Albert Lebrun

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique

Albert Lebrun, né le Modèle:Date de naissance à Mercy-le-Haut (alors en Moselle) et mort le Modèle:Date de mort à Paris (alors dans le département de la Seine), est un homme d'État français. Il est président de la République française du Modèle:Date- au Modèle:Date- (le dernier de la [[Troisième République (France)|{{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:République| République }} }}]]).

Fils d’un agriculteur lorrain, il naît en territoire occupé par l’Empire allemand à la suite de la défaite française de 1870. Après une scolarité au lycée national de Nancy, il sort major de promotion de l'École polytechnique et de l'École nationale supérieure des mines de Paris, puis exerce pendant cinq ans la profession d’ingénieur des mines à Vesoul et Nancy.

Sa carrière politique commence en 1898, avec son élection comme conseiller général de Meurthe-et-Moselle. En 1900, à Modèle:Nobr, il est élu député de Meurthe-et-Moselle. Républicain modéré, il rejoint l’Alliance républicaine démocratique, qui connaîtra plusieurs dénominations et avec laquelle il évoluera à droite.

Il fait partie de plusieurs gouvernements de la Troisième République, en tant que ministre des Colonies (1911-1912 et 1913-1914), de la Guerre (1913) et des Régions libérées (1917-1919). Proche de Georges Clemenceau puis de Raymond Poincaré, il entre en 1920 au Sénat comme représentant de Meurthe-et-Moselle : devenu l'un des membres les plus influents de la chambre haute, il en est élu président en 1931.

L’année suivante, après l'assassinat de Paul Doumer, il est facilement élu à la présidence de la République. Son premier mandat est marqué par une forte instabilité politique, la succession de plusieurs gouvernements et les [[Crise du 6 février 1934|événements du Modèle:Date-]], qui le conduisent à désigner un cabinet d'union nationale ; en outre, il ne peut empêcher l'accession au pouvoir du Front populaire et de son chef de file, Léon Blum. Il préside au lancement de Normandie en 1932 et à son inauguration en 1935, ainsi qu’à l’ouverture de l’Exposition internationale de Paris 1937.

En Modèle:Date-, à l’approche de la Seconde Guerre mondiale, il est réélu pour un second mandat présidentiel, une première sous la Troisième République depuis Jules Grévy en 1885. À la suite de la défaite des armées alliées, il nomme le maréchal Pétain à la présidence du Conseil. Celui-ci signe rapidement un armistice avec l'Allemagne nazie puis instaure le régime de Vichy, ce qui met un terme à la présidence d’Albert Lebrun, qui souhaitait la poursuite de la lutte en Afrique française du Nord.

En 1943, alors qu’il est retiré à Vizille (Isère), où il est placé en résidence surveillée, il est enlevé par les Allemands, qui le maintiennent en détention pendant Modèle:Nobr. À la fin du conflit, Albert Lebrun Modèle:Incise ne retrouve pas son mandat de président de la République, qui devait en principe s'achever en 1946, en raison du changement de régime.

Modèle:Sommaire

Situation personnelle

Origines

Photo en couleur d'une façade d’une imposante bâtisse en pierre comptant quatorze fenêtres, une porte d’entrée, une toiture grise ; le bâtiment est situé derrière une murette, également en pierre
Maison natale d'Albert Lebrun à Mercy-le-Haut (alors située Grand-Rue, aujourd'hui rue Albert-Lebrun). Dans le village, cet imposant bâtiment est connu pour ses Modèle:UnitéModèle:Sfn.

Albert François Lebrun naît le Modèle:Date de naissance- au 12 de la Grand-Rue à Mercy-le-Haut, dans la maison de ses parents, Ernest Nicolas Lebrun (1842-1906), cultivateur et maire de la commune de 1881 à sa mort, et Anne Marie Navel (1846-1912), femme au foyer<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il a une sœur aînée et un frère cadet : Lydie (1869-1950, épouse Richard) et Gabriel (1875-1939)<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Originaire du village mosellan voisin de Joppécourt, le père d’Albert Lebrun a choisi de vivre à Mercy-le-Haut, où ont vécu ses ancêtres pendant des siècles, s'y mariant en 1868<ref>Modèle:Lien web.</ref> et reprennant la ferme de Modèle:Unité de sa belle-famille, les Navel, qui possèdent d’autres terres et détiennent la mairie en alternance avec les Collignon, leurs cousinsModèle:Note. Alors que l’école ne s’est pas encore démocratisée, Ernest et Anne Marie Lebrun sont dotés d’une culture écriteModèle:Sfn.

