François de La Mothe Le Vayer (1588-1672)

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox

François de La Mothe Le Vayer, né le Modèle:Date de naissance<ref>Ou 1583, selon Auguste Jal, dans son Dictionnaire critique de biographie et d'histoire : il l’avait relevée dans les registres paroissiaux de Saint-Germain-L'Auxerrois à Paris, avant qu’ils ne soient détruits dans l’incendie de l’Hôtel-de-Ville au cours de la Commune de 1871. Sa notice exclut formellement la datation jusque-là retenue : « Quant à la date 1588 que les biographes assignent à la venue au monde de François de La Mothe, elle est erronée. Il naquit le Modèle:Date de naissance-, de Félix de La Mothe Le Vayer […] et de demoiselle Gatienne Le Breton, et fut tenu sur les fonts le lendemain [à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois]. Modèle:Lien web » Il ne peut donc être question, contrairement à ce qu’avance Florence L. Wickelgren, dans La Mothe Le Vayer, sa vie et son œuvre, Paris, 1934, Modèle:P., d’une « erreur typographique ». Cependant, l’historienne appuie son choix de la date de 1588 sur deux citations pour le moins troublantes du philosophe lui-même. La première se lit à la première page de ses Observations diverses sur la composition et la lecture des livres (Paris, Billaine 1668) : Modèle:Citation Le second se lit l’année suivante dans le « Prolégomène au lecteur » du Discours pour montrer que les doutes de la philosophie sceptique sont de grand usage dans les sciences : « Me considérant dans l’année qu’on appelle la grande climatérique, parce qu’elle est de neuf fois neuf, j’ai pensé que difficilement j’aurais les Muses favorables… » Renvoyant à d’autres citations encore, René Pintard conclut (Le Libertinage érudit, Modèle:P.) que Jal a dû confondre dans ses notes un 3 avec un 8.</ref> à Paris où il est mort le Modèle:Date, est un philosophe, philologue et historien français, et l'un des principaux représentants de la pensée dite libertine<ref>Pour une critique radicale de cette catégorie, voir Alain Mothu, « Pour en finir avec les libertins », Les Dossiers du Grihl, Les dossiers de Jean-Pierre Cavaillé, Libertinage, athéisme, irréligion. Essais et bibliographie, mis en ligne le 9 septembre 2010 Modèle:Lien web.</ref> au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Longtemps négligée, sous-estimée, voire dédaignée<ref>Voir, par exemple, Jean Grenier, « Le sceptique masqué : La Mothe Le Vayer », La Table ronde, no 22, octobre 1949, Modèle:P. : « La Mothe Le Vayer est un de ces auteurs de l'âge classique qui furent célèbres et qui sont aujourd'hui oubliés ; qui représentèrent parfaitement leur époque et par conséquent ne lui ont pas survécu, parce qu'ils n'eurent pas une originalité assez tranchée […] À vrai dire, il serait inutile de s'occuper d'eux […] s'ils n'incarnaient pas quelquefois une attitude durable de l'esprit humain […] La Mothe Le Vayer lui-même n'est pas un homme qui puisse nous retenir longtemps. »</ref>, malgré quelques études pionnières et la thèse fondatrice de René Pintard (1943), son œuvre fait l'objet, depuis la fin des années 1980, d'une réévaluation enthousiaste, dont témoignent de nombreuses rééditions et une abondante bibliographie critique.

La vie et l'œuvre

Jeunesse et maturité

Félix de La Mothe Le Vayer (1547-1625), père de François, substitut du procureur général au Parlement de Paris, appartenait à une grande famille du Mans<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Un chroniqueur du temps le dit « homme savant ès langues grecque et latine, et bien versé en la jurisprudence, médecine, philosophie, mathématique, poésie, histoire, art de rhétorique et autres<ref>Pierre Guillebaud, dit en religion Pierre de Saint-Romuald, dans son Trésor chronologique et historique, Modèle:T., Paris, 1647, Modèle:P..</ref> ». De sa femme, Gatienne Le Breton, il eut neuf enfants, dont François fut l'aîné.

Sur son enfance et sa jeunesse, on sait peu de choses. Il apprend, sans doute avec passion, le grec et le latin, dont ses œuvres sont littéralement truffées. Il étudie le droit à la faculté de Poitiers, où il est fait bachelier in utroque jure, puis licencié, en mai 1606<ref>Modèle:Lien web.</ref>. La même année, il est reçu substitut en survivance de son père.

Dans quel état d'esprit aborde-t-il l'âge adulte ? Il en dira quelques mots dans son dialogue « De la vie privée » :Modèle:Citation bloc

Dans son Hexaméron rustique, publié deux ans avant sa mort, il reviendra, très allusivement, sur cette première partie de sa vie :Modèle:Citation bloc

Le 11 juillet 1622<ref>Plusieurs biographes donnent la date de 1628, qui est impossible puisque Félix, le père, qui mourra en 1625, est le témoin de son fils. Le contrat de mariage, conservé aux Archives nationales, est cité par Émile Magne dans Une amie inconnue de Molière, Paris, Émile-Paul frères éditeurs, 1922, Modèle:P.. Modèle:Lien web.</ref>, il épouse Hélène Blacvod, fille du philosophe d'origine écossaise Adam Blackwood<ref>Une autre de ses filles, Catherine, épousa Guillaume Le Bel, seigneur de Bussy, dont elle eut un fils, Paul, et une fille, Honorée, qui sera une amie de Molière dans les années 1660 et à laquelle Tallemant des Réaux consacrera une « historiette » Modèle:Lien web. Après le décès d'Hélène Blacvod, Honorée, qui vit chez les Le Vayer depuis cinq ans, tiendra le ménage du philosophe jusqu'à son remariage en 1664. Voir Émile Magne, Une amie inconnue de Molière, Paris, Émile-Paul Frères, 1922 Modèle:Lien web.</ref> et veuve depuis onze ans de George Crichton, dit Critton, jurisconsulte et helléniste également écossais, professeur au Collège royal de France<ref>Voir Abbé Claude Goujet, Mémoire historique et littéraire sur le Collège royal de France, Paris, 1758, Modèle:T., Modèle:P. Modèle:Lien web.</ref>. Dans son dialogue « Du mariage », il assurera à ses interlocuteurs qu'il n'est « entré dans le mariage que par des mouvements supérieurs, en un temps auquel [sa] volonté s'assujettissait par divers respects à celle d'autrui<ref>Modèle:Lien web.</ref> ».

