Charles Maurras

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Trop long Modèle:Source douteuse Modèle:Ton journalistiqueModèle:Infobox Biographie2Charles Maurras, né le Modèle:Date- à Martigues (Bouches-du-Rhône) et mort le Modèle:Date- à Saint-Symphorien-lès-Tours (Indre-et-Loire), est un journaliste, essayiste, homme politique et poète français.

Écrivain provençal appartenant au Félibrige et agnostique dans sa jeunesse, il se rapproche ensuite des milieux catholiques et antidreyfusards. Autour de Léon Daudet, Jacques Bainville, et Maurice Pujo, il dirige le journal L'Action française, fer de lance du mouvement homonyme, d’inspiration royaliste, nationaliste et contre-révolutionnaire qui devient le principal mouvement intellectuel et politique d'extrême droite sous la Troisième République. Sa doctrine prône une monarchie héréditaire, tout en se réclamant antisémite, antiprotestante, antimaçonnique et xénophobe.

Bien qu'antigermanique, il soutient le régime de Vichy, l'instauration d'une législation antisémite et la création de la milice. Poursuivant la publication de L'Action française sous l'occupation allemande, il réclame l'exécution de résistants. Arrêté à la Libération, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale en raison de ses articles. Il est gracié pour raisons de santé en Modèle:Date-.

Élu à l'Académie française le Modèle:Date-, sa condamnation à la dégradation nationale entraîne automatiquement sa radiation de l’Institut de France. Mais il fut décidé, lors de la séance du Modèle:Date-, qu’on déclarerait vacant le fauteuil de Maurras, sans pour autant voter la radiation. Ainsi, Charles Maurras n'est remplacé sous la Coupole qu’après sa mort.

Son parcours et sa pensée jouent un rôle essentiel dans les courants de pensée de droite et d'extrême droite en France.

Biographie

Enfance et adolescence (1868-1886)

Fichier:Charles Maurras 1877.jpg
Charles Maurras en 1877.
Fichier:Bastide du Chemin de Paradis - demeure de Charles Maurras.jpg
Maison du chemin de Paradis, demeure de Charles Maurras à Martigues, Bouches-du-Rhône, Provence.

En 1868, le 20 avril, naît à Martigues<ref>Modèle:Lien web</ref>, au 13 quai Saint-Sébastien, Charles Marie Photius Maurras<ref group=G>Modèle:P.32.</ref>, en Provence. Il est le second fils de Jean Aristide Maurras (1811-1874), percepteur, ayant des convictions libérales, et de Marie-Pélagie Garnier (1836-1922)<ref group=G>Modèle:P.27.</ref>, profondément catholique. Ce couple de condition assez modeste se fait apprécier par les aides qu'il prodigue aux plus pauvres<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Quelques mois avant la naissance de Charles, ils ont perdu leur premier fils, Romain, âgé de deux ans.

En 1872, la naissance de François Joseph Émile agrandit la famille. La famille Maurras s'est installée à Martigues au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ; elle était originaire du pays gavot (Haut-Var), au sud de Gréoux, près de Saint-Julien-le-Montagnier<ref group=G>Modèle:P.29.</ref>. En 1873, Charles est mis à l'école communale : sa famille est étonnée par sa vivacité, ses dons et sa capacité à réciter l'histoire sainte et l'histoire romaine mais il est réprimandé quand il rapporte du provençal à la maison<ref name="G37" group="G">Modèle:P.37.</ref>. Charles Maurras écrira que s'il lui était donné de revivre une période de sa vie, ce serait sa petite enfance<ref>Charles Maurras, La Musique intérieure, éd. Grasset, 1925, Modèle:P..</ref>. Le 3 janvier 1874, il devient orphelin de père<ref group="G" name="G37"/>. À six ans, Charles part vivre avec sa mère et son petit frère à Aix-en-Provence. En octobre 1876, Charles entre en classe de huitième au collège catholique, à Aix-en-Provence, rue Lacépède. À la fin de la septième, il obtient onze prix et pendant quatre ans, il remporte le premier prix de latin<ref group=G>Modèle:P.38.</ref>. En 1879, promu « élève d'honneur », il reçoit le premier prix d'instruction religieuse mais ce n'est pas un élève sage et il a souvent des sautes d'humeur<ref name="G39" group=G>Modèle:P.39.</ref>. Malhabile en mathématiques et en anglais, le latin et le grec le ravissent<ref group="G" name="G39"/>. Au collège, il se lie avec Xavier de Magallon, auquel le lie une passion pour la poésie et Alfred de Musset, puis il s'enthousiasme pour Frédéric Mistral<ref group=G>Modèle:P.41-42.</ref>.

À quatorze ans, la surditéModèle:Note dont il est soudainement atteint, dégrade aussi ses capacités vocales. Désespéré, le jeune Charles voit s'effondrer tous ses projets, dont celui d'entrer à l'École navale comme le père de sa mère<ref group="G">Modèle:P..</ref>. L'abbé Jean-Baptiste Penon, futur évêque de Moulins et premier latiniste et helléniste du diocèse, propose à Modèle:Mme Maurras d'aider son fils et celui-ci dira que cette offre spontanée fut la grande bénédiction de sa vie<ref>Charles Maurras, Œuvres complètes de Charles Maurras, t. IV, Modèle:P..</ref>. L'abbé Penon donne des cours particuliers au jeune Charles, ce qui lui permet de revenir parfois au collège pour des cours de rhétorique et philosophie<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Alors que Maurras est en révolte contre sa surdité, la lecture de Pascal, qu'il assimile au dolorismeModèle:Note, contribue à lui faire perdre la foi<ref group="G">Modèle:P..</ref>. La perte de la foi et sa surdité le désespèrent et le conduisent à une tentative de suicide qui échouera<ref group="G">Modèle:P..</ref> et n'est connue que par des témoignages indirects<ref>Yves Chiron, La Vie de Maurras, Paris, Perrin, 1991, Modèle:P..</ref>.

En 1884, il se raccroche progressivement à la vie et est désigné par ses maîtres, avec quelques-uns de ses amis et condisciples, pour donner des conférences organisées au collège du Sacré-Cœur : Charles Maurras y prononce sa première conférence, qui est aussi son premier texte publié, sur Thomas d'Aquin étudiant et lecteur de l'université à Paris<ref group="G">Modèle:P..</ref>. La même année, il est reçu Modèle:Incise à son premier baccalauréat, en 1884, où il excelle en latin et en grec<ref name="G51" group="G">Modèle:P..</ref>. Il approfondit alors ses lectures philosophiques, s'intéresse à Hippolyte Taine et Ernest Renan<ref group="G" name="G51"/>. En 1885, après un échec à la seconde partie du baccalauréatModèle:Note en juillet du fait d'une copie de philosophie jugée trop thomiste, Charles Maurras est admis en novembre de la même année avec la mention Bien : il est reçu en premier en sciences et en philosophie<ref name="G51-54" group="G">Modèle:P..</ref>. L’abbé Penon incite Charles Maurras à aller à Paris car il souhaite l’introduire dans les revues et journaux qu’il connaît, ce qui amène la famille Maurras à quitter Martigues et à s'installer à Paris le 2 décembre 1885<ref group="G" name="G51-54"/>.

Période de formation avant l'Action française (1886-1898)

Avant la création de l'Action française, Charles Maurras approfondit ses questionnements métaphysiques, s'implique dans la vie littéraire et enrichit sa réflexion politique tout en se lançant dans le journalisme.

Réflexion philosophique

Fichier:Charles Maurras vers 1888.jpg
Charles Maurras, vers 1888.

Charles s’inscrit en histoire à la faculté des lettres de Paris, rencontre l’historien orléaniste Paul Thureau-Dangin mais ne peut suivre les cours du fait de son infirmité. En revanche, il se montre un bourreau de travail : lectures innombrables à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à l’Arsenal, à la Sorbonne, annotations et rédactions d’articles, perfectionnement de son latin, notamment pour éviter les traductions de Lucrèce en alexandrins qui lui Modèle:Citation.

Maurras écrit dans La Réforme sociale, revue conduite par le sociologue Frédéric Le Play, qui développe une analyse de la société moderne critiquant l’individualisme et prônant des idées corporatistes et familiales dans l’esprit des encycliques papales ; il écrit également pendant cinq ans dans les Annales de philosophie chrétienne, revue dont l’ambition est de combiner la théologie du Docteur Angélique et les idées modernes issues de Lamennais<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Entre 1886 et 1888, il collabore au Polybiblion littéraire pour des comptes-rendus d’ouvrages sociologiques ; à partir de l'automne 1886, il rédige aussi le feuilleton bibliographique (« Les livres de la semaine ») de L’Instruction publique, revue de l’enseignement supérieur d’inspiration conservatrice et libérale jusqu’en 1890<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

La tournure de sa pensée est encouragée par l’atmosphère intellectuelle du temps qui oscille entre le déterminisme kantien et le pessimisme de Schopenhauer. Il affirme : Modèle:Citation<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

Entre 1886 et 1889, le questionnement philosophique s'amplifie comme le dialogue épistolaire entre le jeune homme et l’abbé Penon qui tente de le guider vers l’aperception de l’origine divine de la causalité première mais Maurras bute sur la substitution des témoignages de la tradition chrétienne aux preuves rationnelles<ref name="G59" group="G">Modèle:P..</ref>. Il reconnaît être troublé par la philosophie kantienne de la connaissance ; tout en admirant la méthode Modèle:Citation de saint Thomas, il qualifie d’Modèle:Citation la théorie scolastique de la connaissance<ref group="G" name="G59"/>. Charles Maurras dialogue avec l’abbé Huvelin, vicaire de l’église Saint-Augustin, Modèle:Citation selon l’expression de Pierre Boutang, avec des amis séminaristes, avec des philosophes catholiques comme Maurice Blondel et Léon Ollé-Laprune qui ont apprécié ses articles ; mais son exigence de la certitude scientifique empêche Maurras de rencontrer la foi : tiraillé entre le travail de la raison et le désir de certitude religieuse, son agnosticisme se renforce<ref name="G61-62" group="G">Modèle:P..</ref>. Ne trouvant pas la foi, Charles Maurras trouve la paix intellectuelle dans la distraction de la littérature car la poésie l’éblouit et dans la méthode positiviste car l’histoire et la philosophie le passionnent<ref group="G" name="G61-62"/>.

Activité littéraire

En 1886, Maurras découvre Frédéric Mistral dans le texte ; il rêve de constituer une anthologie de poésie et de prose provençales et commence un travail de documentation dans ce but<ref name="G65-67" group="G">Modèle:P..</ref>.

En 1887, se définissant comme Modèle:Citation, il s'investit dans La Réforme sociale avec pas moins de cent soixante-dix articles jusqu'en juin 1891<ref group="G" name="G65-67"/>. Le 23 décembre 1887, il entre au quotidien catholique L'Observateur français dont il deviendra secrétaire de rédaction en octobre 1888 et auquel donnera cent-soixante quatorze articles mais cette grande activité ne fait pas refluer son amour et sa nostalgie de la Provence. Très vite, le jeune homme rencontre des félibres comme Paul Arène et Albert Tournier<ref group="G" name="G65-67"/>.

En 1888, il obtient le prix du Félibrige pour un éloge du poète provençal Théodore Aubanel<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ; il devient membre de cette académie qui s’est fixé comme objectif la restauration de la langue et de la culture d’oc. Durant l’été de la même année, il fait la connaissance de son compatriote Frédéric Mistral, puis, en décembre, du Lorrain Maurice Barrès. À l'âge de vingt ans, il est un des membres les plus influents du FélibrigeModèle:Sfn.

En 1889, il rencontre Frédéric Amouretti lors des Fêtes félibréennes de Sceaux et devient le secrétaire du Félibrige de Paris. Il publie son premier ouvrage, consacré à Aubanel et devient journaliste littéraire<ref>Biographie sur le site de l'Académie française.</ref>.

En 1890, il rencontre Jean Moréas et devient le théoricien de l'École romane, fondée par le poète du Pèlerin passionné, prônant un néo-classicisme peu enclin à l'académisme<ref name="huguenin23" />. Maurras cherchera à rapprocher félibres et poètes romans<ref name="G97" group="G">Modèle:P..</ref>. La même année, il ébauche un vaste chant épique de trois mille alexandrins, rassemblés sous le titre de Théocléa et inspiré par la figure de Pythagore en qui il voit le plus grand moraliste de l'Antiquité<ref name="G85" group="G">Modèle:P..</ref>. Il se lie d'amitié à Anatole France<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, ce qui contribue au renforcement de son agnosticisme. Il travaille avec ses amis à faire connaître les poètes provençaux au public parisien et à établir des ponts entre symbolisme et provençalisme, notamment en travaillant à un numéro spécial de La Plume<ref group="G" name="G97"/>.

En 1891, il consacre son deuxième essai critique au poète Jean Moréas, le chef de file de l’École romane, qui lui a été présenté l’année précédente. Il prépare également un court traité visant à établir une doctrine de vivre et de mourir, La Merveille du monde, qui Modèle:Quoi<ref group="G" name="G85"/>.

Jusqu'en 1898, c'est dans la Revue encyclopédique que Maurras livre la plupart de ses articles littéraires<ref group="G">Modèle:P..</ref> : il chronique ainsi les œuvres de Paul Bourget, Jules Lemaître, Jean Psichari, Willy, Jules Tellier, Gabriele D'Annunzio, Paul Adam, Tristan Bernard, Marcel Schwob, Frédéric Plessis, Jean de Tinan, Remy de Gourmont, Stuart Merrill, Jean Moréas, Hugues Rebell, Pierre Louÿs, Marcel Proust, Henri de Régnier, Pierre Quillard… Dans un article du Modèle:1er janvier 1895 de la Revue encyclopédique, le jeune Martégal, qui a lu et analysé l'œuvre de Verlaine, décèle dans les écrits de l’ancien décadent un retour vers le classicisme qu’il salue et contextualiseModèle:Note. Vers la même époque (seconde moitié des années 1890), il fait passer quelques articles dans La Libre Parole avant de rejoindre Le Soleil<ref>Raphaël Viau, Vingt ans d'antisémitisme 1889-1909, Paris, Fasquelle, 1910, Modèle:P..</ref>.

Évolution politique

Modèle:Refnec En 1889, il vote ainsi pour le candidat boulangiste Alfred Naquet d'origine juive<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

En 1887, il participe à la première manifestation de sa vie à 19 ans : celle pour pousser le président Grévy à la démission<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

En 1889, lors du centenaire de la Révolution française, une ébullition historique et philosophique contraste avec la célébration officielle ; des penseurs de différentes tendances, monarchistes, libéraux, conservateurs, catholiques, positivistes mènent une réflexion critique sur les principes revendiqués par la République et qui selon eux menacent le destin français<ref name="G81-84" group="G">Modèle:P..</ref> : Ernest Renan affirme que Modèle:Citation, Edmond Schérer analyse les limites de la démocratie, Émile Montégut parle de la Modèle:Citation. Colloques, publications, débats dans la presse marquent l'anticentenaire intellectuel auquel Maurras participe en suggérant aux Modèle:Citation. Charles Maurras, ancien rédacteur de La Réforme sociale, fonde sa critique de la Révolution en suivant les développements de l'école de Frédéric Le Play : elle dresse un bilan négatif de la Révolution en défendant un programme fondé sur la famille, la hiérarchie sociale, la commune, la participation des citoyens à leur administration, l'indépendance du gouvernement par rapport aux divisions de l'opinion<ref group="G" name="G81-84" />.

De fait, s'il est hostile à la Révolution, il est encore républicain et concède que la République est Modèle:Citation Il fonde alors sa critique de la philosophie politique de Jean-Jacques Rousseau sur les analyses de Pierre Laffitte qui en soulignent les contradictions plus que sur les théories de Louis de Bonald et de Joseph de Maistre<ref group="G" name="G81-84"/>.

Cependant, il est fondamentalement attaché à la décentralisation : en août 1889, se rendant aux archives de Martigues pour une analyse des documents remontant à cent ans en arrière, il découvre les systèmes coutumiers et empiriques, des mécanismes de protection sociale et de solidarité, servant de relais et de protection entre l'individu et l'État central, certains obsolètes mais d'autres utiles et vivaces<ref group="G" name="G81-84"/>. Pour Maurras, avec la centralisation, la République n'a pas fait des Français des citoyens mais des administrés<ref>Léon S. Roudiez, Charles Maurras jusqu'à l'Action française, éd. André Bonne, 1957, Modèle:P..</ref>. Il développe à l'opposé de l'image de l'historiographie révolutionnaire d'un roi au pouvoir illimité, une image paternelle nourrie de bienveillance et de savoir-faire au sommet d'un État fort mais limité<ref group="G" name="G81-84"/>.

En 1894, il se rapproche du nationalisme en collaborant au journal La Cocarde de Maurice Barrès.

En 1895, Maurras amorce sa conversion au principe monarchique, suivant une démarche intellectuelle se combinant avec le respect pour la personne du comte de Paris<ref name="G139" group="G">Modèle:P..</ref>,Modèle:Note. Jusque-là il s'est accommodé d'un sentiment politique conservateur, acceptant volontiers de travailler avec des démocrates et des socialistes. Son patriotisme est viscéral, mais cela ne constitue pas une originalité, la gauche de l'époque articulant généralement le discours sur la justice sociale avec l'impératif patriotique et les valeurs républicaines<ref group="G" name="G139"/>. L'échec de la décentralisation dans le cadre républicain, l'inefficacité du régime parlementaire dans le domaine primordial de la politique étrangère face au danger allemand, l'admiration qu'il porte comme homme d'ordre et de tradition pour le système britannique qui a établi l'équilibre politique et social du peuple de Grande-Bretagne, la lecture de Démosthène et du rôle de la démocratie dans l'effondrement de la Grèce, constituent autant de thèmes de réflexion qui l'inclinent au royalisme en 1895<ref name="G142-143" group="G">Modèle:P..</ref>. Il accepte alors de collaborer au journal royaliste Le Soleil<ref group="G" name="G142-143"/>.

Du 8 avril au 3 mai 1896, La Gazette de France le charge de couvrir comme reporter les premiers jeux Olympiques modernes, à Athènes. Se basant sur les exemples allemands et anglais, il en revient convaincu que le régime monarchique rend plus fortes les nations qui l'adoptent<ref>Bertrand Renouvin, Maurras, le fondateur, no 1, vol. 11, Modèle:P..</ref>.

Naissance de l'Action française (1898-1914)

Fichier:Café de Flore - 1900.jpg
Le Café de Flore vers 1900, lieu de réunion habituel des fondateurs de l'Action française à partir de 1898.
Fichier:Vaugeois, Henri.jpg
Henri Vaugeois.

En avril 1898, Henri Vaugeois et Maurice Pujo fondent un « Comité d'action française », qui ne compte aucun royaliste et vise en prévision des élections à ranimer l'esprit de 1875 en instaurant une république patriote conforme au nationalisme originel de la Révolution<ref name="huguenin27">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="G175-176" group="G">Modèle:P..</ref> ; républicains, ils avaient participé à l'union pour l'Action morale de Paul Desjardins, groupement d'inspiration kantienne, attaché à faire triompher la morale et la vertu dans les affaires publiques ; Vaugeois se veut l'héritier consciencieux du républicanisme révolutionnaire, auquel le relie la mémoire de son grand-oncle conventionnel<ref name="huguenin27" />. Maurras rejoint ce petit groupe qui se réunit habituellement au Café de Flore<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Samuel M. Osgood, French Royalism under the Third and Fourth Republics, La Haye, M. Nijhoff, 1960, Modèle:Rom-maj-228 p., Modèle:P..</ref>, même s'il aurait préféré le complément de nom « d'intérêt commun » à celui « d'action française », moins poignant mais plus précis<ref>Louis Dimier, Vingt ans d'Action française, Nouvelle Librairie nationale, 1926, Modèle:P..</ref>.

Antidreyfusisme

Au milieu d'une cérémonie militaire, Alfred Dreyfus se tient droit en uniforme vierge de tout insigne. Ses insignes et son fourreau sont à ses pieds, et en face de lui, un adjudant est en train de casser son sabre en deux sur son genou.
La dégradation d'Alfred Dreyfus, le Modèle:Date-. Dessin d'Henri Meyer en couverture du Petit Journal du Modèle:Date-, légendé « Le traître »<ref>Voir l'exemplaire complet sur Gallica.</ref>.

En Modèle:Date, Maurras se range dans le camp des antidreyfusards : il s'oppose publiquement à la demande de révision du procès du capitaine Alfred Dreyfus, alors relancée à la suite des aveux et du suicide d'Hubert Henry, officier qui avait fabriqué plusieurs faux pour faire croire à la culpabilité du capitaine<ref>Michel Winock, Le Siècle des intellectuels, Le Seuil, coll. « Points », 1999, Modèle:P..</ref>. Maurras rédige un éloge d'Henry dans La Gazette de France<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Revenant sur l'affaire Dreyfus en 1930, Maurras dit : Modèle:Citation Il avait écrit en Modèle:Date- à Maurice Barrès : Modèle:Citation<ref>Eugen Weber, L'Action française, éd. Fayard, 1985, Modèle:P..</ref>.

