Conseil représentatif des institutions juives de France
Modèle:Homonymes Modèle:Infobox Organisation2
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (connu également sous l'acronyme CRIF) fédère, au sein d'une seule organisation représentative, différentes tendances politiques, sociales ou religieuses présentes dans la communauté juive de France. Le CRIF fédère plus de soixante associations dont le Fonds social juif unifié et l'Alliance israélite universelle. Au niveau international le CRIF est affilié au Congrès juif mondial.
Son premier nom était Conseil représentatif des israélites de France (d'où le sigle CRIF et non CRIJF), le changement de dénomination témoignant du passage d'un esprit de démarches individuelles à un esprit institutionnel<ref>« Le CRIF, cet inconnu dont on parle beaucoup », conférence de Samuel Ghiles-Meilhac au Centre de recherche français de Jérusalem, mars 2009, vidéo sur le site Akadem, [1]</ref>.
Structure organisée pour représenter la communauté juive auprès des pouvoirs publics, le CRIF est parfois qualifié de lobby<ref>Modèle:Citation in Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Citation in Modèle:Lien web</ref>.
Histoire
Fondation
Le CRIF est né en 1944 et est issu du Comité général de défense juive, créé dans la clandestinité dès Modèle:Date- dans la France occupée. Selon la première charte élaborée, son objectif premier est alors le sauvetage des Juifs réfugiés en France, alors gravement menacés par l'occupation par l'Allemagne nazie. Cette structure rassemble la plupart des divers mouvements activistes juifs athées de l'époque (communistes, bundistes et sionistes), avec la participation du Consistoire central israélite de France, instance religieuse historique officielle du judaïsme français. Ils rédigent une charte commune, qui sera le programme politique juif français pour l’après guerre<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Dès sa forme primitive, il tend à unifier l'ensemble de la communauté juive. Dirigé par Léon Meiss, le premier groupe réunit des personnalités telles que Léo Glaeser, Joseph Fisher, Chil Najman, Nahum Herman, Zvi Levin, Michel Topiol, Joseph Frydman, F. Schrager, Henri Adam, Claude Kelman, Adam Rayski<ref>Voir le discours d'Adam Rayski pour le Modèle:60e du Crif, le 22 mai 2003</ref>.
À l'issue de la guerre, le CRIF se structure et établit ses premières passerelles politiques, notamment avec des organismes tels que le Congrès juif mondial et l’American Jewish Committee.
Évolutions et soutien à la politique israélienne
À ses débuts, le CRIF comprend une grande pluralité de points de vue sur la question palestinienne. Les communistes, initialement très présents au sein de l’organisation, estiment notamment que Modèle:Citation<ref name=":0" />.
D'après le chercheur Thomas Vescovi, le « franco-judaïsme » a laissé place au « franco-sionisme » au cours des années 1970. Cette évolution est symbolisée par la nouvelle charte du CRIF, adoptée en 1977, qui définit l’« appartenance du Juif français au peuple juif en Israël et en diaspora ». Désormais résolument « prosioniste », selon Charles Enderlin, l’organisation Modèle:Citation. Dans les années 1980 pourtant, le président du CRIF Théo Klein se situe dans une ligne plus critique, mais ne remet pas en cause l'orientation générale de l'organisation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Dans les années 1990, le CRIF soutient le processus de paix avec les Palestiniens. Son président, Henri Hajdenberg, rencontre Yasser Arafat en 1999, suscitant l’hostilité de Benyamin Netanyahou, qui refusera de recevoir la délégation du CRIF. Jacques Kupfer, président du Likoud de France, se montre également hostile aux dirigeants du CRIF, qu’il appelle la « petite frange des adorateurs d’Oslo ». L'élection en 2001 de Roger Cukierman à la tête de l'organisation modifie radicalement cette approche<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>.
