Cloaca Maxima
Modèle:Titre en italique Modèle:Infobox Monument Rome Antique
La Cloaca Maxima est un long canal, principal égout collecteur de la Rome antique. Il combine trois fonctions : la récupération des eaux de pluie, l'évacuation des eaux usées et l'assainissement des marécages qui occupaient dans les premiers temps de Rome la dépression située entre le Quirinal, l'Esquilin et le Tibre. C'est le plus ancien système de drainage encore en usage aujourd'hui puisque les conduits antiques servent encore à évacuer les eaux de pluie et les débris du Foro Romano, du Velabro et du Foro Boario.
Localisation
Le canal de la Cloaca Maxima, alimenté par sept canaux affluents selon Pline l'Ancien<ref group=a>Modèle:RefRA</ref>, recueille les eaux de tous les vallons situés entre les collines du Quirinal et de l'Esquilin puis traverse le forum romain sur une ligne nord-est sud-ouest pour aller se déverser dans le Tibre, un peu en aval de l'île TibérineModèle:Sfn. Le canal suit un itinéraire irrégulier, probablement parce que les Romains ont soigneusement évité certaines zones jugées hostiles ou dangereuses pour des raisons religieusesModèle:Sfn.
Fonction
Le canal et ses affluents deviennent le principal réseau d'égouts de la Rome antiqueModèle:Sfn, ce que rappelle son nom de Cloaca Maxima qui signifie littéralement « le plus grand égout ». Son rôle est d'assécher les zones marécageuses afin de les assainir et de les rendre constructibles. Cet assèchement est devenu incontournable tant la population de Rome augmente rapidement au cours de la Royauté romaine puis au début de la République. Au début, cet égout est conçu comme un grand canal à ciel ouvert ayant pour fonction de drainer l'eau du sol. Au cours des siècles, par travaux successifs, il est transformé en véritable égout souterrain pour des raisons d'hygiène car Rome est fréquemment la proie d'épidémies. Strabon, contemporain des grands travaux de rénovation menés par Agrippa sous Auguste, se montre impressionné par le dispositif d'assainissement.
Histoire
Antiquité : construction et rénovations
Selon la tradition telle qu'elle est encore rapportée du temps de Tite-Live<ref group=a>Modèle:RefRA</ref>, le début des travaux remonte aux environs de [[-600|600 Modèle:Av JC]] et est attribué à Tarquin l'Ancien. Dans un même temps, la zone du Forum est dégagée et recouverte de terre battueModèle:Sfn. C'est Tarquin le Superbe qui met un terme à ces premiers travaux qui consistent dans le creusement d'un canal à ciel ouvert selon une technique maîtrisée par les Étrusques. Pour accélérer la progression des travaux, le dernier des Tarquins aurait mis à contribution de force les plébéiens, ce qui aurait valu au canal le nom populaire de « Fossé des Quirites » (Fossae Quiritium<ref group=a>Pseudo-Aurelius Victor, Liber de viris illustribus</ref>)Modèle:Sfn. Le canal n'a été entièrement couvert qu'assez tardivement puisque du temps de Plaute, vers la fin du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, un canal ouvert coupe encore le Forum en son milieu<ref group=a>Plaute, Curculio, 476</ref>.
Agrippa entreprend une rénovation du réseau des aqueducs et des égouts en tant qu'édile en [[-33|33 Modèle:Av JC]]<ref group=a>Modèle:RefRA</ref> Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, la Cloaca Maxima est utilisée pour évacuer les eaux usées des thermes de DioclétienModèle:Sfn.
Renaissance : redécouverte
Le canal antique est brièvement mentionné par Antonio Bosio, spécialiste des catacombes de Rome, qui parle d'un conduit navigable durant l'Antiquité qui a pu servir depuis de sépultures pour le corps de saintsModèle:Sfn. Dans la deuxième moitié du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le canal semble encore accessible et il est possible d'emprunter le tunnel pour se rendre du Tibre jusqu'au Forum. La Cloaca Maxima bénéficie peu à peu d'un regain d'intérêt des archéologues italiens, comme Famiano Nardini en 1661, dont les travaux sont repris par l'abbé de Cortone Ridolfino Venuti en 1766. La dernière portion du conduit, qui traverse le Vélabre de l'église San Giorgio au Tibre, se situe à Modèle:Unité sous le niveau du sol de l'époque et est entièrement dégagée en 1742Modèle:Sfn. Deux ans plus tard, Francesco de Ficoroni décrit les vestiges du canal près de l'embouchure, impressionné par les réalisations de l'ingénierie romaineModèle:Sfn.
