Lucien Rebatet

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Lucien Rebatet, né le Modèle:Date de naissance à Moras-en-Valloire, où il est mort le Modèle:Date de décès, est un écrivain, journaliste et critique musical et cinématographique français. Ayant débuté à l'Action française, il rejoint en 1932 l'hebdomadaire Je suis partout, qui se réclame du fascisme et qui devient à partir de 1941 le principal journal collaborationniste et antisémite français sous l'Occupation. En 1942, il publie Les Décombres, féroce pamphlet antisémite.

Condamné à mort à la Libération, puis gracié, il reste en prison jusqu'en 1952 en compagnie de Pierre-Antoine Cousteau<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il abandonne alors la polémique, se consacrant à la critique cinématographique et à sa carrière d'écrivain en publiant son œuvre majeure, Les Deux Étendards, en 1951.

Biographie

1929-1940 : naissance d'une vocation fasciste

Lucien Rebatet naît le Modèle:Date- à Moras-en-Valloire, village du nord de la Drôme<ref name="Ifri2001">Modèle:Ouvrage.</ref>. Fils de Pierre Rebatet, notaire du village<ref name="Ifri2001"/>, et de Jeanne Tampucci (petite-fille du poète Hippolyte Tampucci), il fréquente le collège mariste Sainte-Marie de Saint-Chamond (Loire). Après avoir abandonné des études de droit à l'Université de Lyon, puis de lettres à la Sorbonne, il se résigne à accepter en Modèle:Date- un emploi subalterne dans une compagnie d'assurance (qu'il qualifiera plus tard de Modèle:"). Il entre en Modèle:Date Modèle:Incise comme critique musical au journal nationaliste et monarchiste L'Action française, où il écrit sous le pseudonyme de François Vinteuil, puis sous celui de François Vinneuil. Le Modèle:Date, il devient journaliste à Je suis partout, où son style et ses convictions vont s'affirmer. Il épouse Véronique Popovici, le Modèle:Date, à Galatz, en Roumanie.

Il signe des articles comme « Le Cinéma par ceux qui le font », « Les Étrangers en France : l'invasion » ou encore « Les Émigrés politiques en France ». Il accueille avec enthousiasme la parution du pamphlet ouvertement antisémite de Céline Bagatelles pour un massacre. Rebatet se révèle en effet un antisémite virulent. Outre les juifs, il attaque le communisme, la démocratie, l'Église et, après des enquêtes en Allemagne et en Italie, se proclame fasciste.

1940-1944 : l'apologie de la Collaboration

En Modèle:Date, Lucien Rebatet est mobilisé et affecté au Cinquième bureau, chargé du contre-espionnage, il y a notamment sous ses ordres le lieutenant Pierre Lazareff<ref>Yves Courrière, Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité. Gallimard, Modèle:Coll, 1995, p. 327 : Modèle:Citation bloc</ref>. Il est démobilisé le Modèle:Date et rejoint Vichy, où il travaille à la radio. Scandalisé par ce qu'il appelle Modèle:" il regagne Paris le Modèle:Date-. Après un passage au journal Le Cri du peuple de Jacques Doriot, il revient à Je suis partout. Il signe « Les tribus du cinéma et du théâtre » et « Le bolchévisme contre la civilisation ». Il collabore au journal L'Union française.

Dans l'hebdomadaire Je suis partout, il publie en 1941 plusieurs reportages, l'un consacré aux Juifs de Marseille, l'autre aux Juifs de la Côte d'Azur et un dernier sur les Juifs de Lyon<ref name=klein8>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En 1942, il publie Les Décombres, où il désigne les juifs, les politiques et les militaires comme responsables de la débâcle de 1940, sans pour autant épargner les autorités de Vichy. Il y explique que la seule issue pour la France est de s'engager à fond dans la collaboration avec l'Allemagne nazie. Ce pamphlet est tiré à quelque Modèle:Nb exemplaires sous l'Occupation. Le livre est désigné comme « livre de l'année » par Radio Paris et souvent qualifié de « best-seller de l'Occupation »<ref name="Bouquins">Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Comme tous les collaborationnistes désireux que la France entre en guerre aux côtés de l'Allemagne, il se déchaîne notamment contre Maurras, qui répliqua en évoquant Modèle:" Rebatet dédicace à Marcel Déat un exemplaire de son ouvrage et écrit Modèle:", c'est-à-dire Modèle:"<ref>Stéphane Giocanti, Charles Maurras : le chaos et l'ordre, Paris, Flammarion, 2006, p. 387.</ref>.