Léon de Montesquiou rappelle le rôle crucial de l'affaire Dreyfus dans la naissance de l'Action française qui s'était fixé comme objectif de lutter contre la trahison, Modèle:Citation<ref>Léon de Montesquiou, L'Action française (revue), septembre 1913.</ref>. Il s'agit pour l'Action française de défendre l'armée comme première condition de vie du pays et des hommes qui la composent contre une justice qui lui porterait tort<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Pour Maurras, l'affaire et la mise en cause de l'armée nuisent à la préparation d'une guerre inévitable, où il s'agit de retrouver des provinces perdues ; cette polémique ferait perdre de vue au pays le réalisme politique dans un contexte international menaçant. Maurras prétend ainsi défendre la raison d'État en soutenant l'armée coûte que coûte pour éviter le désastre d'une nouvelle guerre perdue contre l'Allemagne. Il affirme les lois d'un réalisme politique fondé sur un mélange de machiavélisme raisonné et de froide prudence car, selon lui, la confusion entre morale et politique peut engendrer des tragédies pires que les injustices qu'elle prétend corriger<ref group="G">Modèle:P..</ref>.Modèle:Passage à vérifier

Stéphane Giocanti estime que Maurras combat moins le capitaine Dreyfus comme personne que le dreyfusisme comme courant d'opinion qui fragiliserait un pays entouré de Modèle:Citation<ref group="G" name="G175-176"/>. Toutefois, Laurent Joly rappelle que L'Action française persiste à publier des réquisitoires contre la personne d'Alfred Dreyfus plusieurs années après la fin de l'affaire : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Le capitaine Dreyfus intente plusieurs procès au journal et y fait publier des lettres sur décision de justice. Le 29 janvier 1912, Charles Maurras présente ces textes Modèle:Citation, observe Olivier Dard : à cette occasion, le chef de l'Action française qualifie Dreyfus de Modèle:Citation [qui] Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fondation de l'Action française

En janvier 1899, Maurras rencontre ce groupe<ref group="G" name="G175-176"/> puis rejoint la Revue d'Action française, fondée par Maurice Pujo et Henri Vaugeois ; en novembre 1899, sa stratégie et son ambition prennent corps : convertir au royalisme tous les nationalistes français à l'heure où le nationalisme est associé au nom de Déroulède et Barrès<ref group="G">Modèle:P..</ref> ; il devient l'inspirateur de la mouvance gravitant autour de la revue qu'il convertit du nationalisme républicain au nationalisme royaliste et au milieu de 1901, la revue est en passe de devenir monarchiste<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En revanche, le débat tourne court avec les antisémites de La Libre Parole qui refusent la royauté et préfèrent rester républicains<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Note.

Fichier:Charles Maurras vers 1908.jpg
Charles Maurras, vers 1908.

En 1905, il fonde la Ligue d'Action française Modèle:Incise pour lever des fonds en faveur de la Revue d'Action française, mensuel devenu l'organe de presse du mouvement. Maurras publie L’Avenir de l’intelligence, qui met en garde contre le règne de l’argent et son emprise sur les intellectuels. Jules Monnerot, François Huguenin, Élisabeth Lévy ont placé haut ce livre, préparé par quinze ans de fréquentation des milieux littéraires et politiques, manifeste pour la liberté de l'esprit, précurseur d'Orwell et Bernanos, voire de la critique situationniste<ref group="G" name="G175-176"/>.

Fichier:19120226 Duel épée Cassagnac Maurras.jpg
Duel à l'épée entre Charles Maurras et Paul de Cassagnac (1912).

En 1906, l’Institut d’action française voit le jour et, en mars 1908, paraît le premier numéro du quotidien L’Action française<ref>Modèle:Lien web.</ref> , né de la transformation de la revue mensuelle (la Revue d’Action française) créée neuf ans plus tôt.

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Première Guerre mondiale (1914-1918)

Fichier:Charles Maurras - photo Pierre Petit.jpg
Charles Maurras, avant 1909.

Dans l'immédiat avant-guerre, Maurras pointe avec angoisse les effets de la politique de ses adversaires ; selon lui, les campagnes dreyfusardes ont occasionné l'affaiblissement de l'armée, notamment par le démembrement du Deuxième Bureau, ce qui participerait selon lui à l'impréparation de la France et fait que l'Allemagne sait qu'elle combattra un ennemi borgne. Dans Kiel et Tanger, il vitupère un régime qui ne sait contrer ni les aléas de l'opinion et qui vit de ses divisions, forcément néfaste pour tout pays cerné d'ennemis : Modèle:Citation<ref group="G">Modèle:P..</ref>. En 1913, il écrit : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, L'Action française, 18 février 1913.</ref>.

Maurras souligne ce qu'il estime être la supériorité institutionnelle de l'Allemagne : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, L’Action française, 31 octobre 1914.</ref>.

Il soutient alors toutes les initiatives permettant selon lui le renforcement de la France et Louis Barthou dira à Pujo à propos de la loi des trois ans de service militaire : Modèle:Citation. Inversement, Maurras dénonce les campagnes antimilitaristes des socialistes contre Modèle:Citation qui n'auront selon lui pour conséquence que de conduire au massacre de la jeunesse française : comme Tardieu et Poincaré, il s'oppose aux conséquences concrètes de l'utopisme pacifiste et de l'irréalisme des internationalistes et dénonce la faiblesse des budgets militaires<ref name="G255" group="G">Modèle:P..</ref>.

En 1914, il s'insurge contre l'idée répandue par certains de ses adversaires que Raoul Villain, l'assassin de Jean Jaurès, serait d'Action française, alors qu'il fut membre du Sillon puis de la Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine, et aussi un déséquilibré<ref group="G" name="G255"/>. Il critique ce qu'il appelle le manque de réalisme des socialistes qui avaient selon lui conçu Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, La France se sauve elle-même, Modèle:P..</ref>.

Dès la déclaration de guerre, il appelle ses partisans à l'union nationale et renonce à la lutte systématique contre le régime républicain comme y invite le duc d'Orléans dans un appel solennel dans L'Écho de Paris du 23 avril 1914. Comme preuve de sa bonne volonté, Maurras supprime le chiffre 444 en une du journal, qui renvoyait au décret qui avait innocenté Dreyfus<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Modèle:Refnec.

L'Action française dénonce des industriels traitant selon elle avec l'Allemagne, accusant souvent sans preuve. Il en résulte de nombreux procès en diffamation, dont un conduit à la confiscation du quotidien pendant une semaine. Des descentes de police dans les locaux du journal ont lieu de même que des perquisitions chez Charles Maurras, Marius Plateau ou encore Maxime Real del Sarte. En octobre 1917, au cours de l'une de ces perquisitions, diverses armes sont saisies. Le journal de l'Action française tourne alors en dérision ce Modèle:Citation, le gouvernement recule et, en novembre 1917, Clemenceau remplacera Painlevé mis en minorité avec l'appui de l'Action française<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En avril 1917, L'Action française lance une campagne en faveur des soldats et de leurs familles<ref group="G">Modèle:P..</ref> ; Maurras défend la création d'une caisse de primes militaires qui associera le combattant aux produits de la Victoire ; ce projet reçoit le soutien de Poincaré et l'État autorisera en juin 1918 la souscription lancée par l'Action française. De même, Maurras se met à la disposition de Poincaré pour combattre l'influence germanique en Espagne, en particulier dans les milieux catalans<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

C'est avec l'appui de l'Action française qu'en novembre 1917 Georges Clemenceau est nommé à la tête du gouvernement en dépit de la réticence de Maurras pour ce jacobin anticlérical qui a refusé l'offre de paix séparée proposée par l'impératrice Zita ; néanmoins, Clemenceau cherche l'appui moral de l'Action française via l'entremise du député royaliste Jules Delahaye<ref name="G270" group="G">Modèle:P..</ref>.

Entre-deux-guerres (1918-1939)

Renforcement du prestige de Maurras

Fichier:Charles Maurras - photographie Frédéric Boissonnas.jpg
Charles Maurras durant les années 1920.

La Grande Guerre est pour Charles Maurras une période de développement de l'audience de son journal et de sa pensée. En 1917, le journal voit son nombre d'abonnés augmenter de 7 500. Le journal comptait 1 500 lecteurs en 1908, 22 000 en 1912, 30 000 en 1913, et tire à Modèle:Nombre en 1918<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Les souscriptions augmentent également, ce qui permet en 1917 à L'Action française de quitter son local de la Chaussée d'Antin dans lequel elle avait emménagé en 1908 pour la rue de Rome.

D'après Bainville, dans les milieux républicains et radicaux, on dit alors que Maurras, en restaurant la grande discussion politique en France a rendu un immense service à la République elle-même en l'obligeant à faire son examen de conscience<ref>Jacques Bainville, Journal, Modèle:P..</ref>. Poincaré se justifie de sa politique auprès en écrivant à Maurras et le félicite de délicieuse préface de Trois aspects du président Wilson, Modèle:CitationModèle:Quoi<ref>Lettre de Raymond Poincaré, 30 décembre 1919, Cher Maître, éd. Bartillat, 1995, Modèle:P..</ref>. Le Modèle:1er mars 1925, élu « Prince des écrivains » par les membres de « La plume », succédant ainsi à Anatole France<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

Cette popularité de l'Action française au lendemain de la Grande Guerre se traduit par l'élection de Léon Daudet comme député de Paris à la Chambre bleu horizon ou par la publication par Henri Massis dans Le Figaro du 19 juillet 1919 d'un manifeste « Pour un parti de l'intelligence » signé par cinquante-quatre personnalités dont Daniel Halévy, Francis Jammes, Jacques Maritain<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Cependant, un grand nombre des espoirs militants et dirigeants de l'Action française sont tombés et Maurras leur rendra hommage dans Tombeaux en 1921 : Henry Cellerier, André du Fresnois, Pierre Gilbert, Léon de Montesquiou, Lionel des Rieux, Jean-Marc Bernard, Albert Bertrand-Mistral, vingt-et-un rédacteurs de la Revue critique comme Joachim Gasquet, Octave de Barral, Henry Lagrange, Augustin Cochin.

L'assassinat de Marius Plateau en 1923, celui d'Ernest Berger en 1925 et d'autres attentats commis contre l'Action française contribuent aussi à créer un élan de solidarité autour de Charles Maurras<ref group="G">Modèle:P..</ref>, dont témoignent les paroles de Jacques Maritain : Modèle:Citation<ref>Lettre de Jacques Maritain, 29 mai 1923, Cher Maître, éd. Bartillat, 1995, Modèle:P..</ref>. Cependant, les thèses de Maurras sont condamnées par le pape Pie XI en 1926 et mises à l'Index.

Le 25 mai 1923, un anarchiste s'introduit dans les locaux de l'Action française et tire une balle dans le plafond. L'Action française y voit une nouvelle tentative d'assassinat contre Charles Maurras<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Critique de la paix de Versailles

Fichier:Camelots du Roi-1923.jpg
Les Camelots du Roi au Palais : Charles Maurras (à gauche) et Maxime Real del Sarte en 1923.

Pour Charles Maurras, la république prépare mal la guerre, ne peut la gagner qu'en renonçant à elle-même, et assure mal la paix ; selon lui, la guerre a été gagnée par des procédés de dictature monarchique qui ont permis de rattraper les erreurs de l'avant-guerre mais au prix de la mort d'un million cinq cent mille Français, trois fois plus qu'annoncé dans Kiel et Tanger<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

En 1918, Maurras réclame donc une paix française qui serve le mieux les intérêts de la nation : la division de l'Allemagne, l'annexion du Landau et de la Sarre, un protectorat français sur la Rhénanie. L'Action française se prononce contre l'application sans discernement du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. S'il salue la visite de Wilson au Pape, ses « quatorze points » le scandalisent par leur naïveté utopique car Modèle:Citation<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

Crise du 6 février 1934

Modèle:Article connexe Lors de la crise du 6 février 1934, Maurras se trouve rue du Boccador avec Marie de Roux à préparer la une du journal du lendemain : pour lui la manifestation contre la corruption du régime ne peut déboucher sur le coup de force car les nationalistes non royalistes ne suivraient pas l'Action française et le préalable au renversement du régime est absent. L’armée, la police, l’administration n’ont pas été infiltrées, ce qui aurait nécessité des mois de préparation et un personnel spécifique dont l’Action française était dépourvue ; de plus, la perspective d'une guerre civile lui répugne<ref name="G376" group="G">Modèle:P..</ref>. Plus tard dans la soirée, Maurras compose un poème provençal dédié à Marthe Daudet<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Après le 6 février 1934, si L'Action française gagne dix mille abonnés de plus<ref group="G" name="G376"/>, Maurras perd le magistère de la rébellion contre le régime auprès de certains des militants qui la quittent alors comme Pierre de Bénouville, Jacques Renouvin, Michel de Camaret. Le « comte de Paris » est également déçu et le 6 février le déterminera à s'émanciper.

De plus, si les années 1930 voient éclore une nouvelle génération de nouveaux jeunes penseurs maurrassiens comme Thierry Maulnier, Jean-Pierre Maxence, Jean de Fabrègues, ceux-ci n’hésiteront pas à prendre du recul par rapport au vieux maître, critiquant notamment son nationalisme Modèle:Incise et son évolution conservatrice – qu’ils estiment inadaptée aux nouveaux enjeux sociaux. L'échec du 6 février les confortera dans cette prise de distance.

Emprisonnement

Fichier:19360216 Maurras et Calzant dans Le Populaire.jpg
Inculpé de provocation au meurtre, Maurras (accompagné de Georges Calzant) est interrogé le 15 février 1936 par un juge d'instruction à la suite de l'agression commise contre Léon Blum par des camelots du roi et ligueurs de l'Action française (Le Populaire, 16 février 1936).
Fichier:Léon Blum 1936-2-13.jpg
Léon Blum après la tentative de lynchage commise par des militants de l'Action française.

Le Modèle:Date-, Léon Blum, Georges Monnet et son épouse Germaine Monnet passent en automobile à proximité du cortège qui assiste aux funérailles de l'historien Jacques Bainville, boulevard Saint-Germain, à Paris. Reconnu, le dirigeant de la SFIO, alors âgé de 63 ans, est violemment attaqué : roué de coups, il saigne abondamment en raison d'une blessure à la veine temporale. L'enquête montrera que Modèle:Citation, et le chapeau de Blum sera retrouvé dans les locaux du mouvement royaliste. Léon Andurand, Édouard Aragon, architecte de 50 ans, et Louis Courtois, 38 ans, employé dans une compagnie d’assurances, sont condamnés à des peines de 15 jours à trois mois de prison en avril 1936 par le Tribunal correctionnel de Paris<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Frédéric Monier, « La haine et la ferveur. Léon Blum agressé - 13 février 1936 »], note Modèle:N°, Fondation Jean-Jaurès, 11 février 2016 Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Les historiens Louis Bodin et Jean Touchard observent que Modèle:Citation en attribuant Modèle:Citation à un Blum soi-disant provocateur et insolent, et le beau rôle aux ligueurs et camelots du roi qui auraient protégé le député socialiste de Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref name="Bodin et Touchard : Front populaire p.31">Modèle:Ouvrage.</ref>. L'historien Frédéric Monier relève également que des Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Frédéric Monier note également qu'aux yeux des contemporains, l'agression commise contre Léon Blum représente l'aboutissement des campagnes violentes menées par le journal L'Action française, et particulièrement l'appel au meurtre du député socialiste, formulé préalablement par Maurras le Modèle:Date-<ref name="Monier p.120"/> : Modèle:Citation<ref name="filon 99">Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="Monier p.120">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Ce Modèle:Citation<ref name="Monier : Léon Blum 123">Modèle:Ouvrage.</ref> suscite de vives réactions dans le camp socialiste et en particulier une menace de mort lancée contre Henri Béraud et Maurras<ref>Modèle:Chapitre.</ref> par le député Anatole Sixte-Quenin alias « Jarjaille »<ref>Modèle:Article.</ref>. En effet, le Modèle:Date-, Anatole Sixte-Quenin écrit dans Le Populaire que si la guerre était déclarée, Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. Le député SFIO revendique ultérieurement sa tirade<ref>Modèle:Article.</ref> et la justifie en prétendant reprendre les termes utilisés par Maurras dans sa menace de mort contre Abraham Schrameck de juin 1925<ref name="poli">Modèle:Article.</ref>.

Malgré les brutalités subies par Léon Blum le Modèle:Date-, Modèle:Citation sont Modèle:Citation, selon Frédéric Monier<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le 16 février, le quotidien royaliste affiche en une : Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>, ce qui conduit Le Canard enchaîné à publier le 19 février cette manchette ironique : Modèle:Citation<ref name="Bodin et Touchard : Front populaire p.31"/>.

L'agression de février 1936 pousse le gouvernement intérimaire, dirigé par le radical Albert Sarraut, à dissoudre la Ligue d’Action française, les camelots et la Fédération nationale des étudiants d'Action française<ref name="Monier : Léon Blum 123"/>. Le Modèle:Date-, une instruction judiciaire est ouverte contre Maurras pour complicité de provocation au meurtre. Il est initialement condamné le Modèle:Date- à quatre mois de prison ferme, peine aggravée pour avoir répété ses menaces de mort contre Léon Blum<ref name="Dard 2013 p.190...">Modèle:Harvsp.</ref> le Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref name="pol2">Modèle:Article.</ref>,<ref name="Monier : Léon Blum 123"/>.

Le chef de l'Action française est emprisonné à la prison de la Santé du Modèle:Date- au Modèle:Date-<ref name="Dard 2013 p.190..."/>. Il reçoit de très nombreux témoignages de soutien, dont celui du pape Pie XI et de mère Agnès, sœur aînée de sainte Thérèse de Lisieux et supérieure du Carmel<ref name="G392-393" group="G">Modèle:P..</ref> ; de cent députés et sénateurs alsaciens qui signent une protestation de soutien<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Le Modèle:Date, entre quarante à soixante mille personnes, viennent rendre hommage à Maurras à l’occasion de sa libération au Vélodrome d'Hiver en présence de la maréchale Joffre<ref group="G" name="G392-393"/>. Pendant sa captivité, Charles Maurras écrit chaque jour son article politique pour L'Action française ainsi que plusieurs ouvrages : Les Vergers sur la mer, Dans Arles aux temps des fées, Devant l’Allemagne éternelle, la Dentelle du rempart et Mes idées politiquesModèle:Note.

Entrée à l'Académie française

Fichier:Charles Maurras académicien.jpg
Réception de Charles Maurras à l'Académie française le Modèle:Date-.

Entretemps, Maurras a été élu à l’Académie française au fauteuil de l’avocat Henri-Robert. Après un premier échec en 1923 contre Charles Jonnart, il est élu à l’Académie française le Modèle:Date au fauteuil 16, succédant à Henri-Robert, par 20 voix contre 12 à Fernand Gregh ; il est reçu le 8 juin de l’année suivante par Henry Bordeaux<ref>Biographie de Charles Maurras sur le site de l'Académie française.</ref>, mais le président Albert Lebrun refuse de le recevoir comme le voulait l'usage.

L'épée académique de Maurras, sculptée par Maxime Real del Sarte, porte la silhouette de sainte Geneviève<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Face à l'hitlérisme

Fichier:Affiche action francaise années 1930.jpg
Affiche de l'Action française associant le régime républicain au danger représenté par Hitler.

Dès 1922, Maurras a des informations précises sur Hitler en provenance d'un agent secret à Munich par le président Raymond Poincaré<ref>Lettre de Raymond Poincaré à Maurras, 11 juin 1922, Cher Maître, éd. Bartillat, 1995, Modèle:P..</ref>. En novembre 1922, l'Action française présente Hitler comme le « Mussolini bavarois »<ref>Modèle:Lien web</ref>. Dès lors, s'il dénonce le pangermanisme de la classe politique allemande de la république de Weimar, comme celui de Stresemann favorable à l'Anschluss<ref group="G">Modèle:P..</ref>, Maurras attire régulièrement l'attention de ses lecteurs sur les dangers propres du national-socialisme : ainsi, en 1924, il dénonce la déroute des Wittelsbach au profit du Modèle:Citation du NSDAP et le Modèle:Citation

Fichier:Bundesarchiv Bild 102-10035, Mainz, Abzug französischer Truppen.jpg
Le général Adolphe Guillaumat avec le drapeau français, devant la porte du Deutschhaus de Mayence, le 30 juin 1930.

En 1930, Maurras dénonce l’abandon de Mayence par l’armée française et titre Modèle:Citation là où Léon Blum écrit Modèle:Citation. La même année, L’Action française publie une série d'articles sur le parti national-socialiste allemand, présenté comme Modèle:Citation, alors que le Modèle:1er janvier 1933, Le Populaire annonce sa prochaine disparition<ref>Charles Maurras, L'Action française, 27 septembre 1939.</ref>.