Entre 2000 et 2005, le CRIF a rappelé que la lutte contre l'antisémitisme est une « lutte nationale ». Roger Cukierman a déclaré sur RTL : « Les Juifs sont les sentinelles de la République et des valeurs de la République. Nous sommes à l'avant-garde. Quand on s'attaque aux Juifs, peu de temps après on s'attaque à la liberté, à la démocratie »<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le président du CRIF s'en est pris à plusieurs partis de gauche, dont le Parti communiste français les accusant sur la Radio France internationale le Modèle:Date- de soutenir le Hamas : Modèle:Citation par leurs participations aux manifestations contre la guerre de Gaza. Marie-George Buffet lui répond deux jours plus tard : Modèle:Citation. Quelques semaines plus tard, la dirigeante du PCF sera ostensiblement non invitée au dîner annuel du CRIF<ref>Modèle:Lien web</ref>. Cela a amené le CRIF à s'en prendre à une partie de la gauche, accusée de collusion avec l'extrême droite comme lors d'un dîner du CRIF, le Modèle:Date-, au cours duquel Roger Cukierman a dénoncé une « alliance brun-vert-rouge » antisémite, provoquant le départ de la salle de Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts.
Henri Hajdenberg, président de 1995 à 2001, explique ce repli par Modèle:Citation. Modèle:Citation. Au moment de la seconde Intifada, des Juifs de France ont pu avoir le sentiment d'être insuffisamment protégés contre les violences antisémites, accusant le gouvernement Lionel Jospin de « laxisme ». Les questions sécuritaires ayant marqué l'élection présidentielle de 2002, les voix des Juifs se sont reportées vers la droite. En 2010, les Verts et le PCF ne figuraient ainsi pas parmi les invités au dîner annuel du CRIF<ref name="Mediapart juin2010" />. Le CRIF a été courtisé par Nicolas Sarkozy avant l'élection présidentielle de 2007 et il est resté un interlocuteur attentionné. Le vice-président du CRIF Meyer Habib assure les relations entre le président français et Benyamin Netanyahou, dont il est l'un des plus influents conseillers<ref>« Meyer Habib, la “French connection” », Marianne, 11-17 avril 2009, p. 50.</ref>.
Le CRIF s'est également élevé contre Raymond Barre qu'il accuse de Modèle:Citation, ce dernier ayant dénoncé un Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.
Le CRIF a pris position en faveur de la barrière de sécurité israélienne édifiée entre Israël et les Territoires palestiniens occupés<ref>source : Communiqué du CRIF du 5 décembre 2006</ref>.
Pour Alain Finkielkraut, Modèle:Citation<ref>L'Arche n°563-564, mars-avril 2005, p. 19-21</ref>.
En 2009, Jean Daniel a dénoncé ce qu'il considère être dans certains cas de la part du CRIF une Modèle:Citation, et Jean-François Kahn (sous son pseudonyme François Darras) écrit que le CRIF Modèle:Citation, rappelant que Modèle:Citation<ref>Marianne, août 2009.</ref>.
En décembre 2009, Meyer Habib a permis l'élection au comité directeur de Gilles-William Goldnadel, avocat de personnalités comme Anne Kling, responsable du parti régionaliste et identitaire Alsace d'abord et de l'essayiste italienne Oriana Fallaci. Modèle:Quoi Pour Mediapart : Modèle:Citation<ref name="Mediapart juin2010">Modèle:Lien web</ref>.
Le Modèle:Date-, Richard Prasquier est réélu face à Meyer Habib par 106 voix contre 61<ref>Modèle:Lien web</ref> et, à l'issue de son mandat, Francis Kalifat est élu pour lui succéder le 29 juin 2016<ref name=comcrif/>.
Pour Michel Warschawski, journaliste et militant d'extrême gauche israélien antisioniste<ref>Modèle:Lien archive, article présentant Michel Warschawski sur le site No Pasaran</ref> se disant pacifiste, cofondateur et président du Centre d'information alternative de Jérusalem, le CRIF par ses positions et son Modèle:Citation, ne doit représenter que 15 à 20 % de ceux qui se sentent juifs en France<ref>Michel Warschawski, Au pied du mur, éditions Syllepse 2011, Modèle:P.8.</ref>.
En décembre 2017, le CRIF soutient l'annonce du président Donald Trump de vouloir implanter à Jérusalem l'ambassade américaine en Israël et demande au président Emmanuel Macron de faire de même alors que ce dernier juge la position américaine Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Sous la présidence de Francis Kalifat, le CRIF soutient, selon Hadrien Mathoux dans Marianne, « avec ferveur » les positions les plus droitières et les plus nationalistes de l'État d'Israël dirigé par Benjamin Netanyahou, dont notamment la désignation de Jérusalem comme capitale d'Israël<ref name="fk">Modèle:Lien web</ref>. Selon Jacques Lewkowicz, président de l'Union des juifs pour la résistance et l'entraide, « On entend parler systématiquement au Crif d’un attachement indéfectible à l’État d’Israël, comme quand le PCF défendait de manière indéfectible l’URSS, sans aucun recul, sans aucune nuance ! »<ref name="fk" />.
