Molière
Modèle:Semi-protection longue Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Écrivain
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, baptisé le Modèle:Date de naissance à l'église Saint-Eustache de Paris et mort le soir du Modèle:Date de décès à son domicile de la rue de Richelieu, est le plus célèbre des comédiens et dramaturges de langue française.
Issu d'une famille de marchands parisiens, il s'associe à Modèle:Nobr avec une dizaine de camarades, dont trois membres de la famille Béjart, pour former la troupe de l'Illustre Théâtre, laquelle, en dépit de débuts prometteurs et malgré la collaboration de dramaturges de renom, ne parvient pas à s'imposer durablement à Paris. Engagés à Pâques 1646 dans une prestigieuse « troupe de campagne » entretenue par le duc d'Épernon, gouverneur de Guyenne, puis par plusieurs protecteurs successifs, Molière et ses amis Béjart parcourent pendant douze ans les provinces méridionales du royaume. Au cours de cette période, Molière compose quelques farces ou petites comédies en prose et ses deux premières comédies en cinq actes et en vers. De retour à Paris en 1658, il devient vite, à la tête de sa troupe, le comédien et auteur favori du jeune Modèle:Souverain2 et de sa cour, pour lesquels il conçoit de nombreux spectacles, en collaboration avec les meilleurs architectes scéniques, chorégraphes et musiciens du temps. Il meurt brutalement, à l’âge de Modèle:Nobr.
Grand créateur de formes dramatiques, interprète du rôle principal de la plupart de ses pièces, Molière a exploité les diverses ressources du comique Modèle:Incise et pratiqué tous les genres de comédie, de la farce à la comédie de caractère. Il a créé des personnages individualisés, à la psychologie complexe, qui sont rapidement devenus des archétypes. Observateur lucide et pénétrant, il peint les mœurs et les comportements de ses contemporains, n'épargnant guère que les ecclésiastiques et les hauts dignitaires de la monarchie, pour le plus grand plaisir de son public, tant à la cour qu'à la ville. Loin de se limiter à des divertissements anodins, ses grandes comédies remettent en cause des principes d'organisation sociale bien établis, suscitant de retentissantes polémiques et l'hostilité durable des milieux dévots.
L'œuvre de Molière, une trentaine de comédies en vers ou en prose, accompagnées ou non d'entrées de ballet et de musique, constitue un des piliers de l'enseignement littéraire en France. Elle continue de remporter un vif succès en France et dans le monde entier, et reste l'une des références de la littérature universelle<ref>Auteurs et répertoires – Official site of the Comédie Française.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.
Sa vie mouvementée et sa forte personnalité ont inspiré dramaturges et cinéastes. Signe de la place emblématique qu’il occupe dans la culture française et francophone, le français est couramment désigné par la périphrase Modèle:Citation.
Biographie
La jeunesse de Molière
Famille
Fils de Jean Poquelin (1595-1669) et de Marie Cressé (1601-1632), Jean-Baptiste Poquelin<ref group="n" name="Jean">D'abord prénommé Jean, il ne sera dit Modèle:Citation qu'après la naissance de son premier frère, né en 1624 et également prénommé Jean. L'acte de baptême de Molière, transcrit par Edmond Révérend du Mesnil (Modèle:Harvsp), indique : Modèle:Citation (Modèle:Harvsp.)</ref> est né dans les premiers jours de 1622, ce qui fait de lui, à quelques années près, le contemporain de Cyrano de Bergerac, de Furetière, de Tallemant des Réaux, de Colbert, de D'Artagnan, de Ninon de Lenclos, de La Fontaine, du Grand Condé et de Pascal. Le Modèle:Date-, il est tenu sur les fonts baptismaux<ref group="n">Georges Forestier estime que Molière Modèle:Citation, ses parents s'étant mariés le Modèle:Date-. (Modèle:Harvsp). « À moins, précise l'auteur dans une note de fin de volume, que ses parents n'aient consommé avant la cérémonie de mariage… »</ref> de l'église Saint-Eustache par son grand-père Jean Poquelin († 1626) et Denise Lecacheux, son arrière-grand-mère maternelle<ref group="n">Les registres paroissiaux de Saint-Eustache ont été détruits dans l'incendie de l'hôtel de ville de Paris en 1871. Mais l'acte de baptême de Molière avait été transcrit et publié cinquante ans plus tôt par l'ex-commissaire L.-F. Beffara dans sa Dissertation sur J.-B. Poquelin-Molière (Modèle:P.). La date de naissance de l'enfant n'y était pas précisée.</ref>.
Les Poquelin de Paris, nombreux à l'époque, sont originaires de Beauvais et du BeauvaisisModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les parents du futur Molière habitent, dans le quartier très populeux des Halles, la maison dite du « Pavillon des singes<ref group="n">Elle s'orne en effet d'un magnifique poteau cornier représentant un oranger le long duquel grimpe une troupe de jeunes singes.</ref> », à l'angle oriental de la rue des Vieilles-Étuves (actuelle rue Sauval) et de la rue Saint-Honoré<ref group="n">L'inscription que l'on peut lire aujourd'hui sur une façade au 31, rue du Pont-Neuf sous un buste de Molière (voir photo) est erronée. Molière n'est pas né dans cette maison. Wagner, qui a habité cette maison en 1839, le croyait et en était fier.</ref>, où son père, Jean, marchand tapissier, a installé son fonds de commerce deux ans plus tôt, avant d’épouser Marie Cressé<ref>Modèle:Harvsp. Texte du contrat de mariage entre Jean Poquelin et Marie Cressé, Modèle:Date-.</ref>. Les fenêtres donnent sur la placette dite carrefour de la Croix-du-Trahoir, qui depuis le haut Moyen Âge est l'un des principaux lieux patibulaires de la capitale<ref group="n">Modèle:Citation (Modèle:Harvsp.)</ref>.
Les deux grands-pères de Jean-Baptiste tiennent eux aussi commerce de meubles et de tapisseries, à quelques pas de là, dans la rue de la Lingerie. Poquelin et Cressé sont des bourgeois cossus, comme en témoignent les inventaires après décès<ref group="n">Dans la famille de sa mère, l'arrière-grand-père, Guillaume Cressé, mort en 1617, était tapissier ; son oncle, Guillaume Cressé, était un tapissier fournisseur de Richelieu ; un cousin du grand-père de Molière, Pierre Cressé, était maître orfèvre à Paris et valet de chambre du prince de Condé ; un autre Pierre Cressé a été médecin à Paris. Voir Modèle:Harvsp.</ref>. Du côté maternel, un de ses oncles, Modèle:Lien, collabore à la musique des ballets de cour et est nommé en 1654 compositeur de la musique des Vingt-Quatre Violons du Roi. Il jouera d'ailleurs les comédies ballets de son neveuModèle:Sfn.
En 1631, Jean Poquelin père rachète à son frère cadet, Nicolas<ref group="n">Nicolas Poquelin a été ensuite concierge-tapissier de l'hôtel de Liancourt ou de La Rochefoucauld, rue de Seine. (Modèle:Harvsp.)</ref>, un office de Modèle:Citation, dont cinq ans plus tard il obtiendra la survivance pour son fils aîné. La même année, il perd sa femme, sans doute épuisée par six grossesses survenues entre Modèle:Date- et Modèle:Date-Modèle:Sfn, et se remarie avec Catherine Fleurette, qui meurt à son tour en 1636, après lui avoir donné trois autres enfantsModèle:Sfn.
Études
Sur les études du futur Molière, il n’existe aucun document fiable. Les témoignages sont tardifs et contradictoires. Selon les auteurs de la préface des Œuvres de Monsieur de Molière (1682)<ref group="n">Voir Modèle:Harvsp. La seule source qui nous fasse connaître le nom de ces auteurs est Jean-Nicolas de Tralage, neveu du lieutenant de police Gabriel Nicolas de La Reynie, qui, dans une note manuscrite qu'on peut dater de 1696, écrit : Modèle:Citation [Notes et documents sur l'histoire des théâtres de Paris au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, par Jean Nicolas Du Tralage ; extraits mis en ordre et publiés d'après le manuscrit original par le bibliophile Jacob, avec une notice sur le recueil du sieur Du Tralage, Paris, 1880, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne.] Sur l'identité du sieur Vivot, voir l'article très documenté de Modèle:Harvsp.</ref>, le jeune Poquelin aurait fait ses humanités et sa philosophie au prestigieux collège jésuite de Clermont (l'actuel lycée Louis-le-Grand), où il aurait eu Modèle:Citation. Dans sa Vie de M. de Molière publiée en 1705, Grimarest lui donne pour condisciples deux personnages qui seront plus tard ses amis avérés, le philosophe, médecin et voyageur François Bernier et le poète libertin Chapelle<ref group="n">Modèle:Harvsp. Aucun document ne permet toutefois d'affirmer que Bernier et Chapelle ont été élèves des jésuites à Clermont.</ref>. Ce dernier avait pour précepteur occasionnel Pierre Gassendi, redécouvreur d'Épicure et du matérialisme antique, lequel, écrit Grimarest, Modèle:Citation, l'aurait admis à ses leçons avec Chapelle, Bernier et Cyrano de Bergerac<ref group="n">Molière s'est intéressé plus tard à l'épicurisme dans la version radicale qu'en donne le [[De rerum natura|Modèle:Latin]] de Lucrèce, dont il a traduit des fragments du deuxième livre dans un mélange de vers et de prose, dont rien ne subsiste aujourd'hui. Pas moins de six témoignages contemporains font état de cette « traduction ». Voir le texte de ces témoignages sur le site Molière-Corneille et à la date du Modèle:Date- dans les Éphémérides de François Rey, accessibles en ligne. Mais s'il faut en croire Michel de Marolles, cette traduction, qui était plutôt une adaptation comme d'autres avant lui s'y étaient exercés (en particulier Charles Cotin dans son Théoclée de 1646), avait été faite d'après la traduction en prose que Marolles lui-même avait fait paraître en 1650, puis en 1659. Celui-ci écrit dans la préface des Six livres de Lucrèce. De la nature des choses, troisième édition, 1677 : Modèle:Citation</ref>. Toutefois, la présence même de Jean-Baptiste Poquelin au collège de Clermont est sujette à caution. Ainsi François Rey fait-il remarquer que Modèle:Citation. Certains, notant que Modèle:Citation, en viennent à douter même que Molière ait fait des études régulières, sans toutefois exclure la possibilité qu'il ait été l'élève de Gassendi entre 1641 et 1643Modèle:Sfn.
À sa sortie du collège, s'il faut en croire un contemporain<ref group="n">Charles Boullanger de Challuset (ou Le Boulanger de Chalussay), auteur d'une comédie satirique intitulée Élomire hypocondre, ou Les Médecins vengés (Élomire est une anagramme de Molière). Sur ce personnage, qui paraît bien informé de certains faits de la jeunesse de Molière, voir Modèle:Article. Sa comédie, qui n'a probablement jamais été représentée, est considérée par les historiens comme Modèle:Citation. L'édition originale de 1670, supprimée à la suite des poursuites intentées par Molière (dont fait état un Modèle:Citation que l'on trouve dans les réimpressions), est Modèle:Lien web. On peut lire Modèle:Lien web l'édition critique procurée par Louis Moland au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.</ref>, le jeune homme serait devenu avocat. Les avis sur ce point sont partagés, mais, quoi qu'il en soit, Molière ne s’est jamais paré du titre d'avocat et son nom ne figure ni dans les registres de l'université d'Orléans où il était possible d'étudier mais aussi d'acheter sa licence de droit, ni dans ceux du barreau de Paris<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Toujours est-il que « de nombreux passages de ses comédies supposent de sa part une connaissance précise des règlements et des procédures de justice<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ».
Des débuts difficiles
Première carrière parisienne : l'Illustre Théâtre
Au tournant de l'année 1643, Jean-Baptiste Poquelin, d'ores et déjà émancipé d'âge<ref group="n">L'âge de la majorité civile à Paris est alors fixé à Modèle:Nobr.</ref> et qui a renoncé à la survivance de la charge de son père, reçoit de celui-ci un important acompte sur l’héritage maternel. Il a quitté la maison de la rue Saint-Honoré et demeure à présent rue de Thorigny, dans le quartier du Marais, non loin des BéjartModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, par-devant notaire, il s’associe avec neuf camarades, dont les trois aînés de la fratrie Béjart (Joseph, Madeleine et Geneviève), pour constituer une troupe de comédiens sous le nom de l'Illustre ThéâtreModèle:Sfn. Ce sera la troisième troupe permanente à Paris, avec celle des « grands comédiens » de l’hôtel de Bourgogne et celle des « petits comédiens » du MaraisModèle:Sfn.
Tout, à commencer par les termes mêmes du contrat d'association, suggère que le jeune Poquelin s'est engagé dans le théâtre pour y tenir les rôles de héros tragiques aux côtés de Madeleine Béjart, de quatre ans son aînée<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>.
À la mi-septembre, les nouveaux comédiens louent le jeu de paume dit des MétayersModèle:Sfn sur la rive gauche de la Seine, au faubourg Saint-Germain. En attendant la fin des travaux d'aménagement de la salle, ils se rendent à Rouen, afin de s'y produire pendant la foire Saint-Romain, qui se tient du Modèle:Date- au Modèle:Date-. Rouen est la ville où réside alors Pierre Corneille, mais aucun document ne permet d'affirmer, comme le font les épigones de Pierre Louÿs, que Molière a mis à profit ce séjour pour nouer des relations avec l'auteur du Cid et du Menteur.
La salle des Métayers ouvre ses portes le Modèle:Date-. Pendant les huit premiers mois de représentations, le succès de la nouvelle troupe est d'autant plus grand que, le jeu de paume du Marais ayant brûlé le Modèle:Date-, ses locataires ont dû partir jouer en province pendant sa reconstructionModèle:Sfn.
En Modèle:Date-, le théâtre du Marais, refait à neuf et doté d'une salle équipée à présent de Modèle:Citation, accueille de nouveau le public, et il semble que la salle des Métayers commence alors à se vider. Cela pourrait expliquer la décision, prise en décembre, de déménager sur la rive droite au jeu de paume de la Croix-NoireModèle:Sfn (actuel 32, quai des Célestins), plus près des autres théâtres. Molière est seul à signer le désistement du bail, ce qui pourrait indiquer qu'il est devenu le chef de la troupe<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Cependant, ce déménagement vient accroître les dettes de la troupe Modèle:Incise et, dès le Modèle:Date-, les créanciers entament des poursuitesModèle:Sfn.
Au début du mois d'août, Molière est emprisonné pour dettes au ChâteletModèle:Sfn, mais peut se tirer d’affaire grâce à l'aide de son père. À l’automne, il quitte Paris<ref group="n">On peut suivre sur transcription de documents authentiques les étapes de la courte vie de l'Illustre Théâtre dans Modèle:Harvsp.</ref>.
Nom de scène « Moliere »
C'est au cours du premier semestre de 1644 que Jean-Baptiste Poquelin prend pour la première fois ce qui deviendra son nom de scène puis d'auteur. Le Modèle:Date-, il signe Modèle:Citation (sans accent)<ref group="n">L'accent grave n'était pas encore en usage au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (sauf sur les mots à, là, où), comme on peut le vérifier dans toutes les publications de l'époque, et en particulier dans le premier Modèle:Lien web paru en 1694, trente ans après la mort de Molière (voir par exemple les entrées : amere, amerement, barriere, carrière, épithete, guere, première, premièrement, dernière, dernierement, etc.).</ref> un document notarié dans lequel il est désigné sous le nom de Modèle:Citation. Modèle:Citation.
Divers auteurs — Élie Cottier<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Léon Thoorens<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Virginia Scott<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Georges Forestier<ref>Modèle:Ouvrage</ref> — ont fait remarquer que dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle les comédiens choisissaient très souvent des noms de scène se référant à des fiefs imaginaires, tous plus ou moins "champêtres" : Pierre le Messier, sieur de Bellerose, Guillaume Desgilberts, sieur de Montdory, Josias de Soulas, sieur de Floridor, Zacharie Jacob, sieur de Montfleury<ref group="n">Virginia Scott et Georges Forestier observent que, dans les mois qui suivirent la constitution de L’Illustre Théâtre, tous les hommes prirent des noms de théâtre champêtres. Joseph Béjart devint le « sieur de La Borderie », Germain Clérin le « sieur de Villabé », Georges Pinel le « sieur de La Couture », Nicolas Bonenfant, le « sieur de Croisac », et Nicolas Mary s’était depuis longtemps fait connaître comme le « sieur Des Fontaines ».</ref>. Un grand nombre de lieux-dits ou de villages français se nomment Meulière ou Molière, et désignent des sites où se trouvaient des carrières de pierres à meule ; en Picardie, les « mollières » sont des terres marécageuses et incultes<ref>Les mollières de la baie de Somme.</ref>. Encore que les marécages et les carrières soient des lieux moins chargés de poésie que les Monts d'or et les Monts fleuris, il n'est donc pas inconcevable que Molière se soit à son tour inventé un fief campagnard, ce qui expliquerait qu'il ait commencé par signer Modèle:Citation et ait été régulièrement désigné comme Modèle:Citation.
Mais à l'époque où Poquelin a choisi son nom de scène, le toponyme Molière (avec ses variantes) était également un patronyme relativement répandu, et plusieurs historiens ont ainsi pu voir dans ce choix un hommage au musicien et danseur Louis de Mollier (vers 1615-1688), auteur en 1640 d'un recueil de Chansons pour danser. Selon Paul Lacroix, par exemple, on peut avancer Modèle:Citation ; Elizabeth Maxfield-Miller considère, quant à elle, comme « très plausible » l'hypothèse que Modèle:Citation.
François Rey propose pour sa part, et après plusieurs auteurs des derniers siècles<ref group=n>Voir en particulier Anatole Loquin, Molière à Bordeaux, Paris, 1898, tome II, Modèle:P.</ref>, de voir dans le choix du jeune Poquelin une référence et un hommage à un personnage d'une tout autre stature. Il fait valoir qu'en cette même année 1644 venait de paraître, chez deux des principaux libraires parisiens, la quatrième édition d'un roman-fleuve dans le goût de L'Astrée, intitulé La Polyxene de Moliere<ref group="n">Modèle:Ouvrage.</ref>. On y trouvait un prince Alceste, d'une jalousie morbide, un Philinte, un Oronte, et cette Polyxène, à qui la « spirituelle » Magdelon des Précieuses ridicules empruntera son nom<ref group="n">Modèle:Harvsp. On a observé depuis longtemps que Magdelon, la jeune précieuse que Madeleine Béjart incarnera en 1659 dans Les Précieuses ridicules, a choisi le nom de Polixène pour se faire valoir dans le monde. Il est vrai que ce nom était déjà celui d'un personnage de La Modèle:Lien web de Philippe Quinault, que les comédiens du Marais avaient créée au milieu des années 1650.</ref>. Son auteur, François de Molière d'Essertines (1600-1624), poète, traducteur et épistolier, dont la prose, « d'une extrême pureté », passait selon Charles Sorel pour l'une des plus « polies » du temps<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, avait été assassiné vingt ans plus tôt dans la fleur de son âge. Proche des milieux libertins, il était l'ami de Théophile de Viau, de Tristan L'Hermite, de Marc-Antoine de Saint-Amant, d'Adrien de Monluc, de Michel de Marolles, et le jeune Saint-Évremond, qui ne l'avait pas connu, se réclamait de lui dans sa toute récente Comédie des Académistes.