Au moment de son mariage, il habite encore chez son père, rue Hautefeuille, mais il semble s'être déjà fait un nom dans les compagnies lettrées de la capitale. Une trentaine d'années plus tard, son ami Michel de Marolles, évoquant dans ses Mémoires la haute figure de Marie de Gournay, « fille d'alliance » de Montaigne, notera<ref>Modèle:Lien web.</ref>, sous la date de 1623, que « plusieurs savants hommes la visitaient fort souvent, et la bonne damoiselle comptait au rang de ses meilleurs amis M. de La Mothe Le Vayer<ref>Voir Giovanni Dotoli, « De Montaigne à La Mothe Le Vayer, un libertin ami de Modèle:Mlle de Gournay », Littérature et société en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:Vol., Schena-Didier Érudition, 2000, Modèle:P..</ref> [et d'autres], tous assez connus dans la république des lettres<ref>Nombre d'auteurs continuent d'écrire que La Mothe Le Vayer aurait hérité de la bibliothèque de Marie de Gournay, morte en 1645. Cette légende est née sous la plume de Pierre Guillebaud (en religion, le père de Saint-Romuald), qui, dans son Trésor chronologique et historique, Modèle:T., Paris, Sommaville, 1647, p. 985, rapporte que « la Demoiselle de Gournay, mourut âgée de plus de quatre-vingts ans […] après avoir fait son testament, dans lequel […] elle donne tous ses manuscrits et livres curieux aux doctes personnages qui la fréquentaient, et particulièrement au sieur de La Mothe Le Vayer, disant que c’est à cause des bons offices de prudence, de candeur et de foi qu’il lui a rendus, outre sa suffisance et doctrine, que ses livres témoignent assez par leur qualité et quantité. » En réalité, dans son testament (reproduit in extenso par Élyane Dezon-Jones dans Marie de Gournay, Fragments d'un discours féminin, Paris, Librairie José Corti, 1988, Modèle:P.), la vieille demoiselle ne léguait au philosophe que « deux petits sacs de papiers curieux » et « son exemplaire de la troisième impression de son livre Les Avis en six cahiers non reliés, […] pauvre orphelin que sa mère commet en mourant à un tel tuteur si fidèle et affectionné, qui lui a rendu mille bons et dignes offices de prudence, de candeur et de foi ; quant à sa suffisance et doctrine, ses livres connus partout le témoignent assez en quantité et en qualité ».</ref> ».

Vers le même temps, ou peu après, il est introduit dans l'académie ou « cabinet » des frères Pierre et Jacques Dupuy<ref>Sur les frères Dupuy, voir la liste des travaux de Jérôme Delatour sur son blog. Modèle:Lien web.</ref>, dont les réunions se tiennent chaque jour à l'Hôtel de Thou, non loin de chez lui. Il y côtoiera pendant de longues années quelques-uns des principaux érudits et savants de l'époque<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Félix de La Mothe Le Vayer étant mort le 25 septembre 1625, son fils lui succède dans sa charge. On ne sait quand précisément il s'en démit<ref>Le privilège de son opuscule De la liberté et de la servitude est accordé, le 20 janvier 1643, « au Sieur de La Mothe Le Vayer, Substitut du Procureur général de Sa Majesté ». Trois ans plus tard, dans le privilège de son Jugement sur les anciens et principaux historiens grecs et latins dont il nous reste quelques ouvrages, il sera qualifié, au nom du roi, « Nostre amé & féal Conseiller & Historiographe ».</ref>, ni dans quelle mesure il l'exerça vraiment. Quoi qu'il en soit, ce fut sans passion, comme il le suggérera plus tard dans un de ses savoureux « petits traités en forme de lettres écrites à diverses personnes studieuses » :Modèle:Citation bloc

Au cours de cette même décennie, il voyage en Angleterre et en Espagne<ref>L'œuvre de La Mothe Le Vayer abonde en références à l'Espagne, à l'espagnol et aux Espagnols, mais elle offre peu à lire sur ce qu'il a pu voir, apprendre ou découvrir à Londres : une remarque sur les « gentilshommes d'Angleterre, qui remplissent la plus grande partie des boutiques de Londres et de leurs autres villes sans préjudicier à leur condition » (opuscule « De la marchandise », 1647, Modèle:P.), une autre sur des escrimeurs qu'il a vus à Londres, « qui avaient beaucoup l'air des gladiateurs romains et qui donnaient bien du plaisir aux Anglais » (Modèle:4e Homilie, « Des jeux », 1664)… Il n'en est que plus intéressant de noter la manière très shakespearienne dont il reprend, dans son dialogue « De la vie privée », le thème baroque du Theatrum mundi : « D'autres ont fort à propos considéré ce monde comme un magnifique théâtre, sur lequel tant de sortes de vies, comme autant de divers personnages, sont représentés. Les philosophes s'y trouvent assis, considérant le tout avec un grand plaisir, cependant que les princes, les rois et les plus grands monarques sont autant d'acteurs de la comédie, qui semble ne se jouer que pour le contentement de ces dignes spectateurs. Modèle:Lien web ».</ref> aux côtés de Guillaume Bautru, comte de Serrant, ambassadeur extraordinaire de Louis XIII et l'un des favoris du cardinal de Richelieu. « C'est le temps de ma vie, écrira-t-il, que j'estime avoir le mieux employé, depuis lequel je me suis donné la liberté de la former et en régler le cours selon que la raison m'a fait voir qu'il était pour le mieux<ref>Modèle:Lien web.</ref>. »

Vers la fin des années 1620, il fait la connaissance de Gabriel Naudé, Pierre Gassendi et Élie Diodati<ref>Sur cet avocat protestant mal connu, voir René Pintard, Le Libertinage érudit, Modèle:P..</ref>, avec lesquels il formera la fameuse « Tétrade » étudiée par René Pintard dans son Libertinage érudit dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Dans un article intitulé « Gassendi, Naudé et La Mothe Le Vayer », Sylvie Taussig tente de « définir la nature précise de leur amitié » à partir de la lecture des Lettres latines du premier, dont elle a établi la traduction. Elle note que, dans une lettre écrite le 26 octobre 1653 à l'occasion de la mort de Naudé, Gassendi attribue à ce dernier la paternité de cette désignation : « Il avait l'habitude de dire qu'il s'accordait avec Pythagore s'il a juré par une telle Tétrade. » Allusion, poursuit l'historienne, au serment de Pythagore et de ses disciples, tel qu'il est repris dans les vers d'or : « Je jure par celui qui nous a donné la quaternaire (=tétrade), principe de la nature éternelle. Modèle:Lien web » On peut cependant rappeler, et ces quatre humanistes ne pouvaient l'ignorer, qu'une semblable « tétrade » avait auparavant été formée par Pantagruel pour « remédier à la perplexité » de Panurge (Rabelais, Tiers Livre, ch. 29): « Dimanche prochain, ayons pour théologien notre père Hippothadée ; pour médecin notre maître Rondibilis ; pour légiste notre ami Bridoie ; en outre je suis d'avis que nous adoptions la tétrade pythagoricienne et que nous ajoutions en numéro quatre notre fidèle ami le philosophe Trouillogan. Modèle:Lien web ».</ref>.

