Académie française
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Organisation2 L'Académie française, fondée en 1634 et officialisée en 1635 par le cardinal de Richelieu, est une institution française dont la mission est de Modèle:Citation et la fonction de tenir à jour un dictionnaire de référence du français, et d'approuver la publication au Journal officiel d'équivalents francophones de termes techniques étrangers dans la langue française<ref name="franceculture.fr">Modèle:Lien web.</ref>. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs, et est la première des cinq académies de l'Institut de France.
La mission qui lui est assignée à l’origine, et qui sera précisée par lettres patentes de Modèle:Souverain2 le Modèle:Date-, est de travailler à Modèle:Citation. Dans cet esprit, elle compose un Dictionnaire de l'Académie française, dont la première édition est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d'élaboration. Elle attribue également des prix littéraires, dont le plus renommé est le Grand prix de littérature de l'Académie française.
L'Académie française rassemble des personnalités qui ont illustré la langue française : poètes, romanciers, dramaturges, critiques littéraires, philosophes, historiens, scientifiques, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.
Il n'existe aucune condition de titres ou de nationalité pour entrer dans la Compagnie, sinon celle d'avoir illustré la langue française.
L'utilité de l'Académie française, qui n'a plus d'autorité normative mais seulement morale aujourd'hui, est parfois contestée<ref name="franceculture.fr"/>. Les critiques concernent également l'éthique de l'institution, qui offre de nombreux avantages à ses membres<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Histoire
À l'origine, les réunions d'un groupe de lettrés
Les origines de l'Académie se trouvent dans les réunions informelles d'un groupe littéraire, le « cercle Conrart », qui se rassemblait depuis 1629 au Modèle:Nobr de la rue Saint-Martin, domicile de Valentin Conrart, protestant calviniste et néanmoins conseiller de Modèle:Souverain2 et habitué de l'hôtel de Rambouillet où se rencontraient déjà ces hommes de lettres. Ces réunions littéraires secrètes (comme auparavant l’Académie de musique et de poésie fondée en 1570 par Jean-Antoine de Baïf et Joachim Thibault de Courville sous le règne de Modèle:Souverain2 et qui, tout en restant secrète, devient en 1574 l’Académie du palais sous Modèle:Souverain2) inspirent à Richelieu, dont les idées prennent un caractère de grandeur, le projet de créer l'Académie française en transformant ces réunions en une compagnie littéraire sous l'autorité royale, prenant pour modèle l’Modèle:Lang fondée à Florence en 1582 et ayant déjà publié son Modèle:Lang en 1612<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les registres des réunions sont tenus par Conrart dès le Modèle:Date<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Sur le site de l'Académie française, parmi les « grandes dates », on peut lire : Modèle:Citation et Modèle:Citation.</ref>.
Constitution en Académie à l'inspiration de Richelieu
Les statuts sont élaborés durant toute l'année 1634<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, statuts à caractère prescriptif visés par le Cardinal en 1635<ref>STATUTS ET RÈGLEMENTSModèle:Pdf, sur le site de l'Académie.</ref>. Conrart en dresse les lettres patentes signées par Modèle:Souverain2 le Modèle:Date (date traditionnellement attribuée pour la naissance officielle de l'Académie française)<ref name="dates"/> et enregistrées par le Parlement de Paris en 1637<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les statuts et règlements sont signés le Modèle:Date<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Treize nouveaux membres, appelés jusqu’en 1636 du nom d’« Académistes » (« académiciens » à partir du Modèle:Date), sont admis à siéger avec le groupe initial des Modèle:Nombre. Valentin Conrart en devient le premier secrétaire perpétuel de 1634 à 1675, Richelieu est nommé Modèle:Citation de ces lettrés au départ quelque peu rétifs (depuis le protectorat de Modèle:Souverain2, chaque chef de l'État français demeure le protecteur de l'Académie, approuvant ou non l'élection d'un membre)<ref>Paul Pellisson Histoire de l’Académie française depuis son établissement jusqu’en 1652 (1653). Réédition : [[Éditions Slatkine|Slatkine Modèle:Lang]], Paris, 1989. Disponible sur Gallica Modèle:Vol.Modèle:Pdf, Modèle:Vol.Modèle:Pdf.</ref>. Un des premiers travaux de cette Académie est d'arbitrer la querelle entre Georges de Scudéry et Pierre Corneille concernant Le Cid. En 1637, sur l'insistance de Richelieu, Jean Chapelain rédige Les sentiments de l'Académie Française sur la tragi-comédie du Cid<ref>Jean Chapelain, Les sentimens de l'Académie françoise sur la tragi-comédie du Cid, d'après le manuscrit de la main de Chapelain conservé a la Bibliothèque nationale, correction, introduction et notes de George Collas, 1912.</ref>,<ref>Colbert Searles, L'Académie française et « Le Cid », Revue d'Histoire littéraire de la France, Modèle:21e, no 2 (1914), Modèle:P..</ref>.
