Elisabeth Kopp
Elisabeth Kopp, née le Modèle:Date de naissance- à Zurich et morte le Modèle:Date de décès- à Zumikon, est une personnalité politique suisse, membre du Parti radical-démocratique.
Elle est la première femme à accéder au Conseil fédéral en 1984, où elle prend la tête du département de justice et police. Après une intense campagne médiatique menée contre son mari puis contre elle, elle est poussée à la démission début 1989 pour l'avoir informé qu'une société pour laquelle il travaillait apparaissait dans une enquête.
Elle joue un rôle important dans l'évolution de la condition féminine en Suisse.
Biographie
Jeunesse et vie privée
Elisabeth Kopp naît Elisabeth Iklé le Modèle:Date- à Zurich, dans une famille d'industriels du textile originaire de Saint-Gall. Son père, Max Iklé, est directeur de l’Administration fédérale des finances de 1948 à 1956, puis membre du directoire de la Banque nationale suisse jusqu'en 1968<ref>Modèle:DHS</ref> ; sa mère, née Beatrix Heberlein, tient le foyer familial<ref name=":0">Modèle:DHS</ref>. Son grand-père maternel, Georges Heberlein, est un entrepreneur textile et député radical au Conseil cantonal de Saint-Gall<ref>Modèle:DHS</ref> ; son grand-père paternel, Adolph Iklé, est un fabricant israélite de broderies mécaniques né à Hambourg<ref>Modèle:DHS</ref>.
Elle grandit à Muri bei Bern avec ses deux sœurs. Après le gymnase à Berne, elle fait des études de droit à l'Université de Zurich<ref name=":0" />.
En 1956, elle fait un voyageModèle:Ref sou en Hongrie, durant l'insurrection de Budapest. L'année suivante, elle effectue un service complémentaire féminin au sein de l'armée suisse. Elle adhère en 1957 à l’Union suisse des femmes radicales<ref name=":0" />.
Elle épouse en 1960 l'avocat Hans W. Kopp, perdant du même coup<ref group=n>Jusqu'en 1988, le mariage entraîne pour l'épouse d'un citoyen suisse la perte de son lieu d'origine, remplacé par celui de son époux. Cf. Modèle:Article.</ref> son lieu d'origine de naissance pour acquérir ceux de son mari : Niederönz, dans le canton de Berne, Lucerne et Zumikon, dans le canton de Zurich. Le couple s'installe dans cette dernière commune. De leur union naît trois ans plus tard une fille, à laquelle Elisabeth Kopp se consacre entièrement jusqu'en 1970<ref name=":0" />.
Débuts en politique
Elle est élue en 1970 au Conseil communal (exécutif) de Zumikon et en devient la présidente en 1974. Elle est la première femme à diriger un exécutif communal dans le canton de Zurich<ref name=":0" />.
Sa carrière politique nationale s'ouvre en 1979, quand elle est élue au Conseil national. Elle s’investit en particulier dans l'amélioration de la situation juridique et sociale des femmes et dans les questions environnementales<ref name=":0" />.
Par ailleurs, elle est élue en 1984 vice-présidente du Parti radical-démocratique<ref name=":0" />.
Conseillère fédérale
En dépit d'une campagne de diffamation portée contre son mari<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Elisabeth Kopp est élue au Conseil fédéral au premier tour le Modèle:Date- face à Bruno Hunziker (124 voix contre 95<ref>Modèle:Lien web</ref>), alors président du PRD. Première femme à accéder à la fonction suprême du pays (Modèle:94e membre du Conseil fédéral de l'histoire) après l'échec l'année précédente de la socialiste Lilian Uchtenhagen, elle succède au Zurichois Rudolf Friedrich<ref name=":0" />.