Les années de province (1646-1658)
À l'automne 1645, Molière et ses compagnons du "Théâtre Illustre" tentent une tournée dans l'ouest de la France, mais elle ne semble pas avoir été fructueuse et on les retrouve empêtrés dans les procès en décembre. Heureusement, Molière et ses amis Béjart (Joseph, Madeleine et Geneviève, bientôt rejoints par leur mère qui amène le petit Louis, âgé de Modèle:Nobr) sont engagés durant le relâche de Pâques 1646 par la plus réputée des "troupes de campagne", la troupe du duc d'Épernon, gouverneur de Guyenne, et dirigée par Charles Dufrenne. En avril 1646, il quitte Paris avec cette troupe<ref>Forestier, Molière, Modèle:P..</ref>. Il passe les douze années suivantes à parcourir les provinces du royaume, principalement la Guyenne, le Languedoc, la vallée du Rhône, le Dauphiné, la Bourgogne, avec des séjours réguliers à Lyon, parfois longs de plusieurs mois. Même si une chronologie complète n'a pas pu être établie, on a repéré la présence de la troupe à Agen, Toulouse, Albi, Carcassonne, Poitiers, Grenoble, Pézenas, Montpellier, Vienne, Dijon, Bordeaux, Narbonne, Béziers et Avignon (voir carte ci-contre)Modèle:Sfn.
À cette époque, des troupes itinérantes Modèle:Incise sillonnent les routes de France, menant le plus souvent une vie précaire, dont Scarron a brossé un tableau haut en couleur dans son Roman comique en 1651<ref>Scarron, Le Roman comique.</ref>. En dépit de la célèbre déclaration formulée le Modèle:Date- par Modèle:Souverain2 à l'initiative de Richelieu, déclaration qui levait l'infamie pesant sur les comédiens<ref>Voir Isambert, Taillandier & Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, tome XVI, Paris, 1829, Modèle:P..</ref>, l’Église continue, dans de nombreuses villes, petites ou grandes, de s'opposer aux représentations théâtrales. Quelques troupes cependant jouissent d’un statut privilégié, qu'elles doivent à la protection d'un grand seigneur amateur de fêtes et de spectacles. C’est le cas de celle que dirige alors le comédien Charles Dufresne et qui est entretenue depuis vingt ans par les puissants ducs d’Épernon, gouverneurs de GuyenneModèle:Sfn.
C'est cette troupe qui, au cours de l'année 1646, recueille les Béjart et Molière, lequel sera progressivement amené à en prendre la direction. Dès 1647, elle est appelée à jouer pour le comte d’Aubijoux, lieutenant-général du roi pour le Haut-Languedoc, Modèle:Citation, qui lui assure une Modèle:Citation, l'invitant à se produire à Pézenas, Béziers, Montpellier.
Durant l'été 1653, le prince de Conti, qui, après avoir été l'un des principaux chefs de la Fronde, capitule à Bordeaux et se rallie au pouvoir royal, quitte Bordeaux pour venir s'installer avec sa cour dans son château de la Grange des Prés à Pézenas. Il est à présent le troisième personnage du royaume. En septembre, la troupe de Dufresne-Molière est invitée à y donner la comédie devant le prince et sa maîtresse<ref group=n>Daniel de Cosnac, qui était alors aumônier de Conti, a raconté dans ses Mémoires (Paris, 1852, tome I, Modèle:P.), la manière dont il imposa Molière et ses camarades contre l'avis du prince, qui s'était engagé avec une troupe concurrente.</ref>. Ce sera le début d'une étroite relation intellectuelle entre le prince et le comédien, dont Joseph de Voisin, confesseur de Conti, témoignera quinze ans plus tard :
Modèle:Début citation blocMonseigneur le prince de Conti avait eu en sa jeunesse tant de passion pour la comédie qu’il entretint longtemps à sa suite une troupe de comédiens, afin de goûter avec plus de douceur le plaisir de ce divertissement ; et ne se contentant pas de voir les représentations du théâtre, il conférait souvent avec le chef de leur troupe, qui est le plus habile comédien de France, de ce que leur art a de plus excellent et de plus charmant. Et lisant souvent avec lui les plus beaux endroits et les plus délicats des comédies tant anciennes que modernes, il prenait plaisir à les lui faire exprimer naïvement, de sorte qu’il y avait peu de personnes qui pussent mieux juger d’une pièce de théâtre que ce prince<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.Modèle:Fin citation bloc
Molière et ses camarades pourront dès lors se prévaloir, dans tous les lieux où ils joueront, de la protection et des largesses de « Son Altesse Sérénissime le prince de Conti ». Le musicien et poète d’Assoucy, qui passe plusieurs mois avec eux en 1655, décrit une troupe accueillante où l’on fait bonne chère et qui jouit d’une large prospérité<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
En 1653 ou 1655<ref group="n">La date exacte de création de cette pièce est incertaine, car les deux sources principales de datation se contredisent. Le registre de La Grange donne la date de 1655, alors que la préface de l'édition Modèle:Harvsp donne la date de 1653. Georges Forestier estime que la pièce a été créée Modèle:Citation ou Modèle:Citation (Modèle:Harvsp). Scott la place en 1655 (Modèle:Harvsp).</ref>, alors qu'elle séjourne à Lyon, la troupe crée L'Étourdi ou les Contretemps, première « grande comédie<ref group="n">René Bray : Modèle:Citation (Modèle:Harvsp.)</ref> » de Molière, largement imitée d'une pièce italienne. Exploitant des procédés typiques de la commedia dell'arte, Molière donne au rôle de Mascarille, qu'il interprète, une exceptionnelle importance, le faisant paraître dans 35 des 41 scènes que compte la pièceModèle:Sfn ; ce qui fait écrire à l'historienne Virginia Scott que Molière avait alors Modèle:Citation — comme le montrent les portraits en habit de César peints par Sébastien Bourdon et les frères Mignard.
Au cours de cette période, Molière compose aussi un certain nombre de farces<ref group="n">Le registre de La Grange donne à lire, au cours des années 1660-1664, les titres d'une douzaine de « petites comédies » données en seconde partie de représentation et dont certaines pourraient être des reprises de ces farces composées en province : Le Docteur amoureux, La Casaque, Les Trois docteurs, La Pallas, Les Indes, Le Docteur pédant, Plan Plan, Gros-René écolier, Gorgibus dans le sac, Le Fagoteux ou Le Fagotier, Le Fin Lourdaud ou Le Procureur dupé, La Jalousie du Gros-René (cette farce est probablement celle qui, depuis 1919, est publiée sous le titre La Jalousie du Barbouillé) et Le Médecin volant. (Voir Modèle:Harvsp.)</ref>. Citant l'une de ces petites pièces, Le Docteur amoureux, que la troupe devait jouer en Modèle:Date- devant le roi, La Grange écrira<ref>Préface du premier tome des Œuvres de Monsieur de Molière, 1682.</ref> : « Cette comédie et quelques autres de cette nature n'ont point été imprimées : il les avait faites sur quelques idées plaisantes, sans y avoir mis la dernière main, et il trouva à propos de les supprimer lorsqu'il se fut proposé pour but, dans toutes ses pièces, d'obliger les hommes à se corriger de leurs défauts. Comme il y avait longtemps qu'on ne parlait plus de petites comédies, l'invention en parut nouvelle, et celle qui fut représentée ce jour-là divertit autant qu'elle surprit tout le monde. »
Ces farces obtiennent un vif succès, comme en témoigne le contemporain Donneau de Visé, qui souligne ce qu'elles doivent aux Italiens : Modèle:Citation bloc Grimarest met également l'accent sur l'inspiration italienne de ces farces : Modèle:Citation Pour sa part, Henry Carrington Lancaster note que, si Molière a écrit de courtes farces, Modèle:Citation.
Adaptées à un public qui avait pour l'improvisation « un goût vif et naturelModèle:Sfn », ces farces, dont la plupart ne nous sont pas parvenues, ont recours, selon des recherches récentes, aux Modèle:Citation. Divers spécialistes ont identifié dans les pièces de cette époque des modules dramatiques facilement réutilisables d'une pièce à une autre, dans lesquels la répétition de phrases ou de sections de phrase peut se prolonger de façon élastique Modèle:InciseModèle:Sfn. En ce sens, Molière peut être vu, selon Claude Bourqui, comme Modèle:Citation, voire, selon un critique anglais, comme le Modèle:Citation. En même temps, loin d'être un imitateur servile, Molière a transcendé ce répertoire par la cohérence de sa vision et l'arrimage délibéré du ressort comique à des questions pertinentes pour ses contemporains, ainsi que l'avait noté La Grange, cité plus haut.
En 1656, le prince de Conti, Modèle:Citation, retire sa protection à la troupe et lui interdit de porter plus longtemps son nom<ref group="n">« Il y a des comédiens ici qui portaient mon nom autrefois ; je leur ai fait dire de le quitter et vous croyez bien que je n'ai eu garde de les aller voir. » Lettre adressée de Lyon, le Modèle:Date-, par le prince de Conti à son directeur spirituel Gabriel de Ciron. Citée dans un discours de Wladimir d'Ormesson.</ref>. Au cours du mois de Modèle:Date-, Molière fait représenter à Béziers sa deuxième « grande comédie », Le Dépit amoureux, pour les États de Languedoc.
Dans les dernières semaines de l'automne 1657, la troupe séjourne à Avignon. Molière s'y lie d'amitié avec les frères Nicolas et Pierre Mignard, qui peignent plusieurs portraits de lui et un tableau le représentant en dieu Mars étreignant Vénus-Madeleine Béjart<ref>René-Thomas Coèle, « Madeleine Béjart et Molière, modèles des peintres Nicolas Mignard et Pierre Mignard. Avignon, 1657 », Revue d'histoire du théâtre, 1957, IV, Modèle:P..</ref>.
Au début de 1658, la troupe, qui est dès lors considérée comme la meilleure Modèle:Citation du royaume, décide de gagner Paris pour tenter de s'y implanter<ref name=Abrégé>Modèle:Lien web.</ref>. Les comédiens commencent par se rendre à Rouen, d'où Molière et Madeleine Béjart peuvent faire aisément des allers et retours à la capitale, afin de trouver une salle et de s'assurer les appuis nécessairesModèle:Sfn.
Le début de la gloire
Le théâtre du Petit-Bourbon
Au début de l'automne 1658, Molière et ses camarades (Dufresne, Madeleine, Joseph, Geneviève et Louis Béjart, Edme et Catherine de Brie, Marquise Du Parc et son mari René, dit Gros-René) sont agréés par Philippe d'Orléans, dit « Monsieur », frère unique du roi, qui leur accorde sa protection. Le Modèle:Date-, ils se produisent au Louvre devant Modèle:Souverain2, Anne d'Autriche, Mazarin et les comédiens de l'hôtel de Bourgogne. Ils jouent successivement Nicomède de Corneille et une farce de Molière qui n'a pas été conservée, Le Docteur amoureuxModèle:Sfn.
À la suite de cet « examen réussi », la salle de théâtre du Petit-Bourbon, vaste et bien équipée, est mise à leur disposition. Ils l'occuperont pendant deux ans, jouant en alternance avec Scaramouche et ses camarades de la troupe italienne. C'est sans doute durant cette période que Molière perfectionne son jeu en étudiant les techniques du grand acteur comique qu'était Tiberio Fiorilli<ref group=n>Modèle:Citation (Modèle:Harvsp). Voir Modèle:Harvsp.</ref>.
La « Troupe de Monsieur » commence à représenter le Modèle:Date-. Outre de vieilles pièces, la troupe joue L'Étourdi et Le Dépit amoureux, qui sont fort bien accueillisModèle:Sfn. Au cours du relâche de Pâques 1659, Dufresne prend sa retraite, laissant à Molière l'entière direction de la troupe. Entrent deux acteurs comiques, le célèbre « enfariné » Jodelet<ref group="n">Dans la farce française, les personnages n'étaient pas masqués mais avaient le visage enfariné. Voir Modèle:Harvsp.</ref> et son frère L’Espy, ainsi que Philibert Gassot, sieur Du Croisy et Charles Varlet, sieur de La Grange. Ce dernier a laissé un registre personnel, conservé à la Comédie-Française, dans lequel il notait les pièces jouées, la recette et ce qu’il jugeait important de la vie de la troupe. Ce document permet de suivre dans le détail le répertoire joué par Molière à partir de 1659.
Le Modèle:Date-, Molière fait représenter une nouvelle pièce, la « petite comédie » des Précieuses ridicules, dans laquelle il joue le rôle du valet Mascarille. Satire féroce du snobisme et du jargon de certains salons parisiens mis en vogue notamment par Madeleine de ScudéryModèle:Sfn, la pièce remporte un vif succès et crée un effet de mode. Selon le « nouvelliste » Jean Donneau de Visé, Modèle:Citation. Le sujet est copié et repris. Molière fait imprimer sa pièce à la hâte parce qu’on tente de la lui voler, ainsi qu'il s'en explique dans une préface qui ne manque pas de piquant<ref>Préface aux Précieuses Ridicules.</ref>. C’est la première fois qu’il publie, il a désormais le statut d’auteur<ref group=n>Voir Modèle:Harvsp. Ses œuvres seront désormais publiées, avec ou sans son accord, par les libraires Jean Ribou, Guillaume de Luyne, Claude Barbin, Gabriel Quinet, Thomas Jolly, Jean Guignard, Étienne Loyson, Louis Billaine, Pierre Trabouillet, Nicolas Le Gras, Théodore Girard et quelques autres. Sur les rapports complexes et difficiles de Molière avec ses éditeurs, voir Modèle:Harvsp.</ref>.
Plusieurs hauts personnages Modèle:Incise invitent la troupe à venir représenter Les Précieuses dans leurs hôtels. De retour de Saint-Jean-de-Luz, où il est allé épouser l'infante Marie-Thérèse d'Espagne, Modèle:Souverain2 voit la pièce le Modèle:Date-. Deux jours plus tard, il verra Sganarelle ou le Cocu imaginaire, « petite comédie » en vingt-trois scènes en vers, qui sera, jusqu'à la mort de Molière, la comédie la plus souvent représentée par la troupeModèle:Sfn. Cette pièce suscite un tel intérêt qu'il s'en publie rapidement une édition pirate, due à Neuf-Villenaine, pseudonyme de Donneau de Visé<ref>P.-L. Jacob, La Veuve à la mode.</ref>. Dans l'épître de cette édition, intitulée « À un ami », ce dernier écrit : Modèle:Citation bloc
La nouvelle troupe suscite dans le public parisien un véritable engouement, qu'elle doit moins aux tragédies qu'elle continue sans succès de mettre à l'affiche<ref group=n>Dès le début de 1660, Thomas Corneille lui reprochait de mal jouer la tragédie et de ne réussir que dans des genres inférieurs, reproche que l'on retrouvera dès lors et pendant des années sous la plume de tous les détracteurs de Molière.</ref>, qu'aux comédies de Molière, qui vont constituer peu à peu l'essentiel du répertoire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Le Modèle:Date-, le frère cadet de Molière, Jean III Poquelin, meurt. La charge de tapissier et valet de chambre du roi revient de nouveau à l'aîné. Il la gardera jusqu'à sa mort. Elle impliquait qu'il se trouve chaque matin au lever du roi, un trimestre par an. Dans son acte d'inhumation, il sera dit Modèle:CitationModèle:Sfn. Selon la préface de son œuvre parue en 1682, Modèle:Citation.
Le Modèle:Date-, Antoine de Ratabon, surintendant des bâtiments du roi, donne l'ordre d'entamer les travaux de démolition du Petit-Bourbon, pour faire place à la future colonnade du Louvre. Une nouvelle salle, située dans le Palais-Royal, demeure de Philippe d'Orléans et Henriette d'Angleterre, est mise à la disposition de la Troupe de Monsieur, qui la partagera, là encore, avec les comédiens italiensModèle:Sfn.
Le théâtre du Palais-Royal
Le théâtre est à droite de l’entrée du palais. Molière s’installe en face dans un appartement au second étage de la troisième maison de la rue Saint-Thomas-du-Louvre. On aperçoit les deux premières maisons de la rue à gauche de la gravure.
La salle du Palais-Royal, entièrement rénovée, ouvre ses portes le Modèle:Date-. Le Modèle:Date-, la troupe y crée une nouvelle pièce de Molière, la comédie héroïque Dom Garcie de Navarre, dans laquelle il tient le rôle-titre aux côtés de Madeleine Béjart. Mais elle ne donnera lieu qu'à sept représentations consécutives, et ce fiasco, qui marque la fin des espoirs de l'acteur Molière pour s'imposer dans le genre tragique Modèle:Incise, ramène définitivement l'auteur sur le terrain de la comédieModèle:Sfn. Cette œuvre aujourd'hui délaissée n'en reste pas moins un moment charnière dans la carrière de Molière dramaturge. Jean de Beer écrit : Modèle:Citation
Hostile à l'emphase qui prévalait alors dans l'interprétation de la tragédie, Molière était partisan d'une diction « naturelle », Modèle:Citation et ce souci du naturel se révèle aussi dans son style, qui cherche Modèle:Citation. Grimarest, qui enseignait lui-même la déclamation, fournira plus tard un autre élément susceptible d'expliquer l'échec que Molière rencontra dans les rôles sérieux :
Modèle:Début citation blocDans les commencements qu'il monta sur le théâtre, [Molière] reconnut qu'il avait une volubilité de langue dont il n'était pas le maître et qui rendait son jeu désagréable ; et des efforts qu'il faisait pour se retenir dans la conversation, il s'en forma un hoquet qui lui demeura jusques à la fin. Mais il sauvait ce désagrément par toute la finesse avec laquelle on peut représenter. Il ne manquait aucun des accents et des gestes nécessaires pour toucher le spectateur […] Il est vrai qu'il n'était bon que pour représenter le comique. Il ne pouvait entrer dans le sérieuxModèle:Note, et plusieurs personnes assurent qu'ayant voulu le tenter, il réussit si mal la première fois qu'il parut sur le théâtre qu'on ne le laissa pas achever. Depuis ce temps-là, dit-on, il ne s'attacha qu'au comiqueModèle:Sfn.Modèle:Fin citation bloc
Le Modèle:Date-, la troupe crée L'École des maris, une petite comédie en trois actes. Le succès est tel que le surintendant des finances Nicolas Fouquet passe commande à Molière d'un spectacle pour la fête à laquelle il a convié le roi et sa cour pour le Modèle:Date-, dans le cadre somptueux de son château de Vaux-le-VicomteModèle:Sfn.