Le livre Histoire de l'Académie françoise<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> (premier volume paru en 1653) écrit par un de ses membres, Paul Pellisson (le second de l'abbé d'Olivet relatant son histoire est paru en 1729), rédigé à partir des registres de l'Académie française et sous l'influence des académiciens (d'autant plus que Pellisson souhaite intégrer la compagnie), est la source unique sur la fondation de l'Académie. Pellisson considère qu'elle n'a aucune finalité savante Modèle:Incise ou finalité politique Modèle:Incise, mais son récit omet que le cercle Conrart réunit des hommes de plume, de grands aristocrates et a aussi pour vocation de s'échanger des informations pour offrir au groupe une position privilégiée sur l'espace socio-politique de l'époque<ref>Nicolas Schapira, Un professionnel des lettres au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Valentin Conrart, une histoire sociale, éd. Champ Vallon, 2003, Modèle:P..</ref>. De plus, l'Académie donnant son avis sur les œuvres littéraires (voir son intervention dans la « querelle du Cid »), Richelieu y voit un moyen de contrôle sur la vie intellectuelle et littéraire française. Dans sa volonté de rassembler, Richelieu veut que la langue française soit l'affaire des représentants des divers domaines du savoir (ecclésiastiques<ref group="N">Lettrés de l'époque, ce sont souvent des cadets de famille à qui on ne peut donner l'héritage et la fonction militaire. Ils atteignent Modèle:Nombre sur les Modèle:Nombre en 1712.</ref>, militaires Modèle:Incise, diplomates, puis écrivains et philosophes Modèle:Incise sous Modèle:Souverain2 qui menace de supprimer l'Académie qui prend son indépendance grâce aux Lumières) et décide que l'Académie s'ouvre à quarante membres égaux et indépendants, donc qu'elle ne soit pas subventionnée<ref name="Encausse">Hélène Carrère d'Encausse, Des siècles d'immortalité - L'Académie française 1635-…, Fayard, 2011, 401Modèle:Nb p.</ref>.
Le caractère officiel de cette compagnie de Modèle:Citation étant établi, elle se réunit d’abord chez tel ou tel de ses membres, puis chez le chancelier Pierre Séguier, rue du Bouloi, à partir de 1639. Elle est hébergée à la mort de Richelieu en 1642 par Anne d'Autriche grâce à l'intervention de l'académicien Vincent Voiture, interprète de la reine mère<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, sur les conseils de Colbert elle est transférée au Louvre à partir de 1672.
En 1694 paraît la première édition du Dictionnaire de l'Académie française.
Parenthèse révolutionnaire et installation quai de Conti
En 1793, par décret daté du Modèle:Date, la Convention supprime toutes les académies royales (Modèle:Citation selon la formule de Chamfort), y compris l'Académie française, et confirme l'interdiction d'élire de nouveaux membres pour remplacer ceux décédés. Pendant la Terreur, l'abbé Morellet sauve les archives de l'Académie en les cachant chez lui. En 1795, par décret daté du Modèle:Date, ces Académies sont remplacées par une seule entité : l'Institut de France, dont la loi Daunou arrête l'organisation<ref group="N">La séance solennelle de rentrée des cinq académies perpétue la tradition célébrant cette loi par une séance plénière se tenant le mardi le plus proche du Modèle:Date-.</ref>.
En 1803, par arrêté du Modèle:Date républicaine, le Premier consul Bonaparte décide de restaurer les anciennes académies, mais simplement comme classes (divisions) de l'Institut de France. La seconde « classe de langue et littérature françaises » correspond Modèle:Lang à l'ancienne Académie française. Bonaparte avait en 1800 opposé un refus à son frère Lucien, alors ministre de l'Intérieur et rêvant d'être académicien, qui lui avait suggéré de restaurer l'Académie<ref group="N">Lettre du Premier consul à son frère Lucien Bonaparte, datée du Modèle:Date républicaine.</ref>.
En 1805, l'Académie s'installe enfin au collège des Quatre-Nations Modèle:Incise, où elle demeure toujours<ref name="lhistoire">L'histoire, sur le site de l'Académie.</ref>.
À travers les conflits du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
Le patriotisme issu de la Première Guerre mondiale favorise l'élection de plusieurs maréchaux, dont le premier est le maréchal Lyautey en 1912.
Sous l'Occupation, certains membres de l'Académie s'engagent dans la collaboration (Charles Maurras, Abel Bonnard, Abel Hermant, et le maréchal Pétain). Élu provisoirement secrétaire perpétuel en 1942, Georges Duhamel fait suspendre les élections, comme en 1790, évitant ainsi la subordination de l'Académie au régime de Vichy<ref>Hélène Carrère d'Encausse, « Le mystère de l'Académie : pouvoir intellectuel, pouvoir politique », discours prononcé lors de la séance publique annuelle, le Modèle:Date.</ref>. Une légende veut que François Mauriac ait été l'âme de la Résistance académique. À la Libération, le monde intellectuel est dans les mains du Comité national des écrivains qui est actif dans l'Épuration et souhaite supprimer l'Académie. Georges Duhamel défend avec succès la cause de l'institution auprès du général de Gaulle, la loi d'indignité nationale prévoyant que toute personne frappée d'indignité nationale et appartenant à un corps constitué soit automatiquement exclue, excluant de fait les collaborateurs de l'Académie.
Modèle:Article détaillé L'Académie s'est longtemps montrée très réticente à permettre à des femmes de la rejoindre. En 1980, l'historien Pierre Gaxotte va jusqu'à affirmer : « Si on élisait une femme, on finirait par élire un nègre... » La majorité de ses collègues partageait cette position, sans pour autant l'exprimer aussi crûment. Dans les années 1980, l'institution refuse la féminisation des noms de métier, jugeant le genre féminin « discriminatoire »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Histoire récente
L'Académie retrouve sa pleine indépendance (politique et financière)<ref>Modèle:Lien web.</ref> vis-à-vis de l'Institut de France par la loi de programme pour la recherche de 2006<ref name="Encausse"/>.
Missions
Définir les normes de la langue française
La création de l'Académie française s'inscrit dans la continuité de l'institution du français comme langue officielle de la nation, traduite en particulier par l'ordonnance de Villers-Cotterêts édictée par Modèle:Souverain2 en 1539, dont les Modèle:Nobr sur la langue française sont toujours en vigueur. Son rôle est de contribuer à l'harmonisation de la langue française, pour qu'elle soit compréhensible par tous les Français et aussi par tous les Européens qui l'adoptent alors comme langue commune. L'Académie est donc garante de la précision de la langue française, en ayant pour objectif d'éviter qu’une confusion dans les mots n'entraîne une confusion dans les idées<ref>Jean d'Ormesson, « Depuis sa fondation en 1635 », Bloc-notes d'Modèle:Date-.</ref>.
