Citroën Axel
La Citroën Axel est le modèle d'exportation, pour quelques pays d'Europe de l'Ouest, de la petite berline Oltcit (Olténie + Citroën)<ref>L'Argus, 15 octobre 1981.</ref> présentée en octobre 1981 et produite à Craiova en Roumanie. En France, cinq versions ont été vendues à partir de juillet 1984<ref>L'Automobile Magazine Modèle:N°, juillet 1984.</ref> : Axel, Axel (Entreprise), Axel 11 R, Axel 12 TRS et Axel 12 TRS (Entreprise).
Historique
Projet Y
Entre 1968 et 1973, Citroën tente un rapprochement avec Fiat afin de réaliser des économies et de nouer des accords techniques et commerciaux<ref name=":2">Modèle:Lien web</ref>. Cependant, le gouvernement français met son veto à la cession de Citroën à Fiat et pousse Peugeot à absorber Citroën en décembre 1974.
Durant cette période de rapprochement entre Citroën et Fiat, Citroën a tenté d'adapter la Fiat 127, tout juste lancée, avec l'étude RA. Faute d'accord sur les prix de revient, l'idée avorte. Au même moment, en 1972, les ingénieurs de Citroën lancent le projet Y : une petite berline cinq portes équipée de moteurs refroidis par air avec un moteur bicylindre dérivé de celui de la 2 CV ou quatre cylindres d'origine GS, et suspensions à barres de torsion.
Après la reprise de Citroën par Peugeot, le groupe décide d'abandonner le projet Y (malgré sa finalisation prévue pour courant 1976) jugé insuffisamment avancé et ayant déjà coûté cher au groupe qui doit composer avec les échecs du moteur rotatif et du développement des CX, GS et SM<ref name=":2" />. Peugeot impose en urgence le projet RB, basé sur une carrosserie coupé de la Peugeot 104 à mécanique Ami 8, qui sera la future Citroën LN. Conjointement, en 1975, est également étudiée la Citroën Visa (projet VD) ; Robert Opron et Jean Giret, les stylistes de Citroën s'inspirent de la ligne du projet Y pour la Visa<ref>60 ans de style et de prototypes Citroën, par Roger Guyot et Christophe Bonnaud, éditions Roger Régis</ref>.
Création d'Oltcit
En 1976, le Président de la république socialiste de Roumanie Nicolae Ceaușescu lance un appel d'offres pour la fourniture d'une usine et d'un modèle à fabriquer afin de développer l'industrie automobile de la république socialiste de Roumanie. Cette opportunité arrange les ingénieurs de chez Citroën qui refusaient d'abandonner le projet Y. Face à l'ouest-allemand Volkswagen, le groupe français sort vainqueur<ref>Modèle:Article</ref>.
Peugeot ressort de ses tiroirs le projet Y, prenant dorénavant l'appellation « TA », pour l'industrialiser à bas coût en Roumanie<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le Modèle:Date-, la société Oltcit, codétenue par Citroën à 36 % et à 64 % par l'État roumain (pour un investissement total de 2,5 milliards de Francs) est créée<ref name="AA">Modèle:Article</ref>. L'Oltcit roumaine est donc la dernière voiture de conception 100 % Citroën puisque antérieure au rachat par Peugeot. L'usine comprise dans le contrat pour Modèle:Unité de francs est ultra-moderne pour son époque par rapport aux standards d'Europe de l'Est<ref>Reportage sur la fabrication de l'Axel, réalisé afin de rassurer le public. https://www.youtube.com/watch?v=hR6D8QxYZds</ref>. Celle-ci devait être opérationnelle dès 1978, mais de nombreux retards imputables à la bureaucratie roumaine font que la mise en production n'a lieu qu'en 1981, avec une production initiale prévue de Modèle:Nombre par an<ref name="AA" />.
Comme l'Oltcit se vend mal en Europe de l'Est, PSA apporte son aide en distribuant 50 % des voitures fabriquées sous le nom d'Axel dans plusieurs autres pays communistes, dont la France, mais également en guise de contrepartie des importations de pièces Citroën en Roumanie<ref name="La GS">La Citroën GS de mon père, par Dominique Pagneux, éditions E.T.A.I.</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Citroën récupère dès lors une voiture à un prix défiant toute concurrence, ce qui permet également de compenser les frais liés aux études menées pour le projet Y.
Après leur fabrication à Craiova, les véhicules destinés à l'exportation en Europe de l'Ouest sont soumis à une vérification à l'usine d'Aulnay-sous-Bois avant leur commercialisation, afin de vérifier que les standards de qualité attendus sont bien respectés ; très souvent, les automobiles doivent être démontées puis réassemblées avec plus de rigueur<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="NGF">Modèle:Article</ref>.