Certains de ses adversaires les plus résolus reconnaissent à Rebatet la qualité littéraire de ses écrits, malgré leur virulence fasciste, antisémite et anticommuniste<ref name="Bouquins"/>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Rebatet voit en la Waffen-SS Modèle:"

Après le débarquement, il annonce dans un article du 30 juin 1944 avoir adhéré à la milice française, avant d’en donner sa démission à la suite d'un désaccord avec son état-major<ref>Modèle:Article.</ref>. Avant sa fuite en Allemagne, Rebatet signe dans Je suis partout un article où il réaffirme son admiration pour Hitler, qui a, selon lui, Modèle:"<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ; le dit article sera cause de l'interdiction du numéro par la censure allemande<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Dans le dernier numéro daté du Modèle:Date-, il publie une entrevue avec Marcel Déat titrée Modèle:" Il se retrouve à l'automne en compagnie d'autres collaborateurs et exilés, notamment Louis-Ferdinand Céline, à Sigmaringen (où d'anciens membres du gouvernement de Vichy créent un gouvernement en exil qui tient jusqu'en Modèle:Date-).

1945-1972 : littérature et retour au journalisme

À la suite d'un mandat d'arrêt lancé par le juge Zoussmann, chargé de l'instruction, Lucien Rebatet est arrêté à Feldkirch (Haut-Rhin) le Modèle:Date et jugé le Modèle:Date en même temps que deux collaborateurs de Je suis partout, Claude Jeantet et Pierre-Antoine Cousteau : Modèle:" Rebatet et Cousteau sont condamnés à mort, Jeantet aux travaux forcés. Tous trois sont frappés d'indignité nationale. La société Je suis partout est dissoute et ses biens sont confisqués.

Sur le mur de sa cellule, Rebatet grave cette citation tirée du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir : Modèle:" Grâce à une pétition d'écrivains comprenant notamment les noms de Camus, Mauriac, Paulhan, Martin du Gard, Bernanos, Aymé ou encore Anouilh, le nouveau président de la République Vincent Auriol le gracie le Modèle:Date, et sa condamnation à mort, ainsi que celle de Pierre-Antoine Cousteau, sont commuées en peine de travaux forcés à perpétuité, après cent quarante et un jours de chaînes. Détenu à la prison de Clairvaux, il cosigne en 1950 avec Cousteau Dialogue de vaincus, où il relate, dans un dialogue avec son codétenu qui prend la forme d'une confession, le sens de leurs engagements, leurs désillusions et leurs visions de l'avenir<ref>Dialogue de vaincus, Paris, Berg International Éditeurs.</ref>.

Il achève en prison un roman commencé à Sigmaringen, Les Deux Étendards, qui est publié par Gallimard en 1951 grâce au soutien de Paulhan. Cette œuvre est considérée comme un chef-d'œuvre par plusieurs critiques, dont Antoine Blondin, Camus et George Steiner<ref>Cf. par exemple George Steiner, cité sur le blog de Pierre Assouline, La République des livres (« Éblouissant Steiner », 3 juin 2005) : Modèle:Citation bloc
Ou Blondin dans Ma vie entre des lignes, p. 103.</ref>. François Mitterrand aurait dit à ce sujet : Modèle:" Le roman ne remporte cependant aucun succès commercial, le passé politique de l'auteur, par ailleurs toujours emprisonné lors de la parution de son livre, empêchant la reconnaissance de son talent littéraire<ref name="PréfaceOry">Préface de Pascal Ory pour l'ouvrage Le Dossier Rebatet, Paris, Robert Laffont, Modèle:Coll, 2015.</ref>.

Libéré le Modèle:Date et d'abord assigné à résidence, Lucien Rebatet revient à Paris en 1954. Un second roman, Les Épis mûrs, est plutôt bien accueilli. Le roman suivant, Margot l'enragée, est refusé par Gallimard contre l'avis de Jean Paulhan : Rebatet s'en montre lui-même peu satisfait et ne cherche pas à le faire publier chez un autre éditeur<ref name="PréfaceOry"/>.