La commune natale d’Albert Lebrun fait partie de l’arrondissement de Briey, au nord de la Lorraine. À sa naissance, elle est occupée par les soldats prussiens en raison de la défaite de la France lors de la guerre franco-allemande. Neuf jours plus tard, alors qu’il appartenait à la Moselle, le village est rattaché au nouveau département de Meurthe-et-Moselle, échappant de peu aux annexions de l'Alsace-Lorraine par l’Empire allemand. Mercy-le-Haut doit néanmoins verser à l’Allemagne des indemnités de guerre et reste occupé jusqu’en Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Albert Lebrun dira au sujet des premières années de sa vie : Modèle:Citation

Formation et carrière

À l’école de Mercy-le-Haut, où il est scolarisé à partir de l’âge de cinq ans, Albert Lebrun fait partie des meilleurs élèves, malgré un caractère dissipé. À onze ans, il obtient son certificat d'études primaires avec la meilleure moyenne du canton, ainsi qu’un certificat supérieur à Longuyon la même année. Après avoir souhaité que leur fils aîné reprenne l’exploitation familiale, ses parents acceptent la proposition de son instituteur de le laisser partir au lycée ; c’est finalement son frère, Gabriel Lebrun, qui héritera de la fermeModèle:Sfn.

À partir de 1883, Albert Lebrun poursuit ses études au lycée national de Nancy Modèle:Incise, où ont été scolarisés avant lui Hubert Lyautey et Maurice Barrès. Il saute une classe à son arrivée dans l’établissement, où il reste un brillant élève, en particulier dans les matières scientifiques et en histoire, et obtient son baccalauréat en 1889Modèle:Sfn.

Il effectue ensuite une année de préparation aux concours d’entrée aux écoles d'ingénieur, dont il délaisse un temps les cours pour se préparer à Saint-Cyr. Il est finalement admis à l'École polytechnique (X1890) mais dans les derniers (Modèle:230e). À Polytechnique, où il bénéficie d’une bourse d'études, il est classé quatrième à l’issue de sa première année puis sort major de sa promotion (sur Modèle:Nobr), devenant le seul élève à sortir premier de cette école après y être entré au-delà du Modèle:200eModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Devant dès lors choisir une école d'application, il opte pour l'École nationale supérieure des mines de Paris, qui reçoit les étudiants les mieux classés de Polytechnique. Avec trois camarades, Albert Lebrun intègre l’École des mines à la rentrée 1892. Il doit cependant rapidement effectuer son service militaire, comme sous-lieutenant au premier régiment d’artillerie de Bourges. De retour à Paris en 1893, il se déplace dans plusieurs pays européens et effectue son stage de dernière année en Russie, étudiant les usines métallurgiques dans le Donets. Il sort de l’École des mines en 1896, une nouvelle fois comme major de promotionModèle:Sfn,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Ingénieur du Corps des mines, Albert Lebrun exerce dans une exploitation minière à Vesoul (Haute-Saône) à partir de 1896, puis à Nancy de 1898 à 1901. Ces territoires riches en minerais de fer et forêts connaissent alors un important développement de leur industrie métallurgique. Durant sa brève carrière, interrompue par son engagement en politique, le jeune ingénieur travaille notamment sur les minerais de fer oolithiques de l’Est et sur les éboulements de terrain dans les salines lorraines ; il publie plusieurs de ses recherches dans le Bulletin de la Société belge de géologie<ref>Modèle:Lien web.</ref>,Modèle:Sfn.

