Affaire des fiches (France)

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Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes

Dessin monochrome d'une cohue d'hommes au centre d'une salle.
Le général André évacué de la Chambre des députés pendant la bagarre déclenchée par la gifle qu'il a reçue du député nationaliste Gabriel Syveton.

L'affaire des fiches, parfois appelée l'affaire des casserolesModèle:Note, est un scandale politique qui éclate en 1904 en France, sous la Troisième République. Il concerne une opération de fichage politique et religieux mise en place dans l'Armée française à l'initiative du général Louis André, ministre de la Guerre, dans un contexte de liquidation de l'affaire Dreyfus et d'accusations d'anti-républicanisme portées par la gauche à l'encontre du corps des officiers.

De 1900 à 1904, l'administration préfectorale, les loges maçonniques du Grand Orient de France et d'autres réseaux de renseignement établissent des fiches sur les officiers, qui sont transmises au cabinet du général André afin de décider de l'avancement hiérarchique et des décorations à attribuer. Ces documents secrets sont préférés par André aux notations officielles du commandement militaire. Ils lui permettent de mettre en place un système où l'avancement des officiers républicains, francs-maçons ou libre-penseurs est favorisé tandis que la carrière des militaires nationalistes et catholiques Modèle:Incise est entravée, dans le but de s'assurer de la loyauté de l'armée au régime en place.

Le Modèle:Date-, le député Jean Guyot de Villeneuve interpelle le gouvernement à la Chambre des députés et révèle le système de fichage instauré par le général André et le Grand Orient, produisant à l'appui de ses accusations des fiches qui lui ont été remises par Jean-Baptiste Bidegain, adjoint du secrétaire-général du Grand Orient. Le ministre nie avoir connaissance de ces agissements, mais durant la séance du Modèle:Date-, Guyot de Villeneuve produit un document qui incrimine André directement. La séance est houleuse et le député nationaliste Gabriel Syveton gifle le ministre de la Guerre, déclenchant une empoignade dans l'hémicycle.

Le scandale est important. Les rebondissements et les révélations se succèdent pendant plusieurs mois, tandis que la presse publie régulièrement les fiches en question. Malgré le soutien de Jean Jaurès et du Bloc des gauches, le gouvernement Émile Combes chute le Modèle:Date-, emporté par l'affaire. Le cabinet Rouvier, qui lui succède, condamne formellement le fichage, prononce des sanctions symboliques et mène une politique d'apaisement. Néanmoins, le système des fiches se poursuit après 1905, appuyé non plus sur le Grand Orient mais sur les renseignements préfectoraux et adossé à la pratique de pressions politiques. En 1913, le ministre de la Guerre Alexandre Millerand y met fin définitivement.

Ce système de fichage politique, en plus de provoquer une certaine crise morale dans les milieux dreyfusards qui se divisent sur la priorité à donner entre la défense de la République et la protection de la liberté de conscience, semble avoir affaibli le haut-commandement militaire, du fait de plus d'une dizaine d'années de discriminations à l'avancement des officiers. Ceci a eu des conséquences difficiles à évaluer sur les premiers mois de la Première Guerre mondiale.

Contexte

Affaire Dreyfus

Gravure représentant deux hommes en civil, portant haut de forme et costume de ville, escortés par une troupe de militaires.
Tentative d'embauchage de l'armée par les césariens, dessin du Progrès Illustré représentant l'arrestation de Déroulède et Habert à la suite de l'affaire de Reuilly.

Depuis l'instauration de la Troisième République, l'armée française s'est tenue relativement à l'écart des luttes politiques qui ont opposé les monarchistes aux partisans de la République, un affrontement qui s'est soldé par la victoire définitive de ces derniers en 1879 avec le basculement du Sénat. Si elle ne s'est pas laissée tenter par l'aventurisme d'un coup d'ÉtatModèle:Note, l'armée n'en est pas moins vue comme antirépublicaine, une vision qui a été renforcée par le déclenchement de l'affaire Dreyfus. Le refus du haut-commandement militaire de laisser la vérité éclater ainsi que l'attitude hautaine des officiers amenés à témoigner au second procès de Dreyfus ont laissé deviner aux républicains un Modèle:Citation où les descendants des familles conservatrices font carrièreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Aussi, depuis le début de l'affaire Dreyfus Modèle:Incise, la droite embrasse le nationalisme et la défense de l'armée, tandis que la gauche se place sous la bannière de l'anticléricalisme et Modèle:Incise de l'antimilitarismeModèle:Sfn.

L'agitation nationaliste de l'année 1899, contemporaine de l'affaire Dreyfus, convainc la gauche que la République est en danger : la tentative du poète Paul Déroulède qui, misant sur les sentiments antirépublicains de l'armée, tente sans succès d'entraîner les troupes du général Roget au palais de l'Élysée lors des funérailles de Félix Faure, le Modèle:Date-, fait craindre le pire. Aussi, le gouvernement de Défense républicaine de Pierre Waldeck-Rousseau puis le cabinet Émile Combes cherchent à assurer le régime en procédant à une épuration contre les institutions considérées comme antidreyfusardes, au premier rang desquelles figure l'arméeModèle:Sfn.

Dessin en couleurs représentant Combes s'apprêtant à faire guillotiner l'Église catholique, représentée sous les traits d'une jeune femme, devant un parterre d'hommes politiques républicains
La séparation de l’Église et de l’État, carte postale satirique dépeignant la décapitation de l'Église catholique par Émile Combes.

En parallèle des retombées de l'affaire Dreyfus, le cabinet Combes, cimenté par la franc-maçonnerie et aiguillonné par le parti radicalModèle:Sfn, procède à l'expulsion des congrégations du territoire français et prépare la loi de séparation de l'Église et de l'État, apogée des mesures anticléricales du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=":47" />. Ce projet de séparation est intimement lié à l'affaire des fiches : les convictions religieuses des officiers catholiques sont directement tenues comme une preuve d'hostilité à la République<ref name=":46" /> ; le président Émile Loubet s'oppose à Combes sur l'opportunité de cette loi<ref name=":47" /> ; enfin, c'est dans le but d'éviter la séparation que Guyot de Villeneuve va faire éclater le scandale des fiches<ref name=":10" />.

Précédent des papiers Gambetta

Modèle:Article connexe Dans les premières années de la Troisième République, des dossiers secrets sur les officiers de l'armée française avaient déjà été rassemblés<ref name=":8">Modèle:Harvsp.</ref> avec l'aide de la franc-maçonnerie<ref name=":9">Modèle:Harvsp.</ref>. Ces Modèle:Citation, du nom du responsable politique radical Léon Gambetta Modèle:Incise contenaient des notices sur les compétences militaires et les convictions politiques des principaux officiers, au sein de deux dossiers<ref name=":8" />. Le premier, terminé dans les premiers jours de 1876, passait en revue l'intégralité des corps d'armée, division par division<ref name=":8" />,Modèle:Sfn. Le second, compilé à l'automne 1878, passe en revue la carrière et les tendances politiques des officiers du ministère de la Guerre, de l'École de guerre, de l’État-major de l'armée et des grandes écoles militaires<ref name=":8" />,Modèle:Sfn.

Ces fichiers, établis par un réseau de renseignement républicain appuyé sur des loges maçonniques, pointaient donc déjà Modèle:Incise les officiers monarchistes qui pouvaient présenter un danger pour la République<ref name=":8" />,<ref name=":9" />. Après l'accession au pouvoir des républicains, un certain nombre de généraux sont démis de leurs commandements sur la base de ces dossiers, afin de rendre l'institution militaire plus malléable entre les mains du nouveau régime. Ce sont d'ailleurs les limogeages au sein de l'armée qui provoquent la colère et la démission du maréchal de Mac Mahon, président de la République de 1873 à 1879Modèle:Sfn.

Neuf ans plus tard, lors de la crise boulangiste, Edmond Lepelletier, vénérable de la loge Les Droits de l'Homme, avait proposé de mettre en place des comités, directement appuyés sur les loges et sur la Société des droits de l'homme et du citoyen, qui auraient été chargés de signaler « les serviteurs de l’État disposés à trahir et les manœuvres d'embauchage, de corruption, d'intimidation des monarchistes, des cléricaux et de leurs nouveaux alliés, les boulangistes ». Mais cette idée avait été combattue par le directeur de La Chaîne d'union, Modèle:Lien par élément<ref>Julien Rycx, La Franc-maçonnerie et la crise boulangiste (1886-1891), Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019, Modèle:P.-139.</ref>.

Mise en œuvre du système des fiches

Nomination du général André au ministère de la Guerre

Photographie en noir et blanc de trois-quarts droite d'un homme en tenue de général, portant le bicorne.
Le général Louis André, ministre de la Guerre de 1900 à 1904.

À la suite de la démission en Modèle:Date- du général de Galliffet, le président du Conseil Pierre Waldeck-Rousseau nomme Modèle:Incise le général Louis André pour lui succéder au ministère de la Guerre. Ce militaire, issu de l'École polytechnique, est connu pour son républicanisme fervent et son caractère Modèle:Citation<ref name=":0">Modèle:Référence Harvard sans parenthèses.</ref>,Modèle:Note. Il reçoit pour mission de continuer la tâche de son prédécesseur, à savoir liquider les derniers remous de l'affaire Dreyfus et poursuivre la Modèle:Citation de l'armée à marche forcée<ref name=":1">Modèle:Référence Harvard sans parenthèses.</ref>.

Pour y parvenir, Gaston de Galliffet a réformé les modalités d'avancement en grade dans l'armée : le Modèle:Date-, il a pris un décret pour supprimer les commissions régionales d'avancement qui décidaient en autonomie de la mise au tableau d'avancement. En effet, Galliffet soupçonne le haut-commandement militaire de partialité ; en instituant des commissions d'armes et une commission supérieure pour effectuer les propositions, il laisse au ministère de la Guerre toute latitude pour se prononcer en dernier ressort<ref name=":1" />.

Ces commissions d'armes ayant dans leurs prérogatives l'exclusion sans recours des officiers jugés trop médiocres, le général André décide le Modèle:Date- de supprimer les commissions d'armes pour permettre au ministère une liberté de choix totale. Le système mis en place par André indigne une partie de la hiérarchie, dont le général Hippolyte Langlois, qui détaille dans la Revue des Deux Mondes<ref name=":1" /> : Modèle:Citation bloc

Dessin monochrome représentant le ministre félicitant un officier ; à l'arrière plan, Corinthe est remplacé par Carthage et vice-versa.
Caricature de L'Assiette au beurre faisant référence à la préférence donnée par le général André aux officiers républicains en matière d'avancement, afin de corriger les biais opposés qui ont supposément prévalu jusque-là<ref name=":1" />. Corinthe est le dossier des officiers à favoriser, tandis que les officiers suspects sont rangés dans le dossier Carthage<ref name=":6" />.

En effet, le général André et son cabinet sont résolus à favoriser l'avancement des officiers républicains au détriment des nationalistes et des monarchistes ; persuadés que le commandement militaire est noyauté par les réactionnaires, ils se défient par principe des notes hiérarchiques. Prêtant autant attention aux opinions politiques qu'aux qualités militaires, le général André cherche une source alternative de renseignements sur les officiers, et notamment sur tous les officiers subalternes qui, ne jouissant pas d'une stature publique, ne sont cernés en détails que dans les notes de leurs supérieurs. S'étant adressé aux préfets, André considère leurs informations insuffisantes et juge leurs appréciations trop influencées par les circonstances locales. Poussé par le général Alexandre Percin, son chef de cabinet, le général André se tourne alors vers le Grand Orient de France afin de le renseigner sur les opinions politiques des officiers<ref name=":1" />.