Fouilles archéologiques
En 1871, lors de fouilles sur le Forum menées par l'architecte et topographe Pietro Rosa, le tracé de la Cloaca Maxima est mis au jour entre la Via della Salara Vecchia et Marrana di San Giorgio. Celle-ci est purgée et débarrassée de la boue et des gravats qui l'encombrent ; toutefois, il n'est pas possible aux archéologues de déterminer sa profondeur à cause de dépôts. Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le conduit est restauré par Giacomo Boni, qui fait ajouter un quai en maçonnerie permettant de le parcourir à pied secModèle:Sfn. La Cloaca Maxima est étudiée de manière approfondie par l'archéologue allemand Heinrich Bauer, qui publie ses résultats en 1989 sous le titre Die Cloaca Maxima in Rom. Ce n'est que récemment qu'a été rendue possible l'exploration de tous les conduits, y compris celui parallèle à la Via Bucimazza que Bauer n'avait pu emprunter même après plusieurs tentatives de dégagementModèle:Sfn.
-
Christoffer Wilhelm Eckersberg, Vue de la Cloaca Maxima, huile sur toile, 1814.
-
Ettore Roesler Franz, Embouchure de la Cloaca Maxima, vers 1880.
-
L'embouchure en 1900.
Description
Les vestiges du grand égout sont longs d'environ Modèle:Unité. La largeur des conduits varie tout au long du tracé, d'un peu plus de Modèle:Unité pour les passages les plus étroits à Modèle:Unité près de l'embouchureModèle:Sfn. Le premier canal est construit en pierre sèche avec des blocs de Modèle:Unité de longueur, Modèle:Unité de largeur et Modèle:Unité d'épaisseur, taillés dans du pépérin ou du tuf volcanique de la région de Rome. Au fil de nombreuses rénovations, les matériaux de construction évoluent. La voûte de couverture est en béton recouvert de briques. L'usage de pierres de Gabies, qui se généralise à Rome entre l'époque de Jules César et celle de Néron, pourrait dater d'une restauration ordonnée par AgrippaModèle:Sfn.
Du Transitorium au Forum Romanum
Les conduits débutent à l'extrémité du Transitorium (appelé aussi forum de Nerva) mais à l'époque antique, son conduit se poursuivait le long de l'Argilète, où il collectait les eaux de pluie. Le conduit fait Modèle:Unité de large pour Modèle:Unité de hauteurModèle:Sfn. Après avoir traversé le Transitorium, la Cloaca Maxima se divise en deux canaux : le canal principal, plus ancien, passe sous la basilique Aemilia, section appelée Braccio Morto, tandis qu'une déviation postérieure contourne l'extrémité de la basiliqueModèle:Sfn. Les deux canaux se rejoignent au niveau du sacellum de la Vénus Cloacina. À proximité du sacellum, un raccordement permet de récupérer les eaux de drainage de la Voie SacréeModèle:Sfn. Le canal traverse ensuite le forum selon une direction oblique et passe sous le sol de la basilique Julia, à Modèle:Unité de profondeur, où sa largeur se rétrécit à Modèle:UnitéModèle:Sfn.
Dans le Vélabre et le Modèle:Latin
Juste au sud du Forum et de la basilique Julia, une section du canal est construite en opus caementicium. Il s'agit d'une modification datant de la construction du temple d'AugusteModèle:Sfn. La Cloaca Maxima longe le vicus Tuscus et s'enfonce dans le Vélabre selon un trajet irrégulier. Le canal est plus étroit à ce niveau, avec Modèle:Unité de large pour Modèle:Unité de haut. Vers la fin de son parcours, le canal passe sous l'arc de Janus puis entre les temples de Portunus au nord et d'Hercule Olivarius au sud dans le Forum Boarium avant de déboucher dans le Tibre. Sur la fin de son parcours, le canal s'élargit pour atteindre Modèle:Unité de large et Modèle:Unité de hautModèle:Sfn. L'extrémité du canal est renforcée par une triple voûte en pierre de Gabies, toujours visible aujourd'huiModèle:Sfn.
-
Entrée de la Cloaca Maxima sur le Forum.
-
Plaque moderne citant un passage de Denys d'Halicarnasse.
-
Vue de la rive moderne du Tibre au niveau de l'embouchure.
Notes et références
- Sources antiques :
- Sources modernes :
Voir aussi
Bibliographie
Ouvrages généraux
Ouvrages sur la Cloaca Maxima
Articles connexes
- Technologie de la Rome antique
- Hygiène sous la Rome antique
- Hydraulique étrusque
- Vénus Cloacina • Sacellum de la Vénus Cloacina