En 1900, Paul Doumer, gouverneur général de l'Indochine, le sollicite pour prendre la tête du service des mines de la colonie française, mais le gouvernement décide de repousser la nomination de quelques mois. Entre-temps, Albert Lebrun est élu député, ce qui rend ce projet caduc et met un terme à sa carrière d'ingénieurModèle:Sfn.

Vie privée et familiale

Fichier:Albert Lebrun and family 1932.jpg
Albert Lebrun et sa famille au palais de l'Élysée (1932).

Le Modèle:Date-, dans le [[7e arrondissement de Paris|Modèle:7e de Paris]], Albert Lebrun épouse Marguerite Nivoit. De ce mariage naissent deux enfants : Jean (1902-1980) et Marie (1904-1984).

Issue d'une famille catholique de droite, il se rend régulièrement à la messe, à la différence de membres de sa famille politique, comme son ami Raymond Poincaré qui refusait d’entrer dans une égliseModèle:Sfn.

Ascension politique

Débuts (1898-1911)

Au conseil général de Meurthe-et-Moselle

Albert Lebrun commence sa carrière politique en Modèle:Date-, lorsqu’il brigue un mandat de conseiller général de Meurthe-et-Moselle comme républicain modéré. Il se porte candidat dans le canton d'Audun-le-Roman Modèle:Incise et bénéficie de l’appui d’Alfred Mézières, homme de lettres, député et figure centrale du département. Sans adversaire, il l’emporte avec 98 % des suffrages exprimés et 24 % d’abstentionModèle:Sfn.

Fichier:Alfred Mézières 1914.jpg
Alfred Mézières (ici en 1914), « mentor » politique d’Albert Lebrun, qui lui succède comme député, président du conseil général de Meurthe-et-Moselle et sénateur.

À Modèle:Nobr, il est le benjamin de la nouvelle assemblée, qui est composée à près des trois quarts de républicains (modérés et radicaux). Il s'intéresse notamment à la question des chemins de fer et obtient en 1904 que le train Renard soit expérimenté dans le département. L’année suivante, devenu rapporteur du budget, il propose d’augmenter les impôts locaux, une première depuis Modèle:Nobr, afin de financer la nouvelle ligne de Toul à Thiaucourt ainsi que l’assistance obligatoire aux vieillards et nécessiteux, une compétence imposée par l’État aux conseils générauxModèle:Sfn.

En Modèle:Date-, il est élu à la présidence du conseil général de Meurthe-et-Moselle, succédant à son mentor Alfred Mézières, qui, à près de Modèle:Nobr, ne se représentait pas. Albert Lebrun exerce cette fonction pendant vingt-six ans, jusqu’à son élection à la présidence de la République, ce qui constitue un record de longévité jamais égalé dans l'histoire du département<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

À la Chambre des députés

En Modèle:Date-, Alfred Mézières est élu sénateur, ce qui provoque une élection législative partielle dans l’arrondissement de Briey. Le géologue Georges Rolland est pressenti pour lui succéder mais renonce du fait de son état de santé. Albert Lebrun accepte alors de représenter le camp républicain. Le maître de forges François de Wendel est pris de court par cette candidature, qui a reçu l’appui de Mézières et des industriels de Longwy avant qu'il n’ait pu officialiser son souhait de se présenter. Bien que détenue par Alfred Mézières depuis 1881, la circonscription de Briey reste relativement conservatrice ; mais Albert Lebrun est favorisé par ses origines (famille paysanne avec un père exerçant le mandat de maire), sa maîtrise du patois et des sujets industrielsModèle:Sfn.

Fichier:Albert Lebrun - Henri Manuel (1911).jpg
Albert Lebrun, photographié par Henri Manuel (La Dépêche coloniale illustrée, 1911).