L'obsession de la menace hitlérienne se traduit par l'ouverture du journal à des officiers d’État-major signant parfois sous pseudonyme : comme chroniqueurs militaires, ils suivront l’évolution du budget militaire allemand avec une inquiétude croissante jusqu’au désastre<ref group="G">Modèle:P..</ref>. En 1932, le général Weygand, proche de l'Action française, dénonce dans ses rapports secrets la politique de désarmement menée par la gauche : Modèle:Citation mais son légalisme l'empêche d'exprimer publiquement sa proximité avec Maurras<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En 1933, Maurras écrit : Modèle:Citation Maurras voit dans l’arrivée d’Hitler au pouvoir la confirmation de ses pronostics<ref>Charles Maurras, L'Action française, 30 août 1933.</ref> et dénonce le prohitlérisme : Modèle:Citation

En 1934, après la nuit des Longs Couteaux, il dénonce l’Modèle:Citation et félicite la presse britannique énergique dans sa condamnation et annonce le Pacte germano-soviétique : Modèle:Citation Pour Maurras, il n’y a pas de ménagement possible avec Hitler : l’invasion progressive du centre et de l’est européen entraînera celui de la Belgique et donc la soumission de la France à un géant écrasant le continent de sa puissance. Selon Stéphane Giocanti, Maurras, Bainville et Daudet rivalisent de démonstrations et d’accents polémiques pour que la France s'arme suffisamment pour se défendre et éventuellement attaquer préventivement<ref group="G">Modèle:P..</ref>. La menace allemande constitue le fil rouge de ses préoccupations : dans ses écrits, les débats intérieurs lui sont subordonnés : la politique étrangère qu’il défend consiste à ménager les puissances secondaires d’Europe, celles que menacent l’URSS et le Reich allemand : Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie. Il exalte l’union des pays latins France, Italie, Espagne, Roumanie avec la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Pologne<ref name="G388" group="G">Modèle:P..</ref>. En 1936, Maurras écrit la préface de l'ouvrage contre le nazisme de la comtesse Joachim de Dreux-Brézé, qui sera sa maîtresse<ref name="G383" group="G">Modèle:P..</ref> ; il y déplore l'assassinat de Dollfuss par les nationaux-socialistes<ref>Charles Maurras, préface à Comtesse Joachim de Dreux-Brézé, Deux mois chez les nazis d’Autriche, éd. Les Œuvres françaises, 1936, Modèle:P..</ref>.

En 1937, il publie Devant l’Allemagne éternelle, sous-titré « Chronique d’une résistance » ; il rassemble quarante ans d’écrits sur l’Allemagne, le pangermanisme et l’influence allemande en France.

Maurras essaie de détourner Mussolini de l'alliance avec Hitler : la Modèle:Citation qu’invoque l’hitlérisme se formule Modèle:Citation Pour Maurras, le tort italien est déterminé par la conduite de Londres et Paris, qui par leurs sanctions contre l’Italie ont poussé cette dernière à fauter<ref>Charles Maurras, L'Action française, 17 février 1938.</ref> ; selon lui encore, le Front populaire, en plaçant l’antifascisme avant la politique d'équilibre, contribue à renforcer l’Allemagne et à préparer des lendemains douloureux au pays : il attaque violemment Léon Blum et ceux qui ont mené des campagnes de désarmement lorsque la France était plus puissante que l’Allemagne et veulent désormais engager une guerre incertaine pour des raisons idéologiques alors que la France n’a plus les moyens de la victoire<ref group="G" name="G388"/>,Modèle:Note. En 1938, il défend les accords de Munich (29 et 30 septembre 1938), convaincu qu'ils n'empêcheront pas la guerre mais qu'ils la retarderont et que la France aura comblé son retard militaire face à l'Allemagne. Pourtant le 27 septembre 1938, L'Action française titre « À BAS LA GUERRE ! » Le 29 septembre, elle titre : « HONNEUR À CHAMBERLAIN » et publie cette parodie de L'Internationale :

Modèle:Citation
Fichier:Robert Brasillach et Charles Maurras.jpg
Robert Brasillach et Charles Maurras, vers 1938.

Selon François Huguenin, Maurras n’est pas devenu favorable à un rapprochement avec l’Allemagne, mais il estime que la France n’est pas prête militairement et court à la défaite ; il accepte les accords comme une défaite sanctionnant les erreurs de la politique étrangère de la République, tout en appelant au réarmement<ref name="huguenin444"/>. Il s'agit d'éviter de déclencher prématurément une guerre pour des raisons de doctrine et de préparer la France à l'affronter avec de vraies chances de succès : cette position se veut le contraire d'une position germanophile, il s'agit d'appliquer le si vis pacem, para bellum<ref name="huguenin444"/>, de ne pas lâcher la Pologne mais de sauver d'abord la France pour sauver l'avenir polonais<ref>Eugen Weber, L'Action française, éd. Stock, 1964, Modèle:P..</ref>. Toutefois, L'Action française donne des raisons plus idéologiques au soutien aux accords de Munich : Modèle:Citation (28 septembre 1938)<ref>Jean-Pierre Azéma, De Munich à la libération, Paris, Le Seuil, 2002, Modèle:P..</ref>. Deux jours plus tôt, le même journal écrivait : Modèle:Citation En 1939, Maurras titre « La mort d’un peuple » quand les Allemands envahissent la Tchécoslovaquie dont il a admiré la renaissance littéraire et se lamente que l'on n'ait pas écouté vingt ans de mises en garde<ref>[Charles Maurras, L'Action française, 16 mars 1939.</ref>. Il ne veut pas la guerre car il croit que la France a toutes les chances de la perdre, comme l'écrit le colonel Gauché du Deuxième Bureau : Modèle:Citation Mais il affirme que si elle advient, elle devra être menée avec détermination<ref>Charles Maurras, L'Action française, 28 août 1939.</ref>. Inquiet, il prend diverses initiatives pour renforcer les chances de la France :

  • il lance une campagne de souscription en faveur de l’aviation militaire : vingt quotidiens parisiens, cinquante journaux de province le rejoignent mais Daladier s’y oppose<ref>Charles Maurras, L'Action française, 9 janvier 1939.</ref> ;
  • il écrit à Franco afin de le convaincre de détourner l’Italie de l’alliance avec l’Allemagne. Maurras a salué la victoire militaire du dictateur Franco, selon lui gage de sécurité contre le communisme et les persécutions contre les catholiques et dont il pense qu’elle ne peut être que l’ennemie de l’Allemagne<ref>Charles Maurras, L'Action française, 30 janvier 1939.</ref>,Modèle:Note. L'obsession allemande a d'ailleurs influé sur la position de Maurras quant à la guerre civile espagnole : il a soutenu les insurgés mais, à l'arrivée du Front populaire, il défend une neutralité de principe pour éviter une entrée en guerre officielle de l'Allemagne aux côtés de Franco, qui satelliserait l'Espagne et ruinerait la politique méditerranéenne de la France<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La victoire acquise et ce danger écarté, le pari stratégique de Maurras sera confirmé dans les faits : Franco refusera la possibilité à Hitler de traverser le territoire espagnol pour envahir l'Afrique du Nord, ce qui aura un impact important sur l'issue de la guerre<ref name="huguenin444">Modèle:Harvsp.</ref> ;
  • en liaison avec des intellectuels britanniques, il prône l’alliance avec l’Angleterre jusqu’à l’extrême limite du possible<ref>Charles Maurras, L'Action française, 6 juillet 1939.</ref>,<ref name="gio412">Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Note ;
  • il soutient le gouvernement républicain d'Édouard Daladier dans sa volonté d'interdire le Parti communiste, dont des militants ont participé à des opérations de sabotage de l'effort de guerre.

Modèle:Article détaillé

En 1940, un message en caractères énormes ouvre le journal : Modèle:Citation Maurras écrit : Modèle:Citation

Seconde Guerre mondiale (1939-1945)

Dès que la guerre est déclarée, le 3 septembre 1939, Charles Maurras reprend les accents bellicistes de l’Union sacrée. Jusqu’aux derniers combats de juin 1940, il apporte un soutien sans faille à l’effort de guerre, mais il approuve l’armistice Modèle:Refnec. Maurras est regardé comme un adversaire par les autorités d'occupation qui font piller par la Gestapo les bureaux de l'Action française et placent certains livres de Maurras sur la liste Otto des livres interdits (du fait de leur caractère anti-allemand) ; en 1943, le haut responsable des forces d'occupation en France, le conseiller Schleier, place Maurras parmi les personnes à arrêter en cas de débarquement<ref group="G">Modèle:P..</ref>,<ref>Au moment du débarquement, soucieux de ne pas renforcer le prestige de Maurras, les Allemands arrêteront Pierre Pujo et Georges Calzant, qui seront envoyés à la prison Montluc, où le premier nouera une amitié avec un résistant communiste qui témoignera en sa faveur au moment de son procès. Après trois semaines, Philippe Pétain obtiendra leur libération par les Allemands.</ref>.

En mai de la même année, en dépit de sa franche hostilité à Pierre Laval, il reçoit des mains de Pétain la Francisque no 2068<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Nature et formes du soutien au maréchal Pétain

Fichier:Pétain - Portrait photographique 1941.jpg
Philippe Pétain en 1941.

La victoire allemande sur la France désespère Maurras et il dira au moment de l'arrivée de soldats allemands en Provence voir réalisé le Modèle:Citation<ref group="G">Modèle:P..</ref>. La raison principale de son soutien à Vichy serait la recherche de l'unité française comme condition du redressement et donc de la revanche contre l'Allemagne, indépendamment de toute considération idéologique.

Maurras affirme lui-même que le soutien au gouvernement Pétain est de même nature que celui apporté aux gouvernements républicains de la Première guerre mondiale ; à Pierre Gaxotte, il déclare<ref name="G417" group="G">Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation ; ce soutien procède de la volonté de sauver l'unité française coûte que coûte car elle est la Modèle:Citation. À Pierre Boutang, il affirme que l'unité française est Modèle:Citation. Pour Maurras, le vainqueur de Verdun ne peut que défendre les intérêts du peuple français et toute dissidence affaiblit la France et compromet son rétablissement. Le soutien à Pétain est en 1940 très répandu : le maréchal était notamment estimé sous le Front populaire, par exemple par Pierre Cot<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, à cause de sa réputation de soldat républicain, contrairement à Weygand ou Lyautey, jugés monarchistes<ref group="G" name="G417"/>. Dans cette optique, le soutien à Vichy ne serait donc pas originellement un choix idéologique, ni tactique, mais une donnée, posée au-dessus de toute référence, par l'exigence de l'unité du pays<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ce soutien se veut de même nature que celui que Maurras a apporté à la Troisième République pendant la Première Guerre mondiale contre les monarchies traditionnelles allemande et autrichienne ; il s'agit de faire le choix de l'Union sacrée qui passe par le soutien à l'État<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans les deux cas, c'est le souci de l'unité française qui prime mais, autant après 1918, ce soutien au gouvernement français aura été profitable au prestige et l'influence de l'Action française, autant après 1945, il aura des conséquences désastreuses sur l'aura de Maurras<ref name="huguenin474">Modèle:Harvsp.</ref>, Modèle:Citation.

L'historien Jacques Prévotat analyse que Maurras, sous l'Occupation, Modèle:Citation. Les contemporains ne sont pas dupes. De Londres, où il écrit dans La France libre, Raymond Aron porte, six mois à peine après l'installation du nouveau régime, cette appréciation sur le chef de l'Action française : Modèle:Citation<ref>Jacques Prévotat, L'Action française, Paris, Presses universitaires de France, Modèle:Coll., 2004, Modèle:P.98-99.</ref>.

Pour Maurras, la France demeure et n'a besoin ni de l'Angleterre, ni de l'Allemagne pour être ; ceux qui le croient et rejoignent ce qu'il appelle le Modèle:Citation et le Modèle:Citation, deviennent des agents de l'étranger : ce thème est celui de la France seule. À l'été 1940, malgré les conseils de Pierre Gaxotte, Maurras fait reparaître L'Action française à Lyon, avec en tête le slogan Modèle:Citation.

Maurras apprécie également l'idée d'une remise en cause des idées démocratiques et la défaite Modèle:Citation. En effet, pour Maurras, l'invasion et l'occupation du territoire français sont le résultat de l'application de la politique révolutionnaire et de la rupture avec la sagesse de la politique étrangère de l'Ancien Régime, en 1940 comme en 1814, 1815, 1870. Maurras a d'ailleurs déclaré au préfet de la Vienne : Modèle:Citation La « divine surprise » n'est pas la victoire de l'Allemagne comme certains ont cherché à le faire croire à la Libération<ref>Modèle:Harvsp.</ref> mais l'accession au pouvoir du Maréchal Pétain et le sabordage de la République par le vote majoritaire des Parlementaires républicains eux-mêmes<ref>Charles Maurras, « La Divine Surprise », Le Petit Marseillais, 9 février 1941.</ref>,<ref>Yves Chiron, La vie de Maurras, éd. Perrin, 1991, Modèle:P..</ref>. En effet, sur certains plans, des convergences peuvent être détectées entre les thèmes de la Révolution nationale et ceux de l'Action française. En septembre 1940, lorsque le maréchal Pétain lui demande sa conception de la Révolution nationale, il répond Modèle:Citation<ref>Jean Madiran, Maurras toujours là, Consep, 2004, Modèle:P.12.</ref>, une position qu'il appelle : Modèle:Citation<ref>Modèle:Op. cit.</ref>. Il soutient le régime de Vichy, non la politique de collaboration<ref>Modèle:Harvsp.</ref> car il est un nationaliste profondément germanophobe. Il félicite successivement le régime de Vichy pour la loi portant statut des Juifs et pour l'abolition du décret Crémieux (9 octobre 1940) qui avait accordé la nationalité française aux Juifs algériens<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Mais ce soutien va surtout à la personne du Maréchal Pétain et non à tous les dirigeants ou toute la politique de Vichy : Maurras fête le renvoi de Laval dans les locaux de L'Action française<ref name="huguenin474" />. Maurras cherche à user de son influence auprès des dirigeants de Vichy comme il le fit auprès de Raymond Poincaré pour contrer les mesures qui lui semblaient mauvaises. Au cours des mois de juillet et août 1940, il joue de ses relations auprès du maréchal Pétain qu’il rencontre le 27 juillet pour faire échec au projet de parti unique lancé par Marcel Déat. Il écrit que de toute évidence, Marcel Déat est égaré par l’exemple de l’Allemagne et de l’Italie<ref>Charles Maurras, L'Action française, 5 août 1940.</ref>. À un journaliste japonais, Marcel Déat confiera qu’il s’est heurté par-dessus tout dans son projet d'État totalitaire et de nouvel ordre européen à la résistance de l’Action française<ref>Jean-Paul Cointet, Légion française des combattants, Albin Michel, 1995, Modèle:P., n. 54.</ref>. Maurras s'oppose à toute orientation germanophile ; il voit dans les partisans de la collaboration les continuateurs de Jaurès et Briand et note comme l’un des hauts responsables nazis en France, Schleier, que Modèle:Citation

La question de l'influence de la pensée de Maurras sur l'idéologie et la politique de Vichy est débattue par l'historiographie : pour Loubet del Bayle, Vichy se situe à l'intersection des idées du technocratisme planiste, d'Action française, du catholicisme social, du personnalisme<ref>Jean-Louis Loubet del Bayle, Les non-conformistes des années 1930, Une tentative de renouvellement de la pensée politique française, Paris, Éditions du Seuil, 1969 (réimpr. 1987, 1972, Points-Seuil, 2001) Modèle:P..</ref>. L'influence propre de l'Action française est difficile à identifier et isoler ; certains nient l'influence de la pensée de Maurras comme Limore Yagil ; d'autres, comme François Huguenin, voient dans Vichy l'héritière de l'esprit des années 1930 et d'abord de ses rejets, rejets dont certains se retrouvent aussi dans la Résistance : antiparlementarisme, anticapitalisme, anti-individualisme, anticommunisme<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Simon Epstein rappelle que Vichy n'attend pas longtemps pour se délester d'une bonne partie de ses maurrassiens<ref>Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001, Modèle:P..</ref> : dès 1941, Raphaël Alibert, ministre de la Justice, Paul Baudouin, ministre des Affaires étrangères en 1941, Georges Groussard, ancien cagoulard qui commande les groupes de protection de Vichy et qui procéda à l'arrestation de Laval trop favorable à l'Allemagne et s'orienta vers la Résistance, quittent Vichy. Ceux qui ne sont pas partis quitteront le gouvernement lors du retour de Laval en 1942 : Pierre Caziot, Serge Huard, Yves Bouthillier, René Gillouin, Henry du Moulin de Labarthète, Xavier Vallat, c'est-à-dire avant l'entrée des partisans d'une franche collaboration avec l'Allemagne nationale-socialiste. Ces maurrassiens étaient mal vus des amis de Pierre Laval qui les accusent d'avoir favorisé son renvoi, des Allemands qui n'apprécient pas leur hostilité à la collaboration, des collaborationnistes qui les accusent d'être réactionnaires à l'intérieur et germanophobes à l'extérieur<ref>Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001, Modèle:P..</ref>. Les Dreyfusards collaborateurs tels Armand Charpentier et René de la Marmande attaquèrent régulièrement ses positions<ref>Le procès de Charles Maurras, compte-rendu sténographique, Paris, Albin Michel, 1946, Modèle:P..</ref>. Les pacifistes des années 1920 reprochaient à Maurras d'être hostile au rapprochement franco-allemand. Devenus collaborateurs, certains de ces pacifistes témoigneront de ténacité idéologique et constance argumentaire, puisqu'ils lui feront le même reproche sous l'Occupation<ref>Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001, Modèle:P..</ref>.

Après la Seconde Guerre mondiale, Charles Maurras nie avoir exercé une influence sur Philippe Pétain : après avoir rappelé qu'ils se voyaient à peine avant 1939, il proteste contre Modèle:Citation.

Division des partisans de Maurras

Pendant l'Occupation, les membres et anciens proches de l'Action française se divisèrent en trois groupes opposés : celui des maurrassiens orthodoxes, anti-allemands mais soutenant le régime de Vichy conduit par le maréchal Pétain, celui des collaborationnistes et ouvertement pro-nazis, tels Robert Brasillach, Charles Lesca, Louis Darquier de Pellepoix ou Joseph Darnand, et celui des résistants contre les occupants allemands, tels Honoré d'Estienne d'Orves, Michel de Camaret, Henri d'Astier de La Vigerie, Gilbert Renault, Pierre de Bénouville, Daniel Cordier ou Jacques Renouvin<ref>Simon Epstein, Un paradoxe français : Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, coll. Bibliothèque Albin Michel de l'histoire, Albin Michel.</ref>.

Il n'y a pas de statistiques sur la répartition de ces trois groupes mais, à l'époque, l'idée que les dirigeants suivent Maurras dans son soutien à Pétain mais qu'une majorité des sympathisants maurrassiens soutient la Résistance contre l'avis de Maurras est répandue<ref>Simon Epstein, Un paradoxe français : Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, éd. Albin Michel, Modèle:P..</ref>. Pierre Mendès France soutiendra cette position<ref>Pierre Mendès France, Liberté, liberté chérie…, New York, Didier, 1943, Modèle:P., 242-247, 422-423, 530-531.</ref> : Modèle:Citation. Le colonel Rémy dira que sa décision de résister résulta de son imprégnation de la pensée de Maurras : Modèle:Citation. Si des maurrassiens résistants affirment comme le colonel Rémy que leur engagement dans la résistance résulte d'une application de la pensée de Maurras, a contrario, certains de ceux qui ont rejoint le collaborationnisme disent qu'ils ont rompu avec la personne et le mouvement, mais pas avec l'essence de sa pensée. C'est le cas de Lucien Rebatet qui se déchaînera contre Maurras dans de nombreux écrits, mais dont l'engagement est inspiré par Modèle:Citation, ou de Robert Brasillach que Maurras refusera de revoir, mais qui lui rend hommage dans Notre avant-guerre.

La diversité des parcours posés entre 1940 et 1945 relève parfois du tempérament, voire du hasard des événements : la grille idéologique ne permet souvent pas d'expliquer seule tant de prises de positions différentes, ni d'analyser des choix<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Hostilité envers les ultras de la Collaboration

L'écrivain Jean Grenier note au sujet de l'agence de presse Inter-France que Charles Maurras est tout à fait opposé au groupe de journalistes Modèle:Citation<ref>Jean Grenier, Claire Paulhan, Gisèle Sapiro, Sous l'Occupation, C. Paulhan, 1997, 419 pages, Modèle:P..</ref>.

L'anglophobie de Maurras ne compensait pas aux yeux des Allemands sa germanophobie virulente, ce qui lui valut en 1942 d'être mis au rang des incorrigibles ennemis de l'Allemagne aux côtés de Massis, Claudel et Mauriac par le docteur Payr, dirigeant de l'Amt Schrifttum, dépendant de l'Office Rosenberg, quand il rend compte de la littérature française<ref>Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences, Politique et littérature à l'extrême droite des années trente aux retombées de la Libération, 1996, éd. Gallimard, Modèle:P..</ref>. Le conseiller Schleier dénonce dans une note au ministre Ribbentrop son Modèle:Citation. Maurras rompt avec Brasillach, en 1941, quand celui-ci envisage de refaire paraître Je suis partout à Paris : Modèle:Citation

Les collaborationnistes Marcel Déat, Robert Brasillach, Lucien Rebatet se déchaîneront en attaques contre Maurras ; Rebatet écrit que Modèle:Citation, s'insurge contre les propos de Maurras qui qualifie le Führer de Modèle:Citation, condamne la Modèle:Citation de L'Action française<ref>Lucien Rebatet, Les décombres, éd. Denoël, 1942, Modèle:P., 166, 305.</ref>.