C’est la première fois que Molière crée une pièce pour la cour. Connaissant le goût de Modèle:Souverain- pour les ballets, il crée un nouveau genre, la comédie-ballet, intégrant comédie, musique et danse : les entrées de ballet ont le même sujet que la pièce et sont placées au début et dans les entractes de la comédieModèle:Sfn. Ce seront Les Fâcheux, pochade en trois actes et en vers, Modèle:Citation, s'il faut en croire son auteur. Le roi ayant observé qu’un fâcheux auquel Molière n’avait pas pensé méritait sa place dans la galerie, Molière modifie rapidement le contenu de sa pièce pour y ajouter la scène du chasseur importun (Acte II, scène 6)Modèle:Sfn. Pour concevoir et mettre au point le spectacle dans lequel s'insère sa comédie et qui intègre la musique et la danse, Molière a collaboré avec Jean-Baptiste Lully pour la musique, Pierre Beauchamp pour la danse et Giacomo Torelli pour la scénographie. À partir de septembre, le spectacle, donné au Palais-Royal avec Modèle:Citation et en faisant Modèle:Citation, rencontre un public nombreux et lui aussi enthousiaste. La saison est une des meilleures de la troupe.
Cette première comédie-ballet (Molière en composera quatre ou cinq autres) soulève l'enthousiasme de La Fontaine, qui écrit à son ami Maucroix : Modèle:Citation
Mariage et paternité
Le Modèle:Date-, Molière signe un contrat de mariage avec Armande Béjart, « âgée de vingt ans ou environ », qu'il épouse religieusement le Modèle:Date-. Dans les deux occasions, la jeune femme est dite fille de Joseph Béjart et Marie Hervé, et sœur de Madeleine Béjart, son aînée de vingt ans ou plus. Toutefois, certains contemporains voient en elle la fille de Madeleine. C'est ce qu'affirmera Nicolas Boileau en 1702, et c'est la thèse que Grimarest défendra trois ans plus tard dans sa Vie de M. de Molière, précisant même qu'Armande est une fille que Madeleine a eue avant de connaître le jeune Poquelin, de « Monsieur de Modène, gentilhomme d'AvignonModèle:Sfn ». De fait, Esprit de Rémond de Modène<ref group="n">Sur ce personnage, voir Henri Chardon, Modèle:Lien web, tome premier : M. de Modène, ses deux femmes et Madeleine Béjart, Paris, 1886, Modèle:P..</ref> et la jeune Madeleine Béjart ont eu le Modèle:Date- une fille qui, huit jours plus tard à l'église Saint-Eustache, a reçu le prénom de Françoise<ref>Auguste Jal, Dictionnaire critique, Modèle:P., Modèle:Lien web.</ref>, et ils seront, en 1665, respectivement parrain et marraine d'Esprit-Madeleine Poquelin, fille de Molière et d'Armande.
Les historiens s'accordent à voir la future « Mademoiselle Molière » (Armande Béjart) dans la jeune « Modèle:Mlle Menou » qui, en 1653, jouait le rôle d'une néréide dans une représentation de l'Andromède de Corneille donnée à Lyon par Molière et ses camaradesModèle:Sfn.
L’acte de baptême d'« Armande Grésinde Claire Élisabeth Béjart » aurait pu établir sa véritable filiation, mais il n'a pas été présenté lors de la signature du contrat de mariage, et il n'a jusqu'à présent pas été retrouvé.
L'incertitude née de la grande différence d'âge entre les deux « sœurs » Béjart sera exploitée par les ennemis de Molière, qui, à plusieurs reprises au cours de la décennie suivante, insinueront qu'Armande serait la propre fille de Molière et de son ancienne maîtresse<ref group="n">S'interrogeant sur les raisons qui auraient incité Molière et Madeleine à favoriser une union qui risquait de faire scandale, Roger Duchêne fait l'« hypothèse » qu'il s'agit d'Modèle:Citation et de conclure que Madeleine a dû convaincre Molière d'épouser Armande, afin que les biens des deux familles passent à leurs héritiers (Modèle:Harvsp). Cette conception d'un Molière bourgeois ne convainc pas Jürgen Grimm : Modèle:Citation (Modèle:Harvsp). Selon le récit de Grimarest, Madeleine Béjart, loin de favoriser ce mariage, aurait donné Modèle:Citation en apprenant que Molière allait épouser Armande (Modèle:P.).</ref>. Ainsi, dans une requête présentée à Modèle:Souverain- au plus fort de la « querelle de L'École des femmes » (voir ci-dessous), le comédien Montfleury, ridiculisé par Molière dans L'Impromptu de Versailles, accusera celui-ci Modèle:Citation<ref group="n">Modèle:Lien web, 23 novembre 1663, dans Œuvres de J. Racine, nouvelle édition, tome VI, Paris, Hachette, 1865, Modèle:P.. L'accusation sera formulée à plusieurs reprises au cours des décennies suivantes, notamment par un certain Henry Guichard, au cours du procès qui l'opposera en 1675 à Lully.</ref>.
Molière et Armande auront un premier fils, Louis, baptisé le Modèle:Date- avec pour parrain Modèle:Souverain- et pour marraine Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, mais cet enfant meurt à huit mois et demi. Ils auront ensuite une fille, Esprit-Madeleine, baptisée le Modèle:Date-, morte en 1723 sans descendance ; une autre fille, Marie, morte peu après sa naissance à la fin de l'année 1668 et un deuxième fils, Pierre, baptisé le Modèle:Date- et mort le mois suivant.
Ce mariage a fait couler beaucoup d'encre. La jeune Armande, au dire de ses détracteurs, aimait se faire courtiser par une foule d'admirateurs, au grand dam d'un Molière fort jaloux et dont les rieurs se moquaient d'autant plus qu'il avait mis en scène des personnages de mari trompé : Modèle:Citation Ce thème sera exploité dans la pièce Élomire hypocondre (1670)<ref>{{#if:|https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1525267b%7C{{ #if: bpt6k1525267b |{{ #if: Élomire hypocondre, ou Les médecins vengez , comédie, par M. Le Boulanger de Chalussay | Élomire hypocondre, ou Les médecins vengez , comédie, par M. Le Boulanger de Chalussay | lire en ligne]}} | {{ #if: |[{{{1}}} lire en ligne]|lire en ligne}} }} sur Gallica}}</ref> et, plus encore, dans la biographie romancée La Fameuse Comédienne (1688), qui dresse de « la Molière » un portrait extrêmement négatif<ref group="n">Voir notamment La Fameuse Comédienne, Modèle:P.. Pierre Bayle accorde beaucoup de crédit à cet ouvrage et en cite de larges extraits dans l'article « Poquelin » de son Dictionnaire historique et critique.</ref>. Grimarest, qui s'appuie sur les souvenirs de Baron et de nombreux témoignages, laisse entendre que le couple n'était pas heureux et présente Armande comme « une coquette outrée »Modèle:Sfn. Dans les moments difficiles, Molière se retirait dans la maison qu'il louait dans le village d'Auteuil depuis le milieu de la décennie 1660-1670. Toujours amoureux de sa femme, il l'aurait décrite sous les traits de Lucile dans Le Bourgeois gentilhomme (Acte III, scène 9)<ref>Le Mercure de France, mai 1740, Modèle:P., Modèle:Lien web.</ref>.
Le temps des polémiques
La querelle de L'École des femmes
Le Modèle:Date-, la troupe crée L'École des femmes, quatrième grande comédie de Molière, dans laquelle il bouscule les idées reçues sur le mariage et la condition des femmes. Le succès, éclatant, consacre Molière comme grand auteur. C'est de cette période, en particulier, que les historiens datent le début de ses relations avec Nicolas Boileau, qui fait paraître en Modèle:Date- ses célèbres Stances à Molière dans lesquelles il défend vigoureusement la pièce : Modèle:Citation.
Cependant, quelques littérateurs en quête de notoriété Modèle:Incise pointent dans la pièce ce qu'ils feignent de considérer comme des indices d’immoralité, telle la fameuse scène du « le… » (Acte II, scène 5), et d’impiété, telle la prétendue parodie de sermon dans les recommandations d’Arnolphe à Agnès, et des commandements divins dans les Maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée, avec son exercice journalier (Acte III, scène 2)<ref>Accusations reprises par Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp.</ref>.
À cela s'ajoutent des comédies jouées par la troupe concurrente de l’hôtel de Bourgogne, qui mettent en cause la moralité de Molière et l’attaquent sur sa vie privée. La querelle de L’École des femmes va durer plus d’un an et nourrir les entretiens des salons parisiens<ref group="n">La plupart des pièces de la «querelle » ont été publiées dans La Querelle de l'École des femmes, comédies de Jean Donneau de Visé, Edme Boursault, Charles Robinet, A. J. Montfleury, Jean Chevalier, Philippe de La Croix, édition critique par Georges Mongrédien, 2 tomes, Paris, Société des textes français modernes, Librairie Marcel Didier, 1971.</ref>.
Molière, qui semble avoir d'abord bien accueilli la publicité que lui attiraient ces critiquesModèle:Sfn, réplique une première fois en Modèle:Date- au Palais-Royal par La Critique de l'École des femmes, dans laquelle un des personnages revient sur le scandale provoqué par la scène du « le… »<ref>La Critique de L’École des femmes, Modèle:P..</ref>. Faisant valoir Modèle:CitationModèle:Sfn, il montre que l'art de la comédie est plus exigeant que celui de la tragédie : Modèle:Citation bloc
En juin, Modèle:Souverain- fait dispenser ses premières « gratifications aux gens de lettres ». Molière, qui fait partie des bénéficiaires, compose et fait paraître à cette occasion un Remerciement au Roi<ref>Modèle:Lien web.</ref> en vers libres. Sa gratification sera renouvelée tous les ans jusqu’à sa mort.
En octobre, il présente devant la cour L'Impromptu de Versailles, sorte de Modèle:Citation, dans laquelle il met en scène sa propre troupe en train de répéter et demande solennellement à ses ennemis de cesser de l'attaquer sur sa vie privéeModèle:Sfn.
L’interdiction du Tartuffe
Le Modèle:Date-, dans le salon de la reine-mère Anne d'Autriche au Louvre, Molière présente devant la famille royale une comédie-ballet, Le Mariage forcé, dans laquelle il reprend son personnage de Sganarelle et où Modèle:Souverain2 danse, costumé en ÉgyptienModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Du Modèle:Date- au Modèle:Date-, la troupe de Monsieur est à Versailles pour les fêtes des Plaisirs de l'île enchantée, qui sont en quelque sorte l’inauguration des jardins de Versailles. C’est un véritable Modèle:Citation et sa troupe contribue beaucoup aux réjouissances des trois premières journées<ref group="n">Le détail de ces fêtes figure dans une relation contemporaine, parue sous le titre Modèle:Lien web.</ref>. Le deuxième jour, elle crée La Princesse d'Élide, Modèle:Citation dont Molière, pressé par le temps, n'a pu versifier que le premier acte et une scène du deuxièmeModèle:Sfn.
Le soir du 12, alors qu'une partie des invités du roi a regagné Paris, la troupe crée une nouvelle comédie de Molière intitulée, semble-t-il, Le Tartuffe ou l'Hypocrite. Cette première version en trois actes est chaudement applaudie par le roi et ses invités. Le lendemain pourtant, ou le surlendemain, Modèle:Souverain- se laisse convaincre par son ancien précepteur, le tout nouvel archevêque de Paris Hardouin de Péréfixe, d'interdire les représentations publiques de la pièce Modèle:Incise.
Cette satire de la fausse dévotion, en plaçant la religion sous un jour comique sinon ridicule, scandalise les milieux dévots. La pièce de Molière prend en effet position sur une question éminemment politique, celle de la séparation de l'Église et de l'État : Modèle:Citation
Quelques semaines après la première représentation, le curé Pierre Roullé, farouche adversaire du jansénisme, publie un opuscule intitulé Le Roy glorieux au monde, ou Modèle:Souverain-, le plus glorieux de tous les Roys du monde, dans lequel il traite Molière de Modèle:Citation. Molière se défend par un premier Placet présenté au Roi, à l'été 1664, dans lequel il cite les outrances de ce pamphlet comme contraires au jugement favorable qu'avait d'abord donné le roi et invoque pour sa défense le but moral de la comédie<ref group="n">Par cette déclaration, Molière assigne à la comédie une fonction sociale qui était en fait la prérogative de l'Église et que celle-ci refusait au théâtre : Modèle:Citation (Modèle:Harvsp.).</ref> : Modèle:Citation bloc
Louis XIV ayant confirmé l'interdiction de représenter la pièce en public, Molière entreprend de la remanier pour la rendre conforme à son argumentation. On sait, par une lettre du duc d’Enghien, qu'au début de l'automne 1665 il est en train d’ajouter un quatrième acte aux trois actes joués à Versailles l'année précédente.
À la fin de Modèle:Date-, Molière profite d’un passage du roi chez son frère et sa belle-sœur à Saint-Cloud pour obtenir l’autorisation de représenter une nouvelle version en cinq actesModèle:Sfn. La pièce s’appelle désormais L’Imposteur et Tartuffe y est renommé Panulphe. Créé le Modèle:Date- au Palais-Royal devant une salle comble, le spectacle est immédiatement interdit sur ordre du premier président du Parlement, Guillaume de Lamoignon Modèle:Incise, interdiction redoublée le Modèle:Date- par l’archevêque de Paris, qui fait défense à ses diocésains, sous peine d’excommunication, de représenter, lire ou entendre la pièce incriminéeModèle:Sfn. Molière tente d'obtenir l'appui de Modèle:Souverain- en écrivant un Second placet, que La Grange et La Thorillière sont chargés d'aller présenter au roi, qui fait alors le siège de Lille. Cette démarche reste sans succès.
Pour que la pièce soit définitivement autorisée, sous le titre Le Tartuffe ou l'Imposteur, il faudra attendre encore un an et demi et la fin de la guerre contre les jansénistes, ce qui donne à Modèle:Souverain- les coudées franches en matière de politique religieuse. Cette autorisation intervient au moment exact de la conclusion définitive de la Paix clémentine, aboutissement de longues négociations entre, d’un côté, les représentants du roi et le nonce du pape Clément IX et, de l’autre, les représentants des « Messieurs » de Port-Royal et des évêques jansénistes. La coïncidence est frappante : l’accord étant conclu en Modèle:Date-, c’est le Modèle:Date- qu’une médaille commémorant la Paix de l’Église est frappée. Et c’est le Modèle:Date-, deux jours avant la première du Tartuffe, que le nonce du pape remet à Modèle:Souverain- deux Modèle:Citation dans lesquels Modèle:Souverain2 se déclarait entièrement satisfait de la Modèle:Citation et de l'Modèle:Citation des quatre évêques jansénistes<ref>Pour plus de détails sur cette coïncidence, voir Modèle:Harvsp.</ref>.
Le Tartuffe définitif est ainsi créé le Modèle:Date-. C’est le triomphe de Molière, sa pièce le plus longtemps jouée (Modèle:Nobr jusqu’à la fin de l’année) et son record de recettes<ref group=n>Une somme de Modèle:Unité le premier jour, six recettes de plus de Modèle:Unité, 16 de plus de Modèle:Unité, une moyenne de Modèle:Unité contre 940 pour L’École des femmes.</ref>.
Triomphe et mise en cause du Festin de Pierre, puis protection royale
Modèle:Article détaillé Le dimanche Modèle:Date-, la troupe de Monsieur crée Le Festin de Pierre ou l'Athée foudroyé, comédie de Molière qui constitue la troisième adaptation française de la légende de Don Juan. C'est un triomphe : la recette dépasse même celles de L'École des femmes, et les suivantes s'accroîtront encore durant les deux premières semaines du carême.
Donné quinze fois jusqu'au Modèle:Date-, le spectacle n'est pas repris après le relâche de Pâques. Le texte de Molière ne sera édité qu'après sa mort et il faudra attendre cent cinquante ans pour qu'il soit rejoué sur une scène française.
Au cours du relâche de Pâques, un libraire spécialisé dans la publication de pièces de théâtre, et en particulier celles qui ont été créées à l'hôtel de Bourgogne, met en vente un libelle au titre presque anodin : Observations sur une comédie de Molière intitulée « Le Festin de Pierre », dans lequel un « sieur de Rochemont », dont on ignore aujourd'hui encore la véritable identité, s'en prend avec une extrême violence à Molière et à ses deux dernières pièces : Le Tartuffe et Le Festin de Pierre. Le succès de ce pamphlet est immédiat et massif, comme l'atteste l'existence d'une dizaine d'impressions, éditions et contrefaçons différentes.
Deux partisans de Molière prennent sa défense quelques mois plus tard : le premier n'a jamais été identifié ; le second serait Jean Donneau de Visé selon René Robert<ref>Modèle:Article.</ref> et François ReyModèle:Sfn. Ils seront rejoints en août par Charles Robinet, ancien détracteur de Molière et principal rédacteur de la Gazette dite de Renaudot<ref group="n">Les trois réponses sont : Anonyme, Réponse aux Observations, 1665 ; Anonyme, Lettre sur les Observations, 1665 ; Charles Robinet, Apostille, 1665.</ref>.
Le roi fait taire les adversaires de Molière en prenant la troupe sous sa protection. Selon François Rey, l'événement aurait eu lieu le Modèle:Date-<ref>Voir Modèle:Harvsp, Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp.</ref>, dans le cadre d'une grande fête donnée par Modèle:Souverain- à Versailles et où la troupe de Molière a été appelée à jouer Le Favori de [[Marie-Catherine Desjardins, dite de Villedieu|Modèle:Mlle]], qu'elle vient de créer au Palais-Royal<ref group="n">Dans le long article qu'il consacrera à cette fête dans l'ordinaire de la Gazette du 20 juin, Charles Robinet écrira que Modèle:Citation. Le syntagme « Troupe du Roi » (et non « Troupe de Monsieur ») n'étant jamais venu sous la plume de quiconque avant cette date, son emploi établit de manière certaine que c'est bien à la mi-juin 1665, et non à la mi-août, que Modèle:Souverain- a pris la troupe de Molière sous sa protection directe.</ref>. Ce jour-là, écrira plus tard La Grange dans son Registre, en se trompant apparemment de date et de lieu, Modèle:Citation. Désormais, les trois troupes françaises de Paris sont directement sous l'autorité royale.
