Claude (empereur romain)

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Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Empereur romain

Claude, né le Modèle:Date de naissance- à Lugdunum (Lyon) et mort le Modèle:Date de décès- à Rome, est le quatrième empereur romain, régnant de 41 à 54 {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}

Né en Gaule, fils de Drusus et d'Antonia la Jeune (fille de Marc Antoine et d'Octavie), il est le premier empereur né hors d'Italie. Enfant méprisé en raison de ses déficiences physiques, il est le mal-aimé de la famille impériale et devient un adulte à l’élocution et à la démarche mal assurées, tenu à l’écart de toute activité publique. Seul représentant adulte de la dynastie julio-claudienne après l’assassinat de Caligula en 41 {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}, il est proclamé empereur par les prétoriens, qu’il comble en retour d’une gratification considérable (un Modèle:Latin), inaugurant ainsi une dépendance dangereuse.

Dépourvu d'expérience politique mais cultivé, Claude se montre un administrateur capable. Il s'intéresse aux affaires publiques, travaille avec le Sénat sur les lois et préside les procès. Son administration de l'Empire renforce la centralisation en organisant des bureaux dirigés par ses affranchis. Il agrandit l'Empire en annexant de nouveaux territoires, les futures provinces de Lycie, Maurétanie, Norique et Thrace. En 43, il entame la conquête de la Bretagne, ce qui lui vaut, ainsi qu'à son fils, le surnom de Modèle:Latin.

Ouvert à la promotion des provinciaux, il étend la citoyenneté romaine à de nombreuses cités dans les provinces, notamment en Gaule où il est né. Sensible aux demandes des notables gaulois, il obtient en 48 du Sénat que ceux-ci puissent accéder aux magistratures publiques de Rome et donc au Sénat même. Censeur, il renouvelle les effectifs de cette institution, éliminant ceux qui ne remplissent plus les conditions pour y siéger, ce qui lui aliène une partie de la noblesse en place.

Sa vie privée est peu heureuse : Messaline, sa troisième épouse, lui donne deux enfants, Octavie et Britannicus, mais son inconduite, ou son ambition politique, pousse Claude à la faire exécuter. En quatrièmes noces, il épouse sa nièce Agrippine la Jeune, qui lui fait adopter Néron. Claude meurt en 54, empoisonné à l'instigation d'Agrippine selon l'avis de la plupart des historiens. Néron lui succède.

Les faiblesses physiques de Claude et l’influence prêtée à ses femmes et à ses affranchis le font mépriser par les auteurs antiques, point de vue repris par les historiens jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Depuis, les avis les plus récents nuancent ces jugements négatifs et réévaluent l'importance de cet empereur pour le considérer en continuateur notable de l'œuvre de ses prédécesseurs.

Sources antiques littéraires et historiographie

buste en pierre
Buste de Sénèque, double hermès du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, d'après un original du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:Lien.

Claude a été très sévèrement décrit par son contemporain Sénèque, pour des raisons personnelles, puis par les historiens antiques postérieurs qui ont construit une image fortement dévalorisée de l'empereur, présenté comme faible de corps et d'esprit et manipulé par son entourage. Cette vision ne change qu'à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour connaître une position nettement valorisante. Deux inflexions historiographiques ont eu lieu ensuite, une durant les années 1930 et une durant les années 1990. La première revalorise fortement l'aspect centralisateur et bureaucratique, position largement nuancée durant les années 1990 qui voient à l'occasion de deux colloques de nombreux travaux fournir une analyse plus détaillée de sa vie et de son règneModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Le biais des sources littéraires antiques

Les sources antiques présentent Claude de façon négative, au mieux considéré comme un imbécile marqué de tares physiques et jouet de ses épouses et de ses affranchis<ref group=A>Modèle:Harvsp ; Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 2, 8.</ref>, au pire comme un tyran indigne, aussi cruel que son prédécesseur CaligulaModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Sénèque, familier de la famille de Germanicus, le frère de Claude, et de la cour impériale, est exilé par Claude en Corse en 41, à l'instigation de Messaline<ref name=DionLX8 group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 8.</ref>, et n'en revient qu'en 49, grâce à Agrippine. Contemporain de Claude mais hostile<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 8.</ref>, il exprime son ressentiment après les funérailles de Claude dans un pamphlet, l'Apocoloquintose (du grec Ἀποκολοκύνθωσις « citrouillification »), catalogue caricatural des tares et des déficiences physiques du défunt. D'autres détails sur le physique de Claude, et aussi sur ses travaux et sa politique à l'égard des médecins figurent dans l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien, qui appartient à la génération suivanteModèle:Sfn.

La vision négative des historiens antiques

Livre ancien ouvert
Vie des douze Césars, ouvert à la vie de Claude. Édité à Lyon en 1569.

Les historiens du second siècle, Tacite, Suétone et Dion Cassius, sont les sources les plus abondantes disponibles. Ils ont façonné la vision négative de ClaudeModèle:Sfn. Les Annales de Tacite, son dernier ouvrage (probablement composé sous Trajan), suivent l'ordre chronologique année par année et s'étendent de la mort d'Auguste à celle de Néron, avec une importante lacune entre les années 38 à 47 (les Modèle:Nobr rom à Modèle:Rom-maj et le début du Modèle:Nobr rom, perdus) qui correspond au règne de Caligula et à la première moitié du règne de Claude. Suétone est un biographe, qui regroupe les événements sans préoccupation de la chronologie et étudie la personnalité de chaque empereur dans la Vie des douze Césars. Sa Vie de Claude, combinant points positifs et négatifs, le situe un peu à part, entre les « mauvais » empereurs Tibère, Galba et Domitien et les « bons » princes avec quelques défauts, tels Jules César et VespasienModèle:Sfn. Suétone, et Tacite encore plus, considèrent Claude comme indigne de régnerModèle:Sfn. Enfin, Dion Cassius consacre au règne de Claude le soixantième livre de son Histoire romaine, ce qui compense la lacune des Annales de Tacite. Toutefois, après l’année 47, cette histoire n’est parvenue à l’époque moderne que par des extraits transcrits par l’intermédiaire d’abréviateurs byzantins, et peut donc être lacunaire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La progressive réhabilitation du règne de Claude

Le portrait négatif de Claude dépeint par les auteurs antiques est intégré sans aucun recul par les premiers auteurs modernes comme Edward Gibbon dans leur présentation de la « décadence romaine ». Cette dépréciation est la cause d'un manque d'intérêt des historiens de l'art pour l'étude de l'iconographie de l'empereur. Le premier relevé exhaustif n'arrive qu'en 1938 avec les travaux de Meriwether Stuart, et les analyses critiques durant les années 1980Modèle:Sfn. Les premières nuances aux jugements dépréciatifs sans cesse repris surviennent avec les premières études numismatiques, épigraphiques et papyrologiques au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn.

La réhabilitation commence en 1932 avec les travaux d'Arnaldo Momigliano qui met en évidence le soin et l'équité apportés par Claude à l'administration de l'EmpireModèle:Sfn. Cet auteur est porté par le contexte intellectuel des grands travaux et de la planification de l'Italie mussolinienne. Sa biographie<ref>Arnaldo Momigliano, Modèle:Langue, Florence, Vallecchi, 1932, collection : Collana storica, 41 ; traduit en anglais sous le titre Claudius, the Emperor, and his achievement, chez Oxford Clarendon Press, 1934.</ref> insiste donc sur un Claude réformateur, bureaucrate et centralisateur. Cette vision rencontre un écho favorable aux États-Unis en plein New Deal de Roosevelt, puis Vincenzo Scramuzza publie en 1940 The Emperor Claudius<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> avec une approche similaireModèle:Sfn.

Dans son bilan historiographiqueModèle:Sfn, Anne-Claire Michel expose que Modèle:Citation. Ils marquent le 2000e anniversaire de la naissance de Claude et redéfinissent le portrait de cet empereur autrefois marqué d’une réputation d’incapable<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette coopération scientifique entre historiens et archéologues a pour ambition d'analyser si le principat claudien constitue un tournant dans l'histoire impériale. Les conclusions tirées de ces recherches et réflexions sont claires, les années 41 à 54 s'inscrivent dans la continuité des règnes précédents, notamment des ambitions augustéennes, et prouvent l'acceptation du nouveau régime par le peuple romainModèle:Sfn. À la même époque Barbara Levick publie une biographie nuançant définitivement plusieurs poncifs de la vie de Claude, que ce soit sur son arrivée au pouvoir, qui n'est pas due au seul hasard, ou sur son œuvre centralisatriceModèle:Sfn.

Durant les années 2000, plusieurs historiens continuent de s'intéresser à l'empereur et à son règne et enrichissent encore les connaissances que l'on a de Claude. Annalisa Tortoriello<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et Pierangelo Buongiorno<ref>Modèle:Harvsp.</ref> complètent ainsi nos connaissances de la politique impériale ; Donato Fasolini<ref>Modèle:Harvsp.</ref> établit en 2006 un outil de travail bibliographique complet sur Claude ; Josiah Osgood<ref>Modèle:Harvsp.</ref> réalise une synthèse historiographique du principat et une étude de la diffusion de son image dans les provincesModèle:Sfn.

L'historiographie de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle établit que les sources littéraires antiques jugent les empereurs essentiellement en fonction de leurs relations avec le Sénat. Ainsi, le caractère populaire d'une grande partie des décisions de Claude et sa défiance envers cette institution après de nombreux complots expliquent l'insistance et le parti-pris de nombre d'auteursModèle:Sfn. Ce portrait négatif s'inscrit plus largement dans le rejet par la majorité des élites intellectuelles de la nouvelle forme de gouvernement mise en place par Auguste, qui avait conservé les formes républicaines, et constamment renforcée par ses successeurs qui s'éloignent progressivement du prince collaborant étroitement avec le SénatModèle:Sfn. Une vision historiographique plus récente considère cette interprétation comme exagérée, et voit dans les écrits de Tacite et Suétone la volonté de mettre en valeur les qualités des premiers Antonins, par contraste avec les Julio-Claudiens<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, et plus particulièrement pour le couple Claude-Messaline, dont les défauts sont opposés aux exemplaires époux Trajan et Plotine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Origines et jeunesse

Claude fait partie de la troisième génération des Julio-Claudiens. Dernier enfant de Drusus l’ancien et Antonia la Jeune, il naît à Lugdunum en Modèle:Nobr Son père décède l'année suivante et il est élevé avec sévérité par sa mère et sa grand-mèreModèle:Sfn. Les auteurs anciens le décrivent comme un peu attardé et affligé de tares physiquesModèle:Sfn, qui motivent une relative mise à l'écart des cérémonies publiques par sa famille. Ses problèmes physiques ont été diversement diagnostiqués par les auteurs contemporains, tandis qu'il montre de réelles capacités intellectuelles durant ses étudesModèle:Sfn.

Origine

schéma généalogique
Ascendance de Claude, à sa naissance. En grisé, parents décédés à cette date.
personnages en bas-relief
Autel de la Paix, détail de la frise montrant probablement Antonia la Jeune, Drusus et leur fils Germanicus.

Claude appartient par son grand-père Tiberius Claudius Nero à l’illustre [[gens (Rome antique)|Modèle:Latin]] patricienne des Claudii. Ce dernier a épousé LivieModèle:Sfn, et en a deux garçons, Tibère et Drusus l’ancienModèle:Sfn, avant que l’empereur Auguste n'oblige Livie, enceinte de Drusus, à divorcer et à l’épouser. Ils n'ont aucun enfantModèle:Sfn, malgré la rumeur selon laquelle Drusus aurait été le fils illégitime d'AugusteModèle:Sfn. Plus tard, Auguste renforce ses liens avec les Claudii en mariant Drusus à sa nièce Antonia la Jeune, fille de Marc Antoine et d'Octavie la Jeune. Drusus et Antonia ont comme enfants Germanicus, Livilla et Claude, et peut-être deux autres enfants morts très jeunesModèle:Sfn.

Claude est donc de la troisième génération de la famille impériale julio-claudienne, selon des alliances compliquées entre les deux familles.

Modèle:Voir

Enfance

Tandis que son mari Drusus dirige les armées romaines au-delà du Rhin, Antonia met au monde Claude le Modèle:Date, à Lugdunum (Lyon), où Auguste a établi ses quartiers<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il prend le nom de Tiberius Claudius NeroModèle:Sfn.

En [[9 av. J.-C.|9 Modèle:Av JC]], son père Drusus meurt lors de ses campagnes en Germanie, la jambe brisée après une chute de cheval. Lors de ses funérailles publiques, le Sénat lui décerne à titre posthume le surnom de Modèle:Langue (vainqueur des Germains), transmissible à ses fils<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Claude, âgé alors d'un an, est élevé par sa mère Antonia qui se retire à la campagne et reste veuve. Elle qualifie cet enfant maladif d'avorton et voit en lui un étalon de stupidité<ref name=ZZ20>Modèle:Harvsp.</ref>. Il semble qu'elle ait fini par le confier à sa grand-mère Livie<ref name=DionLX2 group=A>Dion Cassius, Histoires romaines, Modèle:LX, 2.</ref>. Livie ne se montre pas moins dure, elle lui envoie souvent des lettres de reproches courtes et sèchesModèle:Sfn. Il est mal considéré par sa famille, d'autant plus que son frère Germanicus a toutes les qualités qu'il n'a pasModèle:Sfn. Il est confié à la surveillance d'un Modèle:Citation, chargé de le châtier sévèrement au moindre prétexteModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Problèmes de santé, pathologies envisagées

Le rejet familial est causé par la faiblesse du jeune Claude. Dès le début de sa biographie, Suétone indique que Claude subit diverses maladies persistant durant toute son enfance et sa jeunesse. Sénèque met en scène la déesse Fièvre qui vit nombre d'années avec lui<ref group=A name=Apo6>Sénèque, Apocoloquintose, 6.</ref>. Dion Cassius évoque un Claude élevé dans la maladie dès l’enfance, affecté par un tremblement de la tête et des mains<ref name=DionLX2 group=A/>. Les deux premiers auteurs fournissent l’essentiel des détails physiques connus. Pour Suétone, Claude a les genoux faibles, le faisant tituber, sa tête chancelle perpétuellement. Il a un rire désagréable. Lorsqu'il est emporté par la colère, il bégaye, sa bouche écume et ses narines coulent, son visage apparait hideusement déforméModèle:Sfn. Dans l’Apocoloquintose, Sénèque, qui l’a côtoyé, confirme ou précise plusieurs symptômes : Claude Modèle:Citation<ref group=A>Sénèque, Apocoloquintose, 5.</ref>. Sénèque fait aussi allusion à une possible surdité<ref group=A>Sénèque, Apocoloquintose, 12, 1.</ref> et évoque une main flasque<ref group=A name=Apo6/>. Suétone et Dion Cassius le disent aussi apathique, lent d'esprit et s'embrouillant facilementModèle:Sfn,<ref name=DionLX2 group=A/>.

Néanmoins, Claude ne semble souffrir d'aucune infirmité dans ses moments de calmeModèle:Sfn. Régis Martin synthétise en constatant un caractère serein au repos, pouvant alterner avec une série de tics lors des mouvements et sous le coup d'émotion<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. On constate alors une faiblesse des jambes pouvant entrainer la claudication, des hochements de tête incontrôlés, des troubles de l’élocution, avec parfois des écoulements du nez et de la bouche, une tendance à la surdité. En revanche, les accusations de débilité d’esprit ne peuvent être prises en compte face aux qualités intellectuelles de Claude attestées par sa culture<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Divers diagnostics sur ces déficiences physiques observées dès l’enfance sont proposés. L’hypothèse d’une naissance prématurée, envisagée en 1916 par l'Américain Thomas de Coursey-Ruth, déduite des qualifications de la mère de Claude (avorton simplement ébauché), n’est pas retenue<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Avant la Seconde Guerre mondiale, la poliomyélite (alors appelée « paralysie infantile ») en est souvent considérée comme la cause. C'est ainsi l’idée retenue par Robert Graves dans son roman Moi, Claude, publié en 1934. Selon George Burden et Ali Murad, un certain nombre de troubles observés chez Claude suggèrent qu'il est atteint de la maladie de Gilles de La Tourette<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Cependant la poliomyélite ou la maladie de la Tourette n'expliquent pas tous les symptômes précédemment décrits, et les théories récentes mettent plutôt en cause une infirmité motrice cérébrale, décrite par Ernestine LeonModèle:Sfn, accompagnée de spasmesModèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le docteur Mirko Grmek signale une pathologie neurologique qui recoupe l’ensemble des symptômes de Claude, la maladie de Little (ou diplégie spastique), qui apparaît chez les nourrissons victimes d’un accouchement difficile, accompagné d’une insuffisance de débit sanguin génératrice de lésions cérébrales plus ou moins étendues. Les répercussions peuvent être des troubles de la démarche, provoquant le croisement spastique des jambes « en ciseau », des troubles de l’élocution tels qu’une voix saccadée et des mouvements incontrôlés du visage et des membres supérieurs, tout en préservant une intelligence normale<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Adolescence

En Modèle:Nobr, Germanicus et Claude président les jeux funéraires en l’honneur de leur père défunt. Pour prévenir les moqueries du public que pourrait provoquer la vue de ses tics, Claude y assiste la tête dissimulée sous un capuchon Modèle:Sfn,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La prise de la toge virile entre quinze et dix-sept ans est un rite de passage pour un jeune Romain, qui marque sa sortie de l’enfance. En raison de l’état de santé de Claude, la famille organise la cérémonie dans la clandestinité, en le faisant porter en litière au Capitole au milieu de la nuit, sans aucune solennitéModèle:Sfn.

