Fièvre

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Fichier:Symptoms-fever.jpg

La fièvre, ou pyrexie, est l'état d'un animal à sang chaud (endotherme) ou à sang froid (ectotherme), dont la température interne est nettement supérieure (hyperthermie) à sa température ordinaire, de façon contrôlée.

Chez les endothermes (essentiellement les mammifères et les oiseaux), ce phénomène physiologique semble être principalement une réponse hypothalamique stimulée par des substances pyrogènes principalement libérées par les macrophages et/ou lors des phénomènes inflammatoires.

Chez l'humain, la fièvre accroît les défenses par plusieurs voies complémentaires : elle stimule l'immunité spécifique et non spécifique et la microbiostase (inhibition de la croissance) en diminuant le fer disponible pour les micro-organismes pathogènes afin de diminuer leur virulence<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le phénomène se déroule suivant trois phases<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> :

  • montée thermique ;
  • plateau d’hyperthermie ;
  • défervescence.

La température corporelle normale moyenne des humains est de Modèle:Tmp (entre Modèle:Unité selon les individus et le rythme nycthéméral). La fièvre est définie par une température rectale au repos supérieure ou égale à Modèle:Tmp chez l'enfant, et supérieure à Modèle:Unité à Modèle:Unité chez l'adulte en fonction du moment de la journée<ref> Fever - National Institutes of Health</ref>. S'il n'existe pas de consensus concernant un seuil à partir duquel la fièvre elle-même serait dangereuse, certains auteurs estiment en se basant sur des données animales que le système nerveux central pourrait présenter des signes de souffrance à partir de 41,5 °C<ref>Modèle:Article</ref>. Lorsque la fièvre est modérée, entre Modèle:Unité, on l'appelle fébricule.

Chez certains ectothermes, la fièvre s'obtient en se déplaçant dans des zones plus chaudes ; cette fièvre est qualifiée de comportementale.

Mesure de la température corporelle

Il n'existe pas de définition précise universellement admise de la fièvre notamment du fait de difficultés concrètes de mesure en situation clinique (la température mesurée dépend du moment de la journée, de la proximité d'un repas, de caractéristiques environnementales). Cependant, le Modèle:Lang s'accorde à la définir en 2004 comme relevant d'une température corporelle supérieure ou égale à Modèle:Tmp, et ce quelles que soient les modalités de mesure, l'âge ou les conditions environnementales. L'OMS de son côté, considère comme fiévreuse une température axillaire supérieure ou égale à Modèle:Tmp<ref name="BCFworkingGroup2004">Modèle:Cite pmid</ref>,<ref name="WHO2007">Modèle:Cite pmid</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Sunny Oyakhirome, Katharina Profanter, Peter G. Kremsner « Modèle:Lang » Am J Trop Med Hyg. 2010;82(2):215–8.</ref>.

La température corporelle se mesure à l'aide d'un thermomètre médical. Suivant le placement de celui-ci, on parle de :

  • température buccale : thermomètre placé dans la bouche (la méthode la plus courante dans les pays anglo-saxons, sauf pour les jeunes enfants) ;
Fichier:Clinical thermometer 38.7.JPG
Un thermomètre clinique indiquant Modèle:Tmp de fièvre.

La température buccale et la température axillaire étant moins élevées que la température rectale, prise comme référence, des corrections doivent être appliquées (Modèle:Tmp pour la buccale, Modèle:Tmp pour l'axillaireModèle:Référence nécessaire).

Mécanismes

L'état d'homéothermie est maintenu par une commande centrale exercée par la partie antérieure de l'hypothalamus (« thermostat hypothalamique »). L'hypothalamus reçoit des informations provenant des neurones associés aux thermorécepteurs périphériques, et aussi du sang circulant. En retour l'hypothalamus envoie des informations vers les neurones périphériques qui contrôlent les pertes de chaleur (vasodilatation périphérique et sudation) ou la production de chaleur (frissons musculaires).

La fièvre est une hyperthermie qui dépend du contrôle hypothalamique, et qui se traduit par un trouble de régulation des mécanismes de perte ou de production de chaleur. L'augmentation de température par le thermostat résulte de l'effet de substances sanguines dites pyrogènes, exogènes ou endogènes<ref name=":0">Modèle:Article</ref>.