Le collaborationniste Pierre-Antoine Cousteau dira après la guerre : Modèle:Citation

Dénonciation de la Résistance

Maurras se proclame Modèle:Citation et qualifie les résistants de Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, appelant à la répression la plus violente contre eux à la suite de la politique d'attentats menée par les résistants communistes<ref group="G">Modèle:P.435.</ref> et la mort de plusieurs membres de l'Action française et de ses amis<ref>Eugen Weber, L'Action française, 1985, Modèle:P..</ref> : il exige Modèle:Citation, il recommande Modèle:Citation, sans autre forme de procès, il déclare que si Modèle:Citation<ref>Eugen Weber, L'Action française, éd. Fayard, 1985, Modèle:P. et 515-516.</ref>.

Maurras écrit en 1944 que Modèle:Citation, et que soutenir les Alliés serait prendre parti Modèle:Citation<ref>Eugen Weber, op. cit., Modèle:P..</ref>. Dans une lettre à Jean Arfel en 1948, Maurras affirme qu'il y avait une part de feinte destinée à tromper les Allemands dans son hostilité aux gaullistes et aux maquisards et le souci d'éviter une guerre civile en France : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, Lettre à Jean Arfel du 12 avril 1948, dans Lettres de prison, éd. Flammarion, 1958, Modèle:P..</ref>.

Yves Chiron et François Huguenin affirment que le jeu de la censure allemande fait qu'il est imprudent d'interpréter la pensée de Maurras et d'avoir une idée juste de ses réactions en se référant à ses écrits pendant la guerre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Yves Chiron, La vie de Maurras, éd. Perrin, 1991, Modèle:P..</ref>.

Libération (1944)

Fichier:Charles Maurras trial 1945c.jpg
Maurras durant son procès en 1945.
Fichier:19450127 Procès de Charles Maurras dans Ce Soir.jpg
Lors du procès tenu en Modèle:Date-, il est rappelé que sous l'Occupation, Maurras avait dénoncé Roger Worms et sa famille en publiant un article antisémite dans L'Action française le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Michel Winock, Le Siècle des intellectuels, Seuil, « Essais », 1997 (rééd. Seuil, « Points » 1999).</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>
(Ce soir, Modèle:Date).

En 1944, Charles Maurras maintient sa méfiance pour la France libre, qu'il pense manipulée par Moscou<ref name="G444-447" group="G">Modèle:P..</ref>. Le débarquement de Normandie le déconcerte à cause de la destruction des villes françaises par des bombardements massifs ; en revanche, celui de Provence le réjouit car il obéit à une progression inoffensive pour les populations<ref group="G" name="G444-447"/>.

Après le débarquement, il préconise de ne rien faire pour aggraver les maux publics, car il craint plus que tout la guerre civile : cette position attentiste est scandaleuse, selon les collaborationnistes<ref>« L’Action française et l’attentisme », Inter-France, 6 juin 1944.</ref>, mais elle ne satisfait pas non plus les résistants ; Maurras ne veut rien faire pour empêcher que la libération puisse se faire et laisser au Maréchal Pétain la possibilité de négocier avec les libérateurs, illusion qu’il partage avec l’amiral Auphan en tractation secrète avec les Américains<ref group="G" name="G444-447"/>. Modèle:Refnec

Il est arrêté à Lyon lors d'une conférence de presse<ref>Modèle:Lien web</ref>Modèle:Référence à confirmer , à l'instigation du résistant et commissaire de la république Yves Farge, lui-même proche du Parti communiste : il faudra deux mois pour que Maurras prenne connaissance de son inculpation pour Modèle:Citation et son procès commencera le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="G">Modèle:P..</ref>,<ref>Eugen Weber, L'Action française, éd. Fayard, 1985, Modèle:P..</ref>.

Pendant celui-ci, au cours duquel sera mise en avant sa critique de la résistance gaulliste et communiste, Charles Maurras met en avant son antigermanisme. Des résistants comme Georges Gaudy ou le capitaine Darcel témoignent en sa faveurModèle:Note.

Fichier:Charles Maurras trial 1945.jpg
Maurras durant son procès.

Concernant l'antisémitismeModèle:Note, il affirme qu'il ignorait qu'en février 1944, Modèle:Citation. Il dira également que ses invectives étaient des menaces et ne résultaient pas d'une volonté de nuire physiquement<ref>Le procès de Charles Maurras, éd. Albin Michel, 1946, Modèle:P..</ref>,Modèle:Note.

Le Modèle:Date, la cour de justice de Lyon déclare Charles Maurras coupable de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale<ref name="nracine">Collectif - Fondation Charles de Gaulle, De Gaulle et la Libération, Éditions Complexes, Paris, 2004, Modèle:Nobr Modèle:ISBN Modèle:Présentation en ligne, chapitre : Modèle:Citation, par Nicole Racine : Modèle:P.184-186 : Modèle:Citation Modèle:Commentaire biblio</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Maurras commenta sa condamnation par une exclamation célèbre : Modèle:Citation<ref name="Prévotat">Cité par Prévotat, Modèle:P.103.</ref> Selon l'historien américain Eugen Weber, le procès qui dura seulement trois jours fut un procès politique : les jurés ont été choisis sur une liste établie par des ennemis politiques de Maurras, les vices de forme et les trucages ont été nombreux, le motif choisi est le plus infamant et le plus contradictoire avec le sens de sa vie. Pour ses partisans, le régime condamne celui qui n'a cessé de le mettre en face de ses responsabilités et lui fait payer le prix de ses propres erreurs<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

De sa condamnation (article 21 de l'ordonnance du 26 décembre 1944), découle son exclusionModèle:Note automatique de l'Académie française<ref name=nracine/>,<ref name=academie>Site de l'Académie française, Charles Maurras (1868-1952) : Modèle:Citation</ref> (l'ordonnance prévoit l'exclusion de l'Institut). Conformément à la loi<ref name=nracine/>, l'Académie déclare vacant le siège de Maurras lors de la séance du Modèle:Date-<ref name=nracine/>,<ref name=academie/> mais, selon la décision du secrétaire perpétuel Georges Duhamel, ne procède pas au vote de radiation<ref name=nracine/>. L’Académie décida de ne procéder à l'élection du remplaçant de Maurras qu'après son décès, ce qui ne sera pas le cas pour les académiciens collaborationnistes comme Abel Bonnard et Abel Hermant, remplacés de leur vivant<ref name=nracine/>,<ref name=academie/>,Modèle:Note.

Après-Seconde Guerre mondiale (1945-1952)

Fichier:Tête de Charles Maurras dans son jardin de Martigues.jpg
Tête de Charles Maurras dans son jardin de Martigues, 22, chemin du Paradis, Bouches-du-Rhône, Provence.

Entre 1945 et 1952, Charles Maurras publia quelques-uns de ses textes les plus importantsModèle:Sfn. Bien qu'affaibli, il collabore sous le pseudonyme d'« Octave Martin » à Aspects de la France, journal fondé par des maurrassiens en 1947, à la suite de l'interdiction de l'Action française. Il dénonce l'épuration et s'en prend particulièrement à François de Menthon, pour avoir été le ministre de la Justice du Gouvernement provisoire de la République française<ref>Herbert Lottman, L’Épuration (1943–1953), Fayard, Paris, 1986, Modèle:P..</ref>. Il fait 7 mois à Riom<ref name="Aron 26">Modèle:Harvsp.</ref>, condamné à la dégradation civique et à la prison<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ses dernières années, passées en grande partie à la prison de Clairvaux, furent aussi l'occasion d'une introspection sur la question de la Résistance ou du traitement infligé aux Juifs pendant la guerre. Ainsi, en 1948, il fait part de son admiration pour l'épopée Leclerc et pour les « belles pages » du maquis et reconnaît une erreur dont il a conscience et tente d'excuser : il n'a pas su distinguer dans l'ensemble de la Résistance et son incapacité à voir clair découlerait alors de l'obsession de la mort de la France, crispation défensive qui lui fit ignorer les perspectives Modèle:Incise d'une victoire possibleModèle:Sfn.

En 1949, Maurras et Pujo écrivent au garde des sceaux pour demander la révision de leur procès<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Tout en continuant d'affirmer la nécessité d'un antisémitisme d'État du fait que les Juifs posséderaient une nationalité propre qu'il reconnaît glorieuse, mais différente de la française<ref>Charles Maurras, Votre bel aujourd'hui, éd. Fayard, 1953, Modèle:P..</ref>, il s'oppose à Maurice Bardèche sur le drame de la déportation : Modèle:Citation<ref>Octave Martin (alias Charles Maurras), « Au service d'Hitler », Aspects de la France, 3 février 1949.</ref>,Modèle:Sfn.

Charles Maurras fut un écrivain provençal : élu majoral du Félibrige en 1941, il en fut exclu en 1945, tout en usant d'un droit réglementaire à présenter une réponse, qu'il composa en provençal et qui fut lue<ref>Le texte est consultable en ligne sur le site de la bibliothèque provençale en ligne Ciel d'oc : Modèle:Lire en ligne ; on peut y relever parmi d'autres le passage suivant : « […] coume auriéu pouscu boulega lou bout dóu det en visto de servi, d’ajuda, de favourisa l’Alemagno, Iéu, l’anti-aleman, Iéu lou germanophobe e que lou sièu Toujours. dis moussu l’avoucat generau ? Acò n’es pas poussible. Acò se countre-dis. Sieù o bèn coume d’acò, vo bèn coume d’aqui; noun sièu d’acò emai d’aqui » (« […] comment aurais-je pu bouger le bout du doigt en vue de servir, d'aider, de favoriser l'Allemagne, Moi, l'anti-allemand, Moi le germanophobe attendu que je le suis toujours. dit Monsieur l'avocat général ? Cela n'est pas possible. Cela se contre-dit. Je suis ou bien comme ceci, ou bien comme cela : je ne suis pas d'ici et en plus de là. »</ref>.

Le 10 août 1951, Charles Maurras est transféré à l’hôtel-Dieu de Troyes. Il publie peu après plusieurs ouvrages : Jarres de Biot Modèle:Incise, À mes vieux oliviers et Tragi-comédie de ma surdité. Le 21 mars 1952<ref name="ggros">Guillaume Gros, Philippe Ariès : un traditionaliste non-conformiste : de l'Action française à l'École des hautes études en sciences sociales, 1914-1984, éd. Presses Univ. Septentrion, 2008, Modèle:Nobr Modèle:ISBN Modèle:Présentation en ligne, Modèle:Pp.105-106.</ref>, bénéficiant d'une grâce médicale<ref>Modèle:Harvsp.</ref> accordée par le président de la République Vincent Auriol<ref name=ggros/>, grâce réclamée maintes fois par l'écrivain Henry Bordeaux, auprès du président, par divers courriers, Charles Maurras est transféré à la clinique Saint-Grégoire<ref>Agnès Callu, Patricia Gillet et textes de Charles Maurras, Lettres à Charles Maurras – Amitiés politiques, lettres autographes, 1898-1952, éd. Presses Univ. Septentrion, 2008, Modèle:Nobr Modèle:ISBN Modèle:Lire en ligne, Modèle:P.170 : Modèle:Citation.</ref> de Saint-Symphorien-lès-Tours<ref>Site de l'Académie française, Charles Maurras (1868-1952) : Modèle:Citation.</ref>. Quelques mois avant sa mort, Maurras écrivait qu’il Modèle:Citation ; les théologiens qui l’entouraient ne cessaient d’espérer un signe de conversion, mais Maurras était las de cet empressement et Modèle:Citation<ref>Jacques Prévotat, Modèle:Op. cit., Modèle:Pp.520-521.</ref>. Cependant, il meurt le 16 novembre 1952<ref name="Aron 26" />,<ref>Paris-presse, L’Intransigeant, 18 novembre 1952</ref>, après avoir reçu les derniers sacrements et plusieurs témoins ont attesté de l'intensité de sa conversion à l'article de la mort<ref name="gir">Lettre de l’abbé Giraud à Charles Forot, 4 juillet 1958, archives départementales de Privas, dossier 24J25.</ref>,<ref name="thi">Gustave Thibon, « Hommage à Charles Maurras », Points et contre-points, juin 1953, Modèle:P..</ref>,<ref name="G497" group="G">Modèle:P..</ref>.

Caractère

Pour Stéphane Giocanti, l’image d’un Maurras froid et austère est un contre-sens ; il a au contraire un caractère sanguin et contrasté : à la fois tendre et violent, contemplatif et actif, patient et impatient, tantôt inflexible et obstiné, tantôt bon et généreux ; sachant à l'occasion reconnaître ses torts, pardonner et s’effacer devant les autres, il est tour à tour exaspérant et charmant : Modèle:Citation. Il a la frénésie de la discussion et de la dialectique car il a la passion de la vérité, de l’ordre, de l’unité. Il a l’intransigeance et la fierté d’un homme de la fin du dix-neuvième siècle qui ne revient pas sur sa parole et réserve ses doutes pour lui-même. Il s’engage radicalement et est prêt à mourir pour la Cause d’autant qu’il engage les autres dans son périple. Généreux vis-à-vis de ses amis et fidèle en amitié, il peut être un amant passionné, un charmeur blaguant, diseur de vers et buveur de bon vin. Très sensible aux femmes, il s’affirme bon causeur caustique, pétillant et aimant la complicité des dames élégantes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il suscita des attachements très forts et reçut d’innombrables marques de fidélité et d’admiration : ainsi, avant de gagner l’horizon polaire avec l’explorateur Roald Amundsen, deux pilotes survolant la maison de leur maître lâchèrent sur le jardin une pluie de pétales de roses, message de fidélité placé sous le signe de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pierre Gaxotte écrivit à son propos : Modèle:Citation

Charles Maurras qui aimait la simplicité et avait le Modèle:Citation, gagnait volontairement moins que le plus petit ouvrier qualifié de son journal ; après 1940, il versa ses droits d'auteur à une œuvre de prisonniers<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Famille

Le 22 novembre 1925, lors d’une réunion organisée par l'Action française en réaction à la victoire du cartel des gauches à Luna Park où trente mille personnes se rendent, Charles Maurras aurait eu la prescience de la mort de son frère. Il apprend le lendemain la mort au Tonkin du médecin et chirurgien Joseph Maurras, qui donnait une chronique médicale à L'Action française très suivie par la profession. Il télégraphie à sa belle-sœur Henriette qu’il adopte son neveu Jacques et ses nièces Hélène et Jeanne ; il logera son neveu avec sa mère avenue Mozart et leur trouvera un précepteur, l’abbé Rupert ; Jacques sera bachelier au lycée Janson-de-Sailly<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, diplômé de l’École libre des sciences politiques, licencié en droitModèle:Note. Maurras était également le parrain de François Daudet, un des fils de Léon Daudet.

Vie privée

Dans les années 1890, Maurras doit affronter la séparation de Valentine de Saint-Pons. Il devient ensuite l'amant de Modèle:Mme Paul Souday, qu'il continue de fréquenter amicalement après leur séparation.

Il tombe ensuite amoureux de la comtesse de la Salle-Beaufort, nièce de Gustave Janicot, qui travaille avec lui à La Gazette de France et qu'il connait depuis 1892. La jeune femme est touchée par son amour ardent, mais, mariée et mère de plusieurs enfants, elle ne veut pas tout abandonner pour lui, ce qui donne à Maurras des envies de suicide<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il correspond avec la comtesse jusqu'en 1930<ref name="gio209" />.

En 1910 et jusqu'à son mariage, Modèle:Mme Jules Stefani, née Rachel Legras (alias Pierre Chardon), est l'amante de Maurras qui lui confie la publication de son Dictionnaire politique et critique, encyclopédie traitant de tous les domaines auxquels Maurras touche : politique, littérature, histoire, sociologie, et philosophie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1925, l’objet de ses sentiments amoureux est Alice Gannat, intendante au collège des jeunes filles de la Légion d’honneur, mais celle-ci ne consent qu'à une relation amicale.

En 1928, il se lie avec la princesse Yvonne Rospigliosi, baronne de Villenfagne de Sorinnes (1887-1946), mariée au prince Ferdandino Carlo Rospiglios. Elle habite alors chez Maurras rue de Verneuil, et ils connaissent des amours tempétueuses.

Sa dernière amie est Modèle:Mme de Dreux-Brézé, qui s'installe dans un logement tout près de sa prison et avec laquelle il a une correspondance suivie après la Seconde Guerre mondiale<ref name="gio475" />. Il a également une liaison avec Modèle:Mme Espinasse-Mongenet<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

L'amour de Charles Maurras pour les femmes se traduit par des prises de position politiques en leur faveur. En 1910, il salue l'entrée des femmes dans les études supérieures : Modèle:Citation<ref>Cahiers Charles Maurras, no 47, Modèle:P.</ref>. Favorable au droit de vote des femmes, il rappelle que les femmes avaient déjà voté sous Louis XVI dans les paroisses<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Touchée par les pages que lui consacre Maurras, la poétesse saphique Renée Vivien le compare à un Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Note.

Idées politiques

Modèle:Article détaillé

Nationalisme intégral et monarchisme

Fichier:Charles Maurras vers 1908.jpg
Charles Maurras vers 1908.

La principale originalité de Maurras réside dans le fait qu’il entend réaliser de manière rigoureuse l’amalgame de deux tendances jusqu’alors distinctes : le traditionalisme contre-révolutionnaire et le nationalisme<ref>Encyclopædia Universalis, volume 1, Modèle:P., édition 1975 Modèle:ISBN.</ref>. Ses travaux ont particulièrement marqué la droite et l'extrême droite française. Cela tient à ce qu'il parvient à théoriser un très grand nombre des idées politiques défendues par les différentes familles politiques de droite en une seule et unique doctrine cohérente en apparence. Le nationalisme intégral se réclame ainsi comme un ensemble cohérent ; d'après l'historien Alain-Gérard Slama, l'efficacité de Maurras tiendrait dans le rassemblement intellectuellement ordonné d'idées provenant de divers courants de droite alors que les familles politiques de droite étaient jusqu'alors caractérisées essentiellement par l'opposition aux idées républicainesModèle:Référence nécessaire.

D'autres raisons ont été invoquées pour expliquer le rayonnement du nationalisme intégral<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Une d'entre d'elles est que le nationalisme intégral est défendu par des revues se voulant de qualité sur le plan intellectuel. La qualité littéraire de L'Action française, son intérêt apporté au cinéma, la densité, la liberté de ton et de goût de ses pages critiques, la confiance faite à de très jeunes gens comme Boutang, Maulnier, Brasillach contribuent au succès du quotidienModèle:Référence nécessaire.

La monarchie, garantie de l'unité nationale selon Maurras

Maurras entend dépasser le nationalisme, doctrine rendue nécessaire par les temps, en l'ouvrant à ce qui théoriquement ne procède pas d'un parti selon lui. Il veut trouver un principe capable d'assurer l'unité politique d'une nation et qui se trouve au-dessus des opinions d'après lui. Il s'agit pour Maurras du roi qui seul peut rassembler les Français. Maurras n'entend pas restaurer la monarchie non pour elle-même mais pour ce qu'elle peut apporter à la nation selon lui<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La conclusion de Maurras est le nationalisme intégral, c’est-à-dire la monarchie : sans la monarchie, la nation périra.

Le nationalisme maurrassien se définit ainsi comme la volonté de restaurer un pouvoir fort dont le but est de rendre la nation à elle-même en rétablissant les fondements de l’État, l’armée, la magistrature, l’Église, et ce, en excluant les étrangers et immigrés sans racines selon lui, qui Modèle:Citation sur le territoire national, c’est-à-dire ce qu'il appelle les Modèle:Citation, à savoir les juifs, les protestants, les francs-maçons et les métèques<ref name="Prévotat Revue d'hist. intell.">Jacques Prévotat, art. cit., Modèle:P.120-121.</ref>.

Le point de départ des idées monarchistes et nationalistes de Maurras est à chercher dans les deux premiers fascicules de l’Enquête sur la monarchie qui paraissent en 1900 dans les colonnes de la Gazette de France (le troisième paraît en 1903). Il y affirme que Modèle:Citation. La légitimité du pouvoir monarchique en France repose pour Maurras sur sa capacité à assurer le salut public<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En disciple d’Auguste Comte, Maurras entend que Modèle:Citation soit le dénominateur commun à partir duquel la société pourra se reconstruire et définit le royalisme comme Modèle:Citation et accueillante aux Modèle:Citation, comme aux catholiques de droite. Il déclare notamment à Barrès son ambition de Modèle:Citation<ref>Lettre de Charles Maurras à Maurice Barrès du 19 novembre 1899, dans La République ou le Roi, Paris, Plon, 1970, Modèle:P.252.</ref>.