L’Modèle:Nobr de ses Statuts précise que Modèle:Citation.
L'accomplissement de cette mission de normalisation de la langue française se traduit par trois principales actions :
- l'édition d'un dictionnaire lexicographique, qui recueille et fixe l'usage de la langue (nomenclature, orthographe, sens et prononciation des mots) : le Dictionnaire de l'Académie française ;
- l'émission de recommandations et d'avis sur les règles de la langue : publications officielles et publications d'académiciens sur le bloc-notes internet de l'Académie et dans la presse ;
- la participation aux différentes commissions de terminologie<ref group="N">Les commissions de terminologie ont été instituées par le [[décret du 3 juillet 1996 relatif à l'enrichissement de la langue française|décret du Modèle:Date-]], en application de la loi Toubon du Modèle:Date, telles que la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, la Commission générale de terminologie et de néologie, et la Commission spécialisée de terminologie et de néologie.</ref>, visant à créer de nouveaux mots dans tous les domaines, en particulier ceux où les inventions et développements de la science sont nombreux. L'Académie donne son aval pour la publication des termes au Journal officiel, qui sont alors aussi publiés sur le site internet FranceTerme, et leur usage devient obligatoire au sein des administrations et des services publics en remplacement des termes étrangers.
L’Modèle:Nobr des Statuts demande que soient composés « un Dictionnaire, une Grammaire, une Rhétorique et une Poétique sur les observations de l’Académie ». Le Dictionnaire a été et continue d'être édité, la Rhétorique et la Poétique n'ont jamais été publiés, et la Grammaire a été publiée une unique fois en 1930<ref>La grammaire de l'académie française, présentation en Séance publique annuelle des Cinq Académies le samedi Modèle:Date-.</ref>. Rapidement décriée et désavouée, son édition n'a pas été renouvelée<ref>Grammaire officielle (Existe-t-il une… ?).</ref>,<ref>Ferdinand Brunot, doyen de l'Académie des inscriptions et belles lettres : Observations sur la Grammaire de l'Académie Française, 1932.</ref>,<ref>« L'offensive contre la grammaire de l'académie vue de New York » Modèle:Pdf, M.R.Deville, 1933.</ref>.
L'Académie française exerce sa mission de normalisation de la langue en recueillant les us et coutumes et en les codifiant en lois sans se donner le droit d'en changer les dispositions, et en participant à la création de nouveaux mots dans les commissions de terminologie, mais elle s'est toujours défendue d'être la créatrice de la langue<ref name="lhistoire"/>. Toutefois, la langue étant vivante et donc en constante évolution, l'Académie est aussi parfois perçue comme une autorité déterminant le bon usage de la langue<ref name=":0" />. Cette autorité est concurrencée par les ministères français tels que celui de l'Éducation nationale qui a autorité pour définir les usages acceptés aux examens, par les autorités d'autres pays francophones tels que le Canada et son Office québécois de la langue française, très vigilant à l'usage des anglicismes, voire par une conception libérale qui donne une égale autorité linguistique à tous les éditeurs privésModèle:Référence souhaitée.
Dictionnaire de l'Académie en ligne
En 2019, l'Académie met pour la première fois son Dictionnaire à disposition du public sur un site Internet dédié<ref>Modèle:Lien web.</ref>, en accès gratuit. Son ambition première est de rendre accessible sa dernière édition, la neuvième, en cours d'achèvement<ref>https://www.dictionnaire-academie.fr/presentation.</ref>. Ce site permet aussi de parcourir l'intégralité des neuf éditions du dictionnaire<ref>https://www.dictionnaire-academie.fr/version2.html.</ref>.
Illustrer la langue française
La seconde mission de l'Académie est l'illustration de la langue française. Elle est accomplie notamment à travers le mécénat, non prévu dans les statuts d'origine, qui procède de l'exécution des dons et legs qui lui ont été faits et ce dès l'Ancien Régime<ref group="N">Comme le prix Montyon.</ref>.
Œuvres des académiciens
Chacun dans sa spécialité, les membres de l'Académie ont contribué par leurs ouvrages à l'illustration et au prestige de la langue définie par la Compagnie, tels que Corneille, Racine, La Fontaine ou Bossuet<ref name="Les missions">Les missions, sur le site de l'Académie.</ref>.
Attribution de prix littéraires
C'est en 1671 que pour la première fois sont attribués des prix par l'Académie : un prix d'éloquence et un prix de poésie<ref name="Les missions"/>.
L’Académie française décerne actuellement chaque année environ soixante prix littéraires, dont les dotations sont financées par des donateurs souvent en exécution de legs, parmi lesquels :
- le grand prix de littérature de l'Académie française, depuis 1911 ;
- le grand prix du roman de l'Académie française, depuis 1914 ;
- le grand prix de la francophonie, depuis 1986, qui témoigne de l’intérêt de l’Académie pour le rayonnement de la langue française dans le monde.
Attribution de dons et subventions
L’Académie attribue des subventions à des sociétés littéraires ou savantes, des œuvres de bienfaisance, des aides à des familles nombreuses, aux veuves, aux personnes défavorisées ou qui se sont distinguées par l’accomplissement d’actes de dévouement ainsi qu’un certain nombre de bourses d'études : Zellidja, Neveux, Corblin, Damade.
Statut et organisation
L'Académie française est une personne morale de droit public à statut particulier gérée par ses membres en assemblée<ref group="N">Comme le reconnaît la loi de programme pour la recherche de 2006.</ref>, c'est-à-dire une institution publique centrale de l'État français.
Elle élit son secrétaire perpétuel qui, comme son nom l'indique, le reste jusqu'à son décès ou à sa démission. Cette permanence en fait le personnage le plus important de l'institution. Après la mort d'Hélène Carrère d'Encausse le 5 août 2023, le poste a été confié à Amin Maalouf le 28 septembre 2023.
Elle élit également, tous les trois mois, un président chargé de présider les séances.