Claude s'applique à ses études, mais sans éveiller de considération chez sa mère Antonia ni sa grand-mère LivieModèle:Sfn. En 7, on engage Tite-Live pour lui inculquer l'histoire, assisté par Sulpicius Flavius et par le philosophe Athénodore. L'adolescent étudie la rhétorique et rédige dans une « apologie de Cicéron » la défense de son style contre les critiques d'Asinius GallusModèle:Sfn. Selon une missive envoyée à Livie, Auguste est surpris de la clarté avec laquelle Claude prononce un discours en privé, lui qui s'exprime avec confusionModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Claude commence une histoire romaine, en deux livres, partant de la mort de Jules César et couvrant les guerres civiles romaines et le second triumvirat. La relecture et les reproches que font sa mère et sa grand-mère lui indiquent qu’il ne peut raconter cette période avec sincérité. Quand, plus tard, Claude reprend la rédaction de l’histoire romaine, il part de la période de paix après les guerres civilesModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Le mariage du jeune Claude est arrangé par son entourage<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, de la même façon que Germanicus a été marié à Agrippine l'Aînée, petite-fille d'Auguste, Claude est promis à Aemilia Lepida, arrière-petite-fille d’Auguste, alliances consanguines qui resserrent les lignées des Julii et des Claudii et renforcent leur prestigeModèle:Sfn. Mais ces fiançailles sont rompues après la conspiration des parents de celle-ci contre Auguste. Une seconde fiancée, Livia Medullina, descendante de l’illustre Camille, meurt de maladie le jour prévu pour le mariageModèle:Sfn. Vers Modèle:Nobr, Claude, alors âgé de Modèle:Nombre, est marié à Plautia Urgulanilla, fille de Plautius Silvanus, un protégé de Livie. En 12 {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}, Plautia lui donne un fils, Drusus, qui meurt à l'adolescence.

Âge adulte

Les analyses historiques construisent deux visions opposées de Claude avant son avènement : suivant une lecture littéraliste de Suétone, il est très tôt jugé inapte au rôle d'empereur par Auguste et Tibère ; écarté durant des années de toute fonction publique, et longtemps isolé, il ne doit son accession à l’Empire qu’à la mort de ses nombreux concurrents et aux espoirs tardifs qu'une partie du Sénat et des forces prétoriennes mettent en luiModèle:Sfn.

Selon un point de vue plus favorable, on ne peut affirmer l'exclusion de Claude, privé de toute importance dynastique avant son avènement. Contrairement à l'impression laissée par Suétone, il apparaît dès le principat d'Auguste comme un membre à part entière de la Modèle:Latin, la nébuleuse de filiations naturelles ou adoptives et d’alliances matrimoniales organisée autour de la parenté d’Auguste. Deux éléments sont pris en considération dans cette approche : l’inclusion de Claude dans les stratégies matrimoniales et sa présence dans la statuaire impériale officielle, qui constitue une source alternative aux écrits dépréciatifs de Suétone<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Place de Claude dans la Domus Augusta

disque en verre moulé
Phalère (décoration militaire) en verre avec le buste de Tibère, encadré par ceux de ses fils Drusus et Germanicus.

En Modèle:Nobr, après la mort de ses petits-fils Caius et Lucius Cesar, Auguste organise une nouvelle fois sa succession en resserrant les liens entre sa lignée, les Julii, et la famille des Claudii, issue de Livie : il adopte comme ses fils son dernier petit-fils Agrippa Postumus et son beau-fils Tibère, et l’oblige à adopter à son tour son neveu Germanicus, ce qui laisse Claude hors de la lignée successorale directe<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En Modèle:Nobr, Germanicus reçoit le consulat et préside les Modèle:Latin. À l’occasion de cet événement, Auguste répond à Livie dans une lettre citée par Suétone sur l’attitude à adopter envers Claude, une fois pour toutes. Après en avoir discuté avec Tibère, il informe Livie et Antonia qu’il ne veut pas que Claude soit dans la loge impériale, car il attirerait les regards et les moqueries qui rejailliraient sur sa famille. Il admet toutefois qu'il participe à la préparation du repas des prêtres, à condition que son beau-frère Silvanus le guide et le surveilleModèle:Sfn,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Barbara Levick voit dans cette lettre la décision officielle d’exclure Claude de tout événement public, et donc de la succession impérialeModèle:Sfn. Selon Pierre Renucci, Claude peut faire quelques apparitions publiques, en étant encadré par des parents ou des amis, mais constate qu’il ne fera rien de plusModèle:Sfn. Frédéric Hurlet est plus nuancé, et note qu’il est normal qu’Auguste se soucie de soigner les apparences, mais qu’il exprime dans cette lettre et d’autres plus bienveillantes son désir de former le jeune Claude en lui donnant des exemples à imiter<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les lettres d’Auguste transcrites par Suétone ont beau laisser entendre que l’empereur tient Claude à l’écart, l’affirmation officielle de son appartenance à la Modèle:Latin est attestée par les groupes de statues représentant les membres de la dynastie impériale<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le plus remarqué est le groupe qui ornait la porte de la ville de Pavie. Si l’arche, les statues et les dédicaces ont disparu, l’inscription d’une série de dédicaces a été maladroitement transcrite au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et reconstituée par Theodor Mommsen<ref group=A>Inscription reconstituée par T. Mommsen, référencée Modèle:CIL.</ref>. Datées des années 7 et Modèle:Nobr, elles nomment Auguste et Livie et toute leur descendance masculine à cette date : à droite d’Auguste quatre noms, Tibère, Germanicus et leurs fils respectifs Drusus le Jeune et Nero Cesar ; à gauche de Livie quatre autres noms, les princes décédés Caius et Lucius Cesar, avec Drusus César, second fils de Germanicus, et enfin Claude. Plusieurs spécialistes ont émis l’hypothèse de l’ajout postérieur du nom de Claude car sa présence contredit la marginalisation insinuée par Suétone, mais Frédéric Hurlet réfute cette possibilité car elle induirait d’impossibles irrégularités dans la disposition des dédicaces<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La succession d’Auguste

Auguste meurt en Modèle:Nobr Son testament distribue sa fortune à Tibère et Livie au premier rang, puis à Drusus le Jeune, Germanicus et ses trois fils au second rang, et relègue Claude comme héritier de troisième rang, avec divers parents et amisModèle:Sfn, avec un legs particulier de Modèle:Unité<ref group=A>Suétone, Auguste, 101 ; Claude, 4.</ref>,Modèle:Note. Quoique ce testament n’ait qu’une valeur privée, il correspond au schéma de succession politique préparé par Auguste, en l’absence de toute règle officielle de transmission du pouvoirModèle:Sfn.

Quel que soit le dédain de la famille impériale souligné par Suétone, il semble avéré que Claude recueille en ces circonstances une certaine estime publique. Les chevaliers choisissent Claude pour conduire leur délégation et discuter les modalités de leur participation au cortège funèbre d’Auguste, tandis que les sénateurs l'ajoutent au collège des prêtres créé pour le culte d'Auguste, les Modèle:Latin Modèle:Sfn, en compagnie de Tibère, Germanicus et Drusus le Jeune<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:Rom-maj, 54.</ref>. Frédéric Hurlet remarque que Claude est alors considéré comme un des héritiers spirituels d'Auguste, au même plan que ses trois parents<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Toutefois, les fonctions sacerdotales, seul rôle officiel accordé à Claude, ne sont que des dignités mineures octroyées à tout jeune aristocrate de haut rangModèle:Sfn.

Sous le règne de Tibère

Statue en pied
Statue de Tibère (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), Paris, musée du Louvre.

Après la mort d'Auguste, Claude sollicite son oncle Tibère pour obtenir les mêmes honneurs que son frère Germanicus. Selon Levick, Tibère maintient l’exclusion convenue avec Auguste, et répond en n'accordant à Claude que les ornements consulaires Modèle:Sfn. Claude insiste, Tibère lui retourne un mot disant qu'il lui envoie quarante aurei pour les Sigillaires, fête où l'on offre des menus cadeaux aux enfantsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Quand les sénateurs proposent que Claude participe à leurs débats, Tibère refuse encoreModèle:Sfn.

En Modèle:Date- {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}, Germanicus décède soudainement en Orient. L’urne contenant ses cendres est rapportée en Italie pour organiser ses funérailles publiques, probablement en Modèle:Date- {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}} Le cortège funèbre est accueilli à Terracine, à Modèle:Unité de Rome, par Claude et son cousin Drusus le Jeune accompagnés des consuls, des sénateurs et de citoyens, tandis que ni Antonia la Jeune, mère du défunt, ni Tibère, son père adoptif, ne se déplacent<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Sfn. Parmi les monuments édifiés par un décret du Sénat en l'honneur de Germanicus, on connaît précisément la statuaire d'un arc à l'entrée du cirque Flaminius, grâce à l'inscription de la Tabula Siarensis<ref group=A>Inscription référencée Modèle:CIL.</ref> : outre Germanicus sur un char y figurent ses parents, son frère Claude et sa sœur Livilla, et ses enfants, à l'exclusion de Tibère et de la descendance de ce dernier. Levick affirme que Claude est à une place humiliante, entre la sœur de Germanicus et ses enfantsModèle:Sfn, jugement que Hurlet considère comme abusif dans la mesure où la disposition précise des statues est inconnue<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Germanicus laisse une veuve, Agrippine l'Aînée, et six enfants, dont trois fils qui s’opposent comme héritiers présomptifs à Drusus le Jeune, fils de Tibère et époux de Livilla, sœur de Germanicus et de Claude. Les rivalités durant les années suivantes entre les deux branches familiales sont aggravées par les intrigues de l’ambitieux préfet du prétoire Séjan, ancien proche de Germanicus, homme de confiance de l’empereur et détesté par Drusus le Jeune. Séjan se rapproche de la Modèle:Latin par la promesse en 20 d’un mariage entre sa fille et Drusus, fils de Claude<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:III, 29.</ref>,<ref name=Hurlet554>Modèle:Harvsp.</ref>. Le mariage n’a toutefois pas lieu, car le jeune homme meurt avant, étouffé par une poire qu’il jouait à rattraper au vol avec sa boucheModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

généalogie
Modèle:Abréviation discrète}} En gris, personnes décédées à cette date.

En 23, le fils de Tibère Drusus le Jeune (Modèle:Noble-) meurt, empoisonné par Séjan avec la complicité de Livilla, forfait seulement révélé des années plus tard<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Sfn. Cette disparition ne laisse dans la ligne de succession que les deux fils en bas âge qu’il a eus de Livilla, et les trois fils de Germanicus, deux adolescents, Nero et [[Drusus Iulius Caesar|Modèle:Noble-]], et Caius encore enfant. Tibère a entamé la promotion de Nero et de Modèle:Noble-, en leur faisant octroyer la questure cinq ans avant l’âge légal, et en mariant Nero à la fille du défunt Modèle:Noble-Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Mais Claude est pour la première fois le seul parent adulte du vieux Tibère, ce qui ferait de lui un héritier potentiel. C’est probablement de ce moment que date la réflexion de sa sœur Livilla qui, ayant entendu dire qu’il serait un jour empereur, déplore publiquement qu’un tel malheur et qu’une telle honte soient réservés au peuple romainModèle:Sfn. Selon Frédéric Hurlet, la rancœur de Livilla ne traduit pas l’incapacité de son frère comme le suggère Suétone, mais se comprend mieux par la crainte que Claude évince ses fils<ref name=Hurlet554/>.

Vers 24, Claude répudie Plautia Urgulanilla, sous l’accusation de débauche et d’adultère, et lui renvoie sa fille, un bébé de quelques mois, considérée comme illégitime<ref name=Riv434>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Sfn. Il se remarie peu après, la même année ou certainement avant 28 ou 30, avec Ælia Pætina, fille d’un ancien consul et liée à la famille de Séjan, dont il a une fille, Claudia Antonia<ref name=hurlet555>Modèle:Harvsp.</ref>. Claude apparaît très rarement dans les années 23 à 30, comme neutralisé par cette alliance<ref name=hurlet555/>, tandis que Séjan et Livilla éliminent Agrippine l'Aînée et ses fils Nero et Drusus. Leurs complots sont dénoncés à Tibère en 31 : Séjan est alors exécuté, Livilla disparait et est frappée de Modèle:Latin<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Claude reprend ses distances en divorçant d’Ælia Pætina, devenue embarrassante par ses liens de parenté avec Séjan<ref name=Riv434/>.

Travaux érudits

Durant toute sa vie, Claude est un auteur prolifique. Selon l'historien Arnaldo Momigliano, c'est durant le règne de Tibère — lequel correspond au sommet de la production littéraire de Claude — que parler de la Rome républicaine devient « politiquement incorrect »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Si Velleius Paterculus, qui ménage Octave et Tibère et flatte Séjan, est publié, Aulus Cremutius Cordus est en revanche condamné en Modèle:Nobr, accusé d'avoir composé des annales louant les assassins de César, Brutus et Cassius<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:IV, 35.</ref>.

Les jeunes se tournent vers l'histoire impériale plus récente, ou vers des sujets antiques peu connus. Claude est à cette époque l'un des rares savants à s'intéresser à ces deux domaines. Parmi ses œuvres, en plus de son Histoire du règne d'Auguste — écrite en quarante-et-un livres en latinModèle:Sfn, probablement un par année sur la période située entre Modèle:Nobr à Modèle:NobrModèle:Sfn —, dont la première version en deux livres lui avait causé des déboiresModèle:Sfn, on compte une Histoire des Tyrrhéniens (nom grec des Étrusques) en vingt volumes et une Histoire de Carthage en huit volumes, toutes deux en grecModèle:Sfn. Ces Histoires, commencées sous l'égide de Tite-Live, sont probablement achevées avant la proclamation de ClaudeModèle:Sfn. Arnaldo Momigliano, qui pourtant réhabilite le gouvernement de Claude, dédaigne ces œuvres historiques et les classe au rang de compilations pédantes d'auteurs antérieurs.

Jacques Heurgon le contredit en 1954 en affirmant le sérieux de l'intérêt étruscologique de Claude. En effet, son mariage pendant quinze ans avec Plautia Urgulanilla, issue d'une puissante famille toscane, a dû lui ouvrir l'accès à la culture étrusque<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. On le constate lorsqu'il soutient devant le Sénat le maintien du collège des haruspices, car Modèle:Citation<ref group="A" name="Tacite XI, 15">Tacite, Annales, Modèle:XI, 15.</ref>. Et dans son discours sur les sénateurs gaulois, il donne des détails des rois étrusques de Rome sensiblement différents de ceux de Tite-Live<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Enfin, il rédige son autobiographie en huit volumes, que Suétone juge dénuée d'espritModèle:Sfn. En outre, dans les discours qui ont survécu, Claude critique sévèrement ses prédécesseurs ainsi que les membres de sa famille<ref group=A>Cf. Par exemple, la lettre de Claude aux habitants de Trente, dans laquelle il parle de l'Modèle:Citation de Tibère. Voir aussi Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Modèle:XIX, où un édit de Claude mentionne la folie et le manque de jugement de Caligula.</ref>.

Aucun de ces travaux n'a survécu. Suétone énumère les ouvrages de Claude, mais ne semble puiser que dans son autobiographie pour rapporter la sévérité qu'il subit dans son enfance<ref>Modèle:Article (Modèle:P.).</ref>. Claude est aussi la source de quelques passages de l’Histoire naturelle de Pline l'Ancien<ref>Modèle:Harvsp.</ref> sur la géographie et l'histoire naturelleModèle:Sfn.

Fichier:Claudian letters.svg
Les lettres claudiennes.
Fichier:Table claudienne detail.jpg
Détail de la table claudienne de Lugdunum, séparation de certains mots par des points : .INQVA.SIQVIS.HOC.

Claude a proposé d'autre part une réforme de l'alphabet latinModèle:Sfn en y ajoutant trois nouvelles lettres, dont deux sont l'équivalent des lettres modernes : le V (le digamma inversum Ⅎ), consonne que l’écriture latine ne distingue pas de la voyelle U [u], le Y [w] (le sonus medius) et une troisième (l'antisigma) transcrivant les sons PS [p͡s] et BS [b͡s]. Il publie avant son avènement un écrit les proposant et les institue de manière officielle durant sa censureModèle:Sfn, mais ses lettres ne perdurent pas après son règne<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XI, 13-14.</ref>.

