Suétone

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Modèle:Infobox Écrivain Suétone (en latin Caius Suetonius Tranquillus) est un haut fonctionnaire romain, membre de l'ordre équestre, auteur de nombreux ouvrages dont la Vie des douze Césars qui rassemble les biographies de Jules César à Domitien. Il a vécu à la fin du Modèle:S mini et au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

Biographie

Nous savons très peu de choses de la vie de Suétone. Les indications sur lui et sa famille dans la tradition littéraire provenaient de cinq allusions dans ses ouvragesModèle:Sfn, six Lettres de Pline le JeuneModèle:Sfn, une mention du pseudo-Spartien dans la Vie d'Hadrien<ref name=HA>Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, XI, 3</ref>, une phrase de Jean le LydienModèle:Sfn. À cela, il faut ajouter une inscription trouvée à Bône, aujourd'hui Annaba, l'antique Hippone (Hippo Regius), découverte en 1950, dans le forum d'Hippone, c'est une dédicace retranscrivant ses principales charges mais l'inscription est mutilée et fragmentaire<ref name=AE1953>Modèle:AE</ref>,<ref>E. Marec et H.-G. Pflaum, « Nouvelle inscription sur la carrière de Suétone l'historien », C.R.A.I. 1952, Modèle:P. et suiv. Consultable sur Persée ; F. Grosso, « L'epigrafe di Ippona e la vita di Svetonio », Rend. Acc. Lincei, 1959, Modèle:P. ; G. B. Townend, « The Hippo Inscription and the Career of Suetonius », Historia, 1961, Modèle:P..</ref>,Modèle:Sfn.

Suétone naît probablement, mais sans certitudeModèle:Sfn, à Rome vers 69-70 {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}Modèle:Sfn, d'une famille appartenant à l'ordre équestre. Son père, Suetonius Laetus, était tribun angusticlave de la treizième légion et combattit dans l'armée d'Othon à la bataille de Bedriacum en 69 {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}, où Vitellius triompha<ref>Suétone, Vie des douze Césars, Vie d'Othon, 10.[1]</ref>.

Une des lettres de son ami et protecteur Pline le Jeune nous présente Suétone, alors âgé d'environ 28 ans, comme scholastichus, soit homme d'étudeModèle:Sfn. Une lettre en 97 indique que Suétone devait être avocat mais sa carrière devait être brèveModèle:Sfn ; une autre, écrite vers 101, nous montre Suétone briguant pour un ami un poste de tribun militaire dans l'état-major de Lucius Neratius Priscus qu'il a lui-même exercéModèle:Sfn,<ref>Pline le Jeune, livre III, 8.</ref>, condition nécessaire pour pouvoir prétendre à la carrière équestre. Il semble cependant que Suétone réussit à se faire dispenser du service militaire. Il commença à publier des œuvres en 105-106Modèle:Sfn. Par ailleurs, son ami Pline le Jeune lui fit obtenir de l'empereur Trajan en 112 le privilège accordé aux pères de trois enfants, bien qu'il n'en eût aucun<ref>Pline le Jeune, livre X, 95 et 96 [2]</ref>.

À la mort de Pline le Jeune, en 113, Suétone s'attache à un nouveau protecteur, Caius Septicius Clarus, qui lui obtient sous Hadrien l'importante fonction de secrétaire ab epistulis latinis<ref name=AE1953/> (c'est-à-dire responsable de la correspondance de l'empereur en langue latine). Cette charge permit notamment à Suétone d'avoir accès aux archives impériales. Il rédige alors son premier livre, le De viris illustribus (paru vers 113). Entre 119 et 122 paraît la Vie des douze Césars, point culminant de sa carrière.

L'inscription d'Hippone montre que Suétone, avant de devenir ab epistulis, avait occupé deux autres procuratèles ducénaires (c'est-à-dire gratifiées d'un salaire annuel de 200 000 sesterces) dans l'administration centrale de l'empire : il avait été a studiis (responsable des archives et de la documentation) et a bibliothecis (responsable des bibliothèques de Rome)<ref name=AE1953/>. Il fut également pontife de VulcainModèle:Sfn.