Après le triomphe du Bloc des gauches aux élections législatives de 1902, le général André est reconduit dans le cabinet d'Émile Combes, avec qui il entretient initialement de bons rapports et qui le voit comme un exécutant de sa politique d'anticléricalisme tous azimuts<ref name=":0" />. Le Modèle:Date-, dans une circulaire adressée aux préfets, Combes résume l'action qu'il entend mener dans la fonction publique : Modèle:Citation. Le système des fiches, application rigoureuse du combisme, se poursuit doncModèle:Sfn.

Relations entre le cabinet d'André et le Grand Orient

Dessin en couleurs d'un homme barbu, en costume, portant un collier de franc-maçon et un mandat de député du Gard.
Frédéric Desmons, dirigeant du Grand Orient de 1900 à 1902.

Sur les conseils du général Percin Modèle:Incise, André rencontre le sénateur Frédéric Desmons, président du Conseil de l'ordre du Grand Orient de France, l'obédience maçonnique la plus influente du pays. Cette rencontre, qui a lieu à une date difficile à préciser Modèle:Incise suscite l'enthousiasme de Desmons : ce dernier, désireux de combattre la Modèle:Citation, se déclare favorable à la collecte par les loges de province d'informations sur les officiers et à leur transmission au cabinet du ministre de la Guerre<ref name=":1" />. Les loges, présentes dans de nombreuses villes de garnison, peuvent en effet faire office de service de renseignement minutieux<ref name=":6">Modèle:Harvsp.</ref>.

À la suite de ces contacts préliminaires, le cabinet militaire d'André et le Grand Orient entretiennent des relations suivies, gérées d'une part, par Narcisse-Amédée Vadecard, secrétaire-général du Grand Orient, et d'autre part, par le capitaine Henri Mollin, officier d'ordonnance du ministre et franc-maçon. Selon Guy Thuiller, Desmons ayant fait valider le principe du fichage par le Conseil de l'Ordre du Grand Orient et les vénérables des loges maçonniques sont invités à donner leur concours actif à VadecardModèle:Sfn. Toutefois, les historiens de la franc-maçonnerie Pierre Chevalier<ref>Modèle:Bibliographie </ref> et Patrice Morlat confirment que le Conseil de l'Ordre n'est pas consulté, seul le bureau l'est et donne son aval. Ce dernier sollicite alors les vénérables les plus sûrs pour remonter les informations vers le secrétariatModèle:Sfn.

Dessin monochrome d'un général se voyant refuser l'entrée au cabinet du ministre par un domestique.
Caricature de L'Assiette au beurre décrivant l'influence maçonnique au ministère de la Guerre : le ressort comique vient du fait que le général éconduit prend ce frère du Grand Orient pour un membre du clergé catholique.

Le capitaine Mollin Modèle:Incise est responsable du système des fiches au sein du cabinet militaire. D'un caractère Modèle:Citation et touchant parfois au complexe de persécution, il entretient des relations difficiles avec son supérieur, le général Percin. Ce dernier le laisse pourtant responsable du service de fichage, de nature assez sensible<ref>Modèle:Référence Harvard sans parenthèses.</ref>. Quand Mollin est en congé, il est remplacé par deux autres francs-maçons du cabinet, le lieutenant de vaisseau Violette et le capitaine Lemerle<ref name=":4">Modèle:Référence Harvard sans parenthèses</ref>.

Les autres officiers du cabinet, informés du système de fichage par le Grand Orient, se divisent sur l'opportunité de telles méthodes. Ainsi, le capitaine Charles Humbert, soutenu par le commandant Targe, est opposé au système d'avancement par les fiches, et surtout à la délation entre officiers. Appuyé par le chef du cabinet civil, Jean Cazelles, il montre au ministre les dangers de ces pratiques et des dégâts qui pourraient être provoqués par leur révélation. Devant le peu de succès de leur démarche, Targe et Humbert vont jusqu'à contacter en 1902 le nouveau président du Conseil de l'ordre du Grand Orient, Auguste Delpech, pour le convaincre de renoncer au fichage. Ces démarches leur valent l'hostilité de Mollin, Lemerle, Violette et du commandant Jacquot, et ces derniers s’emploient à les discréditer auprès du ministre, parfois par la calomnie<ref name=":2">Modèle:Référence Harvard sans parenthèses.</ref>.

En Modèle:Date-, un incident lié à la franc-maçonnerie va leur permettre de vider leur querelle : le commandant du lycée militaire de la Flèche, le lieutenant-colonel Terme, étant en butte à des intrigues, le capitaine Humbert Modèle:Incise diligente une enquête, confiée au général Castex. Ayant lu le rapport du général, il conclut<ref name=":2" /> : Modèle:Citation bloc

Cette note déclenche de vives protestations de la part desdits hommes politiques francs-maçons (non identifiés) et des ennemis d'Humbert. L'arbitrage d'André est sans appel : le chef du cabinet civil, Cazelles, doit quitter son poste et Humbert est expulsé du cabinet militaire. Camille Pelletan, ministre de la Marine ayant proposé d’accueillir Humbert dans son propre cabinet, André refuse catégoriquement. Si cette manœuvre permet au ministre de faire taire les voix discordantes au sein de son cabinet, elle le dessert grandement auprès des parlementaires républicains hostiles à ses méthodes<ref name=":2" />.

Fonctionnement du fichage

Fiches du Grand Orient

Dessin monochrome du buste d'un homme portant barbe et moustaches.
Narcisse-Amédée Vadecard, secrétaire-général du Grand Orient de France et responsable du fichage par les loges.

Sur décision du bureau du Conseil de l'Ordre du Grand Orient de FranceModèle:Sfn, les vénérables maîtres de chaque loge doivent répondre aux demandes de renseignements adressées par le secrétaire-général de l'obédience. Ces demandes proviennent de listes établies par Mollin (ou le cas échéant, par Violette et Lemerle) et transmises à Vadecard et son adjoint Jean-Baptiste Bidegain<ref name=":4" />. Ces instructions ne sont pas communiquées dans une circulaire officielle, et ce, afin de contribuer à maintenir le secret sur cette entreprise. En plus des vénérables, d'autres franc-maçons détenant des responsabilités politiques et jugés sûrs sont contactés directementModèle:Sfn. Dans leur grande majorité, les vénérables exécutent avec diligence les enquêtes réclamées par Vadecard. Néanmoins, quelques loges isolées font part de leur opposition, s'appuyant sur l'article 19 de la Constitution du Grand Orient, qui stipule : Modèle:Citation ; il semble que les vénérables de Périgueux, Rochefort et Saint-Jean-de-Luz refusent leur concours<ref name=":4" />. Des francs-maçons d'autres obédiences participent également au fichage ; ainsi, l'un des deux principaux rédacteurs de fiches dans le Nord est Bernard Wellhoff, vénérable de la loge La Fidélité de la Grande Loge de France et futur Grand-maître de l'obédienceModèle:Sfn.

Dessin en couleurs d'un officiers baisant le pied du général André - allongé lascivement sur une couche - et déposant une fiche sur le sol.
Le petit lever de Son Excellence, caricature du général André par L'Assiette au beurre.

Les fiches transmises aux ministères recensent les opinions politiques et les compétences présumées de milliers d'officiers. Les convictions religieuses et philosophiques de leur famille sont aussi évoquées. Si certaines fiches mentionnent une indifférence politique supposée ou une difficulté à se prononcer, un grand nombre porte des indications à charge comme Modèle:Citation, Modèle:Citation<ref name=":6" />, Modèle:Citation<ref name=":19">Modèle:Harvsp.</ref>, Modèle:CitationModèle:Sfn, Modèle:CitationModèle:Sfn, Modèle:Citation, Modèle:Citation, Modèle:CitationModèle:Sfn ou à décharge comme Modèle:Citation<ref name=":6" />.

Au ministère de la Guerre, ces fiches servent à classer les officiers dans deux dossiers : les officiers catholiques et nationalistes Modèle:Incise sont rangés dans le dossier Carthage<ref name=":6" /> (l'appellation rappelant le mot de Caton l'Ancien, Delenda CarthagoModèle:Sfn), les officiers républicains et libre-penseurs Modèle:Incise trouvent leur place dans le dossier Corinthe<ref name=":6" /> (référence à Non licet omnibus adire Corinthum : Modèle:CitationModèle:Sfn). Ces dossiers sont créés à l'arrivée du général André au ministère et ne contiennent au départ que les officiers que le ministre a connu au cours de sa carrière ou dont il a entendu parler Modèle:InciseModèle:Sfn. L'historien Serge Berstein comptabilise Modèle:Nombre fichesModèle:Note rédigées grâce au Grand Orient entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-, nombre inférieur au total des fiches établies pendant le fonctionnement du système, qui débute fin 1900 et s'arrête lors de la révélation du scandale, fin 1904<ref name=":46">Modèle:Référence Harvard sans parenthèses.</ref>. À l'époque du fichage, le nombre d'officiers français en activité est d'environ Modèle:NombreModèle:Sfn.

Dessin en couleurs dépeignant l'armée (sous les traits d'Athéna), ballonnée, que des militaires masqués font écrire des lettres de délation.
La Grande Muette, caricature de L'Assiette au beurre faisant référence à la délation entre officiers encouragée par le cabinet André.

Guy Thuillier rapporte les écrits du général Dubois, chef de la maison militaire du président de la République Émile Loubet, quand il relate l'impact du système des fiches sur l'avancement<ref name=":3" /> : Modèle:Citation blocPour Guy Thuillier, l'erreur technique majeure du fichage réalisé par le Grand Orient est d'avoir tenté de rassembler des informations sur tous les officiers, du lieutenant jusqu'au général de divisionModèle:Note ; la conséquence de ce fichage foisonnant, le plus souvent sans recoupe, est la collecte d'informations sur la vie privée ou de renseignements de qualité douteuse : Modèle:Citation, Modèle:Citation, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Fiches des préfets

Les préfets sont, en théorie, la source principale d'informations du gouvernement concernant les officiers ; dans les faits, les renseignements du Grand Orient ont eu plus de poids dans les décisions du ministère de la Guerre. Le fichage systématique par la franc-maçonnerie précède d'ailleurs celui qui est mis en place par l'administration préfectoraleModèle:Note à la suite la circulaire du Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Dessin monochrome de deux marionnettes - Combes et un fonctionnaire - dans un théâtre intitulé Guignol du Veau d'or.
Caricature du journal anti-combiste Le Veau d'or sur le système de fichage préfectoral.

Pour l'avancement, la mutation ou les décorations militaires, le ministre de la Guerre transmet aux préfets Modèle:Incise les noms des officiers en lice ; l'enquête porte Modèle:Citation ainsi que sur les écoles fréquentées par leurs enfants<ref name=":43">Modèle:Harvsp.</ref>. Les préfets transmettent également les opinions de la famille des officiers, leur respect de l'autorité civile ainsi que leur degré de collaboration dans les missions de maintien de l'ordreModèle:Sfn. Ces enquêtes sont conclues par un avis personnel du préfet qui se prononce sur les suites qui doivent être données aux propositions. Toutefois, la demande d'ajournement ne peut être effectuée Modèle:Citation, d'après la circulaire de Combes. Les enquêtes sont menées par la police, les commissaires spéciaux chargés du contre-espionnage et la police municipale, qui sont les informateurs principaux de l’administration préfectorale<ref name=":43" />.

Le zèle mis par les préfets à répondre aux demandes gouvernementales varie fortement en fonction des départements ; la surveillance administrative des militaires semble exagérée à certains, tandis que d'autres, convaincus que l'armée est factieuse, répondent avec empressement. En 1902, Mollin écrit à Vadecard : Modèle:CitationModèle:Sfn. De plus la qualité des informations laisse parfois à désirer : beaucoup de mentions sont imprécises, les officiers récemment mutés sont inconnus des services de policeModèle:Sfn, et les préfets ne côtoient eux-mêmes que les officiers supérieurs. Xavier Boniface remarque également que le ton des fiches préfectorales est plus modéré et moins militant que celui des fiches du Grand Orient<ref name=":44">Modèle:Harvsp.</ref>.