Les 40 « immortels »
L’Académie française se compose de Modèle:Nombre élus par leurs pairs. Depuis sa fondation, elle a reçu en son sein plus de Modèle:Nombre (Modèle:Nombre en 2019<ref name="Les 40 aujourd'hui"/>). Elle rassemble des poètes, des romanciers, des dramaturges, des philosophes, des historiens, des médecins, des scientifiques, des ethnologues, des critiques d’art, des militaires, des hommes d’État et des hommes d’Église.
Origine des 40 fauteuils
L'origine des fauteuils de l'Académie française est racontée ainsi par l'académicien Charles Pinot Duclos : Modèle:Citation bloc
En 1639, les académiciens passent de Modèle:Nombre.
« Immortalité »
Surnommés Modèle:Citation, les académiciens doivent ce surnom à leur devise « À l’immortalité ». Celle-ci figure sur le sceau donné à l’Académie par son fondateur, le cardinal de Richelieu, et vise à l'origine la langue française et non les académiciens. Rapidement, cette notion s'est étendue aux académiciens pour leur gloire posthume, l'immortalité littéraire étant conférée par le roi en échange de l'unification linguistique du royaume et son autonomisation par rapport à l'Église. À partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les académiciens comme tous les écrivains développent une éthique qui ne se veut plus être au service du pouvoir mais gardent ce titre d'« immortels »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
La qualité d’académicien est une dignité inamovible. Celui qui se déclare démissionnaire n’est pas remplacé avant son décès : Pierre Benoit, Pierre Emmanuel et Julien Green en sont des exemples. Des exclusions peuvent être prononcées par l'Académie pour de graves motifs, notamment des motifs entachant l’honneur. Ces exclusions au cours de l’histoire ont été rarissimes. Plusieurs furent mises en œuvre après la Seconde Guerre mondiale pour faits de collaboration, à l'endroit de Philippe Pétain, Charles Maurras, Abel Bonnard et Abel Hermant. Les fauteuils de Pétain et Maurras ne furent pas pourvus avant leur mort, à l'inverse de ceux de Bonnard et Hermant, par mesure exceptionnelle<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Au premier acte (sc. II) de Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand (qui entrera lui-même à l'Académie trois ans après la première de la pièce) se moque de cette « immortalité » en mettant dans la bouche d'un bourgeois nommant à son fils les spectateurs du théâtre de l'hôtel de Bourgogne :
- Voici Boudu, Boissat, et Cureau de la Chambre ;
- Porchères, Colomby, Bourzeys, Bourdon, Arbaud…
- Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c’est beau !
c'est-à-dire une série d'académiciens de l'époque où se passe l'action, tombés dans un oubli total depuis lors.
Élection et réception
Quand un fauteuil est laissé vacant par la mort de son titulaire, l'Académie déclare la vacance à l'issue d'un délai de décence de plusieurs mois, et une élection est alors organisée dans les trois mois qui suivent. Les candidatures sont déposées par les candidats avec un courrier adressé au secrétaire perpétuel, ou sont présentées par un ou plusieurs académiciens. Les aspirants à une élection peuvent déclarer leur candidature à la date de leur majorité et au-delà, sans restriction.
L'élection est effectuée à bulletins secrets, et requiert la majorité absolue des suffrages exprimés. Un quorum de Modèle:Nombre est fixé. Les votes blancs ne sont pas pris en compte pour l'établissement de la majorité absolue, à l'inverse des bulletins blancs marqués d'une croix<ref name="Candidature">« De la candidature à l'élection », sur le site de l'Académie.</ref>.
L'élection ne devient définitive qu'après l'approbation du protecteur de l'Académie, le roi puis le président de la République, qui manifeste celle-ci en donnant audience au nouvel élu. C'est ainsi que l'élection de Paul Morand a été différée jusqu'en 1968, car le général de Gaulle s'y était jusqu'alors opposé en raison des postes occupés par l’intéressé sous le régime de Vichy.
Le nouvel élu est alors installé dans une cérémonie à huis clos. Une semaine après, il est officiellement reçu dans la Compagnie en habit vert, qu'il se sera fait confectionner. Au cours de cette cérémonie publique, il prononce un discours de remerciement où il fait l'éloge de son prédécesseur, auquel répond le directeur du trimestre où la vacance a été notifiée. Cette tradition remonte à Olivier Patru, reçu en 1640 : Modèle:Citation bloc
Uniforme
L'habit des académiciens, avec bicorne, cape et épée, qu'ils revêtent lors des séances solennelles sous la Coupole, a été dessiné sous le Consulat. Grand amateur d'uniformes, Bonaparte avait d'abord pensé à un habit jaune, mais c'est un uniforme noir avec des broderies vertes en forme de rameaux d'olivier qui fut finalement choisi par une commission de trois membres : Houdon, Vincent et Chalgrin, sur un dessin attribué au peintre Jean-Baptiste Isabey.
Cet uniforme est commun à tous les membres de l’Institut de France.
Les femmes et les ecclésiastiques sont dispensés du port de l'uniforme et de celui de l'épée. Modèle:Mmes, Carrère d'Encausse, Delay, Veil, Sallenave, Bona et Cassin ont cependant opté pour l'« habit vert » lors de leur réception. Modèle:Mme a été la première femme à porter l'épée, arme créée pour l'occasion par l'orfèvre géorgien Goudji. Les femmes élues ensuite ont opéré le même choix, à l'inverse de Jacqueline de Romilly, qui avait cependant reçu une broche symbolique après son élection à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1975.
Quelques statistiques
La première femme élue à l'Académie française est Marguerite Yourcenar, en 1980. Elle a été suivie par Jacqueline de Romilly en 1988 et Hélène Carrère d'Encausse en 1990, qui fut secrétaire perpétuel de l'institution jusqu'à son décès<ref>http://academie-francaise.fr/les-immortels/helene-carrere-dencausse.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>, puis par d'autres. En 2023, l’Académie compte six femmes<ref name="deadlock"/>. Modèle:Article détaillé
Le premier homme noir élu est Léopold Sédar Senghor, en 1983<ref name="abm15">Modèle:Lien web.</ref>. Il est suivi par Dany Laferrière en 2015<ref name="abm15"/>.