L'apogée de sa carrière
Contrairement à une idée reçue depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, on ne voit pas que Molière ait eu à souffrir des polémiques occasionnées par ses trois pièces réputées les plus audacieuses. Comédies-ballets créées à la cour et comédies unies créées à la ville ou à la cour<ref group="n" name=cour>Sur la distinction qui apparaît au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle entre la cour et la ville et sur le sens donné à ce dernier terme, voir l'étude d'Erich Auerbach. Sur la manière dont le goût de la cour en matière théâtrale se distingue de celui de la ville, voir l'article de W. G. Moore.</ref> alternent avec un succès qui se dément rarement jusqu'à la mort de Molière en Modèle:Date-. Et les critiques qui ont cru que Le Misanthrope, créé en Modèle:Date-, manifestait le désarroi de Molière face aux difficultés rencontrées par Le Tartuffe n'ont sans doute pas pris suffisamment en compte le témoignage, il est vrai tardif, de Nicolas Boileau, selon lequel Le Misanthrope aurait été entrepris dès le commencement de 1664, c'est-à-dire parallèlement au Tartuffe<ref group="n">Dans sa première remarque sur la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIe{{#if:| }} }} Satire de Boileau, dédiée à Molière, Claude Brossette écrit : « Elle fut faite en 1664. La même année, l'auteur étant chez M. Du Broussin avec M. le duc de Vitry et Molière, ce dernier y devait lire une traduction de Lucrèce en vers français qu'il avait faite dans sa jeunesse. En attendant le dîner, on pria M. Despréaux [= Boileau] de réciter la satire adressée à Molière, et Molière ne voulut plus lire sa traduction, craignant qu'elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges qu'il venait de recevoir. Il se contenta de lire le premier acte du Misanthrope, auquel il travaillait en ce temps-là […]. » (Œuvres de Mr. Boileau Despréaux, tome I, Genève, 1716, Modèle:P., en ligne.)</ref>.
Certes, Molière dut patienter cinq ans avant que son Tartuffe reçoive enfin l'autorisation d'être représenté en public, et il lui fallut transformer sa pièce pour en gommer le côté trop manifeste de satire de la dévotion. L'Église et les dévots ne furent cependant pas dupes et continuèrent de juger la pièce dangereuse. Si Molière n'a jamais voulu renoncer à cette pièce, quoique interdite, c'est qu'il se savait soutenu par les personnages les plus puissants de la cour, à commencer par le roi lui-même, et qu'il était certain qu'une comédie qui ridiculisait les dévots attirerait la foule dans son théâtre<ref group="n">Voir la lettre du ministre des Affaires étrangères, Hugues de Lionne, au secrétaire de la reine Christine de Suède qui demandait à voir une copie du Tartuffe : Modèle:Citation (Lettre citée in extenso dans les Œuvres de Molière, Paris, Hachette, 1878, Modèle:T.Modèle:IV, Modèle:P., Modèle:Lire en ligne).</ref>.
Parallèlement, Molière put donner l'impression de s'orienter vers des sujets en apparence inoffensifs : c'est du moins ainsi que l'interprétèrent les critiques du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=n>Modèle:Citation, écrivait Modèle:Harvsp.</ref>. En fait, Molière passa d'une satire à une autre, en apparence plus inoffensive et moins dangereuse : celle de la médecine et des médecins Modèle:Incise.
La troupe
La troupe est d’une stabilité exemplaire. À Pâques 1670, elle compte encore trois acteurs du temps de l’Illustre Théâtre : Molière, Madeleine Béjart et sa sœur Geneviève. Sept en faisaient partie lors des débuts à Paris (les mêmes plus Louis Béjart et le couple De Brie). Neuf y jouent depuis le remaniement de 1659 (les mêmes, plus La Grange et Du Croisy).
Les nouveaux sont La Thorillière (1662), Armande Béjart (1663) et André Hubert (1664). Un seul départ volontaire : celui de Marquise Du Parc, qui, à Pâques 1667, passe à l'hôtel de Bourgogne, où elle créera le rôle-titre de l’Andromaque de Racine. Un seul départ à la retraite : celui de L'Espy, frère de Jodelet. En 1670, Louis Béjart demande à son tour à quitter le métier ; il a Modèle:Nobr. Les comédiens s’engagent à lui verser une pension de Modèle:Nombre aussi longtemps que la troupe subsiste.
En Modèle:Date-, le jeune Michel Baron, alors âgé de Modèle:Nobr, entre dans la troupe. Molière tenait tellement à l’y avoir qu'il avait obtenu une lettre de cachet du roi pour l’enlever, malgré son contrat, à la troupe de campagne dont il faisait partie<ref group="n">Selon le récit qu'en fait Grimarest ([[s:La Vie de Mr de Molière/La Vie de Mr de Molière|Modèle:P. et suiv.]]), Molière avait déjà rencontré Baron en 1666, quand celui-ci n'avait que Modèle:Nobr ; il avait entrepris de le former, mais une dispute du jeune garçon avec Armande Béjart aurait causé son départ. De cet attachement de Molière pour le jeune Baron, certains auteurs modernes ont conclu à l'existence entre eux de relations homosexuelles. Mais ce n'est qu'une hypothèse, qui n'est étayée par aucun document probant.</ref>. Ce dernier a une part et le couple Beauval, comédiens chevronnés, une part et demie. La compagnie compte désormais huit comédiens et cinq comédiennes, pour douze parts et demie.
Madeleine Béjart meurt le Modèle:Date-, un an jour pour jour avant Molière. Elle est inhumée sans difficulté sous les charniers de l'église Saint-Paul. Elle a en effet reçu les derniers sacrements, après avoir signé (sous la contrainte) l'acte de renonciation solennelle à la profession de comédienne. Elle jouissait d’une large aisance. Son testament favorise grandement sa sœur (ou sa fille) Armande.
Pour les comédiens de Molière, c’est la prospérité. Pour les cinq dernières saisons (1668-1673), le bénéfice total annuel de la troupe Modèle:Incise s'élève en moyenne à Modèle:Nombre<ref group="n">Une livre de l'époque correspond approximativement à Modèle:Nobr de 2010. Modèle:Citation (Modèle:Harvsp.)</ref>, contre Modèle:Nombre les cinq saisons précédentes, à répartir en douze parts environ<ref group=n>Modèle:Harvsp. Les moyennes sont calculées à partir du tableau des bénéfices de la troupe par saison. Celle-ci commence après Pâques.</ref>.
Molière est riche. Roger Duchêne a calculé que, pour la saison 1671-1672, sa femme et lui ont reçu Modèle:Nombre à eux deux pour leurs parts de comédiens, plus ce que Molière a eu de la troupe comme auteur et ce que les libraires lui ont versé pour la publication de ses pièces. Il s’y ajoute les rentes des prêts qu’il a consentis et les revenus qu’Armande tire de l’héritage de Madeleine, soit au total plus de Modèle:Nombre, l’équivalent, ajoute Duchêne, du montant de la pension que verse Modèle:Souverain2 au comte de Grignan pour exercer sa charge de lieutenant général au gouvernement de la Provence<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Durant les quatorze saisons de son activité parisienne, entre 1659 et 1673, la troupe a joué quatre-vingt-quinze pièces pour un total de Modèle:Nombre, publiques ou privéesModèle:Sfn.
Les sept dernières saisons de Molière
Saison 1665-1666 : le Modèle:Date-, la Troupe du Roi crée devant la cour réunie à Versailles L'Amour médecin, comédie-ballet en trois actes et en prose. Ce Modèle:Citation a été, écrit Molière dans sa préface, Modèle:Citation.
Modèle:Date- : très longue interruption des représentations de la troupe. Le bruit court que Molière est malade<ref>Voir Robinet, Lettre en vers à Madame du 21 février 1666, Modèle:P..</ref>.
Saison 1666-1667 : en mars, paraît la première véritable édition de ses Œuvres complètes en deux volumes et à pagination continue<ref>Les Œuvres de Monsieur Molière.</ref>. Elle contient neuf pièces et est imprimée et mise en vente par un cartel de huit libraires, avec des « lettres [de privilège] obtenues par surprise », ce qui amènera Molière à confier la publication de sa comédie suivante, Le Misanthrope, à un libraire, Jean Ribou, qui en 1660 avait piraté Les Précieuses ridicules et Sganarelle ou le Cocu imaginaireModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, il donne la première représentation publique du Misanthrope, sa Modèle:16e pièce, dans laquelle il joue le rôle d'Alceste. Cette « grande comédie » est une pièce Modèle:Citation. Au lieu de montrer un amoureux dont les desseins sont contrariés par un rival ou un père intransigeant, le protagoniste y est son propre adversaire. La pièce sera jouée Modèle:Nobr jusqu’à la fin du règne de Modèle:Souverain- (1715)<ref>Modèle:Lien web, t. 5, Modèle:P..</ref>.
Le Modèle:Date-, au Palais-Royal, Molière crée Le Médecin malgré lui, qu'il appelle une « petite bagatelle ». Selon son contemporain Subligny : Modèle:Citation
Le Modèle:Date-, la troupe part à Saint-Germain pour de grandes fêtes données par le roi, qui mobilisent toutes les troupes de Paris et dureront jusqu’au Modèle:Date-Modèle:Sfn. Elle joue dans le Ballet des Muses et donne trois comédies (Pastorale comique, Mélicerte et Le Sicilien). Le poète de la cour Benserade écrit à cette occasion : Modèle:Citation
Mars-Modèle:Date- : maladie de Molière<ref group="n">Modèle:Citation (Charles Robinet, Lettre en vers à Madame du 16 avril.)</ref>.
Le Modèle:Date-, première du Sicilien à Paris. La recette est la plus faible jamais réalisée par la création d'une pièce de MolièreModèle:Sfn. Celle-ci est toutefois considérée comme la meilleure partition musicale de Lully, grâce à Modèle:Citation.
Le Modèle:Date-, création de L'Imposteur, réécriture du Tartuffe, interdit immédiatement. Ordonnance de Péréfixe qui menace d'excommunication toute personne qui verrait, lirait ou écouterait cette pièce<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Molière se retire de la scène pendant plusieurs mois.
Saison 1667-1668 : le Modèle:Date-, Amphitryon, comédie en trois actes et en vers libres adaptée de Plaute, est créé au Palais-RoyalModèle:Sfn. Le roi et la cour assistent à la Modèle:3e aux Tuileries.
Outre son appartement parisien, Molière loue une maison à Auteuil, où il se retire pour lire et se reposer, et où il invite ses amis, notamment Chapelle<ref>Louis Moland, Molière à Auteuil.</ref>.
Saison 1668-1669 : c’est une saison faste. Pour célébrer la paix d’Aix-la-Chapelle (Modèle:Date-), le roi donne à sa cour des fêtes grandioses. Plus de deux mille personnes assistent au Grand Divertissement royal, pastorale avec chants et danse. La musique est de Lully, le texte de Molière. La comédie George Dandin est enchâssée dans la pastoraleModèle:Sfn.
L’Avare, comédie en cinq actes et en prose, est créé le Modèle:Date- au Palais-Royal. Après Amphitryon créé en janvier, c’est la deuxième pièce adaptée de Plaute en une année. Molière la jouera Modèle:Nobr dans son théâtre. Les recettes, assez modestes, montrent à l'évidence que le public ne s'est pas passionné pour la pièceModèle:Sfn, alors que celle-ci deviendra l’un de ses plus grands succès. L'Avare est parfois caractérisé, à l'instar du Misanthrope et des Femmes savantes, comme une « comédie sérieuse », Harpagon n’étant pas un personnage entièrement comique. Le triomphe du Tartuffe, enfin joué librement le Modèle:Date-, va faire oublier le relatif échec de L'AvareModèle:Sfn.
Saison 1669-1670 : la troupe a suivi la cour à Chambord du Modèle:Date- au Modèle:Date-. C’est là qu’est joué Monsieur de Pourceaugnac, nouvelle comédie-ballet, où Modèle:Citation. La pièce est plus dure pour les médecins que Le Malade imaginaire, aussi âpre que L'Amour médecin. Reprise à Paris en novembre, elle y obtient un vif succèsModèle:Sfn.
Pour le carnaval, un spectacle est commandé à Molière : ce seront Les Amants magnifiques, comédie en cinq actes et en prose, Modèle:Citation. Le spectacle donné à Saint-Germain, en Modèle:Date-, Modèle:Citation.
Saison 1670-1671 : Modèle:Souverain-, qui vient de recevoir à Versailles l'ambassadeur ottoman Soliman AgaModèle:Sfn, veut donner à sa cour une comédie-ballet où des Turcs apparaissent sur scène à leur désavantage. Molière compose le texte, Lully la musique : l'ensemble donne Le Bourgeois gentilhomme. Le texte et l'intrigue n'ont ici qu'une importance secondaire, l'accent étant mis sur le côté spectaculaire d'une pièce qui se termine dans une Modèle:Citation. Donnée sept fois devant la cour en Modèle:Date-, puis au Palais-Royal à partir du Modèle:Date-, la pièce est Modèle:Citation.
En Modèle:Date-, dans la grande salle des Tuileries<ref group="n">Cette salle construite par Le Vau et Modèle:Citation (Modèle:Harvsp), mais elle avait une très mauvaise acoustique.</ref>, la Troupe du Roi crée devant la cour la tragédie-ballet de Psyché. Pressé par le temps, Molière a dû demander l'aide de Pierre Corneille et Philippe Quinault pour la versification. La musique est de Lully. La jeune Esprit Madeleine Poquelin joue le rôle d'une petite Grâce accompagnant Vénus<ref>Voir Modèle:Harvsp et La fille de Molière et la musique.</ref>.
Saison 1671-1672 : Les Fourberies de Scapin, créées le Modèle:Date-, sont un échec : Modèle:Nobr seulement, avec des recettes de plus en plus faibles. À croire que le public a partagé l'opinion que Boileau exprimera deux ans plus tard dans son Art poétique : Modèle:Citation La pièce connaîtra le succès après la mort de Molière : Modèle:Nobr de 1673 à 1715<ref>Gabriel Conesa, dans Modèle:Harvsp.</ref>.
En Modèle:Date-, le roi commande pour l’arrivée de la nouvelle épouse de Monsieur un ballet, La Comtesse d'Escarbagnas, joué plusieurs fois devant la courModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, Les Femmes savantes, septième et dernière grande comédie en cinq actes et en vers de Molière, est créée au Palais-Royal. C'est un franc succès : Modèle:Nombre de recetteModèle:Sfn. Bussy-Rabutin estime que c'est Modèle:Citation. La pièce sera affichée sans discontinuer jusqu'au Modèle:Date-, en deçà et au-delà du relâche de Pâques<ref group="n">Malgré cela, Grimarest évoquera (1705, Modèle:P.) un accueil pour le moins mitigé : Modèle:Citation</ref>. Le roi la verra deux fois, la première à Saint-Cloud, le Modèle:Date-, la seconde le Modèle:Date- à Versailles ; ce sera alors la dernière fois que Molière jouera à la courModèle:Sfn.
Le Modèle:Date, Molière et sa famille s’installent rue de Richelieu, dans une vaste maison à deux étages avec entresol<ref group=n>On connaît l’ameublement et la disposition des lieux par l’inventaire après décès dressé à sa mort. Le loyer est de Modèle:Nb, au lieu de 550 pour la rue Saint-Thomas-du-Louvre.</ref>.
Le Modèle:Date-, la troupe donne la première représentation du Malade imaginaire, Modèle:Citation employant huit chanteurs et nombre de danseurs et musiciens. Loin d'être secondaires, les intermèdes musicaux occupent plus d'une heure dans la pièce et la musique de Charpentier, Modèle:Citation. C'est un succès : Modèle:Citation La quatrième sera fatale à Molière.
Avec Monsieur de Pourceaugnac (1669), Le Bourgeois gentilhomme (1670) et Le Malade imaginaire (1673), Molière est parvenu, écrit Georges Forestier, Modèle:Citation. En même temps, comme le fait remarquer Ramon Fernandez, Monsieur de Pourceaugnac présente Modèle:Citation, comme c'était déjà le cas dans Amphitryon, George Dandin et L’Avare : Molière s'est désintéressé de la leçon morale de la comédieModèle:Sfn.
Le conflit avec Lully et la réponse de Molière
À partir de 1664<ref name=Mazouer/>, et pendant huit ans, Molière et Lully, surintendant de la musique royale, collaborent avec succès, Lully composant la musique des comédies de Molière pour les grandes fêtes royales. Comme Molière, il pensait jusqu’alors l’opéra en français impossible. Le succès de Pomone, premier opéra français, le fait changer d’avis. En Modèle:Date-, Lully obtient du roi l’exclusivité des spectacles chantés et interdit aux troupes théâtrales de faire chanter une pièce entière sans sa permission<ref group="n">Des lettres patentes de mars 1672 portaient défense à toutes personnes Modèle:Citation (Voir Modèle:Harvsp, t.9, Modèle:P..)</ref>. La troupe de Molière proteste, une bonne partie de son répertoire étant constituée de comédies-ballets. Le Modèle:Date-, le roi lui accorde la permission d’employer Modèle:Nobr et Modèle:Nobr, à peu près l’effectif utilisé par son théâtreModèle:Sfn.
Le Modèle:Date-, La Comtesse d'Escarbagnas est donnée au Palais-Royal avec une musique nouvelle de Marc-Antoine Charpentier, récemment revenu de ses études à Rome<ref name=Mazouer>Modèle:Harvsp.</ref>. En septembre, un nouveau privilège accorde à Lully la propriété des pièces dont il fera la musiqueModèle:Sfn. Molière confie aussi à Marc-Antoine Charpentier les intermèdes musicaux de pièces anciennes qu'il reprend, tel Le Mariage forcé dont le trio burlesque « La, la, la, la, bonjour » est resté célèbreModèle:Sfn.
Le goût du roi va à l’opéra, au détriment de ce que pratique Molière, attaché à l’importance du texte parlé et à la primauté de l’écrivain sur le musicien<ref group="n">Voir Modèle:Harvsp. À ce titre, le musicologue Philippe Beaussant suggère que le désaccord entre le musicien royal et Molière aurait une origine « esthétique ». Selon lui : Modèle:Citation (Philippe Beaussant, Molière et l'opéra, Modèle:Date-, Modèle:P..).</ref>. Mais le roi aime aussi la comédie. Le succès du Bourgeois gentilhomme Modèle:Incise et le triomphe de Psyché avec une musique de Marc-Antoine Charpentier au Palais-Royal, le Modèle:Date-Modèle:Sfn, lui ont aussi confirmé que la troupe peut prospérer en jouant des pièces avec ballets et parties chantées pour le seul public parisien.