Élue, elle assure la direction du Département fédéral de justice et police. En 1987, dans un climat général défavorable à l'assouplissement du droit d'asile, après avoir créé l'année précédente un poste de délégué aux réfugiés, elle tente d'accélérer la mise en œuvre de ce droit, avant de se rallier à la majorité devant les oppositions et de proposer une loi jugée globalement plus sévère par les mouvements humanitaires et les partis de gauche<ref name=":0" />,<ref name=":2" />. Elle s'oppose avec succès à l'initiative populaire « pour la limitation de l'immigration », la sixième visant à lutter « contre la surpopulation étrangère », clairement rejetée par le peuple en 1988<ref name=":0" />. Elle est par ailleurs brièvement reçue le Modèle:Date- par le président américain Ronald Reagan lors d'une visite officielle à Washington<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>, alors que celui-ci ne recevait normalement que des chefs d'État<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Son action au Conseil fédéral a également des effets sur la condition féminine. Son engagement personnel pèse dans la balance lorsqu'il s'est agi, en 1985, de faire passer avec succès un nouveau droit matrimonial plus égalitaire, attaqué par un référendum mené par le conseiller national et futur conseiller fédéral Christoph Blocher<ref name=":0" />. Elisabeth Kopp amorce également une révision de la législation, en vue de l'égalité des droits entre hommes et femmes mais reste timide sur les questions d'égalité salariale et de répression du viol conjugal<ref name=":2">Modèle:Article</ref>.
Elle introduit en outre des mesures contre le blanchiment d'argent, renforce la protection contre la résiliation dans le droit du bail et droit du travail, révise le droit des sociétés anonymes et impose des normes plus strictes en matière de gaz d'échappement pour les motocyclettes et les camions<ref name=":0" />.
Son action laisse le souvenir d'une personne engagée, décidée, compétente et avisée<ref name="altermatt1993">Modèle:Le Conseil fédéral Altermatt</ref>.
Affaire Kopp et démission
À partir de fin août 1988, Elisabeth Kopp fait l'objet d'une intense campagne de presse, tout d'abord au travers des actions de son mari<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le 26 août, le journal Der Schweizerische Beobachter accuse son époux, Hans W. Kopp, de fraude fiscale à hauteur de 2,5 millions de francs suisses en se fondant sur les déclarations de l’ancien conseiller fiscal de ce dernier<ref>Modèle:Article</ref>. Hans W. Kopp se trouve alors à la tête du conseil d'administration de la Shakarchi Trading dont le président, Mohamed Shakarchi, venait d’être présenté dans un reportage de la télévision turque comme l’instigateur d’un trafic d’or entre la Suisse et la Turquie<ref>Modèle:Article</ref>. Ces accusations sont reprises pendant plusieurs semaines par d'autres journaux et répétées dans des articles, rapports et courriers des lecteurs. Début septembre, le quotidien 24 heures l'associe à tort à un trafic d'or. Le 21 octobre, Hans W. Kopp menace de démissionner si les rumeurs concernant la société persistent, et démissionne le 27 octobre 1988 du conseil d'administration de la Shakarchi Trading<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Début novembre, le Tages-Anzeiger révèle que neuf personnes ont été arrêtées par les autorités zurichoises et tessinoises dans le cadre d’une enquête sur la plus grosse affaire de blanchiment d’argent de la drogue qu’ait connue la Suisse jusqu’à présent (1,5 milliard de francs) ; la Shakarchi Trading est soupçonnée d’être mêlée à ce que la presse nomme la « Liban connection »<ref>Modèle:Article</ref>. Durant le mois de novembre, Elisabeth Kopp réaffirme que sa fonction ne présente pas de conflit d’intérêt avec l’enquête dont fait l’objet la société auparavant gérée par son époux<ref>Modèle:Article</ref>. Dans un climat tendu, le Modèle:Date-, elle est élue à la vice-présidence de la Confédération selon le principe de roulement traditionnel, malgré les réticences des socialistes et des écologistes<ref>Modèle:Article</ref>. Le Modèle:Date-, à la suite de révélations parues dans Le Matin indiquant que le Ministère public de la Confédération enquêtait sur une fuite ayant permis à Elisabeth Kopp de prévenir son mari que la Sakarchi Trading était visée par l’enquête sur la Liban Connection, celle-ci réunit le Conseil fédéral pour l’informer qu’elle a effectivement prévenu son mari, le Modèle:Date-. Elle affirme avoir été prévenue de manière officieuse par une source interne de son département et avoir alors téléphoné à son époux pour lui conseiller de démissionner immédiatement. Hans W. Kopp a jusqu’alors toujours démenti que sa démission ait été liée à des soupçons de blanchiment d’argent sale<ref>Modèle:Article</ref>.