Dans sa profession de foi, Albert Lebrun se défend d’être le candidat du gouvernement, se présente comme un Modèle:Citation aimant Modèle:Citation et place la liberté de conscience Modèle:Citation, ce qui lui sera rappelé par les milieux catholiques lors des débats sur la question religieuse. Il est aussi soutenu par les radicaux et les socialistes. Le Modèle:Date-, Albert Lebrun l’emporte au premier tour avec 59 % des suffrages exprimés face à deux candidats nationalistes et un réactionnaire ; il obtient cependant Modèle:Nobr de moins qu’Alfred Mézières deux ans plus tôt<ref name="Élections 54">Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

À Modèle:Nobr, Albert Lebrun devient le plus jeune parlementaire de FranceModèle:Sfn. Constamment réélu député jusqu’en 1920, il est secrétaire de la Chambre des députés à partir de 1903 et en est vice-président à partir de 1913. Il vote contre la confiance au gouvernement Combes en 1905 mais pour la loi de séparation des Églises et de l'État la même année, en faveur de l'impôt sur le revenu en 1909 et pour la loi du service militaire de trois ans en 1913<ref name="DicoLor">Modèle:Ouvrage.</ref>. Durant ses mandats parlementaires (il est ensuite sénateur), il est président ou rapporteur général d'importantes commissions (Budget, Armée, Colonies). En Modèle:Date-, au début de la Grande Guerre, il part au front comme commandant d'artillerie, à VerdunModèle:Refnec.

En Modèle:Date-, il est élu à l’unanimité membre de la commission centrale exécutive de l’Alliance républicaine démocratique, présidée par Adolphe Carnot<ref>Modèle:Article.</ref>.

Portefeuilles ministériels (1911-1919)

Fichier:Albert Francois Lebrun circa 1913-1914.jpg
Albert Lebrun en 1913-1914.

Ministre des Colonies à plusieurs reprises dans les gouvernements Caillaux, Poincaré et Doumergue, entre 1911 et 1914, Albert Lebrun joue un rôle important dans le coup de force d'Agadir (Modèle:Date-)<ref>archives nationales d'outre-mer 10PA</ref>, préférant céder une partie du Congo à l'Allemagne pour obtenir en échange un protectorat au Maroc et éviter un conflit avec l'Allemagne (affaire du « bec de canard »<ref>Christian Seignobos, Henry Tourneux, Le Nord-Cameroun à travers ses mots – Dictionnaire de termes anciens et modernes, éd. Ird-Karthala, 2002, 334Modèle:Nb p. Modèle:ISBN, Modèle:P.33-34 Modèle:Lire en ligne.</ref>) ; il est alors le seul élu lorrain favorable à ce traité avec l’Empire allemand. Il est aussi partisan de l'intégration des colonies par la création d'une « armée noire » ainsi que de la participation des élites indigènes à la fonction publique<ref name="DicoLor" />.

Brièvement ministre de la Guerre en Modèle:Date-, il participe activement à la reconstruction de la France comme ministre du Blocus et des Régions libérées de 1917 à 1918 puis des seules Régions libérées de 1918 à 1919, dans le gouvernement Clemenceau. Il met en œuvre son goût prononcé pour l'économie et sa vocation première d'ingénieur.

Fichier:Albert Lebrun, René Fonck, 1918.jpg
Albert Lebrun et René Fonck, aviateur vosgien surnommé « l’as des as », Modèle:Nobr.

En 1919, un désaccord avec Georges Clemenceau sur la présence de Louis Marin, qui avait voté contre le traité de Versailles, sur une liste commune qu'il conduisait pour les élections législatives dans son département, l'amène à démissionner du gouvernement.

Société des Nations et Sénat (1920-1931)

Dans les années 1920, Albert Lebrun représente la France à la Société des Nations. Président de la Caisse d'amortissement de 1926 à 1931, il participe avec son ami lorrain Raymond Poincaré au redressement du franc. Il préside également le conseil d'administration de l'Office national des mutilés et réformés de guerre et fonde avec d'autres amis l'Académie des sciences coloniales.

Élu sénateur de Meurthe-et-Moselle en 1920, ce qui le conduit à quitter son mandat de député, il devient vice-président du Sénat en 1926. Il est élu président de la chambre haute en 1931, avec notamment le soutien de Raymond Poincaré, par Modèle:Unité contre 139 à Jules Jeanneney<ref>Modèle:Article.</ref>.

