Acide acétylsalicylique
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Chimie
L’acide acétylsalicylique (AAS), plus connu sous le nom commercial d’aspirine, est un anti-inflammatoire non stéroïdien. C’est la substance active de nombreux médicaments aux propriétés antalgiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires. Il est surtout utilisé comme antiagrégant plaquettaire.
C’est un acide faible, dont la base conjuguée est l’anion acétylsalicylate.
C’est un des médicaments les plus consommés au monde.
Étymologie
L’acide acétylsalicylique est obtenu par acétylation de l’acide salicylique. Son nom vient du latin salix, « saule », cet acide ayant été isolé pour la première fois dans l’écorce de cette essence d’arbre.
L’appellation aspirine vient d'Aspirin enregistrée comme nom de marque le Modèle:Date- par la société Bayer à Berlin<ref name=History>Modèle:Lien web.</ref>,<ref name=Bayer>Modèle:Lien web.</ref>. Le nom de marque a été formé à partir des éléments suivants<ref>Modèle:Ouvrage</ref> :
- Le préfixe A pour Acétyl, l'acétylation rendant ce métabolite secondaire de plantes toxique (son activité allélopathique leur sert de défense chimique contre les herbivores) moins irritant dans le tube digestif ;
- Le radical spir- (issu de l'allemand Modèle:Langue, « acide spirique », molécule issue de la spirée ulmaire et identique à l'acide salicylique<ref>Le terme d'aspirine a été forgé pour distinguer de l'acide acétylsalicylique naturel, extrait des fleurs de la reine-des-prés ou spirée ulmaire (à l'époque, le nom latin binomial de cette plante était Spiraea ulmaria), d'où le nom d'acide spirique dont la structure est équivalente à l'acide salicylique extraite de l'écorce du saule (Salix alba).</ref>) ;
- Le suffixe -in(e) (suffixe classique employé en chimie industrielle pour la désignation des alcaloïdes).
Le brevet américain demandé le Modèle:Date- est accordé le Modèle:Date- (US Patent no 644 077) pour une durée de validité de Modèle:Unité avec une date d'expiration le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Histoire
L'écorce de saule est connue au moins depuis l'Antiquité pour ses vertus curatives. On a trouvé la mention de décoctions de feuilles de saule dans un papyrus égyptien dès 1550 av. J.-C. (papyrus Ebers)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le médecin grec Hippocrate (460-377 av. J.-C.) conseillait déjà une préparation à partir d'écorce de saule blanc pour soulager les douleurs et les fièvres<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. De même, le médecin et pharmacologue grec Dioscoride (25 - 90 ap. J.-C.) en conseillait l'usage pour les douleurs auriculaires, dans sa Matière médicale (Modèle:Lang) au premier siècle<ref>Modèle:Article.</ref>.
En Modèle:Date, le pasteur Edward Stone présente un mémoire devant la Royal Society of Medicine sur l'utilisation thérapeutique de décoctions de l'écorce du saule blanc contre la fièvre malarienne<ref>Modèle:Article.</ref>.
En 1824 Bartolomeo Rigatelli utilise un extrait d'écorce de saule comme agent thérapeutique, le dénommant Modèle:Lang (sel antipyrétique très amer). En 1825 le pharmacien-chimiste Francesco Fontana (1794-1867) isole l'acide salicylique des feuilles de saules lui donnant le nom de Modèle:Lang (salicine)<ref>Modèle:Article.</ref>.
En 1828, le pharmacologue allemand Johann Andreas Buchner l'extrait de l'écorce du saule (Salix alba) . En Modèle:Date, Pierre-Joseph Leroux, un pharmacien français, tente, après avoir fait bouillir de la poudre d'écorce de saule blanc dans de l'eau, de concentrer sa préparation ; il en résulte des cristaux solubles qu'il nomme salicyline (de salix)<ref>Modèle:Article.</ref>.
Puis, des scientifiques allemands purifient cette substance active, un des dérivés est identifié comme la substance active. Ce dérivé prend le nom d'acide salicylique. Parmi les dérivés de la salicyline, d'autres médicaments de la famille des salicylacés voient le jour à cette époque.
En Modèle:Date, Carl Löwig montre que l'acide spirique, extrait de la reine-des-prés, est chimiquement identique à l'acide salicylique. À partir des extraits naturels, on isole le salicylate de sodium, qui devient alors le médicament couramment employé contre la douleur et l'inflammation. Cette préparation permet de faire tomber la fièvre et de soulager les douleurs et les rhumatismes articulaires, mais provoque de graves brûlures d'estomac. En Modèle:Date, à partir de la salicyline, l'Italien Raffaele Piria prépare l'acide salicylique, dont il préconise l'emploi comme désinfectant de la lumière intestinale, notamment dans la fièvre typhoïde.