Depuis la mort du comte de Chambord en 1883, le sentiment royaliste était frappé à mort. Son déclin s'était précipité avec le soutien au boulangisme et avec la mort du comte de Paris (1894)<ref name="C171" group="C">Modèle:P.171.</ref>. Le zèle, Modèle:Citation de Maurras et le ralliement d'une poignée de jeunes hommes allaient régénérer Modèle:Citation : un néo royalisme plus combatif et plus jeune mais sans Modèle:Citation<ref group="C" name="C171"/>, un royalisme positiviste<ref name="C172" group="C">Modèle:P.172.</ref>.

La fameuse formule « politique d’abord » de Maurras ne signifie donc pas que l’économie a moins d’importance que la politique, mais qu’il faut commencer par réformer les institutions : Modèle:Citation La monarchie selon Maurras est traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée. À propos de ces quatre critères, les maurrassiens parlent de Modèle:Citation<ref>« Le « Quadrilatère » », L’Action française, 25 août 1910.</ref>.

  1. Les deux caractères, traditionnelle et héréditaire, résultent immédiatement de la Modèle:Citation. Modèle:Citation, transmission d’un héritage. Maurras parle du Modèle:Citation ainsi que du Modèle:Citation. Il souligne les bienfaits de l’institution parentale : Modèle:Citation Il est partisan d’une noblesse héréditaire, il conseille aux fils de diplomates d’être diplomate, aux fils de commerçants d’être commerçant, etc. La mobilité sociale lui paraît provoquer une déperdition du Modèle:Citation, expression dont il se sert dans l’Enquête sur la monarchie. Pour Maurras, le gouvernement légitime, le bon gouvernement c’est celui qui fait ce qu’il a à faire, celui qui fait le bien, celui qui réussit l’œuvre du bien public. Sa légitimité se vérifie à son utilité. Or, le souci vigilant de l’intérêt public est selon lui cruellement dispersé dans la démocratie alors qu'en monarchie il est rassemblé dans la personne du souverain : Modèle:Citation La nation a intérêt à être dirigé par un dirigeant dont les intérêts coïncident avec les siens et dont l'égoïsme privé devient une vertu publique. L'égoïsme des politiciens tend à s'identifier avec celui des partis, celui du Roi tend à s'identifier avec celui de la Patrie.
  2. La doctrine de Maurras est antidémocratique et antiparlementaire. Sur ce thème, il affirme que l'histoire prouve qu’une république fondée sur les aléas de la démocratie parlementaire est incapable d’avoir une politique étrangère cohérente dans la durée ou du moins d’avoir les moyens de sa politique : les intérêts à court terme des partis passent avant les intérêts à long terme de la patrie. Il s’en prend au respect du nombre et au mythe de l’égalité devant la loi (l’inégalité est pour lui naturelle et bienfaisante), au principe de l’élection (contrairement à ce que croient les démocrates, Modèle:Citation), au culte de l’individualisme. Il dénonce le Modèle:Citation démocratique, qui ne tient aucun compte des réalités. Il attaque avec une particulière violence les instituteurs, les Juifs, les démocrates chrétiens. Il affirme qu’il n’y a pas un Progrès mais des progrès, pas une Liberté mais des libertés : Modèle:Citation D’autre part Maurras déteste le Modèle:Citation, non pas les financiers et les capitalistes en tant que tels, mais l'influence illégitime qu'ils peuvent chercher à exercer sur l'État. Il souligne les liens entre démocratie et capitalisme ; son traditionalisme est opposé au pouvoir exclusif de la bourgeoisie ; sur ce point, il est d’accord avec Péguy<ref>Péguy, L’argent et L’argent (suite).</ref> et sa doctrine est en harmonie avec les sentiments des hobereaux plus ou moins ruinés qui constituaient souvent les cadres locaux de L’Action française.
  3. Maurras est un adversaire de la centralisation napoléonienne. Il estime en effet que cette centralisation, qui a pour conséquence l’étatisme et la bureaucratie (rejoignant ainsi les idées de Proudhon), est inhérente au régime démocratique. Il affirme que les républiques ne durent que par la centralisation, seules les monarchies étant assez fortes pour décentraliser. Maurras dénonce l'utilisation insidieuse du mot décentralisation par l'État, qui lui permet de déconcentrer son pouvoir tout en se donnant un prestige de liberté : à quoi bon créer des universités en province si l'État central les commande entièrement<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Comme Maurice Barrès, Charles Maurras exalte la vie locale comme la condition même du fait politique et du civisme, annihilée ou atrophiée par la centralisation : c'est par le biais décentralisateur et fédéraliste, par la défense des traditions locales que doit s'effectuer le passage d'un nationalisme jacobin, égalitaire et étatiste, à un nationalisme historique et patrimonial appuyé sur les diversités de la nation française, hostile à l'emprise de l'État central : Modèle:Citation Pour Maurras, il faut refonder l'État, un État véritable : Modèle:Citation. Pour Maurras, il ne s'agit pas de faire revivre les provinces de l'Ancien Régime, car leur découpage a varié d'un siècle à l'autre par l'effet des traités, des donations, des mariages, des coutumes du droit féodal, mais de réfléchir au projet de création de régions épousant les désirs de la nature, ses vœux, ses tendances<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Décentralisation territoriale sans doute, mais aussi et surtout décentralisation professionnelle, c’est-à-dire corporatisme : il faut redonner une vie nouvelle aux corps de métier, à toutes ces communautés naturelles dont l’ensemble forme une nation.

Le nationalisme maurrassien se veut contre-révolutionnaire, rationnel, réaliste, germanophobe, non ethniciste et conforme à la conception française de la nation.

Son nationalisme intégral rejetait tout principe démocratique qu'il jugeait contraire à l’Modèle:Citation, et critiquait les conséquences de la Révolution française : il prônait le retour à une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée. Le nationalisme de Maurras se veut intégral en ce que la monarchie fait partie selon lui de l'essence de la nation et de la tradition françaises. Maurras rejette le nationalisme de Paul Déroulède et son égalitarisme mystique, ancré sur les images de l'An II et 1848<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Le royalisme est le nationalisme intégral car sans roi, tout ce que veulent conserver les nationalistes s'affaiblira d'abord et périra ensuite.

La nation est pour Maurras une réalité avant d'être une idée ; il s'agit de dissocier le mot nation de son acception révolutionnaire : Modèle:Citation

Critique de la Révolution française

Charles Maurras était hanté par l'idée de « décadence », partiellement inspirée par ses lectures d'Hippolyte Taine et d'Ernest Renan. Comme ces derniers, il pensait ainsi que la décadence de la France trouvait son origine dans la Révolution de 1789 ; la Révolution française, écrivait-il dans L’Observateur, était objectivement négative et destructive par les massacres, les guerres, la terreur, l'instabilité politique, le désordre international, la destruction du patrimoine artistique et culturel dont elle fut la cause.

L'origine de la Révolution se trouve selon lui dans les Lumières et à la Réforme ; il décrivait la source du mal comme étant Modèle:Citation, une référence à la nation adoptive de Calvin et la patrie de Jean-Jacques Rousseau. Ce dernier incarnait la rupture avec le classicisme que Maurras considérait comme l'expression du génie grec et latin, ce qui se ressent nettement dans ses recueils de poèmes, notamment La Musique intérieure et La Balance intérieure. La critique du protestantisme est thème récurrent de ses écrits : ainsi quand il définit la notion de Civilisation et son principe dans ses Œuvres capitales, il affirme que la Réforme a eu pour effet le recul de la Civilisation<ref>Charles Maurras, Œuvres capitales, Principes, Modèle:P..</ref>. Il ajoutait que Modèle:Citation en ce que l'Modèle:Citation symbolise selon lui l'individualisme exacerbé, destructeur du lien social et politique, tel qu'Auguste Comte le décrit et le condamne<ref name="gio177">Modèle:Harvsp.</ref>. Il y aura toutefois une composante protestante à l'Action française dont Jacques Delebecque et Henri Boegner sont les plus connus<ref name="gio177" />. Maurras tempèrera son antiprotestantisme par la suite et se livrera à la mort du géographe protestant Onésime Reclus à son panégyrique, regrettant sa rencontre manquée avec lui<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Pour Maurras, la Révolution française avait contribué à instaurer le règne de l'étranger et de l'« Anti-France », qu'il définissait comme Modèle:Citation<ref>L'Action française, 6 juillet 1912.</ref>. En effet, pour lui, protestants, juifs et francs-maçons étaient comme des Modèle:Citation dont les intérêts en tant que communautés influentes ne coïncidaient pas avec ceux de la France.

Le nationalisme de Charles Maurras, contrairement à celui de Péguy qui assume l'ensemble de la tradition française, ou à celui de Barrès qui ne récuse pas l'héritage de la Révolution, rejette l'héritage de 1789.

La pensée de Maurras est également caractérisée par un militantisme antimaçonnique. À propos de la franc-maçonnerie, il écrit dans son Dictionnaire politique et critique : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, Dictionnaire politique, Modèle:Nobr, 1932, Modèle:P.11.</ref>.

Maurras pensait ainsi que la Réforme, les Lumières, et la Révolution française ont eu pour effet l'invasion de la philosophie individualiste dans la cité françaiseModèle:Note. Les citoyens qui la composent se préoccupant, d'après Maurras, avant tout de leur sort personnel avant de s'émouvoir de l'intérêt commun, celui de la nation. Il croyait alors que cette préoccupation individualiste et antinationale était la cause d'effets indésirables sur la France ; la démocratie et le libéralisme ne faisant qu'empirer les choses.

Critique de la démocratie

Dans l'avant-propos de son ouvrage Mes idées politiques, Charles Maurras entend définir le domaine au sein duquel la notion de justice a un sens. Pour lui, l'ordre social et les inégalités ne sont ni justes ni injustes, mais elles résultent de l'histoire, du hasard ou de données de fait indépendantes de la volonté des individus. Il n'y a pas de sens à parler d'un ordre social juste ou injuste car la place que chacun occupe au sein de la société ne résulte pas d'une volonté extérieure ou consciente. Maurras considère que nombreuses erreurs politiques procèdent d'une extension abusive du concept de justice : Modèle:Citation

Pour Maurras, l'inégalité peut être bienfaisante en ce qu'elle permet une répartition protectrice des rôles et il doit s'agir pour l'État non soumis à la démagogie de les organiser au bénéfice de tous. Il est vain de vouloir supprimer les inégalités, cela est même dangereux du fait des effets secondaires pires que le mal que l'on prétend résoudre : Modèle:Citation

Maurras voit dans la république démocratique un régime démesuré où la démagogie égalitaire inspirée par une fausse conception de la justice fragilise les murailles de la cité et finit par emporter les degrés de la civilisation<ref group="G">Modèle:P..</ref>. Dans la démocratie, Maurras discerne un régime entropique d’élimination de la polis à laquelle se substitue une société amorphe d'individus égaux et épars, point sur lequel il rejoint Tocqueville. Modèle:Citation<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

Maurras ne rejette pas le suffrage universel. Il invite ses partisans à jouer le rôle des institutions et du suffrage universel qu’il s’agit non de supprimer mais de le rendre utile selon lui : ne pas diriger la nation mais la représenter. Maurras demande à ses lecteurs de jouer au maximum le jeu des institutions, il faut voter à toutes les élections : le mot d'ordre est celui du moindre mal<ref group="G" name="G305-308"/>.Il veut abolir la République au sommet de l’État et l’établir où elle n’est pas c'est-à-dire au niveau commune, des régions et au sein des corporations professionnelles<ref name="G305-308" group="G">Modèle:P..</ref>.

Différences avec les traditions orléaniste et légitimiste

Même si Maurras prônait un retour à la monarchie, par bien des aspects son royalisme ne correspondait pas à la tradition monarchiste française orléaniste, ou à la critique de la Révolution de type légitimiste. Son antiparlementarisme l'éloignait de l'orléanisme et son soutien à la monarchie et au catholicisme étaient explicitement pragmatiques et non fondés sur une conception providentialiste ou religieuse caractéristique du légitimisme. L'hostilité de Maurras à la Révolution se combinait avec une admiration pour le philosophe positiviste Auguste Comte dans laquelle il trouvait une contre-balance à l'idéalisme allemand et qui l'éloignait de la tradition légitimiste. Du comtisme, Maurras ne retient ni la théorie des trois âges, ni la religion du Grand Être, ni la filiation avec l'athéisme philosophique mais l'idée que l’Église catholique a joué un rôle bénéfique pour la civilisation, la société et l'Homme indépendamment de l'affirmation personnelle de foi<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Contrairement au royalisme légitimiste qui met en avant la providence divine, Maurras se borne à vouloir chercher les lois de l'évolution des sociétés et non ses causes premières qu'il ne prétend pas identifier.

Certaines intuitions de Maurras à propos du langage annoncent le structuralisme et se détachent de toute recherche métaphysique : Modèle:Citation

D'autres influences incluant Frédéric Le Play lui permirent d'associer rationalisme et empirisme, pour aboutir au concept d'Modèle:Citation, principe politique monarchique permettant de sauvegarder ce qu'il y a de meilleur dans le passé<ref>Éric Vatré, Charles Maurras. Un itinéraire spirituel, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1978, Modèle:P..</ref>.

Alors que les légitimistes rechignaient à s'engager vraiment dans l'action politique, se retranchant dans un conservatisme catholique intransigeant et une indifférence à l'égard du monde moderne considéré comme mauvais du fait de sa contamination par l'esprit révolutionnaire, Maurras était préparé à s'engager entièrement dans l'action politique, par des manières autant orthodoxes que non orthodoxes (les Camelots du roi de l'Action française étaient fréquemment impliqués dans des bagarres de rue contre des opposants de gauche, tout comme les membres du Sillon de Marc Sangnier). Sa devise était « politique d'abord ».

Méthode de Maurras et influence du scientisme

Charles Maurras est le fondateur du nationalisme positiviste. Au sentimentalisme barrésien s'oppose le positivisme maurrassien. Maurras considère la politique comme une science. Sa « politique naturelle » se veut une politique scientifique, fondée sur le réel, objectivement observable et descriptible, c'est-à-dire une politique fondée sur la biologie et sur l'histoire.

Charles Maurras est ainsi hostile à l'influence politique sur le royalisme du romantisme dans lequel il voit une manifestation d'un esprit incompatible avec le génie gréco-latin, avec l'esprit d'ordre et de clarté qui doit selon lui animer l'esprit français. Il s'en prend en particulier à Chateaubriand dont la pensée ne constitue pas pour les royalistes français un appui solide ; il ne méconnaît pas le génie littéraire de l'homme mais il perçoit que Chateaubriand n'aime la monarchie qu'au passé : Modèle:Citation Il a habitué ses lecteurs à l'idée que la monarchie aussi belle qu'elle soit, n'était au fond qu'un beau souvenir, sans voir ce qu'elle pourrait apporter dans le futur<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En contraste également avec Maurice Barrès, théoricien d'un nationalisme romantique basé sur l'ego, Maurras dit vouloir baser sa conception du nationalisme sur la raison plus que sur les sentiments, sur la loyauté et sur la foi. Mais Maurras place très haut la pensée de Maurice Barrès car elle serait selon lui le fruit d'une évolution profonde partant des doutes et des confusions du moi. Elle aurait pris peu à peu conscience de la nation, de la tradition et de la sociabilité, qui la déterminent et l'élèvent : le culte du moi aboutit à une piété du nous<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

Pour Maurras comme pour tous les théoriciens de la Contre-Révolution, Burke, Maistre, Hippolyte Taine, la nature se confond avec l'histoire. Lorsqu'il écrit que les sociétés sont Modèle:Citation, il veut dire qu'il faut se conformer aux leçons de l'histoire : Modèle:Citation

De telles affirmations se retrouvent chez d'autres auteurs anti-modernes, mais ce qui distingue Maurras de Maistre et des théocrates sur ce plan, c'est le recours à la biologie ; ici se manifeste l'influence du comtisme et du darwinisme. Un des développements de Mes idées politiques est intitulé « De la biologie à la politique ». Si Maurras préconise le recours à la monarchie, ce n'est nullement parce qu'il croit au Modèle:Citation. Il ne prend pas en compte cet argument théologique et prétend ne recourir qu'à des arguments scientifiques : la biologie moderne a découvert la sélection naturelle, c'est donc que la démocratie égalitaire est condamnée par la science. Les théories transformistes mettent au premier plan le principe de continuité : le meilleur régime pour incarne la continuité nationale serait donc la monarchie selon Maurras.

Pour Maurras, l'État est menacé de perdre l'indépendance de son pouvoir de décision et de son arbitrage. Il lui manque d'être ab-solutus, sans lien de dépendance avec des partis qui tendent à compromettre le service qu'il doit rendre à l'ensemble de la nation et non à l'une ou l'autre de ses composantes<ref name="G165-166" group="G">Modèle:P..</ref>. Sa conception du bien commun et de la raison d'État doit aussi à une certaine lecture de saint Thomas d'Aquin et de l'encyclique Diuturnum illud que ses maîtres d'Aix avaient publiée dans La Semaine religieuse et ainsi commentée : Modèle:Citation<ref group="G" name="G165-166"/>.

D'où la position centrale du nationalisme intégral dans ses idées politiques. Celles-ci sont les bases de son soutien tant au royalisme français qu'à l'Église catholique et au Vatican. Cependant, il n'avait aucune loyauté personnelle envers la maison d'Orléans, et était un agnostique convaincu jusqu'à son retour au catholicisme à la fin de sa vie<ref name="gir" />,<ref group="G" name="G497"/>,<ref name="thi" />. Modèle:Article détaillé.

Vision de la politique étrangère

Hostilité à l'Allemagne

Fichier:19260509 Charles Maurras et Léon Daudet - fête de Jeanne d'Arc.jpg
Maurras et Léon Daudet à la fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme, Paris, place Saint-Augustin, Modèle:Date.

Le nationalisme de Charles Maurras est fondamentalement germanophobe ; Maurras, comme Fustel de Coulanges, était très hostile à l'idée de l'origine franque de la noblesse française et à la tendance à écrire l'histoire de France selon la méthode allemande<ref name="G178" group="G">Modèle:P..</ref>. La méfiance à l'égard de l'Allemagne se traduit par une vigilance sur la politique de ce pays ; Walter Benjamin note à cet égard que Modèle:Citation<ref>Walter Benjamin, Correspondance avec Theodor W. Adorno, t. I, 1910-1928, Aubier Montaigne, 1979, Modèle:P..</ref>.

Cette hostilité à l'Allemagne induit une méfiance à l'égard de tout ce qui peut détourner la France de la Revanche ; en particulier, Maurras est opposé aux conquêtes coloniales de la Troisième République ; le nationalisme maurrassien n'est pas impérialiste et Maurras se décrira à Barrès, comme un Modèle:Citation<ref group="G" name="G180">Modèle:P.</ref>.

Fichier:19270508 Défilé Jeanne d'Arc Action française.jpg
Les dirigeants de l'Action française défilant lors de la fête de Jeanne d'Arc, le Modèle:Date.

Par ailleurs, le nationalisme maurrassien n'est pas antibritannique ; Maurras s'inquiète ainsi de l'antibritannisme qui pourrait détourner de la Revanche<ref group="G" name="G180"/>. Maurras admire l'élan vital de l'Angleterre qui concilie sagement le cosmopolitisme et le Modèle:Citation. Il rappelle son goût ancien et très vif pour Shakespeare qu'en 1890, il avait nommé un Modèle:Citation, tant son œuvre est selon lui mue par la tradition latine et par Machiavel. Le peuple anglais lui apporte une image de ce que les Français ne sont plus, fiers dans leur roi d'être ce qu'ils sont<ref group="G">Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, « Joyeuse Angleterre », février 1904, Quand les Français ne s'aimaient pas, Modèle:P..</ref>.

La théorie nationale de Maurras rejette le messianisme et l'ethnicisme que l'on retrouve chez les nationalistes allemands héritiers de Fichte<ref group="G" name="G180"/>. La nation qu'il décrit correspond à l'acception politique et historique de Renan dans Qu'est-ce qu'une nation ?, aux hiérarchies vivantes que Taine décrit dans Les Origines de la France contemporaine, aux amitiés décrites par Bossuet<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

Le nationalisme maurrassien se veut un réalisme opposé aux Modèle:Citation et Modèle:Citation qui par leur irréalisme sont des pourvoyeurs de cimetières<ref group="G" name="G305-308"/>.

Le nationalisme d'Action française est à la fois militariste, c'est-à-dire pour le renforcement permanent de l'armée afin que dans l'éventualité d'une guerre, la nation soit victorieuse et souffre le moins possible, mais pacifiste, c'est-à-dire qu'économe du sang français, elle ne prône la guerre que si la France est en position de l'emporter et pour éviter un péril grave pour elle. L'Action française ne sera pas favorable au déclenchement des hostilités, ni en 1914, ni en 1939, la France n'étant pas prête pour gagner selon elle ; en revanche, elle prônera une intervention militaire en 1936 contre l'Allemagne afin d'empêcher qu'elle ne devienne dangereuse et conquérante. Pour l'Action française, ce ne sont pas les nationalismes qui sont fauteurs de guerre mais les impérialismes<ref group="G">Modèle:P..</ref>.