Victoire à l’élection présidentielle de 1932

Modèle:Article connexe Le Modèle:Date-, après l'assassinat du président Paul Doumer, Albert Lebrun est élu président de la République. Ce scrutin est atypique car il intervient avant que la nouvelle Chambre des députés, qui vient d'être renouvelée, ait pris officiellement ses fonctions : c'est ainsi que de nombreux députés battus participent au vote et Albert Lebrun est élu par une Chambre de droite au sein de l'Assemblée nationale alors que la gauche a remporté les [[Élections législatives françaises de 1932|élections législatives des Modèle:Date- et Modèle:Date-]]. Il l’emporte dès le premier tour, avec Modèle:Unité sur 777, son élection étant favorisée par le renoncement de Paul Painlevé.

Président de la République

Fichier:Albert Lebrun par Marcel Baschet.jpg
Portrait d’Albert Lebrun par Marcel Baschet.

Premier septennat présidentiel (1932-1939)

En raison de la pratique institutionnelle en vigueur sous la Troisième République (Modèle:Citation), Albert Lebrun a peu de marge de manœuvre pour intervenir dans le débat politique en tant que chef de l’État. Il voit notamment monter la menace allemande mais reste particulièrement discret.

À la suite de la [[Crise du 6 février 1934|crise du Modèle:Date-]], il nomme à la présidence du Conseil l'ancien président de la République Gaston Doumergue, qui entend mener une réforme constitutionnelle. Celle-ci n’aboutit finalement pas et Doumergue démissionne après neuf mois à la tête du gouvernement.

Fichier:Hymans-Lebrun-Sorbonne-exposition-1937.JPG
Albert Lebrun échangeant avec Max Hymans dans la cour de la Sorbonne lors de l’Exposition universelle de 1937.

À la suite des élections législatives de 1936, il consent à nommer à la tête du gouvernement, après avoir tenté de l'éviter, le chef du Front populaire, Léon Blum. Modèle:Citation, selon ses propres termes, il signe les grands textes de la majorité de gauche<ref>Stéphane Baumont, Un président pour une {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIe{{#if:|  }} }} République ?, Bibliothèque du Capucin, 2002, Modèle:P..</ref>, sans se priver de faire régulièrement part au gouvernement de ses critiques sur la politique conduite. Durant la guerre civile en Espagne, il milite pour que la France reste neutre dans le conflit, refusant de signer des décrets de nomination ou de révocation de personnel<ref name="DicoLor" />.

Élection présidentielle de 1939

En vue de l’élection présidentielle de 1939, bien que la Chambre des députés soit dominée par le Front populaire, Albert Lebrun apparaît comme un gage de stabilité face aux périls éminents des régimes totalitaires de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste, obtenant le soutien de plusieurs personnalités de poids, comme Édouard Herriot et Jules Jeanneney. Le Modèle:Date-, il est réélu président de la République par l’Assemblée nationale dès le premier tour de scrutin, avec Modèle:Unité sur 904, soit 56 % des suffrages exprimés, tandis que son principal adversaire, le candidat SFIO Albert Bedouce, obtient Modèle:Unité (16,7 %)<ref>https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7597898r/f1.highres</ref>.

Second septennat présidentiel (1939-1940)

[[Fichier:Charles de Gaulle et Albert Lebrun.jpg|vignette|gauche|alt=|Albert Lebrun avec le colonel Charles de Gaulle qui lui présente l'unité de chars qu'il commande au sein de la [[5e armée (France)|Modèle:5e]] sise en Moselle, à Goetzenbruck, 23 octobre 1939.]]

Le Modèle:Date-, après l'invasion de la Pologne par l'armée allemande et l'entrée en guerre de la France et de la Grande-Bretagne qui fait basculer l'Europe dans la Seconde Guerre mondiale, il contresigne le décret du Modèle:Date- du ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, qui suspend les maires et les parlementaires communistes après la signature d'un traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union soviétique que le PCF n'a pas désavoué. Le Modèle:Date-, il signe le décret qui interdit la circulation des nomades<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En Modèle:Date-, avec Paul Reynaud (mais aussi Jules Jeanneney, Édouard Herriot, Georges Mandel et Charles de Gaulle), il est partisan du départ du gouvernement français pour l'Afrique française du Nord et se montre opposé à l'armistice. Il est cependant conduit, devant le courant majoritaire et à la suite de la démission de Paul Reynaud, à appeler le maréchal Pétain à la présidence du Conseil, le Modèle:Date-.