Un passage du pseudo-Spartien nous apprend que Suétone, malgré les relations amicales qu'il avait toujours entretenues avec Hadrien, subit en 121-122 une disgrâce brutale et définitive en même temps que son protecteur le préfet du prétoire Caius Septicius Clarus. Selon Spartien, cette disgrâce serait due à un manquement à l'étiquette de la cour vis-à-vis de l'impératrice Sabine<ref name=HA/>. Toujours est-il que nous ne savons plus rien de Suétone après cette date ; sans doute a-t-il vécu dès lors dans la retraite, en se consacrant tout entier à ses travaux de grammaire, de littérature et d'histoire. C'est dans cette retraite que le poète José-Maria de Heredia, dans le sonnet des Trophées intitulé Tranquillus, montre Suétone méditant sur Néron, Claude, Caligula, et décrivant « les noirs loisirs du vieillard de Caprée ». Il meurt après 122, sans que l'on sache l'annéeModèle:Sfn, vraisemblablement autour de 130, mais peut-être jusqu'à 160.

Œuvre

Suétone fut un auteur très fécond, si l'on en croit la longue liste d'ouvrages que la Souda et certains auteurs lui attribuent. C'était un érudit qui a écrit sur les sujets les plus divers, un polygraphe animé d'une incroyable curiosité, qui possédait un savoir encyclopédique à la manière de Varron. Mais la grande majorité de l'œuvre est perdue.

Œuvres conservées

Des hommes illustres (De viris illustribus)

Le titre n'est pas connu avec certitude d'où également les intitulés alternatifs de Virorum illustrium libri et Virorum illustrium liberModèle:Sfn. Cet ouvrage est consacré aux gloires de la littérature latine. Il fut publié avec Les Douze Césars car la documentation est plus précise pour les biographies impérialesModèle:Sfn. Il est divisé en cinq parties :

  • Les poètes depuis Livius Andronicus ;
  • Les orateurs depuis Cicéron ;
  • Les historiens depuis Salluste ;
  • Les philosophes ;
  • Sur les grammairiens et les rhéteurs (De grammaticis et rhetoribus).

Parmi les poètes, on n'a conservé que des éléments des Vies de Térence, de Virgile, d'Horace et de Lucain, transcrites sur certains manuscrits des œuvres de ces auteurs. Les Vies de Tibulle et de Perse sont peut-être également de sa main.

Seule nous est restée la majeure partie de la dernière division sur les grammairiens et les rhéteurs, dont la fin a été perdue. L'introduction est un rappel historique sur Cratès de Mallos, ambassadeur de Pergame en 168 Modèle:Av JC, qui donna les premières conférences sur la matière durant son séjour à Rome. Suivent les notices biographiques d'Aelius Stilo, de son gendre Servius Clodius et de 19 autres grammairiens, jusqu'à Valérius Probus, contemporain de Néron. Suétone donne des renseignements biographiques sur ces professeurs, mais il est muet sur leurs théories et leurs enseignements grammaticaux proprement dits<ref>Modèle:Harvsp</ref>. L'ouvrage peut être reconstitué à travers la traduction de la Chronique d'Eusèbe par Saint-Jérôme qui utilise Suétone comme sourceModèle:Sfn.

La Vie des douze Césars (De vita duodecim Caesarum libri)

