Dhikr
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Dans l'islam, le dhikr ou zikr (de l'arabe Modèle:Langue [ḏikr], « souvenir », « rappel » et « invocation », « mention »), désigne à la fois le souvenir de Dieu et la pratique qui avive ce souvenir, consistant généralement en l'évocation rythmée et répétitive d'une prière ou d'une phrase sacrée, silencieusement ou à voix haute, seul ou collectivement, dans le but de rendre gloire à Dieu et d'atteindre la perfection spirituelle.
Caractéristique du soufisme, quoique sa pratique ne se réduise pas à ce seul courant, le dhikr peut ainsi prendre plusieurs formes : la récitation de prières courtes, le chant religieux, le tasbih ou encore la lecture du Coran.
Pratique
Le terme arabe dhikr signifie à la fois « souvenir », « rappel » et « invocation », « mention »Modèle:Sfn. À la fois souvenir et invocation<ref>Modèle:Chapitre</ref>, le dhikr vise à combattre l'amnésie dont peut être atteint l'homme qui, oublieux par nature, néglige ses propres origines divines, les bienfaits de Dieu et le pacte prééternel (mîthâq) passé avec luiModèle:Sfn.
Le dhikr désigne également la pratique elle-même de cette remémoration de DieuModèle:Sfn, consistant généralement en l'évocation rythmée et répétitive d'une prière ou d'une phrase sacrée<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, une oraison jaculatoire inlassablement répétée<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, dans le but de rendre gloire à Dieu et atteindre la perfection spirituelle<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le dhikr, caractéristique du soufisme bien qu'il ne s'y réduise pasModèle:Sfn, désigne ainsi la technique même de cette répétitionModèle:Sfn mais peut aussi désigner le Coran lui-même<ref>voir Coran, 15, 9 cité par Modèle:Harvsp</ref>.
Les pratiques du dhikr sont multiples et font l'objet de protocoles qui varient avec le temps et selon les lieux, parfois fortement, mais les deux formules majeures objet de répétitions sont Lâ ilâha illâ Llâh (« il n'y a de divinité que Dieu »), le témoignage de foi qui constitue premier pilier de l'islamModèle:Sfn, et Allâh, le nom de Dieu lui-mêmeModèle:Sfn qui synthétise tous les autres noms divinsModèle:Sfn.
L'invocation s'approfondit généralement en trois degrés, bien que certains maîtres distinguent jusqu'à huit niveaux : le dhikr « de la langue » (dhikr al-lisân) qui vocalise la formule, le dhikr « du cœur » (dhikr al-qalb) qui, silencieux, suit les pulsations cardiaques et le dhikr « de la conscience » (dhikr al-sirr) qui amène à l'excellence, le soufi étant alors annihilé dans le NomméModèle:Sfn. Afin d'obtenir l'efficacité du dhikr, le pratiquant doit idéalement l'opérer dans un état de pureté rituelle et revêtu de vêtements propres, de préférence dans un endroit parfumé et sombre ou de nuit, suivant la tradition selon laquelle Mahomet priait lui-même entre l'aube et l'auroreModèle:Sfn.
Si les soufis privilégient généralement l'invocation en groupe, qui compte parmi les temps fort de la vie des confréries soufies (tariqâ)Modèle:Sfn, le fait de savoir si celle-ci doit se pratiquer en secret ou à voix haute a fait l'objet d'importants débats ; néanmoins de nos jours, une majorité de maîtres soufis préconise la dernière option pour les novices afin de canaliser leur énergie spirituelle et renforcer leur concentrationModèle:Sfn.
Fondements dans le Coran et les hadith
Le Coran
Le mot dhikr figure 83 fois dans le Coran<ref>Pierre Cuperly, Présentation in Al-Ghazâli, Temps et prière, Paris, Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes, p. 13, note 5.</ref>. On peut mentionner ainsi le verset 45 de la sourate 29, « L'araignée » : « l'invocation du nom d'Allah est ce qu'il y a de plus grand »; les versets 41-42 de la sourate 33 : Modèle:Citation (v. 41-42), ou encore le verset 60 de la sourate 40, Al-Ghafir : Modèle:Citation.
Les hadiths
On trouve également plusieurs hadiths dans lesquels Mahomet recommande l'invocation du nom de Dieu comme étant la meilleure action possible, où il donne des indications sur le nombre de répétitions ainsi que sur la formule qui doit être prononcée:
Modèle:Citation Et encore : Modèle:Citation
Une idée similaire revient également dans ces hadith: Modèle:Citation blocModèle:Citation bloc
Autres formes possibles
Mais le dhikr ne consiste pas seulement en répétition de formules. Modèle:Référence souhaitée de la lecture du Coran ou de son étude dans un cercle d'étude, ainsi de l'étude de hadiths. Il peut aussi être vu comme étant au cœur de la prière canonique, ainsi que le laisse entendre le verset 14 de la sourate 20 : Modèle:Citation
Le dhikr dans le soufisme
Le dhikr a une importance particulière dans le soufisme. Il y devient la « voie d'accès » privilégiéeModèle:Sfn. Le but est le renoncement au monde, en « vidant le cœur des préoccupations terrestres » pour mieux approcher Dieu et parvenir à l'anéantissement (fana')Modèle:Sfn. Pour ce faire, la pratique est codifiée : le rythme de la respiration et l'attitude sont des éléments susceptibles de soutenir la répétition du nom de Dieu (Allah, ou le nom du Prophète ou « l'un des 99 plus beaux noms divins », voire les attributs du Prophète, etc.) qui est au cœur de la méthode.
Il existe deux dhikr, le solitaire et le collectif sans qu'il y ait d'opposition entre les deuxModèle:Sfn, même si, selon certaines sources, les adeptes d’une pratique plutôt que de l’autre peuvent s’affronter ou se « tourner en dérision »Modèle:Sfn. Si la transe qui résulte de la pratique collective a souvent été perçue comme l'aboutissement recherché, par les observateurs, les initiés la considèrent comme n'étant pas le but à atteindreModèle:Sfn. Il existerait donc un « Dhikr des privilégiés », comme expérience spirituelle intérieure, parfois mentionnés comme « Dhikr du cœur » ou « Dhikr de l'intime » (par opposition au « Dhikr de la langue », à haute voix) qui serait assez éloigné des pratiques hypnotiques du Dhikr collectifModèle:Sfn. Il est fondé sur la conservation du sens du Dhikr au moment de sa pratique, de telle manière qu'il ne devienne pas une répétition routinière et distraite. L'intention (niyya) est alors essentielle pour le pratiquant afin qu'il soit préservé des distractionsModèle:Sfn.
Le dhikr s'accompagne souvent de l'usage d'une sorte de chapelet (Modèle:Langue [misbaḥa], misbaha; chapelet).
Par bien des aspects, le dhikr est proche de la prière du cœur, clef de voûte de la pratique spirituelle et mystique de l'Église d'Orient.
Notes et références
Bibliographie
Voir aussi
Documentaire
- Arnaud Desjardins, Soufis d'Afghanistan : Maître et Disciple (part. 1), Au cœur des confréries (part. 2), INA, 1974.