Réseaux parallèles

Dessin monochrome d'une foule d'officiers manifestant devant la porte de la prison du Cherche-midi ; sur le mur, Pasquier les toise.
Caricature du Veau d'or mettant en scène le commandant Pasquier assiégé dans sa prison par des officiers mécontents d'avoir été fichés par son réseau.

En sus du fichage réalisé par les loges du Grand Orient et les préfets, deux autres réseaux informent le cabinet du général André des opinions politiques des officiers. Le premier est celui de la Solidarité des Armées de terre et de mer, une société créée en 1902Modèle:Note et rassemblant les officiers francs-maçons Modèle:Citation. En théorie contrôlée par le secrétariat-général du Grand Orient, elle est en fait sous la coupe de son président, le commandant Nicolas Pasquier, commandant des prisons militaires de Paris Modèle:Incise et à ce titre directeur de la prison du Cherche-Midi. Sous son impulsion, cette société devient une véritable agence de renseignements, les officiers francs-maçons procédant à une surveillance vigilante des convictions politiques de leurs camarades. Ces renseignements sont compilés en fiches par le commandant Pasquier, parfois à la demande du Grand Orient, parfois de sa propre initiative. Elles sont ensuite communiquées au ministère par l'intermédiaire du Grand OrientModèle:Sfn. Le commandant se spécialise notamment dans la surveillance du personnel des écoles militaires. 180 fiches rédigées personnellement par Pasquier seront publiées lors de l'éclatement du scandaleModèle:Sfn. D'après Jean-Baptiste Bidegain Modèle:Incise, le réseau de Pasquier aurait produit en tout Modèle:Nombre fichesModèle:Sfn.

Le second réseau est celui dont dispose en propre le cabinet militaire du général André. Bernard André, le neveu du ministre de la Guerre, est notamment chargé de dépouiller les dénonciations anonymes, fort nombreuses, qui sont envoyées au ministère par des officiers et des civils. D'autre part, plusieurs officiers d'ordonnance disposent d'informateurs. À partir de 1901, le capitaine Lemerle Modèle:Incise entreprend de structurer un Modèle:Citation d'officiers inféodés au cabinet : Modèle:Citation. D'après l'historien Guy Thuillier, cette pratique de la délation entre officiers cause des dommages notables à l'esprit de corps et sera l'un des éléments qui scandalisera le plus l'opinion publique, une fois l'affaire révéléeModèle:Sfn.

Le cas particulier de la Marine

Photo monochrome d'un homme barbu portant un monocle.
Camille Pelletan, ministre de la Marine de 1902 à 1905.

Si la Marine nationale n'est pas directement impliquée dans l'affaire des fiches, ses dirigeants s'efforcent également de procéder à une Modèle:Citation du corps des officiers. En effet, celle qu'on appelle traditionnellement Modèle:Citation, référence ambivalente à la rue Royale Modèle:Incise et à ses sympathies royalistes, est surveillée de près par les républicains et critiquée pour son particularisme. Son corps d'officiers, qui cultive son autonomie par rapport au personnel politique en place, semble encore à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle présenter un danger pour le régime<ref name=":7">Modèle:Harvsp.</ref>.

Dessin monochrome de Pelletan assis devant un bureau couvert de verres d'absinthe ; Maurice Berteaux se tient debout à côté de lui.
Fiches de consolation, caricature de Camille Pelletan et Maurice Berteaux (successeur du général André) par Le Veau d'or. Pelletan y est dépeint préférant les Modèle:Citation (l'absinthe) aux fiches politiques. Une autre affaire politique, celle des chaudières, est aussi mentionnée.

De fait, les ministres de la Marine successifs Modèle:Incise s'emploient à assimiler la Marine à la République. Cette entreprise atteint son intensité maximale sous Pelletan, qui côtoie le général André au sein du cabinet Combes. En effet, Pelletan Modèle:Citation : il entend favoriser les carrières des officiers mariniers et des officiers spécialisés dans la mécanique, car ils sont connus pour leur républicanisme ; de même, son engouement pour la Jeune École est motivé tout autant par sa vision stratégique que par le désir de promouvoir de jeunes officiers acquis à sa cause. Les nouveaux cuirassés qui quittent les chantiers navals se voient baptiser en hommage à la Révolution : Liberté, Danton, Démocratie ou encore Patrie. La période de la République radicale est également marquée par une laïcisation militante de la Marine : en 1901, les prières quotidiennes, l'instruction religieuse et les messes règlementaires sont supprimées ; en 1903, c'est au tour de la bénédiction des bateaux de disparaître ; en 1904, la tradition du maigre le Vendredi saint est levée ; enfin, le corps des aumôniers de la flotte est dissous en 1907. Les réformes de Pelletan rencontrent souvent l'hostilité du commandement de la Marine, mais également des responsables politiques républicains qui lui reprochent ses excès : ainsi, Paul Doumer, qui le qualifie de véritable Modèle:Citation<ref name=":7" />.

La Marine, même sous Pelletan, ne va cependant pas jusqu'à pratiquer un fichage extensif des officiers. Le ministre, consulté sur le sujet, répondit qu'il Modèle:Citation. Des loges maçonniques sont néanmoins consultées ponctuellement sur des avancements<ref name=":7" />.

Éclatement du scandale

Les intrigues d'Humbert et Percin

Le capitaine Humbert, débarqué du cabinet d'André en Modèle:Date-, est à l'origine des premières fuites concernant le système des fiches. Sommé de quitter l'armée à la suite de l'incident Termes, il est nommé percepteur, dans un premier temps à Vincennes, puis à Caen, le ministre de la Guerre ayant insisté pour obtenir son éloignement de Paris. Le renvoi d'Humbert ayant été commenté par la presse, André et son équipe sont fort embarrassés et craignent qu'il ne révèle publiquement les pratiques du cabinet en matière de fichage. Cette crainte est fondée : désireux de se venger, Humbert rencontre Pierre Waldeck-Rousseau Modèle:Incise pour l'informer que le cabinet d'André accorde trop de crédit à des informateurs partisans pour décider des avancements. Le général Percin Modèle:Incise renchérit dès le Modèle:Date- en révélant à Waldeck-Rousseau la pratique du fichage par le Grand Orient et l'utilisation de ces fiches par le capitaine Mollin. Dissimulant sa propre responsabilité dans l'instauration et le fonctionnement du système des fiches, Percin offre spontanément sa démission à l'ancien président du Conseil. Waldeck-Rousseau la refuse, mais profondément indigné, il s'en plaint à Émile Combes le Modèle:Date-<ref>Modèle:Référence Harvard sans parenthèses.</ref> : Modèle:Citation bloc

Le système des fiches commence à être connu plus largement dans le personnel dirigeant. Dès le Modèle:Date-, le général Dubois fait état dans son journal que tout l'entourage du président de la République Émile Loubet sait ce qui se trame au ministère de la Guerre<ref name=":3" />.

Le double jeu de Percin est manifeste : tout en gérant le fichage au ministère, il tente de mettre en difficulté le général André en causant des fuites. Plusieurs hypothèses sont envisageables : il est possible qu'il ait cherché à provoquer la chute d'André pour pouvoir le remplacer au sein du gouvernement Modèle:Incise, qu'il ait travaillé pour un autre successeur potentiel Modèle:Incise ou encore qu'il ait cherché à se disculper du fichage en rejetant la responsabilité sur André et Mollin<ref name=":3">Modèle:Harvsp.</ref>.

Multiplication des fuites

Dessin monochrome d'une tempête fiches s'abattant sur un temple maçonnique sur lequel se tiennent les membres du cabinet Combes.
La dégoulinade des Fiches, caricature antimaçonnique de Fertom, parue dans Le Veau d'or.

La deuxième moitié de l'année 1904 va être marquée par une recrudescence des fuites à propos du fichage. En Modèle:Date-, une loge maçonnique de Bordeaux écrit un rapport au sujet du déplacement d'un capitaine de la garnison locale Modèle:Incise, document qui arrive entre les mains de Laurent Prache, membre de l'Union libérale républicaine. Le Modèle:Date-, il interpelle le gouvernement à propos de la franc-maçonnerie, ouvrant les hostilités à la Chambre des députés. Il accuse le Grand Orient d'être Modèle:Citation et rappelle que dès 1894, l'obédience se dotait de services administratifs pour Modèle:Citation. Pour Prache, les fonctionnaires, quels qu'ils soient, Modèle:Citation ; il soutient que le caractère semi-politique du Grand Orient est en contravention avec la loi de 1881 sur la presse et la loi de 1901 sur les associations. Mais son attaque n'est pas appuyée sur des documents très probants et Louis Lafferre, grand-maître du Grand Orient, lui succède à la tribune pour répondre à ces accusations ; lors du vote, le Modèle:Date-, la position de Prache n'est soutenue que par 202 voix, contre 339 pour le gouvernement Émile CombesModèle:Sfn.

Dessin monochrome d'un homme de buste, portant la moustache.
Jean-Baptiste Bidegain, adjoint du secrétaire-général du Grand Orient et responsable de la fuite la plus importante à propos de l'affaire des fiches.

En Modèle:Date-, Jean-Baptiste Bidegain, adjoint du secrétaire-général du Grand Orient Vadecard, vendModèle:Note à l'abbé Gabriel de Bessonies un lot de fiches qu'il a copiées au cours de son travail au secrétariat-général du Grand Orient<ref name=":10" />, après lui avoir révélé leur existence début 1904. Bidegain est en effet Modèle:Citation, ce qui l'aurait poussé à changer de bord<ref>Modèle:Référence Harvard sans parenthèses.</ref>. L'abbé de Bessonies, chapelain à Notre-Dame-des-Victoires de Paris et militant antimaçon, est alors en contact avec les députés Prache et Jean Guyot de VilleneuveModèle:Sfn. Toutefois, il semble n'avoir joué qu'un rôle d'intermédiaire, le véritable instigateur de la mise en relation de Bidegain avec les nationalistes semblant être Modèle:Mgr, un membre de l'entourage du cardinal Richard de La VergneModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Une thèse minoritaire Modèle:Incise voudrait même que Bidegain, filleul de Modèle:Mgr, ait été au secrétariat-général du Grand Orient un agent dormant de l'ArchevêchéModèle:Sfn.

En Modèle:Date-, la campagne contre le fichage reprend, cette fois dans une série d'articles du journal Le Matin, pourtant connu pour ses positions ministérielles. La Modèle:Citation est dénoncée, Percin et Maurice Sarrail Modèle:Incise sont sévèrement étrillés et le journaliste Stéphane Lauzanne y apostrophe vigoureusement le ministre de la Guerre<ref name=":12">Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation bloc

Les révélations du journal provoquent une nouvelle demande d'interpellation du gouvernement par la droite Modèle:Incise. Il semble que Charles Humbert soit à la manœuvre derrière la série d'articles du Matin. Quand Jean Jaurès l'en accuse, Humbert se défend en publiant une lettre dans L'Humanité et en profite pour dénoncer d'une part les pratiques de délation qu'il avait entreprises de combattre quand il était encore au cabinet d'André et d'autre part le traitement dont il a fait l'objet en Modèle:Date-<ref name=":12" />.

La presse rapporte également en Modèle:Date- les propos du général Peloux, à La Roche-sur-Yon. Il présente la délation des militaires réactionnaires comme un devoir à ses officiers : Modèle:Citation. Cette déclaration suscite le dépôt d'une troisième interpellation au gouvernement<ref name=":12" />.

Révélation à la Chambre des députés

Première page du journal Le Pelerin ; y figurent un portrait de Guyot de Villeneuve et un dessin de son intervention à la tribune de la Chambre.
Jean Guyot de Villeneuve à la Chambre, tel que représenté dans Le Pèlerin.