Loisirs décriés

Mis à l'écart, Claude ne se consacre pas seulement aux loisirs intellectuels. Selon Suétone, il s'entoure de gens abjects et s’adonne à l’ivrognerie et aux jeuxModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Amateur passionné de jeu de dés, que Sénèque caricature en le figurant secouant un cornet troué<ref group=A>Sénèque, Apocoloquintose, 14, 5.</ref>, il écrit même un traité sur ce jeu, perdu comme ses autres écritsModèle:Sfn.

Il fréquente les banquets avec une goinfrerie sans mesure, buvant et mangeant jusqu’à sombrer dans la torpeurModèle:Sfn,<ref name=DionLX34 group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 34.</ref>. Aurelius Victor évoque un Claude Modèle:Citation<ref group=A>Aurelius Victor, 4, 1.</ref>. Aux yeux des historiens romains, ces excès sont le signe d’une absence d’éducation, d’un défaut de maîtrise de soi et d’une soumission à ses sens — défauts caractéristiques d’un tyranModèle:Sfn. Il éprouve parfois des douleurs stomacales si vives qu’il parle de se suiciderModèle:Sfn. Là encore, plusieurs interprétations médicales sont possibles : pancréatite chronique, liée à l’abus éthylique et très douloureuse, ulcère gastro-duodénal ou dyspepsie stomacaleModèle:Sfn. Dans son Apocoloquintose, Sénèque fait aussi une allusion caricaturale aux flatulences et à la goutte affectant Claude<ref group=A>Sénèque, Apocoloquintose, 13, 3.</ref> — les flatulences pouvant coïncider avec la dyspepsie, et la goutte (une hyperuricémie, en terminologie moderne) constituant une pathologie vraisemblable, vu les excès alimentaires du sujet<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Succession de Tibère

Tibère meurt le Modèle:Date. Tacite affirme qu’il a hésité sur le choix de son successeur, entre ses petits-fils adoptif et naturel — respectivement, Caligula, un jeune homme inexpérimenté, et Tiberius Gemellus, encore un enfant —, et qu’il a même pensé à Claude, d’âge plus mûr et désireux de faire le Bien, mais dont la « faiblesse mentale » (« Modèle:Latin ») constituait un obstacle<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:VI, 46.</ref>. Son testament désigne comme cohéritiers Caligula et Gemellus, à égalité<ref group=A>Suétone, Tibère, 74 ; Caius, 14.</ref>. Caligula prend les devants avec l'aide du préfet du prétoire Macron, qui le fait acclamer avant d’être confirmé par le SénatModèle:Sfn. Peu après, il élimine Tiberius Gemellus en l’accusant d’une prétendue tentative d’empoisonnement<ref group=A>Suétone, Caius, 29 et 33.</ref>.

Le testament de Tibère place Claude en héritier de troisième ligne, comme l’avait fait AugusteModèle:Sfn, avec tout de même un legs de deux millions de sestercesModèle:Note, et le recommande, lui et d’autres parents, aux armées, au Sénat et au peuple romainModèle:Sfn.

Sénateur sous Caligula

buste en pierre
Buste de Caligula, musée des sciences naturelles de Houston.

Aussitôt proclamé empereur, Caligula multiplie les manifestations de piété filiale, célèbre des cérémonies funèbres en l’honneur de Tibère et de ses parents défunts Germanicus et Agrippine l'Aînée, accorde des titres à sa grand-mère Antonia la Jeune. Se nommant lui-même consul suffect, il prend son oncle Claude comme collègue durant deux moisModèle:Sfn,Modèle:Sfn, du Modèle:1er juillet au 31 août<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, ce qui le fait enfin entrer au Sénat<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LIX, 6.</ref>. Même si cette promotion est le plus grand honneur possible pour Claude, elle est tardive – il a Modèle:Unité – et ne suffit pas à lui accorder l'influence qu'il pouvait espérerModèle:Sfn. De plus, il ne donne pas toute satisfaction dans ses fonctions, car Caligula l’accuse de négligence dans le suivi de l’installation de statues dédiées à ses défunts frères Nero et DrususModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Suétone rapporte l’attitude changeante de Caligula envers Claude : il le laisse présider quelques spectacles à sa place, ce qui lui permet d’être acclamé comme « oncle de l’empereur » ou « frère de Germanicus »Modèle:Sfn. Mais lorsque Claude fait partie d’une délégation envoyée en Germanie par le Sénat pour féliciter l’empereur d’avoir échappé à un complot, Caligula s’indigne qu’on lui envoie son oncle comme à un enfant à régenterModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

En Modèle:Date-, un incendie ravage le quartier des Aemiliana, qu'on situe dans la banlieue de Rome. D'après Suétone, Claude, réfugié pendant deux jours dans un bâtiment public, engage tous les moyens possibles pour combattre le feu, envoyant des soldats et ses esclaves, appelant les magistrats de la plèbe de tous les quartiers, et récompensant sur le champ l'aide des pompiers volontairesModèle:Sfn. Après la destruction de sa demeure dans l'incendie, le Sénat vote sa reconstruction sur fonds publicsModèle:Sfn,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

statue de femme tenant un enfant
Messaline tenant son fils, le futur Britannicus. Musée du Louvre.

Claude est alors un homme mûr, à la taille bien faite et élancée, dont les cheveux blancs ajoutent à la gentillesse naturelle de son visage, donnant, selon Suétone, grandeur et Modèle:Page h' à son être entierModèle:Sfn. Il épouse Messaline, une petite-nièce d’Auguste beaucoup plus jeune que lui et qui lui donne aussitôt deux enfants, Octavie et Britannicus<ref name=Riv434/>.

En l’absence de sources antiques, on ignore tout de Messaline avant qu’elle soit impératrice, sauf son ascendance : par son père Marcus Valerius Messalla Barbatus et par sa mère Domitia Lepida Minor, elle est une arrière-petite-fille d’Octavie la Jeune, qui est la sœur d’Auguste, et aussi la grand-mère de ClaudeModèle:Sfn. En revanche, la date de naissance de la mariée<ref>Les propositions de naissance de Messaline varient entre avant 20 jusqu’après 26 ; Modèle:Harvsp, donne des propositions de date de treize auteurs différents.</ref>, son âge, la date de cette union et surtout sa raison sont toutes conjecturales<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les seuls points de repère chronologiques connus sont : Modèle:Nombre comme âge minimum légal de mariage d’une Romaine et la mise au monde de Britannicus vingt jours après la proclamation de Claude selon Suétone, soit le Modèle:Date-<ref group="A">Suétone, Claude, 27, mais Suétone se contredit dans la même phrase en situant l’événement sous le second consulat de Claude, en 42 ; Dion Cassius, Modèle:LX, 33 donne aussi 42, tandis que Tacite, Annales, Modèle:XIII, 15 permet de déduire une naissance en 41.</ref>. Tous les historiens s’accordent pour situer le mariage sous Caligula, peu avant 41 selon Ronald Syme, peut-être lors du consulat de Claude en 37 pour C. Ehrhardt, ou encore en 38 ou au début de 39 pour Levick<ref>Modèle:Harvsp.</ref> pour placer la naissance d’Octavie un an ou deux avant celle de son frère, en 39 ou début 40<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Messaline, fortunée et d’une lignée prestigieuse, est un des meilleurs partis du moment, capable de renflouer Claude. Pour certains historiens, Caligula la neutralise en la mariant à Claude et évite ainsi de légitimer un autre aristocrate, capable d’être un prétendant potentiel<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Barbara Levick fait aussi remarquer que la famille de Messaline, et surtout sa tante Claudia Pulchra, ont fidèlement soutenu Agrippine l'Aînée sous Tibère, malgré les poursuites encourues. La prestigieuse alliance avec la famille impériale serait alors une sorte de récompense<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Statue d'homme torse nu
Claude dit de Gabies, reprise d'une statue de Caligula. Musée du Louvre.

Selon Suétone, la promotion de Claude comme sénateur ne lui vaut pas plus de respect à la cour impériale : on le ridiculise lorsqu’il s’endort, comme souvent à la fin des repas, en le bombardant de noyaux ou en le faisant réveiller sous le fouet des bouffons. Au Sénat, quoiqu’il soit règlementairement intégré au groupe des anciens consuls, on ne lui donne la parole qu’en dernier. Enfin, il est presque ruiné lorsqu’on lui impose son adhésion à un collège de prêtres, qui l’oblige à payer huit millions de sestercesModèle:Sfn.

Plusieurs inscriptions honorifiques datées d'entre 37 et 41 montrent au contraire que Claude connaît un certain prestige dans les provinces, comme celle sur une base de statue près du temple de Rome et d’Auguste de Pola en Illyrie<ref group=A>Modèle:CIL.</ref>, à Alexandrie de Troade en Asie, dédié par un chevalier devenu duumvir de cette colonie<ref group=A>Inscription Modèle:CIL.</ref>,Modèle:Sfn. Une autre inscription à Lugdunum, près du temple municipal, associe Caligula à une princesse impériale et à Claude, elle pourrait dater du séjour de Caligula en Gaule à la fin de l'été 39 ou plus vraisemblablement en 40<ref group=A>Inscription Modèle:AE.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les événements de janvier 41 et la prise du pouvoir

Après plus de trois ans de règne, le mécontentement contre Caligula est tel que nombreux sont ceux qui souhaitent sa disparition, et quelques-uns vont oser passer à l’acteModèle:Sfn.

Dans la rivalité entre les prétendants à la succession, Claude trouve « malgré lui » le soutien efficace des forces armées stationnées à Rome, tandis que le Sénat, assemblée vénérable mais impuissante, est incapable de restaurer un régime d’apparence républicaineModèle:Sfn et doit entériner la proclamation du nouvel empereurModèle:Sfn.

Le meurtre de Caligula

tableau
Claude proclamé empereur, peinture de Charles Lebayle selon le récit de Flavius Josèphe, 1886.

Caligula est assassiné le Modèle:Date. La narration de son meurtre par Flavius Josèphe est la plus détaillée<ref group=A>Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Modèle:XIX, 1.</ref> et est antérieure à celle de Suétone : Caligula quitte vers midi une représentation de théâtre, accompagné de Claude, de son beau-frère Marcus Vinicius, de Valerius Asiaticus et d’une escorte de trois tribuns du prétoire, dont Cassius Chaerea et Cornelius Sabinus. Dans un passage menant au palais, Claude, Vinicius et Asiaticus quittent Caligula, donnant, volontairement ou non, l’opportunité à Cassius Chaerea et Sabinus de frapper à mort CaligulaModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Sa femme Cæsonia et sa fille Julia sont aussi tuées pendant l'opération. Lorsque les Germains de la garde personnelle de Caligula apprennent sa mort, ils tuent au hasard trois sénateurs présents sur les lieux du meurtreModèle:Sfn,<ref group="A">Aurelius Victor, Livre des Césars, 3, 16 ; Orose, Histoires contre les païens, 7, 1, 3 ; Flavius Josephe, Guerre des juifs, 2, 205.</ref>.

Lorsque Claude apprend le meurtre de son neveu, il s'éloigne, ignorant si les meurtriers n'en ont pas après lui Modèle:Sfn, en allant sur une terrasseModèle:Sfn. Il y est découvert par un soldat et ses compagnons qui mettent Claude en sécurité en le portant en litière jusqu'au camp de la garde prétorienne, laissant croire qu'il est mortModèle:Sfn. Selon Renucci, qui reprend la célèbre narration de SuétoneModèle:Sfn, Claude échappe ainsi de peu à un destin funeste : il aurait pu être tué par les loyalistes le considérant comme comploteur ou par les meurtriers voulant éliminer toute la dynastieModèle:Sfn. Castorio considère cette scène d’anthologie d’un Claude apeuré, découvert par hasard et proclamé malgré lui empereur, comme une caricature peu crédible :

Caligula s’était fait trop d’ennemis pour que l’acte de Chaerea soit une initiative isoléeModèle:Sfn. Flavius Josèphe donne le nom d’un conjuré, Calliste, affranchi de Caligula, riche et influent, mais qui redoutait l’arbitraire de son maître et servait Claude secrètement<ref group="A">Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Modèle:XIX, 64-67.</ref>. Castorio estime que Calliste n’aurait pas pris le risque d’un complot, sans avoir l’assurance de la protection de Claude en cas de succèsModèle:Sfn. Enfin, Castorio n’exclut pas que cet avènement de Claude, « par hasard », soit un récit forgé a posteriori, qui offre l’avantage d’exonérer Claude d’une participation au complot, quitte à passer pour couard et ridiculeModèle:Sfn. Mais si certains historiens<ref>Modèle:Harvsp ; A. Barret, Agrippina, Modèle:P. ; Levick, Claude, 2002, Modèle:P..</ref> ont supposé une participation directe de Claude à la conjuration, ou son acceptation tacite, en l'état actuel de nos connaissances, rien ne permet de valider ces hypothèsesModèle:Sfn.

Le Sénat et Claude

Immédiatement, les consuls Cn. Sentius Saturninus et Q. Pomponius Secundus réunissent le Sénat et, avec des cohortes urbaines, prennent le contrôle du Capitole et du forumModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le Sénat envoie deux messagers à Claude, tribuns de la plèbe sacro-saints et non sénateurs pour éviter de laisser des otages, pour le convaincre de venir s'expliquer devant l'assemblée. Claude à son tour évite de se déplacer, et demande aux messagers de transmettre ses bonnes intentions au SénatModèle:Sfn.

Certains historiens, se fondant sur Flavius JosèpheModèle:Sfn, estiment que Claude était alors influencé par le roi de Judée, Hérode Agrippa<ref group=A>Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Modèle:II, 204–233.</ref>. Cependant, une seconde version du même auteur, probablement fondée sur une Vie d'Agrippa, minimise son rôle dans les événementsModèle:Sfn. Hérode Agrippa, après avoir convaincu Claude de ne pas abandonner le pouvoir, va négocier avec le Sénat et le convainc de ne pas prendre les armes. Il fait croire que Claude ne peut venir parce qu'il est retenu de force par les prétoriensModèle:Sfn.

Les assassins de Caligula n'ont pas prévu de remplaçant. Plusieurs noms circulent : le beau-frère de Caligula, Marcus Vinicius, Lucius Annius Vinicianus ou encore Valerius AsiaticusModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Aucun n'est retenu, et quelques hauts personnages tel GalbaModèle:Sfn sont contactés.

Quoi qu'il en soit, la garde prétorienne acclame Claude empereur dès le soir du 24, ou au début du 25. Le Sénat ne peut qu'avaliser. Claude promet un Modèle:Latin de Modèle:Unité selon SuétoneModèle:Note ou Modèle:Unité selon Josèphe (soit Modèle:Unité) à chaque prétorienModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Cette somme, dix fois supérieure à ce qu'avait consenti son prédécesseur, persuade les derniers partisans du Sénat de se rallier à lui. L'assemblée tente une dernière manœuvre en envoyant Cassius Chaerea, un des officiers qui ont tué Caligula, mais il est reçu par des prétoriens hurlant au nouvel empereur et sortant les glaives. Claude répond via Agrippa qu'il n'avait pas souhaité le pouvoir, mais qu'il le conservait, après avoir été nommé par les gardes. Il ajoute qu'il gouvernera avec le SénatModèle:Sfn.

En définitive, l'épisode tragique de l'assassinat de Caligula et de l’avènement de Claude renforce le principe impérial, en démontrant que, même en vacance de cette autorité, le Sénat ne parvient pas à rétablir la République. L'armée et le peuple ont pris parti pour le régime impérialModèle:Sfn.

Règne

Premières mesures

Dès son avènement, Claude s'emploie à rassurer, à restaurer sa réputation et à asseoir sa légitimité. Il annonce par édit que ses colères seront courtes et inoffensives et il réfute sa prétendue stupidité en affirmant qu'il feignait, pour échapper aux menaces de CaligulaModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Claude décrète immédiatement une amnistie généraleModèle:Sfn, seul Cassius Chaerea est exécuté, car on ne peut impunément assassiner un empereur. Son complice le tribun Cornelius Sabinus est amnistié, mais il se suicide par solidaritéModèle:Sfn. Claude fait détruire les poisons trouvés dans l'appartement de Caligula et brûler tous ses dossiers compromettants<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LIX, 26 et Modèle:LX, 4.</ref>,Modèle:Sfn, mais refuse que sa mémoire soit condamnée par une Modèle:Latin et que le jour de sa mort soit noté comme un jour de fête<ref name=Riv433/>. Il rappelle les exilés du règne précédent, dont ses nièces Agrippine la Jeune et Julia Livilla<ref name=Riv435>Modèle:Harvsp.</ref>.