Les Dialogues faits à l'imitation des anciens

Dans les premiers mois de 1630, il fait imprimer sans permission et à un très petit nombre d'exemplaires<ref>S’appuyant sur une hypothèse controversée de René Pintard, qui « avait cru reconnaître » dans une partie au moins des Dialogues le « méchant livre » dont il est question dans un échange de lettres entre le R.P. Marin Mersenne et Descartes, lequel parle successivement de trente-cinq ou trente exemplaires, la plupart des historiens s’arrêtent à ce chiffre. L’hypothèse de Pintard, développée par Alain Mothu dans un article de La Lettre clandestine (voir la bibliographie), a été combattue par Édouard Mehl dans une contribution au premier numéro de la revue Libertinage et philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Quoi qu'il en soit, il semble qu'avant même leurs réimpressions de 1671 et 1673, le cercle des lecteurs de ces Dialogues débordait celui des seuls initiés ou érudits, témoins les abondantes citations qu'en fait le fils de l'auteur dans son Parasite Mormon en 1650 et ces lignes d'une lettre qu'Henri Le Bret adresse en 1657 à Nicolas de Cuigy (Lettres diverses, Modèle:P.) : « […] Monsieur de …, dans quelque endroit de certains Dialogues qu’il n’a montrés qu’à ses bons amis, dit après Aristote que cum uxoribus incommode vivitur, mais que sine illis non vivitur, et que l’on appelait à Athènes ceux qui ne se mariaient point Ἀβίουϛ, quasi vitæ expertes, à cause du plaisir que reçoit un homme qui se marie et qui fait des enfants, de se voir régénérer dans une belle postérité. ».</ref>, sous le pseudonyme d'Orasius Tubero<ref>Pseudonyme transparent pour la plupart des lecteurs contemporains, formé le grec orasis (la vue, en rapport avec Le Voyer) et le latin tuber (la motte…). La Mothe Le Vayer s'en formera plus tard un autre sur le même modèle : Tubertus Ocella.</ref> et sous une date et une adresse fantaisistes (Francfort, chez Jean Sarius, 1506), les quatre premiers de ses Dialogues faits à l'imitation des anciens  : 1. « De la philosophie sceptique » ; 2. « Le banquet sceptique » ; 3. « De la vie privée » ; 4. « Des rares et éminentes qualités des ânes de ce temps<ref>Modèle:Lien web.</ref> ». Ils seront suivis de la publication, sous une date à peine moins fantaisiste (1606) de Cinq autres dialogues du même auteur faits comme les précédents à l'imitation des anciens : 1. « De l'ignorance louable » ; 2. « De la divinité » ; 3. « De l'opiniâtreté » ; 4. « De la politique » ; 5. « Du mariage<ref>Modèle:Lien web.</ref> ».

René Pintard s’est attaché à déchiffrer les pseudonymes sous lesquels La Mothe Le Vayer désigne les interlocuteurs de ses dialogues : Cassander est Gassendi, Télamon Gabriel Naudé, Xenomanès François-Auguste de Thou, Melpoclitus René de Chantecler, Marcellus Guillaume Colletet, Eleus François Luillier, père du célèbre Chapelle, etc. L’auteur lui-même se met en scène sous les pseudonymes d’Orasius Tubero, Orontès, Hésychius et Philoclès.

Dans la « Lettre de l’auteur » placée en tête du premier volume, La Mothe Le Vayer précise dans quel esprit il a écrit et fait imprimer ces dialogues :Modèle:Citation bloc

De l'avis de tous les commentateurs, ce premier livre est de loin le meilleur de son auteur. On y trouve développés, avec beaucoup d'audace et une très grande liberté de ton, tous les thèmes qu'il reprendra et développera pendant les quarante années suivantes.

À ceux qui lui reprochent une « oisiveté casanière », un « train de vie si retirée et particulière », il oppose avec un lyrisme de jeune homme un véritable programme d'action philosophique :Modèle:Citation bloc

Aussi étonnant que cela paraisse, ni le livre ni son auteur ne firent l'objet de quelconques poursuites<ref>Aucun auteur, en particulier religieux, n'a explicitement condamné La Mothe Le Vayer. En 1641, dans ses Peintures morales, où les passions représentées par tableaux, par caractères et par questions nouvelles et curieuses, le jésuite Pierre Le Moyne s'en prendra (Modèle:P.), sans le nommer, et d'une plume plus cauteleuse que fulminante, à l'auteur des Dialogues : « Si le bruit commun n’impose point à la secte des Esprits forts, n’a-t-elle pas succédé à la cabale de ceux de la Rose ? Ne fait-elle pas profession de maximes contraires à la vérité du christianisme, à l’honnêteté des mœurs, à l’autorité des lois ? Ne fut-ce pas de leurs corps que partirent dernièrement ces Dialogues sceptiques qui n’osaient se nommer, ni aller de jour ; qui ne se montraient que dans l’obscurité et en lieu de confidence ; qui apprenaient à douter des choses les plus infaillibles et à désavouer la créance de tous les siècles ; et qui, entre autres dogmes, enseignaient qu’il n’y a point d’amours qui ne soient permises ? Je veux croire que la réputation de ces gens-là est plus mauvaise que leur conscience ; que les portraits qui en ont été faits par la renommée sont plus noirs que le naturel, et qu’on les condamne sans les ouïr et sans due connaissance de leur cause. Ne touchons donc point aux personnes, à qui nous devons du respect et que Dieu veut qu’on conserve toutes entières à son jugement. Ne soyons pas plus sévères que les lois, qui ne disent point d’injures aux criminels qu’elles condamnent. Supposons qu’en la plupart des esprits forts il y a plus d’inconsidération que de malice sérieuse ni d’impiété déterminée, et qu’il y a que la vanité qui les a faits sortir du grand chemin, pour se tirer de la foule et se mettre en vue. Si les erreurs qui leur sont imputées ne sont pas à eux, nous ne leur ferons point de mal en touchant sur elles ; si elles leur appartiennent, nous exercerons sur eux une justice fort indulgente, et pareille à celle qui se pratiquait autrefois en Perse, où les robes des Grands qui avaient failli étaient fouettées, et on se contentait d’abattre la tiare à ceux qui avaient mérité qu’on leur ôtât la tête. Prenons l’idole que la renommée a faite de leur secte, elle nous pourra servir de quintaine, nous apprendrons contre elle à défendre la vérité sans tuer personne ni faire de blessures sanglantes ; et comme ceux qui sont ensorcelés meurent quelquefois des piqûres qui se font sur leurs images, peut-être que nous renverserons l’impiété en touchant sur son fantôme. ».</ref>. Cela a conduit les historiens à présumer, sans qu'aucun document officiel ne l'atteste, que dès cette époque, et sans doute même depuis le temps de ses voyages en Angleterre et en Espagne, La Mothe Le Vayer avait accès au cabinet de Richelieu<ref>Voir en particulier l'introduction d'Ernest Tisserand à son édition de Deux dialogues faits à l'imitation des anciens [sur la Divinité et sur l'Opiniâtreté], Paris, Éditions Brossard, Collection des Chefs-d'œuvre méconnus, 1922, Modèle:P..</ref>.