À la mi-Modèle:Date-, le député nationaliste Jean Guyot de Villeneuve obtient d'Humbert des documents que ce dernier a subtilisés lors de son limogeage du cabinet du ministère de la Guerre. Certains documents relatifs aux fiches portent indéniablement la signature du général André. Le Modèle:Date-, Guyot de Villeneuve rencontre l'abbé de Bessonies et photographie un certain nombre des fiches de Bidegain. Le Modèle:Date-, il revient consulter en détail le dossier, accompagné de son ami Gabriel Syveton, trésorier de la Ligue de la patrie française. Ils authentifient l'écriture du capitaine Mollin et décident d'un plan d'action. Le Modèle:Date-, le dossier des fiches est prudemment mis dans un coffre au Crédit lyonnais, tandis que Guyot de Villeneuve se décide à brusquer la révélation du scandale, peut-être conseillé en cela par Modèle:Mgr. En effet, tous deux craignent que les débats parlementaires sur la Loi de séparation des Églises et de l'État ne s'ouvrent rapidement et sont déterminés à empêcher le cabinet Combes d'arriver à ses fins<ref name=":10">Modèle:Harvsp.</ref>. Aussi, Guyot de Villeneuve dépose à l'improviste une demande d'interpellation, qui est fixée pour la séance du Modèle:Date-, la même que celle prévue pour l'interpellation de Rousset<ref name=":11">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le gouvernement, malgré les précautions qui sont prises, a très vite vent de la manœuvre car il soumet les milieux nationalistes à une surveillance inquiète de la police<ref name=":11" />. Ainsi, le secrétaire de Syveton, informateur des forces de l'ordre, avertit le ministère de l'Intérieur des projets de Guyot de Villeneuve. La seule mesure d'importance qui est prise est le déménagement des dossiers du fichage du ministère de la Guerre vers le domicile du capitaine Mollin et de faire garder le lieu par la police<ref name=":10" />. Un franc-maçon qui travaille à la Direction de la Sûreté générale prévient également le Grand Orient que Modèle:Citation, information provenant du valet de pied de Guyot de Villeneuve. La nouvelle de l'interpellation provoque l'inquiétude parmi les officiers francs-maçons qui viennent demander des explications à Vadecard. Toutefois, le gouvernement, sûr de sa majorité à la Chambre, ne semble pas comprendre l'ampleur de la menace, peut-être parce que la trahison d'Humbert et de Bidegain n'est pas encore connue. Ainsi, le général André claironne lors d'un banquet, à la mi-octobre : Modèle:Citation<ref name=":11" />.

Dessin en couleurs du ministre en tenue de général, jetant des fiches dans le feu, tandis qu'un fonctionnaire disperse les pompiers qui sont venus intervenir sur l'incendie.
Le général André en train de faire disparaitre par le feu les preuves du système des fiches, caricature publiée dans L'Assiette au beurre.

Au matin des 27 et Modèle:Date-, Le Figaro publie des dossiers détaillés sur le scandale des fiches, révélant notamment l'existence des dossiers Carthage et Corinthe, et mettant en cause le capitaine Mollin. Le Modèle:Date-, Le Matin titre également sur le scandale des fichesModèle:Sfn. Dans la journée du 28, Jean Guyot de Villeneuve interpelle le gouvernement à la Chambre et révèle les relations continuelles entre le Grand Orient et le cabinet du ministre de la GuerreModèle:Sfn. À la tribune, pendant près de trois heuresModèle:Sfn, il lit méthodiquement des lettres et des fiches établissant que le général André se fonde sur les informations données par la franc-maçonnerie pour décider de l'avancement des officiers. Il termine son intervention en accusant le Grand Orient d'être en réalité l'entité qui dirige le personnel de l'armée française. Le ministre de la Guerre, Modèle:Citation, nie les accusations et annonce l'ouverture d'une enquête pour estimer la véracité des faits reprochés à son cabinet ; si les faits sont révélés exacts, il annonce qu'il donnera sa démission. Le vote qui suit l’interpellation ne donne que 4 voix de majorité au gouvernement, montrant la consternation de certains députés de la majorité parlementaireModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, le général André fait détruire sur son ordre les fiches du ministère de la Guerre. Les seules fiches restantes sont donc celles dérobées par Bidegain et Humbert, et communiquées à Guyot de VilleneuveModèle:Sfn. Ce dernier, pour maintenir la pression sur le gouvernement, les communique au compte-goutte à la presse nationale Modèle:Incise et provinciale pour qu'elles soient publiées<ref name=":30" />. Toujours le lendemain de la révélation à la Chambre, le Conseil de l'ordre du Grand Orient publie un manifeste pour répondre aux accusations lancées contre l'obédience. Il dénonce le Modèle:Citation Bidegain, Modèle:Citation et le signale à la vindicte de Modèle:Citation. Loin de nier le fichage réalisé par ses soins, le Grand Orient affirme dans ce manifeste en être fier : Modèle:CitationModèle:Sfn.

La séance du Modèle:Date-

Modèle:Encadré texte

Dessin monochrome de Gabriel Syveton reconduit à la porte de la Salle des Séances par une troupe de militaires.
Expulsion de Gabriel Syveton de l'hémicycle de la Chambre des députés par le lieutenant-colonel Sarrail, commandant de la garde du Palais Bourbon.

La séance parlementaire du Modèle:Date- marque l'apogée de l'affaire des fiches<ref name=":13" />. Guyot de Villeneuve revient à la charge, apportant la preuve matérielle de la responsabilité du général André : un document paraphé par lui faisant explicitement référence aux fiches du Grand OrientModèle:Sfn. Il accuse alors frontalement le ministre de la Guerre d'avoir menti à la Chambre lors de la séance du Modèle:Date-Modèle:Sfn. Les révélations du député font également apparaître que Combes et Waldeck-Rousseau étaient au fait du système des fiches<ref name=":14">Modèle:Harvsp.</ref>. Néanmoins, Guyot de Villeneuve ne parvient pas à faire chuter le gouvernement ; entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-, les radicaux et les socialistes ont battu le rappel des députés soutenant le ministère pour conserver au gouvernement une majorité, avec comme ligne de défense la reconnaissance du système de fichage et sa justification comme rempart contre la réaction au sein de l'armée<ref name=":23" />. Un vote sur l'ordre du jour intervient et montre que le crédit du gouvernement s'érode ; la majorité n'est plus que de 2 voix. Parmi les voix de la majorité figurent celles de six députés-ministres<ref name=":25" /> dont le royaliste Léon-Armand de Baudry d'Asson avait justement tenté de faire interdire la participation au scrutin au début de la séance, lors de l'examen des résolutions en urgence<ref>Modèle:Article.</ref>.

Le général André se défend avec véhémence : Modèle:Citation<ref name=":15">Modèle:Article.</ref>. C'est alors que le député nationaliste Gabriel Syveton, Modèle:Incise, s'avance vers le banc des ministres et, par deux fois, soufflette vigoureusement le ministre de la Guerre. Ce geste déclenche un tumulte généralisé où parlementaires de droite et de gauche en viennent aux mains tandis qu'Henri Brisson suspend précipitamment la séance<ref name=":13">Modèle:Harvsp.</ref>.

Dessin monochrome du pugilat à la Chambre ; le général André, au premier plan, s'appuie sur un autre parlementaire, pendant que Syveton se tient à l'arrière, l'air satisfait, les bras croisés.
Le Modèle:Citation du Modèle:Date-, caricature par L'Assiette au beurre critiquant le geste de Syveton.

Abandonné par plusieurs dizaines de républicains modérés, convaincu de mensonge, le gouvernement Combes est sauvé in extremis par cet incident de séance<ref name=":14" />. En effet, la gifle de Syveton rebat les cartes : la délégation des gauches Modèle:Incise propose un ordre du jour qui ressoude temporairement la majorité républicaine, rassemblant 297 voix contre 221 pour l'opposition et une soixantaine d’abstentions, soit une majorité de 20 voix<ref name=":25">Modèle:Harvsp.</ref>.

Ayant montré que le soutien du cabinet se jouait à 2 voix, la séance du Modèle:Date- ouvre une crise ministérielle dont les enjeux sont élevés : la possible loi de Séparation et le contrôle des élections législatives de 1906<ref name=":25" />.

Troubles en province

La révélation du système des fiches secoue la France traditionnelle et échauffe les esprits contre les Modèle:Citation : des incidents importants et des querelles se produisent dans près de quarante départementsModèle:Sfn. La suspicion est exacerbée dans les garnisons et les délateurs sont recherchés à partir des comptes-rendus des débats à la Chambre et des révélations dans les journaux. Flétrir les Modèle:CitationModèle:Note devient, dans le corps des officiers, une question d'honneur. Des officiers fichés provoquent en duel leurs dénonciateurs, comme à Nancy où un commandant affronte le vénérable de la loge locale. À La Roche-sur-Yon, en Modèle:Date-, le lieutenant-colonel Visdeloup de Bonamour attaque en justice Stéphane Guillemé, maire de la commune, vénérable de la loge et auteur de fiches sur son régimentModèle:Sfn. À Marseille, l'avocat franc-maçon Armand Bédarride est publiquement conspué, de même à Lyon où le professeur Joseph Crescent fait face à une réprobation importanteModèle:Sfn. Mis en cause directement à la Chambre des députés par Guyot de Villeneuve<ref>Modèle:Article</ref>, Joseph Talvas Modèle:Incise se suicide le Modèle:DateModèle:Sfn.

À Poitiers, le préfet Gaston Joliet est Modèle:CitationModèle:Sfn. En effet, Guyot de Villeneuve a donné son nom à la tribune le Modèle:Date- ; le Modèle:Date- plusieurs notes de dénonciation, rédigées par Joliet sur des feuilles à en-tête préfectoral et envoyées au Grand Orient, sont publiées par L'Écho de ParisModèle:Sfn. La fiche sur le commandant de Cadoudal, du [[125e régiment d'infanterie|Modèle:125e régiment d'infanterie]], déclenche la consternation dans le département, attaché à son armée ; elle porte les mentions suivantes : Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, le colonel du Modèle:125e doit user de toute son autorité pour que les officiers du régiment ne molestent pas le préfet à son arrivée en gare de Poitiers. Casseroles percées et inscriptions irrévérencieuses fleurissent dans les rues de la ville. Le Modèle:Date-, à Paris, devant le Théâtre du Vaudeville, Joliet est reconnu et giflé par le journaliste politique André GaucherModèle:Sfn. Au procès de Gaucher, le Modèle:Date-, le commandant Costa de Beauregard reconnaît le commandant Pasquier Modèle:Incise qu'il invective ; les agents de police sont obligés d’intervenir pour empêcher une rixe à la sortie de l'audience. Le Modèle:Date-, Joliet Modèle:Incise est finalement écarté par le gouvernement Rouvier et nommé gouverneur de MayotteModèle:Sfn.

Photo en noir et blanc d'un homme moustachu, de buste.
Charles Debierre en 1907. Il est élu Grand-maître du Grand Orient de France en 1920.

Le Modèle:Date-, devant la faculté de médecine de Lille, le capitaine Avon gifle et frappe de sa canne le [[Charles Debierre|Modèle:Dr Charles Debierre]] Modèle:Incise, qu'il accuse d'avoir rédigé des fiches sur lui et son père, le général en retraite AvonModèle:Sfn. À la suite de cette agression en pleine rue, le capitaine Avon est mis aux arrêts et est condamné en appel, le Modèle:Date-, à cent francs de dommages-intérêts et à la même somme d'amende avec sursis, la Cour d'appel de Douai ayant considéré comme circonstance atténuante Modèle:Citation. Néanmoins, le journal radical Le Réveil du Nord ayant publié qu'Avon fils avait demandé à Debierre d'intervenir en la faveur de sa carrière ainsi qu'en celle de son père, les milieux conservateurs ne prennent pas parti pour les deux militaires, dont ils réprouvent la conduite. Quant aux nationalistes, ils cessent leur offensive dans le Nord dès les premières révélations sur la mort de Syveton, ces dernières les plongeant dans un certain désarroiModèle:Sfn.