Claude n'a pas autant de légitimité que ses prédécesseurs, car il ne descend d'Auguste ni par le sang ni par l'adoption ; il insiste donc, dès sa proclamation, sur son appartenance à la Modèle:Latin, la maison d'AugusteModèle:Sfn. Il promet de gouverner en prenant exemple sur AugusteModèle:Sfn. Il s'appelle maintenant Tiberius Claudius Caesar Augustus GermanicusModèle:Sfn : il adopte le nom d'Auguste comme ses prédécesseurs au début de leur règne, et le Modèle:Latin de « César » qui devient à cette occasion un titre alors qu'il avait été transmis jusqu'à Caligula uniquement par filiation naturelle ou adoptionModèle:Sfn. C'est probablement le Sénat qui est à l'initiative de cette transformationModèle:Sfn. Par contre, il refuse de prendre comme prénom le titre d'Modèle:LatinModèle:Sfn, trop connoté militairement (« commandant victorieux »)Modèle:Sfn. Il conserve le surnom honorifique de Germanicus, lien avec son défunt frère héroïque, et utilise fréquemment l'expression « fils de Drusus » (Modèle:Latin) dans ses titres pour rappeler son père exemplaire et s'approprier sa popularité. Il déifie sa grand-mère paternelle Livie, l'épouse du divin Auguste, et accorde à sa défunte mère Antonia la Jeune le titre d'AugustaModèle:Sfn,<ref name=Riv433>Modèle:Harvsp.</ref>. Enfin, il attend trente jours avant de venir accepter les honneurs et les titres dus à l'empereur, de même que celui de Père de la patrie qu'il ne prendra qu'un an plus tardModèle:Sfn.

généalogie
Famille de Claude et de Messaline, vers 42.

Quelques jours après l'avènement de son mari, le 12 février, Messaline met au monde un héritier impérial, que Claude nomme Tiberius Claudius Germanicus, le futur BritannicusModèle:Sfn. La même année 41, le couple impérial complète les alliances familiales : Claude marie sa fille aînée Claudia Antonia à Pompée Magnus, illustre descendant de Pompée, fiance sa seconde fille Claudia Octavia, encore enfant, à Junius Silanus et leur fait décerner les premiers honneurs du vigintivirat<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 5.</ref>.

De son côté, Messaline accuse d’adultère Julia Livilla, sœur de Caligula, et son amant présumé Sénèque. Renvoyée en exil, Julia Livilla meurt ou est exécutée peu après<ref name="DionLX8" group="A" />,<ref name="Riv435" />. Les historiens modernes admettent que Messaline ait pu redouter l’importance de Julia Livilla, précédemment accusée de complot et exilée, et de surcroît épouse de Marcus Vinicius, envisagé par le Sénat comme successeur possible de CaligulaModèle:Sfn.

Relations avec le Sénat

Claude s'impose au Sénat tout en affaiblissant considérablement son autorité, et de nombreux sénateurs en ont certainement éprouvé du ressentiment. Claude, en bon politique, le comprend et assure la puissante institution de son respect tout en sévissant impitoyablement lorsqu'un complot est démasquéModèle:Sfn.

Collaboration

À l’inverse de Caligula, Claude s'applique à ménager les sénateurs, en leur témoignant les marques de courtoisie dues à leur rang. Par exemple, pendant les sessions régulières, l'empereur est assis parmi l’assemblée du Sénat, parlant lorsque vient son tour et se levant pour s’adresser à l’assemblée, bien que la position debout prolongée lui soit difficile. Lors de la présentation d’une loi, il est assis sur le banc réservé aux tribuns dans son rôle de porteur de la puissance tribunitienne (étant patricien, l'empereur ne peut pas officiellement être tribun de la plèbe mais ce pouvoir a été accordé aux empereurs précédents)Modèle:Sfn. Suétone, faute de l’épingler pour son manque de civilité, insinue qu’il en montre tropModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Néanmoins, Claude reste prudent et, après avoir sollicité l’accord du Sénat, se fait accompagner dans la curie d’une escorte de protection formée du préfet du prétoire et de tribuns militairesModèle:Sfn.

D'après un extrait de discours retrouvé sur un fragment de papyrus, Claude encourage les sénateurs à débattre des projets de loiModèle:Sfn. Claude sévit aussi contre l’absentéisme au SénatModèle:Sfn, au point que, selon Dion Cassius, plusieurs sénateurs sévèrement punis de leur absence se suicident<ref group="A">Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:XL, 11, 8.</ref>, épisode dépourvu de précision, dont on ne sait la part de réalité ou de médisanceModèle:Sfn.

En 45, pour couper court aux absences, Claude retire au Sénat le droit de délivrer des congés, et se le fait attribuer exclusivementModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Complots et représailles

tête d'homme en bronze
Tête en bronze d'un empereur romain, probablement Claude, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Découvert à Rendham. British Museum.

Néanmoins, des menaces émanent rapidement d’une partie du Sénat. Exécutions et suicides de sénateurs vont se succéder, pour des complots ou des suspicions impériales, rapportés par Suétone, Dion Cassius et Tacite. Ceux-ci les expliquent par le caractère peureux de Claude, redoutant un assassinat et jouet des intrigues d’une Messaline perverse, soutenue par ses affranchis. Ces historiens justifient les accusations formulées par Messaline par sa jalousie contre les rivales possibles, son avidité pour les biens de ses victimes ou sa volonté de domination sexuelle, parfois même les deux. L’attitude des historiens modernes varie du respect des grands auteurs antiques, où tout est vrai, à la circonspection qui tente de démêler le vrai du faux pour réinterpréter l’Histoire, jusqu’à l’hypercritique, qui nie toute certitude historique sur la présentation négative des intentions de Claude et de son entourageModèle:Sfn. Parmi les théories interprétant les motivations impériales, Levick considère que le couple impérial se concilie les rivaux potentiels, et attend qu’ils soient vulnérables pour les éliminer si le danger persisteModèle:Sfn. Renucci partage cette vision : Tacite et les autres historiens ne doivent pas être lus au premier degré, mais sous-entendent beaucoup plus qu’ils n’expriment. Pour lui, Claude n’hésite pas à éliminer ceux qu’il craint, quitte à tenter de les endormir dans un premier temps par divers honneurs et alliances pour les éliminer quand l’occasion se présenteModèle:Sfn.

Peu de temps après la proclamation de Claude, en 42, Suétone et Dion Cassius citent une première exécution de sénateur, celle d’Appius Silanus, légat en Espagne puis époux en secondes noces de Domitia Lepida, la mère de Messaline. Selon Dion Cassius, il aurait offensé Messaline en refusant d’être son amant. Tout en émettant des réserves, Suétone expose avec une machination rocambolesque : en exploitant la peur de Claude, Messaline puis l’affranchi Narcisse prétendent avoir rêvé de son assassinat par Appius Silanus, et obtiennent sa mise à mort dès qu’il se présente au palaisModèle:Sfn,<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:XL, 14.</ref>,Modèle:Sfn. Des historiens modernes doutent de ce récit, trop conforme à l’image d’une Messaline criminelle et frustrée et d’un Claude peureux manipulé par son entourage. Pour LevickModèle:Sfn, suivie par Renucci, Claude n’est ni stupide ni innocent et c’est lui l’inspirateur d’une élimination préventive de Silanus, après l’avoir attiré à la cour impérialeModèle:Sfn. D’autres supposent un complot de Silanus, découvert à tempsModèle:Sfn.

Peu après, Scribonianus, légat de Dalmatie, se révolte, incité par le sénateur Vinicianus, cité en 41 comme successeur possible de Caligula et craignant de le payer de sa vie. Mal préparée, peut-être improvisée à la suite de l’exécution d’Appius Silanus, la tentative est un échec, les soldats refusent de suivre Scribonianus qui se suicide ou est tuéModèle:Sfn. Caecina Paetus, membre de la conspiration, est arrêté en Dalmatie et transféré à Rome. Son épouse Arria l’encourage au suicide en se poignardant elle-même<ref group=A>Célèbre scène rapportée par Pline le Jeune, Lettres, Modèle:III, 16 et Martial, Modèle:Rom-maj, 13.</ref>. Selon Dion Cassius, les mises en accusation se font au Sénat, en présence de Claude, et un grand nombre de conspirateurs, des sénateurs dont Vinicianus et des chevaliers, préfèrent le suicide à la délation et la torture orchestrées selon Dion Cassius par Messaline et Narcisse<ref group=A name=DionLX15>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:XL, 15 et 16.</ref>.,Modèle:Sfn.

Mais, contrairement aux poursuites menées sous Tibère, les enfants des conjurés sont épargnésModèle:Sfn. Cette sédition avortée montre la fidélité de l’armée à Claude, confirmée durant tout son règne. Après cette alerte, il fait voter par le Sénat le titre de Modèle:Latin pour récompenser les légions de Dalmatie qui ont refusé de marcher contre lui<ref group="A">Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:XL, 15.</ref>, une façon d’appeler les sénateurs à témoigner de leur soutien à l’empereurModèle:Sfn.

Épurations dynastiques

Dion Cassius situe lors des années 46 et Modèle:Nobr une série d’éliminations dans la famille impériale, visant les gendres de Claude et l’entourage des sœurs de Caligula, Agrippine la Jeune et Julia Livilla. En 46, selon Dion Cassius, Messaline empoisonne Marcus Vinicius, ex-beau-frère de Caligula, qui aurait refusé d’être son amant. Dion indique aussi qu’il était suspecté de vouloir venger la mort de son épouse Julia Livilla<ref name=DionLX27 group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:XL, 27.</ref>,Modèle:Sfn. Une tentative d’assassinat du fils d’Agrippine, le petit Domitius Ahenobarbus, futur Néron, aussi imputée à Messaline, est qualifiée de fable par SuétoneModèle:Sfn.

En 46 ou en 47, le gendre de Claude, Pompée Magnus est exécuté pour des motifs que ni Suétone ni Dion Cassius n’indiquentModèle:Sfn,<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:XL, 29.</ref>, mais que les historiens modernes supposent être la volonté de Messaline, et peut-être celle de Claude, d’éliminer une possible concurrence de leur fils Britannicus. L’exécution simultanée du père de Pompée Crassus Frugi et de sa mère, n’est évoquée que par Sénèque, qui en fait porter la responsabilité à ClaudeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Claudia Antonia est remariée au demi-frère de Messaline, Faustus Sylla, un gendre moins problématiqueModèle:Sfn.

Derniers complots

tableau
L'empereur Claude fait assassiner son légat Asiaticus, tableau de Raffaele Postiglione (1818 - 1897).

En 46, Asinius Gallus, petit-fils de l'orateur Asinius Pollio et frère utérin de Modèle:Noble-, et Statilius Corvinus, ancien consul, montent une révolution de palais avec des affranchis et des esclaves de ClaudeModèle:Sfn. Asinius Gallus est seulement exilé<ref name=DionLX27 group=A/>. Les sources antiques sont laconiques, le sort de Corvinus et celui des autres complices sont inconnusModèle:Sfn.

En 47, est mis en accusation Decimus Valerius Asiaticus, richissime sénateur originaire de Vienne, très influent en Gaule, deux fois consul. L’accusation d’adultère masque d’autres motifs. Tacite accuse Messaline de convoiter ses jardins, motif conventionnel, puis expose des soupçons plus inquiétants : Asiaticus pourrait soulever les Gaules et l’armée de Germanie. De plus Asiaticus était présent lors du meurtre de Caligula et aurait été évoqué pour sa succession. Arrêté avant son supposé départ pour la Germanie, il comparait devant Claude, qui ne lui laisse que le choix de son mode de mort. Il s’ouvre donc les veines dans ses jardins<ref group="A">Tacite, Annales, Modèle:XI, 1 à 3.</ref>. Pour Renucci, Asiaticus pourrait être un des derniers à payer de sa vie son implication dans l’assassinat de CaligulaModèle:Sfn. Un an après, dans son discours sur l’admission des Gaulois, Claude le qualifie sans le nommer de « brigand » (Modèle:Latin) et de « prodige de palestre »Modèle:Sfn.

L’ampleur de cette succession de purges n’est pas précisément connue, mais selon Suétone et Sénèque, Claude durant son règne aurait poussé au suicide ou fait exécuter trente-cinq sénateurs et plus de trois cents chevaliersModèle:Sfn,<ref group=A>Sénèque, Apocoloquintose, 14, 1.</ref>. Parmi ces victimes, dix-huit sont identifiées nommément, et seulement deux sont morts après 47. Renucci situe donc la plupart des éliminations comme une suite de la prise du pouvoir en 41, et suppose qu’une faction dure des opposants à Caligula n’a pas rallié son successeurModèle:Sfn.

Conclure par l’énumération de ces affaires à un règne de terreur est hasardeux, et leur décompte (dix-huit suicides individuels ou groupés provoqués sur treize ans) parait faible en regard des autres règnes (52 cas sous Tibère en Modèle:Nombre, 15 sous Caligula en Modèle:Nombre, 42 sous Néron en quatorze ans), sachant que cette comparaison doit être prise avec précaution car les indications des auteurs antiques sont lacunaires et sélectivesModèle:Sfn.

Renouvellement du Sénat

En 47 et Modèle:Nobr, Claude exerce la censure avec Lucius Vitellius. Cette fonction, tombée en désuétude après Auguste, lui permet de renouveler les effectifs du Sénat, de l’ordre sénatorial et de l’ordre équestre rassemblant les chevaliers, tout en respectant les apparences républicainesModèle:Sfn. Il démet du Sénat de nombreux sénateurs qui ne répondent plus aux qualités morales ou aux conditions financières attendues, mais selon une méthode déjà pratiquée par Auguste, il les avertit individuellement à l’avance et leur permet de démissionner sans humiliation publique<ref group=A name=TacXI25/>,Modèle:Sfn. Dans le même temps, il fait voter pour les provinciaux titulaires de la citoyenneté romaine le droit d’être candidats aux magistratures du cursus honorum, ce qui les fait entrer au Sénat à l’issue de leur mandat. La Table claudienne gravée à Lugdunum conserve son discours sur l'admission de sénateurs gaulois. Il complète les rangs du Sénat par l’inscription des nouveaux magistrats, et pour atteindre l’effectif de six cents, inaugure une nouvelle pratique, l'Modèle:Latin : il inscrit d’office des chevaliers répondant aux conditions de fortune et d'honorabilité, sans qu’il leur soit nécessaire d’avoir exercé au préalable la questure<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Il pallie l’extinction des lignées patriciennes en accordant cette qualité aux sénateurs les plus anciens, ou à ceux dont les parents s’étaient illustrés<ref group=A name=TacXI25>Tacite, Annales, Modèle:XI, 25.</ref>.

Claude et l'Empire

Après les désordres de Caligula, Claude veut restaurer l'État romain, en développant sa centralisation. Secondé par des affranchis compétents, il renforce l'administration ébauchée par Auguste, surveille le gouvernement des provinces en limitant les abus et garantit la paix romaine par l'annexion de plusieurs royaumes clients. Plus qu'Auguste, il s'intéresse aux provinciaux et diffuse généreusement la citoyenneté romaineModèle:Sfn.

Monnayage et propagande impériale

Le monnayage est un puissant instrument de propagande pour les empereurs romains, qui touche facilement les millions d'habitants de l'EmpireModèle:Sfn. Claude l'utilise pour ses frappes en or (aureus), en argent (denier), et en quantités considérables pour les petites espèces en laiton (sesterce) et en bronze (as et ses sous-multiples). Les frappes de laiton et de bronze de l'atelier de Rome sont complétées en Occident par les émissions effectuées dans les camps militaires et par les imitations produites par des officines locales tolérées par les autoritésModèle:Sfn. Par leur abondance, ces émissions, officielles et imitées, se substituent aux anciennes monnaies gauloises et espagnoles, provoquent la fermeture des petits ateliers monétaires encore actifs dans quelques municipes provinciaux et alimentent le petit commerce en Gaule, en Germanie et en BretagneModèle:Sfn.

On peut distinguer quatre thèmes dans les monnaies de ClaudeModèle:Sfn :

  • l'exaltation de certains membres de sa famille, afin de réaffirmer sa légitimité
  • l'idée de Victoire, associée à l'empereur
  • l'exemple d'Auguste
  • les valeurs liées à la personne et à la politique de Claude

Dès les premières émissions en Modèle:Nobr, l'empereur est figuré avec son père Drusus ou sa mère Antonia la Jeune sur des séries en or, en argent ou en bronze, émises à Rome et à Lugdunum. Son fils Britannicus apparaît dès sa naissance en 41 sur des monnaies avec l'inscription Modèle:Latin (« Espoir Auguste »)Modèle:Sfn. D'autres frappes de sesterces à partir de 42/43 montrent son frère Germanicus puis l'épouse de ce dernier Agrippine l'Aînée. Enfin, des bronzes frappés à Rome en 42 montrent les fondateurs de la lignée impériale, Auguste et au revers Livie que Claude vient de faire diviniserModèle:Sfn.

monnaie
Monnaie frappée par la colonie romaine de Patras (Péloponnèse) : bustes des trois enfants de Claude.