La nationalité française n'est pas formellement une obligation pour être élu à l'Académie, rien n'étant prévu à ce sujet dans le règlement de l'institution. Plusieurs académiciens sont ainsi originaires d'autres pays que la France. Si la plupart d'entre eux ont été naturalisés avant leur élection Modèle:Incise, certains ont été élus avec une autre nationalité Modèle:Incise. Peu de temps avant son élection en 1980, Marguerite Yourcenar, devenue citoyenne des États-Unis en 1947, avait repris la nationalité française. Des académiciens français sont également nés dans un pays étranger, sans toutefois avoir la nationalité de ce pays Modèle:Incise, né en 1926 en Allemagne.
Cette liste recense les académiciens citoyens d’un pays autre que la France à un moment quelconque de leur vie (que cette nationalité soit par la naissance ou par la naturalisation et même s’ils ne l'avaient plus au moment de leur élection, leur entrée à l’Académie ou leur décès) :
Année d'élection | Académiciens | Nationalités autres que française | Situation relative à la nationalité française |
---|---|---|---|
1881 | Victor Cherbuliez (1829-1899) | Modèle:Pays | Acquisition par naturalisation en 1880. Premier académicien ayant eu une nationalité étrangère. |
1894 | Modèle:Nobr (1842-1905) | Modèle:Pays | Né à Cuba, citoyen de l'Espagne, naturalisé français en 1893. |
1931 | Modèle:Gal Maxime Weygand (1867-1965) | Modèle:Pays | Naturalisé français en 1888. |
1959 | Henri Troyat (1911-2007) |
Modèle:Pays | Russe d'origine arménienne, naturalisé français en 1935. |
1962 | Joseph Kessel (1898-1979) | Modèle:Pays | Né en Argentine, citoyen de Russie, naturalisé français en 1919. |
1970 | Eugène Ionesco (1909-1994) | Modèle:Pays | Naturalisé français en 1950. |
1971 | Julien Green (1900-1998) |
Modèle:Nobr | Le président Georges Pompidou lui propose en 1972 la nationalité française, mais il décline la faveur. Premier académicien à n’avoir jamais possédé la nationalité française. |
1973 | Jean d'Ormesson (1925-2017) | Modèle:Pays | A obtenu la nationalité libanaise en 1989 lors d'un séjour durant la guerre civile libanaise. |
1975 | Félicien Marceau (1913-2012) | Modèle:Pays | Naturalisé français en 1959. |
1980 | Marguerite Yourcenar (1903-1987) | Modèle:Nobr | Née en Belgique d'un père français, elle est naturalisée américaine en 1947 et renonce à sa nationalité française. Elle la recouvre en 1980<ref>Modèle:Article.</ref>. Première femme élue à l'Académie. |
1983 | Léopold Sédar Senghor (1906-2001) | Modèle:Pays | Indigène sujet français à sa naissance, puis pleinement citoyen français à partir de 1933 et enfin citoyen sénégalais à partir de 1960. Il ne possédait plus la nationalité française au moment de son élection. Premier Africain élu à l'Académie. |
1996 | Hector Bianciotti (1930-2012) | Modèle:Pays | Naturalisé français en 1981. |
1999 | René de Obaldia (1918-2022) | Modèle:Pays | Né à Hong Kong de parents panaméens : père consul du Panama à Hong Kong et mère, née picarde, ayant perdu sa nationalité française par son mariage<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Lui-même, donc panaméen, arrivé en France en bas âge en 1919 avec sa mère, optant aussi pour la nationalité française à sa majorité, fin 1939 (malgré la conséquence d'être incorporé dans l'armée française)<ref>Modèle:Article.</ref>. |
2002 | François Cheng (né en 1929) |
Modèle:République de Chine (1912-1949) | Naturalisé français en 1971. |
2005 | Assia Djebar (1936-2015) |
Modèle:Pays | Née en Algérie française, sujet colonial français puis citoyenne de l’Algérie à l'indépendance de celle-ci en 1962. Elle ne possédait plus la nationalité française au moment de son élection. |
2009 | François Weyergans (1941-2019) | Modèle:Pays | Né en Belgique d'un père belge et d'une mère française, possède donc la double nationalité. |
2011 | Amin Maalouf (né en 1949) |
Modèle:Pays | Chrétien maronite réfugié en France en 1975, naturalisé français en 1981. |
2012 | Jules Hoffmann (né en 1941) |
Modèle:Pays | Naturalisé français en 1970, ce qui lui fit perdre sa nationalité luxembourgeoise. |
2013 | Michael Edwards (né en 1938) |
Modèle:Pays | Naturalisé français en 2003. |
2013 | Dany Laferrière (né en 1953) |
Modèle:Pays et naturalisé Modèle:Pays |
Naturalisé canadien, il vit au Québec. Deuxième académicien après Julien Green à n'avoir jamais possédé la nationalité française. |
2016 | Andreï Makine (né en 1957) |
Modèle:URSS puis Modèle:Pays | Naturalisé français en 1996 après avoir remporté le prix Goncourt. |
2020 | Maurizio Serra (né en 1955) |
Modèle:Pays | Né au Royaume-Uni. Troisième académicien après Julien Green et Dany Laferrière à n’avoir jamais possédé la nationalité française. |
2021 | Mario Vargas Llosa (né en 1936) |
Modèle:Pays et naturalisé Modèle:Pays |
Né au Pérou et naturalisé espagnol. Prix Nobel de littérature en 2010. Possède la particularité de n’avoir jamais écrit d’œuvre en français. Quatrième académicien après Julien Green, Dany Laferrière et Maurizio Serra à n'avoir jamais possédé la nationalité française. |
2022 | Antoine Compagnon (né en 1950) |
Modèle:Pays | Né en Belgique de père français et de mère belge. Possède de fait la double nationalité. |
L'âge moyen d'entrée à l'Académie, d'après les calculs du démographe Jacques Véron, était de Modèle:Nombre entre 1635 et 1757, de Modèle:Nombre pour les promotions de 1758 à 1878 et de Modèle:Nombre pour les promotions de 1880 à 1983<ref name="Garcia83"/>. L'âge moyen d'entrée des Modèle:Nobr élus entre 2005 et Modèle:Date- est de Modèle:Nombre<ref name="Garcia83">Modèle:Harvsp.</ref>. Depuis 2010, l'âge limite d'entrée à l'Académie est de 75 ans à la date du dépôt de la candidature<ref>Modèle:Article.</ref>, mais une exception a été faite pour Mario Vargas Llosa.