Sous le patronage de Richelieu

De 1633 à 1638, il met sa plume au service de la politique étrangère du cardinal, hostile à la Maison d'Espagne et favorable à des alliances avec les protestants de Hollande, de Suède et de Suisse<ref>Voir Ioana Manea, L'Espagne chez La Mothe Le Vayer ou comment utiliser les stéréotypes de la littérature politique pour exprimer des opinions libertines Modèle:Lien web.</ref>. Paraissent ainsi successivement quatre Discours  : Sur la bataille de Lutzen, Sur la proposition de trêve aux Pays-Bas<ref>Modèle:Lien web.</ref>, De la contrariété d'humeurs qui se trouve entre certaines nations, et singulièrement entre la française et l'espagnole<ref>Modèle:Lien web.</ref>, dédié à Richelieu, et De l'histoire, où est examinée celle de Prudence de Sandoval, chroniqueur du feu roi d'Espagne Philippe III et évêque de Pampelune, qui a écrit la Vie de l'empereur Charles-Quint<ref>Modèle:Lien web.</ref>, également dédié à Richelieu, comme le seront toutes les œuvres que La Mothe Le Vayer fera paraître jusqu'à la mort du cardinal, en décembre 1642.

En décembre 1633, le frère minime Marin Mersenne, auteur naguère d'un essai intitulé La Vérité des sciences. Contre les sceptiques ou pyrrhoniens<ref>Modèle:Lien web.</ref>, donne, en complément de ses Questions harmoniques<ref>Modèle:Lien web.</ref> (Modèle:P.), un long Discours sceptique sur la musique, dont l'auteur, La Mothe Le Vayer, n'est pas nommé, mais que Mersenne présente en des termes : « Le discours qui suit suppléera à tout ce que j'ai omis et fera voir l'excellence de l'esprit de celui qui l'a fait en ma faveur… » Ce Discours sera réimprimé en 1637, à la suite du Petit discours chrétien de l'immortalité de l'âme, précédé d'un avis du libraire au lecteur qui sort probablement de la plume du philosophe :Modèle:Citation bloc

En 1635, il séjourne en Italie en qualité de secrétaire du maître des requêtes Pomponne II de Bellièvre, ambassadeur extraordinaire auprès des princes italiens et futur premier président du parlement de Paris<ref>Lettre de Jean Chapelain à Jean-Louis Guez de Balzac du 17 février 1636 Modèle:Lien web.</ref>.

De retour à Paris, il s'attelle à la composition d'un Petit discours chrétien de l'immortalité de l'âme, pour « complaire, écrit-il, à [ses] amis qui ont requis de [lui] ce petit travail ». Le livre paraîtra au début de 1637 et sera suivi quelques mois plus tard d'un Corollaire au Petit discours chrétien de l'immortalité de l'âme<ref>Modèle:Lien web.</ref>, deux textes que René Pintard n’hésite pas à qualifier de « nouvelle trahison de son idéal de philosophe<ref>Le Libertinage érudit, p. 303.</ref> ».

Au cours de l'été 1636, alors qu'il se rend à Poitiers dans la famille de sa femme, il fait un détour par Loudun, théâtre naguère du martyre d'Urbain Grandier, où il assiste, écrit-il à Pierre Dupuy :Modèle:Citation bloc

En octobre 1638, il publie ses Considérations sur l’éloquence française de ce temps.

Le 15 février 1639, il est reçu à l’Académie française, où il succède au mathématicien et traducteur Claude-Gaspard Bachet de Méziriac.

Au printemps 1640, il fait paraître un essai intitulé De l’instruction de Monsieur le Dauphin<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Richelieu songe alors à faire de lui le précepteur du futur Louis XIV, mais Anne d'Autriche lui préfèrera l'abbé Hardouin de Péréfixe de Beaumont. Gabriel Naudé écrira plus tard :Modèle:Citation bloc

En novembre 1641, il fait paraître De la vertu des païens<ref>Modèle:Lien web.</ref>, dédié à Richelieu, qui en est sans doute le commanditaire. Une seconde édition, « augmentée des preuves des citations », paraîtra en 1647<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Les années Mazarin

Première retraite

En février 1643, il dédie au cardinal Mazarin, qui vient d'entrer au Conseil du royaume, un bref essai intitulé De la liberté et de la servitude<ref>Modèle:Lien web.</ref>, dont Richelieu avait déjà accepté la dédicace et qui sera traduit en anglais par John Evelyn au cours de son séjour parisien de 1647.

Au cours des quatre années suivantes, il fait paraître successivement quatre volumes d'Opuscules ou petits traités<ref>Le premier Modèle:Lien web, dédié au chancelier SéguierModèle:Lequel, comprend sept traités : De la lecture de Platon et de son éloquence. ; Du sommeil et des songes ; De la patrie et des étrangers ; Du bon & du mauvais usage des récitations ; Des voyages et de la découverte de nouveaux pays ; Des habits et de leurs modes différentes ; Du secret et de la fidélité. Le deuxième Modèle:Lien web, dédié à Gabriel Naudé, comprend lui aussi sept traités : De l'amitié ; De l'action et du repos ; De l'humilité et de l'orgueil ; De la santé et de la maladie ; De la conversation et de la solitude ; Des richesses et de la pauvreté ; De la vieillesse. Le troisième Modèle:Lien web, dédié à Mazarin, comprend encore sept traités : De la vie et de la mort ; De la prospérité ; Des adversités ; De la noblesse ; Des offenses et injures ; De la bonne chère ; De la lecture des livres et de leur composition. Le quatrième Modèle:Lien web, dédié aussi à Mazarin, comprend toujours sept traités : De la hardiesse et de la crainte ; De l'ingratitude ; De la marchandise ; De la grandeur et petitesse des corps ; De couleurs ; Du mensonge ; Des monstres.</ref>.