Modèle:Article détaillé

En tant que secrétaire d'Hadrien, Suétone avait accès aux archives impériales, ce qui lui permettait de consulter les sources contemporaines telles que les procès-verbaux des séances du Sénat, les senatus-consultes, des lettres et des testaments d'empereurs. La part des archives dans l'œuvre de Suétone est néanmoins discutée, et jugée moins importante par Andrew Wallace-Hadrill et par Luc de Coninck<ref>Luc de Coninck, Suetonius en de archivalia, Bruxelles, 1983</ref>. Cependant, Suétone porte peu d'intérêt à l'histoire et à l'administration de l'Empire ; il ne s'intéresse qu'aux actes et à la personnalité des premiers Césars, et plus particulièrement à leurs vices et à leurs travers, ce qui a valu à Suétone, selon le jugement d'Alexis Pierron, la réputation de colporteur d'histoires d'antichambre, de rumeurs dont l'authenticité est souvent douteuse. Selon une formule fameuse d'Alexis Pierron, Suétone avait écouté aux portes et souvent mal entendu ce que l'on disait<ref>Alexis Pierron, Histoire de la littérature romaine, 1852, chapitre XL</ref>. Néanmoins, sa Vie des douze Césars présente un grand intérêt pour l'historien de l'Antiquité, car elle nous donne sur le premier siècle de l'empire des renseignements précieux, qui ne se rencontrent point ailleurs.

Œuvres perdues

Ces ouvrages ne sont connus que par leurs titres ou par quelques citations fragmentaires. Ils portent sur les sujets suivants<ref name="Baratin82">Modèle:Harvsp</ref> :

  • les courtisanes célèbres<ref name=Baratin82/> ;
  • les défauts corporels<ref name="Baratin82" />. Il est possible que le De uitiis corporalibus faisait partie de la PrataModèle:Sfn ;
  • une défense du De Republica de Cicéron, face aux critiques du grammairien Didyme d'Alexandrie<ref name="Baratin83">Modèle:Harvsp</ref> ;
  • les signes d'abréviation employés par les grammairiens pour leurs annotations des textes étudiés<ref name="Baratin83" />,Modèle:Sfn ;
  • les jeux d'enfants chez les Grecs<ref name=Baratin82/>,<ref>Édouard Fournier, Histoire des jouets et des jeux d'enfants, E. Dentu, 1889, p. 131 google books</ref> ou simplement les Jeux chez les grecs. L'ouvrage est écrit en grec selon la SoudaModèle:Sfn ;
  • les mots injurieux et expressions moqueuses<ref name=Baratin83/>, écrit en grecModèle:Sfn ;
  • les rois<ref name=Baratin82/> : De regibus<ref>David Amherdt, Ausone et Paulin de Nole, correspondance, introduction, texte latin, traduction et notes, Peter Lang, 2004, p. 39 google books</ref> ;
  • une encyclopédie d'histoire naturelle : Prata (Les Prairies)<ref>Adolf Ebert, Histoire générale de la littérature du Moyen Age en Occident, volume 1, Leroux, 1883, p. 627 Modèle:Lire en ligne</ref> ;
  • les costumes des Grecs et des Romains<ref name=Baratin82/>, nommé De genere uestium, dont il reste cinq fragmentsModèle:Sfn ;
  • un ouvrage fourre-tout, titré De rebus variis (sur des sujets divers)<ref name=Baratin83/> ;
  • les charges officielles dans l'administration romaine<ref name=Baratin82/>, De institutione officiorumModèle:Sfn ;
  • l'armée romaine<ref name=Baratin82/> ;
  • l'année romaineModèle:Sfn, que nous ne connaissons que parce que Macrobe s'en inspire dans les Saturnales (en I, 12-14) ;
  • un traité en deux livres sur les usages et les mœurs des Romains, dont il ne reste qu'un fragmentModèle:Sfn ;
  • deux livres sur les jeux publics des Romains<ref name=Baratin82/>. Aulu-Gelle mentionne cet ouvrage sous le titre de Ludicra historiaModèle:Sfn, et Tertullien s'en est inspiré pour son De spectaculis.

Ces quatre derniers ouvrages formaient probablement un tout encyclopédique intitulé Rome<ref>Henri Ailloud, introduction à son édition des Vies des douze Césars, Les Belles Lettres, Paris, 1931.</ref>.