Il reprend par ailleurs son activité de journaliste, travaillant pour Rivarol à partir de 1958. Lors de la présidentielle de 1965, opposé à la candidature de Charles de Gaulle, Rebatet soutient au premier tour Jean-Louis Tixier-Vignancour, puis, au second, François Mitterrand. Ce choix, paradoxal en apparence, est d'abord dû à un anti-gaullisme demeuré intact, mais aussi à sa fidélité à l'idéal européen. Rebatet est désormais prêt à transiger avec la démocratie, seule capable selon lui d'unifier l'Europe après la défaite du fascisme.

Jusqu'au bout, il restera fidèle au fascisme, bien qu'il soutienne de moins en moins l'antisémitisme, en raison de la législation en vigueur (le décret-loi Marchandeau du Modèle:Date, introduisant dans la pénalisation des crimes la provocation à la haine raciale comme circonstance aggravante, avait été rétabli en 1944), mais aussi par une modification de son regard sur les juifs : s'il ne renie rien de ses attaques antisémites d'avant 1945, il ne peut s'empêcher de porter un regard empreint de sympathie pour la nouvelle nation israélienne, en guerre contre les Arabes. En 1967, il soutient la guerre israélienne contre les États arabes : Modèle:" En 1969, il affirme Modèle:"

En Modèle:Date-, il est l'invité de Jacques Chancel pour son émission Radioscopie. À la question Modèle:", il répond : Modèle:" Et à la question Modèle:", il répond : Modèle:". Plus tard dans l'entretien, après que Jacques Chancel remarque qu'il parle de beaucoup de musiciens juifs dans son Histoire de la musique, paru peu de temps avant l'interview, l'écrivain explique trouver cela normal et parle de son amour pour Mahler et Schoenberg : Modèle:" ; il dit aussi avoir écrit plusieurs fois, y compris avant la guerre, qu'il trouvait Modèle:".

Il meurt le Modèle:Date- à Moras-en-Valloire, où il était né<ref>Voir sur lemonde.fr du Modèle:Date-.</ref>.

Critique d'art

Critique musical

Rebatet ne parvient plus à se plier à la discipline d'écriture qui lui avait permis, durant son emprisonnement, de terminer Les Deux Étendards. Il se lance dans la rédaction d'un nouveau roman intitulé La Lutte finale mais, après en avoir écrit environ 1 500 pages, échoue à le terminer. Il abandonne définitivement ce livre pour se consacrer à la rédaction d'Une histoire de la musique, publiée en 1969<ref name="PréfaceOry"/>. Cet essai de Rebatet est régulièrement cité en référence<ref>« Retour de Rebatet en rayon », blog de Pierre Assouline, 28 mai 2007.</ref>, bien que les jugements portés tant sur les compositeurs que sur leurs œuvres soient souvent empreints de la subjectivité de leur auteur et très tributaires des préjugés esthétiques en cours à l'époque : dithyrambes réservés à quelques « grands » – souvent germaniques – (Bach, Mozart, Beethoven, Berlioz, Wagner, Richard Strauss, Debussy), et relatif mépris pour Maurice Ravel et certains Scandinaves et Slaves comme Sibelius, Grieg, Dvořák, Tchaïkovski, ainsi que pour une certaine tradition lyrique française (Auber, Gounod, Thomas, Reyer, Massenet, Saint-Saëns, Bruneau, Charpentier). Sans surprise, Rebatet a des jugements tranchés sur Mendelssohn, Meyerbeer, George Gershwin, Halévy, dont le chef-d'œuvre La Juive est qualifié Modèle:Citation. Il fait toutefois preuve d'audace dans des choix modernes sur Boulez ou Xenakis<ref>Philippe d'Hugues, Lucien Rebatet, La Nouvelle Revue d'histoire n° 83 de mars-avril 2016, Modèle:P..</ref>.