Les pyrogènes exogènes proviennent de micro-organismes infectants, comme l'endotoxine des bactéries gram-négatives, ou les toxines des bactéries gram-positives, soit par action directe sur le thermostat, soit par action indirecte en activant la production de pyrogènes endogènes par les cellules de l'hôte (leucocytes)<ref name=":0" />.

Les leucocytes peuvent produire des pyrogènes endogènes capables d'induire un état fébrile. Il s'agit de protéines solubles de la famille des cytokines, parmi les plus importantes : l'interleukine 1, le TNF, les interférons... La plupart des cellules de l'organisme, soumises à des stress cellulaires, peuvent produire des pyrogènes. Ceci explique que tout état fébrile n'indique pas forcément une maladie infectieuse<ref name=":0" />.

Les cytokines agissent sur des récepteurs spécifiques présents sur toutes les cellules de l'organisme, comme les récepteurs Toll qui activent les mécanismes inflammatoires. Ces derniers se traduisent notamment par une extravasation des leucocytes et leur migration vers les tissus pour neutraliser l'agent agresseur. Lorsque l'agression est maitrisée par les réponses inflammatoires et immunitaires, le thermostat hypothalamique induit un retour de la température corporelle à la normale<ref name=":0" />.

La fièvre est donc considérée comme une réaction de défense de l'organisme contre une agression microbienne, physique ou chimique, qui s'est conservée tout au long de l'évolution des vertébrés. Son avantage se voit le plus clairement chez les poissons et les poïkilothermes (animaux « à sang froid ») qui résistent mieux aux infections en augmentant la température de leur corps. Chez les mammifères, les avantages sont plus faibles (l'augmentation étant relativement plus limitée). De plus une fièvre très élevée (supérieure à 41 °C) peut léser le système nerveux central, d'où un probable système de régulation empêchant que la fièvre ne dépasse un certain plafond<ref name=":0" />.

Étiologie

La fièvre est un signe médical fréquent. Il appartient au médecin d'essayer de la rattacher à une étiologie (diagnostic) et d'évaluer sa gravité.

Pour établir un diagnostic devant ce signe le médecin recherchera ses caractéristiques sémiologiques : homme / femme - âge - antécédents - ethnie - facteurs de risques - caractère aiguë / prolongée - lieu de séjour - fièvre isolée ou regroupement syndromique - incidence et prévalence locales et saisonnièresModèle:Etc.

En médecine générale, le plus souvent (voir carré de White) la fièvre conduira vers un diagnostic de pathologie bénigne.

La cause de la fièvre peut être infectieuse (bactérie, virus ou parasite) ou non infectieuse (par exemple Vascularite, thrombose veineuse profonde ou effet secondaire). La fièvre due à une infection bactérienne est généralement plus élevée que celle due à un virus.

Malgré leurs faibles prévalences dans les pays occidentaux, il est indispensable que le médecin sache écarter des atteintes particulièrement graves :

Réponse thérapeutique

Voici ce que constate l'ANSM sur la fièvre de l'enfant, par la plume d'Aude Chaboissier : Modèle:Citation bloc

Au cas par cas (par exemple : antécédents convulsifs, allergie, comorbidité, fiabilité de l'entourage, traitements associésModèle:Etc.) le médecin doit peser le rapport entre les bénéfices attendus et les risques encourus (hépatotoxicité, cardiotoxicité, syndrome de Lyell, choc anaphylactique, cellulite facialeModèle:Etc.) avant de prescrire ou non des antipyrétiques.

Attitudes pratiques pour la prise en charge d'une fièvre persistante supérieure à Modèle:Tmp :

  • recourir à des mesures physiques simples : avant toute prise de médicament, il faut éviter de couvrir l'enfant, ne pas le maintenir dans une pièce surchauffée et lui donner à boire autant et aussi souvent que possible ; ceci, sans qu'il soit indispensable de lui donner un bain tiède comme cela était classiquement conseillé ;
  • si prescrit on peut donner une seule classe de médicaments antipyrétiques en tenant compte des contre-indications et des précautions d'emploi qui lui sont propres ;
  • brumiser de l'eau sur le visage pour rafraîchir si besoin<ref name="ANSM"/>.

Ces recommandations concernent le confort de l'enfant et ne font ni baisser, ni n’élèvent la température car le thermostat hypothalamique mettra en marche les mécanismes de thermogenèse (si l'enfant est trop refroidi) et de thermolyse (si l'enfant est dans un environnement trop chauffé) afin de laisser le corps à la température prévue tant que les mécanismes immunitaires seront activés.