L'Oltcit arrive sur le marché occidental dix ans après sa conception et le réseau de distribution Citroën rechigne à la vendre car la marge de profit est faible, la consommation élevée, les finitions mauvaises et le design vieillissant. De plus, l'arrivée de l'Axel dans la gamme engendre une concurrence interne avec les LNA et Visa<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Les différentes versions
La gamme française était constituée de cinq versions<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Trois modèles de berlines :
- Axel
- Axel 11 R
- Axel 12 TRS
- Deux modèles utilitaires :
- Axel Entreprise
- Axel 12 TRS Entreprise
Les versions « Entreprise » sont des petits utilitaires au seuil de chargement bas (Modèle:Unité) au même niveau que le plancher<ref>Modèle:Lien web</ref>. Leur volume utile est de Modèle:Unité contre Modèle:Unité pour le coffre d'une berline ou encore Modèle:Unité avec banquette rabattue<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Axel
Le bas de la gamme est occupé par l'Axel qui est déjà mieux équipée que la Visa de base. Elle possède en outre un essuie-glace à 2 vitesses avec lave-glace électrique à l'avant, des feux de recul, le désembuage de la lunette arrière, la vérification du niveau de liquide de frein et des témoins d'usure (pression huile moteur ; charge batterie)<ref>Modèle:Lien web</ref>.
La berline ne possède pas d'appuis-tête avant, contrairement à la version Entreprise (en option), ni le pré-équipement radio (de série sur 11 R et 12 TRS). Des bandes de protection latérale sont disponibles en accessoires, ainsi que les jantes en alliage léger qui peuvent remplacer les jantes tôles de série, très similaires à celles des C15 phase 1 essence.
Axel 11 R
À Modèle:Unité, la 11 R reçoit en plus des phares à iode (halogène), un pré-équipement radio, des appuis-tête avant, une montre à affichage numérique, un compte-tours, un compteur kilométrique journalier, une boîte à gants fermant à clef, un rétroviseur intérieur jour/nuit, des rétroviseurs extérieurs réglables depuis l'intérieur, des enjoliveurs de roues en plastique, des baguettes de protection latérales, un allume-cigare, des ceintures de sécurité arrière à enrouleur, un cendrier avant avec éclairage, un cendrier arrière, des crochets porte-vêtements, un essuie-glace avant à balayage intermittent, un essuie-glace arrière, des glaces de custode pivotantes, un lecteur de cartes (spot), des poignées de maintien au pavillon, un rhéostat d'éclairage du tableau de bord, une tablette arrière amovible, des tapis de sol en moquette et un voyant de frein à main.
Sur le tableau de bord, sont désormais présents les voyants de température d'huile moteur, du serrage du frein à main et de la réserve de carburant ainsi qu'une molette de réglage de l'éclairage du tableau de bord.
La 11 R ne dispose que des jantes en alliage léger comme option.
Axel 12 TRS
À Modèle:Unité, la 12 TRS est le haut de gamme du modèle. Elle disposait d'une boîte à 5 vitesses et des jantes alliage aux dimensions millimétriques TRX AS<ref>Modèle:Lien web</ref>. Seule la peinture métallisée vernie était en option pour 850 francs.
Caractéristiques
La forme générale fait penser à une Visa à trois portes, cependant aucune pièce n'est commune entre les deux véhicules (hormis les grilles d'aération et les boutons du tableau de bord). L'Axel bénéficie de nombreux atouts comme sa tenue de route, son confort de suspension, sa nervosité et une habitabilité meilleure que celle de la Visa avec un coffre plus vaste et plus pratique d'accès grâce à un seuil de chargement très bas.
Initialement étudiée pour être équipée d'une suspension hydropneumatique, elle en est finalement dépourvue pour maintenir un coût faible et faciliter la tâche des ouvriers roumains formés à la hâte. La suspension avant est à barres de torsion longitudinales et doubles bras formant formant un parallélogramme déformable. Une lame de ressort relie les extrémités arrière des barres de torsion avant, procurant un effet antiroulis d'autant plus ferme que l'auto est chargée. La suspension arrière est à barres de torsion transversales, sans décalage des bras, et amortisseurs horizontaux. Tout est disposé sous le plancher et permet d'éviter de pénaliser la largeur utile du coffre par des puits d'amortisseurs verticaux comme ceux notamment de la Visa<ref name="Citmonde" />. Cette disposition sera reprise par de nombreuses PSA, chez Citroën dès l'AX et par Peugeot dès la 205.
Au rang des défauts, la ligne est esthétiquement dépassée puisque le style a été arrêté dix ans plus tôt pour le projet Y ; certains détails, comme les gouttières apparentes, trahissent cet âge<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La consommation est élevée (8-9 l/100), du fait notamment du poids élevé (50 kg de plus en moyenne qu'une Visa) qui s'explique par divers renforcements de caisse destinés à adapter le véhicule aux conditions d'utilisation en Roumanie. Le freinage est peu efficace et l'effort à exercer sur la pédale est élevé à cause de l'absence de servofrein. Pour les premiers modèles, de nombreux problèmes de fiabilité liés à un manque de contrôle de qualité de la production de l'usine roumaine ternissent l'image et compromettent, avec la consommation, sa crédibilité comme petite voiture économique<ref>Modèle:Article</ref>.