Défections
En novembre 2004, le Consistoire central israélite de France s'en est retiré<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En 2009, l'Union des juifs pour la résistance et l'entraide (UJRE), mouvement né dans la Résistance et cofondateur du CRIF, décide de suspendre sa participation au CRIF. Dans une lettre ouverte à Richard Prasquier, président du CRIF, l'UJRE déclare s'inquiéter Modèle:Citation, considère que la direction du CRIF s'en prend au caractère Modèle:Citation en n'invitant plus ni les Verts, ni le PCF au dîner annuel et déclare que le CRIF doit Modèle:Citation<ref>Communiqué de l'UJRE, 20 mars 2009.</ref>.
En mars 2012, c'est l'ancien président du CRIF Théo Klein qui rompt avec celui-ci, reprochant à Richard Prasquier de participer à la campagne contre le journaliste de France Télévisions Charles Enderlin dans l'affaire Mohammed al-Durah, en utilisant le site et la lettre d'information du Conseil pour relayer les propos diffamatoires et condamnés comme tels à plusieurs reprises par la justice française<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Fonctionnement
Le CRIF est composé des organes suivants :
- un Bureau exécutif ;
- un Comité directeur ;
- des commissions spécifiques ;
- une assemblée générale représentant toutes les associations membres ;
- des sections régionales.
Le président du CRIF est élu par l'assemblée générale pour un mandat de trois ans, renouvelable une seule fois.
Présidents
Treize présidents se sont succédé à la tête du CRIF :
- Léon Meiss : 1944-1950 ;
- Vidal Modiano : 1950-1969 ;
- Ady Steg : 1970-1974 ;
- Jean Rosenthal : 1974-1976 ;
- Alain de Rothschild : 1976-1982 ;
- Jean-Paul Elkann : à la suite de la mort d’Alain de Rothschild, il assura l'intérim de la présidence, conformément aux statuts du CRIF ;
- Me Théo Klein : 1983-1989 ;
- Jean Kahn : 1989-1995 ;
- Me Henri Hajdenberg : 1995-2001 ;
- Roger Cukierman : 2001-2007 ;
- Richard Prasquier : 2007-2013 ;
- Roger Cukierman : 2013-2016 ;
- Francis Kalifat : 2016-2022<ref name=comcrif>«Francis Kalifat, nouveau Président du CRIF», Communiqué de presse, CRIF, 29 mai 2016.</ref>.
- Yonathan Arfi : élu le 26 juin 2022 pour une prise de fonction le 26 juillet 2022<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
La France et l'antisémitisme : une question sensible
Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherches au CNRS, affirme que l'antisémitisme sur une longue période avait diminué dans le pays. Cette information a donné lieu à la publication d'un document écrit par le sociologue sous le titre le « retour de l’antisémitisme : discours rituel au dîner annuel du CRIF ». Dans son analyse, le sociologue montre que le pic d’actes antisémites effectivement constaté en janvier 2009 s’explique par une raison conjoncturelle : la guerre de Gaza. Ce phénomène avait déjà été observé lors de la deuxième Intifada en 2000. Selon Mucchielli, il n’y a pas d’augmentation tendancielle de l’antisémitisme en France, 90 % des Français considérant en outre les juifs comme des Français comme les autres. Laurent Mucchielli dénonce en revanche « une incapacité du CRIF à prendre ses distances avec l’État israélien, ce qui est le pendant et l’amplificateur de l’incapacité de nombreux Français maghrébins à distinguer la politique israélienne de la communauté juive en général »<ref>L'intégralité du texte</ref>.
Dans un billet, le directeur de L'Arche, Meïr Waintrater, répond à Laurent Mucchielli que ni les chiffres de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, ni les Modèle:Citation ne reflètent seuls la réalité et que voir les actes antisémites comme une conséquence de la guerre de Gaza n'est pas acceptable car s'il Modèle:Citation<ref>" L'intégralité du texte</ref>.