Crise ministérielle

Premières oppositions (Modèle:Date- - Modèle:Date-)

Peinture d'un homme barbu et moustachu, assis sur un fauteuil à accoudoirs.
Émile Loubet, Modèle:7e président de la Troisième République.

Depuis 1902, le président de la République Émile Loubet voue au président du Conseil Émile Combes une inimitié tenace. Il désapprouve la politique Modèle:Citation du cabinet Combes, proteste contre le limogeage d'Humbert et discute régulièrement avec le secrétaire général de l'Elysée Abel Combarieu du népotisme institué par Combes : Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, Paul Doumer Modèle:Incise rencontre Loubet pour lui faire part de ses inquiétudes sur l'influence dominatrice des loges maçonniques sur le gouvernement. Soutenu par quelques autres responsables politiques républicains Modèle:Incise, Loubet n'en reste pas moins minoritaire et est impuissant pour modérer ou renvoyer CombesModèle:Sfn. Il songe pendant une période à démissionner, mais la perspective de son remplacement par un affidé de Combes le retient. En Modèle:Date-, l'opposition de Loubet à la loi de Séparation des Églises et de l'État devient également publique, contribuant à affaiblir le soutien de la majorité au gouvernement<ref name=":47">Modèle:Harvsp.</ref>.

Dessin monochrome d'un diable cornu assis sur une vache, leur support commun menaçant de verser dans le vide.
M. Combes en mauvaise posture, caricature du président du Conseil Émile Combes par le Veau d'or. Comme à son habitude, le journal le présente sous traits d'un diable cornu.

En Modèle:Date-, l'assise de Combes se dégrade un peu plus. En effet, pendant son discours d'Auxerre du Modèle:Date-, il prononce une phrase qui va déclencher une polémique : Modèle:Citation. Une vive campagne de presse se déclenche : le Modèle:Date-, Le Temps l'accuse de faire l'apologie de l'Modèle:Citation ; dans Le Matin, Georges Leygues se fait le porte-parole des parlementaires las de l'autoritarisme de Combes : Modèle:Citation ; enfin, la Revue des Deux Mondes publie le Modèle:Date- un pamphlet anonyme intitulé Le Ministère perpétuel, dont l'auteur est le député Charles Benoist, membre de la Fédération républicaine<ref name=":22">Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation bloc Aussi, lorsque le scandale des fiches éclate, la situation du cabinet Combes est déjà précaire<ref name=":22" />.

Dans la tourmente des fiches (Modèle:Date- - Modèle:Date-)

Entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-, le gouvernement Combes tente de reformer sa majorité parlementaire, le Bloc des gauches, tandis que l'affaire des fiches connaît de nouveaux rebondissements au niveau national.

Démission d'André et affaire Mollin

Dessin en couleurs du gouvernement Combes se tenant sur une grande motte de beurre et retenant le général André par la manche pour l'empêcher d'en glisser.
Bon beurre ministériel, caricature de L'Assiette au beurre soulignant la responsabilité de Syveton dans le maintien du général André au ministère.

Le Modèle:Date-, deux jours après la séance houleuse où le général André est giflé, Combes confie à Loubet qu'il envisage de limoger le ministre de la Guerre, dont le crédit est définitivement atteint. Désireux de provoquer la chute du cabinet entier et non la seule démission du ministre, Loubet argumente qu'il est impossible de se séparer d'André au vu de l'injure qui lui est faite et que cela donnerait raison aux nationalistes. En parallèle, Loubet commence à planifier le prochain gouvernement, qu'il entend confier à Delcassé<ref name=":23">Modèle:Harvsp.</ref>. André résiste quelques jours à Combes. Finalement, espérant sauver son gouvernement, Combes force André à démissionner le Modèle:Date-, sans compensation Modèle:InciseModèle:Sfn, et le remplace par Maurice Berteaux, étoile montante du parti radicalModèle:Sfn, franc-maçonModèle:Sfn, et en de bons termes avec le président LoubetModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, Combes tente de rejeter la responsabilité des dérives du système des fiches sur le capitaine Henri Mollin, que le général André a forcé à poser sa démission le Modèle:Date-, et il déclare à la Chambre : Modèle:Citation. Indigné par ce désaveu, le capitaine Mollin retire sa démission, Modèle:Incise et envoie une lettre à Berteaux pour demander à comparaître devant un conseil d'enquête. C'est la panique au ministère de la Guerre : Berteaux, pour ne pas indisposer la gauche, se refuse à engager des poursuites contre Mollin, car il faudrait ensuite enquêter sur tous les officiers suspectés de délation, à commencer par le commandant Pasquier. En conséquence, il refuse de rapporter la démission de Mollin<ref name=":24">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, le général André, dans une lettre, tente à nouveau de faire de Mollin un bouc émissaire, expliquant : Modèle:Citation. Il affirme également qu'il n'était pas informé que la délation se pratiquait entre officiers, pratique qu'il dit réprouver<ref name=":24" />.

Défense des Modèle:Citation

S'appuyant sur la gauche socialiste, Émile Combes se refuse à sacrifier les délateurs. Mais le ministre de l'Instruction publique Joseph Chaumié, sentant le vent tourner et souhaitant se placer dans un prochain gouvernement, lâche du lest en réprimandant GaumantModèle:Note, un professeur du lycée de Gap qui a dénoncé des officiers en dissimulant son écriture ; ce dernier est exilé au lycée de Tournon-sur-Rhône. Le garde des Sceaux suit son exemple et demande sa démission à Charles Bernardin, juge de paix à Pont-à-Mousson et membre du Conseil de l'ordre du Grand Orient. C'en est trop pour le Grand Orient : Adrien Meslier, Fernand Rabier, Alfred Massé et Frédéric Desmons, des parlementaires tous membres du Conseil de l'ordre, interviennent auprès de Combes<ref name=":38"/>.

Le Modèle:Date-, Combes réaffirme sa position en affirmant à la Chambre : Modèle:Citation. D'autorité, il force Vallé à revenir sur les sanctions qu'il avait prononcées contre les magistrats délateurs, Bernardin et Bourgeuil Modèle:Incise, et intime à ses ministres de refuser toute concession à la droite<ref name=":38" />.

Parallèlement à ces pressions sur le gouvernement, le Grand Orient reprend l'offensive : le Modèle:Date-, le Grand-maître Louis Lafferre donne un entretien au journal Le Matin où il affirme que l'obédience dans son ensemble n'était pas informée du fichage et appelle de ses vœux une épuration dirigée contre la droite : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Les délégués de Combes

Quatre dessins polychromes de part et d'autre d'une grande casserole ; ces scènes dépeignent des situations d'espionnages par un délégué de Combes.
Gare aux Modèle:Citation, dessin du Petit Journal s'inquiétant de la généralisation de la délation.

Pour défendre son cabinet, Combes tente de reprendre la main en affirmant le Modèle:Date- que le gouvernement est en droit de se renseigner auprès de délégués dans le pays. Interpellé par le nationaliste Gauthier de Clagny Modèle:Incise, le président du Conseil rétorque : Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, il officialise le système par une circulaire adressée aux préfetsModèle:Sfn :

Modèle:Citation bloc

Le Modèle:Date-, il précise à ses ministres que Modèle:Citation. Georges Grosjean, suivi de plusieurs autres parlementaires, dépose immédiatement une demande d'interpellation au sujet de Modèle:Citation, qui est fixée au Modèle:Date-<ref name=":39">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, Louis Lafferre, que Combes a choisi pour rassurer les troupes du Bloc, prononce un discours à la tribune pour justifier la surveillance politique de l'armée<ref name=":39" />. La thèse de Lafferre est que le gouvernement a le droit de se renseigner sur les fonctionnaires réactionnaires ; il accuse la droite d'entretenir une atmosphère de guerre civile dans le pays<ref name=":40">Modèle:Harvsp.</ref>. Interrompu à de multiples reprises, il finit par lâcher<ref name=":39" /> : Modèle:Citation, déclenchant un tumulte prolongé dans l'hémicycle<ref name=":40" />.

Le Modèle:Date-, au lendemain d'un vote au Sénat sur lequel le gouvernement a obtenu seulement deux voix de majorité, les préfets de Combes sont rappelés de leurs départements pour Modèle:CitationModèle:Sfn. Jean Jaurès met son autorité morale au service de Combes, convaincu lui aussi de la nécessité d'un contrôle politique de l'armée et craignant que sa chute ne disloque définitivement le Bloc des gauchesModèle:Sfn. Attaqué par Alexandre Ribot Modèle:Incise et Alexandre Millerand Modèle:Incise, le président du Conseil parvient à rassembler 296 voix (contre 285) en affirmant que la République est menacée par la manœuvre de la droite, s'offrant un répit bienvenuModèle:Sfn.

Mort de Gabriel Syveton et fiche de Modèle:Mme

Dessin en couleurs représentant des enquêteurs et la femme de Syveton dans leur salon ; un enquêteur est étendu sur le sol pour figurer le mort.
La mort de M. Syveton, première page du supplément illustré du Petit Journal. Le dessin représente la reconstitution du drame à laquelle procèdent les enquêteurs.

À la suite de l'incident du Modèle:Date-, Gabriel Syveton est poursuivi pour ses violences sur le ministre de la Guerre ; ses amis, désireux de faire de son procès une tribune contre le gouvernement, votent avec la majorité des députés en faveur de la levée de son immunité parlementaire<ref name=":37">Modèle:Article.</ref>,Modèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, la veille de son procès devant la Cour d'assises de la Seine, le député nationaliste est retrouvé mort<ref name="Syv" /> Modèle:Incise, la tête dans sa cheminée et recouverte d'un journal, et le tuyau d'un radiateur à gaz dans la bouche. Les nationalistes, François Coppée et André Baron en tête, dénoncent un assassinat. Toutefois, l'enquête conclut au suicide, et Jules Lemaître reconnaît devant le juge d'instruction que Syveton avait dérobé Modèle:Nombre francs à la Ligue de la patrie française dont il était le trésorier, argent restitué par sa veuve<ref name=":37" />. Il semble que Syveton se soit suicidé après qu'on l'a menacé de révéler son détournement et la possible liaison qu'il entretenait avec sa belle-filleModèle:Sfn, thèse des enquêteurs à laquelle se rallient les nationalistes Léon Daudet, Louis Dausset, Boni de Castellane et Maurice Barrès, qui accusent le gouvernement d'être derrière les pressions morales exercées sur Syveton<ref name=":37" />.

Le Modèle:Date-, autre rebondissement : Le Temps révèle que l'entourage du président de la République a été fiché par le commandant Pasquier : dans la fiche concernant le commandant Bouillane de Lacoste, officier d'ordonnance de Loubet, il est écrit : Modèle:Citation. La publication de cette fiche met le gouvernement dans l'embarras. Le Modèle:Date-, Lannes de Montebello en donne la lecture à la Chambre et s'exclame : Modèle:Citation ; le ministre Berteaux, fort gêné, explique que Pasquier a juré n'avoir jamais écrit cette fiche, explication repoussée par Paul DeschanelModèle:Sfn, qui ajoute : Modèle:Citation<ref name=":45" />.

Chute du cabinet Combes

Dessin monochrome dépeignant les membres du cabinet Combes sous la forme de bonhommes de neige en train de fondre sous les premiers feux du Soleil-1905.
Le dégel, caricature du Veau d'or prévoyant que les premiers jours de 1905 seront fatals à Combes et son cabinet.

Guyot de Villeneuve est à l'origine de la manœuvre finale qui va abattre le gouvernement. Puisque Combes refuse formellement de punir les délateurs, le député nationaliste déplace le débat sur le terrain de l'ordre national de la Légion d'honneur : le Modèle:Date-, il s'insurge contre les officiers qui ont dénoncé leurs camarades, dont certains Modèle:Citation. Des plaintes individuelles avaient déjà été adressées au Grand chancelier de la Légion d'honneur, le général Florentin, mais Combes s'était efforcé de couvrir les premiers légionnaires incriminés, dont Paul Ligneul, maire du Mans<ref name=":45">Modèle:Harvsp.</ref>.