En revanche, aucune monnaie n’est émise à l’effigie de Messaline à Rome ou à Lugdunum. De nombreuses cités de la partie orientale de l’Empire qui bénéficient de leur indépendance monétaire frappent des monnaies qui exaltent la fécondité de Messaline, mère de l’héritier présomptif de l’empereur. Nicée, Nicomédie la figurent portant des épis de blé, attribut de Déméter, déesse de la fertilitéModèle:Sfn. Une émission d’Alexandrie la montre présentant dans sa main ouverte deux personnages miniatures, ses deux enfants. Frappé à Césarée de Cappadoce, le portrait de Messaline porte au revers Octavie et Britannicus se tenant par les mains accompagnés de leur demi-sœur Claudia AntoniaModèle:Sfn.

Dans l'affirmation de la légitimité de Claude, plus étonnantes sont les monnaies qui rappellent sa proclamation par les militairesModèle:Sfn L'une montre dès 41-42, avec de nombreuses frappes ultérieures, l'empereur associé aux gardes prétoriennes. Une seconde avec la légende PRAETOR(iani) RECEPT(i) fait voir l'empereur et un soldat se serrant la main<ref>Monnaie ref. Cohen Claude C77 (or) et C78 (argent).</ref>. Il est probable, selon Levick et Campbell, que ces monnayages récompensent les prétoriens ayant proclamé Claude empereur<ref>B. Campbell, The Emperor and the roman army, Oxford, 1984, Modèle:P..</ref>, mais ces types sont ensuite réutilisésModèle:Sfn :

La Victoire est une condition obligée pour la reconnaissance du pouvoir. Or Claude à son avènement ne peut vanter aucun exploit militaire personnel ou de ses généraux. Il célèbre donc ceux de son père par des émissions au profil de Drusus avec au revers un arc de triomphe, une statue équestre entre deux trophées et l'inscription DE GERMANIS. À partir de 46 et jusqu'en 51, Claude célèbre sa conquête de la Bretagne avec des monnaies au revers identique, et la mention DE BRITANN(is)Modèle:Sfn.

Des séries monétaires émises pour les mérites d'Auguste sont reproduites par Claude : la figuration d'une couronne en feuilles de chêne avec la légende OB CIVES SERVATOS représente la couronne civique accordée au défenseur des citoyens romains, Auguste autrefois, Claude à présent qui l'a placée au toit de sa maisonModèle:Sfn. Autre reprise de monnaies augustéennes, les pièces de l'atelier monétaire de Lugdunum montrant l'autel du sanctuaire fédéral des Trois Gaules et légendées ROM ET AVG, connues par un rare quadransModèle:Sfn. Elles rappellent le lieu et le jour de naissance de Claude, qui coïncident avec le jour de consécration de cet autelModèle:Sfn.

Des allégories liées à la politique de Claude apparaissent sur les monnaies du début de son règne en 41/42. les monnaies LIBERTAS frappées à Rome montrant une femme tenant à la main un Modèle:Latin (bonnet de l'affranchissement) annonce non pas la liberté au sens moderne mais la fin de la tyrannie du règne précédent, et son absence sous Claude. Une autre allégorie est remarquable car aucune monnaie ne l'a fait apparaître avant, et elle n'est reprise par aucun des successeurs de Claude : CONSTANTIA, émise en or, en argent et en bronze, montre une femme debout tenant une torche et une corne d'abondance, ou debout et casquée, tenant un long sceptre, ou encore assise sur une chaise curule, levant la main droite à hauteur de son visage. Aucun culte de cette vertu divinisée n'existe à Rome, et cette allégorie est visiblement personnellement liée à Claude. Il semble hasardeux de rattacher la CONSTANTIA à un événement précis du règne, elle renvoie plutôt à une notion stoïcienne de cohérence de conduite et de fidélité à ses engagements, une affirmation officielle de programme de bon gouvernementModèle:Sfn.

La centralisation du pouvoir

Pas plus sous la République que sous l’Empire, le Sénat ne dispose de capacités opérationnelles pour administrer l’Empire : seulement un trésor, l’Aerarium, aux moyens financiers limités, pas de personnel administratif ou technique ni de bureaux, hormis des archivesModèle:Sfn. Sous la République, les magistrats et les gouverneurs de provinces se faisaient assister par leur personnel, esclaves et affranchis, tandis que des questeurs géraient leur trésorerieModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Auguste organisa la gestion des provinces impériales qu’il administrait par ses légats et celle de ses domaines privés sur ce modèle, avec les affranchis et les esclaves de sa maison, la Modèle:Latin. Il créa pour gérer les revenus perçus une caisse impériale, le Modèle:Latin, parallèle à l’Aerarium. Claude hérite de cette administration embryonnaire et la développe en spécialisant des bureaux, placés chacun sous l’autorité d’un affranchi de la Modèle:LatinModèle:Sfn.

Le service le plus important est celui des finances (Modèle:Latin), qui gère le trésor de la maison impériale (le Modèle:Latin), en relation avec les Modèle:Latin provinciauxModèle:Sfn. Il est confié à Pallas, précédemment homme de confiance d’Antonia la Jeune, la mère de Claude<ref group=A>Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, Modèle:XVIII, 182.</ref>,Modèle:Sfn. Le service de la correspondance administrative (Modèle:Latin), probablement créé par Auguste en relation avec la poste impérialeModèle:Sfn, est dirigé par Narcisse, ancien esclave de CaligulaModèle:Sfn. Narcisse est l’homme de confiance de Claude, et parfois son porte-parole, par exemple en 43 pour apaiser une légion récalcitrante lors de la campagne de BretagneModèle:Sfn.

Claude, qui exerce activement son rôle judiciaire, crée un service traitant les causes évoquées en appel à l'empereur (Modèle:Latin) et les requêtes (Modèle:Latin), confié à Calliste, ancien affranchi de Caligula. Un dernier service (Modèle:Latin) s’occupe des questions diverses, des recherches documentaires et de la rédaction des documents et des discours officielsModèle:Sfn. Il est géré par PolybeModèle:Sfn, qui est exécuté en 47 pour des raisons obscures, sur une accusation de Messaline d’après Dion Cassius<ref group=A>Dion Cassius, Histoires romaines, Modèle:XL, 31.</ref>. Son poste est repris par Calliste.

Cette organisation ne fait pas une distinction nette entre les revenus privés de l’empereur et ceux de l’ÉtatModèle:Note, ce qui explique qu’elle donne un poids important au personnel de la maison d’AugusteModèle:Sfn. La responsabilité élevée de ces hommes, de rang social inférieur et grecs de surcroit, joue dans l'image négative transmise par les historiens qui répètent tous que Claude est soumis à leur influenceModèle:Sfn. De surcroit, l’énorme richesse de plusieurs d’entre eux leur vaut une réputation de corruption. Dion Cassius affirme qu’ils vendaient le titre de citoyen romain au prix fort d’abord, puis à vil prix, les charges militaires et celles de procurateur et de gouverneur, et même les denrées alimentaires, créant une pénurie<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LIX, 17.</ref>,Modèle:Sfn. Pline l'Ancien constate que Pallas, Narcisse et Calliste étaient plus riches que Crassus, l'homme le plus riche de l'époque républicaine après Sylla avec des biens estimés à deux cents millions de sesterces<ref group=A>Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Modèle:XXXIII, 47.</ref>.

Toutefois, ces mêmes sources accusatrices admettent que ces affranchis étaient loyaux envers Claude<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 65 ; Sénèque, Consolation à Polybe.</ref>. Enfin Suétone leur reconnaît même une certaine efficacitéModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

L'expansion de l'Empire

Carte
L'Empire romain sous Claude. Modèle:Légende/Début Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende/Fin

Sous le règne de Claude, l'Empire connaît une nouvelle expansion, celle-ci ayant été limitée depuis l'époque d'Auguste. Des territoires déjà sous protectorat romain sont annexés : le Norique, la Judée après le décès de son dernier roi [[Agrippa Ier|Hérode Modèle:Noble-]] en 42, la Pamphylie et la Lycie en 43, à la suite d’une révolte locale et du meurtre de citoyens romains<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 17.</ref>,Modèle:Sfn. Après l’assassinat par Caligula du roi de Maurétanie Ptolémée, et l’insurrection d’un de ses affranchis, Ædemon en 40, l’agitation de tribus maures se poursuit en 42 et 43<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En 43, l’ancien royaume est divisé en deux provinces, Maurétanie césarienne et Maurétanie tingitane<ref group=A>Modèle:PliHN, Modèle:Nobr rom, Modèle:Rom-maj, 11.</ref>,Modèle:Sfn.

Modèle:Article détaillé

camée représentant un char de triomphe
Camée du triomphe de Claude : deux centaures tirent le char impérial en piétinant les vaincus. Claude tient le foudre de Jupiter tandis que la Victoire lui apporte la couronne triomphale. À ses côtés, Messaline tenant un épi, Octavie couronnée de laurier et Britannicus en habit militaireModèle:Sfn. – Bibliothèque royale (Pays-Bas).

La Britannia (actuelle Grande-Bretagne) est une cible alléchante par sa richesse, déjà reconnue par les commerçants romains. La conquête, envisagée par Caligula, est entamée par Claude en 43. Il envoie Aulus Plautius à la tête de quatre légions, prenant prétexte de l'appel à l'aide d'un allié local en difficulté<ref group=A name=Sue17>Suétone, Claude, 17 ; Vespasien, 4.</ref>. Claude lui-même se rend dans l'île avec ses gendres pendant une quinzaine de jours recueillir la victoire<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 19-21.</ref>,Modèle:Sfn.

À l’automne 43 et avant son retour à Rome, le Sénat lui accorde un triomphe et l’édification d’un arc de triomphe à Rome et d’un autre à Boulogne-sur-Mer. Le Sénat lui donne également le titre honorifique de « Britannicus » qu’il n'accepte que pour son fils, et n'utilise pas lui-même. Le triomphe de Claude est célébré en 44, une cérémonie que Rome n’avait pas connue depuis celui de Germanicus en 17. Messaline suit le char triomphal en Modèle:Latin, avec plusieurs généraux vêtus des ornements triomphaux<ref group=A name=Sue17/>,Modèle:Sfn. L’usage d’un Modèle:Latin est un honneur exceptionnel accordé à Messaline, car circuler dans cette voiture attelée à deux roues est le privilège des Vestales, qui n’a été accordé avant qu’à LivieModèle:Sfn.

Claude a enfin une gloire militaire comme ses parents, et a réussi là où Jules César lui-même avait échoué, soumettre les Bretons et l’OcéanModèle:Sfn. Il renouvelle ce triomphe en instaurant une fête annuelle qui le commémore<ref name=DionLX25 group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 25.</ref>. En 47, il défile au côté d’Aulus Plautius, qui reçoit une ovation. En 51, il célèbre la capture du chef breton Caratacos en reconstituant au Champ de Mars la prise d’assaut d’une ville bretonneModèle:Sfn.

En 46, les Romains interviennent en Thrace, dont l'assassinat du roi Modèle:Noble par son épouse est suivi d'une révolte contre la tutelle romaine. Les témoignages historiques sur le conflit sont tardifs et réduits à quelques passages chez Eusèbe de Césarée et Georges le Syncelle. Le royaume conquis est divisé en deux, le nord est rattaché à la Mésie et une nouvelle province de Thrace est créée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette annexion reporte la frontière sur le Danube et sécurise les provinces impériales de Macédoine et d’Achaïe, dont Claude remet le contrôle au Sénat<ref group=A>Dion Cassius, Histoires romaines, Modèle:LX, 24.</ref>.

Sur le front du Rhin, Claude reste sur la stratégie défensive préconisée par Auguste et suivie par Tibère, d’autant plus que plusieurs légions basées dans les provinces rhénanes sont désormais engagées en Bretagne. Les peuples germaniques tentent parfois des incursions de pillage dans l’Empire, suivies de représailles romaines. En 47, le légat de Germanie inférieure Corbulon chasse les pirates basés à l’embouchure du Rhin, ramène les Frisons dans un vague protectorat romain, et intervient contre les Chauques. Claude lui décerne les ornements triomphaux, conclusion honorifique assortie de l’ordre de ne pas prolonger sa campagne militaire au-delà du Rhin<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XI, 18 à 20.</ref>,Modèle:Sfn. Corbulon occupe alors ses troupes au creusement d’un canal entre le Rhin et la MeuseModèle:Sfn. Des aménagements complètent l’organisation stratégique du secteur rhénan. Claude fait achever la traversée des Alpes par le col du Brenner, reliant l'Italie à la Germanie et mettant ainsi la dernière touche à des chantiers entamés par son père DrususModèle:Sfn.

Gouvernement des provinces

buste en pierre
Buste de Claude en tenue militaire, issu de la cité de Bilbilis, Musée de Saragosse.

Claude fait preuve, à l’égard des provinciaux, d’une ouverture d’esprit et d’une bienveillance que l’on constate dans son célèbre discours sur l’ouverture du Sénat aux notables gaulois et aussi par des mesures ignorées des auteurs antiques et ponctuellement tracées par diverses sources épigraphiques. L’historien Gilbert Charles-Picard estime que cette attitude novatrice vient de la double culture grecque et latine de Claude, parfaitement bilingue, et de son érudition historique qui lui inspire une sympathie pour les peuples vaincusModèle:Sfn.

À partir des sources littéraires et de quelques inscriptions épigraphiques, un certain nombre de gouverneurs de provinces ont été identifiés par les historiens, un échantillon qui ne couvre que très partiellement l’Empire. On constate néanmoins que peu de gouverneurs nommés par Caligula sont maintenus sous Claude, et que ces derniers sont des hommes de confiance de Claude ou de ses amis. Si quelques gouverneurs sont des hommes nouveaux, un grand nombre sont des sénateurs issus de la vieille noblesse romaine. Dans les provinces impériales qui dépendent de l’empereur, les gouverneurs compétents sont maintenus en poste quatre ou cinq ans, et parfois récompensés des ornements triomphaux, tandis que les gouverneurs de provinces sénatoriales n’exercent qu’un an, sauf quelques exceptions comme pour GalbaModèle:Sfn proconsul d’Afrique pendant deux ans pour rétablir l’ordre, ou d'autres en Achaïe et en CrèteModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Claude veille à limiter les abus des gouverneurs. Pour lutter contre ceux qui tardent trop à rejoindre leur poste, il impose que tout nouveau gouverneur quitte Rome avant le premier avril pour gagner sa province<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 11, 6.</ref>,Modèle:Sfn. Il interdit aussi aux gouverneurs d’enchaîner deux mandats à la suite, pratique destinée à esquiver les poursuites judiciaires à Rome. Cette mesure permet aux administrés qu’ils auraient lésés de les mettre en accusation à l’issue de leur affectation<ref name=DionLX25 group=A/>. De même, les légats qui accompagnent les gouverneurs doivent rester à Rome un certain temps avant de repartir pour une autre mission, le temps qu'une accusation puisse être formulée contre euxModèle:Sfn,<ref>Sur les procès contre des gouverneurs et leurs hommes, voir R. J. A. Talbert, The Senate of imperial Rome, Princeton, 1984.</ref>.

Claude tranche aussi la question de la responsabilité des contentieux fiscaux dans les provinces qu’elles soient impériales ou sénatoriales : la collecte des revenus alimentant la caisse impériale, le Modèle:Latin était assurée par des procurateurs nommés par l’empereur, tandis que le traitement des litiges relevait en principe du gouverneur de la province. En 53, Claude attribue aux procurateurs du fisc le droit de juger des litiges et fait ratifier ce transfert d’autorité judiciaire par le SénatModèle:Sfn. Cette mesure est critiquée par Tacite, qui constate l’érosion du pouvoir judiciaire appartenant autrefois aux préteurs donc aux sénateurs, au bénéfice des chevaliers et des affranchis de l’empereur<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 60.</ref>,Modèle:Sfn.

Claude tente de remédier aux abus d’usage de la poste impériale par des personnes n’y ayant pas droit, le Modèle:Latin, dont la charge pesait lourdement sur les citésModèle:Sfn comme l’indique l’inscription de Tegea en Achaïe<ref group=A>Modèle:CIL = Dessau ILS 214.</ref>,Modèle:Sfn.

Diffusion de la citoyenneté romaine

plaquette de bronze gravée
Diplôme militaire de 53, accordant le congé honorable à un marin de la flotte de Misène.

Claude effectue un recensement en 48 qui dénombre 5 984 072 citoyens romains<ref group=A name=TacXI25/>, soit une augmentation de près d'un million depuis celui mené à la mort d'Auguste.

Claude témoigne d'une remarquable ouverture pour la concession de la citoyenneté romaine : il naturalise à titre individuel de nombreux OrientauxModèle:Sfn. La création de colonies romaines ou la promotion de cités latines au statut de colonies naturalise collectivement leurs résidents libres. Ces colonies sont parfois issues de communautés préexistantes, en particulier de celles qui comprenaient des élites parvenant à rallier la population à la cause romaine. En reconnaissance, ces cités insèrent le nom de Claude dans leur toponyme<ref>Daniel Nony, « Claude et les Espagnols, sur un passage de l'«Apocoloquintose» », Mélanges de la Casa de Velázquez, tome 4, 1968. Modèle:P., [1]; liste de colonies claudiennes en Orient : Modèle:P., en Bretagne : Modèle:P..</ref> : Lugdunum devient la Colonia copia Claudia Augusta Lugudunum, Cologne la Colonia Claudia Ara AgrippinensiumModèle:Sfn.