Le Modèle:Date-, Albert Lebrun souhaite partir sur le paquebot Massilia, mais Pétain refuse. Le Modèle:Date-, alors que le président de la République prépare ses bagages, Pierre Laval lui rend visite pour lui demander de rester et de ne pas trahir le gouvernement. Selon des témoins, le chef de l’État est alors « amorphe » ; dans son Témoignage, lui-même indique qu'il était Modèle:Citation et faisait preuve de Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, il signe le décret annulant la promotion de Charles de Gaulle au grade de général et le mettant à la retraite<ref name="DicoLor" />.

Instauration du régime de Vichy et départ de l’Élysée (1940)

Fichier:Pavillon Sévigné, Vichy.jpeg
Le pavillon Sévigné, où réside Albert Lebrun en Modèle:Date-, à la suite du départ du gouvernement pour Vichy.

Le gouvernement quitte Bordeaux pour Vichy, dans l’Allier, le Modèle:Date-. Albert Lebrun s'installe alors au pavillon Sévigné, qui accueille un premier Conseil des ministres dès le lendemain.

Le Modèle:Date-, l’ancien président du Conseil Pierre Laval présente le projet de loi qui acte la fin de la Troisième République en confiant les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Sous pression, le président de la République se voit contraint de réunir en Assemblée nationale, au théâtre du Grand Casino de Vichy, la Chambre des députés et le Sénat, qui votent la [[Vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain|loi constitutionnelle du Modèle:Date-]] à une majorité de 569 pour Modèle:Unité et Modèle:Unité. Le jour même, Albert Lebrun signe ce texte, qui Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>. C’est officiellement la fin de la Troisième République et le début du régime de Vichy.

Albert Lebrun refuse de démissionner, mais les [[Actes constitutionnels du régime de Vichy|actes constitutionnels du Modèle:Date-]] abrogent l'Modèle:Nobr des lois constitutionnelles de 1875 (Constitution de facto de la Troisième République)Modèle:Note et chargent le maréchal Pétain d'exercer la fonction de chef de l'État, dont les pouvoirs sont redéfinis<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le Modèle:Date-, il se rend à l'hôtel du Parc pour rencontrer le maréchal Pétain et tenter d'obtenir la possibilité d'adresser un message au pays, mais sa demande est refusée. Il ne signe pas sa démission mais se retire<ref name="DicoLor" />.

Après la présidence de la République

Retrait de la politique et déportation sous l’Occupation (1940-1943)

Après son départ du pouvoir, Albert Lebrun quitte le pavillon Sévigné, qui revient au maréchal Pétain, pour se retirer à Vizille (Isère), chez son gendre, Jean Freysselinard, patron de la SAMA, société d'abrasifs, contiguë à l'ancien château présidentiel. Il est placé en résidence surveillée par les Italiens, qui lui conseillent, sans succès, de quitter la région avant l’arrivée des Allemands.

Adolf Hitler le fait enlever par Klaus Barbie, avec André François-Poncet, résidant à proximité, le Modèle:Date-, jour du départ de ses gardes italiens. Il est transporté au château d'Itter, dans le Tyrol autrichien, le Modèle:Date-. L’ancien président y retrouve des hommes politiques également pris en otage et y séjourne de Modèle:Date- à Modèle:Date-. Lorsque sa santé se dégrade, il bénéficie d'une libération, et rentre en France le Modèle:Date-, demeurant à Vizille jusqu'à la fin de la guerre<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Libération et confirmation de la fin de sa présidence (1944-1945)