Dans la même veine, mais sur un mode plus satirique, il publie, en 1646, un Opuscule, ou Petit traité sceptique sur cette commune façon de parler : n'avoir pas le sens commun, dédié à Hugues de Lionne<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En 1646 également, paraît un Jugement sur les anciens et principaux historiens grecs et latins dont il nous reste quelques ouvrages, dédié à Mazarin<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Les historiens grecs : Hérodote, Thucydide, Xénophon, Polybe, Diodore de Sicile, Denys d'Halicarnasse, Flavius Josèphe, Arrien, Appien, Dion Cassius, Hérodien, Zosime, Procope, Agathias. Les historiens latins : Salluste, César, Tite-Live, Velleius Paterculus, Quinte-Curce, Tacite, Florus, Suétone, Justin, Ammien Marcellin.</ref>. Dans son « avant-propos », l'auteur remercie chaleureusement pour leur « grande assistance… diverses personnes qui ont favorisé [son] entreprise », au premier rang desquelles « Messieurs du Puy [Dupuy] qui les premiers [l'y] ont porté » et Gabriel Naudé, bibliothécaire du cardinal Mazarin, « qui a voulu ajouter aux effets de son humanité ordinaire, ceux d'une ancienne et très-parfaite amitié ».

« En l'absence de l'auteur » et « par l'avis d'un de ses amis », le libraire a ajouté, Modèle:P. et suivantes, un texte intitulé Préface d'une histoire. L'histoire en question doit être un essai d'histoire « immédiate », ou du moins contemporaine. La Mothe Le Vayer y assure, en effet, à son lecteur (Modèle:P.) « qu'il n'y a rien [qu'il] ne soit prêt de lui justifier par des titres irréprochables et [qu'il ne se] puisse vanter d'avoir pris dans les plus curieux registres et les plus fidèles mémoires de notre temps, puisque ce sont les originaux des ambassadeurs, des secrétaires d'État et des premiers ministres de cette couronne ». Et L'historien d'achever cette Préface en justifiant son choix de reporter dans un avenir indéterminé la publication de son ouvrage :Modèle:Citation bloc En 1647, Vaugelas ayant (enfin) publié ses Remarques sur la langue française, dans la préface desquelles il est assez clairement pris à partie<ref>Modèle:Lien web.</ref>, La Mothe Le Vayer riposte dans quatre Lettres touchant les nouvelles Remarques sur la langue française, toutes quatre dédiée à Gabriel Naudé<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En juillet 1648, il fait paraître un volume de Petits traités en forme de lettres écrites à diverses personnes studieuses, qu'il dédie à Mathieu Molé, premier président du parlement de Paris<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Ce premier volume (il y en aura quatre autres (1651, 1654, 1659, 1660), contient soixante lettres, dont les destinataires, si tant est qu'ils soient tous réels<ref>La Lettres XII, « Du moyen de dresser une bibliothèque d'une centaine de livres seulement », est adressée à un « Très R[évérend] P[ère] ». Les auteurs de la grande édition de Dresde assurent, en tête de la première partie du Modèle:T., que « toutes ces lettres, loin d'être des fictions ou des productions du caprice d'auteur, ont été réellement écrites à diverses personnes ».</ref>, ne sont pas nommés. Y sont incluses les quatre lettres adressées l'année précédente à Gabriel Naudé.

Au début du mois d'août, il quitte Paris pour la province. L'abbé Bourdelot, écrit à un correspondant italien<ref>Lettre citée par René Pintard dans Le Libertinage érudit, Modèle:P..</ref> :Modèle:Citation bloc

On ne sait combien de temps durera ce voyage, dont les raisons restent inconnues. En tout cas, il exclut La Mothe Le Vayer de la fameuse « débauche » de Gentilly, à laquelle Gabriel Naudé convie Gui Patin et Pierre Gassendi à la fin d'août<ref>Voir la lettre de Gui Patin du 27 août 1648 : « M. Naudé, bibliothécaire de M. Le Cardinal Mazarin, intime ami de M. Gassendi, comme il est le mien, nous a engagés pour dimanche prochain, à aller souper et coucher, nous trois en sa maison de Gentilly, à la charge que nous ne serons que nous trois et que nous y ferons la débauche ; mais Dieu sait quelle débauche ! M. Naudé ne boit naturellement que de l’eau et n’a jamais goûté de vin. M. Gassendi est si délicat qu’il n’en oserait boire, et s’imagine que son corps brûlerait, s’il en avait bu […]. Pour moi, je ne puis que jeter de la poudre sur l’écriture de ces deux grands hommes ; j’en bois fort peu, et néanmoins ce sera une débauche, mais philosophique, et peut-être quelque chose davantage. Pour être tous trois guéris du loup-garou et délivrés du mal des scrupules, qui est le tyran des consciences, nous irons peut-être jusque fort près du sanctuaire. Je fis l’an passé ce voyage de Gentilly avec M. Naudé, moi seul avec lui, tête à tête ; il n’y avait point de témoins, aussi n’y en fallait-il point : nous y parlâmes fort librement de tout, sans que personne en ait été scandalisé. Modèle:Lien web ».</ref>.

Le préceptorat

Au printemps 1649, Anne d'Autriche et Mazarin lui confient l’éducation de Philippe d'Anjou, alors âgé de huit ans et demi. Il prend ses fonctions le 23 juin<ref>Lettre de Charles Du Bosc au chancelier Séguier, dans Archives des missions scientifiques et littéraires, deuxième série, Modèle:T., Paris, Imprimerie nationale, p. 67 Modèle:Lien web.</ref>. Elles le retiendront à la cour pendant onze ans et demi. Le 13 juillet, Gui Patin écrit à un correspondant lyonnais :Modèle:Citation bloc

Deux ans plus tard, le vieux précepteur écrira, dans la Suite de petits traités en forme de lettres écrites à des personnes studieuses (Lettre LXII, « De la méditation ») :Modèle:Citation bloc

Il passe toute l'année 1650 à la suite de la cour en qualité de précepteur : du Modèle:1er février au 29 juin en Normandie, du 4 juillet au 18 novembre en Aquitaine. C'est au cours de cette période que son fils François fait paraître son Parasite Mormon. En novembre de la même année, il recueille chez lui Honorée Le Bel de Bussy, nièce de sa femme, qui restera attachée à sa maison jusqu'au remariage du philosophe, en 1664.

Le 9 mars 1651, il se voit accorder par le garde des sceaux Charles de l'Aubespine, marquis de Châteauneuf, un privilège royal signé par son collègue académicien Valentin Conrart et valable « durant l’espace de vingt ans à compter du jour que chaque volume ou traité sera achevé d’imprimer pour la première fois » pour l'impression de tous ses ouvrages à venir : « traités, lettres, opuscules et autres pièces de sa composition<ref>Modèle:Lien web.</ref> ».