Devant une fièvre de l'enfant, dans les pays occidentaux, il est fréquent de demander un avis diagnostic auprès d'un médecin généraliste pour affirmer le caractère bénin de l'épisode afin que l'enfant puisse être pris en charge par des adultes rassurés.

Toutefois, un diagnostic médical est primordial si la fièvre de l'enfant présente des caractéristiques inhabituelles : nourrissons, fièvre plus élevée qu’habituellement, durée et évolution inhabituelle, comportements inhabituels (pleurs continus, fatigue, agitationModèle:Etc.), teint inhabituel, éruptions cutanées, signes d'accompagnements (vomissements par exemple), épidémie locale de pathologies potentiellement graves (méningite). La poussée dentaire n'est pas une cause de fièvre<ref>Modèle:Article</ref>.

Au-dessus de Modèle:Tmp, la température peut être un signe de maladie grave et peut être mal tolérée par l'organisme : Exemple : chez les personnes ayant une prédisposition, le risque de convulsion augmente<ref>Qu'est-ce qu'une convulsion ? E. Antier</ref>.

Fièvre et risques de convulsions

Chez le jeune enfant, cette fièvre peut entraîner des convulsions qui, si elles sont impressionnantes, sont en général bénignes ; il faut toutefois impérativement éviter que cette situation ne se prolonge, il faut donc abaisser lentement la température de l'ensemble du corps.

On préconisait auparavant de donner systématiquement des bains d'eau dont la température est de Modèle:Tmp en dessous de la température du bébé, et la prescription médicale consistait souvent en une bithérapie aspirine-paracétamol ; la chute de la température était une priorité avec trois objectifs : empêcher le développement de l'hyperthermie maligne, éviter les convulsions fébriles et améliorer le confort de l'enfant.

Cependant, aucune étude récente n'a mis en évidence l'effet des antipyrétiques pour la prévention des convulsions, et par ailleurs, seuls certains enfants (2 à 5 %) sont sujets aux convulsions<ref name="Généraliste">Prise en charge symptomatique de la fièvre chez l'enfant, Le Généraliste Modèle:N°, Modèle:Date</ref>.

Quand consulter ?

Une fièvre réelle (supérieure à Modèle:Tmp) chez un enfant doit toujours donner lieu à une consultation médicale<ref name="Bébé a de la fièvre : quand appeler le médecin ?"> Modèle:Lien web</ref>, mais rarement aux urgences de l'hôpital<ref> L'Alphabet des fausses urgences, Le Généraliste Modèle:N°, Modèle:Date</ref> sauf pour les nourrissons de moins de 3 mois.

Il convient de prendre contact rapidement avec un médecin (le Samu en France) afin d'avoir des conseils et éventuellement une intervention médicalisée en présence de signes de gravité tels que :

  • température supérieure à Modèle:Tmp ;
  • perte de poids ;
  • convulsions qui se répètent ou durent malgré le refroidissement ;
  • taches sur la peau ;
  • troubles de la conscience ;
  • pleurs incessants.

Avant d'aller consulter un médecin, il est nécessaire d'attendre Modèle:Heure pour un enfant entre 4 mois et moins de 2 ans puis Modèle:Heure pour un enfant de 2 ans et plus, sauf si les symptômes s'aggravent<ref>Qu'est-ce que la fièvre CHU Sainte Justine, Montréal</ref>.

Traitement

La fièvre ayant un rôle dans la lutte contre l'infection, pour un enfant n'étant pas sujet aux convulsions et hors urgence (voir ci-dessus), l'administration d'antipyrétique n'est plus systématique, et n'est envisagée qu'à partir de Modèle:Tmp. On conseille alors plutôt le paracétamol en monothérapie<ref name="Généraliste"/>,<ref> Traiter la fièvre chez l'enfant, P. Benkimoun, Le Monde, Modèle:Date</ref>,<ref> Pierre Foucaud, chef du service de pédiatrie au centre hospitalier de Versailles « Privilégier le paracétamol en monothérapie », propos recueillis par S. Blanchard, Le Monde, Modèle:Date</ref>.