Maurras et la colonisation

Maurras est hostile à l'expansion coloniale impulsée par les gouvernements républicains qui détourne de la Revanche contre l'Allemagne et disperse ses forces ; de plus, il est hostile à la politique jacobine et républicaine d'assimilation qui vise à imposer la culture française à des peuples ayant leur propre culture. Comme Lyautey, il pense qu'il faut faire aimer la France et non imposer la culture française au nom d'un universalisme abstrait<ref>Thérèse-Charles Vallin, « Nationalisme algérien et nationalisme maurrassien », EM, 3, 1974, Modèle:P..</ref>. Cette dernière conception attire à lui des faveurs dans les élites des peuples colonisés ; ainsi, Ferhat Abbas, est d’abord un Algérien maurrassien : il est le fondateur de L’Action algérienne, organe se réclamant du nationalisme intégral<ref name="gio303">Modèle:Harvsp.</ref> et se battant pour l’adoption de propositions concrètes : toutes vont dans le sens de la démocratie locale et organisée, la seule forme de démocratie pour laquelle Maurras militait, parce que d’après lui, elle est la seule vraiment réelle : autonomie des corporations indigènes locales et régionales, autonomie en matière de réglementation sociale et économique, suffrage universel dans les élections municipales, large représentation de corporations, des communes, des notables et chefs indigènes, constituant une assemblée auprès du gouvernement français : Modèle:Citation<ref>Thérèse-Charles Vallin, « Nationalisme algérien et nationalisme maurrassien », EM, 3, 1974, Modèle:P..</ref>. Parmi l’élite musulmane d’Algérie, Ferhat Abbas n'est pas le seul soutien de l’Action française : on compte parmi eux Hachemi Cherief, qui sera plus tard le conseiller juridique de Mohammed V et l’avocat de Ben Bella, ainsi que des Kabyles, gênés par la prépondérance arabe et attirés par la vision décentralisatrice de Charles Maurras<ref name="gio303" />. Pendant ses deux voyages en Algérie, en 1935 et 1938, Maurras est surtout proche des colons de toute condition et apprécie leur esprit pionnier, leur attachement aux valeurs traditionnelles et à la Modèle:Citation ; même l'immigration espagnole, nombreuse dans l'ouest du pays, lui paraît le signe d'une fusion harmonieuse des peuples latins<ref>Daniel Lecomte, Les Pieds-noirs: Histoire et portrait d'une communauté, Seuil, 1980, ch. « Au nom de la latinité… les petits blancs » [1]</ref>. Sans pour autant se déclarer en faveur du droit de vote des « indigènes d’Algérie », pour Maurras la solution réside dans une refondation politique : « Il suffit de remettre la souveraineté où elle est, où il faut qu’elle soit, entre les mains de notre dynastie historique, pour qu’il devienne possible et facile de faire aux vaillants indigènes d’Algérie, qui se sont signalés par tant de services militaires sous les plis du drapeau français, une place digne d’eux dans notre cité : ils seront comme nous, sujets du roi de France, ils n’y usurperont aucune autorité. »<ref>Charles Maurras, Dictionnaire politique et critique, compléments établi par les soins de Jean Pélissier, fascicule 4, Paris, Cahiers Charles Maurras [supplément au n° 9], p. 251, extrait d’un article de l’Action française, 21 décembre 1938. Cité par Olivier Dard dans « Les droites radicales et l’empire colonial au vingtième siècle » In À droite de la droite : Droites radicales en France et en Grande-Bretagne au xxe siècle, Presses universitaires du Septentrion, 2012. lire en ligne</ref>. Dans Pages africaines, récit de son voyage en Algérie en 1935, publié en 1940, il considère que « le vrai statut moral des rapports entre Arabes, Berbères et Français nous semble être inscrit d'un trait simple et pur : la cordialité entre humains. »<ref>Pierre Birnbaum, La France aux Français histoire des haines nationalistes, Seuil, 1993, p.265</ref>.

Maurras et les dictatures de l'Axe

Maurras et le fascisme

Dès le début de la dictature fasciste en Italie, l'Action française fait partie du courant qui Modèle:Citation<ref>Pierre Milza, Le fascisme italien et la presse française : 1920-1940, Bruxelles, Complexe, 1987, Modèle:P.89.</ref>. Le 13 octobre 1935, hostile aux sanctions de la SDN contre l'Italie qui vient d'attaquer l'Éthiopie, Maurras appelle à Modèle:Citation à Modèle:Citation<ref>Pierre Milza, op. cit., Modèle:P.227-229.</ref>. Selon François Huguenin, comprendre la position de Maurras face au fascisme nécessite de prendre en compte trois ordres de préoccupation autonomes parfois confondus : celui de la politique extérieure, celui de l'idéologie, celui de la réussite révolutionnaireModèle:Sfn.

Sur le plan de la technique de la prise de pouvoir, les maurrassiens seront impressionnés par la capacité du fascisme à mettre fin au Modèle:CitationModèle:Sfn.

Sur le plan de la politique extérieure, Maurras ne cessera de prôner face au péril allemand une union latine englobant la France, l'Italie, l'Espagne et le PortugalModèle:Sfn. En 1935, Maurras s'opposera aux sanctions contre le régime fasciste pour empêcher de pousser Mussolini à s'allier avec HitlerModèle:Sfn, alors que Mussolini souhaitait initialement contrer l'expansion du national-socialisme en liaison avec les alliés de l'Italie pendant la Première Guerre mondiale comme la France. L'idéologie ne dicte par cette volonté d'alliance orientée contre l'Allemagne qui explique la discrétion des critiques de Maurras contre le fascisme italien, critiques pourtant contenues dans l'anti-étatisme de Maurras.

Sur le plan idéologique, Maurras met en garde contre une trop grande admiration de Mussolini et sa position évolue avec l'évolution du fascisme ; au début du fascisme, avant le développement de l'étatisme et la théorisation par le fascisme du totalitarisme, Maurras souligne la parenté entre certaines de ses idées et celles du mouvement de Mussolini<ref>L'Action française, 18 juillet 1923.</ref> ; mais dès 1928, il écrit<ref>Charles Maurras, L'Action française, 17 mai 1928.</ref> : Modèle:Citation Comme Massis, Maurras s'inquiètera des lois scolaires du fascisme<ref>Pierre Debray, « Maurras et le fascisme », Cahiers Charles Maurras, no 2, septembre 1960.</ref>. Quand, en 1932, Mussolini déclare qu'Modèle:Citation, Maurras dénonce une conception aux antipodes de sa pensée : rappelant le double impératif de Modèle:Citation et d'Modèle:Citation, il réaffirme combien les partisans du nationalisme intégral ne sont pas étatistes<ref>Charles Maurras, L'Action française, 12 juin 1932.</ref>.

Le souci de ménager l'Italie pour éviter qu'elle ne s'engage militairement avec l'Allemagne et l'admiration de la réussite d'un coup de force tranchant avec l'impuissance des nationalistes français expliqueraient la faible insistance à souligner les divergences importantes avec le fascisme italien<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Charles Maurras, dans sa réflexion centrée sur la France, n'a jamais pris la peine de réfuter les expériences politiques étrangères, ce qui vaut pour le marxisme comme pour le fascisme et l'Action française s’accommodera pour l'étranger de régimes dont elle ne voudrait pas pour la France<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. C'est à un de ses disciples, Thierry Maulnier, que reviendra de dénoncer le fascisme, comme si l'attraction fasciste était plus sensible pour un homme de sa génération que pour un homme comme Maurras ; Thierry Maulnier multipliera dans le quotidien de Maurras ou dans d'autres publications les écrits contre le fascisme, Modèle:Citation et la Modèle:Citation<ref>Thierry Maulnier, L'Action française, 13 juillet 1933.</ref>. De façon générale, nombre de maurrassiens ont affirmé que la pensée de Maurras les avaient prémunis de l'attraction du fascisme ; dans les années 1990, Raoul Girardet dira : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Maurras et le national-socialisme

La condamnation du national-socialisme se fonde sur une série d'arguments se situant à différents niveaux d'analyse.

Maurras dénonce le racisme depuis le début de son activité politique : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, L'Action française, 4 août 1939.</ref>. Charles Maurras écrit en 1933 : Modèle:Citation Maurras traite de Modèle:Citation les idées de Joseph de Gobineau et de Georges Vacher de Lapouge et rappelle : Modèle:Citation<ref>Maurras, Action française, 25 mars 1937 ; reproduit dans Charles Maurras, Dictionnaire politique et critique, Complément établi par les soins de Jean Pélissier, Fascicule 22, Modèle:P..</ref>. Pour Maurras : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, L'Action française, 10 octobre 1926.</ref>. Maurras écrit à propos du nazisme : Modèle:Citation<ref>Ch. Maurras, L'Action française, 15 juillet 1936, cité par Robert Belot, « Critique fasciste de la raison réactionnaire : Lucien Rebatet contre Charles Maurras », dans Mil neuf cent, 1991, vol. 9, no 9, Modèle:Pp., Modèle:P., note 46, consultable sur le site Persée.</ref>.

Maurras précise sa critique métaphysique du nazisme en soulignant ses fondements fichtéens : il dénonce l’image de l’homme allemand défini par Fichte, initiateur du narcissisme originel et fondamental où Hitler se retrouve ; Maurras insiste sur l'horreur fichtéenne d'Hitler pour le fédéralisme, sa démagogie métaphysique, son déisme à la Robespierre<ref>Charles Maurras, L'Action française, 19 et 20 juillet 1938.</ref>. Maurras est un des rares à souligner la dimension et l’inversion théologique du nazisme, son imitation caricaturale et perverse d’Israël et comme Alain Besançon, il voit le national-socialisme procéder à une contrefaçon fichtéenne de la notion de peuple élu<ref>Alain Besançon, Le Malheur du siècle, 1998, éd. Fayard, Modèle:P..</ref>. Dès le début des années 1930, Maurras et l'Action française mettent en garde contre le messianisme du nationalisme allemand dont le national-socialisme est l'expression qui accomplira jusqu'à la folie la logique dominatrice<ref name="huguenin432">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le nationalisme de Maurras est héritier de Fustel de Coulanges et de Renan, historique et politique, on n'y trouve Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, L'Action française, 20 juillet 1938.</ref>.

Sa critique du national-socialisme est aussi fondée sur le fait que celui-ci est selon lui un aboutissement logique du rousseauisme et de la démagogie démocratique : dans De Demos à César, il analyse l’évolution des régimes contemporains et discerne les liens de continuité entre la société démocratique et les tyrannies bolcheviques ou nazies, le prolongement que le despote moderne fournit au moi rousseauiste, en absorbant l’individu dans la collectivité<ref>Charles Maurras, De Demos à César, éd. du Capitole, deux volumes, 1930.</ref>.

Bien qu'agnostique Maurras défend la civilisation catholique et il perçoit dans le nazisme un ennemi du catholicisme et de ses valeurs : lorsque le pape Pie XI promulgue Mit brennender Sorge, le 25 mars 1937, Maurras approuve avec enthousiasme et précise sa position : Modèle:Citation. Les maurrassiens dénonceront le national-socialisme à la lumière d'une critique plus générale de l'esprit allemand<ref>Henri Massis, « Spengler, le précurseur », La Revue universelle, Modèle:1er novembre 1933.</ref>.

Sa critique du national-socialisme est aussi une critique implicite du totalitarisme. C’est la nation que Maurras défend et pas l’idolâtrie de son État : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il discerne dans le totalitarisme une usurpation de l’État sur la société : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, L'Action française, 19 juillet 1938.</ref>.

Maurras s’inquiète de ce que certains pourraient voir dans l’Allemagne un rempart contre le communisme, il y voit un piège politique : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, L'Action française, 21 mars 1935.</ref>. Il note même que Modèle:Citation<ref name="mau">Charles Maurras, L'Action française, 23 avril 1935.</ref>. En avril 1936, Maurras dénonce le péril national-socialiste et le déclare même pire pour la France que le péril communiste : Modèle:Citation<ref name="huguenin444"/>.

Maurras dénonce Hitler qu'il appelait le Modèle:Citation<ref>Aristide Cormier, Mes entretiens de prêtre avec Charles Maurras : suivis de La vie intérieure de Charles Maurras, éd. Nouvelles Éditions latines, 1970, Modèle:P..</ref> car son idéologie est porteuse de barbarie ; il s’en prend à la presse qui Modèle:Citation<ref group="G" name="G383"/>. Face à la barbarie nazie, Maurras écrit : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, L'Action française, 2 juillet 1934.</ref>. Hitler prépare la Modèle:Citation de l'Europe<ref name="mau" />.

Il alerte les Français sur l'eugénisme : Modèle:Citation Afin de mettre en garde les Français sur ce qui les attend, il réclame une traduction non expurgée de Mein Kampf, dont certains passages laissant prévoir les ambitions hitlériennes avaient été censurés dans la version française<ref name="huguenin432" />.

Toutefois, il écrit dans L'Action française du 28 août 1942 : Modèle:Citation

Discours social

En dépit de l'appui mesuré et prudent qu'il donna au Cercle Proudhon, cercle d'intellectuels lancé par de jeunes monarchistes hostiles au capitalisme libéral et appelant à l’union avec le courant syndicaliste révolutionnaire inspiré par Georges Sorel<ref>Modèle:Article.</ref> Charles Maurras défendit une politique sociale plus proche de celle de René de La Tour du Pin ; Maurras ne fait pas comme Georges Sorel et Édouard Berth le procès systématique de la bourgeoisie où il voit un appui possible<ref name="gio237">Modèle:Harvsp.</ref>. À la lutte des classes, Maurras préfère opposer comme en Angleterre, une forme de solidarité nationale dont le roi peut constituer la clef de voûte.

À l'opposé d'une politique de masse, il aspire à l'épanouissement de corps intermédiaires librement organisés et non étatiques, l'égoïsme de chacun tournant au bénéfice de tous. Les thèmes sociaux que traite Charles Maurras sont en concordance avec le catholicisme social et avec le magistère de l’Église tout en relevant également d'une stratégie politique pour arracher à la gauche son emprise sur la classe ouvrière<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Comme l'Action française, le Cercle Proudhon est décentralisateur et fédéraliste, et insiste sur le rôle de la raison et de l'empirisme ; il se trouve loin de l'irrationalisme, du jeunisme du populisme, de l'intégration des masses dans la vie nationale qui caractériseront par exemple les ambitions du fascisme italien, gonflé par les conséquences sociales de la guerre<ref name="gio237"/>. Charles Maurras veilla cependant à ce que le Cercle Proudhon ne fût pas intégré à l'Action française : il rejetait en effet le juridisme contractualiste de Proudhon, qui représente pour lui un point de départ plutôt qu'une conclusion : Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, La Démocratie religieuse, éd. Nouvelles Éditions latine, 1978, Modèle:P..</ref>.

Antisémitisme

Fichier:La Tour du Pin, René.jpg
René de La Tour du Pin.

Charles Maurras forge sa doctrine antisémite en s'inspirant notamment des écrits de son « maître à penser » René de La Tour du Pin, l'un des chefs de la droite catholique. Dans son « programme social » de 1889, La Tour du Pin envisage de « dénationaliser » les juifs français, puis il précise sa pensée en 1898, durant l'affaire Dreyfus : les juifs seraient mis sur le Modèle:Citation ; leur nouveau statut de Modèle:Citation, inférieur à celui des citoyens de Modèle:Citation, leur garantirait la protection des autorités tout en leur interdisant l'accès aux fonctions publiques<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. À son tour, Maurras va prôner pour les Juifs un statut personnel les excluant des fonctions publiques<ref>Modèle:Harvsp.</ref>

Entre 1904 et 1906Modèle:Sfn, Charles Maurras élabore sa théorie des Modèle:Citation soi-disant constitutifs de Modèle:Citation Le théoricien du nationalisme intégral cible ainsi les juifs, la franc-maçonnerie et les protestants, conformément à la théorie du complot judéo-maçonnique dont Modèle:Citation en y ajoutant les « métèques », explique Pierre-André TaguieffModèle:Sfn. Maurras accuse ces quatre « États confédérés » de défendre leur intérêt et non celui de la nation, tout en soumettant l'État à leur influence : Modèle:Citation bloc

Lors de la création de la Ligue d'Action française au printemps 1905, Modèle:Citation, souligne Laurent Joly<ref name="Joly 2006 701">Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, chaque ligueur de l'Action française doit prêter un serment qui affirme notamment : Modèle:Citation

Maurras affirme que dans un régime fédéraliste, la France peut être une Modèle:Citation dans le cadre des provinces mais il ne peut en être de même pour les Juifs qui n'auraient pas de sol à eux en France car ils en possèderaient de droit un hors de France, en Palestine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Maurras conçoit l'antisémitisme comme un instrument, un ressort dialectique et insurrectionnel, une idée à la fois contre-révolutionnaire et naturaliste<ref>Charles Maurras, La Gazette de France, 11 février 1901 dans Dictionnaire politique et critique, article « Juif »</ref>, un levier qui permettrait de mobiliser les énergies contre l'installation de la démocratie libérale.

Modèle:Citation, observe TaguieffModèle:Sfn.

Selon François Huguenin, Maurras partagerait cette vision avec des syndicalistes révolutionnaires de l'extrême gauche engagés dans la lutte insurrectionnelleModèle:Sfn,<ref>Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire, Paris, Seuil, 1978.</ref>. Rappelant que le discours antisémite n'est pas l'apanage des courants de pensée réactionnaires ou nationalistes au moment de la naissance de l'Action française, le même auteur affirme que Jaurès et Clemenceau ont contre les Juifs des formules que Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Huguenin soutient également qu'il n'y a pas chez Maurras, ni dans l'ensemble de la rédaction de L'Action française, une plus grande hostilité à la communauté juive qu'aux protestants, et qui sous-tendrait un racisme fondamental<ref name="huguenin35">Modèle:Harvsp.</ref>.

L'historien Laurent Joly objecte que François Huguenin et Stéphane Giocanti, Modèle:Citation, tentent de présenter ainsi Modèle:Citation

Laurent Joly avance également que Modèle:Citation Laurent Joly s'appuie en particulier sur deux citations de Maurras. L'une à propos des protestants : Modèle:Citation L'autre à propos des francs-maçons et des protestants à la fois : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. S. Giocanti argue que Charles Maurras eut des propos positifs sur des politiciens juifs comme Benjamin Disraeli<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, mais Disraeli s'était converti au christianisme.

Maurras priorise ainsi « la formule antijuive », selon l'expression utilisée par Maurice Barrès dans un Modèle:Citation publié dans Le Figaro en février 1890<ref>Modèle:Article.</ref>. Dans L'Action française du Modèle:Date-, le chef de l'Action française admet que :Modèle:Début citationTout paraît impossible, ou affreusement difficile, sans cette providence de l'antisémitisme. Par elle tout s'arrange, s'aplanit et se simplifie<ref>Charles Maurras, « L'exode moral », L'Action française, 28 mars 1911, Modèle:P., lire en ligne.</ref>.Modèle:Fin citation

Fichier:Action Française - 1.jpg
Déclaration signée en 1936 par les adhérents à la Ligue d'Action française. Ce serment revendique le nationalisme et l'antisémitisme.

Bien que Maurras ne fasse pas de la race Modèle:Citation, Carole Reynaud-Paligot note que les Modèle:Citation imprègnent sa vision d'une Modèle:Citation (qu'il dote de Modèle:Citation), de même que sa germanophobie. Le dirigeant de l'Action française déploie un argumentaire consistant à dénier le caractère raciste de son Modèle:Citation, qu'il prend soin de distinguer d'un Modèle:Citation qui relèverait soi-disant d'une Modèle:Citation inhérente aux Allemands. Son antigermanisme Modèle:Citation : ainsi, lorsqu'il reprend dans son Dictionnaire politique et critique le texte de son article paru le 26 mai 1895 dans La Gazette de la France, il en supprime le passage Modèle:Citation. Or l'historienne souligne que Modèle:Citation

Fichier:Drumont - Almanach de l'Action française 1918.jpg
Hommage rendu à Édouard Drumont dans l’Almanach de l'Action française en 1918 : Modèle:Citation

Par conséquent, en dépit des tentatives de Maurras visant à distinguer son antisémitisme d'État de Modèle:Citation, autrement dit l'antisémitisme biologiqueModèle:Note, cette différence demeure théorique selon Ralph Schor : Modèle:Citation

En 1907, l'Action française tente en particulier de racheter La Libre Parole, journal de Drumont, car le mouvement royaliste Modèle:Citation En 1911, Maurras qualifie Drumont de Modèle:Citation et de Modèle:Citation qui a posé Modèle:Citation de Modèle:Citation Maurras ajoute : Modèle:Citation Selon Jean Touchard et Louis Bodin, l'antisémitisme de Charles Maurras, de L'Action française en général, et de quelques autres auteurs d'extrême droite atteint Modèle:Citation<ref name="Louis Bodin 1981, p. 64" />.