En mai 1652, au plus fort de la Fronde des princes et alors que Mazarin est loin de Paris, Anne d'Autriche charge La Mothe Le Vayer, déjà précepteur de Philippe d'Anjou, de prendre le relais de Hardouin de Péréfixe pour achever l’instruction du roi<ref>Pierre de Saint-Romuald, Chronicon seu continuatio chronici Ademari Modèle:Lien web, Paris, Chamhoudry, 1652, Modèle:P.: « Eodem mense Dominus de la Motte le Vayer utriusque Consilij Regis Senator Ordinarius, ipsi Regi in præceptorem datur, quamvis Domini Andium Ducis præceptor jam existeret. Sicque duorum tam illustrium germanorum descendorum unus munus obit, quod forte nunquam antea visuam fuerat. Quin etiam non hoc amicorum, vel propria petitione sortitus est, sed solo Reginæ matris delectu… » Cité et résumé en français par Pierre Bayle, dans la note C de l'article Vayer de son Dictionnaire.</ref>. On ne sait combien d'années précisément durera ce double préceptorat, mais René Kerviler observe<ref>François de La Mothe Le Vayer, Modèle:P..</ref> que les traités de L'Économique, de La Politique et de La Logique, publiés respectivement en 1653, 1654 et 1655, sont adressés explicitement au roi : « Sire, soit qu'on nomme la logique un art, une science ou une faculté… »

En juillet 1653, Gabriel Naudé meurt à Abbeville, alors qu'il revenait de Suède à Paris. Dans une lettre écrite quelques semaines plus tard à Michel Neuré<ref>Sur Laurent Mesme, dit Mathurin, Michel ou Marc-Antoine de Neuré, voir Jean-François Dreux du Radier, Bibliothèque historique et critique du Poitou Modèle:Lien web, Modèle:T., 1754, Modèle:P., et René Pintard, Le Libertinage érudit, Modèle:P..</ref>, leur ami commun, Gassendi confiera :Modèle:Citation bloc

En décembre de la même année, est achevée d'imprimer une édition de ses Œuvres en deux volumes, préparée par son fils et précédée d'une dédicace à Mazarin signée du même ; on y trouve tous les textes publiés jusqu'à cette date, à l'exception des Dialogues faits à l'imitation des anciens. Une deuxième édition paraîtra en 1656, une troisième en 1662.

Le 26 octobre 1655, il fait partie de la « belle compagnie » qui accompagne la dépouille de son ami Gassendi à l'église Saint-Nicolas-des-Champs<ref>Modèle:Lien web.</ref>, où elle sera déposée dans le caveau familial de son hôte Henri Louis Habert de Montmort<ref>Joseph Bougerel, Vie de Pierre Gassendi, 1737, Modèle:P..</ref> : il y a là Gui Patin, Jean de Launoy, Pierre Bourdelot, Ismaël Boulliau, Jacques Dupuy, Samuel Sorbière, Gilles Ménage, Jean Chapelain, Claude Quillet, les frères Valois, et d'autres. Quelque temps après, La Mothe Le Vayer écrira à un correspondant non nommé<ref>La Suite des petits traités, Lettre XCVII, "De la mort des amis".</ref> :Modèle:Citation bloc

Sa femme Hélène Blacvod meurt au mois de décembre suivant. Quelques mois plus tard, leur fils, qui est désormais dans les ordres, fait donation au philosophe de la part lui revenant de la succession de la défunte.

Parmi les morts qui l'ont affecté au cours cette année, on peut sans doute ajouter celles, en avril, de François Guyet, et en juillet, d'un ami de son fils, Savinien de Cyrano de Bergerac, dont il mentionnera l’Agrippine en termes flatteurs et qui, dans ses États et empires de la Lune, faisait dire au Démon de Socrate : « J'ai fréquenté en France La Mothe Le Vayer et Gassendi : ce second est un homme qui écrit autant en philosophe que ce premier y vit. »

Une retraite studieuse

Le mariage, en mars 1661, de Philippe d'Orléans avec sa cousine Henriette d'Angleterre, met fin officiellement aux fonctions préceptorales de La Mothe Le Vayer<ref>Dans une lettre intitulée « Derniers propos d'un ami » et publiée dans ses Nouveaux petits traités en forme de lettres, achevés imprimer en 1659, le philosophe écrit, Modèle:P.: « J'ai plus retiré de satisfaction d'une des heures de ma retraite que de toutes celles que je sacrifiai par vos avis au service de la cour. ».</ref>. Dès le mois d'avril, il fait paraître, sans nom d'auteur, la première partie (il y en aura trois) d'un essai intitulé Prose chagrine, au seuil duquel il écrit :Modèle:Citation bloc

Quelques portraits

C'est peut-être de ce vieil aigle que le chartreux Noël Argonne, dit Bonaventure d'Argonne, se souviendra, quand il écrira, vers la fin du siècle :Modèle:Citation bloc

Le long portrait que Madeleine de Scudéry fait de lui sous le nom de Cléanthe dans la dernière partie de sa Clélie (1660) se ressent peut-être du compliment qu'il lui adressait quelques années plus tôt dans un de ses Petits traités (« cette incomparable personne qui est notre admiration commune…<ref>Lettre XCVIII, « Du souvenir », dans la Seconde suite de petits traités, publiée dans la seconde édition des Œuvres, 1656.</ref> ») et manque assurément de nuance dans l'éloge, mais témoigne également d'une belle affinité d'esprit :Modèle:Citation bloc

Son neveu Roland Le Vayer de Boutigny le dépeindra dans un roman à clef, Tarsis et Zélie publié en 1665-1666, où il figure sous le nom d'Ariobarzane :Modèle:Citation bloc

Dans un « Mémoire de quelques gens de Lettres vivant en 1662 », dressé à la demande de Colbert et destiné à répartir les premières « pensions royales » de 1663, Jean Chapelain note, à propos de La Mothe Le Vayer » :Modèle:Citation bloc

Dernières œuvres

Comme pour démentir ce peu charitable pronostic de son collègue académicien, le vieux retraité fera paraître, en dix ans, quelques-uns de ses plus savoureux ouvrages.

Ce sont d'abord, entre 1662 et 1664, neuf dialogues avec ses amis Marcus Bibulus (Samuel Sorbière), Xilinus (Charles Du Bosc) et Litiscus (Isaac La Peyrère<ref>EN 1644, La Peyrère (ou Lapeyrère) a adressé à La Mothe Le Vayer une Relation de l'Islande, qui ne sera publiée qu'en 1663 Modèle:Lien web, avec une épître dédicatoire au prince de Condé, dont il était le bibliothécaire. En 1647, il a dédié au philosophe une Relation du Groenland Modèle:Lien web. Sur Lapeyrère, voir Élisabeth Quennehen, « L'auteur des Préadamites, Isaac Lapeyrère. Essai biographique », Dissidents, excentriques et marginaux de l'Âge classique. Autour de Cyrano de Bergerac. Bouquet offert à Madeleine Alcover composé par Patricia Harry, Alain Mothu et Philippe Sellier. Paris, Honoré Champion, 2006, Modèle:P..</ref>), publiés en trois volumes sous le titre La Promenade. Il est intéressant de noter que La Mothe Le Vayer, qui se réfère rarement à la littérature contemporaine, pour laquelle il a peu de goût, fait allusion, dans le premier dialogue avec Marcus Bibulus, aux États et empires du Soleil de Savinien Cyrano de Bergerac, qui venaient d'être publiés au début de 1662<ref>Modèle:Lien web.</ref> : Modèle:Citation