« Malade imaginaire » et maladie réelle : légendes et réalités
Depuis le Modèle:S mini- et surtout le Modèle:S mini- siècles, amateurs de Molière et historiens se sont interrogés sur la santé de cet auteur qui a été emporté par la maladie au sortir de la quatrième représentation du Malade imaginaire, le 17 février 1673, et ils ont reconstruit l'histoire de sa santé à partir de la fin. Découvrant que Molière était resté éloigné du théâtre à deux reprises en février 1666 et en avril 1667 et qu'on avait alors craint pour sa vie – le Modèle:Date- 1666, le protestant Élie Richard écrit à son cousin Élie Bouhéreau, qui habite Dublin : Modèle:Citation et en avril 1667 le gazetier Charles Robinet écrit : Modèle:Citation – ils en ont déduit que des rumeurs avaient commencé à courir sur sa santé dès 1665 et qu'il aurait rechuté en 1666, premières atteintes du mal qui allait le ronger puis l'emporter huit ans plus tard. En fait, les gazetiers, qui ont continué à signaler les maladies et les fièvres qui mettaient en danger les personnages les plus importants de Paris et de la Cour et qui avaient les yeux constamment fixés sur Molière, n'ont plus jamais signalé quelque maladie, quelque défaillance, quelque accès de fièvre et ont manifesté, comme tous les contemporains, une surprise extrême à l'annonce de sa mort (voir l'article Mort de Molière).
De la même manière, les historiens ont lu au sens littéral des passages contenus dans une comédie-pamphlet intitulée Élomire hypocondre (1670) : Modèle:Citation Mais la lecture de l'ensemble du texte fait découvrir au contraire que c'est un Molière en pleine forme qui énonce ce symptôme et que sa femme se désespère de voir qu'il se croit malade alors qu'il a toute sa santé : l'intention de l'auteur d'Élomire hypocondre était de retourner contre Molière la satire anti-médicale contenue dans la plus récente comédie-ballet de Molière (Monsieur de Pourceaugnac) et de présenter Molière comme un hypocondriaque qui se croit malade et veut consulter des médecins et des guérisseurs qui se moquent de lui.
Dans la préface de l'édition posthume des Œuvres de Monsieur de Molière, attribuée à La Grange, un comédien entré dans la troupe en 1659 et qui y est resté jusqu'à la fin, ce dernier écrit : Modèle:Citation bloc
Après la mort de Molière, aucune des très nombreuses épitaphes qui circuleront dans les semaines et les mois suivants ne laissera pourtant entendre que Molière était malade ; bien au contraire, beaucoup joueront avec le paradoxe que Molière, à jouer le malade et à feindre le mort en scène, a été rattrapé par la maladie et par la mort qui s'est ainsi vengée.
C'est à partir d'un roman biographique diffamatoire entièrement tourné contre Armande Béjart (La Fameuse Comédienne, anonyme, 1687) qu'est apparu le thème d'un Molière hanté par les infidélités de sa femme et progressivement rongé par la jalousie au point de s'en rendre de plus en plus malade. La même idée sera reprise par son premier biographe, Grimarest (La Vie de M. de Molière, 1705), ouvrage qui pourrait ensuite avoir influencé divers recueils de souvenirs sur le grand comédien. Ainsi lit-on, sous la plume de Jacques de Losme de Montchesnay (1666-1740), confident de Boileau, l'anecdote selon laquelle cet ami de Molière lui aurait conseillé de quitter le théâtre, du moins comme acteur : Modèle:Citation bloc La maladie devait toutefois progresser et se transformer en bronchite chronique pour finalement dégénérer en pneumonie ou en pleurésie<ref>D'après Modèle:Harvsp et la notice du Malade imaginaire dans Modèle:Harvsp.</ref>. C'est à partir de ces divers témoignages Modèle:Incise, que l'histoire de la création de sa dernière comédie a été reconstituée. Il est en effet frappant qu'en 1673, Molière crée au Palais-Royal une comédie mêlée de musique (de Marc-Antoine Charpentier) et de danses, Le Malade imaginaire, sa trentième pièce, dans laquelle il joue le personnage d'Argan, qui doit feindre d'être mort et dont une des répliques est précisément : Modèle:Citation Beaucoup de critiques ont dès lors estimé que le choix d'un tel sujet ne saurait être attribué à une pure coïncidence. Patrick Dandrey y voit Modèle:Citation. D'autres critiques ont reconstitué tout le parcours de Molière à partir de cette dernière pièce, tel Gérard Defaux, selon qui Molière était certainement conscient qu'il allait livrer sa dernière pièce :Modèle:Citation bloc
Une mort légendaire
Les circonstances
Le Modèle:Date-, un an jour pour jour après la mort de Madeleine Béjart, la Troupe du Roy donne la quatrième représentation du Malade imaginaire. Molière, qui y tient le rôle d'Argan, se sent plus fatigué qu'à l'ordinaire par sa « fluxion de poitrine », mais il refuse d'annuler la représentation. Selon le témoignage de La Grange (ci-contre)Modèle:Sfn, la mort serait survenue sur les dix heures du soir au 40, rue de Richelieu, ce que confirme la requête qu'Armande Béjart, veuve du défunt, a fait parvenir à l’archevêque de Paris, et dans laquelle elle fournit divers détails omis par Grimarest, notamment les allées et venues qui ont duré plus d’une heure et demie pour trouver un prêtre<ref name="Jurg551">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette requête est le témoignage le plus fiable avec celui de La Grange.
L'idée selon laquelle il fut pris d'un malaise sur scène et qu'il était Modèle:Citation n'apparaît que dans des récits romancés postérieurs qui s'accordent seulement sur le fait qu'il mourut quelques heures plus tard<ref group="n">Pierre Bayle rend compte, dans son Dictionnaire historique et critique, de la légende alors répandue selon laquelle Molière serait mort sur scène : Modèle:Citation (Dictionnaire historique et critique, Modèle:P..).</ref>.
Se fondant sur les souvenirs très peu fiables (si l'on en croit ses contemporains) de l'acteur Michel Baron, Grimarest a donné un récit circonstancié de cette fin, entièrement centré sur le seul Baron, qui sera repris sous des formes plus ou moins épuréesModèle:Sfn par les historiens des {{#switch: et
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: XIX|-| – | XIX }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: et|-| – | et }}Modèle:S mini- siècles
}}, alors même qu'il est par avance contredit par le texte de la requête présentée par Armande Béjart à l'archevêque de Paris au lendemain de la mort de Molière : Modèle:Citation bloc
L’inhumation
Molière n’ayant pas signé de renonciation à sa profession de comédien, il ne peut recevoir une sépulture religieuse, car le rituel du diocèse de Paris subordonne l’administration des sacrements à cette renonciation faite par écrit ou devant un prêtreModèle:Sfn. L’Église est embarrassée. Le curé de Saint-Eustache ne peut, sans faire scandale, l’enterrer en faisant comme s’il n’avait pas été comédien. Et, de l’autre côté, refuser une sépulture chrétienne à un homme aussi connu risquait de choquer le public. La solution était de s’adresser à l’archevêque de Paris, ce que fait Armande le Modèle:Date- dans sa requête, où elle affirme que des trois prêtres de la paroisse de Saint-Eustache auxquels elle avait fait appel pour porter l'extrême-onction à Molière, deux avaient refusé de venir et le troisième était arrivé trop tard<ref name=Jurg551/>. Pour plus de sûreté, elle va se jeter aux pieds du roi, qui la Modèle:Citation tout en faisant écrire à l'archevêque Modèle:Citation. Ce dernier, après enquête, Modèle:Citation recueillies, permet au curé de Saint-Eustache d’enterrer Molière, à condition que cela soit Modèle:Citation. Molière est donc enterré de nuit le 21 février dans le cimetière de la chapelle Saint-Joseph<ref name=Port60>Sainte-Beuve, Portraits littéraires, Modèle:P..</ref>.
Le récit de la cérémonie est fait par un témoin anonyme sur un pli adressé à un prêtre de l'église Saint-Joseph : Modèle:Citation bloc
Le Modèle:Date- suivant, La Gazette d'Amsterdam consacrera un article à la mort et à l'enterrement de Molière<ref>Cité dans Modèle:Harvsp.</ref>. Du 13 au Modèle:Date- suivant, on procède à un inventaire de ses biens<ref>Transcription intégrale dans Modèle:Harvsp.</ref>.
La fin brutale d'un comédien aussi célèbre et controversé donna lieu à une centaine d’épitaphes et de poèmes. La plupart exprimaient de l'hostilité à l'égard de Molière, d'autres célébraient ses louanges, comme l’épitaphe composée par La Fontaine : Modèle:Vers
Le Modèle:Date-, désireuses d’honorer les cendres des grands hommes, les autorités révolutionnaires firent exhumer les restes présumés de Molière, et ceux de La Fontaine qui reposait dans le même lieu. L’enthousiasme étant retombé, les dépouilles restèrent de nombreuses années dans les locaux du cimetière, puis furent transférées en l'an VII au musée des monuments français. Quand ce musée fut supprimé, en 1816, on transporta les cercueils au cimetière de l’Est, l'actuel Père-Lachaise, où ils reçurent une place définitive le Modèle:Date.
Épilogue
Une semaine après la mort de Molière, les représentations reprennent : Le Misanthrope d'abord, avec Baron dans le rôle d'Alceste, puis Le Malade imaginaire, avec La Thorillière dans celui d'Argan. Au cours de la clôture de Pâques, Baron, La Thorillière et le couple Beauval quittent la troupe pour rejoindre l'hôtel de Bourgogne ; un mois plus tard, le roi reprend aux camarades de Molière la salle qu'il avait accordée en 1660 à la Modèle:Citation et la donne à Lully, afin d'y représenter ses spectacles d'opéra.
En 1680, un décret royal fait obligation à la Troupe du Roy à l'hôtel de Guénégaud de fusionner avec la Troupe Royale de l'hôtel de Bourgogne : c'est la naissance de la Comédie-Française. La nouvelle compagnie, assez nombreuse pour se partager entre Paris et les lieux de résidence de la cour, joue désormais tous les jours de la semaine, et non plus seulement les Modèle:Citation.
En 1682, La Grange<ref group=n>Aidé, s'il faut en croire Jean Nicolas du Tralage (Notes et documents sur l'histoire des théâtres de Paris, Modèle:P.), d'un certain Vivot. Voir la note ci-dessus.</ref>, à qui Armande Béjart avait remis tous les papiers de son défunt mariModèle:Sfn, publie les Œuvres de Monsieur de Molière en huit tomes, dont les deux derniers, intitulés Œuvres posthumes, donnent à lire pour la première fois des pièces que Molière n'avait jamais fait paraître. Selon certainsModèle:Sfn, La Grange n'aurait pas hésité à modifier les dialogues de plusieurs comédies ; ce faisant, il inaugurait une pratique éditoriale qui s'est prolongée jusqu'aujourd'hui<ref group="n">C'est ainsi que tous les éditeurs du Festin de Pierre jusqu'à la plus récente édition de la Pléiade, ont présenté comme étant celui de Molière un texte « bâtard », qui résultait d'un montage des éditions parisienne et hollandaise de 1682 et 1683, et dont le titre avait été modifié au dernier moment par La Grange.</ref>. Le premier volume s'ouvre sur une préface non signée mais assurément composée par La Grange<ref group="n">Le texte est rédigé à la première personne du singulier : Modèle:Citation.</ref> et qui constitue la première notice biographique consacrée à Molière.
En 1705, Jean-Léonor Le Gallois de Grimarest publie, sous le titre de La Vie de M. de Molière, la première véritable biographie du Modèle:Citation, dont une grande partie des éléments lui a été fournie par le comédien Michel Baron et qui, maintes fois rééditée en dépit des critiques dont elle a été l'objet dès sa parution, reste un document incontournable.
En 1723, la postérité de Molière s'éteint avec la mort de sa fille, Esprit-Madeleine Poquelin.
La vie de Molière reste encore mal connue. Nous ne possédons de lui ni lettres, ni brouillons, ni mémoires. Les maisons dans lesquelles il a vécu ont disparu. Les seuls restes tangibles de son existence sont un ensemble d'actes notariés signés de sa main et le fauteuil dans lequel il a eu un malaise lors de sa dernière représentation (reproduit plus haut).
L'homme Molière
Aspect physique et traits de caractère
On attribue à mademoiselle Poisson<ref group=n>Marie-Angélique de Lécole (1657-1756), fille d'un premier mariage de Marie Claveau, la femme de Du Croisy, joua des rôles d'enfant en 1671 au Palais-Royal (elle avait alors Modèle:Nobr) et n'entra dans la troupe qu'après la mort de Molière. Elle épousa Paul Poisson, fils de Raymond. Le moliériste Georges Monval a montré en 1887 que le portrait de Molière qu'on lui attribue était plus vraisemblablement l'œuvre d'Antoine-Gaspard Boucher d'Argis.</ref> un portrait de Molière assez précis, que Jean-Louis Ignace de La Serre a reproduit en 1734 :
Ce jugement est corroboré par de nombreux témoignages, tous, il est vrai, postérieurs à la mort de Molière. Dès 1674, Samuel Chappuzeau fait un vibrant « Éloge de Molière » :
La même année, dans la comédie L'Ombre de Molière, Brécourt dresse de son ancien camarade de scène un portrait tout aussi flatteur, le décrivant comme Modèle:Citation.
Dans la préface de 1682, La Grange, qui a été son camarade durant plus de treize ans, le décrit comme : Modèle:Citation bloc
Ce côté rêveur est également mentionné par Grimarest : Modèle:Citation De même, Nicolas Boileau Modèle:Citation
En 1663, dans sa comédie Zélinde ou la véritable critique de l'École des femmes, Donneau de Visé présente Élomire [Molière] appuyé sur un comptoir et silencieux, Modèle:Citation bloc
Et Donneau précise plus loin que Molière semblait cacher sous son manteau des tablettes sur lesquelles il notait les propos entendus ou dessinait les grimaces des gens qu'il observait.
Plusieurs anecdotes attestent qu'il était aussi d'un tempérament impatient et Modèle:Citation. Grimarest relève également qu'Modèle:Citation, qu'Modèle:Citation et que Modèle:Citation.
L'acteur et le chef de troupe
En ce qui a trait à ses qualités d'acteur, Modèle:Citation Modèle:Citation Selon Donneau de Visé, Modèle:Citation À propos du jeu de Molière dans Sganarelle, il écrit dans ses commentaires publiés sous le pseudonyme de Neuf-Villenaine : Modèle:Citation, ajoutant que Molière comme acteur avait Modèle:Citation.
En revanche, Molière était médiocre dans le genre sérieux et se faisait régulièrement siffler dans des rôles tragiquesModèle:Sfn. Comme le note Charles Perrault en 1697 : Modèle:Citation
Ses qualités d'acteur ainsi que Modèle:Citation l'avaient tout naturellement porté à la tête de ses camarades et il a laissé le souvenir d'un Modèle:Citation. Perfectionniste, il préparait la représentation d'une nouvelle pièce par des répétitions précises et minutieuses, qui pouvaient parfois durer plus de deux moisModèle:Sfn. Donneau de Visé en donne ce témoignage :Modèle:Citation bloc Lors de la représentation du Tartuffe en Modèle:Date-, Charles Robinet note : Modèle:Citation
Comme le souligne René Bray, Modèle:Citation Ses camarades continuèrent à lui faire confiance car il s'était acquis leur loyauté et, même au cours des pires moments qu'elle eut à traverser, Modèle:Citation. Il lui fallut aussi arbitrer à plusieurs reprises les rivalités de préséance entre les trois comédiennes vedettes de la troupe : Madeleine Béjart, la plus ancienne, la Du Parc renommée pour sa beauté et la De Brie dont le talent était remarquableModèle:Sfn.
Excellent improvisateur, il a été jusqu'à l'automne 1664 l'orateur de la troupe, chargé de présenter la pièce avant la représentation pour obtenir l'attention du public tout en vantant l'intérêt ou le mérite des acteurs. Cette tâche, qui exigeait Modèle:Citation, fut ensuite confiée à La GrangeModèle:Sfn.
Ses amis et connaissances
Molière ne semble pas avoir eu de véritables liens d'amitié avec les comédiens de sa troupe, à l'exception de Baron, et un historien a pu souligner comme « l'un des paradoxes du personnage, modèle de tous les comédiens français, [le fait] que sa vie professionnelle ait été entièrement vouée au théâtre, alors que ses amitiés, ses attachements, ses goûts, ses intérêts intellectuels […] le portaient vers les salons et les compagnies savantes, vers des poètes, des traducteurs, des philosophes, des médecins, des physiciens, des voyageurs »Modèle:Sfn. On relève ainsi, parmi ses fréquentations plus ou moins proches, le poète libertin Chapelle, le philosophe François de La Mothe Le Vayer, précepteur de Monsieur, son fils l'abbé La Mothe Le Vayer, aumônier de Madame et passionné de comédie<ref group="n">Nicolas Boileau confiera plus tard à son ami Pierre Le Verrier : « Tout abbé qu'il était, jamais homme ne fut plus passionné pour la comédie. Il était ami de Molière, qui […] souffrit que cet abbé allât dans leurs loges, et c'était lui qui mettait la paix entre elles. Car à coup sûr elles sont toujours brouillées ensemble. » (Les Satires de Boileau commentées par lui-même, Modèle:P..)</ref>, et sa nièce Honorée de BussyModèle:Sfn. Il fréquentait aussi le médecin et voyageur François Bernier, vulgarisateur de l'œuvre de Gassendi<ref group="n">Sur Bernier, voir « Bernier et les gassendistes », Corpus, revue de philosophie, Modèle:N°/21 (mis en œuvre par Sylvia Murr), Paris, 1992.</ref>, le mathématicien et physicien Jacques RohaultModèle:Sfn, le secrétaire d'État Louis-Henri de Loménie de Brienne, les peintres Nicolas et Pierre MignardModèle:Sfn, les frères Pierre<ref group=n>Pierre Boileau de Puymorin, frère du satiriste, fut en octobre 1672 le parrain du second fils de Molière et Armande Béjart. La marraine était Catherine Mignard, fille du peintre.</ref>, Gilles et Nicolas Boileau, l'avocat Bonaventure de FourcroyModèle:Sfn, le nouvelliste et dramaturge Jean Donneau de Visé, longtemps son détracteur, ainsi que son médecin Armand-Jean de MauvillainModèle:Sfn. Il a également compté parmi ses amis Jean-Baptiste Lully, avec qui il collabora jusqu'en 1672, et un certain M. de Saint-Gilles, intendant de Brienne, qui avait été l'ami de Cyrano de Bergerac et d'Henry Le Bret, dont on sait peu de choses, mais qu'au dire de Boileau, Molière aurait peint dans Le Misanthrope sous le nom de Timante.
Il recevait parfois ses amis dans la maison qu'il louait à Auteuil depuis 1667. Une soirée est restée célèbre sous le nom de « souper d'Auteuil », auquel participaient entre autres Chapelle, Baron, Lully, Alexis de Sainte-Maure, marquis de Jonzac, premier écuyer de Monsieur, et François du Prat, chevalier de Nantouillet<ref group="n">Ce mémorable souper, dont Grimarest fait une longue relation dans sa Vie de M. de Molière (1705, Modèle:P.), a inspiré le vaudeville Le Souper de Molière ou La Soirée d'Auteuil de Charles Louis Cadet de Gassicourt (1795), sa réadaptation intitulée Molière avec ses amis ou Le Souper d'Auteuil de Rigaud et Jacquelin (1801) ainsi qu'une pièce récente : Le Banquet d'Auteuil (2011).</ref>.