Lors de la Première Guerre mondiale, Maurras déclare respecter l'Union sacrée en honorant les Modèle:Citation tombés au champ d'honneurModèle:Note, tout en réaffirmant son antisémitisme dont les Modèle:Citation consistent à se lamenter Modèle:Citation Les historiens Léon PoliakovModèle:Sfn et Michel Dreyfus résument cette position ainsi : Modèle:Citation Du reste, cela n'empêche pas Léon Daudet de rééditer en 1915, sous le titre L'avant-guerre, son ouvrage antisémite publié initialement en 1912, L'espionnage juif allemand en FranceModèle:Sfn. Dénonçant les influences allemandes sur le tsar Nicolas II et son épouse, Maurras évoque Modèle:Citation en 1916. Néanmoins, L'Action française ne fait pas allusion aux Juifs lors de la révolution russe de 1917. C'est à partir de 1919 que Maurras reprend à son compte le thème du « bolchevisme juif », qu'il qualifie de Modèle:CitationModèle:Sfn. La théorie du complot juif permet également à L'Action française d'« expliquer » l'abandon de la France par ses anciens alliés anglo-saxons, leitmotiv exploité dans l'ouvrage Le règne d'Israël chez les Anglo-Saxons (1921) par le maurrassien Roger Lambelin, auteur de la préface française des Protocoles des Sages de SionModèle:Sfn.

Maurras n'écrit pas de livre spécifique sur la « question juive » mais dénonce régulièrement Modèle:Citation en recourant à la violence verbale allant jusqu'à la menace de mort explicite. Dans son quotidien L'Action française, Maurras publie ainsi une lettre ouverte à Abraham Schrameck, ministre de l'Intérieur, en 1925 (après l'assassinat de plusieurs dirigeants de l'Action française comme Marius Plateau) : Modèle:Citation bloc

Fichier:Léon Blum en 1936.jpg
Léon Blum est la cible de plusieurs articles antisémites de Maurras.

Cet article lui vaut d'être condamné pour menace de mort. Il récidive en 1935 et 1936 contre Léon Blum, avant comme après la nomination de celui-ci à la présidence du Conseil : Modèle:Citation bloc

Modèle:Début citationC'est en tant que Juif qu'il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum.
Ce dernier verbe paraîtra un peu fort de café : je me hâte d'ajouter qu'il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu'il rêve contre nos compagnons d'armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer. (…) Si, par chance, un État régulier a pu être substitué au démocratique Couteau de cuisine, il conviendra que M. Blum soit guillotiné dans le rite des parricides : un voile noir tendu sur ses traits de chameau<ref name="pol2" />.Modèle:Fin citation

Fichier:L'Action française - 5 juin 1936.jpg
Modèle:Citation, manchette de L'Action française du 5 juin 1936.

Certes, Maurras ne réservait pas, dans le deuxième cas, sa menace au seul Léon Blum mais contre l'ensemble des parlementaires partisans de sanction contre l'Italie fasciste, qui avait envahi l'Éthiopie, en violation de la charte de la Société des NationsModèle:Note ; mais, outre que seul Léon Blum fut victime d'une agression physique par des maurrassiens (en février 1936), du 6 au 21 juin 1936, au moins sept manchettes de L'Action française sont des attaques antisémites visant le gouvernement du Front populaire<ref name="Louis Bodin 1981, p. 64">Modèle:Chapitre.</ref>. De même, après l'attaque verbale de Xavier Vallat contre Léon Blum, ce fut essentiellement la presse d'Action française, Maurras en tête, qui fit de la surenchère antisémite<ref>Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio</ref>. Déjà, en 1911, la plupart des articles publiés par Maurras cette année-là contenaient des attaques antisémites et une vingtaine étaient spécifiquement consacrés à « la question juive<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. »

En 1938, l'antisémitisme de Maurras franchit un palier lorsqu'il écrit : Modèle:Citation<ref>Cité dans Modèle:Ouvrage.</ref>.

Charles Maurras reçut des témoignages de fidélité de juifs français, comme celui du sergent Pierre David que Maurras nommera le héros juif d'Action française<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. D'autres juifs deviendront des ligueurs d'Action française comme Marc Boasson, Georges et Pierre-Marius Zadoc, Raoul-Charles Lehman, le professeur René Riquier, les écrivains Louis Latzarus et René Groos<ref name="gio" />.

Certains maurrassiens théorisent l'antisémitisme ; ainsi, Octave Tauxier, pour qui l'antisémitisme, en manifestant que les communautés d'intérêt existent, agissent et vivent pour leur compte, ruine par les faits la théorie révolutionnaire jacobine refusant l'homme de chair mais concevant un homme abstrait comme une unité raisonnable forçant sa nature rebelle aux groupements que seule la tradition rend stable<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Léon de Montesquiou déclare : Modèle:Citation. Léon Daudet ajoute : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Daudet écrit aussi, dans le contexte du Front populaire :

Modèle:Citation<ref>L’Action française, 10 octobre 1936.</ref>.

D’autres maurrassiens seraient indifférents à ce thème<ref name="huguenin35"/>,Modèle:Note.

Maurras et le catholicisme

Les rapports de Charles Maurras avec le catholicisme et avec l'Église catholique ont évolué avec le temps.

Jeunesse

Dans son enfance et jusqu'à son adolescence, il reçoit une éducation religieuse marquée par la foi de sa mère qu'il partage. Lors de son adolescence, sa surdité et la révolte qu'elle génère puis la difficulté à consolider sa foi par des arguments rationnels en plus de témoignages de la tradition chrétienne contribuent à la lui faire perdre.

Lors de ses premières années à Paris, désireux de préciser sa position sur le plan religieux, il noue un dialogue avec des théologiens, des philosophes, des prêtres, des séminaristes qui cherchent à le convertir mais n'y parviennent pas. Dans la dernière décennie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la déception qui en découle conjugué à une hostilité croissante à l'esprit et l'influence hébraïques le conduisent à publier des textes empreints d'hostilité au christianisme au sein duquel il prétend distinguer ce qui relève de l'esprit juif et ce qui relève de l'esprit gréco-latin. Il ne croit pas aux dogmes de l'Église, ni aux Évangiles, écrits, selon son expression, Modèle:Citation<ref>Charles Maurras, Préface du Chemin du Paradis, cité dans Dir. Michel Winock, Histoire de l'extrême droite française, chapitre 4 : L'Action française, page 132, édition de 1994.</ref>. Cependant, il persiste à admirer et aimer l'Église catholique pour être parvenue à concilier bien des Modèle:Citation de la Bible dont il soupçonnait qu'ils avaient conduit à l'émergence des erreurs révolutionnaires en France et en Europe. L'interprétation de Maurras à propos de la Bible fut alors critiquée fermement par bien des membres du clergé. Dans Le Chemin de Paradis, il guerroie contre la version la plus révolutionnaire du christianisme. Maurras s'avouant alors impuissant à croire affirmait néanmoins respecter la croyance religieuse : Modèle:Citation<ref>Yves Chiron, La Vie de Maurras, éd. Perrin, 1991, Modèle:P..</ref>.

Naissance de l'Action française

Dans les années 1900, sans retrouver la foi, Maurras se rapproche du catholicisme et renforce son soutien à l'Église catholique.

Il subit tout d'abord l'influence de Léon de Montesquiou, de Louis Dimier, de prêtres comme le bénédictin Dom Besse et de l'abbé de Pascal, tous désireux de le rapprocher du catholicisme voire de faire renaître en lui la foi.

Il s'appuie sur le philosophe positiviste Auguste Comte : il aurait en effet eu une « nuit d'extase » après la lecture de la Synthèse subjective de ce philosophe<ref>Jacques Prévotat, Les Catholiques et l'Action française, Fayard, Modèle:P..</ref>. Comte lui permet d'étudier la réalité sociale, de penser la politique en l'absence de foi, tout en admirant le catholicisme. Il n'y a alors plus sous sa plume d'attaques indirectes contre le christianisme, d'autant que sa mère très croyante lit tout ce qu'il écrit ; il perçoit dans la morphologie historique du catholicisme un principe de paix et de civilisation<ref name="giocanti216">Modèle:Harvsp.</ref>. Maurras voit dans l'Église le grand principe d'ordre qui arrache l'homme à l'individualisme, qui discipline les intelligences et les sensibilités. Maurras, amenant des Français de toutes origines à raisonner ainsi, en a conduit plusieurs à considérer le catholicisme comme un bien pour la France, voire à retrouver la foi.

Il s'appuie sur le lien historique entre le catholicisme, la tradition et l'identité françaises ; n'ayant jamais cessé de soutenir l'influence et le prestige de l'Église catholique comme composante politique, parce qu'elle était intimement liée à l'Histoire de France et que sa structure hiérarchique, et son élite cléricale reflétaient l'image qu'il se faisait de la société idéale. Il considérait que l'Église devait être le mortier chargé d'unir la France, et la chaîne chargée de lier tous les Français. L'Action française se veut ouverte à tous : croyants, positivistes, sceptiques ; mais elle affirmait clairement que tout Français patriote se devait de défendre le catholicisme comme religion historique du peuple français<ref name="giocanti217" />.

Il s'engage fougueusement et sincèrement aux côtés de l'Église chaque fois que celle-ci se sent persécutée : affaire des fiches, interdiction aux religieux d'enseigner, Inventaires, interventions de l'armée dans les monastères, exil de milliers de moines et de religieux, prescription aux instituteurs de dénigrer le christianisme renvoyé avec la monarchie dans les ténèbres de l'histoire de France<ref name="giocanti216" />.

Il s'en prend au laïcisme, qui n'est pas une pure neutralité, mais procède d'une métaphysique d'État intolérante, véritable théologie Modèle:Citation<ref name="giocanti216" />.

Il laisse voir dans ses écrits que son silence sur la foi et le surnaturel est suspensif et qu'il respecte la foi en autrui : Modèle:Citation<ref name="giocanti217">Modèle:Harvsp.</ref>.

Ces prises de position firent que Maurras fut suivi par bien des monarchistes : à la suite des inventaires, deux officiers chassés de l'armée, Bernard de Vesins et Robert de Boisfleury rejoignent l'Action française comme le jeune Bernanos qui assimile les Camelots du roi à une nouvelle chevalerie chrétienne<ref name="gio230">Modèle:Harvsp.</ref>. Modèle:Refnec

En dépit de différences essentielles, il y a une coïncidence entre la métaphysique de l'Ordre chez Maurras et celle de saint Thomas. Ce soutien de milieux catholiques joua un rôle important dans le rayonnement de l'Action française et attira vers Maurras des théologiens comme Jacques Maritain. Dès sa naissance, l'Action française est apparue comme l'alliée du catholicisme antimoderne et du renouveau thomiste et comme un recours face à l'anticléricalisme croissant des républicains. L'Action française est nourrie par le catholicisme social d'Albert de Mun et de René de La Tour du Pin et Charles Maurras loua le Syllabus, catalogue des erreurs modernes établi en 1864 par le pape Pie IX<ref>Modèle:Article</ref>.

Rapport avec le Sillon

En 1904, Maurras regarda avec sympathie la création par trois anciens du collège Stanislas à Paris, dont Marc Sangnier, du mouvement du Sillon afin de former des groupes pour faire rayonner les forces morales et sociales du catholicisme. Un rapprochement entre le Sillon et l'Action française eut alors lieu : pour Firmin Braconnier, les deux organisations ont le même but : le perfectionnement moral, intellectuel et social de la personnalité humaine rejetées ensemble par la gauche<ref name="gio230"/>. Mais en dépit d'échanges de haut niveau et au début fort aimables, les deux hommes ne s'entendirent pas, Marc Sangnier voulant opposer le positivisme et le christianisme social, ce que Maurras percevait comme un faux dilemme car :

  • retrouver les lois naturelles par l'observation des faits et par l'expérience historique ne saurait contredire les justifications métaphysiques qui en constituent pour les chrétiens le vrai fondement ; car le positivisme, pour l'Action française, n'était nullement une doctrine d'explication mais seulement une méthode de constatation ; c'est en constatant que la monarchie héréditaire était le régime le plus conforme aux conditions naturelles, historiques, géographiques, psychologiques de la France que Maurras était devenu monarchiste : Modèle:Citation ;
  • le christianisme social se retrouve davantage dans l'Action française que dans le Sillon : s'il y a de nombreux chrétiens sociaux dans les rangs de l'Action française, c'est précisément car les chrétiens sociaux ont toujours préconisé Modèle:Citation ; or, pour Maurras, Marc Sangnier croyait qu'il fallait d'abord donner à l'individu une âme de saint avant de vouloir modifier les institutions. Dans cette optique Marc Sangnier est Modèle:Citation qui avait engendré la question sociale et contre lequel les catholiques sociaux, de Villeneuve-Bargemont à Albert de Mun et au marquis de La Tour du Pin avaient toujours réagi.

Le fondateur du Sillon s'expliqua sur sa conception de la démocratie, régime qui doit Modèle:Citation. Il se défendait d'avoir voulu se fonder sur une unanimité de saints, une minorité lui suffisait : Modèle:Citation Et quel sera le centre d'attraction ? Modèle:Citation Et d'expliquer : Modèle:Citation Cet optimisme suscita les objections renouvelées de Maurras, pour qui :

  • Rêver, en oubliant le péché originel, d'un État dont le fondement serait la vertu est irréaliste. Si la vertu est nécessaire et si la chrétienté a suscité de grands élans d'héroïsme et de sainteté, ce fut dans le respect de la Modèle:Citation, laquelle, sachant que la seule prédication du bien ne saurait suffire à transformer une société, a toujours voulu multiplier, pour encadrer l'individu, les habitudes, les institutions, les communautés qui le portaient à surmonter ses penchants égoïstes ; pour Maurras, s'il faut des élites morales, il faut aussi des chefs capables, eux, par la place qu'ils occupent, de savoir exactement en quoi consiste l'intérêt général car sinon les efforts de l'élite de saints risquent d'être vains ;
  • Modèle:Citation. Maurras voit dans la démocratie de Sangnier une autre forme de celle de Rousseau, qui pensaient que le perfectionnement moral par l'accroissement de la liberté individuelle rendrait les hommes de plus en plus aptes au seul régime démocratique : Modèle:Citation

Ainsi, si Charles Maurras et Marc Sangnier cherchent à surmonter leurs différends, la tentative échoue. Les partisans du Sillon voient dans la condamnation de leur mouvement par le Pape Pie X, qui l'accuse de Modèle:Citation, le résultat de l'influence de théologiens proches de l'Action française<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. À leur tour les maurrassiens prétendent que les hommes du Sillon se vengent en cherchant à faire condamner l'Action française. L'essentiel des échanges entre les deux hommes est publié dans Le Dilemme de Marc Sangnier<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Rapport avec la papauté : la condamnation de l'Action française et sa levée

Sous Léon XIII, en dépit du ralliement de 1892, essentiellement tactique, l'Église catholique continue de se méfier de la République française, régime né de la Terreur, dont les soutiens travaillent à l'extirpation de la religion de la sphère sociale et politique<ref name="Giocanti_40">Modèle:Harvsp.</ref>. La doctrine politique de Léon XIII n'exclut pas la monarchie comme forme possible de régime, conformément à la théologie de saint Thomas d'Aquin qui la recommande et sur laquelle s'appuie largement le magistère de l'Église<ref name="Giocanti_40"/>. En 1901, Maurras est frappé par une encyclique de ce pape suggérant qu'une monarchie peut sous certaines conditions correspondre aux exigences de la démocratie chrétienne au sens où ce texte l'entend : une société organisée mais tournée vers Dieu<ref name="giocanti217" />.

Sous Pie X, les relations avec la papauté se développent. Louis Dimier est reçu par le Pape Pie X et ce voyage est vu par Maurras et ses amis comme un encouragement exaltant<ref name="giocanti216"/>. Pie X s'oppose à ceux qui veulent condamner globalement Maurras à cause de certains écrits témoignant de son agnosticisme et d'une métaphysique non chrétienne.

Sous Pie XI, son agnosticisme suscite l'inquiétude d'une partie de la hiérarchie catholique et en 1926, le pape classe certains écrits de Maurras dans la catégorie des « Livres Interdits » et condamne la lecture du journal L'Action française. Cette condamnation du pape est un choc pour bon nombre de ses partisans, dont un grand nombre de membres du clergé français, et cause un grand préjudice à l'Action française.

Cette mise à l'index fut cependant levée par Pie XII en 1939<ref>Modèle:Lien web</ref>, un an après que Maurras fut élu à l'Académie française.

Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer la condamnation de l'Action française par Pie XI puis sa réhabilitation par Pie XII. La pensée de Maurras ayant peu évolué pendant le quart de siècle pendant lequel l'Action française ne fait l'objet d'aucun blâme, des raisons liées au contexte politique et géopolitique sont mises en avant. En 1921, la République a rétabli les relations diplomatiques avec le Saint-Siège et Pie XI préconise une politique d’apaisement systématique avec l’Allemagne : il approuve les accords de Locarno et l’entrée de l’Allemagne à la SDN, contrairement à Maurras qui les dénonce avec virulence car pouvant contribuer au renforcement et donc aux possibilités de revanche de l'Allemagne. L'Action française entre en opposition avec les objectifs de la diplomatie papale. En plus du contexte, une enquête de Louvain provoque l'inquiétude de certains ecclésiastiques face à une influence jugée grandissante : les jeunes catholiques disent être fidèles à la Bible et à Maurras comme s’il était possible de les mettre sur le même plan ; mais une part du haut clergé français, des associations, des ordres religieux et quelques-uns des principaux théologiens soutiennent Maurras en dépit des réserves qu’ils témoignent vis-à-vis de certains aspects de sa pensée<ref name="gio325-326">Modèle:Harvsp.</ref>. Pie XI entend néanmoins balancer l’influence prépondérante détenue au sein de l’Église par l’épiscopat nommé du temps de Pie X et de la réaction antimoderniste et son désir d’avoir les mains libres pour développer des mouvements d’action catholique du type de la JOC et de la JAC est fort<ref name="gio209">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Pape charge alors le cardinal Andrieu de mettre en garde les fidèles contre l'Action française : celui-ci, qui a chaleureusement remercié Maurras en 1915 pour l'envoi de L'Étang de Berre, qualifié de Modèle:Citation, lui disant qu'il défend l'Église Modèle:Citation<ref>Lettre du 31 octobre 1915, citée dans L'Action française et le Vatican, éd. Flammarion, 1927, Modèle:P..</ref>, affirme désormais percevoir chez lui l'athéisme, l'agnosticisme, l'antichristianisme, un antimoralisme individuel et social ; ces accusations publiées dans La Semaine religieuse d'août 1926 sont perçue comme excessives. Maurras et les siens sont rassurés par les soutiens dont ils bénéficient ; cependant, loin d'adopter une attitude soumise et humble, Maurras fait bruyamment savoir que si la soumission à l’autorité romaine doit être totale sur le plan spirituel, si celle-ci intervient dans le domaine politique de manière critiquable, alors la résistance s’impose sur le terrain<ref name="gio326">Modèle:Harvsp.</ref>. Réagissant à une allocution papale mettant indirectement en garde contre l'influence de l'Action française en décembre 1926, conseillés par plusieurs théologiens, les dirigeants catholiques de l’Action française publient une déclaration maladroite intitulée « Non possumus » qui fait d’eux des rebelles alors qu'ils s'y identifient aux premiers martyrs chrétiens<ref name="gio326"/>. La condamnation est publiée par décret de la Congrégation du Saint-Office tombe le 29 décembre 1926 : elle touchait Le Chemin de Paradis, Anthinéa, Les Amants de Venise, Trois idées politiques, L'Avenir de l'intelligence, La Politique religieuse et Si le coup de force est possible, ouvrages présentant un caractère naturaliste au sens métaphysique et dont certains aspects peuvent être qualifiés de philo-païens, ainsi que le quotidien.

Appliquée par les évêques et les prêtres, la condamnation est ressentie comme une blessure, une injustice et un drame par de nombreux croyants, y compris au plus haut niveau de l'Église : pour le cardinal Billot, la condamnation est Modèle:Citation. Le 19 décembre 1927, il remet au pape sa pourpre cardinalice et se retire dans un monastère<ref name="gio330">Modèle:Harvsp.</ref>. Paradoxalement, plusieurs catholiques rejoignent l'Action française comme Georges Bernanos qui, dans Comœdia et La Vie catholique, en prend la défense<ref name="gio325-326"/>. La condamnation papale ne porte ni sur le royalisme, ni sur le nationalisme<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Bien que de nombreux catholiques font le choix de rester à l'Action française, la condamnation affaiblit le mouvement.

Charles Maurras conteste avoir fait de l'adhésion à tous ses écrits une condition d'adhésion à l’Action française : son positivisme et son naturalisme, d'ailleurs partiels, n’ont jamais constitué des articles de foi pour les militants. Il ne fonde pas sa doctrine politique sur des conceptions philosophiques morales ou religieuses. On peut critiquer tel ou tel point de sa pensée mais non la rejeter en bloc. En 1919, dans la nouvelle version d’Anthinéa, il supprime un chapitre pour ne pas heurter les catholiques. Il affirme que l'Action française a contribué à ramener à la foi de nombreux français : dès 1913, Bernard de Vesins a établi une liste de militants et abonnés entrés dans les ordres<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, tel André Sortais qui devient abbé général des cisterciens réformés<ref>Dom Oury, Dom Sortais, Solesmes, 1975.</ref>, afin d'illustrer le fait que le mouvement maurrassien fut une pépinière pour l’Église.