En France, l'Axel a une carrière discrète bien que bénéficiant d'un prix de vente très intéressant : la version de base est à Modèle:Unité mais mieux équipée que la 2 CV qui se vend entre Modèle:Unité et Modèle:Unité. Les versions « Entreprise » (deux places avec TVA à 18,6 % récupérable au lieu de 33 %) à Modèle:Unité, ont le plus de succès.
Précurseur de la voiture low cost, l'Axel ne rencontre pas le succès. Modèle:Citation lâche un laconique Jacques Calvet aux journalistes qui demandent son opinion sur les raisons de l'échec. L'arrivée de l'Axel incommode le bas de gamme maison car elle provoque une concurrence interne supplémentaire avec la 2CV, la LNA et la Visa.
Voyant l'Axel couler sous ses yeux, Citroën revend ses parts de marché en 1988, cessant alors sa production. L'Axel est retirée du catalogue au Modèle:1er juillet 1990 après Modèle:Nombre commercialisés en France entre 1984 et 1990<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La vente des tout derniers modèles d'Axel restés en concession cesse en 1992 pour les Pays-Bas et en 1994 en Italie pour la dernière Axel vendue<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>.
Motorisations
Le « moteur boxer bicylindre » de Modèle:Unité étudié pour le projet Y est finalement utilisé sur la Citroën Visa à partir de 1978<ref name="La GS" />. C'est une évolution du moteur de la 2CV et ses dérivés, qui a notamment bénéficié du traitement Nickasil des cylindres, une technique employée par Citroën durant ses essais sur le développement du moteur à piston rotatif<ref name="Citmonde">Les Citroën du monde, par Gilles Colboc et Jean-François Ruchaud, éditions E.T.A.I.</ref>.
Ce moteur ne fut monté que sur l'Oltcit Spécial, version bas de gamme commercialisée sur le marché roumain. Les motorisations vendues sur l'ensemble des marchés étaient le moteur boxer série G Modèle:Unité de Modèle:Unité et le Modèle:Unité de Modèle:Unité. Comme les boîtes de vitesses, ils dérivent de la Citroën GSA . Le Modèle:Unité est réservé à la finition haut de gamme 12 TRS et accouplé à une boîte Modèle:Unité.
Particularité identique à la GSA pour les Modèle:Unité, l'alésage est légèrement augmenté pour porter la cylindrée réelle à Modèle:Unité et autoriser la voiture à parcourir les autoroutes italiennes..
Les freins, à quatre disques, ne sont pas assistés. Ils sont ventilés et placés en sorties de boîte à l’avant<ref name="Citmonde" />. La crémaillère de direction à pignon central est spécifique.
Version | Motorisation | Architecture | Puissance max. | Vitesse max. | 0 à Modèle:Unité |
---|---|---|---|---|---|
Axel / 11 R | Moteur boxer série G | Essence, 4 cylindres boxer, Modèle:Unité | 57 ch à Modèle:Unité. | Modèle:Unité | 15 s 4 |
12 TRS | Moteur boxer série G | Essence, 4 cylindres boxer, Modèle:Unité | 61 ch à Modèle:Unité. | Modèle:Unité | 13 s 1 |
Production
1984 | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | Total | |
Axel & Axel 11 R | 9 343 | 13 997 | 8 802 | 3 258 | 1 451 | 36 851 |
Axel 12 TRS | 1 649 | 3 577 | 1 582 | 2 037 | 1 313 | 10 158 |
Axel Entreprise | 2 615 | 4 327 | 2 318 | 1 158 | 659 | 11 077 |
Axel 12 TRS Entreprise | 1 420 | 459 | 138 | 70 | 11 | 2 098 |
Total | 15 027 | 22 360 | 12 840 | 6 523 | 3 434 | 60 184 |
Dans la culture populaire
- L'Axel fait une apparition au cinéma dans le film L'Amour en douce en 1984, avec Daniel Auteuil figurant au volant d'une des premières 12 TRS du marché français<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Dans sa chanson intitulée Citroën, le rappeur Lomepal évoque l'Axel : Modèle:Citation
Galerie de photographies
-
Axel de 1985.
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Axel entreprise de 1984.
-
Tableau de bord d'une Axel.
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Une Axel à la Nationale 2CV de 2022
Bibliographie
- La cousine de Craiova, Thijs van der Zanden, Citrovisie, 2012.
- Kleintjes in crisistijd, Thijs van der Zanden, Citrovisie, 2017.
- Citroën et le citroënisme : essai historique sur la passion automobile et l'innovation, Au Pont 9, Modèle:ISBN, Paris, 2020. Joël Broustail
- Axel & Oltcit, les Citroën de l'Est, Thijs van der Zanden & Axel Bornand, Citrovisie, 2021.