Molière penseur de la société de son époque ?
La critique est divisée sur la façon de juger Molière. On l’a décrit comme « un bourgeois qui possède un sens aigu du travail et de la responsabilité envers sa troupe », un Modèle:Citation ou un écrivain engagéModèle:Sfn. À la suite de Henry Becque et Émile Faguet, certains moliéristes, comme Paul Bénichou et René Bray, affirment la primauté chez Molière de l’homme de théâtre et du praticien de la scène sur le penseur et l'homme de lettres, alors que d'autres voient en lui un philosophe et un Modèle:CitationModèle:Sfn. Ses comédies, qui reproduisent la nature en peignant la réalité sociale, contiennent cependant suffisamment d'ambiguïté dans l'exagération même des portraits qu'elles peignent pour se prêter à des lectures contradictoires : Modèle:Citation
Selon Cyril Chervet, il importe de dépasser les ambiguïtés de la tradition biographique pour se centrer sur les pièces et les textes qui les accompagnent, qui révèlent Modèle:Citation Sans être « libertin » au sens moderne du mot ni porteur d'un système philosophique précis, Molière apparaît comme un homme qui Modèle:Citation et dont les pièces présentent des échos de disputes philosophiques qui servent Modèle:Citation.
À partir de 1658, année où sa troupe est agréée par le frère du roi, Modèle:Citation. Loin de s’en tenir à représenter des divertissements anodins, il s’attaque alors à des sujets qui touchent au vif certaines institutions ou pratiques établies. Dès 1659, il propose dans Les Précieuses ridicules une critique du parler précieux dont l’effet est dévastateur sur les tenants de cette mode. Le grammairien Gilles Ménage se souvient de la première représentation de la pièce : Modèle:Citation<ref group=n>Menagiana ou bons mots, rencontres agréables, pensées judicieuses et observations curieuses de M. Ménage, I, Paris, 1694, Modèle:P., accessible sur Google Livres.
Quoi qu'en dise cet auteur, le langage précieux n'a pas disparu, comme le souligneront Voltaire et divers commentateurs (voir Notice des Précieuses ridicules, Modèle:P.).</ref>.
Avec L'École des maris (1661) et plus encore L'École des femmes (1662), Molière se moque des tyrans domestiques et plaide en faveur de l’éducation des femmes<ref group="n">Certains critiques ont soutenu que cette position nettement féministe sera contredite par Les Femmes savantes (1672) : en fait, ce qui est critiqué dans cette dernière pièce n’est pas l’éducation des jeunes filles, mais le snobisme pseudo-savant et les affectations de Modèle:Citation, selon Modèle:Harvsp.</ref>. Il affiche aussi une audace et une maîtrise dans le maniement des sous-entendus qui commencent à inquiéter les milieux dévots.
Allant encore plus loin dans la critique sociale, il dénonce dans Le Tartuffe les escroqueries qui se commettent sous le couvert de la dévotion et revendique le droit pour la comédie de travailler à réformer les mœurs, contestant ainsi la compétence exclusive que l'Église prétendait avoir en ce domaine. Ainsi que l'ont noté des critiques : Modèle:Citation
Grâce à la protection du roi, Molière jouissait assurément d'une position sociale relativement enviable ; cela n'empêche, selon Roger Duchêne, que trois de ses comédies : L'École des femmes, Le Festin de Pierre et Le Tartuffe, Modèle:Citation. En faisant de la comédie un lieu de débats de société<ref>Voir le chapitre « Sacerdos sive rhetor, orator sive histrio : rhétorique, théologie et "moralité du théâtre"» dans Modèle:Harvsp.</ref>, il serait ainsi devenu pour les milieux dévots l'adversaire à combattre. À bien des égards, Modèle:Citation
L'œuvre
L'œuvre de l'écrivain Molière est indissociable de son métier d'acteur : Modèle:Citation Au total, il a tenu Modèle:Citation
À l'exception de quelques préfaces et poèmes de circonstance<ref group="n">Sur l'œuvre non dramatique de Molière, voir Georges Mongrédien, « Les Poésies de Molière et celles qui lui ont été attribuées », Revue d'histoire littéraire de la France, janvier-mars 1927, Modèle:P., et octobre-décembre 1927, Modèle:P., consultable sur Gallica.</ref>, cette œuvre est entièrement dramatique et se compose d'une trentaine de comédies, accompagnées ou non d'entrées de ballet et de musique. Dans ses débuts, au cours de ses treize années de carrière provinciale (voir plus haut), il a composé des farces, dont deux seulement, La Jalousie du Barbouillé et Le Médecin volant, ont été conservées.
Sources
Selon Claude Bourqui, Modèle:Citation Accusé d'avoir fait plusieurs emprunts au Pédant joué de Cyrano de Bergerac, Molière aurait répondu : Modèle:Citation
Au cours de ses pérégrinations en province, Molière pratique la farce dans le style italien de la commedia dell'arte dont il assimile les procédés et les structures dramatiquesModèle:Sfn, tout en retenant aussi des personnages types, tels Scapin ou Covielle, ou créant de nouveaux noms à consonance italienne, tels MascarilleModèle:Sfn ou SganarelleModèle:Sfn. Dans ce théâtre, le rapport au texte est très fluide et laisse aux acteurs une marge d'improvisationModèle:Sfn. L'une de ses premières farces, Le Médecin volant, serait peut-être adaptée du Modèle:Langue d'un anonyme italienModèle:Sfn. L'Étourdi est assurément imité de Modèle:Langue de Niccolò Barbieri (Turin, 1628), dans lequel apparaît Scappino (Scapin)Modèle:Sfn. Le Dépit amoureux est inspiré d'une pièce de Nicolo Secchi, Modèle:Langue (1581)Modèle:Sfn. De même, Le Festin de Pierre reprend la légende de Don Juan, que Tirso de Molina avait portée au théâtre en 1630 avec Modèle:LangueModèle:Sfn, mais il est douteux que Molière ait lu cette première version, et les historiens s'accordent à dire qu'il a emprunté principalement au Festin de Pierre de Dorimond (1659) et à celui que les Italiens jouaient dans le début des années 1660.
Le Médecin malgré lui Modèle:Citation Molière adapte aussi des pièces du théâtre antique. Son Amphitryon reprend, à quelques scènes près, celui de Plaute, tandis que L'Avare est une adaptation de l'Modèle:Langue (La Marmite). Psyché est tirée d'un passage des Métamorphoses d'ApuléeModèle:Sfn.
Parfois, les adaptations sont masquées. Aux Adelphes de Térence, il emprunte quelques éléments de L'École des maris et à son Modèle:Langue la structure des Fourberies de ScapinModèle:Sfn. Dom Garcie de Navarre ou le Prince jaloux est adapté d'une pièce de Cicognini, tandis que La Princesse d'Élide est adaptée d'une pièce d'Agustin MoretoModèle:Sfn.
Molière emprunte parfois des éléments à diverses sources, Modèle:Citation : L'École des maris combine une comédie espagnole d'Antonio Hurtado de Mendoza avec une farce italienne ; L'École des femmes contamine une nouvelle de Scarron avec une farce italienneModèle:Sfn ; Le Tartuffe emprunte surtout à Flaminio Scala, Vital d'Audiguier et Antoine Le Métel d'Ouville ainsi que, de façon accessoire, à une nouvelle de Scarron, Les Hypocrites, qu'il contamine avec des Modèle:Langue italiensModèle:Sfn et, selon certains, il emprunterait aussi à la pièce de Pierre l'Arétin, Modèle:Langue<ref group="n">Claude Bourqui, qui s'en tient aux seules « sources avérées », rejette cette source (Modèle:P.), mais ses critères en matière de source sont jugés trop restrictifs car ils ne tiennent pas compte de tout ce que véhiculait la tradition orale ou manuscrite qui n'a été imprimée qu'au siècle suivant, selon Modèle:Harvsp.</ref>.
Dans Les Précieuses ridicules, Molière exploite à titre accessoire un ouvrage de Charles Sorel sur Les Lois de la galanterieModèle:Sfn, tout en reprenant la trame de L'Héritier ridicule (1649) de Paul ScarronModèle:Sfn.
Il construit aussi des intrigues en combinant des idées de personnages qu'il a trouvés dans le Décaméron de Boccace, les nouvelles de Straparole ou les fabliaux du Moyen Âge. Le personnage du Misanthrope pourrait lui avoir été suggéré par une pièce de Ménandre, dont il connaissait des fragments, comme l'indique une déclaration qu'il aurait faite à un ami après le succès des Précieuses : Modèle:CitationModèle:Sfn.
Molière avait des lectures étendues : l'inventaire de sa bibliothèque mentionne quelque Modèle:Nobr d'histoire et de littérature, dont Modèle:Nobr de comédies françaises, italiennes et espagnolesModèle:Sfn.
Liste des pièces
Titre | Genre | Musique | Nombre d'actes | En vers | Création | Nombre de représentationsModèle:Note | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Le Médecin volant | Farce | 1 | Non | Inconnue | Oui | 14 | 2 | |
La Jalousie du Barbouillé | Farce | 1 | Non | Inconnue | 7 | |||
L'Étourdi ou les Contretemps | Comédie | 5 | Oui | 1655, Lyon | 63 | 12 | ||
Le Dépit amoureux | Comédie | Marc-Antoine Charpentier | 5 | Oui | 1656 | 66 | 10 | |
Les Précieuses ridicules | Comédie | 1 | Non | 1659 | 55 | 15 | ||
Sganarelle ou le Cocu imaginaire | Comédie | 1 | Oui | 1660 | 123 | 20 | ||
Dom Garcie de Navarre ou le Prince jaloux | Comédie héroïque | 5 | Oui | 1661 | 9 | 4 | ||
L'École des maris | Comédie | 3 | Oui | 1661 | 111 | 19 | ||
Les Fâcheux | Comédie-ballet | Jean-Baptiste Lully, puis Marc-Antoine Charpentier (musique perdue) | 3 | Oui | 1661 | Oui | 105 | 16 |
L'École des femmes | Comédie | 5 | Oui | 1662 | 88 | 17 | ||
La Critique de l'École des femmes | Comédie | 1 | Non | 1663 | 36 | 7 | ||
L'Impromptu de Versailles | Comédie | 1 | Non | 1663 | Oui | 20 | 9 | |
Le Mariage forcé | Comédie-ballet | Jean-Baptiste Lully, puis Marc-Antoine Charpentier | 1 | Non | 1664 | Oui | 36 | 6 |
La Princesse d'Élide | Comédie galante | Jean-Baptiste Lully | 5 | Mixte<ref group="n">Acte I et début de l'acte II, l'auteur ayant ensuite renoncé aux vers pour des raisons de délais.</ref>. | 1664 | Oui | 25 | 9 |
Le Tartuffe ou l'Hypocrite | Comédie | 3 | 1664 | Oui | 2 | |||
Le Festin de Pierre | Comédie | 5 | Non | 1665 | 15 | |||
L'Amour médecin | Comédie | Jean-Baptiste Lully | 3 | Non | 1665 | Oui | 63 | 4 |
Le Misanthrope | Comédie | 5 | Oui | 1666 | 63 | |||
Le Médecin malgré lui | Comédie | Jean-Baptiste Lully ? puis Marc-Antoine Charpentier (musique perdue) | 3 | Non | 1666 | 61 | 2 | |
Ballet des Muses : Mélicerte | Comédie pastorale héroïque | 2 | Oui | 1666 | Oui | 1 | ||
Ballet des Muses : Pastorale comique | Pastorale comique | Jean-Baptiste Lully | 1667 | Oui | 1 | |||
Ballet des Muses : Le Sicilien ou l'Amour peintre | Comédie | Jean-Baptiste Lully, puis Marc-Antoine Charpentier Antoine Dauvergne | 1 | Non | 1667 | Oui | 20 | 1 |
Amphitryon | Comédie | 3 | Oui | 1668 | 53 | 3 | ||
George Dandin ou le Mari confondu | Comédie | Jean-Baptiste Lully | 3 | Non | 1668 | Oui | 39 | 4 |
L'Avare | Comédie | 5 | Non | 1668 | 47 | 3 | ||
Le Tartuffe ou l'Imposteur | Comédie | 5 | Oui | 1669 | Oui | 82 | 13 | |
Monsieur de Pourceaugnac | Comédie-ballet | Jean-Baptiste Lully | 3 | Non | 1669 | Oui | 49 | 5 |
Les Amants magnifiques | Comédie | Jean-Baptiste Lully | 5 | Non | 1670 | Oui | 6 | |
Le Bourgeois gentilhomme | Comédie-ballet | Jean-Baptiste Lully, puis Richard Strauss, | 5 | Non | 1670 | Oui | 48 | 4 |
Psyché | Tragédie-ballet | Jean-Baptiste Lully, puis Marc-Antoine Charpentier
(musique perdue) |
5 | Oui | 1671 | Oui | 82 | 1 |
Les Fourberies de Scapin | Comédie | 3 | Non | 1671 | 18 | 1 | ||
La Comtesse d'Escarbagnas | Comédie | Marc-Antoine Charpentier | 1 | Non | 1671 | Oui | 18 | 1 |
Les Femmes savantes | Comédie | 5 | Oui | 1672 | 24 | 2 | ||
Le Malade imaginaire | Comédie avec musique et danses | Marc-Antoine Charpentier, puis
André Jolivet, |
3 | Non | 1673 | 4 |
Textes théoriques
- Préface des Précieuses ridicules, 1660.
- Préface de L'École des femmes, 1662.
- Premier « Placet », 1664.
- « Au lecteur » de L'Amour médecin, 1665.
- Second « Placet », 1667.
- Troisième « Placet », 1669.
- Préface de Le Tartuffe ou l’Imposteur, 1669.
Poèmes de circonstances
- Remerciement au Roy, 1663<ref>Remerciement au Roy.</ref>
- A Monsieur de La Mothe Le Vayer sur la mort de monsieur son fils, 1664<ref>Modèle:Harvsp, tome IX.</ref>
- La Confrérie de l'esclavage de Notre-Dame de la Charité<ref>Modèle:Harvsp, tome IX.</ref>
- Bouts-rimés commandés sur le bel air (1667 ?)<ref>Modèle:Harvsp, tome IX.</ref>
- Au Roi, sur la conquête de la Franche-Comté, 1668<ref>Modèle:Harvsp, tome IX.</ref>
- La Gloire du Val-de-Grâce, 1669<ref group=n>Poème de quelque 360 vers écrit pour Modèle:Citation (Modèle:Harvsp). Selon Boileau, Modèle:Citation (Modèle:Harvsp. Lire La Gloire du Val-de-Grâce.</ref>
Les formes du comique
Molière a pratiqué la plupart des genres dramatiques de comique : farce, comédie d'intrigue, comédie de mœurs, comédie de caractère, comédie-ballet. Comme le note Forestier : Modèle:Citation Tous ses procédés se ressemblent par l'effet qu'ils provoquent : Modèle:Citation. Paul Léautaud, quant à lui, voit chez Molière « un comique douloureux, comme est le vrai comique<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ».
Il intègre dans sa création, tout comme dans son jeu d'acteur, des personnages fort différents : Modèle:Citation.
Il ne se répète jamais et n’enferme pas ses personnages dans des stéréotypes : ses médecins se comportent tantôt comme des avocats, tantôt comme des prêtres. « Chacune de ses pièces est une entité organique (an organic whole) avec son type de comique et son propre rythme »Modèle:Sfn.
Chez Molière, le comique, loin d'être gratuit, vise à attirer l'attention sur des défauts courants ou à stigmatiser des réalités sociales : Modèle:Citation En un sens, c'est la fonction classique du rire, dont Bergson a dit qu'il est Modèle:Citation Ainsi que l'observe Patrick Dandrey, Modèle:Citation.
Il ne s'attaque pas à des pratiques réputées malhonnêtes, mais aux comportements non réfléchis et aux multiples illusions par lesquelles les humains s'aveuglent sur eux-mêmesModèle:Sfn. Et sa critique n'épargne pratiquement personne : Modèle:Citation
Molière a pour ambition de fournir à ses contemporains un miroir de leurs ridicules, comme il l'affirme dans La Critique de l'École des femmes : Modèle:Citation Le public était à même de se reconnaître dans les ridicules mis en scène. Or, faire rire aux dépens de grands personnages ne va pas sans risques, comme Il s'en explique notamment dans L'Impromptu de Versailles : Modèle:Citation bloc
En élevant l'art de la comédie au niveau jusque-là tenu par la tragédie, Molière était conscient d'innover et s'est expliqué sur ses choix théoriques dans La Critique de l'École des femmes (1663). Comme le souligne Robert Garapon : Modèle:Citation
Comique verbal
Molière a recours à toutes les formes du comique verbal : équivoque, répétition, aparté, quiproquo, dialogue de sourds, éloge paradoxal ou parodieModèle:Sfn. Il réussit à harmoniser des styles différents chez un même personnage en jouant sur l'exagération, la répétition et la symétrieModèle:Sfn.
Il ne répugne pas au calembour, pourvu que celui-ci s'accorde à son personnage : Modèle:Citation bloc
L'éloge paradoxal apparaît notamment dans Le Festin de Pierre, où le valet Sganarelle fait l'éloge du tabac<ref>Dom Juan ou le Festin de pierre, Acte I, scène 1..</ref>, tandis que le héros, Dom Juan, fait l'éloge de l'infidélité amoureuse<ref>Dom Juan ou le Festin de Pierre, Acte I, scène 2.</ref> et de l'hypocrisie<ref>Dom Juan ou le Festin de Pierre, Acte V, scène 2.</ref>. Ce même procédé peut prendre la forme de l'antiphrase, comme dans le passage où Sbrigani félicite Nérine de ses exploits, en réalité des méfaits qu'il présente comme des actions louables (voir encadré ci-contre).