Elisabeth Kopp annonce sa démission le Modèle:Date- pour la fin février 1989<ref>Modèle:Article</ref>, les articles de presse quasi quotidiens qui la visent directement rendant la situation intenable<ref>Scandale à Berne: Elisabeth Kopp est forcée de démissionner, sur le site des archives de la Radio télévision suisse.</ref>. Ses collègues du Conseil fédéral lui avaient refusé leur soutien et la direction du PRD lui avait retiré sa confiance<ref name=":0" />. Elle démissionne finalement avec effet immédiat le Modèle:Date-, après que le procureur chargé par le Conseil fédéral d'enquêter sur les événements, constatant qu’elle avait ordonné à sa collaboratrice personnelle d'informer Hans W. Kopp, a demandé au Parlement de lever son immunité afin d'ouvrir une procédure pénale<ref name=":0" />.
En novembre de la même année, la commission d'enquête parlementaire<ref>Modèle:Lien web</ref> présidée par le futur conseiller fédéral socialiste Moritz Leuenberger rend son rapport. Des multiples accusations portées contre elle et son mari, il n'en reste qu'une<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La CEP conclut que la conseillère fédérale Modèle:Citation<ref>Rapport de la commission d'enquête parlementaire du Modèle:Date- « Événements survenus au DFJP », ch. XI Appréciation générale (FF 1990 I 593 835) Modèle:Lire en ligne</ref>,Modèle:Note. Elisabeth Kopp Modèle:Ref sou puisqu'elle a démissionné. En 1990, faute de preuveModèle:Note, le Tribunal fédéral la libère de l'accusation de violation du secret de fonction.
La question de son statut de femme dans le manque de soutien ayant conduit à sa démission n'est pas définitivement tranchée<ref name=":0" />. L'accumulation de charges portées contre elle est vue selon les observateurs tantôt comme une chasse aux sorcières<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref name="altermatt1993" />, tantôt Modèle:Citation, mais dans tous les cas comme une Modèle:Citation<ref name="altermatt1993" />.
Kaspar Villiger lui succède au Conseil fédéral.
Suite de carrière
Elle embrasse alors une carrière de juriste, et rédige dans le même temps ses mémoires, sous le titre Lettres, parues en 1991<ref name=":0" />.
Elle effectue un retour sur la scène politique au début des années 2000. Elle milite en 2002 pour l'adhésion de la Suisse à l’Organisation des Nations Unies (ONU) et en 2004 pour l'introduction d'une assurance maternité<ref name=":0" />.
Mort et hommages
Elle meurt le 7 avril 2023 des suites d'une longue maladie à Zumikon<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="apnews">Elisabeth Kopp, first woman in Swiss Cabinet, dies at 86. In: AP News, 14. April 2023.</ref>.
De nombreuses personnalités politiques suisses rendent hommage à Elisabeth Kopp. Le président de la Confédération Alain Berset écrit que Kopp Modèle:Citation. La conseillère fédérale Élisabeth Baume-Schneider parle d'elle comme une Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Son engagement en faveur de l'égalité hommes-femmes est aussi salué par différentes personnalité politiques<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Publications
Hommage
Unterbäch, la première commune de Suisse à accorder le droit de vote aux femmes<ref>Modèle:Article.</ref>, nomme Elisabeth Kopp « citoyenne d'honneur » après son élection au Conseil fédéral en 1984<ref name=":0" />,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Dans la culture
Le film de Mark M. Rissi Modèle:Langue (Le mari ; 1990) est inspiré de l'affaire Kopp et a pour thèmes le pouvoir, la corruption, le trafic de drogue et le blanchiment d’argent sale<ref name="PLeP">Modèle:Article.</ref>. Elisabeth Kopp est le sujet du documentaire Voyage d'hiver (Modèle:Langue), réalisé par Andres Brütsch et présenté à Locarno en Modèle:Date-<ref name="WR-LT"/>. Le film retrace la jeunesse puis la carrière politique d'Elisabeth Kopp, avec le Winterreise de Franz Schubert pour bande-son<ref name="WR-LT"/>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Participant au film, elle a déclaré que cela lui avait Modèle:Citation<ref name="WR-LT">Modèle:Article.</ref>.
L'histoire d'Elisabeth Kopp est également l'objet de plusieurs livres, tels que Kopp, Madame et Monsieur (1990) de la journaliste Catherine Duttweiler, Elisabeth Kopp au Tribunal fédéral (1990) de Fred Oberson et Jean-Claude Petit et L’État de droit dans la pénombre (1991) de Jeanne Hersch<ref name="PLeP"/>.
Voir aussi
Bibliographie
Livres
Articles
Articles connexes
Liens externes
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