Style et démarche

Henri Ailloud juge défavorablement le style de SuétoneModèle:Sfn. Il faut toutefois considérer que Suétone procède par énumération d'événements regroupés sans tenir compte de leur chronologie, tandis que les annalistes comme Tite-Live et Tacite ont plus de facilités pour leur effets stylistiques en détaillant les péripéties de leur narrationModèle:Sfn. Modèle:Refnec

Suétone suit un plan immuable : il évoque d'abord la famille de l'empereur et ses ancêtres illustres, sa naissance et les présages qui annoncent sa destination à l'empire, ses jeunes années, puis sa carrière publique. Son règne est rapporté par thèmes modulés selon les personnages et sans souci de chronologie : ses campagnes militaires, ses constructions, son action judiciaire, ses crimes politiques, sa fin et à nouveau les présages qui l'annoncent. Suétone conclut par son physique et sa vie privée. Le récit est relevé par des détails et des anecdotes, parfois triviales, et quelque peu exagérées sinon inventées. Ce plan devient un modèle pour un genre historique différent des annales, les Vies d'empereurs et de princes<ref name=Chast36>André Chastagnol, traduction et commentaires de l'Histoire Auguste, éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », 1994, Modèle:ISBN p XXXVI</ref>.

La fortune historique de Suétone est considérable : les vies des empereurs et des usurpateurs de l'Histoire Auguste s'inspirent de ce canevas<ref name=Chast36/> ; au Moyen Âge, Eginhard s'en inspire pour écrire l'histoire de Charlemagne et de ses héritiers ; ses ouvrages sont ensuite réédités pendant la Renaissance, dès la naissance de l'imprimerie. Cependant, les récits des historiens romains postérieurs au règne de Néron, tels Suétone, Dion Cassius et Tacite, soulèvent une multitude d'interrogations sur la fiabilité de ces témoignages de « seconde main »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Fernand Delarue souligne la « force des effets » et la « durable popularité » de Suétone<ref>Fernand Delarue, Suétone artiste, Vita Latina, N° 134, 1994, pp. 27-36.</ref>.

Œuvres publiées

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} De viris illustribus sur Wikisource
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} De vita Caesarum libri VIII sur Wikisource
  • Suétone, traduction française de Baudement, 1845, Paris, lire en ligne
    • Vie des douze Césars,
    • Vies de Terence, du poète Horace, de Lucain, de Pline, de Juvenal, de Perse
    • Rhéteurs illustres,
    • Grammairiens illustres.
  • Modèle:Ouvrage.

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie

  • Introduction d'Henri Ailloud dans la Vie des douze Césars de Suétone, Paris, Les Belles Lettres, Modèle:1re éd. 1931, coll. des Universités de France
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien, Suetonius, Amsterdam, A. M. Hakkert, 1983
  • Modèle:Article Modèle:Plume
  • Eugen Cizek, Structures et idéologie dans la Vie des douze Césars de Suétone, Bucarest/Paris, Editura Academiei/Les Belles Lettres, 1977
  • Modèle:Article
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien, Suetonio eques Romanus, Florence, La Nuova Italia, Modèle:2e éd. 1967 (Modèle:1re éd. Milan, Istituto editoriale cisalpino, 1958)
  • Modèle:Ouvrage
  • Modèle:Article
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Richard C. Lounsbury, The Arts of Suetonius : an Introduction, New York, P. Lang, 1987
  • Modèle:Ouvrage
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bohumila Mouchova, Studie zu Kaiserbiographien Suetons, Praha, Universita Karlova, 1968
  • Modèle:Article
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Wolfgang Steidle, Sueton und die antike Biographie, Munich, Beck, Modèle:1re éd. 1951; Modèle:2e éd. 1963
  • Roger Vailland, Les pages immortelles de Suétone, Buchet-Chastel, 1962 ; réédité aux Éditions du Rocher, Monaco, 2002
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Andrew Wallace-Hadrill, Suetonius : the Scholar and his Caesars, Londres, Duckworth, 1983
  • Dictionnaires :
    • Leclant, Jean (dir.), Dictionnaire de l'Antiquité, Paris, PUF, 2008.
    • Margaret C. Howatson, (dir.), Dictionnaire de l'Antiquité : Mythologie, Littérature, Civilisation, Paris, Robert Laffont, 1993.

Articles connexes

Liens externes

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