La naturalisation par la promotion militaire est une autre voie ouverte par Claude. En droit, la citoyenneté est requise pour l’enrôlement des légionnaires, mais le recrutement local fait entrer dans l’armée de nombreux pérégrins, provinciaux dépourvus du droit de cité, comme légionnaires avec un droit de cité fictif ou comme auxiliaires. Claude généralise l’accord de citoyenneté en la décernant par diplôme militaire en fin de service pour le soldat auxiliaire, pour sa concubine et leurs enfantsModèle:Sfn.

plaque de bronze gravée
La Tabula Clesiana- Castello del Buonconsiglio, Trente (Italie).

Cette générosité envers les provinciaux suscite l’agacement de sénateurs, comme Sénèque qui prétend que Claude Modèle:Citation<ref group=A>Sénèque, L'Apocoloquintose, 3.</ref>. Claude se montre pourtant rigoureux et exige que les nouveaux citoyens connaissent le latinModèle:Sfn. Dans les cas individuels d’usurpation de la citoyenneté, Claude peut d’après Suétone se montrer sévère et faire décapiter des contrevenants, ou ramener à leur condition d'esclave les affranchis usurpant le rang de chevalierModèle:Sfn.

Le pragmatisme de Claude apparaît dans l'édit conservé par la Tabula Clesiana<ref group=A>Inscription Modèle:CIL.</ref>, par lequel il trouve une solution réaliste à la situation des Modèle:Lien, une tribu voisine de Trente. Un envoyé de Claude avait découvert que beaucoup d'habitants avaient obtenu la citoyenneté romaine abusivement. Après enquête, et plutôt que de sévir, l'empereur déclare qu'à partir de ce jour ils seraient considérés comme détenant la pleine citoyenneté : les priver de leur statut illégalement acquis aurait été source de problèmes plus graves que l'entorse à la règleModèle:Sfn.

Claude et Rome

Extension du Modèle:Latin

dalle de pierre gravée
Borne marquant la nouvelle limite du pomerium. Inscription employant la lettre claudienne du digamma inversé (à la dernière ligne).

En Modèle:Nobr, Claude étend le périmètre urbain de Rome (le Modèle:Latin) et inclut l'Aventin<ref group=A>Aulu-Gelle, Noctes Atticae, Modèle:XIII, 14.</ref>. Il suit une coutume ancienne qui veut que l'agrandissement du territoire soumis aux Romains autorise l'extension des limites de la ville de Rome, justifiée pour Claude par la conquête de la Bretagne<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 23-24.</ref>. Toutefois, si l'on suit Sénèque, ce droit n'est valable que pour les annexions réalisées en Italie<ref group=A>Sénèque, De Brevitate vitae, Modèle:XIII, 8.</ref>, ce qui met en doute la légitimité de l'agrandissement de ClaudeModèle:Sfn,<ref>Sur le débat lié à l'extension du Pomerium, voir May, 1943-1944, Modèle:P. ; Syme, 1958 et Griffin, 1962.</ref>.

Activités judiciaires

Comme ses prédécesseurs, Claude détient l’Modèle:Latin, qui lui donne le droit de juger, et la puissance tribunitienne, qui fait de lui le destinataire des appels de citoyens condamnés. Contrairement à ses prédécesseurs, Claude exerce assidûment ses attributions. Il siège au forum du matin au soir, quelquefois même lors des dates religieuses ou des jours de fête, traditionnellement chômés<ref group=A>Modèle:Harvsp, Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 5, 7 et Sénèque, Apocoloquintose, 7, 5.</ref>,Modèle:Sfn. Il juge un grand nombre d'affaires, personnellement ou en compagnie d’un consul ou d’un préteur<ref group=A name=DionLX4>Dion Cassius, Histoire Romaine, Modèle:LX, 4.</ref>. Suétone admet la qualité de certains de ses jugements, mais, comme à son habitude, conclut négativementModèle:Sfn (Modèle:Citation) et illustre ses avis d’exemples tournant le plus souvent Claude en ridiculeModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Outre son activité personnelle de juge, Claude prend plusieurs mesures pour améliorer le fonctionnement judiciaire et réduire l'encombrement des tribunaux de Rome, face aux multiples abus juridiques et à l’inflation du volume d’affaires. Pour limiter l’étirement en longueur des procédures judiciaires, il oblige les juges à clore leurs affaires avant la vacance des tribunaux<ref>Disposition connue grâce à un papyrus de Berlin, analysé par A. Fliniaux, « Une réforme judiciaire de l’empereur Claude », Revue historique du droit français et étranger, Modèle:IV, 110, 1931, Modèle:P..</ref>,Modèle:Sfn. Il augmente la capacité de ces derniers en étendant la durée de session à l’ensemble de l’annéeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Pour lutter contre les manœuvres dilatoires des plaignants — lesquels s’absentent après avoir porté leur accusation, tandis qu'ils obligent l’accusé à demeurer à Rome et allongent la procédure —, Claude impose à ces derniers de rester, eux aussi, à Rome pendant le traitement de leurs affaires, et enjoint aux juges de rendre une sentence en leur défaveur en cas d’absence non justifiéeModèle:Sfn.

Pierre Renucci explique l’encombrement des tribunaux par l’emballement sous Tibère des procès en Modèle:Latin — déclenchés à l’origine à l’encontre du Peuple romain, puis contre la personne ou l’image de l’empereurModèle:Sfn. La récompense légale attribuée aux accusateurs — le quart des biens du condamné — incite à la délation pour des motifs même futiles : propos d’ivrogne ou plaisanteries inconsidérées<ref group=A>Sénèque, De Beneficiis, 3, 26.</ref>,Modèle:Sfn. Sans revenir sur les dispositions légales de la mise en accusation, Claude met un coup d’arrêt aux procès de Modèle:Latin en se défiant des calomniateurs<ref group=A>Dion Cassius, Histoire Romaine, Modèle:LX, 3 et 4.</ref>,Modèle:Sfn.

Claude arbitre également les différends qui lui sont soumis depuis les provinces, comme l'affaire d'Alexandrie. Au début de son règne en effet, les Grecs et les Juifs d'Alexandrie lui envoient chacun une ambassade à la suite d'émeutes opposant les deux communautés. En réponse, Claude fait exécuter deux agitateurs grecs d'Alexandrie et rédige une Lettre aux Alexandrins, dans laquelle il refuse de prendre parti entre les différents responsables des soulèvements, mais prévient qu'il sera implacable vis-à-vis de ceux qui les déclencheraient à nouveau. Il réaffirme les droits des Juifs dans cette villeModèle:Sfn, mais leur interdit dans le même temps d'y continuer l'envoi de colons en masse. D'après Josèphe, il reconnaît ensuite les droits et libertés de tous les Juifs de l'empireModèle:Sfn.

Production législative

Buste en bronze monté sur marbre
Buste de Claude, salon de la paix du château de Versailles<ref>Numéro d'inventaire : MV8511.</ref>.

À l'inverse de son action judiciaire, ses réalisations législatives ont été louées par les auteurs antiques. Claude œuvre à la restauration des mœurs, souhaitant faire coïncider le rang avec la richesse, l'honorabilité et le prestige. Ainsi, dans les spectacles, les sénateurs et les chevaliers retrouvent des places privilégiées<ref>A. Mocsy, Klio, 52, 1970, Modèle:P..</ref>.

Claude prend de très nombreux édits sur des sujets les plus divers, dont Suétone cite un florilège, dont certains dérisoires, tel que l'autorisation des flatulences au cours des banquets, un on-dit colporté au conditionnel par Suétone, mais néanmoins abondamment citéModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Plus sérieusement, Claude traduit en plusieurs lois l’évolution des mœurs de son temps en faveur de l’amélioration du sort des esclaves et l’émancipation des femmesModèle:Sfn. Un décret resté célèbre traitait du statut des esclaves malades ; en effet jusque-là les maîtres abandonnaient à la mort les esclaves malades au temple d'Esculape dans l’île Tibérine et les récupéraient s'ils survivaient. Claude décide que les esclaves guéris seront considérés comme affranchis<ref group=A>Dion Cassius, Histoire Romaine, Modèle:LX, 29.</ref> et que les maîtres qui choisiraient de tuer leurs esclaves plutôt que de prendre ce risque seraient poursuivis pour meurtreModèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref>Yann Rivière, Peut-on mettre à mort son esclave ?</ref>. Pour la première fois dans l’Antiquité, la mise à mort d’un esclave malade par son maître est assimilée à un crimeModèle:Sfn.

D’autres décrets à retenir concernent le droit des femmes : Claude supprime, pour les épouses, la tutelle d’un membre de leur famille d’origine, dispense qui n’existait que pour les mères de plus de trois enfantsModèle:Sfn. Un autre décret répare une injustice du droit successoral en plaçant la mère [[Mariage (Rome antique)|mariée Modèle:Latin]] au nombre des héritiers de son enfant, lorsqu’il décède sans avoir fait de testament<ref group=A>Just. Inst, 3,3.</ref>,Modèle:Sfn.

Parallèlement à ces décisions émancipatrices, Claude renforce les prérogatives du Modèle:Latin, que ce soit sur les biens de sa famille ou en renforçant plus généralement son autoritéModèle:Sfn.

Ravitaillement de Rome

monnaie
Quadrans de Claude, petite monnaie montrant une mesure de blé (modius), objet des préoccupations impériales.

Dès le début de son règne marqué par une disette à Rome, Claude est injurié par la foule du forum et bombardé de croûtons de pain. Il faut savoir qu’à Rome, quelque Modèle:Nombre citoyens pauvres reçoivent gratuitement une allocation en blé, fournie par l’État romain, en grande partie importée des provinces, et matériellement assurée par les soins de l’empereur. Claude décide aussitôt des mesures d’encouragement pour faire arriver le blé à Rome, même pendant l’hiver, saison des tempêtes et d’arrêt de la navigation : il promet de prendre en charge les pertes causées par les naufrages, devenant ainsi l’assureur des vaisseaux des négociants. Les armateurs de navires de commerce obtiennent des privilèges juridiques, comme la citoyenneté et l'exemption des pénalités frappant les célibataires et les couples sans enfants selon la loi Papia-PoppeaModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Claude redéfinit aussi les responsabilités de l’approvisionnement : il confie les opérations de distribution à la population à un procurateur dit Modèle:Latin, du nom du portique de Rome où elle est effectuéeModèle:Sfn. L'administration portuaire d'Ostie et le transport du blé jusqu’à Rome étaient sous la responsabilité du questeur, magistrat débutant et en poste pour un an seulement. Claude lui substitue un procurateur qu’il nomme et maintient selon ses compétencesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Enfin, Claude n’hésite pas à se déplacer lui-même pour surveiller les arrivées de blé à Ostie<ref name=TacAnnXI26 group=A/>.

Constructions publiques

Mis à part la réfection du théâtre de Pompée et l’aménagement de barrières en marbre au Circus MaximusModèle:Sfn, Claude lance ou poursuit de grands chantiers d’aménagement destinés à améliorer l’approvisionnement de Rome. Ces travaux dont le financement n’est possible que grâce aux finances impériales vont durer des annéesModèle:Sfn et laisser des ouvrages que Pline l'Ancien qualifie de Modèle:Citation (« Modèle:Latin)<ref group=A>Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Modèle:XXXVI, 24, 17 (=Modèle:XXXVI, 121).</ref>.

Claude assure le ravitaillement en eau de Rome en restaurant en 45 l’Modèle:Latin, endommagé sous Caligula ; Il poursuit la construction de deux aqueducs, l’Aqua Claudia, qui avait été commencé sous Caligula, et l’Aqua Anio NovusModèle:Sfn. Ces deux ouvrages, longs respectivement de soixante-neuf kilomètres et de quatre-vingt-sept kilomètres, atteignent la Ville en 52, en se rejoignant à la Porta MaggioreModèle:Sfn. La restauration et la construction de ces deux aqueducs coûtent Modèle:Nombre<ref group=A>Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Modèle:XXXVI, 24, 18 (=Modèle:XXXVI, 122).</ref>,<ref>À titre de comparaison, le salaire annuel d'un légionnaire est de Modèle:Nombre ; cf. Modèle:Ouvrage.</ref>, plus que tout autre ouvrage évergétique connu par l'épigraphie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, et s'étendent sur quatorze années<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

monnaie
Sesterce de Néron, montrant le bassin du nouveau port d’Ostie construit sous Claude.

Par ailleurs à Rome il fait creuser un canal navigable sur le Tibre qui mène à Portus, son nouveau port, situé à trois kilomètres au nord d'Ostie. Ce port est bâti en demi-cercle autour de deux brise-lames, un phare occupant sa bouche<ref group=A>Suétone, Claude, 20.</ref>.

Claude souhaite aussi augmenter la surface arable en Italie. Il reprend le projet de Jules César d'assécher le lac FucinModèle:Sfn, en le vidant par un canal de plus de cinq kilomètres dérivant jusqu’au Liris<ref>Modèle:Article.</ref>. Le chantier de creusement dure onze ans, sous la supervision de Narcisse<ref group=A name=Dion6033>Dion Cassius ; Histoire romaine, Modèle:LX, 11 et 33.</ref>,Modèle:Sfn. Les travaux s’achèvent avec le percement des tunnels de Claude jusqu’à la cuvette du lac, mais la vidange attendue est un échec : l’émissaire de vidange est plus haut que le fond du lac et ne le vide pas complètement, gâchant l’inauguration organisée par Claude<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 57.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Note.

Pratiques religieuses

Claude se montre conservateur de la religion officielle, et fait décréter que les pontifes veillent à ce que ne se perde pas la connaissance des rites anciens conservés par les haruspices étrusques<ref group="A" name="Tacite XI, 15" />. Il réhabilite des pratiques désuètes, comme faire réciter la formule des fétiaux lors des traités avec les rois étrangersModèle:Sfn. Lui-même, en tant que Modèle:Latin, s’applique à conjurer les mauvais présages, en faisant annoncer des fêtes si la terre a tremblé à Rome, ou en faisant réciter des prières propitiatoires qu’il dicte au peuple depuis la tribune des Rostres, si un oiseau de mauvais augure a été vu au CapitoleModèle:Sfn. Toutefois, il évite les excès de formalisme religieux, et met un frein à la répétition excessive des célébrations en cas de défaut dans le déroulement des prescriptions rituelles. Il décrète qu’une célébration qui s’est mal déroulée ne peut être réitérée qu’une seule fois, ce qui met fin aux abus suscités par les entrepreneurs de spectacle qui tirent profit de ces multiplications, et même, les provoquent<ref name=DionLX6 group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 6.</ref>.

Il refuse la requête des Grecs d’Alexandrie qui souhaitent lui dédier un temple, en argumentant que seuls les dieux peuvent choisir de nouveaux dieux. Il rétablit des jours de fête tombés en désuétude et annule nombre de célébrations étrangères instituées par son prédécesseur Caligula.

Dans la Ville, Claude se préoccupe de la diffusion des cultes à mystères, venus d'Orient, et recherche des équivalents romains. Par exemple, il veut implanter à Rome les Mystères d'ÉleusisModèle:Sfn, associés au culte de DéméterModèle:Sfn.

Comme Auguste et Tibère, Claude est plutôt hostile aux religions étrangères. Il interdit le druidismeModèle:Sfn. Il expulse de Rome les astrologues et les Juifs, à cause de troubles que Suétone attribue Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les autres auteurs antiques recoupent plus ou moins cette disposition. Les Actes des Apôtres évoquent incidemment ce décret d’éloignement<ref group=A>Actes des Apôtres, 18:2.</ref>, tandis que Flavius Josèphe ne le mentionne pas. Dion Cassius en minimise la portée : Modèle:Citation<ref name=DionLX6 group=A/>. Les motivations et les tenants des actions de Claude vis-à-vis des Juifs restent obscurs à l'heure actuelle. Il semble avoir agi essentiellement pour maintenir l'ordre public à Rome, troublé par des heurts entre membres de la communauté. En 41, il fait fermer les synagogues<ref group=A>Dion Cassius, Histoire Romaine, Modèle:LX, 6, 6.</ref>, et en 49, expulse plusieurs personnalités juives. SuétoneModèle:Sfn laisse penser que ces incidents sont déclenchés par les chrétiensModèle:Sfn. En revanche, Levick estime extravagante l'hypothèse selon laquelle Claude serait l'auteur du « décret de César », punissant les atteintes aux sépulturesModèle:Sfn,<ref>Fernand De Visscher, « L'inscription funéraire dite de Nazareth », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Modèle:97e année, Modèle:N°, 1953. Modèle:Pp., [2] ; A. Giovannini et M. Hirt, « L'inscription de Nazareth, nouvelle interprétation », ZPE, 124, 1999, 107-122.</ref>.