Le comique inhérent à un éloge paradoxal peut n'être pas saisi par celui qui en est l'objet. Ainsi, dans Monsieur de Pourceaugnac, l'Apothicaire fait un éloge outré d’un médecin sans que celui-ci y trouve à redire : Modèle:Citation bloc
L'amphigouri est une autre figure propre à susciter le rire. En présence d’un homme bien portant, ce même médecin pose son diagnostic au moyen d’un long discours émaillé de jargon professionnel : Modèle:Citation bloc
Dans Le Médecin malgré lui, Sganarelle feint d'être médecin et recourt à du pseudo-latin ainsi qu'à des termes techniques médicaux auxquels il mêle des absurdités (encadré). Il termine par une conclusion devenue proverbiale : Modèle:Citation
Molière recourt volontiers à des déformations du français par un parler étranger ou régional, tels les propos en pseudo-turc dans Le Bourgeois gentilhomme<ref>Le Bourgeois gentilhomme, Acte IV, scène 3.</ref>. Dans Monsieur de Pourceaugnac, un personnage camoufle son origine en affectant d'être un marchand flamand : Modèle:Citation Plus loin, Lucette feint d'être une Gasconne qu'aurait épousée jadis M. de Pourceaugnac : Modèle:Citation bloc
Dans la scène suivante, Nérine feint d'être une autre épouse de M. de Pourceaugnac et ses déclarations, en picard, font écho de façon parodique aux affirmations de la pseudo-Gasconne dans une Modèle:Citation : Modèle:Citation bloc
Molière recourt évidemment à l'exagération, qui est un ressort comique d'autant plus efficace qu'elle s'accorde avec le personnage dont elle caricature le caractère. Ainsi, dans L'Avare, Harpagon, ayant perdu la cassette contenant sa fortune, fait venir la police. Il s’ensuit cet échange : Modèle:Citation bloc
Comme l'a noté Ramon Fernandez, ces divers procédés sont renforcés par le découpage des scènes et le rythme des dialogues, qui ressemblent à des mouvements de danseModèle:Sfn : Modèle:Citation
Comique gestuel et visuel
Molière exploite toutes les ressources du comique visuel hérité de la farce et de la commedia dell'arte : poursuites, coups de bâton, gesticulations, grimaces. Les contemporains ont laissé de nombreux témoignages de son extraordinaire plasticité corporelle : Modèle:Citation Même ses adversaires reconnaissaient son talent de comédien. Selon Donneau de Visé, alias Villenaine : Modèle:Citation
Ainsi que nous en prévient Molière dans la préface des Précieuses ridicules, la seule lecture du texte de ses pièces ne saurait donc rendre justice aux multiples éléments déclencheurs du comique que la mise en scène fait apparaître : Modèle:Citation.
Il choisit pour ses personnages des costumes très colorés<ref group="n">Modèle:Citation.</ref>, auxquels il ajoute parfois des accoutrements extravagants. Par exemple, Mascarille, le « petit marquis » des Précieuses ridicules, joué par Molière lui-même, est ainsi décrit par une spectatrice de l'époque : Modèle:Citation bloc
Dans L'École des femmes, Arnolphe, impuissant à se faire aimer d'Agnès, en vient à la supplier en des termes ridiculement dramatiques : Modèle:Vers
Cette déclaration était accompagnée de Modèle:Citation, comme nous l'apprend un personnage de La Critique de l'École des femmes<ref group="n">[[s:La Critique de L’École des femmes/Édition Louandre, 1910|Scène 5, Modèle:P.]]. Le personnage d'Arnolphe a toutefois fait l'objet d'interprétations contradictoires. Ridicule pour les uns et dans les représentations scéniques habituelles, il représente pour Simone Weil l'extrême misère d'une âme souffrant d'une passion non partagée. Aussi, un critique voit-il dans cette pièce une « tragédie burlesque », qui fait disparaître les oppositions tranchées entre tragédie et comédie (Modèle:Harvsp).</ref>.
Molière fait volontiers apparaître ses personnages sous des déguisements pour tromper ou mystifier. Dans Le Malade imaginaire, la jeune servante Toinette se déguise en vieux médecin pour émettre un diagnostic qui se termine par la fameuse réplique du « poumon » (Acte III, scènes 8 et 10). Dans Dom Juan, c'est Sganarelle qui se déguise en médecin et prescrit des émétiques aux effets funestes (Acte III, scène 1). Dans Amphitryon, Mercure prend la figure du valet d'Amphitryon, Sosie, pour servir les desseins amoureux de Jupiter. Le garçon amoureux se déguise en intendant dans L'Avare, en fils du Grand Turc dans Le Bourgeois gentilhomme, en maître de musique dans Le Malade imaginaire : cela lui permet dans chacun de ces cas de Modèle:CitationModèle:Sfn.
Jusqu'en 1661, Molière a recours à un masque quand il interprète le personnage de Mascarille. Par la suite, il jouera Sganarelle sans masque, mais se noircit les sourcils et la moustache au charbon ou à l'encreModèle:Sfn. Il continue cependant à utiliser des masques faits sur mesure pour certains personnages, tout particulièrement les médecins dans plusieurs pièces, dont L'Amour médecin et Le Malade imaginaireModèle:Sfn.
Il imagine des situations proprement burlesques, comme dans Monsieur de Pourceaugnac où un intrigant persuade un provincial un peu épais de se travestir en femme pour échapper à ses poursuivants (Acte III, scènes 1-4). La bouffonnerie des déguisements relève donc aussi du comique de situation.
Situations cocasses et renversements de perspective
Le comique de situation abonde dans les pièces de Molière : un personnage tient à voix haute des propos qu’il dément en aparté ; le mari sort de sa maison sans voir l'amant qui y entre ; un personnage que l’on sait attaché à la ruine d’un autre personnage accable ce dernier de compliments outrés dont il ne croit pas un seul mot. Ou encore, comme le signale Bergson : Modèle:Citation
Un déclencheur courant est un renversement radical de situation ou de perspective. Ainsi, dans L'Avare, le courtier Simon présente à Harpagon un emprunteur potentiel qui n'est autre que Cléante, son fils. Le père découvre que son fils est dépensier, en même temps que le fils découvre que son père est un usurier : Modèle:Citation bloc
La mise en scène de deux personnages contrastés produit aussi un effet comique, comme le note Bergson, parce que la dissemblance attire l'attention sur leur physique plutôt que sur le contenu de leurs propos<ref>Bergson, Le Rire, Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation bloc
Manies et traits de caractère ridicules
Dans une étude sur le génie de Molière parue en 1736, l'écrivain et comédien Luigi Riccoboni oppose la comédie de caractère à la comédie d'intrigue : alors que, dans cette dernière, l'action et ses rebondissements sont essentiels, la première se consacre d'abord à peindre des caractères d'où découlera une action. À cet égard, Modèle:CitationModèle:Sfn.
Une source importante du comique moliéresque réside en effet dans la conception des personnages principaux, souvent affligés d'une manie poussée jusqu'à l'invraisemblanceModèle:Sfn. C'est cette manie qui suscite le comique, selon la thèse du philosophe Henri Bergson qui, dans son étude sur le rire, s'appuie sur les pièces de Molière pour montrer que le rire est suscité par le spectacle Modèle:Citation. Le rire est Modèle:Citation par lequel l'individu et la société tendent à se préserver : Modèle:Citation bloc
Comme le note Jacques Scherer, Modèle:Citation
Cette manie pousse les personnages à un tel niveau d'aveuglement qu'ils deviennent leurs pires ennemis. Ainsi, dans L'Avare, Harpagon, rendu fou par le vol de sa cassette, s'écrie : Modèle:Citation
Les contemporains ont si bien reconnu en Molière Modèle:Citation, qu'ils l'ont surnommé « le peintre » et ont trouvé en lui un nouveau Térence, auteur latin considéré alors comme Modèle:CitationModèle:Sfn.
L'ensemble de ses pièces compte quelque Modèle:NobrModèle:Sfn. Poussant les portraits des principaux jusqu'à la caricature, Molière a réussi à en faire des types : Tartuffe reste le modèle de la dévotion feinte, Harpagon est l'avarice personnifiée, Argan est le malade imaginaire par excellence, Monsieur Jourdain est le type du bourgeois sot et vaniteux qui croit pouvoir s'acheter une apparence de noblesse.
Les noms propres sont souvent révélateurs : Trissotin est le modèle du pédant « triplement sot » dans Les Femmes savantes, le médecin Diafoirus dans Le Malade imaginaire évoque quelque lavement « foireux »<ref>Voir le CNRTL sur foirer.</ref>, le bourgeois Gorgibus est le père des précieuses ridicules, Arnolphe dans L'École des femmes s'appelle « de La Souche », patronyme fort approprié à un homme hanté par le cocuage et anxieux d'assurer la transmission de son titreModèle:Sfn, etc.
Comique de répétition
Molière exploite les effets comiques produits par la répétition, tant sur le plan verbal des dialoguesModèle:Sfn que dans les grandes structures de l’actionModèle:Sfn.
Un exemple célèbre de répétition verbale est la scène du Malade imaginaire où la servante Toinette déguisée en médecin émet le même diagnostic (« le poumon ») à chacun des symptômes énumérés par Argan<ref>Le Malade imaginaire, Modèle:Nobr romains, scène 10.</ref>. De même, la réplique récurrente « Sans dot ! » que fait Harpagon aux arguments opposés à son projet de marier sa fille au vieil Anselme<ref>L'Avare, Modèle:Nobr romains, scène 7.</ref>.
Parfois, les répétitions s'enchaînent en séries, montrant chez Molière Modèle:Citation, comme lorsque l'apothicaire offre un clystère à M. de Pourceaugnac : Modèle:Citation bloc
Cette même séquence réapparaît quelques scènes plus loin, lorsque M. de Pourceaugnac fait le récit de ses mésaventures à celui-là même qui les a machinées, mêlant le comique de répétition au comique de situation : Modèle:Citation bloc
On trouve aussi nombre de cas de répétition structurelle. À cet égard, la répétition d’un quiproquo est doublement comique. Dans George Dandin ou le Mari confondu, Lubin, qui est au service de l’amant, se trompe par trois fois sur Modèle:Citation
La répétition est comique parce qu'elle suggère, comme l'a noté Bergson, l'idée d'un automatisme non maîtrisé : Modèle:Citation bloc
Les décors de Molière
Molière prenait grand soin non seulement des costumes, mais aussi des décors, même pour des représentations en plein air, comme celle qu'il donna de George Dandin ou le Mari confondu à Versailles en 1668 : Modèle:Citation
De nouvelles possibilités scéniques s’étaient mises en place dès le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans les grandes salles parisiennes : l’Hôtel de Bourgogne, le théâtre du Marais, la salle du Petit-Bourbon et tout particulièrement le théâtre du Palais-Royal, dont Philippe Cornuaille a reconstitué l'architecture scénique à un moment clé de son histoire grâce à l’observation de plans et de documents jusqu’ici peu ou pas exploitésModèle:Sfn.
Pour la plupart des comédies de Molière créées à la villeModèle:Note, il n'existe que peu de commentaires ou de documents contemporains touchant à la scénographie, hormis un manuscrit exceptionnel concernant Le Festin de PierreModèle:Sfn et quelques mémoires présentés par des fournisseurs, notamment pour la création du Malade imaginaire<ref>Voir Modèle:Harvsp.</ref> avec la musique composée par Marc-Antoine Charpentier. La plupart du temps, c’est la fonction même du décor induite par l’action qui aide à visualiser celui-ci. Il est en effet possible de cadastrer des périmètres où le décor prend toute son importance, tant il est lié à l’action. Les exemples de L'École des maris et de L'École des femmes sont frappants avec le déplacement parfois progressif, parfois brutal, d’un endroit à un autre, d’un décor de maison vers un autre décor. Le regroupement des comédies par thème Modèle:Incise aide à mieux discerner une évolution dans tel ou tel type de scénographie et souligne l’importance que pouvait accorder Molière à la fonction dramaturgique d’un décorModèle:Sfn,Modèle:Note.
Les copieuses relations faites par La Fontaine<ref>La Fontaine, « Lettre à M. De Maucroix. Relation d'une fête donnée à Vaux. 22 août 1661 ».</ref>, FélibienModèle:Sfn ou la Gazette donnent un luxe de détails sur les décorations de la plupart des comédies-mêlées de Molière. En plus d’une fonction inscrite dans l’action, les décors et la scénographie prennent alors une forte valeur ornementale et spectaculaire. Quelques gravures publiées à grands frais à l’occasion de divertissements royaux restent les uniques représentations visuelles crédibles de certaines mises en scène, comme ces illustrations de George Dandin ou de La Princesse d’ÉlideModèle:Sfn.
Réception critique et interprétations
Réception et diffusion
En France
De son vivant, les détracteurs de Molière lui reprochaient de recourir à la farce, considérée comme un genre bas et vulgaire<ref>Voir notamment Modèle:Harvsp.</ref> Modèle:Incise, mais il avait pour lui l'élite intellectuelle de l'époqueModèle:Sfn. Dès 1663, l'influent critique Jean Chapelain louait Molière pour la qualité de son invention et les morales de ses pièces, tout en le mettant en garde contre un excès de bouffonnerie<ref group="n">Modèle:Citation Jugement extrait de la « Liste de quelques gens de lettres vivant en 1662 » (manuscrit conservé à la BNF, cote Ms. fr. 23045), reproduite dans Desmolets, Mémoires de littérature et d'histoire, Paris, 1749, II, 1, Modèle:P., Modèle:Google Livres.</ref>. La même année, Donneau de Visé écrit dans ses Nouvelles Nouvelles : Modèle:Citation
Quant à Boileau, il assistait à ses pièces<ref group="n">Son ami Le Verrier ayant écrit que Boileau « était fort assidu aux comédies de Molière », Boileau corrige : « Je n'étais point assidu aux comédies de Molière.» Les Satires de Boileau commentées par lui-même, 1906, Modèle:P., consultable sur Gallica.</ref> et y riait de bon cœur<ref group=n>Modèle:Citation (Notice de L'Avare en ligne, Modèle:P.).</ref>, même s'il dénonce dans L'Art poétique les disparités de ton et ce qu'il juge être des faiblesses dans l'œuvre de Molière<ref group=n>Modèle:Citation (en fait, c'est Scapin qui enveloppe son maître dans un sac à l'acte III, scène 2 des Fourberies de Scapin).</ref>. Selon un de ses interlocuteurs, il Modèle:Citation. À Modèle:Nobr romains qui lui demandait Modèle:Citation, Boileau aurait répondu que c'était Molière<ref>Mémoires sur la vie de Jean Racine, Modèle:P..</ref>.
On a cru pendant longtemps que La Fontaine évoquait dans Les Amours de Psyché (1669) la petite société littéraire où il retrouvait Molière, Racine et Boileau vers 1660<ref>Les Amours de Psyché, Modèle:P..</ref>. On sait aujourd'hui qu'il n'en est rien<ref>Voir Jean Demeure, « Les Quatre Amis de Psyché », Mercure de France, 15 janvier 1928, Modèle:P., et du même auteur, « L'introuvable société des quatre amis (1664-1665) », Revue d'histoire littéraire de la France, avril-juin 1929, Modèle:P., et juillet-septembre 1929, Modèle:P..</ref>. Tout comme Molière, il assigne à l'œuvre la nécessité de plaire<ref group="n">Collinet relève des citations convergentes entre Molière et La Fontaine, révèle la nature de leur relation : Modèle:Citation (Molière, [[s:La Critique de L’École des femmes/Édition Louandre, 1910|La Critique de l'École des femmes, Modèle:P.]]), à quoi le fabuliste répond en écho : Modèle:Citation Voir Modèle:Harvsp.</ref>. Dès 1661, il lui consacre un petit poème dans une lettre à son ami François de Maucroix<ref group=n>Cette lettre du Modèle:Date- célèbre la nouveauté de l'art de Molière, à une époque où celui-ci n'avait pas encore conquis tout Paris. Sur les rapports entre les deux écrivains, voir Modèle:Harvsp.</ref> et écrit son épitaphe en 1673 (voir plus haut).
La même année, Brécourt publie une comédie intitulée L'Ombre de Molière, dans laquelle le dramaturge est confronté dans l'au-delà à une poignée de ses personnages désireux de se venger de lui pour les avoir tournés en ridicule<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Molière a donc bien donné lieu à un phénomène de Modèle:Citation, comme le note un critique moderne, et Modèle:Citation
Vingt ans après la mort de Molière, Bossuet fustige « ce rigoureux censeur des grands canons, ce grave réformateur des mines et des expressions de nos précieuses », qui « étale cependant au plus grand jour les avantages d'une infâme tolérance dans les maris », qui « sollicite les femmes à de honteuses vengeances contre leurs jaloux », et « a fait voir à notre siècle le fruit qu'on peut espérer de la morale du théâtre, qui n'attaque que le ridicule du monde, en lui laissant cependant toute sa corruption ». Et l'« aigle de Meaux » de conclure en citant l'évangile de Luc : Modèle:Citation
Dans son Dictionnaire historique et critique (1697), Pierre Bayle emprunte une bonne partie de son article sur Molière à l'édition des Œuvres complètes (1682), ajoutant : Modèle:Citation
Au siècle suivant, Molière est Modèle:Citation et est considéré comme un Modèle:Citation. Dès 1705, Grimarest, son premier biographe, estime que Modèle:Citation. Voltaire écrit une Vie de Molière (1739), Chamfort produit un Éloge de Molière et Diderot souligne son génie créateurModèle:Sfn.
Diverses pièces de Molière servent alors de canevas à des dramaturges satirisant les lieux de sociabilité des Lumières : Palissot (Le Cercle, 1755 ; Les Philosophes, 1760), Rochon de Chabannes (La Manie des arts, 1763), Poinsinet (Le Cercle, 1764), Jean-Jacques Rutlidge (Le Bureau d’esprit, 1776), Dorat (Les Prôneurs ou le Tartuffe littéraire, 1777), Jean-Louis Laya (L’Ami des lois, 1793).
En revanche, Jean-Jacques Rousseau reprend contre Molière les griefs que lui ont faits les dévots rigoristes du siècle précédent :
Modèle:Début citation blocPrenons [le théâtre comique] dans sa perfection, c’est-à-dire, à sa naissance. On convient, et on le sentira chaque jour davantage, que Molière est le plus parfait auteur comique dont les ouvrages nous soient connus ; mais qui peut disconvenir aussi que le théâtre de ce même Molière, des talents duquel je suis plus l’admirateur que personne, ne soit une école de vices et de mauvaises mœurs, plus dangereuse que les livres mêmes où l’on fait profession de les enseigner ? Son plus grand soin est de tourner la bonté et la simplicité en ridicule, et de mettre la ruse et le mensonge du parti pour lequel on prend intérêt ; ses honnêtes gens ne sont que des gens qui parlent, ses vicieux sont des gens qui agissent et que les plus brillants succès favorisent le plus souvent ; enfin l’honneur des applaudissements, rarement pour le plus estimable, est presque toujours pour le plus adroit<ref>Lettre à d'Alembert sur les spectacles, Modèle:P..</ref>.Modèle:Fin citation bloc
Cette critique morale de Rousseau vaudra à Molière d'être quelque peu exclu du répertoire pendant les années de la Terreur (1793-1794)Modèle:Sfn.
Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle redécouvre son théâtre, qui est célébré par Hugo, Gautier, Stendhal, Balzac et le critique Sainte-BeuveModèle:Sfn. Dans Une soirée perdue (1840), Musset expose ses impressions après une représentation du Misanthrope, signalant tristement que Modèle:Citation et admirant cette Modèle:Citation.