L'utilisation de l'ibuprofène chez l'enfant est controversée<ref> Des médecins déconseillent d'utiliser l'ibuprofène en cas de fièvre chez l'enfant, S. Blanchard, Le Monde, Modèle:Date</ref>,<ref> Une rumeur alarmiste sur l'ibuprofène ?, Le Monde, Modèle:Date</ref>. Il peut y avoir des effets secondaires rares mais graves chez l'enfant varicelleux<ref name="Généraliste"/>.

Chez l'adulte admis à l’hôpital ou non, faire baisser la fièvre de manière médicamenteuse ou non n'a aucune incidence sur la mortalité ou la survenue d'effets indésirables graves<ref>Modèle:Article</ref>. Par contre chez les patients atteint de sepsis, la mortalité est fortement corrélée négativement à la température corporelle<ref>Modèle:Article</ref>.

Pyrétothérapie ou pyrétite

Par le passé, la fièvre a pu être délibérément provoquée dans un but de guérison. C'est ce que l'on a appelé « la pyrothérapie ». C'est le Modèle:Dr qui forgea le mot « pyrétothérapie » en 1918 rappelant notamment à cette fin l'usage du vaccin contre la typhoïde<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Archive.org.</ref>. Cette approche obtint une certaine reconnaissance avec la mise au point par Julius Wagner-Jauregg de la malariathérapie<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Med Terms.</ref> pour la guérison de la syphilis (cela lui valut le Nobel en 1927). D'autres procédés ont été utilisés<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Time Magazine.</ref>,<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Coley fever, Juscogens.</ref>,<ref> Univ Paris V.</ref>,<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Cann, Hoption (2003), MBVax Modèle:PDF.</ref>, que l'avènement des antibiotiques notamment ont relégué dans un oubli presque total<ref> Pub Med, NIH, États-Unis. Modèle:PMID</ref>. Dans les dernières années cependant – notamment dans le domaine de la lutte anticancéreuse – la réévaluation de la littérature<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Modèle:PdfHobohm (2008), Cri Pamp, FH Giessen, DE.</ref> à l'aune des connaissances contemporaines suscite un regain d'intérêt pour la - Modèle:Lang, pyrétothérapie ainsi que pour la thermothérapie (élévation de la température par voie externe)<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Abstract, Pub Med, NIH, États-Unis. Modèle:PMID</ref>,<ref> {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}International Journal of Hyperthermia, Research Gate.</ref>.

La fièvre chez les ectothermes

Tout comme chez les organismes endothermes, chez les ectothermes, la température de la fièvre augmente la capacité défensive de l'hôte en diminuant le taux de réplication des pathogènes et en augmentant l'efficacité du système immunitaire. En effet, la fièvre est une défense immunitaire ancienne avec des mécanismes physiologiques apparemment bien conservés au sein d'une large diversité de taxons d'invertébrés et de vertébrés. Pour ce faire, certains ectothermes modifient leurs comportements habituels assurant leur thermorégulation : ils se placent dans des endroits chauds afin d'élever leur température. Ce mécanisme, nommé fièvre comportementale a été identifié dans les années 1970 chez les iguanes du désert, les crapets arlequins et les têtards. Il concerne aussi les poissons<ref>Modèle:Lien web</ref> et les insectes. Il permet aux insectes fébriles d'acquérir une survie et une fécondité supérieures aux non fébriles, mais l'atteinte et le maintien de la température élevée exigent des efforts coûteux pour l'organisme, parfois mortels<ref>Modèle:Article.</ref>.

Dans le cas d'une infection fongique par Beauveria bassiana de la Mouche domestique, les hautes températures ont un effet négatif sur la croissance du champignon. Au petit matin, lorsque le champignon s'est développé à sa température optimale tout au long du cycle de la nuit, les immunosuppresseurs sont à des niveaux élevés et la réponse fébrile est la plus intense, pendant au maximum deux heures. À mesure que les facteurs immunitaires exogènes sont réduits ou éliminés de l'hémolymphe, la mouche se déplace progressivement vers des zones plus fraîches. Pendant la nuit, le champignon se rétablit, car la mouche ne peut pas exprimer de fièvre pour supprimer la croissance fongique. Et le cycle recommence le lendemain. La Mouche domestique provoque également des intensités de fièvre différentes, sélectionnant des températures plus élevées lorsqu'elle est infectée par une dose fongique plus élevée, montrant ainsi une capacité à gérer le bénéfice-risque de la fièvre<ref name=Anderson&al2013>Modèle:Article.</ref>.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

Livres anciens

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