Claude est opposé aux conversions, quelle que soit la religion, y compris dans les régions où il accorde aux habitants la liberté de croyance. Les résultats de tous ces efforts ont été reconnus, et même Sénèque, qui pourtant méprise les vieilles pratiques superstitieuses<ref group=A>Voir Sénèque#Conception de la religion.</ref>, défend Claude dans sa satire l’Apocoloquintose<ref group=A>Sénèque, Apocoloquintose, 9.</ref>.

Jeux

médaille
Médaille de Varrone Belferdino, 1440s-1450s, recto.

Les spectacles, jeux du cirque et représentations théâtrales, tiennent une grande place dans la vie publique à Rome, organisés lors des cérémonies religieuses ou des fêtes, autant d’occasions de rencontre entre l’empereur et sa populationModèle:Sfn.

D’après Suétone et Dion Cassius, Claude se passionne pour les jeux de l’amphithéâtre. Ils en font un être cruel, assoiffé de sang, jouissant des spectacles des gladiateurs et plus encore indigne amateur des médiocres spectacles de midi, consacrés aux mises à mort de condamnésModèle:Sfn,<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LIX, 13.</ref>. La cruauté est un des vices que les auteurs antiques soulignent pour forger un personnage de tyranModèle:Sfn, mais les assertions de Suétone reprises par Dion Cassius entrent en contradiction avec les écrits de Sénèque. Celui-ci condamne clairement ces meurtres mis en scène<ref group=A>Sénèque, Épitres, 7, 3.</ref>. Or dans son Apocoloquintose qui charge Claude de tous les défauts, Sénèque ne fait aucune allusion à une attirance pour les spectacles sanglants, d’où le doute de Renucci sur cette cruauté rapportée par Suétone : réalité ou ragot ?Modèle:Sfn.

Suétone est plus crédible lorsqu’il dépeint l’attitude de Claude lors des spectacles qu’il donne : il interpelle familièrement les spectateurs, fait circuler des tablettes portant ses commentaires, lance des plaisanteries et encourage les réactions du publicModèle:Sfn, entretenant ainsi sa popularité auprès de la foule romaineModèle:Sfn.

Parmi les jeux que Claude donne personnellement, deux sont exceptionnels par leur ampleur et leur rareté : les jeux séculaires et la naumachie du lac Fucin.

Les jeux séculaires de 47 marquent le Modèle:800e de la fondation de Rome. Comme Auguste en avait organisé aussi en Modèle:Nobr, Suétone ironise sur ce caractère séculaire, et la formule d’annonce de « jeux que nul n’a vus », puisque certains spectateurs ont assisté aux précédentsModèle:Sfn. Toutefois, André Piganiol souligne que les deux jeux ne sont pas comparables, car Claude crée un nouveau type de célébration, les anniversaires de Rome, différents des jeux d’Auguste, expiatoires des troubles d’un siècle achevé et annonciateurs du siècle nouveau<ref>André Piganiol, « Jeux séculaires », Revue des Études Anciennes, t. 38, no 2, 1936, Modèle:P..</ref>. Lors d’une des cérémonies, les jeunes nobles accomplissent à cheval des évolutions complexes, et les applaudissements de la foule les plus nourris sont pour le jeune Domitius Ahenobarbus, fils d’Agrippine la Jeune, dernier descendant de Germanicus et petit-neveu de Claude, au détriment de son fils Britannicus<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XI, 11.</ref>, ce qui ne peut qu’inquiéter l’impératrice MessalineModèle:Sfn.

Une autre représentation d’exception est organisée en 52, pour l’inauguration de la dérivation du lac Fucin : une naumachie, une bataille navale opposant deux flottes et des milliers de condamnés, un spectacle que seuls César et Auguste avaient montré auparavant. La narration de Suétone contient la seule citation connue de la formule célèbre Modèle:Latin. Et toujours selon Suétone, Claude se ridiculise en entrant dans une colère mémorable lorsque les figurants refusent de combattre, croyant avoir été graciésModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Claude et Lyon

Fichier:Fontaine érigée en l'honneur de Claude MBALyon 2018.jpg
Fontaine érigée en l'honneur de Claude, en bas de la montée de Choulans (Lyon).

Des indices épigraphiques ténus permettent d'attribuer à Claude quelques réalisations monumentales dans sa ville natale, comme les thermes de la rue des Farges (50 à 60 {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}). Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la découverte de tuyaux de plomb à son nom sur la colline de Fourvière laisse penser qu'il est à l'origine de l'aqueduc du Gier, jusqu'à ce qu'une autre inscription permette de rattacher l'édifice à HadrienModèle:Sfn. Cependant, Claude a bien fait construire un aqueduc, celui de la Brévenne ou celui de l'Yzeron. Par ailleurs, deux fontaines ont été édifiées sous son règne, celle du site du Verbe Incarné et celle de ChoulansModèle:Sfn.

Vie privée de l'empereur

Fichier:Claudius MAN Napoli Inv6060.jpg
Buste de Claude portant la couronne civique, entre 41 et Modèle:Nobr, musée archéologique national de Naples.

Les anecdotes collectées par Suétone et Dion Cassius pour déprécier la vie privée de Claude devenu empereur abondent, et changent d’échelle : ses excès de table rassemblent jusqu’à six cents convives<ref group=A>Suétone, Claude, 32.</ref>. Plus scandaleux encore, alléché par une odeur de cuisine, Claude abandonne le tribunal où il siège pour s’inviter au repas de la confrérie des Saliens<ref group=A>Suétone, Claude, 33.</ref>, se révélant ainsi l’esclave de ses appétits au détriment de son rôle judiciaireModèle:Sfn.

Messaline

Les auteurs antiques forgent pour la postérité l’image d’un empereur peureux, facilement manipulé par ses affranchis et son épouseModèle:Sfn,<ref group=A>Dion Cassius, Modèle:LX, 2 et 28.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La réputation qu’ils donnent à Messaline est encore pire. La satire de Juvénal décrivant Messaline quittant le palais impérial pour se prostituer dans les bas-quartiers en fait la figure de la concupiscence féminine incontrôlée et illimitée<ref group=A>Juvénal, Satires, Modèle:VI, v114-132.</ref>,Modèle:Sfn. Outre les éliminations physiques dont les historiens rendent responsable sa jalousie et son avidité, ils lui prêtent de multiples amants, qu’elle choisit elle-même dans toutes les classes sociales. Les hommes qui refusent de se soumettre à ses désirs sont contraints par la ruse ou la force Modèle:Sfn. Claude est dépeint comme le vieillard imbécile des comédiesModèle:Sfn, trompé à son insu, parfois même avec sa complicité involontaire, comme lorsque Messaline le prie d’ordonner au mime Mnester de faire ce qu’elle lui demandera<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 22 ; Tacite, Annales, Modèle:XI, 36.</ref>.

Son dernier amant, le sénateur Caius Silius, est la cause de sa fin en 47. Résumé en quelques lignes par les abréviateurs de Dion Cassius<ref group=A>Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 31.</ref>, mentionné par Suétone, cet épisode est longuement mis en scène par TaciteModèle:Sfn, qui utilise son art rhétorique pour mêler les éléments factuels avec des traits de comédieModèle:Sfn et des sous-entendus moralisants et politiquesModèle:Sfn. Après les jeux séculaires de 47, Messaline s’éprend du sénateur Caius Silius, de parents proches de Germanicus, qualifié par Tacite de Modèle:Citation, qu’elle oblige à se séparer de son épouse. Toujours selon Tacite, Silius cède à Messaline, sûr que son refus lui vaudrait la mort et espérant aussi de larges récompenses pour son acceptation, ce qu’il obtient : sans discrétion, Messaline fréquente assidûment la demeure de Silius et y transfère même du mobilier, des esclaves et des affranchis en provenance de la maison impériale<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XI, 12.</ref>,Modèle:Sfn.

La liaison des amants culmine par leur mariage officiel, une prise de risque que Tacite qualifie de fabuleuse<ref name=TacAnnXI27 group=A>Tacite, Annales, Modèle:XI, 27.</ref>, tout en étant comme les autres historiens persuadé de son authenticitéModèle:Sfn. Tandis que Dion Cassius affirme que Messaline eut le désir d’avoir plusieurs époux, Tacite attribue l’idée de ce mariage à Silius, préférant le risque à l’attente, disposé à maintenir les pouvoirs de Messaline et à adopter son fils Britannicus. Profitant que Claude séjourne à Ostie pour superviser les arrivées de blé, Messaline demeure à Rome<ref name=TacAnnXI26 group=A>Tacite, Annales, Modèle:XI, 26.</ref>. Son union avec Silius est célébrée dans les règles, selon une date annoncée d’avance, avec un contrat préalablement signé devant témoins, cérémonie avec prise des auspices, sacrifice aux dieux et banquet nuptialModèle:Sfn. Suétone est le seul à révéler une manipulation à la limite du vraisemblable : Claude signe aussi le contrat de mariage, car on lui fait croire à un mariage simulé, destiné à détourner un péril qui l’aurait menacé d’après les présagesModèle:Sfn. Pour Castorio, cet élément qu’ignorent Tacite et Dion Cassius n’est qu’une rumeur sans fondement historique, participant à l’image d’imbécillité de ClaudeModèle:Sfn. Quoi qu’il en soit, les spécialistes du droit romain considèrent que le mariage de Messaline, dûment célébré, a pour effet la répudiation de ClaudeModèle:Sfn.

Fichier:Harvest-feast-given-by-messalina by G.Surand.jpg
La fête des vendanges donnée par Messaline, par Gustave Surand (1860–1937).
Fichier:François Victor Eloi Biennourry - Mort de Messaline 01.jpg
La Mort de Messaline. Huile sur toile de François Victor Eloi Biennourry, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Au lieu de se rendre maîtres de Rome, les mariés mènent dans leurs jardins une fête des vendanges qui tourne à la bacchanale, épisode invraisemblable du récit de TaciteModèle:Sfn. La riposte est organisée par les affranchis Calliste, Narcisse et Pallas. Convaincus que ce mariage va faire de Silius le nouvel empereur, ils redoutent de ne plus bénéficier de la même complaisance qu’avec Claude. Autre raison, en faisant condamner à mort Polybe, un des leurs, Messaline a rompu leurs liens de complicité<ref group=A>Dion Cassius, Histoires romaines, Modèle:LX, 31.</ref>,Modèle:Sfn. Il leur faut donc éliminer Messaline en empêchant toute entrevue avec Claude, qu’elle pourrait amadouer. Aux dires de Tacite, seul Narcisse agit, les deux autres restent passifs, Pallas par lâcheté, Calliste par prudenceModèle:Sfn. Narcisse va à Ostie, fait informer Claude du remariage de Messaline, et ramène à Rome son maître paniqué. Ils se dirigent vers la caserne des prétoriens, mais, semble-t-il par méfiance envers un des préfets du prétoire, Claude confie les pleins pouvoirs militaires à Narcisse, pour un jour. Après quelques mots adressés aux soldats sur son infortune, Claude rentre au palais et préside un tribunal improvisé. Arrêté sur le forum, Caius Silius prie qu’on hâte sa mort. D’autres anciens amants de Messaline sont exécutés, y compris Mnester, qui proteste qu’il n’avait fait qu’obéir à l’ordre de ClaudeModèle:Sfn. La répression frappe aussi le préfet des vigiles et un chef d’école de gladiateurs, ce qui indiquerait des complicités armées, quoique de faible valeur combative face aux prétoriensModèle:Sfn. Enfin, Claude dîne copieusement ; bientôt gavé, il perd colère et lucidité, et demande Messaline. Narcisse prend alors l’initiative d’envoyer des soldats tuer Messaline dans les jardins qu’elle avait pris à Valerius Asiaticus<ref name=TacAnnXI27 group=A/>,Modèle:Sfn. Ensuite, le Sénat décide la Modèle:Latin de Messaline, par la destruction de ses statues et le martelage de son nom sur les inscriptionsModèle:Sfn.

Si Tacite appuie son scénario sur la folle libido de Messaline et la passivité fataliste de Silius, face à l’aveuglement et la faiblesse de Claude compensés par la réactivité de son affranchi, une version longtemps acceptéeModèle:Sfn, certains historiens modernes rejettent ces stéréotypes et réinterprètent le déroulement des faits. Ainsi en 1934, Arnaldo Momigliano voit Caius Silius comme le meneur d’une révolution sénatoriale<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,Modèle:Sfn, complot accepté par Messaline, qui se sent menacée par la montée de popularité du fils d’AgrippineModèle:Sfn. Une révision originale a été proposée en 1956 par Jean Colin, qui refuse de voir un complot ou un mariage réel noué entre Messaline et Silius. Comme le décrit Tacite, tandis que Claude est à Ostie, ils célèbrent la fête des vendanges, durant laquelle, selon Colin, Messaline suit un rituel d’initiation bachique, similaire à une cérémonie de mariage. Narcisse aurait alors présenté à Claude cette initiation comme un véritable mariage menaçant son pouvoir et obtenu l’élimination de Messaline et de Silius<ref>Jean Colin, « Les vendanges dionysiaques et la légende de Messaline », 1956.</ref>. Castorio remarque que cette thèse ingénieuse requiert un Claude grossièrement dupé, caricature que les historiens n’admettent plusModèle:Sfn. Mais force est de constater que malgré plus de cinquante ans de recherches sur des écrits lacunaires et biaisés, les historiens n’ont pu proposer une reconstitution admissible par une majorité de leurs confrèresModèle:Sfn.

Agrippine

Fichier:Gemma Claudia KHM.jpg
Gemma Claudia, camée de Claude et Agrippine à gauche, et deux parents.

La disparition de Messaline suscite de nouvelles ambitions matrimoniales dans la maison impériale, chaque affranchi a sa candidate : Pallas soutient Agrippine la Jeune, dernière enfant vivant de Germanicus, Calliste est pour Lollia Paulina, fille de consul et sans enfant, enfin Narcisse propose un remariage avec Ælia Pætina, autrefois répudiée par Claude mais irréprochable<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 1 et 2.</ref>. Claude penche pour Agrippine, mais épouser sa nièce est assimilé à un inceste et interdit par la coutume romaine. Mais Claude obtient sans difficulté du Sénat une nouvelle loi l’autorisant à épouser Agrippine, Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Fichier:TI CLAUD CAESAR AVG GERM P M TRIB POT P P - Aureus de Claude MBALyon inv X 618-12 R.jpg
Aureus de Claude, effigie d'Agrippine AGRIPPINAE AUGUSTAE.
Fichier:Famille Claude-Agrippine.jpg
Généalogie simplifiée du couple Claude-Agrippine, vers 49-54. En grisé, personnes décédées à ces dates.

Sitôt impératrice, Agrippine obtient des honneurs que n'avait pas reçus Messaline : elle reçoit le titre d'Augusta et des monnaies sont émises avec son portrait ainsi que d'autres montrant le jeune NéronModèle:Sfn. Elle fait lever l’exil de Sénèque et lui confie l’éducation de son fils. Elle fait rompre les fiançailles d’Octavie avec Lucius Silanus, en le faisant accuser d’inceste avec sa propre sœur, puis fiance Néron à Octavie<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 4, 8 et 9.</ref>. Enfin, elle élimine sa rivale Lollia Paulina en l’accusant d’avoir consulté des mages sur le mariage de Claude. Ce dernier la fait exiler par le Sénat pour ce projet dangereux, puis elle est contrainte au suicide<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 22.</ref>,Modèle:Sfn. Enfin en 50, prétextant les exemples d’Auguste et de Tibère qui avaient préparé leur succession sur deux jeunes héritiers, Agrippine fait adopter son fils par Claude, le jeune Domitius Ahenobarbus devient Claudius Néron, frère de Britannicus et son aîné de trois ans<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 25.</ref>. En 53, Néron épouse Octavie et fait à seize ans sa première prestation au Sénat, en prononçant un discours érudit en faveur de l’exemption d’impôts de Troie, cité ancêtre des Romains, puis un autre en faveur des îles de Rhodes, pour leur accorder l’autonomie interne<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 58.</ref>,Modèle:Sfn. En 54, Agrippine renforce encore sa position en faisant condamner la grand-mère maternelle de Britannicus Domitia Lepida qu’elle trouve trop familière avec Néron, en l’accusant d’avoir pratiqué des envoutements et créé des troubles en Calabre avec ses esclaves<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 65.</ref>,Modèle:Sfn.

Possessions de Claude

Claude hérite de Caligula de nombreuses propriétés au sein et autour de Rome, dont de nombreux Modèle:Latin (jardins) regroupés dans trois quartiers de la capitale, au nord, à l'est et sur la rive droite du Tibre. Au nord, sur et entre les pentes du Pincio et du Quirinal, se déploient les Modèle:Latin, très proches du centre de Rome. À l'est, sur l'Esquilin, Claude possède plusieurs domaines dont les Modèle:Latin ; on y trouve non loin les Modèle:Latin et Asiniani. Le long du Tibre se trouvent les Modèle:LatinModèle:Sfn.