Sur Rachmaninov, il écrit :

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Lucien Rebatet n'a guère été clairvoyant quant à la remise à l'honneur de la musique ancienne, écrivant par exemple, en ce qui concerne la tragédie lyrique, forme née en France au XVIIe siècle :

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Critique de cinéma et de peinture

Lucien Rebatet est également critique de cinéma et d'art, notamment de peinture<ref>Sur son activité de critique de cinéma sous l'Occupation, on lira la préface de François Truffaut au livre d'André Bazin, Le Cinéma de l'Occupation et de la Résistance (10/18, 1975), et les préface (« Lucien Rebatet alias François Vinneuil », par Philippe d'Hugues) et postface (« Situation de François Vinneuil, chaînon manquant de la critique de cinéma en France », par Pascal Manuel Heu), au recueil d'articles publiés par Lucien Rebatet dans Je suis partout, Quatre ans de cinéma (1940-1944) (Pardès, 2009).</ref>. Sous l'Occupation, il écrit des chroniques cinématographiques dans Je suis partout et fréquente les cinéastes en vue (Becker, Carné, Grémillon).

Il faut lui rendre cet hommage d'avoir été dans les premiers à déceler le talent de nouveaux venus comme Becker.

Après 1953, il tient une chronique cinématographique dans Dimanche Matin, puis Le Spectacle du monde et Valeurs actuelles<ref>Pascal Ifri, « Les Deux Étendards de Lucien Rebatet : dossier d'un chef-d'œuvre maudit », page 27, Éditions l'Âge d'Homme, 2001.</ref>.

Il publie une grande partie de ces chroniques sous le pseudonyme de François Vinneuil, choisi en référence au personnage de Marcel Proust, M. Vinteuil, professeur et compositeur de musique dans La Recherche<ref>Voir sur telerama.fr.</ref>. Il utilise aussi les noms de Jean Limousin et Jean Capel.

Œuvres

  • Le Diable à l’Hôtel Matignon, Éditions littéraires de France, Paris s.d. [ca. 1938], 32 p.
  • Le Bolchevisme contre la civilisation, Nouvelles Études françaises, Paris s.d. [1941], 47 p.
  • Les Tribus du cinéma et du théâtre, Modèle:Coll, 4, Nouvelles Editions françaises, Paris 1941, 125 p.
  • Les Décombres, Denoël, Paris 1942, 664 p.
  • Les Deux Étendards, 2 vol., Modèle:Coll, Gallimard, Paris 1951, 499 et 523 p. [roman]
  • Les Épis mûrs, Gallimard, Paris 1954, 295 p. [roman]
  • À Jean Paulhan, Modèle:Coll, 172, Dynamo-Pierre Aelberts, Liège 1968, 9 p.
  • Une histoire de la musique, des origines à nos jours, Robert Laffont et Raymond Bourgine, Paris 1969, 668 p.
  • Marcel Aymé, Modèle:Coll, 184, Dynamo-Pierre Aelberts, Liège 1969, 11 p., ill.

Posthumes

  • Les Mémoires d’un fasciste, 2 vol., 1 : Les Décombres, 1938-1940, 2 : 1941-1947, Jean-Jacques Pauvert, Paris 1976, 610 et 267 p.
  • Modèle:Date-, armistice, Éditions nationales, Liège 1982, 29 p.
  • Céline soi-même, Modèle:Coll, 4, Van Bagaden, s.l. [Bruxelles] 1987, 12 p.
  • Lettre à Jean-André Faucher au sujet de l'« affaire Céline », Modèle:Coll, 18, Van Bagaden, s.l. [Bruxelles] 1990, 8 p.
  • Dialogue de vaincus. Prison de Clairvaux, janvier-Modèle:Date-, Modèle:Coll, Berg international, Paris 1999, 288 p. [en collab. avec Pierre-Antoine Cousteau]
  • Les Juifs et l’antisémitisme, Éditions du Bon Temps, Paris 1999, 222 p. [reprise d'articles parus dans les numéros spéciaux de Je suis partout du Modèle:Date- et du Modèle:Date-, avec des textes d’Alain Laubreaux et Charles Lesca]
  • Fidélité au national-socialisme et autres articles, 1935-1944, Éditions du Silex, s.l. 2002, 221 p. [reprise de 24 textes et articles parus dans Je suis partout et Devenir entre Modèle:Date- et Modèle:Date-]
  • Quatre ans de cinéma (1940-1944) Grez-sur-Loing, Pardès, 2010, 406 p. [reprise de textes parus dans Je suis partout]
  • Journal d'un fasciste, 3 vol., 1 : 1952-1958, 2 : 1959-1962, 3 : 1963-1972, Éditions de l'Homme libre, 2020, 384, 416 et 528 p.

Correspondance

Traduction

Notes et références

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Annexes

Bibliographie

Liens externes

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