Membres actuels
Modèle:Article connexe Modèle:Article connexe
Nombre effectif des académiciens
Le nombre de Modèle:Nombre n’a été atteint que cinq ans après la création de l’Académie, avec l’élection de Daniel de Priézac le Modèle:Date.
Jusqu’à la fin de la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l’effectif de l’Académie française était souvent complet, chaque décès étant rapidement suivi par une élection et le nouvel académicien était rapidement reçu<ref group="N">Quelques exemples :
- en 1810 au fauteuil no 14 : mort de Jacques-André Naigeon le Modèle:Date, élection de Népomucène Lemercier le Modèle:Date et réception le Modèle:Date ;
- en 1820 au fauteuil no 24 : mort de Volney le Modèle:Date, élection d’Emmanuel de Pastoret le Modèle:Date et réception le Modèle:Date ;
- en 1830 au fauteuil no 6 : mort du duc de Lévis le Modèle:Date, élection du duc de Ségur le Modèle:Date et réception le Modèle:Date.</ref>.
Depuis, les délais d’élection et de réception se sont considérablement allongés. Il se passe aujourd’hui environ un an entre un décès et une élection, et encore un an entre l’élection et la réception<ref group="N">Réception au cours de laquelle est prononcé un éloge qui a pour origine l'éloge funèbre de Pierre Bardin.</ref>, de sorte que le chiffre de Modèle:Nombre est peu souvent atteint. L'Académie fut au complet pour la dernière fois du Modèle:Date (élection de Marc Lambron) au Modèle:Date (décès d'Assia Djebar)<ref group="N">Cela avait été le cas auparavant entre le Modèle:Date (élection de François Weyergans) et le Modèle:Date suivant (mort de Maurice Druon), et la précédente période a duré du Modèle:Date (élection d’Assia Djebar) au Modèle:Date (mort de Jean Bernard).</ref>.
Mais si l’on ne tient compte que des académiciens reçus, et non pas seulement élus, alors l’Académie n’a été complète que pendant Modèle:Nombre au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et ne l’a encore jamais été au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Les périodes où l’Académie était complète ont été :
- du Modèle:Date au Modèle:Date (entre la réception d’Émile Gebhart et la mort d’Eugène Guillaume), soit Modèle:Nombre ;
- du 10 au Modèle:Date (entre la réception du cardinal Albert Decourtray et la mort d'Eugène Ionesco), soit Modèle:Nombre.
Si l’on ne tenait pas compte de l’exclusion Modèle:Lang de Charles Maurras et Philippe Pétain pour cause de condamnation à l'indignité nationale<ref group="N">Leur condamnation à la dégradation nationale, respectivement le Modèle:Date et le Modèle:Date, provoque automatiquement la destitution et l'exclusion de toutes fonctions, offices publics et corps constitués, mais l’Académie française, tout en reconnaissant la vacance de leurs fauteuils, n’a pas voté sur leur radiation et ils n’ont été remplacés qu’après leur mort.</ref>, alors il y aurait eu deux autres périodes pendant lesquelles l’Académie aurait été au complet :
- du Modèle:Date au Modèle:Date (entre la réception de Maurice Genevoix et la mort d’Edmond Jaloux), soit Modèle:Nombre, Modèle:Nombre et Modèle:Nombre ;
- du Modèle:Date au Modèle:Date (entre la réception de Jean-Louis Vaudoyer et la mort de Jean Tharaud), soit Modèle:Nombre, Modèle:Nombre et Modèle:Nombre.
Le nombre d'académiciens élus a été au plus bas avec Modèle:Nombre du Modèle:Date au Modèle:Date. Le nombre d'académiciens reçus a été au plus bas avec Modèle:Nombre du Modèle:Date au Modèle:Date<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="Les 40 aujourd'hui">Les quarante aujourd'hui.</ref>.
Le « Modèle:41e fauteuil »
L’expression [[41e fauteuil|Modèle:41e]] a été forgée en 1855, par l’écrivain Arsène Houssaye, lui-même candidat malheureux, pour désigner ces auteurs qui n'ont jamais siégé à l'Académie, malgré leur notoriété ou leurs qualités généralement reconnues, tels Descartes, Molière, Pascal, La Rochefoucauld, Rousseau, Diderot, Beaumarchais, André Chénier, Balzac, Dumas père, Gautier, Flaubert, Stendhal, Nerval, Maupassant, Baudelaire, Zola, ou Daudet<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Certains ne songèrent pas à introduire une candidature, tels Giraudoux ou Larbaud. D’autres sont décédés avant leur élection probable : Apollinaire, Proust ou Péguy.
Refus de se présenter
De nombreux écrivains, intellectuels ou scientifiques ont décliné l'invitation à se présenter à l'élection parmi les « immortels ». Sollicité par François Mauriac en 1950, Marcel Aymé lui répond ainsi : Modèle:Citation bloc
De même Georges Bernanos refusa que l'on pût seulement lui proposer d'y entrer, car, écrit-il, s'il n'en était déjà dégoûté, la présence au sein de l'Académie Modèle:Citation l'en éloignerait<ref>Lettre de la fin Modèle:Date-. Combat pour la liberté, Plon, 1971, Modèle:P..</ref>. De Bernanos, on cite souvent la phrase : Modèle:Citation.