Sous Pie XII, la condamnation est levée ; il est sans doute pris en compte que si Maurras avait été véritablement pleinement païen, sa rébellion aurait été plus totale et sa vindicte antichrétienne aurait trouvé de quoi se nourrir<ref name="gio330"/>. Les tractations ont commencé sous Pie XI qui ne rejète pas Maurras et lui écrit même lorsqu'il est emprisonné.

Liens avec le carmel de Lisieux

La pensée de Maurras quant à la religion et sa philosophie n'est jamais figée et homogène ; ses doutes n'éteignent pas en lui l'espérance de la foi ; dans une lettre non envoyée au père Doncœur, il explique avoir volontairement tu les doutes et tourments liés à la question de la foi et gardé dans Modèle:Citation ses doutes, rechutes et angoisses philosophiques ou religieuses<ref>Lettre de Maurras au père Doncœur, janvier 1927, AJM.</ref>. Maurras aurait eu intérêt à se convertir et donc à feindre la conversion ; ce qui l'aurait aidé, ainsi que son mouvement, mais il ne le fait pas et en cela il est décrit comme un homme intègre par ses opposants catholiques comme Marc Sangnier<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Comme Maritain le lui prédit, sa condamnation fait renaître en lui le désir de retrouver la foi.

De fait, nombreux prient pour sa conversion. En 1926, à l’heure de la condamnation, une jeune fille dont Maurras a connu la mère entre au Carmel de Lisieux en offrant sa vie pour la conversion de Maurras. En 1936, lorsque cette carmélite meure, mère Agnès, sœur aînée de sainte Thérèse de Lisieux et supérieure du Carmel, écrit une lettre à Maurras pour lui révéler le sens de cette mort et pour lui promettre d’intervenir auprès de Pie XI au sujet de la condamnation ; il s'ensuit une correspondance suivie<ref group="G" name="G392-393"/>. De fait, Pie XI écrit à Maurras pour lui apporter son soutien quand il est emprisonné en 1937<ref group="G" name="G392-393"/>. Maurras lui répond qu'à sa libération il ira se recueillir à Lisieux sur le tombeau de Modèle:Citation<ref>Lettre de Maurras à Pie XI, citée par Pierre Boutang, Maurras, la destinée et l’œuvre, Paris, éd. Plon, 1984, Modèle:P..</ref>. Après la seconde guerre mondiale, les liens avec le Carmel de Lisieux se poursuivent : il correspond avec sœur Marie-Madeleine de Saint-Joseph. En 1948, le carmel lui envoie une image de sainte Thérèse avec une prière de Mère Agnès : Modèle:Citation<ref>Yves Chiron, La vie de Maurras, Modèle:P..</ref>. Le carmel lui envoie également les dix volumes de L’Année liturgique de Dom Guéranger<ref name="gio475">Modèle:Harvsp.</ref>.

Mort

Fichier:Tombe de Charles Maurras - cimetière de Roquevaire.jpg
Tombe de Charles Maurras au cimetière de Roquevaire.

Dans ses dernières années, Maurras confie à des prêtres comme l’abbé Van Den Hout, fondateur de La Revue catholique des idées et des faits en Belgique, la souffrance qu’il ressent dans la perte de la foi. Son agnosticisme est un agnosticisme insatisfait. Ceci transparaît dans ses dernières œuvres poétiques où il exprime l'idée que la miséricorde de Dieu dépasse sa justice, autrement dit le symbole de la justice divine n’est pas la balance mais le don infini<ref>Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation

Les témoignages attestent que les derniers mois de Maurras ont été marqués par le désir de croire ; le Modèle:Date-, il fait demander l’extrême onction<ref group="G" name="G497" />. La question du retour de Maurras à la foi a longtemps constitué le fil directeur de la critique maurrassienne. Ivan Barko, en 1961, trouve plus intéressant d’imaginer un Maurras agnostique jusqu’à la fin, ne conservant de l'extrême onction que la ritualité. Selon Stéphane Giocanti, une telle interprétation ne tient pas compte de l’extrême probité de l’homme à l’égard d’une foi qu’il mit toute sa vie à vouloir retrouver intacte, ayant la défiance de la moindre simulation<ref group="G" name="G497"/>.

Certains démocrates-chrétiens ont cherché à accréditer la thèse de la conversion inventée rétrospectivement, mais le témoignage et les commentaires de Gustave Thibon attestent la réalité de l'expérience mystique finale de Maurras : Modèle:Citation<ref name="thi"/>.

Maurras parvient à suivre la cérémonie de l'extrême-onction avec attention et récite le confiteor. Vers 23 h 30, le 15 novembre, il demande son chapelet et selon ses proches, ses dernières paroles sont un alexandrin : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il meurt le matin du Modèle:Date-.

L'abbé Giraud confie au poète ardéchois Charles Forot sa réaction devant la mort de Maurras : Modèle:Citation

Il est inhumé au cimetière de Roquevaire (Bouches-du-Rhône)<ref>Cimetières de France et d'ailleurs</ref>.

Influence de Charles Maurras

En France

Influence sur les intellectuels français

En tant que penseur, Charles Maurras exerça une très grande influence sur la vie intellectuelle de la France : il fut à l'origine de nombreuses aventures intellectuelles et littéraires. De nombreux auteurs ou hommes politiques ont subi l'influence de Maurras sans nécessairement se réclamer de lui.

En 1908, année de la fondation du quotidien L'Action française, les jeunes intellectuels maurrassiens se regroupaient autour de la Revue critique des idées et des livres, qui fut jusqu'en 1914 la grande rivale de la NRF d'André Gide. La revue défendait l'idée d'un « classicisme moderne », s'ouvrait aux théories nouvelles (Henri Bergson, Georges Sorel…) et formait une nouvelle génération de critiques et d'historiens. Pendant l'entre-deux-guerres, l'expérience de la Revue Critique se poursuivit dans un grand nombre de revues : Revue universelle, Latinité, Réaction pour l'ordre, La Revue du siècle

Le démocrate-chrétien Jacques Maritain était aussi proche de Maurras avant la condamnation du pape, et critiqua la démocratie dans l'un de ses premiers écrits, Une opinion sur Charles Maurras ou Le Devoir des Catholiques.

Chez les psychanalystes, Élisabeth Roudinesco a montré que Maurras a constitué une étape dans la genèse de la pensée de Jacques Lacan : ce dernier rencontra personnellement Maurras et participa à des réunions d’Action française ; Lacan trouva chez son aîné un certain héritage positiviste, l’idée que la société se composait plus de familles que d’individus, l’insistance sur la longue durée au détriment de l’événementiel, l’inanité des convulsions révolutionnaires et l’importance primordiale du langage<ref>Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation<ref>Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan, Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, éd. Fayard, 1993, Modèle:P..</ref>. Il faut également citer Édouard Pichon, le maître de Françoise Dolto, qui dans les années 1930 fera de la pensée maurrassienne l’axe de son combat pour la constitution d’un freudisme français<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Chez les libéraux, Daniel Halévy ou Pierre Lasserre ont subi le pouvoir d'attraction politique et philosophique du Maurrassisme alors qu'a priori leur héritage politique ne les prédisposait pas à être séduit par un penseur contre-révolutionnaire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans les milieux littéraires, le climat patriotique de la première guerre mondiale, le prestige de Maurras et la qualité de son quotidien font que Henri Ghéon, Alfred Drouin, Marcel Proust, André Gide, Augustin Cochin, Auguste Rodin, Guillaume Apollinaire lisent tous L'Action française<ref group="G" name="G270"/>. Anna de Noailles prie Maurras de croire à ses sentiments de profonde admiration<ref>Lettre d'Anna de Noailles à Charles Maurras du 30 novembre 1917.</ref>. Les années 1920 correspondent à l'apogée littéraire de Maurras avec une force d'attraction dont Jean Paulhan témoigne : Modèle:Citation<ref>Lettre de Jean Paulhan à Jean Schlumberger, juillet 1921, Choix de lettres, Modèle:P..</ref>. L'apogée littéraire se traduit par le portrait que publie Albert Thibaudet dans la série « Trente ans de vie française » à la NRF, où Les Idées de Charles Maurras précèdent La Vie de Maurice Barrès et Le bergsonisme. Cette monographie est un livre important puisqu'en formulant objections et réserves, il éclaire la partie supérieure de la pensée et de l'œuvre de Maurras, celle qui sort du poids du quotidien et échappe au discours partisan et polémique.

Après la première guerre mondiale, il reçoit en abondance des lettres pleines de respect et d'admiration d'Arnold van Gennep, Gabriel Marcel, René Grousset, Colette, Marguerite Yourcenar, Henry de Montherlant, Charles Ferdinand Ramuz, Paul Valéry<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; le jeune Malraux a écrit une notice pour la réédition de Mademoiselle Monk et exprime son envie de rencontrer Maurras<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Note.

Charles Maurras eut une forte influence parmi les étudiants et la jeunesse intellectuelle de l'entre-deux-guerres : quand Jean-Baptiste Biaggi, futur compagnon de De Gaulle accueille Maurras au nom des étudiants en droit de Paris, il a autour de lui Pierre Messmer, Edgar Faure, Edmond Michelet et parmi les Camelots du Roi, on compte François Périer et Michel Déon ; Maurras reçoit Des témoignages d'admiration de Pierre Fresnay et Elvire Popesco et est entouré par les jeunes Raoul Girardet, François Léger, François Sentein, Roland Laudenbach, Philippe Ariès<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; Maurras aime s'entourer de jeunes dont il pressent le talent et il prend pour secrétaires particuliers Pierre Gaxotte et Georges Dumézil, l'un le jour l’autre la nuit<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Maurras et de Gaulle

Avant la Seconde Guerre mondiale, il semble que Charles de Gaulle, dont le père lisait L'Action française, se qualifiait de Modèle:Citation et discuta avec le comte de Paris de la possibilité d'une restauration de la royauté, ait été influencé par l'Action française et que cette dernière l'ait considéré avant la France libre avec sympathie<ref>Éric Roussel, Charles de Gaulle, Paris, éd. Gallimard, 2002, Modèle:P. et 85.</ref>.

En 1924, Charles de Gaulle dédicace La Discorde chez l'ennemi à Maurras en lui témoignant ses Modèle:Citation<ref>Enquête sur l'histoire, no 6, printemps 1993, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Chapitre</ref>.

Au printemps 1934, sous l'égide du Cercle Fustel de Coulanges, une vitrine de l’Action française, Charles de Gaulle prononce une série de conférences à la Sorbonne<ref>Eugen Weber, L'Action française, éd. Hachette, 1990, Modèle:P., note e.</ref>. De Gaulle sait qu’il a dans l’Action française un allié attentif ; le Modèle:1er juin 1934, l'Action française consacre un article élogieux à Vers l’armée de métier qui défend le principe d’une armée professionnelle très compétente et mobile se superposant à l’armée conscrite ; Le Populaire et Léon Blum suspectent le danger d’un coup d’État et c’est dans L’Action française que l’ouvrage fait l’objet du seul encadré publicitaire publié<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. De Gaulle écrit à Hubert de Lagarde, chroniqueur militaire de L'Action française : Modèle:Citation<ref>Lettre de Charles de Gaulle à Hubert de Lagarde du 14 juin 1934, collection Olivier de Lagarde.</ref>. Maurras avait découvert de Gaulle en lisant un article de La Revue hebdomadaire et s'était exclamé : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1940, la nomination au grade de général de Charles de Gaulle provoque la jubilation de Charles Maurras dans L'Action française des Modèle:1er et 3 juin 1940 ; Maurras y qualifie de Gaulle de Modèle:Citation et affirme avoir voulu rester discret à son endroit pour ne pas le gêner : Modèle:Citation.

Paul Reynaud, qui rencontre en captivité en Allemagne la sœur du général de Gaulle, Marie-Agnès Caillau, affirme que selon elle, le chef de la France libre serait resté maurrassien jusqu'aux accords de Munich, soit seulement un an avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale<ref>Paul Reynaud, Carnets de captivité, Paris, éd. Fayard, Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation.

Christian Pineau dit à André Gillois Modèle:Citation<ref>André Gillois, Histoire secrète des Français à Londres, Modèle:P..</ref>.

De Gaulle dit à Claude Guy qu'il n'aime pas la Révolution française<ref>Dominique Venner, De Gaulle, la grandeur et le néant, Monaco, Éditions du Rocher, 2004, Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation. Il confie également à Alain Peyrefitte son peu d'enthousiasme pour la république : Modèle:Citation<ref>Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, tome II, Paris, Éditions de Fallois/Fayard, 1997, Modèle:P..</ref>. Il lui confie également en 1962, alors qu'il annonce une Modèle:Citation, qu'un roi pourrait être utile à la France : Modèle:Citation<ref>Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, tome II, Paris, Éditions de Fallois/Fayard, 1997, Modèle:P..</ref>.

Maurice Schumann, porte-parole de la France libre, prête par ailleurs à de Gaulle la formule : « Maurras est devenu fou à force d'avoir raison. »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Selon Claude Mauriac, chef du secrétariat particulier du général de Gaulle à la Libération, ce dernier porte une grande attention au sort du théoricien du nationalisme intégral ; il intervient ainsi pour que Maurras ne passe pas devant la cour de justice de Lyon en septembre 1944, mais devant la Haute Cour, réputée plus indulgente<ref>Claude Mauriac, Un autre de Gaulle. Journal 1944-1945, Paris, éd. Hachette, 1970, Modèle:P..</ref>. Le 13 mai 1958, Jean-Baptiste Biaggi fait remarquer à de Gaulle que d’autres et lui-même devaient leur nationalisme à Charles Maurras, ce dont le général convient, regrettant que Maurras l'ait critiqué : Modèle:Citation<ref>Propos rapporté par Jean-Baptiste Biaggi à Pierre Boutang, Maurras, la destinée et l’œuvre, Modèle:P..</ref>. Charles Maurras en a toujours voulu à de Gaulle d'avoir rompu avec Pétain.

À l'étranger

Maurras et l'Action française ont exercé une influence sur différents penseurs se réclamant d'un nationalisme se voulant contre-révolutionnaire et chrétien dans le monde.

En Belgique, Paul Dresse de Lébioles et son cousin germain Adrien de Meeûs comptent parmi ses fidèles.

En Grande-Bretagne, Charles Maurras est suivi et admiré par des écrivains et philosophes contemporains et a plusieurs correspondants britanniques, universitaires ou directeurs de revue ; en 1917, il est sollicité par Huntly Carter du New Age et de The Egoist<ref name="gio412" />,<ref>576AP62.</ref>. Plusieurs de ses poèmes sont traduits et publiés en Grande-Bretagne où Maurras a de nombreux lecteurs parmi les High Church de l'anglicanisme et les milieux conservateurs<ref>David Levy, « Maurras et la vie intellectuelle britannique », EM, 3, Modèle:P..</ref>. On compte parmi ses lecteurs T. S. Eliot ou T. E. Hulme. Eliot trouve les raisons de son antifascisme chez Maurras : son antilibéralisme est traditionaliste, au bénéfice d’une certaine idée de la monarchie et de la hiérarchie. Music within me, qui reprend en traduction les pièces principales de La Musique intérieure paraît en 1946, sous la houlette du comte G.W.V. Potcoki de Montalk, directeur et fondateur de la The Right Review<ref>T.S. Eliot, « Triumphal March », Collected Pems, 1909-1962, Faber, 1963, Modèle:P..</ref>,<ref>T.S. Eliot ou le Monde en Poussières, éd. Lattès, 2002, Modèle:P..</ref>. La condamnation de 1926 a ainsi des effets jusqu'en Grande-Bretagne où elle détourne du catholicisme des partisans de la High Church, déçus par le juridisme romain : la conversion de T. S. Eliot à l’anglicanisme, l’éloignement du catholicisme de personnalités comme Ambrose Bebb sont liés à cet événement<ref name="gio330" />. Eliot insère une citation en français de L’Avenir de l’intelligence dans son poème « Coriolan » qu’il tenait pour un maître livre pour sa satire des honneurs officiels<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Au Mexique, Jesús Guiza y Acevedo, surnommé « le petit Maurras », et l'historien Modèle:Lien.

En Espagne, il existe un mouvement proche de l'Action française Cultura Española et sa revue Acción Española. L’influence de la pensée maurrasienne a été montrée chez les auteurs et les intellectuels comme AzorínModèle:Sfn, Modèle:LienModèle:Sfn, Eugenio d'OrsModèle:Sfn, Víctor PraderaModèle:Sfn, Modèle:LienModèle:Sfn, ou Modèle:LienModèle:Sfn, et, de même, elle a également influencé des mouvements politiques tels que le maurismeModèle:Sfn.

Au Pérou, le marquis de Montealegre de Aulestia a été influencé par Maurras. Ce penseur réactionnaire péruvien, admiratif de sa doctrine monarchique, le rencontre en 1913Modèle:Référence nécessaire.

En Argentine, le militaire argentin Juan Carlos Onganía, tout comme Alejandro Agustín Lanusse, ont participé aux Cursillos de la Cristiandad, ainsi que les dominicains Modèle:Lien et Modèle:Lien, opposants militaires à la restauration de la Constitution de 1963Modèle:Référence nécessaire.

Au Portugal, António de Oliveira Salazar qui gouverne le pays de 1932 à 1968 admirait Maurras même s'il n'était pas monarchiste et adresse ses condoléances à sa mort en 1952<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Postérité

Affaire Maurras de 2018

À l'occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Charles Maurras, l'historien Olivier Dard rédige une notice de trois pages pour le livre des commémorations nationales 2018. À la suite de protestations d'associations antiracistes, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, retire la référence à l'écrivain dans le livre ; les trois pages de Dard sont intégralement Modèle:Citation et les ouvrages déjà imprimés envoyés au pilon<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Membres du Haut Comité des Commémorations nationales dont la mission Modèle:Citation, les historiens Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory soulignent à cette occasion que Modèle:Citation. En outre, ils rappellent qu'en 2011, le terme « célébrations » a été remplacé par « commémorations » dans l'intitulé du Haut Comité à la suite de la polémique relative à Louis-Ferdinand Céline<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le journaliste et écrivain Gilles Heuré critique également la décision de la ministre, en arguant qu'Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Dans Libération, Daniel Schneidermann reproche à Olivier Dard de n'avoir pas évoqué plus clairement l'antisémitisme de Maurras autrement que par cette phrase qu'il juge Modèle:Citation : Modèle:Citation. Toutefois, le journaliste souligne que les concepteurs de la notice officielle sont, à ses yeux, Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le Modèle:Date-, lors du Modèle:33e dîner annuel du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, Emmanuel Macron juge qu'il ne fallait « pas occulter la figure de Maurras »<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le président souligne que le choix du Haut comité a été fait par « un groupe d'experts qui ont déterminé ce qui est non pas, un hommage national qu'il faut rendre à une personne, mais l'inscription des dates qui ont fait l'histoire de France »<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Le Modèle:Date-, dix membres sur douze du Haut comité des commémorations nationales démissionnent en adressant une lettre ouverte à Françoise Nyssen<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

Confusions

Le 15 novembre 2018, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux pense citer Marc Bloch en employant les formules de « pays légal » et « pays réel » alors qu'il s'agissait de Charles Maurras<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Le Modèle:Date-, Jean-Luc Mélenchon affirme que Maurras aurait demandé que les autorités n'oublient pas de déporter les enfants juifs avec leurs parents lors de la Rafle du Vel d'Hiv<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il s'agit d'une confusion avec un article de Robert Brasillach dans Je suis partout<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Œuvres

Liste chronologique

Modèle:Colonnes

Œuvres posthumes

Éditions récentes

Sources primaires

Fichier:Interrogatoire de Charles Maurras par le juge d'instruction du tribunal de Lyon.pdf
Interrogatoire de Charles Maurras par le juge d'instruction du tribunal de Lyon.

Archives

Les papiers personnels de Charles Maurras sont conservés aux Archives nationales sous la cote 576 AP<ref>Salle des inventaires virtuelle, site des Archives nationales.</ref>.

L'interrogatoire de Charles Maurras par le juge de Lyon le Modèle:Date- est disponible aux Archives départementales du Rhône, cote Modèle:Nobr.

Correspondance

  • 1958 : Lettres de prison (8 septembre 1944 - 16 novembre 1952) (posthume).
  • 1960 : Lettres à H. Mazel (1895-1896, posthume).
  • 1966 : Lettres passe-murailles, correspondance échangée avec Xavier Vallat (1950-1952) (posthume).
  • 1970 : La République ou le Roi ? Correspondance inédite de Maurice Barrès et de Charles Maurras, 1888-1923, Plon, 1970.
  • 2007 : Dieu et le Roi – Correspondance entre Charles Maurras et l'abbé Penon (1883-1928), présentée par Axel Tisserand, Privat, coll. « Histoire », Paris, novembre 2007, 750Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.
  • 2022 : Modèle:Ouvrage.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

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  • Références de type "C"

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  • Autres références

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Modèle:Intérêt d'un article bibliographique spécifique

Articles connexes

Liens externes

Notices et ressources

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