Une pétition circule à Paris, coordonnée par le général Février, ancien Grand chancelier de l'Ordre. Le Modèle:Date-, la requête est adressée au général Florentin<ref name=":31">Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation<ref name=":32">Modèle:Harvsp.</ref> ; une plainte est déposée pour faute contre l'honneur<ref name=":31" />. Les Modèle:Nombre signataires, tous titulaires de la Légion d'honneur, comptent dans leurs rangs beaucoup de Modèle:Citation, des personnalités influentes tel Émile Boutmy, mais également de très nombreux militaires. De fait, c'est un document dangereux pour le gouvernement Combes<ref name=":32" />.

Photographie en noir et blanc d'un vieil homme atteint de calvitie, portant moustaches et barbe.
Le général Georges-Auguste Florentin, Grand chancelier de la Légion d'honneur de 1901 à 1918.

En parallèle, le gouvernement manœuvre en coulisses pour circonvenir le général Florentin. Le Modèle:Date-, Combes envoie le Garde des Sceaux Ernest Vallé auprès du Grand chancelier pour s'assurer du classement sans suite des plaintes. Toutefois Florentin résiste, rétorquant Modèle:Citation. Il précise que les plaintes concernant les militaires ne seraient instruites qu'après la décision d'un conseil militaire de discipline Modèle:Incise, celles concernant les fonctionnaires ne seraient examinées qu'après l'avis du ministre Modèle:Incise, mais que toutes les autres seraient déférées au Conseil de l'Ordre. Le lendemain, Combes convoque Florentin et le menace de révocation, mais le général ne se laisse pas intimider et obtient le soutien de Loubet. Aiguillonné par les hiérarques du Grand Orient, Combes se refuse à laisser condamner le moindre délateur. Aussi, il rentre en conflit avec le président de la République. Le Modèle:Date-, la révélation des pressions gouvernementales sur Florentin par Le Temps Modèle:Incise met Combes dans l'embarras<ref name=":32" />.

Le Modèle:Date-, le Conseil de l'ordre de la Légion d'honneur convoque Begnicourt, commandant en retraite, pour qu'il réponde des fiches dont il est l'auteur. Le Modèle:Date-, le Conseil décide à l'unanimité de rayer Begnicourt des cadres de la Légion, décision connue à Paris dès le lendemain. Le gouvernement est Modèle:Citation<ref name=":33">Modèle:Harvsp.</ref>.

Photographie en noir et blanc d'un homme barbu, de pied.
Paul Doumer, photographié par Eugène Pirou en 1905.

Le mandat du président de la Chambre Henri Brisson arrivant à son terme, Paul Doumer pose sa candidature le Modèle:Date-. Ce dernier précise immédiatement que cette démarche est dirigée à l'encontre du cabinet Combes et Modèle:Citation et non pas contre Brisson. Le scrutin se tient le Modèle:Date- ; le vote se faisant à bulletin secret, les pressions dont la présidence du Conseil fait habituellement usage sont inefficaces et des républicains modérés en profitent pour précipiter la chute de Combes : Doumer est élu contre Brisson avec 25 voix de majorité. La réaction est vive à gauche : on qualifie Doumer de Modèle:Citation<ref name=":33" /> et il est exclu du Grand OrientModèle:Sfn.

L'élection de Doumer prouve que Combes a perdu le contrôle de la Chambre<ref name=":33" />. Ce dernier tente son va-tout le Modèle:Date-, prophétisant une crise durable si on le force à quitter le pouvoir : Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, alors que le républicain progressiste Camille Krantz lui demande s'il va laisser condamner Begnicourt, Combes se défausse sur le président de la République : Modèle:Citation. L'agitation de la Chambre est à son comble ; Alexandre Ribot tonne : Modèle:Citation, Combes et Vallé s'empêtrent dans leurs explications<ref name=":34">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, au lendemain de cette séance houleuse, Émile Combes annonce à Loubet la démission de son gouvernement, démission qu'il remet officiellement au conseil des ministres du Modèle:Date-, Loubet ayant dû s'absenter du fait du décès de sa mère<ref name=":34" />.

Formation du cabinet Rouvier

Dessin en couleurs d'un homme portant la barbe et moustaches, inséré dans un médaillon en première page du journal.
Portrait de Maurice Rouvier, publié en première page du Pèlerin, le Modèle:Date-.

Le Président Loubet, pour choisir un successeur à Combes, va subir des pressions importantes de la coalition du Bloc des gauches. Cette dernière veut en effet Modèle:Citation, sans aucun radical dissident ou ancien ministre de Waldeck-Rousseau. Néanmoins beaucoup de républicains se veulent plus pragmatiques et souhaitent sortir du scandale. Ainsi, l'ex-vice-président du Sénat Joseph Magnin déclare à Armand Fallières : Modèle:Citation. Malgré ses préférences marquées pour Delcassé, Loubet cède et nomme le Modèle:Date- Maurice Rouvier à la présidence du ConseilModèle:Sfn.

La politique d'apaisement de Rouvier

Rouvier forme un gouvernement d'où sont exclus les parlementaires qui se sont, ne serait-ce qu'une fois, prononcés contre Combes. Néanmoins il ne persévère pas dans la défense inconditionnelle des délateurs. Sous son impulsion, et bien qu'Henry Bérenger ait menacé dans L'Action (journal combiste) de représailles de la part des radicaux Modèle:Incise, le ministre de la Justice signe le Modèle:Date- un décret rayant des cadres de la Légion d'Honneur le commandant Begnicourt. Le même jour, le Conseil des ministres met en disponibilité le général Peigné Modèle:Incise, qui a été éclaboussé par le scandale des fiches. Toutefois, pour donner des gages à la gauche, les généraux de Nonancourt et d'Amboix de Larbont Modèle:Incise sont eux aussi limogés<ref name=":35" />.

Le Modèle:Date-, lors de sa déclaration ministérielle, Rouvier promet la fin des ingérences de la franc-maçonnerie dans les instances gouvernementales, mais condamne Modèle:Citation ; les sanctions symboliques contre Begnicourt et Peigné sont présentées comme suffisantes, et Rouvier refuse de frapper Modèle:Citation. Il obtient une majorité de 373 voix contre 99, ses soutiens se partageant également entre d'une part radicaux-socialistes, radicaux et républicains membres du Bloc et d'autre part conservateurs, républicains progressistes et radicaux dissidents, originaires de l'opposition à Combes<ref name=":35" />.

Rouvier obtient également de Guyot de Villeneuve qu'il cesse la publication des fiches ; le député nationaliste obtempère en échange de promesses d’abandon des discriminations politiques dans l'armée et de réparations pour les officiers entravés dans leur avancementModèle:Sfn. Pour ce faire, Guyot de Villeneuve dépose une proposition de loi afin d'instituer une commission militaire dans le but d'obtenir des rattrapages de carrière pour les officiers visés par la délation, mais le ministre de la Guerre refuse, promettant seulement d’examiner des cas individuels<ref name=":36">Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, le président du Conseil poursuit sa politique d'apaisement en présentant au Sénat un projet de loi d’amnistie concernant les délits et contraventions en matières d'élections, de grèves, de réunions, de presse, de condamnations en Haute Cour (ce qui concerne le procès pour complot de 1899) et enfin Modèle:Incise de faits de délation. La discussion à la Chambre est houleuse et certains parlementaires font remarquer que cet amalgame est problématique du point de vue juridique car d'une part, les actes de délation encourent des sanctions disciplinaires et non juridiques et, d'autre part, la faute contre l'honneur ne peut être blanchie par une loi. Néanmoins, la loi est votée le Modèle:Date-<ref name=":36" />.

Révélations de Mollin

Dessin monochrome du général André en tenue militaire donnant un coup de pied à un officier.
André sévit, caricature de L'Assiette au beurre qui moque les tentatives du gouvernement pour faire du capitaine Mollin un bouc émissaire.

Malgré les efforts d'apaisement du gouvernement Rouvier, l'affaire des fiches va connaître quelques rebondissements au cours de l'année 1905.

Le premier d'entre eux est la publication par le capitaine Mollin d'une série d'articles dans Le Journal, en Modèle:Date-, pour répondre à la lettre d'André du Modèle:Date-. Ces articles sont rassemblés par Mollin Modèle:Incise en un ouvrage nommé La Vérité sur l'affaire des fiches, publié en mars. Mollin y fait un certain nombre de révélations Modèle:Incise, et ces dernières vont relancer le scandale<ref name=":28">Modèle:Harvsp.</ref>. Il commence par accuser à mots couverts Charles Humbert d'avoir dérobé des documents du cabinet d'André et de les avoir remis à Guyot de Villeneuve (ce qui est exact). Il accuse le général André d'avoir consulté Modèle:Citation, alors que ce dernier a affirmé ne pas avoir eu sous les yeux plus de quarante fiches ; Mollin rappelle l'entrevue qu'André a eu avec Desmons sur l'instauration du système des fiches ; enfin, il met en cause Lemerle qui l'a secondé au service de fichage et qui, lui, n'a pas été sanctionné. Il attaque ensuite le général Percin, qu'il accuse d'être le véritable responsable du système des fiches, d'avoir intrigué contre le ministre et finalement d'avoir, en partant du cabinet en Modèle:Date-, copié les fiches politiques des 300 officiers de la division dont il allait prendre le commandementModèle:Sfn.

Enfin, Mollin révèle que Jean-Baptiste Bidegain a caviardé certains documents en les recopiant, notamment en retirant les mentions favorables présentes sur les fiches de certains officiers présentés comme conservateurs. Ainsi, Henri Le Gros, alors lieutenant-colonel au [[3e régiment d'infanterie (France)|Modèle:3e régiment d'infanterie]], est Modèle:Citation sur la fiche de Bidegain, alors qu'il est présenté comme Modèle:Citation dans la fiche équivalente du Grand Orient. Il semble donc qu'un certain nombre de fiches publiées dans la presse soient donc Modèle:Citation, selon les mots de Mollin. Du fait de la destruction des dossiers du cabinet par le général André, il est néanmoins impossible d'estimer précisément la proportion de fiches expurgées de cette manière<ref name=":19" />.

L'affaire Percin

Photographie en noir et blanc d'un homme moustachu se tenant les bras croisés.
Louis Le Provost de Launay, sénateur des Côtes-du-Nord de 1896 à 1912.

Jusque-là, les nationalistes avaient épargné Percin dans leurs attaques<ref name=":19" />. L'historien François Vindé avance l'hypothèse Modèle:CitationModèle:Sfn. Que cet arrangement ait existé ou pas, la mise en cause de Percin par Mollin agite les milieux nationalistes qui demandent avec insistance sa mise en disponibilité<ref name=":19" />. Même les députés du Bloc des gauches Modèle:Citation<ref name=":28" />. Aussi, le sénateur bonapartiste Louis Le Provost de Launay interpelle-t-il le gouvernement le Modèle:Date- en les termes suivants<ref name=":29">Modèle:Harvsp.</ref> : Modèle:Citation bloc

Le piège tendu par Le Provost de Launay est habile, mais le gouvernement se refuse à prendre des sanctions contre Percin. Maurice Berteaux répond que, dans l'intérêt de l'armée, le scandale doit cesser, tandis que Rouvier affirme avec force : Modèle:Citation. Il semble que le cabinet redoutait Percin et les informations qu'il gardait par devers lui ; le général Peigné, qui avait eu un comportement bien moins répréhensible, n'en avait pas moins été mis en disponibilité<ref name=":29" />.

Photographie monochrome d'un homme assis, de profil, portant une tenue de général et un bicorne.
Le général Paul Peigné, mis en disponibilité à la suite de l'éclatement du scandale des fiches. Il accède au poste de Grand-maître de la Grande Loge de France en 1910<ref name="Peigne" />.

