fausses sciences : Modèle:Citation bloc
Buffon
Dans L’Histoire naturelle, premier discours, ‘Théorie de la terre’, 1749, Buffon souligne l’intérêt qu’il y a à réunir des collections d’objets, mais souligne la nécessité d’échapper à l’étonnement et de s’élever du particulier au général : Modèle:Citation bloc Modèle:Citation bloc Modèle:Citation blocIl montre qu’il est indispensable d’adopter une bonne méthode dont les défauts éventuels seraient limités par « La description exacte & l’histoire fidèle de chaque chose [qui] est, comme nous l’avons dit, le seul but qu’on doive se proposer d’abord. (Modèle:P.) :Modèle:Citation bloc Modèle:Citation blocIl se moque ainsi de telle méthode imposant d'« aller le microscope à la main, pour reconnoître un arbre ou une plante ; la grandeur, la figure, le port extérieur, les feuilles, toutes les parties apparentes ne servent plus à rien, il n’y a que les étamines, & si l’on ne peut pas voir les étamines, on ne sçait rien, on n’a rien vû. Ce grand arbre que vous apercevez, n’est peut-être qu’une pimprenelle… » (Modèle:P.)
Il conclut en soulignant la complémentarité de l’approche méthodique et de la description simple et sans apprêt des objets d’étude : Modèle:Citation bloc
Lamarck
Le Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc. Par une société de naturalistes et d'agriculteurs, Volume 7, 1817 (deuxième édition) fut publié par Modèle:Lien<ref group=alpha>Imprimeur libraire né à Grainville-sur-Odon (15-04-1766 - 02-10-1842), il publia notamment : Histoire naturelle de Buffon (An VII-An XI = 1803) ; Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, appliquée aux arts, an XI-1803 - an XII-1804, 24 vol. in-8° ; Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, 1816-17. Voir Modèle:Lien web.</ref>.
L’article « conchyliologie » de l’édition de 1817, apparemment confié à Jean-Baptiste Lamarck, est une profonde révision de l'article de la première édition<ref>Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, principalement à l'agriculture et à l'économie rurale et domestique, 1803-1804 (Modèle:1re édition), t. 6, p. 111ff.</ref>, écrit par un autre auteur qui ne faisait aucune référence aux propriétaires de cabinets. Lamarck en parle assez longuement, mêlant louanges et, surtout, réprobation. Il note que c’est grâce aux collectionneurs que les scientifiques ont pu voir beaucoup de coquilles, et même des spécimens rares :Modèle:Citation blocToutefois, les cabinets avaient pour objet « l'amusement des personnes oisives » (Modèle:P.) qui « se born[aient] à rassembler et placer avec symétrie dans des armoires, des coquilles choisies d'après leur éclat et leur beauté » (Modèle:P.), et non le progrès de la science : « A la vérité, pendant long-temps, la conchyliologie n'a été qu'un vain objet d'amusement, qu'un sujet d'ostentation et même de luxe ; en sorte que les collections dont elle étoit le but, ne produisoient guère dans l'esprit des propriétaires ou de ceux qui les considéroient, qu'une stérile admiration, soit de la multiplicité et de la singularité des formes des coquilles, soit de la variété presque infinie, et de la vivacité de leurs couleurs. » (Modèle:P.)
Le contenu des collections était aussi impropre à favoriser la science : le choix des spécimens était guidé par leur esthétique ou leur originalité : Modèle:Citation blocAutre inconvénient : les coquilles étaient souvent dénaturées, « mutilées par l'art » : Modèle:Citation blocLamarck note plus bas que cet inconvénient majeur a désormais disparu, et que les collections se font plus scientifiques :Modèle:Citation blocLes collections des amateurs de curiosités ont donc, malgré leur défauts, été utiles à la science, et été modifiées par les exigences scientifiques.
Critiques au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
On peut mentionner notamment Michel Foucault dans Les Mots et les Choses, 1966 ; Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris-Venise, {{#switch: -
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: XVIII|-| – | XVIII }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle
}}, Gallimard, Paris 1987 ; et Antoine Schnapper : compte-rendu par Olivier Bonfait dans « Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : bulletin de la Société d'étude du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle », octobre 1989 (sur Gallica).
Représentations de cabinets
Le musée du Louvre possède un tableau d’Anne Vallayer-Coster, Panaches de mer, lithophytes et coquilles (1769), et plusieurs d'Alexandre Isidore Leroy de Barde, représentant peut-être le cabinet dont il était propriétaire. Frans Francken II a représenté à plusieurs reprises des cabinets de curiosités.
Notes et références
Notes
Références
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage.
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- Modèle:Ouvrage.
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- Myriam Marrache-Gouraud,Pierre Martin, Dominique Moncond'Huy et Géraldine Garcia (sous la direction de), La licorne et le bézoard : Une histoire des cabinets de curiosités, catalogue de l'exposition du Musée Sainte-Croix à Poitiers, Gourcuff Gradenigo, 2013 Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Antoine Schnapper, Le géant, la licorne et la tulipe ; collections et collectionneurs dans la France du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. I. Histoire et histoire naturelle, Flammarion, collection « Art, Histoire, Société », 1988, 415 pages, Modèle:ISBN. Rééd. en poche, revue et complétée à partir des notes de l'auteur : Le géant, la licorne et la tulipe. Les cabinets de curiosités en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Flammarion, coll. « Champs Arts », 2012, 768 p. Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
Voir aussi
Articles connexes
- Cabinet de curiosités (genre pictural)
- Cabinet minéralogique
- Glyptique
- La peinture à l'huile sur pierre
- Tulipomanie
- Jardin botanique et jardin d'acclimatation
- Illustration botanique
- Coquille
- Automate d'art
- Taxidermie
- Cabinet de curiosités de Joseph Bonnier de La Mosson
- Cabinet d'Histoire naturelle, Galerie de Botanique, Galerie d'Entomologie
Littérature
- Douglas Preston & Lincoln Child, La chambre des curiosités, J'ai lu, 2005, Modèle:ISBN
- Céline Maltère, Le Cabinet du Diable, La Clef d'Argent, 2016 (à propos du collectionneur Louis Mantin)