À partir de 2012 se répandent sur les réseaux sociaux des appels à la Modèle:Citation, Modèle:Citation selon Conspiracy Watch qui relève en 2017 qu'il Modèle:Citation, notamment chez des personnalités telles que François Burgat ou Tariq Ramadan<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Antisémitisme et racisme : cause commune
Le Modèle:Date, le Conseil représentatif des institutions juives de France et le Conseil représentatif des Français d'outre-mer signent un mémorandum commun afin d’unir leurs forces contre le racisme et l’antisémitisme<ref>Le CReFOM et le CRIF ensemble contre les intolérances</ref>. Ce Mémorandum prévoit la création d'une commission paritaire entre les deux organisations afin de définir les actions communes. Le CRIF et le CReFOM souhaitent créer un mémorial commun en Île-de-France à la mémoire des victimes de la Shoah et de l'esclavage<ref>Bientôt un mémorial de la Shoah et de l'esclavage</ref>.
Controverses et polémiques
L'Union juive française pour la paix qualifie le CRIF de « lobby pro-israélien » faisant pression pour censurer<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref> toute critique et accusation de violation des droits de l’homme d’Israël<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le président du CRIF, Roger Cukierman, a été critiqué par le CFCM après avoir déclaré : Modèle:Citation et avoir parlé Modèle:Citation. Il qualifie également Marine Le Pen « d'irréprochable juridiquement parce qu’elle n’a jamais été condamnée »<ref>Modèle:Article</ref>. Ses propos ont été critiqués par SOS racisme<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Lors d'une marche blanche organisée le 28 mars 2018 à la suite du meurtre d'une femme juive, Mireille Knoll, le président du CRIF Francis Kalifat a créé une polémique en refusant la venue de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon à cette manifestation de solidarité car il estime que les antisémites sont « surreprésentés » à l’extrême gauche et à l’extrême droite<ref name=LM/>. De nombreuses personnalités politiques de tous bords ont critiqué ces décisions, notamment celle concernant Jean-Luc Mélenchon, certains déclarant que le CRIF ne représente pas les Juifs de France. La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, ainsi que le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, ont indiqué ne pas partager la position du CRIF. Le fils de Mireille Knoll, Daniel Knoll, a pour sa part déclaré qu'il n'était Modèle:Citation et que Modèle:Citation à la marche blanche, ajoutant : Modèle:Citation<ref name=LM>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Selon StreetPress, la Ligue de défense juive, menée par son chef de file Eliahou, un proche à la fois du CRIF et de l'extrême-droite, a volontairement provoqué des violences dans cette marche blanche d'hommage à Mireille Knoll, obligeant Jean-Luc Mélenchon à être exfiltré de la manifestation<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Les huées qui ont accueilli Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon et ces violences ont été condamnées par Francis Kalifat qui parle de la Modèle:Citation Ligue de défense juive mais qui justifie avoir déclaré qu'ils n'étaient pas les bienvenus en rappelant que la première préside Modèle:Citation et que le second avait félicité les manifestants pro-palestiniens de juillet 2014 quand Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le 15 mai 2018, et au lendemain de la Marche du retour de 2018 qui s'est déroulée dans un contexte tendu, le CRIF publie une citation attribuée à Golda Meir<ref>Modèle:Article</ref>, où cette dernière aurait affirmé : « Nous pouvons pardonner aux Arabes de tuer nos enfants mais nous ne pouvons pas leur pardonner de nous forcer à tuer leurs enfants. La paix s'installera le jour où les Arabes aimeront leurs enfants plus qu'ils nous haïssent ». Le tweet suscite la controverse, notamment puisque l'attribution à Golda Meir n'est pas attestée<ref>Modèle:Article</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Le CRIF. Un lobby au cœur de la République, d'Anne Kling, Éditions Mithra, 2010.
- Le CRIF. De la Résistance juive à la tentation du lobby. De 1943 à nos jours, de Samuel Ghiles-Meilhac, Éditions Robert Laffont, 2011.
Liens externes
- « Le Crif, vrai lobby et faux pouvoir » par Esther Benbassa pour Libération, 17 février 2010
- Présentation de Modèle:Lien brisé et critique par Nicolas Weill
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Site du Congrès juif mondial