Viennent ensuite, de 1664 à 1666, trois volumes de Discours ou Homélies académiques<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Mort du fils et remariage

En septembre 1664, il perd son fils François. C'est l'occasion, pour Gui Patin, de vitupérer une fois de plus ses collègues de la Faculté :Modèle:Citation bloc

Cette mort fait également l'objet d'un sonnet de condoléance adressé par Molière au vieux père<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Sur les rapports de Molière avec La Mothe Le Vayer, voir Robert McBride, « Un ami sceptique de Molière », Studi francesi, vol. 16, no 2-3, 1972, p. 244-261, et Cyril Chervet, « Lectures du sonnet de Molière à La Mothe Le Vayer : pour une juste évaluation de la "tonalité" de leur relation », Revue d'histoire littéraire de la France, 2007, Modèle:N°, Modèle:P. Modèle:Lien web.</ref>, lequel évoquera ce deuil, un an plus tard, dans sa Modèle:14e « Homilie académique » intitulée « Des Pères et des enfants<ref>Modèle:Lien web.</ref> » :Modèle:Citation bloc

À la fin du mois de décembre suivant, il se remarie, après neuf années de veuvage, avec une demoiselle d'âge mûr, Isabelle (ou Élisabeth) de La Haye, fille de Madeleine Palluau et Jean de La Haye-Vantelet, sieur de Brisson, ancien ambassadeur au Levant<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Ses témoins sont Philippe d'Orléans et Henriette d'Angleterre. Des années plus tard, Tallemant des Réaux ajoutera une note à l'historiette qu'il a consacrée au « Maréchal de Brézé, son fils et Mademoiselle de Bussy » :Modèle:Citation bloc

En 1666, paraît un volume intitulé Problèmes sceptiques<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Modèle:Citation bloc

Les Problèmes seront suivis, en 1667, d'un Doute sceptique. Si l'étude des belles lettres est préférable à toute autre occupation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En 1669, le libraire Louis Billaine met en vente une édition (la quatrième) en quinze volumes des Œuvres de François de La Mothe Le Vayer, conseiller d'État ordinaire, préparée par son neveu Roland Le Vayer de Boutigny. La cinquième (et dernière) sera publiée à Dresde chez Michel Groll entre 1756 et 1759<ref>Œuvres de François de La Mothe Le Vayer, conseiller d'État ordinaire, etc. Nouvelle édition revue et augmentée. Imprimée à Pfœrten, et se trouve à Drede chez Michel Groell, 7 tomes en 14 volumes in-8°, avec un Abrégé de la vie de M. de La Mothe Le Vayer, par M. le ch… C… D.

M….</ref>.

Au cours de la même année, La Mothe Le Vayer publie un Mémorial de quelques conférences avec des personnes studieuses<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Dans son avis Au lecteur, il le présente en des termes non dénués de mélancolie :Modèle:Citation bloc

En 1670, paraissent (successivement ou simultanément, l'absence d'achevé d'imprimer ne permet pas de le dire) trois livres de La Mothe Le Vayer : 1) un recueil de treize brefs Soliloques sceptiques<ref>Modèle:Lien web.</ref> ; 2) une Introduction chronologique à l'Histoire de France pour Monsieur, dont l'épître dédicatoire commence par ces lignes :Modèle:Citation bloc

L'Hexaméron rustique

La troisième publication de l'année 1670 est la plus étonnante, la plus audacieuse aussi : il s'agit d'un volume intitulé Hexaméron rustique ou le Six journées passées à la campagne entre des personnes studieuses<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Contrairement à ce qui s'écrit parfois<ref>Par exemple, Michel Onfray, Les Libertins baroques, Paris, Grasset, 2007, Modèle:P..</ref>, le livre n'est pas publié sous la signature de « Tubertus Ocella », qui n'est qu'une des six « personnes studieuses » ; le nom de l'auteur ne figure pas au titre, mais on peut lire, à la dernière page, un extrait du privilège accordé vingt ans plus tôt à « Monsieur de La Mothe Le Vayer, conseiller du roi en ses conseils ». Il sera mis à l'Index par décret du 18 mai 1677<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Un certain nombre d'indices donnent à penser que ce séjour « à la campagne pendant la belle saison de l'automne » a eu lieu une dizaine d'années plus tôt, que l'auteur en a écrit la relation à l'époque même et que sa publication tardive obéit à un simple principe de prudence<ref>Il est fait allusion, Modèle:P., aux « réjouissances d'un Royal Hyménée », hyménée qui ne peut être que le mariage de Louis XIV en 1660 ; il sera de nouveau question, p. 99, « des hyménées royaux dont toute la France retentissait », et p.101, de « la liberté des Bacchanales dont ils voyaient célébrer les cérémonies par toute la campagne ». L'auteur précise ensuite, à propos des « noms étrangers » qu'il a donnés à ses interlocuteurs, que ces derniers « comme gens de lettres prendront plutôt plaisir qu'autrement à ce changement » ; or, Guillaume Bautru (Racémius) est mort en 1665 et ne pourrait être concerné par ce futur. Enfin, Ménalque-Ménage se réfère, dans son exposé, aux « Entretiens [de Guez de Balzac] qu'on vient de publier », ouvrage dont la première édition est parue en 1657.</ref>.

La table des matières ne cherche guère à dissimuler ce qu'il y de jeu et d'audace dans plusieurs de ces communications :Modèle:Citation bloc

La Mothe Le Vayer meurt le 9 mai 1672<ref>Cinq semaines après Gui Patin.</ref>. Quelque trente ans plus tard, on lira dans le Chevræana :Modèle:Citation bloc

La pensée

Un critique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle a porté ce jugement sur lui<ref>Christian Bartholmèss, dans l'article La Mothe Le Vayer du Dictionnaire des sciences philosophiques par une société de professeurs et de savants, Modèle:T., Paris, Hachette, 1847, Modèle:P..</ref> :Modèle:Citation bloc

La plupart de ses écrits visent à enseigner « la sceptique chrétienne », qui apprend à former des doutes « sur tout ce que les dogmatiques établissent de plus affirmativement dans toute l’étendue des sciences » et qui « doute même de ses doutes ». S’il lui donne le nom de chrétienne, c’est que « ce système a par préférence cela de commun avec l’Évangile, qu’il condamne le savoir présomptueux des dogmatiques et toutes ces vaines sciences dont l’apôtre nous a fait tant de peur ». Au fond, son but est, suivant le précepte de Sextus Empiricus, dont il invoque souvent l’autorité, le repos, la tranquillité d’âme dans l’indifférence.