Edmond Rostand a ironisé sur l'immortalité du nom de certains académiciens pourtant aujourd'hui tombés dans l'oubli : Modèle:Citation (Cyrano de Bergerac (Rostand), Modèle:Nobr romains, Modèle:Nobr). Rostand ne s'en présenta pas moins à l'Académie, où il fut élu en 1901.
Certains, délibérément hostiles à l'Académie et rejetant par principe ce qu’on nomme académisme, ont refusé les avances qui leur étaient faites. Ce fut le cas notamment de Stendhal, Gustave Flaubert, Alphonse Daudet, André Gide, Roger Martin du Gard, Jacques Monod et Françoise SaganModèle:Référence souhaitée.
Approchés, plusieurs hommes de lettres contemporains dont Daniel Pennac, Jean Echenoz, Simon Leys, J. M. G. Le Clézio, Patrick Modiano, Milan Kundera, Pascal Quignard ou Tonino Benacquista déclinèrent la proposition de se présenterModèle:Référence souhaitée.
Prises de positions de l'Académie
Langues régionales
Fidèle à sa mission originale d'établissement des normes de la langue officielle, l'Académie française s'oppose à ce qu'il soit fait mention des langues régionales dans la Constitution française, selon une déclaration rendue publique le Modèle:Date. En effet, selon les académiciens, cette mention amènerait la France à pouvoir ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires<ref>Le Monde, édition du Modèle:Date-, « L'Académie française ne veut pas des langues régionales dans la Constitution ».</ref>, ce qu'elle ne souhaite pas.
Rectifications de l’orthographe
Dans son discours du Modèle:Date, le Premier ministre Michel Rocard a proposé à la réflexion du Conseil supérieur de la langue française cinq points précis concernant l’orthographe :
- le trait d’union ;
- le pluriel des mots composés ;
- l’accent circonflexe ;
- le participe passé des verbes pronominaux ;
- diverses anomalies.
C’est sur ces cinq points qu'ont porté les propositions de l'Académie française. Elles ne visent pas seulement l’orthographe du vocabulaire existant, mais aussi et surtout celle du vocabulaire à naître, en particulier dans les sciences et les techniques.
Présentées par le Conseil supérieur de la langue française, ces rectifications ont reçu un avis favorable de l’Académie française à l’unanimité, ainsi que l’accord du Conseil de la langue française du Québec et celui du Conseil de la langue de la Communauté française de Belgique.
Elles ont été publiées au Journal officiel du Modèle:Date. Ces rectifications, modérées dans leur teneur et dans leur étendue, se résument ainsi :
- le trait d’union : un certain nombre de mots remplaceront le trait d’union par la soudure (exemple : portemanteau comme portefeuille) ;
- le pluriel des mots composés : les mots composés du type pèse-lettre suivront au pluriel la règle des mots simples (des pèse-lettres) ;
- l’accent circonflexe : il ne sera plus obligatoire sur les lettres i et u, sauf dans les terminaisons verbales et dans quelques mots où sa présence est essentielle pour distinguer un homonyme (exemples : qu’il fût, mûr) ;
- le participe passé : il sera invariable dans le cas de laisser suivi d’un infinitif (exemple : elle s’est laissé mourir) ;
- les anomalies :
- mots empruntés : pour l’accentuation et le pluriel, les mots empruntés suivront les règles des mots français (exemple : un imprésario, des imprésarios) ;
- séries désaccordées : des graphies seront rendues conformes aux règles de l’écriture du français (exemple : douçâtre), ou à la cohérence d’une série précise (exemples : boursouffler comme souffler, charriot comme charrette).
La dernière autorité s'avère en fin de compte l'usage : menée par quelques défenseurs inattendus dont François Cavanna et Delfeil de Ton, ordinairement peu enclins à soutenir l'ordre établi, la réforme de 1990 (rectification d'anomalies orthographiques, suppressions de certains accents circonflexes, francisation des noms d'origine étrangèreModèle:Etc.) fut fortement contestée et l'Académie, tout en indiquant que les modifications proposées possédaient une logique, réaffirma la nécessité de laisser l'usage seul trancher<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Féminisation des noms de métiers
L'Académie a longtemps été opposée à la féminisation des noms de métiers.
En Modèle:Date-, la romancière Marie-Louise Gagneur demande à l'Académie française de féminiser les termes écrivain et auteur. Charles de Mazade répond alors : Modèle:Citation selon Le Matin, tandis que Leconte de Lisle indique que Modèle:Citation<ref name="CamilleCaldini">Modèle:Lien web</ref>.
En 2014, elle considérait, par exemple, des mots formés par l'adjonction de -e à des mots en -eur comme des barbarismes<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
À la demande de la Cour de cassation en Modèle:Date-, elle promet de réfléchir à cette féminisation<ref name="CamilleCaldini" />,<ref>Modèle:Article</ref>. En 2019, ses positions sont plus nuancées, elle affirme qu'Modèle:Citation
Critiques de l'institution
L'Académie française essuie des critiques depuis sa création tenant tout à la fois à ses positions conservatrices, son mode de fonctionnement et de recrutement, sa légitimité ou encore son expertise.