Modèle:Article connexe Réélu pour un second septennat en 1939, Albert Lebrun devait en principe rester à l’Élysée jusqu’au Modèle:Date-, mais l’avènement du régime de Vichy a de fait mis un terme à son mandat. Avec l’[[Ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental|ordonnance du Modèle:Date-]], qui proclame que la République Modèle:Citation et déclare Modèle:Citation, la possibilité qu’Albert Lebrun retrouve la présidence du pays est évoquée par des juristes puisqu’il n’a pas démissionné de sa fonctionModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, Albert Lebrun rencontre le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française. Pour Gaston Palewski, l’objectif de la réunion est de consacrer l'instauration du nouveau régime français aux yeux des AlliésModèle:Sfn. D'après le récit fait par le Général dans ses Mémoires de guerre, le président Lebrun se serait dit heureux de le voir prendre en charge les destinées du pays, déclarant : Modèle:Citation Toujours selon de Gaulle, Albert Lebrun aurait déploré ne pas avoir eu les moyens de s’opposer à la nomination du maréchal Pétain à la présidence du Conseil et de poursuivre le combat depuis l'empire colonial<ref name="CdGmt3 31-32">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

Dans son journal, Marguerite Lebrun, l'épouse d’Albert Lebrun, donne la version suivante : Modèle:Citation D’après elle, Albert Lebrun résume ainsi l’entretien : Modèle:Citation. Dans son Dictionnaire historique de la France sous l'occupation, l’historienne Michèle Cointet indique que Lebrun voulait au départ reprendre la présidence mais que de Gaulle lui opposa un refus puisqu'il n'avait pas su défendre l'État, même symboliquement<ref name="DicoLor" />.

Après l’entrevue entre les deux hommes, la presse annonce qu’Albert Lebrun a remis au général de Gaulle sa démission de président de la République, ce que l’ancien chef de l’État dément dans une lettre adressée au président du Gouvernement provisoire. Il écrit à nouveau à de Gaulle le Modèle:Date-, mais ne reçoit pas de réponse<ref name="DicoLor" />. Dans les semaines qui suivent, des rumeurs évoquent une possible entrée d’Albert Lebrun au gouvernement comme ministre d’État avec attribution de Modèle:Citation. Au milieu de l’année 1945, des notes confidentielles lui prêtent la volonté de retrouver sa fonction à l’Élysée, mais aucun de ses écrits ni aucune déclaration publique n’exprime un tel souhait de sa partModèle:Sfn.

Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle indique au sujet du dernier président de la Troisième République : Modèle:Citation Cette citation est à replacer dans le contexte des institutions du régime de l’époque Modèle:Incise et dans celui de la période d'effondrement de l'État de 1940, ainsi que dans le cadre du soutien du général de Gaulle à une nouvelle Constitution renforçant les pouvoirs présidentiels.

Témoignage aux procès de Pétain et Laval (1945)

Albert Lebrun est convoqué pour témoigner aux procès de Pétain (Modèle:Date-Modèle:Date-) et de celui de Laval (Modèle:Date-Modèle:Date-).

Dernières années, mort et obsèques (1945-1950)

[[Fichier:Plaque Albert Lebrun, 19 boulevard de Beauséjour, Paris 16e 2.jpg|vignette|redresse=0.8|alt=|Plaque située au boulevard de Beauséjour (Paris [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e]]), où Albert Lebrun a son domicile de 1945 à sa mort.]]

En 1947, Albert Lebrun assiste à l'investiture de Vincent Auriol comme premier président de la Quatrième République<ref name="DicoLor" />.

Dans les années d’après-guerre, il donne des conférences sur la Troisième République et la sidérurgie. Au retour d'une d'entre elles, ayant pris froid, il contracte une pneumonie aiguë, des suites de laquelle il meurt le Modèle:Date-, dans l'appartement qu'il loue au 19, boulevard de Beauséjour ([[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e de Paris]])<ref>Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, septième édition, 1963, Modèle:T. (« A-K »), « Boulevard de Beauséjour », Modèle:P..</ref>, où une plaque rappelle son passage. Son épouse est décédée près de trois ans auparavant, en Modèle:Date-.

Des obsèques nationales à la cathédrale Notre-Dame de ParisModèle:Note sont organisées. Deux discours y sont prononcés : l'un par Louis Jacquinot, représentant du président Auriol, et l’autre par André François-Poncet, qui présidera à partir de 1957 l’Association nationale des amis d'Albert Lebrun<ref name="DicoLor" />. Il est inhumé au cimetière de son village natal de Mercy-le-Haut.

