Diplomatique
La diplomatique (du grec ancien Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, passeport, papier plié en deux) est une science auxiliaire de l'histoire qui étudie la structure, la classification, la valeur, la tradition et l'authenticité des documents officiels<ref>Modèle:Lien web.</ref> (les « diplômes » au sens historique du terme<ref>Modèle:Lien web.</ref>).
Histoire
Son histoire remonte au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, et à l'examen critique des chartriers monastiques et ecclésiastiques médiévaux, souvent pleins de chartes et de diplômes d'authenticité douteuse. C'est en réponse à un critique jésuite, Daniel van Papenbroeck, que Jean Mabillon, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, rédigea son De re diplomatica (1681), livre fondateur de la diplomatique. La diplomatique a longtemps été en grande partie l'œuvre d'ecclésiastiques ; en Europe occidentale, les documents de l'Église catholique romaine ont été son premier objet d'étude. En France, la diplomatique est enseignée de façon systématique à l'École des chartes depuis la fondation de celle-ci.
Dans la seconde moitié du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les problématiques de la diplomatique ont évolué, portant son attention sur l'histoire culturelle, l'histoire des usages de l'écrit.
Édition diplomatique
L'édition diplomatique est la reproduction la plus fidèle possible d'un texte, souvent accompagnée d'une description détaillée de l'original et signalant en note les principales variantes d'éventuelles autres sources.
Le but en est de rendre possible, ou du moins plus aisée, la consultation de textes d'un accès difficile.
Cette édition peut se faire de façons diverses :
- en reproduction photographique (phototypique)
- en édition imprimée (typographique)
- en reproduction numérique
La reproduction numérique peut être rendue disponible sur internet<ref>Ménestrel, sur le site de l'université de Poitiers.</ref>,<ref>Exemple d'édition d'un Recueil de chansons de trouvères (Université d'Ottawa)</ref>, généralement auprès d'institutions spécialisées (archives nationales, départementales, bibliothèques nationales).
Diplomatique contemporaine
La diplomatique contemporaine transpose les méthodes et concepts de la diplomatique classique aux documents d’archives contemporains, établissant les bases pour l'étude critique de leur contenu, leur forme et leur contexte, afin d'en établir l'authenticité<ref>Modèle:Lien web</ref>. Des auteurs tels que Bruno Delmas<ref>Modèle:Article</ref> et Luciana Duranti<ref>Modèle:Article</ref> ont participé à l'émergence de la diplomatique contemporaine. Dirigé par cette dernière, le projet InterPARES (International Research on Permanent Authentic Records in Electronic Systems) est notable pour avoir posé les bases de la diplomatique appliquée aux documents numériques.
Exemple d'analyse diplomatique : une donation d'Hugues Capet en 989
Transcription et état matériel
L'acte (de cote AN AE/II/84) est écrit sur parchemin (696 x 320mm) et son écriture en minuscule caroline tardive sur dix lignes marque une classique division en litterae elongatae (l.1, 9 et 10) et litterae communes (l.2-8), tradition documentée depuis au moins l'Antiquité tardive.
Regeste
Donation par Hugues Capet d'une villa de Maisons-Alfort à l'abbaye de Saint-Maur-des-Fossés en échange de prières des moines pour lui, son fils Robert et son épouse Adélaïde d'Aquitaine.
Les différentes parties du discours diplomatique
- Invocation : patronage de l'acte par une autorité supérieure, ici la "sainte et indivisible trinité", doublé par un chrisme orné (☧) à l'extrême gauche en haut.
- Suscription : nom et qualité de l'auteur (commanditaire) de l'acte, ici Hugues, roi des Francs depuis 987.
- Formule de légitimation : "par la grâce de Dieu", autrement appelée formule de dévotion.
- Adresse et salut : curieusement absents, la chancellerie préférant embrayer directement sur le préambule évoquant les raisons qui poussent à la rédaction de l'acte, et dénotant soit des rapports tendus entre le roi et les moines soit au contraire une reprise partielle du précepte tardo-antique (suscription-adresse au datif<ref>Modèle:Article</ref>) très officiel.
- Dispositif : cœur du message. Décrit exactement ce que le roi offre (complacuit celsitudini nostrae... "il a plu à notre grandeur...") et dans quelles modalités.
- Clauses finales : "verouillent" l'acte de diverses manières (avec la jussio, i.e. l'ordre de rédaction ; appel aux successeurs, etc.)
- Date de temps et de lieu : au palais de la cité ? (Parisiaca urbe) douze jours avant les calendes de juillet, c'est-à-dire un 20 juin. L'indiction, archaïsme datant de Dioclétien, rappelle la continuité impériale et le prestige intellectuel de la chancellerie. Elle fait ici référence à la deuxième année de l'indiction en cours, entamée selon la tradition en septembre 988 Modèle:Incise et l'année de règne correspond à 989.
- Souscription : l'équivalent de notre signature, ici avec recognitio, c'est-à-dire la marque de fabrique du chancelier responsable de cet acte (Ragenaldus cancellarius scripsit). La présence de nombreux témoins n'est pas encore systématique, comme elle le fut pour le petit-fils d'Hugues, Henri Ier. Un sceau (dont la trace est invisible sur l'image) était attaché au parchemin par une courroie de soie, complété par le monogramme tétragrammatique du roi, en bas à droite, sur le modèle des empereurs romains et de Charlemagne. La formule gloriosissimus rex ("roi très glorieux") remonte à Clovis et marque un attachement à la diplomatique carolingienne Modèle:Incise qu'explique la rivalité avec un prétendant rival au trône, Charles de Basse-Lorraine, frère du défunt roi Lothaire et toujours menaçant jusqu'en 991.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Arthur Giry, Manuel de diplomatique : diplômes et chartes. Chronologie technique, éléments critiques et parties constitutives de la teneur des chartes, les chancelleries. Les actes privés, Hachette, 1894. {{#if:|https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5442588r%7C{{ #if: bpt6k5442588r |{{ #if: L'édition de 1925 (xvi + 944 pp.) est | L'édition de 1925 (xvi + 944 pp.) est | lire en ligne]}} | {{ #if: |[{{{1}}} lire en ligne]|lire en ligne}} }} sur Gallica}}. Réimpressions Nabu Press, 2010, 2012, 2014 ; Book on Demand Ltd., 2014.
- Georges Tessier, La Diplomatique, PUF, coll. « Que sais-je ? », n° 536, 1952, 128 pp.
- Olivier Guyotjeannin, Jacques Pycke, Benoît-Michel Tock, La diplomatique, Brepols, coll. « L'atelier du médiéviste », n° 2, 1993, 486 pp.
- Vocabulaire international de la diplomatique, éd. Maria Milagros Cárcel Ortí, 2. ed., Valéncia 1997 (Collecció Oberta), version en ligne.
- Notions de diplomatique, cours d'Olivier Guyotjeannin sur le site de ressources en ligne de l'École nationale des chartes (2011)
- Structuration des manuscrits : Du corpus à la région sur le site de l'Institut des textes et manuscrits modernes.
- Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France - Chartes originales conservées en France (1121-1220)
- Base des données LBA online par le Lichtbildarchiv älterer Originalurkunden à l'université de Marbourg
- Codice diplomatico della Lombardia Medievale (CDLM)
Articles connexes
- Glossaire de diplomatique et de paléographie
- Documents de l'Église catholique
- Chancellerie apostolique
- Diplomatique byzantine
- Grande chancellerie de France