Malgré le refus gouvernemental, l'affaire Percin va continuer à faire parler d'elle. En Modèle:Date-, le général Hagron refuse de serrer la main de Percin et dédaigne la provocation en duel que ce dernier lui adresse. Pour étouffer l'incident, Berteaux inflige une peine disciplinaire à Percin et Hagron Modèle:Incise. En Modèle:Date-, le général Brugère omet de rendre son salut à Percin, qui se plaint au ministre Eugène Étienne. Brugère est condamné pour manquement à la discipline à 15 jours d'arrêt de rigueur<ref name=":29" />.

Derniers remous

En Modèle:Date-, sur les instances répétées de la gauche, Berteaux réintègre le général Peigné dans l'armée, lui confiant la présidence du Comité technique de l'artillerie. L'évènement déclenche la colère des nationalistes ; Guyot de Villeneuve annonce qu'il va reprendre la publication des fiches dans la presse et dépose une demande d'interpellation du gouvernement. Cependant, il se ravise, attirant sur lui les critiques de l'extrême-droite qui l'accuse d'être un Modèle:Citation et de craindre pour sa vie<ref name=":30">Modèle:Harvsp.</ref>. La montée des tensions avec l'Allemagne fait ensuite progressivement tomber l'affaire des fiches dans l'oubli<ref name=":29" />.

Dessin monochrome représentant un homme, en habits ecclésiastiques, actionnant une boîte à musique générant des imprécations à propos des fiches.
Guyot de Villeneuve candidat aux élections de 1906, caricaturé par Hector Moloch qui tourne en dérision sa Modèle:Citation.

En Modèle:Date-, constatant que rien n'a changé et que le système des fiches se poursuit, Guyot de Villeneuve met sa menace à exécution dans les pages du journal L'Éclair. Pendant plusieurs semaines, il poursuit la publication de son dossier, ce qui cause à nouveau des troubles en provinceModèle:Sfn. Ainsi, à Rennes, Mars Abadie, vénérable de la loge La Parfaite union et officier de réserve, est provoqué en duel par le lieutenant-colonel du Châtelet et attaqué en justice par le commandant de RobienModèle:Sfn. Le Grand Orient, afin de protéger les rédacteurs de fiches, lance une manœuvre occulte : il Modèle:Citation. Craignant d'être sali par la publication de ces fiches et persuadés qu'elles sont en possession du député nationaliste, des officiers font pression sur Guyot de Villeneuve pour qu'il cesse ses publications dans L’Éclair ; soucieux de la réputation du corps des officiers, ce dernier accepte de mettre fin à sa campagne de presseModèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref name=":35" />. In fine, la deuxième vague de publication de fiches est un échec ; le député est accusé de Modèle:CitationModèle:Sfn et ne parvient pas à peser sur les élections législatives de 1906, dominées par la question de la séparation de l'Église et de l'État. L'opposition perd une soixantaine de sièges, dont trente pour les nationalistes ; Guyot de Villeneuve échoue à se faire réélire à Neuilly. De fait, la fin de l'affaire des fiches coïncide avec la fin de l'affaire Dreyfus, ce dernier étant réhabilité le Modèle:Date-Modèle:Sfn.

En Modèle:Date-, Mollin reçoit du gouvernement le poste de trésorier-payeur général du Haut-Sénégal et du Moyen-Niger, ses protecteurs francs-maçons Lafferre, Desmons, Delpech et son ex-beau-père Anatole France ayant fait jouer leur influence. Modèle:Citation, ironise La Patrie<ref name=":30" />. Quant au général Percin, il poursuit sa carrière sans être inquiété ; en 1908, il est nommé inspecteur général de l'artillerie<ref name=":29" />.

Suites du scandale

Conséquences sur la franc-maçonnerie

Regain de l'antimaçonnisme

Dessin en couleurs du plateau d'un jeu de l'oie où plusieurs cases figurent des caricatures d'hommes politiques célèbres.
Modèle:Citation, parodie antimaçonnique du jeu de l'oie où figurent notamment les francs-maçons Delpech, Pelletan, Delcassé, Vadecard, Lafferre, Bienvenu-Martin, Réveillaud et Combes.

Le scandale des fiches, dans l'éclatement duquel le militant antimaçonnique Gabriel de Bessonies Modèle:Incise joue un rôle de premier plan en mettant en relation Bidegain et Guyot de Villeneuve, contribue à relancer durablement le concept de complot maçonnique. L'extrême droite, qui s'en fait un étendard depuis l'affaire Dreyfus Modèle:Incise, voire depuis la Révolution française, se trouve confortée dans ses positionsModèle:Sfn.

La révélation du rôle occulte joué par le Grand Orient dans le fichage des officiers détermine la réactivation ou la création de plusieurs associations antimaçonniques, au rang desquelles la Ligue française antimaçonniqueModèle:Sfn d'Émile Driant et Paul Copin-Albancelli, sa section féminine, la Ligue Jeanne d'Arc<ref name=":48">Modèle:Chapitre.</ref>, ou encore l'Association antimaçonnique de FranceModèle:Sfn, dont La Franc-maçonnerie démasquée devient l'organe de presse<ref name=":48" />. En 1912, [[Ernest Jouin|Modèle:Mgr Jouin]] commence la publication de la Revue internationale des sociétés secrètes, dédiée à la dénonciation des complots et des sociétés secrètes, et en particulier la franc-maçonnerieModèle:Sfn. Après l'échec de la fondation d'une fédération antimaçonnique en 1913, à cause des rivalités personnelles et politiques entre les dirigeants des différents mouvements, le courant antimaçonnique décline progressivement<ref name=":48" />, avant de connaître un renouveau durant les années 1930Modèle:Sfn.

En 1905, la romancière nationaliste Gyp publie le livre Journal d'un casserolé où elle met en scène un officier entravé dans sa carrière par la franc-maçonnerieModèle:Sfn.

Réactions au Grand Orient de France

Au début de l'affaire, les loges du Grand Orient connaissent une Modèle:CitationModèle:Sfn ; de rares loges se déclarent sensibles aux arguments de Guyot de VilleneuveModèle:Sfn et un certain nombre réclament la tenue d'un convent extraordinaire début 1905. Cette demande ayant été rejetée par le Conseil de l'ordre, l'obédience resserre progressivement les rangs derrière le Grand-maître Louis LafferreModèle:Sfn. Au convent de Modèle:Date-, il prend la parole pour défendre la nécessité de la surveillance maçonnique : Modèle:Citation. Plusieurs voix s'élèvent alors pour critiquer la gestion de l'affaire par le Grand Orient, dont celle de Weber : Modèle:Citation. Finalement, l'ordre du jour soutenant Lafferre l'emporte à l'unanimité moins trois voix, entérinant le soutien au fichage et à la gestion de l'affaire par la direction du Grand OrientModèle:Sfn.

Parallèlement à cet appel à l'unité, le Grand Orient procède dès début 1905 au soutien financier des francs-maçons dont la situation sociale ou financière a été atteinte par les retombées de l'affaire. Les rédacteurs de fiches subissent des mesures de rétorsion et des listes de franc-maçons sont publiées dans certaines villes, comme à Rennes, ce qui entraîne des boycotts de commerces tenus par des membres de logesModèle:Sfn.

Crise morale du dreyfusisme

Photographie monochrome d'un homme barbu, de profil.
Jean Jaurès, photographié par Nadar.

L'affaire des fiches n'est pas une simple opposition politique bipartisane ; certes, la manœuvre est orchestrée par les nationalistes et le scandale est exploité par la droite pour faire chuter le cabinet Combes, mais elle marque également une rupture au sein de la gauche dreyfusiste. La forte composante morale associée au scandale déclenche en effet la révolte d'anciens dreyfusardsModèle:Sfn. À la Chambre des députés, Henri Brisson quitte le groupe radical-socialiste et déclare : Modèle:CitationModèle:Sfn ; le radical-socialiste Louis-Lucien Klotz met en garde la gauche : Modèle:Citation ; les députés républicains Georges Leygues et Léon Mirman s'insurgent contre les moyens employés par le général AndréModèle:Sfn.

Jean Jaurès, qui s'était illustré dans l'affaire Dreyfus, soutient en revanche le cabinet Combes. Le Modèle:Date-, répondant à Guyot de Villeneuve, il met en doute l'authenticité des documents présentés Modèle:Incise, et prend à témoin le Bloc des gauches : Modèle:Citation, référence au comportement du haut-commandement militaire durant l'Affaire. Lors de la même séance, il recommande à la gauche de placer la politique au-dessus de la morale : Modèle:Citation. Ainsi, par deux fois, le Modèle:Date- et le Modèle:Date-, les interventions de Jaurès Modèle:Incise permettent l'adoption d'ordres du jour qui condamnent le fichage et maintiennent le gouvernementModèle:Sfn.

Photographie monochrome d'un homme assis, de face.
Charles Péguy, photographié par Eugène Pirou.

L'affaire des fiches provoque également des remous importants au sein de la Ligue française pour la défense des droits de l'Homme et du citoyen, organe symbolisant le dreyfusisme : Célestin Bouglé, Charles Rist (tous deux membres du Comité central de la Ligue<ref name=":41">Modèle:Harvsp.</ref>), Louis Comte<ref name=":42">Modèle:Harvsp.</ref> et de nombreux autres ligueurs demandent au Comité central de condamner vigoureusement le procédé de la délation utilisé par le gouvernement<ref name=":41" />. Pour Bouglé et Rist, la Ligue ne peut pas assister à une telle violation des principes qu'elle défend Modèle:Incise sans procéder à une condamnation publique. Bouglé ajoute qu'en prenant position contre les délateurs, la Modèle:Citation<ref name=":41" />. Le Modèle:Date-, le Comité central examine la requête des protestataires et leur oppose une fin de non-recevoir le Modèle:Date-, se ralliant à la position défendue par le président de la Ligue, Francis de Pressensé<ref name=":42" />. Du fait du refus de la Ligue, un nombre important de membres du Comité central démissionnent, comme Joseph Reinach, un de ses fondateurs<ref name=":41" /> Modèle:Incise ou encore l'ancien ministre Pierre-Paul Guieysse<ref name=":42" />.

Le Modèle:Date-, le socialiste Charles Péguy publie un Cahier de la Quinzaine intitulé La délation aux Droits de l'homme. Il y publie les échanges de lettres entre Bouglé, Rist et Pressensé, et attaque la position de ce dernier. À travers Pressensé, c'est Jaurès qui est visé, les deux socialistes Modèle:Incise s'étant graduellement éloignés depuis 1900Modèle:Sfn. Pour Péguy, Modèle:CitationModèle:Sfn. La critique de Péguy est de deux ordres : premièrement, il s'insurge contre la discipline de parti, défendue par Jaurès, et refuse le faux dilemme entre réaction et défense républicaine : Modèle:CitationModèle:Sfn ; deuxièmement, il défend le fait que Modèle:Citation. Plus généralement, Péguy reproche à Jaurès de détourner le socialisme de ses vrais combats et de le corrompre dans le soutien inconditionnel à Combes ; il récuse la soumission de la morale au politique et, d'après le politologue Patrick Charlot, Modèle:CitationModèle:Sfn. Jaurès et Péguy, malgré leurs convergences Modèle:Incise, ne se réconcilieront jamaisModèle:Sfn.

Poursuite du système des fiches

Les renseignements préfectoraux

Dessin monochrome représentant un ballet joué sur scène par les membres du cabinet Rouvier habillés de tutus, tandis que le président Loubet joue le rôle du chef d'orchestre.
Une mesure pour rien, caricature du Veau d'or critiquant le président Émile Loubet pour la formation du gouvernement Rouvier, accusé de permettre la poursuite du système des fiches et le maintien de l'influence maçonnique.