Prises de position

Modèle:… Albert Lebrun n’est pas un grand idéologue et évite les échanges doctrinauxModèle:Sfn.

Il commence son engagement en politique dans les années 1890 au sein des républicains modérés, donc plutôt à gauche de l’échiquier politique, se montrant ouvert aux revendications sociales mais inquiet des menées révolutionnaires. Il ne prend pas publiquement position dans l’affaire Dreyfus mais semble être partisan, comme son camarade lorrain Raymond Poincaré, du capitaine juifModèle:Sfn.

Au début du {{#ifeq:siècle | s | Modèle:Siècle | XXe{{#if:siècle| siècle }} }}, il reste au centre gauche malgré la querelle religieuse, qui pousse résolument à droite son mentor lorrain, Alfred MézièresModèle:Sfn. Catholique pratiquant, Lebrun vote contre la loi sur les associations de 1901 et pour la loi de séparation de l'Église et de l'État mais s'oppose à ses mesures les plus répressives.

Devenu membre de l'Alliance républicaine démocratique, il est progressivement classé au centre puis à droite de l’échiquier politique national, mais moins à droite dans son fief de Meurthe-et-Moselle, où ce courant est porté par Louis Marin, le président de la Fédération républicaineModèle:Sfn.

Profil et particularités

Albert Lebrun est le seul président de la Troisième République à être né sous ce régime, à deux jours du vote de la loi Rivet, qui met en place ses institutions provisoires. Il voit le jour en territoire occupé par l’Empire allemand, son village de Mercy-le-Haut manquant de peu d’être annexé en vertu du traité de Francfort, ce qui l’aurait de fait rendu citoyen allemandModèle:Sfn.

La réussite d’Albert Lebrun dans ses études est notable à une époque où il était extrêmement rare qu’un homme issu d'un milieu rural et d'une petite commune (Mercy-le-Haut comptait alors un demi-millier d'habitants) parvienne à intégrer l'École polytechnique et l’École des mines de Paris, de prestigieux établissements fréquentés quasi-exclusivement par les milieux bourgeois parisiens, et qui plus est à en sortir major de promotionModèle:Sfn.

Éric Freysselinard, son arrière-petit-fils et l'un de ses biographes, le décrit de la façon suivante lors de ses études : Modèle:Citation

Peu charismatique, fuyant les affrontements partisans et les honneurs, il n’envisageait initialement pas une carrière politique, affirmant que c’est Modèle:CitationModèle:Sfn.

Postérité et hommages

Au sein de l’opinion publique, le nom d’Albert Lebrun reste avant tout associé à la faiblesse des pouvoirs du chef de l’État sous la Troisième République et à l’effondrement de l’État en 1940. Son impossibilité à s’opposer à l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain et à poursuivre le conflit contre l’Allemagne nazie depuis les colonies françaises auraient convaincu le général de Gaulle d’instaurer l’[[Article 16 de la Constitution de la Cinquième République française|Modèle:Nobr]] dans la Constitution de 1958 afin de conférer des pouvoirs exceptionnels au président de la République en cas de crise majeureModèle:Sfn.

Se disant hostile à toute tentative de réhabilitation personnelle, il refusa d’écrire ses mémoires, se contentant de rédiger un Témoignage sur les événements de 1940 dont le contenu sera repris par de nombreux historiensModèle:Sfn.

Un monument est érigé à la mémoire d’Albert Lebrun dans sa commune natale de Mercy-le-Haut, dont la Grand-Rue a par ailleurs été rebaptisée « rue Albert-Lebrun »Modèle:Sfn. 61 lieux publics sont baptisés au nom de Albert Lebrun<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Un portrait en bronze de lui, titré Albert Lebrun 1871-1950, major de la promotion 1893, président de la République, signé Josette Hébert-Coëffin est exposé à l'Ecole des mines de Paris.

Publication

Décorations

Notes et références

Notes

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Références

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Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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