Hôtel de Rambouillet
L’hôtel de Rambouillet est un hôtel parisien connu pour le salon littéraire que Catherine de Vivonne, épouse d'Angennes, marquise de Rambouillet tient de 1608 jusqu’à sa mort en 1665. Il était situé rue Saint-Thomas-du-Louvre (rue perpendiculaire à la rue Saint-Honoré, au sud de celle-ci), approximativement à l'emplacement de l'actuel pavillon Turgot du Louvre.
Histoire
Le précédent hôtel de Rambouillet, situé rue Saint-Honoré, fut absorbé par le Palais Cardinal (devenu Palais-Royal)<ref>Walckenaer, Charles Athanase (M. le baron), Mémoires touchant la vie et les écrits de Marie de Rabutin Chantal, dame de Bourbilly, marquise de Sévigné, durant le ministère du cardinal Mazarin et la jeunesse de Louis XIV, Librairie Firmin Didot Frères, Imprimeurs de l'Institut, 56 rue Jacob, Paris, 1843, pp. 382-383</ref>.
Le salon de Catherine de Vivonne, « l’incomparable Arthénice », anagramme<ref>Anagramme due à Malherbe : J.B. de Saint-Victor, « Tableau historique et pittoresque de Paris », Paris 1822, Modèle:P..</ref> (coutume très en vogue à cette époque dans le monde littéraire) de « Catherine », une des personnalités féminines les plus marquantes de son temps, fut l’un des plus brillants de son époque.
Elle n’hésita pas à faire reconstruire l’hôtel de son père, Jean de Vivonne, marquis de Pisani, sur des plans dessinés par elle-même, pour qu’il comporte des pièces plus adaptées aux réceptions, en particulier une enfilade de salons communicants dans le style italien. Gédéon Tallemant des Réaux rapporte qu'Modèle:Citation<ref> Benedetta Craveri, L'âge de la conversation, chapitre III (pp. 42-58) : « La chambre bleue », Gallimard, 2002.</ref>.
De la ruelle de sa « chambre bleue<ref>Autre innovation de la part de Catherine de Vivonne, à une époque où on ne peignait les chambres qu’en rouge ou en tanné.</ref> », « Arthénice » recevra allongée sur un lit<ref>Ainsi reçoit-on au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.</ref> les beaux esprits, les gens de lettres et les grands personnages de son époque : Richelieu, Malherbe, Vaugelas, Guez de Balzac, le Cavalier Marin, Chapelain, l'Abbé Cotin, Racan, Voiture feront partie de ses familiers. C’est également dans ce salon que la fille de la marquise de Rambouillet, Julie d'Angennes, rencontrera son futur époux, le duc de Montausier, qui la courtisera de nombreuses années, et lui offrira la célèbre Guirlande de Julie.
Modèle:Citation écrira Chapelain à propos de l’hôtel de Rambouillet. Ce monde jeune et gai qu’est l’hôtel de Rambouillet, où les bals et les plaisirs se succèdent, les intrigues amoureuses se nouent et se dénouent, ne fut pas une société de pédants même si les divertissements y prennent volontiers un tour intellectuel. La « préciosité » naît dans ce salon et gagne l'esprit des jeunes femmes de l’aristocratie qui le fréquentent. Cette mode durera une trentaine d'années. C’est de l’hôtel de Rambouillet que sortiront celles qui s’impliqueront activement dans la Fronde au point d’être qualifiées d’Amazones.
Bien que Molière ait tourné en dérision les membres de ce salon, il est indéniable que l’hôtel de Rambouillet a joué un rôle monumental dans la genèse du roman moderne français. La succession sera assurée par Madeleine de Scudéry, et le même Chapelain, qui a laissé quelques descriptions de ce temps, n’aura pas pour cette dernière les mêmes mots que pour Madame de Rambouillet.
Témoignages contemporains
- Modèle:Citation - Madeleine de Scudéry<ref> Madeleine de Scudéry, Artamène ou le Grand Cyrus, Augustin Courbé, Paris, 1656, vol.VII, pp.298-299.</ref>
- Modèle:Citation - Gédéon Tallemant des Réaux<ref name="TAL"> Tallemant des Réaux, Historiettes, tome II, article 29.</ref>
Références
Bibliographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Heinrich Breitinger, Der Salon Rambouillet und seine kulturgeschichtliche Bedeutung, Frauenfeld, J. Huber, 1874
- Louis Chabaud, Les précurseurs du féminisme, Mesdames de Maintenon, de Genlis, et Campan, leur rôle dans l’éducation chrétienne de la femme, Paris, Plon-Nourrit et cie., 1901
- Benedetta Craveri, L'âge de la conversation, Gallimard, 2002
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Joan E Dejean, Tender Geographies. Women and the Origins of the Novel in France, Columbia University Press, 1993
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} F. A. Fischer, Das Hôtel de Rambouillet und die Precieusen, Jena, Ratz, 1868
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Lucella Ruth Hartwell, The Hôtel de Rambouillet and French classicism, Thèse pour la maitrise à l’université du Minnesota
- Charles-Louis Livet, Précieux et précieuses : caractères et mœurs littéraires du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 1895 Cœuvres-et-Valsery, Ressouvenances, 2001
- Denis Lopez, « La Plume et l’Épée : Montausier (1610-1690), position sociale et littéraire jusqu’après la Fronde », collection Biblio 17, Papers on French Seventeenth Century Literature, Paris-Saettle-Tuebingen, 1987.
- Denis Lopez, « Quelques repères sur l’usage mondain de l’épitre en vers », dans L’Épître en vers au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Littératures classiques no 18, Paris, Klincksieck 1993, pModèle:P.61-101.
- Denis Lopez, « Le théâtre à l’Hôtel de Rambouillet », Théâtre et espace mondain au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, actes du colloque du Centre de Recherche sur la Transmission des Modèles Littéraires et Esthétiques (Reims), 5-Modèle:Date-, PFSCL, {{#if:
| Modèle:Abréviation discrète | XXXIII
}}, n° 64, Tübingen, Gunter Narr Verlag, 2006, Modèle:P.239-68.
- Émile Magne, Voiture et l’Hôtel de Rambouillet : les années de gloire, 1635-1648, Paris, Éditions Émile-Paul frères, 1930
- Madeleine de Scudéry, Artamène ou le Grand Cyrus, Auguste Courbé, Paris, 1656.
- Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes, tome II, article 29.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Leon H. Vincent, Hôtel de Rambouillet and the précieuses, Boston, Houghton, Mifflin & Co., 1900
- Charles Athanase Walckenaer (M. le baron), Mémoires touchant la vie et les écrits de Marie de Rabutin Chantal, dame de Bourbilly, marquise de Sévigné, durant le ministère du cardinal Mazarin et la jeunesse de Louis XIV, Librairie Firmin Didot Frères, Imprimeurs de l'Institut, 56 rue Jacob, Paris, 1843
- Émile Weisser, L’Hôtel de Rambouillet : essai d’histoire littéraire Breslau, 1873