Malgré le scandale provoqué dans le pays, le système des fiches se poursuit encore pendant quelques années ; si le recours direct au Grand Orient est proscrit dès la révélation de Guyot de Villeneuve, le fichage s'appuie à la place sur les préfets. Émile Combes leur demande des informations sur les opinions politiques d'officiers à deux reprises, les 9 et Modèle:Date- Modèle:Incise, habitude poursuivie par le cabinet Rouvier<ref name=":17">Modèle:Harvsp.</ref>. Après que Berteaux et Rouvier avouent publiquement en Modèle:Date- le rôle des préfets dans la collecte de renseignements, le Sénat admet au cours d'un vote Modèle:Incise que le ministre de la Guerre doit fonder l'avancement des officiers Modèle:Citation, ce qui, d'après Guy Thuillier, Modèle:Citation<ref name=":18">Modèle:Harvsp.</ref>.

Photographie monochrome d'un homme moustachu, debout, de face, portant une tenue de général, le képi et l'épée au côté.
Le général Mercier-Milon, directeur de l'Infanterie en 1905.

Ces dispositions sont codifiées le Modèle:Date- dans une circulaire du ministère de la Guerre. Supprimant Modèle:Citation, elle précise que les officiers doivent prendre connaissance des appréciations les concernant et affirme que les renseignements des préfets Modèle:Citation, ce qui est une mesure de protection contre l'arbitraire des informations fournies. Il est par ailleurs réaffirmé que les fiches du Grand Orient ne sont plus utilisées, car elles ont été détruites. La loi du 22 avril 1905 élargit ces garanties à toute la fonction publique : désormais, ses membres peuvent prendre connaissance de leur dossier en cas de sanction disciplinaire ou de retard à l'avancement<ref name=":17" />.

Cette législation visant à mettre un frein au fichage échoue : en effet, la circulaire du Modèle:Date- n'est pas appliquée dans les faits. De plus, ce système n'empêche ni les pressions parlementaires de s'exercer, ni la pratique des recommandations politiques. Le général Armand Mercier-Milon, nommé à la direction de l'Infanterie en Modèle:Date-, démissionne avec fracas en Modèle:Date- en s'insurgeant contre « Modèle:Citation<ref name=":18" />. L'accès au grade de général nécessite notamment des parrains dans la classe politique républicaine Modèle:Incise<ref name=":26">Modèle:Harvsp.</ref>.

Ainsi, le système des fiches se poursuit au moins jusqu'en 1913<ref name=":27" />, les ministres de la Guerre successifs (Maurice Berteaux, Eugène Étienne, le général Picquart et le général Brun) refusant d'y mettre un terme<ref name=":20">Modèle:Harvsp.</ref>, pensant en tirer profit<ref name=":21">Modèle:Harvsp.</ref>. Il semble même que la délation au sein du corps des officiers continue d'être encouragée par le ministère. Néanmoins, il faut mentionner à la décharge de ces pratiques la difficulté de noter professionnellement les officiers en temps de paix, ainsi que la nécessité de contrôler l'accès à certains postes sensibles Modèle:Incise<ref name=":26" />.

Liquidation finale du système

Photographie de face d'un homme portant des lunettes et une moustache.
Alexandre Millerand, ministre de la Guerre de 1912 à 1913.

En Modèle:Date-, Charles Humbert, devenu sénateur de la Meuse, envoie une lettre au général Charles Ebener, chef de cabinet du ministre de la Guerre Jean Brun. Dans cette dernière, il accuse le cabinet d'avoir reconstitué une Modèle:Citation et révèle que les notes politiques établies par les préfets ne sont jamais communiquées aux intéressés. Pour lui, Modèle:Citation<ref name=":20" />. Le Modèle:Date-, c'est au tour de Joseph Reinach de dénoncer le système des fiches à la Chambre ; il remarque Modèle:Citation et sous-entend lui aussi que les notes secrètes ne sont pas communiquées aux officiers<ref name=":18" />.

Acculé par l'intervention de Reinach, le ministre de la Guerre Adolphe Messimy reconnaît le lendemain qu'il est problématique Modèle:Citation. Le Modèle:Date-, il fait parvenir une circulaire aux préfets où il écrit<ref name=":21" /> : Modèle:Citation bloc

La circulaire Messimy semble insuffisante aux yeux des parlementaires opposés au fichage. Parmi eux figure Alexandre Millerand, qui s'était déjà indigné en 1904 Modèle:Incise et devient ministre de la Guerre dans le premier gouvernement Poincaré. Le Modèle:Date-, il rapporte la circulaire de son prédécesseur et déclare : Modèle:Citation<ref name=":21" />. Millerand ordonne la destruction des formules de bulletins de renseignement, et demande, au début de Modèle:Date-, que tous les dossiers politiques du cabinet militaire du ministre soient jetés au feu. Néanmoins, la démission que Millerand doit donner le Modèle:Date- rend incertaine la réalisation de son dessein, son successeur Eugène Étienne étant peut-être revenu au statu quo antérieur<ref name=":27" />. On sait ainsi que des officiers seront fichés en 1913, tel le commandant Dupeuher du [[19e régiment de chasseurs à cheval|Modèle:19e régiment de chasseurs]], décrit le Modèle:Date- comme un Modèle:CitationModèle:Sfn.

Conséquences du système des fiches sur l'armée

Politisation du corps des officiers

La révélation du scandale des fiches provoque des remous durables au sein de l'armée française. Les officiers Modèle:Incise sont durablement choqués par ces avancements partisans, voire scandaleux, et une méfiance importante s'installe à l'égard des délateurs<ref name=":3" />. Le commandement militaire devient largement hostile aux radicaux, responsables du système des fiches, entérinant la contre-performance de ces derniers en matière de contrôle de l'armée. Pour autant, dans l'armée française du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la plupart des officiers acceptent le régime ou s’en accommodent<ref name=":16">Modèle:Harvsp.</ref>, évolution notable par rapport aux années 1870 et 1880Modèle:Sfn.

Le républicanisme, s'il devient majoritaire parmi les officiers, ne doit pas masquer le fait que l'affaire des fiches, par le scandale qu'elle fait rejaillir sur la République, marque la résurgence d'un fort courant conservateur, clérical, antisémite et nationaliste, proche de l'Action française. La désunion provoquée par le système de fichage affaiblit donc l'armée dans une période où les gouvernements exigent d'elle sa participation à l'application de lois de laïcité qui divisent le pays<ref name=":16" /> : en 1903, la seconde expulsion des congrégations, et en 1906, la querelle des Inventaires qui suit la loi de Séparation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Effets sur l'avancement

Photographie en noir et blancs, où les officiers, en uniforme, portant le képi et l'épée, sont disposés sur quatre rangs.
Les officiers du 148e régiment d'infanterie en 1912 ; au premier rang, au centre, le colonel Henri de Cadoudal.

Du fait du système des fiches, des officiers républicains obtiennent un avancement spectaculaire, comme Maurice Sarrail Modèle:Incise qui est propulsé jusqu'à la direction de l'Infanterie du ministère de la Guerre. Néanmoins, par manque d'officiers fermement acquis au régime, le ministère doit aussi pourvoir des postes à responsabilité avec des personnalités connues pour leurs convictions catholiques ou réactionnaires marquées<ref name=":6" /> Modèle:Incise, choix qu'il effectue en fonction des compétences militairesModèle:Note. De fait, les officiers qui voient leurs carrières brisées cumulent souvent notations professionnelles médiocres et fiches défavorables<ref name=":6" />.

Sur les 38 officiers fichés par la loge rennaise La Parfaite UnionModèle:Sfn, Daniel Kerjan en recense six qui ont pâti des informations communiquées au ministère : un commandant s'est vu refuser la Légion d'honneur et n'est jamais passé lieutenant-colonel, un colonel a attendu ses étoiles un certain nombre d'années, deux officiers ont été mis en retraite, un autre a été bloqué en avancement, et le dernier, directeur de l'arsenal de Rennes, a été muté d'office à Montauban six semaines après la rédaction de sa fiche, le poussant à demander sa retraite par anticipationModèle:Sfn.

Il semble que Philippe Pétain Modèle:Incise doit une partie de la lenteur de sa carrière à sa fiche qui dénonce ses idées nationalistes et cléricalesModèle:Sfn, mais cette raison n'explique pas seule son avancement ralenti<ref name=":27">Modèle:Harvsp.</ref>. D'autres officiers catholiques qui se sont illustrés dans la Grande Guerre voient leur avancement entravé, comme le général Édouard de Castelnau Modèle:Incise ou le futur maréchal Ferdinand Foch Modèle:Incise<ref name=":6" />. Le général Louis de Maud'huy est proposé au tableau de lieutenant-colonel en 1902, 1903 et 1904, mais est écarté à trois reprises par le général André. Le général Antoine de Mitry se voit refuser le grade de lieutenant-colonel de 1901 à 1904, bien qu'il soit à chaque fois mis en avant par sa hiérarchie. L'action d'André ayant été continuée par ses successeurs, le général de Cadoudal Modèle:Incise, nommé lieutenant-colonel le Modèle:Date-, est seulement colonel au moment où la Première Guerre mondiale commence. Ainsi, la poursuite du système des fiches se manifeste par treize années de discriminations politiques : un certain nombre d'officiers voient leurs carrières ralenties, et parfois même interrompues par ces pratiques ; d'autres quittent l'armée ou deviennent les clients d'hommes politiques<ref name=":27" />. Pour l'historien Guy Thuillier, le corps des officiers en sort Modèle:Citation<ref name=":26" /> et ces pratiques ont Modèle:Citation<ref name=":27" />.

Limogeages de la Première Guerre mondiale

Photographie monochrome d'un groupe de trois hommes en tenue de général, portant le képi.
Modèle:Citation : Les généraux Joffre, de Castelnau et Pau pendant la Première Guerre mondiale.

Le système des fiches est responsable de promotions indues de généraux, limogés à l'été 1914 par le général Joseph Joffre Modèle:Incise, dans les premiers mois de la Première Guerre mondiale<ref name=":16" />. Toutefois, du fait de la poursuite de l'Modèle:CitationModèle:Note, il est difficile de distinguer la part de responsabilité des fiches du Grand Orient dans ces promotions imméritées et la part imputable à la continuation du fichage par les successeurs d'André. Peu d’officiers qui avaient eu le grade de général sous le ministère André sont encore en [[Officier général (France)|Modèle:1re section]] au début du conflit mondial ; dans la [[Officier général (France)|Modèle:2e section]], environ 80 généraux de division (sur 125) et environ 100 généraux de brigade (sur 270) ont été promus par André. Parmi les défaillances de généraux Modèle:Citation sanctionnées par Joffre dans les premiers mois de la guerre, on compte notamment les généraux francs-maçonsModèle:Sfn Bizard et de Lartigue, limogés après la bataille de la MarneModèle:Sfn, ainsi qu'une quinzaine de divisionnaires promus par André, démis de leurs fonctions<ref name=":27" />.

Si des historiens de la franc-maçonnerie Modèle:Incise remettent en question le phénomène et son impact sur les premières défaites de la Grande GuerreModèle:Note, des spécialistes de l'histoire militaire française comme Xavier Boniface<ref name=":16" />, Pierre RocolleModèle:Sfn et Hervé Coutau-Bégarie<ref>Modèle:Article.</ref> n'émettent en revanche pas de doutes à ce sujetModèle:Note. Pierre Rocolle, qui passe au crible les généraux de la Première Guerre mondiale Modèle:Incise à partir des archives du ministère de la Défense et des archives maçonniques<ref name=":50">Modèle:Article.</ref>, considère notamment que l'épuration due au général André et ses successeurs a été fort dommageable et explique un certain nombre de défaillances de l'armée française en 1914Modèle:Sfn, comme celles dues aux généraux Percin et Sarrail ; pour autant, il souligne que les généraux qui ont déçu ne sont pas tous liés à la franc-maçonnerie, comme il l'illustre avec l'exemple du général Pau<ref name=":50" />.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références nombreuses

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Sources primaires

Documents d'époque

Publications postérieures

Liens externes

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