Œuvres

La seule bibliographie des œuvres de La Mothe Le Vayer accessible en ligne est celle procurée par Ernest Tisserand dans son édition de Deux dialogues faits à l'imitation des anciens [sur la Divinité et sur l'Opiniâtreté], Paris, Éditions Brossard, Collection des Chefs-d'œuvre méconnus, 1922, Modèle:P.<ref name="archive.org"> Modèle:Lien web.</ref>.

Rééditions contemporaines

  • Dialogues faits à l'imitation des Anciens, texte revu par André Pessel, Corpus des œuvres de philosophie en langue française, Paris, Fayard, 1988.
  • Dialogues faits à l'imitation des Anciens, édition critique par Bruno Roche, Paris, H. Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », Modèle:N°, 2015 Modèle:ISBN.
  • Hexaméron rustique ou Les six journées passées à la campagne entre des personnes studieuses, éd. établie par Gabriel Los d'Urizen, Paris, Paris-Zanzibar, 1997.
  • Petit traité sceptique sur cette commune façon de parler : "N'avoir pas le sens commun" (1646), édition et postface de Lionel Leforestier, Gallimard / Le Promeneur, 2003.
  • De la patrie et des étrangers et autres petits traités sceptiques, édition présentée et établie par Philippe-Joseph Salazar, Desjonquères, 2003.
  • De la vertu des païens, dans Libertins du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:T., Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004.
  • Hexaméron rustique ou Les six journées passées à la campagne entre des personnes studieuses, présentation de Joseph Beaude, préface de Michel Onfray, La Versanne, Encre marine, Bibliothèque hédoniste, 2005.
  • De la liberté et de la servitude, éd. et postface de Lionel Leforestier, Gallimard / Le Promeneur, 2007.
  • Prose chagrine, éd. de Guillaume Tomasini, Klincksieck, 2012.
  • Traités sur l'histoire (1638-1677). La Mothe Le Vayer, Le Moyne, Saint-Réal, Rapin, sous la direction de Gérard Ferreyrolles, Paris, Honoré Champion, 2013. Contient le Discours de l'Histoire (1638) et l'opuscule Du peu de certitude qu'il y a dans l'Histoire (1668).

Notes et références

Modèle:Références nombreuses

Annexes

Bibliographie

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   Modèle:S mini-{{#ifeq: et|-| – | et }}Modèle:S mini- siècles

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}}, édité par Louis Antoine, Hildesheim, Olms, 1975.

  • Richard H. Popkin, The History of Scepticism from Erasmus to Descartes, Assen (Pays-Bas), Van Gorcum, 1960 ; Modèle:2e revue, New York, Harper & Row, 1964 ; Modèle:3e, revue et augmentée, Berkeley, University of California Press, 1979 ; c'est cette dernière édition qui est traduite en français : Histoire du scepticisme d'Érasme à Spinoza, traduction de Christine Hivet, présentation de Catherine Larrère, Paris, PUF, coll. Léviathan, 1995.
  • Bernard Beugnot, « La fonction du dialogue chez La Mothe Le Vayer » dans Le Dialogue, genre littéraire, C.A.I.E.F. (Cahiers de l'Association Internationale des Études Françaises), Modèle:N°, Paris, Belles Lettres, mai 1972, Modèle:P..
  • Robert McBride, « Un ami sceptique de Molière », Studi francesi, Modèle:Vol., Modèle:N°, 1972, Modèle:P..
  • Noëlle Choublier Myszkowski, L'Éducation du Prince au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle d'après Heroard et La Mothe Le Vayer (Mémoire de maîtrise d'histoire, présenté à l'Université Paris X, en 1973), Paris, Hachette, Bibliothèque nationale [diffusion Presses de la Fondation nationale des sciences politiques], 1976.
  • Michel Chaillou, « La Mothe Le Vayer, Hexaméron rustique », Les Cahiers du chemin, Modèle:N°, 15 janvier 1977.
  • René Pintard, « Les problèmes de l'histoire du libertinage. Notes et réflexions », revue Dix-septième siècle, Modèle:N°, 1980, Modèle:P..
  • Joseph Beaude, « Amplifier le dixième trope ou la différence culturelle comme argument sceptique », Recherches sur le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:T., 1982, Modèle:P..
  • Francine Charles-Daubert, « L'Amérique entre rêve et cauchemar dans l'œuvre de F. La Mothe le Vayer », La Découverte de nouveaux mondes : aventure et voyages imaginaires au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Actes du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XXIIe{{#if:|  }} }} colloque de Centre méridional de rencontres sur le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Gênes, 23-25 janvier 1992), recueillis et présentés par Cécilia Rizza. Fasano, Schena, impr. 1993, Modèle:P..
  • Robert McBride, « La théorie et la pratique des voyages selon La Mothe Le Vayer », La Découverte de nouveaux mondes : aventure et voyages imaginaires au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Actes du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XXIIe{{#if:|  }} }} colloque de Centre méridional de rencontres sur le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Gênes, 23-25 janvier 1992, recueillis et présentés par Cécilia Rizza. Fasano, Schena, impr. 1993, Modèle:P..
  • Robert McBride, introduction et notes de La Mothe Le Vayer, Lettre sur la comédie de l'Imposteur, University of Durham, 1994.
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  • Edouard Mehl, « Le méchant livre de 1630 », Libertinage et philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, no 1, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1996, Modèle:P..
  • Sylvia Giocanti, « La perte du sens commun dans l'œuvre de La Mothe Le Vayer », Libertinage et philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:N°, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1996, Modèle:P..
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  • Gianni Paganini, « “Pyrrhonisme tout pur” ou “circoncis“? La dynamique du scepticisme chez La Mothe Le Vayer », Libertinage et philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:N°, La Mothe Le Vayer et Naudé, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1997, Modèle:P..
  • Hélène Ostrowiecki, « Dialogue et érudition à propos du “Dialogue sur le sujet de la divinité“ de La Mothe Le Vayer », Libertinage et philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:N°, La Mothe Le Vayer et Naudé, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1997, Modèle:P..
  • Sylvie Taussig, « Gassendi, Naudé et La Mothe Le Vayer », Libertinage et philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 2, La Mothe Le Vayer et Naudé, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1997, Modèle:P..
  • Robert Damien, « Naudé chez La Mothe Le Vayer : le cas du personnage de Telamon ou le conseil entre douceur et érudition », Libertinage et philosophie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 2, La Mothe Le Vayer et Naudé, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1997, Modèle:P..
  • Gabriel Los d'Urizen, « Entre la larve et l'imago : la nymphe mécréante », avant-propos de la réédition de l'Hexaméron rustique, Paris, Paris-Zanzibar, 1997.
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  • Sophie Feller-Jamin, Anthropologie de la croyance et analyse des représentations à l’âge classique : l’apport des libertins érudits, thèse de l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, sous la direction de Jean-Claude Darmon.
  • Modèle:Article

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