Lenteur de rédaction
Son premier dictionnaire est critiqué pour sa lenteur de rédaction (il faut attendre 1694 pour le voir paraitre alors que l'institution a été créée en 1635). Tranchant dans les débats de l'époque, l'Académie opte pour une « orthographe ancienne » (c'est-à-dire à tendance étymologique) en ce qu'elle Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Avant la parution de la première édition, Antoine Furetière, académicien avant d'être exclu par ses pairs, se vengera de son éviction en décrivant au vitriol les modalités de travail de la commission du dictionnaire : Modèle:Citation bloc
Élections contestées
L’annonce de la candidature de Valéry Giscard d'Estaing en 2003 suscite une opposition de Maurice Druon et de plusieurs membres de l’Académie, parmi lesquels Angelo Rinaldi, Erik Orsenna et Pierre Messmer. Druon écrit un article virulent dans Le Figaro littéraire, où il souligne que jamais un ancien protecteur de l'Académie n'a osé être candidat sous la Coupole, et estime que la politique ne doit pas envahir l'Académie, que les gaullistes n'ont toujours pas digéré l'attitude de Giscard lors du référendum de 1969, et que Giscard n'est pas un écrivain<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Giscard d’Estaing est néanmoins élu dès le premier tour, avec Modèle:Unité sur 34<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
L'élection d'Alain Finkielkraut en 2014 divise les académiciens et soulève l'opposition de huit d'entre eux, qui barrent leur bulletin d'une croix. Il est cependant élu dès le premier tour avec Modèle:Nombre sur 28, avec 8 bulletins barrés, signe de désaveu rare<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="CamilleCaldini" />. Il succède à Félicien Marceau, dont l'élection avait provoqué la démission d'un autre académicien, Pierre Emmanuel, qui entendait protester contre l'arrivée de cet écrivain sur lequel avaient pesé des soupçons de collaboration avec l'occupant allemand dans les dernières années de la guerre dans son pays d'origine, la Belgique<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Condamné par contumace en Belgique en 1946, sa condamnation fut estimée injustifiée par le général de Gaulle qui lui accorda donc la nationalité française en 1959<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Mise en cause de sa légitimité
L'Académie est critiquée, en France<ref>Modèle:Lien web.</ref> comme à l'étranger<ref name="deadlock">Modèle:Lien web.</ref>, pour son manque de compétence linguistique (elle n’a plus eu aucun membre linguiste depuis la mort de Gaston Paris en 1903) ainsi que pour son manque de représentativité<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="franceculture.fr"/>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
L'Académie dément être une institution normative, mais plutôt le Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. Marc Wilmet, linguiste belge et membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, estime néanmoins qu'à partir du moment où les usages non normés sont délégitimés par les locuteurs et institutions qui se réfèrent à l'Académie, ils sont conditionnés de fait par cette dernière<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Dans un entretien donné en Modèle:Date à la revue socialiste Ballast, Maria Candea, professeur de sociolinguistique à l'université Sorbonne Nouvelle<ref>Modèle:Lien web.</ref> et co-autrice du livre L'Académie contre la langue française<ref name="viennot-2016">Modèle:Ouvrage.</ref>, ne reconnaît aux académiciens ni légitimité ni compétence linguistique<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En Modèle:Date-, la même revue publie une tribune signée par Modèle:Unité intitulée « Que l’Académie tienne sa langue, pas la nôtre », remettant en cause la légitimité des avis de l’Académie sur la langue, et en particulier son texte décrivant l'écriture inclusive comme un Modèle:Citation, qualifié de Modèle:Citation. La tribune affirme que la langue doit devenir Modèle:Citation et que le débat doit être ouvert à tous les locuteurs et non à la seule Académie<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Un fonctionnement sous surveillance
Un rapport de la Cour des comptes en 2015 pointe une Modèle:Citation et un Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>, ainsi que d'une enquête publiée en 2014 par le journaliste Daniel Garcia<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>, celle-ci étant mise à jour en 2016<ref name="GarciaCairn">Modèle:Article.</ref>. La Cour des comptes signale une politique salariale Modèle:Citation et Modèle:Citation, un riche patrimoine (le château et la forêt de Chantilly, le musée Jacquemart-André et le musée Marmottan à Paris, la maison et les jardins de Claude Monet à Giverny, la villa Kérylos et la villa Ephrussi de Rothschild sur la Côte d’Azur, le château de Langeais, l’abbaye de Chaalis, la galerie Vivienne à Paris, composée de trente boutiques de luxe en rez-de-chaussée et deux cents appartements dans les étages, La Mer de Sable, et de nombreux immeubles anonymes<ref name="GarciaCairn"/>), plus de Modèle:Formatnum Modèle:M2 de locaux habitables gérés selon son bon vouloir<ref name="CamilleCaldini" />. Son patrimoine dormant est estimé à plus 1,1 milliard d’euros par Daniel Garcia<ref name="GarciaCairn"/>.
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
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|langue = |titre = [[s:{{#if: | : | }}{{#if: L’Institut de France et les anciennes Académies | L’Institut de France et les anciennes Académies | L’Institut de France et les anciennes Académies }}|L’Institut de France et les anciennes Académies]] }}{{#if: | Fac-similé disponible sur Wikisource | }}{{#if: L’Institut de France et les anciennes Académies | Télécharger cette édition au format ePub Télécharger cette édition au format PDF | }} (Wikisource{{#switch:
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}}).
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage Modèle:ASIN.
- Modèle:Lien par élément , Coupole et dépendances, Éditions du moment, 2014 Modèle:ISBN.
- Modèle:Article.
- Pierre Gaxotte, L'Académie française, Paris, Hachette, 1965.
- Modèle:Ouvrage.
L'Académie dans la fiction
- Dans le roman Le Fauteuil hanté (1909) de Gaston Leroux, les occupants successifs d'un même fauteuil meurent dans des circonstances mystérieuses.
- Dans le film L'Aile ou la Cuisse (1976) de Claude Zidi, Charles Duchemin, directeur d'un fameux guide gastronomique interprété par Louis de Funès, devient l'un des quarante immortels.
Articles connexes
- Liste des membres de l'Académie française - Chronologie des élections à l'Académie française
- Femmes à l'Académie française
- Prix de l'Académie française
- Réforme de l'orthographe française - Francisation
- Office québécois de la langue française, homologue québécois de l’Académie française