Molière est de loin l'auteur le plus souvent mis en scène à la Comédie-Française depuis sa fondation il y a plus de trois siècles : en 2008, cette institution totalisait Modèle:Unité de ses pièces contre Modèle:Unité pour Racine et Modèle:Unité pour Corneille. Ses comédies les plus souvent jouées sont Le Tartuffe, L'Avare et Le Malade imaginaireModèle:Sfn.
À l'étranger
Très vite, la renommée de Molière dépasse les frontières et des traductions de ses pièces commencent à apparaître, la première étant celle de L'Amour médecin en néerlandais, en 1666Modèle:Sfn, bientôt suivie par une adaptation de L'Étourdi en anglais, par Dryden (1667)Modèle:Sfn. Avant la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, son œuvre est traduite en italien par Nicolo Castelli<ref>Divisée en quatre volumes, Leipzig, 1697-1698.</ref>. Elle est traduite en anglais, d'abord partiellement par John Ozell (1714)<ref>L'Avare. The Miser. A comedy..</ref>, puis intégralement par Baker et Miller (1739)<ref>The works of Moliere : French and English : in ten volumes..</ref>. La personne de Molière inspire une étude à Luigi Riccoboni (Observations sur la Comédie et le génie de Molière, 1736) et la pièce Il Moliere à Carlo Goldoni (1751). Son œuvre est introduite au Japon à partir de 1868 par Koyo Osaki, où elle est immédiatement Modèle:CitationModèle:Sfn. Elle est maintenant disponible, au moins partiellement, dans plus d'une cinquantaine de langues<ref>Voir WorldCat.</ref>. Selon Simone Bertière, Modèle:CitationModèle:Sfn. Son sens aigu de l'observation le rend universel : Modèle:CitationModèle:Sfn.
Au terme d'une étude sur son œuvre Modèle:Incise, un critique américain concluait : Modèle:Citation<ref group="n">Modèle:Citation étrangère (Modèle:Harvsp.).</ref>.
Une renommée mondiale
À l'approche des célébrations entourant le quatrième centenaire de sa naissance, un dossier du journal Le Monde le présente comme étant Modèle:Citation : Molière est l'incarnation du théâtre dans les pays de langue arabe ; introduit en Chine vers 1930, il y est le dramaturge français le plus connu, notamment grâce à L'Avare et Le Tartuffe ; au Sénégal, il a été récemment traduit en wolof ; toujours joué aux États-Unis, au Brésil et en Russie, son étoile a un peu pâli en Europe, où Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref>.
Interprétations modernes
La critique moderne est divisée sur l'interprétation à faire de cette œuvre, car Modèle:Citation Au contraire de René Bray, qui écrit, non sans provocation, que Modèle:Citation<ref>René Bray, Molière, homme de théâtre, 1954, Modèle:P..</ref>, Gérard Defaux estime que Modèle:Citation et que son théâtre Modèle:CitationModèle:Sfn.
Les pièces se prêtent en effet à des lectures et interprétations parfois très divergentes comme le montrent les mises en scène : Modèle:Citation bloc
Pour sa part, Bernard Sobel donne du Dom Juan une lecture sociologique, montrant Modèle:CitationModèle:Sfn. De même, dans sa mise en scène du Tartuffe en 1990, il Modèle:Citation et présente cette pièce comme Modèle:CitationModèle:Sfn. Dès lors, le comique est évacué au profit du message politique.
À l'étranger, Molière a parfois aussi été replacé dans un contexte actuel. Ainsi, Bill Dexter Modèle:Citation, en utilisant une traduction-adaptation écrite à l'occasion du tricentenaire de la pièce par Tony HarrisonModèle:Sfn. Le Tartuffe a souvent aussi été transposé dans un cadre moderne, que ce soit dans la version anglaise de Ranjit Bolt en 2002<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}The Globe and Mail, Review: Tartuffe delivers shameless, unstoppable comedy at Stratford Festival, 26 août 2017.</ref> ou dans l'adaptation québécoise de Denis Marleau en 2016<ref>La Presse, Tartuffe… en pleine Révolution tranquille, 3 mars 2016.</ref>.
Mise en question de la paternité des œuvres
La paternité des œuvres de Molière est quelquefois l’objet de contestations depuis qu’en 1919 le poète et romancier Pierre Louÿs annonça, dans la revue littéraire ComœdiaModèle:Sfn, avoir mis au jour une supercherie littéraire. Selon lui, Molière n'aurait pas écrit lui-même ses pièces et aurait eu Pierre Corneille pour [[Nègre littéraire|Modèle:Citation]], ou, plus précisément, Molière aurait été le prête-nom de Corneille.
Cette remise en question, quasiment oubliée après l'éclat de Pierre Louÿs, s'est renouvelée et un peu intensifiée depuis les années 2000, notamment avec la publication dans une revue scientifique anglo-saxonne de deux articles<ref>Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp.</ref>, dont le plus récent est le résumé d'une thèse de doctorat russe. Par des méthodes statistiques différentes, ces deux articles constatent la proximité entre le vocabulaire et la syntaxe des deux auteurs et en déduisent que la théorie de Pierre Louÿs est valide. L'un repose sur le calcul de la Modèle:Citation du point de vue lexical ; l'autre repose sur l'analyse de données syntaxiques. Dans les deux cas, l'enquête n'a toutefois pas été élargie aux autres auteurs de comédies du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour vérifier si la proximité entre le vocabulaire et la syntaxe de Corneille et de Molière ne se retrouverait pas aussi chez leurs confrères. Or, justement, une étude plus récente a montré que, si l'on élargit le corpus à d'autres auteurs, la proximité observée entre certaines comédies de Corneille et de Molière n'a rien d'exceptionnelModèle:Sfn.
Un site internet, ouvert en 2011 sous la direction de Georges Forestier, déploie un ensemble d’arguments historiques, philologiques, stylistiques et lexicologiques, ainsi que des témoignages d’époque et des travaux récents qui réfutent la thèse de Louÿs<ref>Modèle:Lien web.</ref> et recense les prétendues Modèle:Citation qui ont pu donner du crédit à cette thèse<ref>Comment on invente des anomalies dans les vies et les relations de Molière et de Corneille.</ref>.
Fin 2019, une nouvelle étude statistique, à l'aide de six méthodes différentes mais concordantes, attribue sans ambiguïté Modèle:Nobr de Molière, Corneille et trois de leurs contemporains à leurs auteurs putatifs : Molière est bien un auteur différent des quatre autres et notamment de Pierre Corneille<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.
Molière dans les autres arts et la culture
La vie de Molière
Au théâtre
Sa vie et des épisodes qui y sont rattachés sont mis en scène dans des pièces de théâtre, tels L'Impromptu du Palais-Royal de Jean Cocteau (1962) ou La Petite Molière de Jean Anouilh et Roland LaudenbachModèle:Sfn.
Dans le roman
Mikhaïl Boulgakov consacre à l'affaire Tartuffe un drame intitulé La Cabale des dévots, dont il reprend ensuite des éléments dans Le Roman de monsieur de Molière (1933), qui tente de combler les vides que l'absence de documents a laissés dans la vie de l'écrivain.
Dans Baptiste ou la dernière saison (1990), Alain Absire expose les intrigues qui hantent la dernière saison du dramaturge<ref>Baptiste ou la dernière saison..</ref>.
Au cinéma et à la télévision
- En 1910, Léonce Perret, Louis Feuillade et Abel Gance réalisent le film Molière<ref>Molière (1910).</ref>. Ce film Modèle:Citation
- En 1922, Jacques de Féraudy réalise le film Molière, sa vie, son œuvre.
- En 1972 Marcel Camus crée le feuilleton Molière pour rire et pour pleurer.
- En 1978, Ariane Mnouchkine réalise le film Molière, qui est centré sur la vie de comédien et restitue l’atmosphère de l'époque, avec Philippe Caubère dans le rôle-titre. Comme le précise Mnouchkine, Modèle:Citation
- En 1994, Robert Wilson réalise La Mort de Molière<ref>IMDB La mort de Molière.</ref>.
- En 2007, Laurent Tirard réalise le film Molière, avec Romain Duris en Molière jeune, et aussi Fabrice Luchini, Laura Morante, Édouard Baer et Ludivine Sagnier. Ce film Modèle:Citation
- En 2008, Jan-Hinrik Drevs et Henrike Sandner réalisent l'épisode Molière de la série Les Grands Dramaturges, avec Michel Galabru<ref>IMDB Molière.</ref>.
Molière apparaît aussi comme personnage secondaire dans des films historiques, tels que Si Versailles m'était conté… (1953) et Si Paris nous était conté (1955) de Sacha Guitry, Marquise (1997) de Véra Belmont, Le Roi danse (2000) de Gérard Corbiau et Jean de La Fontaine, le défi (2007) de Daniel Vigne<ref name=Peacock/>. Au total, Modèle:Citation<ref name="Peacock">Modèle:Harvsp.</ref>.
- Molierissimo est une série télévisée d'animation française en Modèle:Nobr de Modèle:Nobr produite par IDDH et diffusée en octobre 1989 dans Cabou Cadin1 sur Canal+.
Adaptations de ses pièces
Modèle:Article détaillé Plusieurs pièces de Molière ont donné lieu à des adaptations au cinéma, à la télévision, à l'opéra ou en bande dessinée. Les détails et références se trouvent dans les pages consacrées à chacune des pièces<ref>On trouve une filmographie complète sur le site toutmoliere.net.</ref>. Les pièces les plus souvent adaptées sont :
- Le Bourgeois gentilhomme : huit adaptations pour le petit ou le grand écran entre 1958 et 2009. Nombreuses reprises à l'opéra.
- Le Misanthrope : sept adaptations à l'écran entre 1971 et 2013.
- L'Avare a connu une première adaptation par Georges Méliès en 1908 (voir ci-contre), suivie de deux films (1980 et 1990) et deux téléfilms (1973 et 2006).
- La pièce est adaptée en bande dessinée par François Torres et Simon Léturgie en 2009, chez Vents d'Ouest<ref>Fnac.</ref>.
- Le Tartuffe ou l'Imposteur a fait l'objet d'un film muet réalisé en 1926 par F. W. Murnau, puis d'un film noir et blanc (Le Tartuffe, 1962), par Jean Meyer et, en 1980, d'un film de Jean Pignol pour TF1. La mise en scène de la pièce par Jacques Lassalle avec François Perrier et Gérard Depardieu, a été filmée par ce dernier en 1984 et distribuée sous le titre Le Tartuffe.
- Fred Duval en a fait le scénario d'une bande dessinée : Tartuffe. De Molière 1 (2008).
- Le compositeur américain Kirke Mechem en a tiré un opéra bouffe en trois actes, créé en 1980 à l'opéra de San Francisco (voir Tartuffe de Mechem).
- Monsieur de Pourceaugnac a connu plusieurs adaptations en opéra bouffe (1792, 1827 et 1897) et deux adaptations au cinéma (1930, 1985).
- Les Précieuses ridicules, opéra comique en un acte de François Devienne, livret de Pierre Louis Moline, (1791)
- Dom Juan ou le Festin de Pierre compte deux adaptations pour la télévision (1965 et 1998) et une adaptation au cinéma (1998).
- Simon Léturgie en a tiré le roman graphique : Dom Juan (2008).
- Le Médecin malgré lui a été adapté au cinéma par Émile Chautard en 1910 et par Carlo Campogalliani en 1931.
- La pièce a été adaptée à l'opéra par Charles Gounod (1858) et reprise par Erik Satie (1923) puis par Laurent Pelly (2016).
- Georges Dandin, opéra en trois actes d'Alexandre Tansman (1973-1974).
- Les Fourberies de Scapin ont été adaptées pour la télévision en 1965, puis pour le cinéma en 1980.
- L'École des femmes a fait l'objet d'un film inachevé de Max Ophüls en 1940. La pièce a fait l'objet d'un téléfilm en 1973. Ingmar Bergman en a tiré un téléfilm en suédois, en 1983.
- George Dandin a fait l'objet, en 1988, sous le titre de Dandin, d'une adaptation cinématographique par Roger Planchon.
- Simon Léturgie a adapté la pièce en roman graphique avec Richard Martino (Vents d'Ouest, 2006)
Hommages
- Seulement deux monuments dédiés à Molière existent : la fontaine Molière, située à Paris, place Mireille, dans le Modèle:1er arrondissement ; l'autre à Pézenas, square Molière.
- En 1959, la Banque de France crée un [[Billet de 500 francs Molière|billet de Modèle:Nobr à l'effigie de Molière]]. Il remplace le [[Billet de 500 francs Victor Hugo|Modèle:Nobr Victor Hugo]] et sera remplacé à son tour par le [[Billet de 500 francs Pascal|Modèle:Nobr Pascal]] en 1968.
- En 1960, son nom a été donné à l'astéroïde {{#switch: 3046
| s = | S = [[S/Molière ({{{3}}}{{#if: |{{{4}}}) {{{5}}}|) {{{4}}}}}|S/Molière ({{{3}}}{{#if: |{{{4}}}) {{{5}}}|) {{{4}}}}}]] | {{#expr: 3046*1 }} = Modèle:Nobr | #default = [[3046{{#if: Molière |Molière|}}|3046{{#if: Molière |Molière|}}]] }}. En 1976, le cratère Molière, à la surface de Mercure, a également été nommé ainsi en son honneur.
- Depuis 1987, la Nuit des Molières récompense chaque année par une vingtaine de prix les meilleurs artistes et productions du théâtre français.
- En 1996, François de Mazières, dans une volonté de promouvoir le théâtre populaire, crée le Mois Molière, festival de théâtre et de musique qui se déroule tous les ans du Modèle:1er au Modèle:Date-, dans les rues, parcs, théâtres et sites historiques de la ville de Versailles. Il accueille aujourd'hui plus de Modèle:Nb.
- Le Modèle:Date-, les élèves de la promotion 2018-2019 de l'École nationale d'administration (ENA) ont choisi comme nom de promotion « Molière ». Ils souhaitaient par ce choix « souligner l’universalité de Molière qui, à travers son œuvre, a permis le rayonnement de la langue française »<ref name=ena>Modèle:Lien web.</ref>, et promouvoir le dramaturge « dont les pièces sont connues de l’ensemble de la société française et de la francophonie »<ref name=ena/>, soulignant qu'en tant qu'« observateur attentif de son époque, Molière a su dépeindre des situations sociales toujours d’actualité »<ref name=ena/>.
- De nombreux lieux et établissements portent son nom, notamment la rue Molière dans le Modèle:1er arrondissement de Paris ; la rue Molière à Nantes ; la rue Molière à Mèze ; plusieurs théâtres, notamment celui de Sète, ainsi que des lycées, tels ceux de Paris, Madrid et Rio de Janeiro.
- En 2013, un documentaire-fiction, intitulé Molière tombe le masque !, réalisé par David Jankowski, lui est consacré dans le cadre de l'émission Secrets d'histoire, présentée par Stéphane Bern. Le documentaire retrace son enfance ainsi que sa carrière au théâtre, tout en tentant de percer les secrets de sa personnalité<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- En 2022, une exposition intitulée "Molière en costumes " lui est consacrée tout l'été au niveau du Centre national du costume de scène à Moulins, avec 134 tenues provenant des principales pièces et mises en scène du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avec des documents iconographiques de l'époque contemporaine<ref>Modèle:Lien web</ref>
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Modèle:Intérêt d'un article bibliographique spécifique
Éditions de référence
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Études et ouvrages cités
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- Henry Becque, « Molière et L'École des femmes » (Conférence prononcée à Bruxelles en 1886), dans Œuvres complètes, tome VII, Paris, G. Crès & Cie, 1926, Modèle:P., accessible sur Gallica.
- Paul Bénichou, Morales du Grand siècle, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des idées, 1948, 227 p. Réédition, Paris, Gallimard, coll. Folio Essais, 1988, 313 p.
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- Modèle:Ouvrage. Réédition, 1979 ; nouvelle édition, 1992.
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- Catherine Cessac, Marc-Antoine Charpentier, Fayard, 2004. Le musicien de Molière, Modèle:P., 38, 54, 61-87, 89, 141, 164, 170, 222, 229, 453
- Catherine Cessac, Marc-Antoine Charpentier, Musique pour les Comédies de Molière, édition scientifique, Centre de musique baroque de Versailles, coll. "Monumentale", 2019.
- Modèle:Ouvrage. Réédition par Georges Monval, Paris, 1876, consultable sur Gallica
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- Émile Faguet, En lisant Molière. L'homme et son temps. L'écrivain et son œuvre, Paris, Hachette, 1914.
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- Modèle:Ouvrage (Initialement publié sous le titre La Vie de Molière (Paris, Gallimard, 1929).)
- Modèle:Chapitre. [Seul le premier tiers de l'article est consultable.]
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- Anatole Loquin, Molière à Bordeaux vers 1647 et en 1656, avec des considérations nouvelles sur ses fins dernières, à Paris en 1673... ou peut-être en 1703, Paris, Libraires associés, 2 vol. in-8°, 1896 et
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- Louis Moland, Molière, sa vie et ses ouvrages, avec une notice sur le théâtre et la troupe de Molière, Paris, Garnier Frères, 1887.
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- Charles Perrault, article « Jean Baptiste Poquelin de Molière », dans Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, Paris, Antoine Dezallier, 1697, tome I, Modèle:P..
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- Jean Rohou et Brigitte Prost, Lectures du Misanthrope, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016, 163 p.
- Modèle:Article.
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- Modèle:Article, Modèle:P..
- Modèle:Chapitre
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- Léon Thoorens, Le Dossier Molière, Verviers, Marabout Université, 1664.
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- Modèle:Article
Articles connexes
- Paternité des œuvres de Molière
- Comédie-Française
- Excommunication des comédiens
- Littérature française du XVIIe siècle
- Fonds Molière de la Bibliothèque de Toulouse
- Jean Poquelin, curé d'Assé-le-Bérenger
- Armand-Jean de Mauvillain (médecin et ami de Molière)
Liens externes
- Tout Molière : biographie, bibliographie, filmographie, un dictionnaire des termes moliéresques et l'intégralité des œuvres commentées (site généraliste créé par la ville de Pézenas.)
- « Éphémérides » de François Rey : 1659, 1660, 1661, 1662, 1663, 1664, 1665, 1666, 1667, 1668, 1669.
- Molière sur le site de la Comédie-Française.
- Molière 21 : base de données intertextuelle de contextualisation et de comparaison de différentes versions de certains passages des comédies de Molière (Site associé à l'Université Paris-Sorbonne.)
- Georges Bégou, Molière. L'illustre voyage de A à Z, préface Jérôme Savary, Aldacom, 2008.
- Œuvres complètes de Molière : tome 1, tome 2 et tome 3, notes de Philarète Chasles, sur le site du Projet Gutenberg
- Modèle:Lien web
- Modèle:Lien web
- Modèle:Lien web
- Exposition du CNCS de Moulins : Molière en costumes ;140 costumes illustrant les personnages de l'œuvre de Molière à l'occasion du Modèle:400e anniversaire de sa naissance.
Notices et ressources
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