Claude prend également possession du Modèle:Latin situé au sud-ouest du Palatin, construit en plusieurs fois et aux contours mal connus. Le centre de cet ensemble comprend la Maison d'Auguste proprement dite, un temple d'Apollon, un quadriportique, deux bibliothèques et plusieurs éléments architecturaux très mal connus : la maison de Tibère, un temple de Magna Mater, un Modèle:Latin et des Modèle:Latin. Les constructions ultérieures, notamment sous les Flaviens, ont très largement détruit les bâtiments précédentsModèle:Sfn.

Lorsqu'il hérite de cet ensemble, Claude procède à deux actions symboliques pour, à travers ces bâtiments, renforcer sa légitimité. Quand il est gratifié par le Sénat de la couronne navale, il l'expose sur le faîte de sa maison, aux côtés de la couronne civique reçue par Auguste. Par ailleurs, en 49, il redéfinit le Modèle:Latin romuléen, notamment sur le Palatin, pour se référer comme Auguste aux mythes fondateurs de RomeModèle:Sfn.

Durant son règne, Claude entreprend plusieurs modifications du palais impérial. Il fait surmonter le cryptoportique central d'un étage, au sol imperméabilisé avec un jardin et un bassin en marbre. Dans la Modèle:Latin, il crée un Modèle:Latin d'été au décor luxueux dans le {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:|  }} }} style pompéien<ref>Y. Perrin, « Aux marches du palais, les accès au Modèle:Latin de 54 à 70 », dans L. De Blois, P. Erdkamp, P. Hekster The representation and perception of roman imperial power. Procedings of the Third workshop of the international network impact of Empire, Amsterdam, Gleben, 2003, Modèle:P..</ref>. Selon des travaux récents<ref>Modèle:Chapitre ; J. -M. Croisille, La peinture romaine, Picard, 2005, Modèle:P..</ref>, les bains de Livie auraient été entamés sous ClaudeModèle:Sfn.

Mort

D’après Suétone et Tacite, dans les mois précédant sa mort, Claude regrette son mariage avec Agrippine et l’adoption de Néron ; il se lamente ouvertement de ses épouses Modèle:Citation et envisage de donner sa toge virile à Britannicus, quoiqu’il n’ait pas encore l’âgeModèle:Sfn,<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 64.</ref>. Si Dion Cassius affirme que Claude veut éliminer Agrippine et désigner Britannicus comme son successeur<ref name=DionLX34 group=A/>, les autres auteurs sont moins clairs sur les intentions de ClaudeModèle:Sfn. Il a soixante-quatre ans et sa santé s’est dégradée. D’après Suétone, il sent que sa fin est proche, fait son testament et recommande aux sénateurs de prendre soin de ses filsModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Empoisonnement

Fichier:MBALyon2018 - Expo Claude - Mosaique.jpg
Les champignons, un mets apprécié - mosaïque de Saint-Romain-en-Gal.

Claude meurt le matin du Modèle:Date, après un festin terminé dans l’ivresse et la somnolence, suivi d’un coma douloureux durant la nuit. Tous les auteurs antiques qui parlent de la mort de Claude évoquent la thèse de l’empoisonnement avec un plat de champignons. Tacite, Suétone et Dion Cassius accusent Agrippine d’en être l’instigatrice, tandis que Flavius Josèphe fait état de rumeurs apparues rapidement<ref group=A>Modèle:Harvsp ; Tacite, Annales, Modèle:XII, 66–67 ; Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Modèle:XX, 148, 151 ; Dion Cassius, Histoire romaine, Modèle:LX, 34 ; Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Modèle:II, 92, Modèle:XI, 189, Modèle:XXII, 92.</ref>. Sénèque, protégé d’Agrippine, fait bien sûr exception et parle d’une « mort naturelle »<ref group=A>Sénèque, Apocoloquintose, 1.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Mais quelques détails sur les circonstances du décès varient. Suétone exploite diverses sources, et constate que Claude meurt à Rome, lors du repas traditionnel des Modèle:Latin, ou bien pendant un banquet au PalaisModèle:Sfn. L’effet du poison est décrit par Suétone selon les deux versions qu’il a recueillies : soit le poison est ingéré en une seule fois, provoquant l’hébétude et la perte de parole, puis la mort de l'empereur après une longue agonie, soit Claude connaît un répit, rejette une partie de son repas par des vomissements et par une diarrhée, avant de recevoir une nouvelle dose empoisonnéeModèle:Sfn. Si Dion Cassius rapporte un empoisonnement en une seule tentative, Tacite ne retient que la seconde version, au moyen d’une plume introduite dans le gosier de l'empereur par le médecin Xénophon — prétendument pour aider Claude à vomir — et enduite d’un poison violent<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 67.</ref>. Ce dernier détail est douteux, car on ne connaît pas de poison antique capable d’agir par contact direct avec les muqueusesModèle:Sfn.

La mort de Claude est un épisode des plus discutésModèle:Sfn. Certains auteurs modernes doutent de l'empoisonnement de Claude et parlent de folie ou de vieillesse. Ferrero attribue sa mort à une gastro-entérite<ref>G. Ferrero, « Néron », Revue de Paris, 1906.</ref>. Scramuzza rappelle que c’est un lieu commun de faire de chaque empereur la victime d'un acte criminel, mais admet la thèse de l’empoisonnement<ref>Scramuzza, 1940, Modèle:P..</ref>. Levick émet l’hypothèse d’une mort causée par les tensions engendrées par le conflit de succession avec Agrippine, mais conclut que le déroulement des faits rend l'assassinat plus probableModèle:Sfn. Médicalement, plusieurs détails fournis par les auteurs antiques — l’incapacité d’élocution, mais la persistance de la sensibilité à la douleur, la diarrhée, l’état semi-comateux — sont cohérents avec des symptômes d’empoisonnementModèle:Sfn. D'autres auteurs soulignent toutefois qu'il pourrait s'agir d'une intoxication alimentaire ou d'un empoisonnement accidentel<ref>Modèle:Article.</ref>, d'une crise de malaria<ref>Modèle:Article.</ref> ou d'un infarctus<ref>Modèle:Article.</ref>. S’il reste difficile de se prononcer avec certitude sur les causes du décès de Claude, Eugen Cizek relève une anomalie significative dans la circulaire impériale annonçant l’avènement de Néron : elle n’évoque que très brièvement la mort de Claude, ce qui est contraire à tous les usages<ref>Eugen Cizek, Néron, Fayard, 1982, Modèle:P..</ref>.

Apothéose et postérité

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Plan de la Rome antique, en rouge emplacement du Temple de Claude.

Le lendemain de la mort de Claude, Agrippine consigne Britannicus dans ses appartements et présente Néron aux prétoriens : le futur empereur leur promet un Modèle:Latin équivalent à celui qu'avait donné son père. Puis il prononce un discours devant le Sénat, qui lui décerne les titres impériaux et décrète l'apothéose de Claude<ref group=A>Tacite, Annales, Modèle:XII, 69 ; Dion Cassius, Histoires romaines, Modèle:LXI, 3.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Apothéose

Claude est ainsi le premier empereur divinisé après AugusteModèle:Sfn. Cette divinisation est commémorée par un monnayageModèle:Sfn. Agrippine fait édifier un temple dédié à son culte, le Temple du Divin Claude, sur une immense terrasse aménagée sur le Cælius. Néron abolit ce culte après la mort d'Agrippine et transforme ce temple en nymphée dominant la Modèle:Latin. Vespasien restaure le temple et rétablit le culte du divin ClaudeModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

La divinisation de Claude est célébrée dans plusieurs provinces, mais son culte ne dure pas, sauf dans quelques cités qui lui doivent une faveur particulière, telle Modèle:Lien en Dalmatie<ref group=A>Témoin l'inscription d'un flamen du divin Claude Modèle:AE.</ref>,Modèle:Sfn.

Selon Levick, les hommes de lettres ignorent complètement cette divinisation, en jouent ou s'en moquent, tel Gallion, le frère de Sénèque, qui déclare que Claude est tiré au ciel avec un crochet, comme les criminels qui sont jetés au TibreModèle:Sfn. Dion Cassius rapporte que Néron, Agrippine et Gallion plaisantent par la suite sur cette mort et cette apothéose, déclarant que les champignons sont bien un mets des dieux, puisque Claude est devenu dieu grâce à eux<ref group=A>Dion Cassius, Histoires romaines, Modèle:LX, 35.</ref>. Sénèque à son tour renchérit par une satire parodiant l'apothéose de Claude, l'ApocoloquintoseModèle:Sfn.

Ayant des raisons de le haïr, Sénèque, devenu le précepteur de Néron, mène la réaction contre la mémoire de ClaudeModèle:Sfn. Il compose le discours d'investiture au Sénat de Néron, énumérant une liste d'échecs politiques attribués à Claude, permettant de montrer aux sénateurs soucieux de leurs prérogatives que Néron tient compte des fautes de son prédécesseur. Ce texte a le même but que la première Bucolique, rédigée par Calpurnius Siculus : annoncer un nouvel âge d'or où le Sénat aurait pleinement sa place dans la conduite de l'ÉtatModèle:Sfn. Sénèque, avec De Clementia participe également à cette opération littéraire et politiqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Dans l'Apocoloquintose, il met en scène une série de condamnations successives que subit Claude et qui sont autant de remises en cause de sa légitimité politique, de sa politique d'octroi de la citoyenneté romaine et d'ouverture du Sénat aux élites provincialesModèle:Sfn.

Postérité

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Buste de Vespasien, moulage en plâtre, Moscou, musée Pouchkine.

Futur successeur de Néron, Vespasien voit en Claude un prédécesseur de valeur. En effet, le fondateur de la dynastie des Flaviens a commencé sa carrière politique avec Claude en 51 et comme lui, se trouve en manque de légitimité, et se sent proche du peupleModèle:Sfn. Lorsque Vespasien promulgue la Modèle:Latin, il place Claude aux côtés d'Auguste et de Tibère pour légitimer ses actions. Ainsi, à Brescia, Claude est-il représenté avec Auguste, dans les monuments du Capitole de Vespasien<ref>N. Degrassi, Atti della pontif. accad. Rom. di arch., ser. 3, rend. 42, 1970, Modèle:P..</ref>.

Son fils Titus, élevé aux côtés de Britannicus, entretient la mémoire de ce dernier, et par extension, celle de Claude. Comme son père, il reprend le culte de Claude et achève son temple aux dépens de la Maison dorée de Néron. Vespasien et Titus mènent une politique d'inspiration proche de celle de Claude, et renforcent une partie de la législation claudienne, concernant le prêt aux mineurs, les liaisons entre femmes libres et esclaves, la démolition des bâtimentsModèle:Sfn. Ils réparent également l’Aqua Claudia<ref>M. Mc Crum et A. Woodhead, Selected documents of the Principate of the Flavian emperors... AD 68-96, Cambridge, 1961, Modèle:P..</ref>,Modèle:Sfn.

Claude et les arts

Durant son règne, l'empereur dispose d'une diffusion de son image en proportion de son statut, et donc d'une égale ampleur que ses prédécesseurs. En revanche, l'analyse cette collection de portraits a longtemps souffert de sa réputation très négative. Ce n'est qu'à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que les spécialistes ont entrepris de réévaluer la production artistique qui lui est dédiée, à l'égal des autres empereurs romains.

Les portraits de Claude dans l'antiquité

Les descriptions littéraires de l'empereur étant unanimement négatives, les historiens de l'art ont longtemps négligé l'étude des portraits de Claude. Après les recherches pionnières de Meriwether Stuart en 1938<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Meriwether Stuart, The portraiture of Claudius. Preliminary studies, New York, Columbia university, 1938.</ref>, il faut attendre les années 1980 pour que de nouveaux travaux dépassent les idées préconçues. Et encore, il semble qu'en 2018, Modèle:Citation. Ainsi, Claude est-il le dernier Julio-Claudien a ne pas avoir fait l'objet d'un volume de la collection Modèle:Langue — un volume est cependant en préparation en 2018 sous la direction d'Anne-Kathrein MassnerModèle:Sfn.

Les monnaies — source d'information majeure pour l'étude du portrait impérial — représentent une physionomie très caractérisée : calotte crânienne volumineuse, cou puissant, oreilles décollées, paupières tombantes et lèvres charnues. Ceci permet par la suite d'identifier Claude dans la statuaireModèle:Sfn. Par ailleurs, la tête de l'empereur est très régulièrement surmontée d'une corona civica, indiquant que son avènement a évité une guerre civile ; après Auguste, Claude est le plus régulièrement couronné dans la statuaire et la glyptique de tous les empereurs julio-claudiensModèle:Sfn.

Le consensus scientifique en 2018 reconnaît au portait de Claude trois types officiels qui se succèdent chronologiquement, même si leurs durées respectives sont toujours l'objet de débatsModèle:Sfn.

  • Le premier type est celui de l'avènement, dit aussi « type Cassel », du nom du lieu de conservation de l'exemplaire le plus représentatif. La représentation est très juvénile pour une personne de son âge. L'hypothèse souvent avancée est qu'il existerait une représentation officielle datant d'avant sa prise du pouvoir, mais il n'en reste aucune preuve. L'allure du type Cassel est typique des portraits augustéens, notamment des portraits d'avènement de TibèreModèle:Sfn.
  • Le second type, qui supplante rapidement le premier, bénéficie d'une très large diffusion, ce dès 43. Cette représentation tranche fortement avec l'iconographie de Caligula et plus largement avec la représentation classique impériale, pour produire le portrait réaliste d'un homme d'âge mûr avec une allure à la fois bienveillante et déterminéeModèle:Sfn.
  • Un dernier type est créé à la fin du règne, dont la tête de série est l'effigie de Segusio. Claude est représenté plus vieilli, avec une frange frontale plus symétrique. Ce portrait se rapproche des premiers de Néron, et a donc pu être créé en 50, lors de l'adoption de ce dernierModèle:Sfn.

Claude dans la peinture moderne et contemporaine

Fichier:A Roman Emperor AD41 by Alma Tadema (1871).jpeg
Un empereur romain, 41 apr. JC ou Claude proclamé empereur par Lawrence Alma-Tadema, 1871 - Walters Art Museum, Baltimore.

Claude est un sujet exploité de temps à autre dans la peinture classique, toujours en reprenant sans distance les textes des auteurs antiques, et le représentant donc largement à son désavantage, par exemple chez Lawrence Alma-Tadema en 1871. Ultérieurement, le sujet du grand prix de Rome de 1886 est le même extrait de Suétone narrant le passage de Claude dissimulé derrière une tenture. Charles Lebayle remporte ce prixModèle:Sfn. La vie de Claude est également source d'inspiration dans le tableau de 1870 de Lematte, La Mort de MessalineModèle:Sfn.

Claude au cinéma et à la télévision

Claude a bien moins intéressé les scénaristes et cinéastes que d'autres empereurs tels Néron ou Caligula. Modèle:CitationModèle:Sfn.

Son personnage est interprété par l'acteur Derek Jacobi dans Moi Claude empereur (1976), une mini-série à succès de la BBC, centrée autour de la vie de l'empereur Claude — tirée des livres I Claudius et Claudius the God de Robert Graves<ref>I Claudius , Moi, Claude, empereur, Peplums.info.</ref>,<ref>Livre - Moi, Claude, empereur, Le Point, 24 mars 2019.</ref> — que le cinéaste Josef von Sternberg avait aussi tenté de porter à l'écran en 1937 sous le titre I, Claudius.

Généalogie

Ascendance

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Famille

Modèle:Boîte déroulante/début Modèle:Généalogie des Julio-ClaudiensModèle:Boîte déroulante/fin

Noms et titres

Noms successifs

Titres et magistratures

Titulature à sa mort

À sa mort en [[54|54 {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}]], Claude avait la titulature suivante :

TIBERIVS•CLAVDIVS•CÆSAR•AVGVSTVS•GERMANICVS, PONTIFEX•MAXIMVS, TRIBVNICIÆ•POTESTATE•XIV, CONSVL•V, IMPERATOR•XXVII, PATER•PATRIÆ

Un temple était dédié à Claude à Camulodunum (Colchester), première capitale et première colonie romaine de la province de Bretagne<ref group=A>Sénèque, Apocoloquintose, Modèle:VIII, 3 ; Tacite, Annales, Modèle:XL, 31.</ref>.

Expositions

Notes

Modèle:Références

Références

Références antiques

Modèle:Références nombreuses

Références modernes

Modèle:Références nombreuses

Bibliographie

Sources antiques (traductions)

Études historiques

Ouvrages en français

Ouvrages généraux
Ouvrages sur Claude et ses proches

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Articles

Ouvrages en langues étrangères

Articles en langue étrangères

Compte-rendu de lecture par Mireille Cébeillac-Gervasoni dans L'Antiquité Classique, Année 2006 - 75, Modèle:P. lire en ligne.

Œuvres de fiction

Filmographie

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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