En Modèle:Date, le chimiste strasbourgeois Charles Frédéric Gerhardt effectue la synthèse de l'acide acétylsalicylique (en traitant le salicylate de sodium avec le chlorure d'acétyle), qu'il nomme acide acétosalicylique<ref name="y1853">Modèle:Article.</ref>, et dépose un brevet. Cependant, son composé est impur et thermolabile. Le savant meurt trois ans plus tard et ses travaux tombent dans l'oubli.
En Modèle:Date, Adolph Wilhelm Hermann Kolbe réussit la synthèse totale de l'acide salicylique. Ses propriétés antipyrétiques sont mises en évidence par le Suisse Carl Buss en Modèle:Date. Utilisé largement mais surtout comme antirhumatismal dans les années 1890, il a très mauvais goût. En Modèle:Date, Germain Sée propose le salicylate de soude comme antipyrétique. Marceli Nencki prépare à partir de Modèle:Date un dérivé de l'acide salicylique et du phénol appelé Salol, qui, sans présenter de propriétés pharmacologiques supérieures aux médicaments alors existants, a toutefois un goût plus agréable. Ce produit fait l'objet d'un grand engouement populaire<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
En 1878, Édouard Heckel communique à l'Académie des sciences des expériences montrant de quelle façon les acides salicylique, thymique, et certaines essences, empêchent la végétation. Une goutte d'acide phénique dilué empêche toute germination des graines ainsi humectées. L'acide salicylique, quoique presque insoluble dans l'eau froide, arrête instantanément la germination quand les graines sont arrosées avec une solution contenant Modèle:Unité d'acide pour Modèle:Unité d'eau ; mais l'acide phénique ne suspend que momentanément la germination, tandis que l'acide salicylique l'empêche définitivement. Le salicylate de soude, qui est très-soluble dans l'eau, a à cet égard une action aussi vive que l'acide salicylique. L'examen au microscope prouve que dans les graines ainsi traitées les cellules de l'endosperme, les grains de fécule et d'akurone, ne subissent aucune des modifications que présentent les graines soumises à la germination ordinaire. Ces substances agissent donc comme antifermentescibles, aussi bien sur les éléments figurés que sur les ferments non organisés<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.
Felix Hoffmann, chimiste allemand ayant obtenu un doctorat en pharmacie à Munich en 1890, puis un doctorat en chimie le Modèle:Date-, entre en tant qu'assistant de laboratoire au service des laboratoires Bayer à Elberfeld (Allemagne) en Modèle:Date-. Le Modèle:Date- à Leverkusen, reprenant les travaux antérieurs de Gerhardt, il trouve le moyen de synthétiser l'acide acétylsalicylique sous une forme stable utilisable pour des applications médicales. Il transmet ses résultats à son patron Heinrich Dreser, le responsable du département pharmaceutique et chimique chez Bayer depuis 1896<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Ce dernier teste le produit sur le cœur de grenouille, son animal de laboratoire favori, et n'obtient aucun résultat probant. Hoffmann est persuadé de l'intérêt de la molécule (il y a une légende qui indique qu'Hoffmann s'en serait servi pour soigner son père, qui souffrait de rhumatisme chronique et prenait jusque-là du salicylate de sodium, médicament antirhumatismal selon le corps médical de la Belle Époque)<ref>Modèle:Article.</ref>. Hoffmann donne le médicament à des amis médecins et dentistes, qui le testent avec succès sur leurs patients pendant deux ans : les tests révèlent un effet antalgique et moins toxique pour l'estomac que le salicylate de sodium, lorsque Hoffmann a acétylé l'acide salicylique pour produire de l'acide acétylsalicylique.
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Protocole de laboratoire de Félix Hoffmann du 10 août 1897.
En 1898, le Dr Dreser fait tester la substance sur un groupe de Modèle:Unité dans un hôpital de Halle (Saxe-Anhalt).
Commence alors la production industrielle du médicament de l'acide acétylsalicylique par Bayer, qui met au point une nouvelle voie de synthèse de la molécule, et observe que l'acétylation de la molécule rend celle-ci moins irritante dans le tube digestif<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le brevet et la marque de l'aspirine sont déposés le Modèle:Date- par la société Bayer sous la dénomination d'Aspirin<ref>Modèle:Article.</ref>.
C'est le Dr Modèle:Lien, médecin-chef interniste au Modèle:Lien, qui publie les résultats du premier essai clinique de l'aspirine en Modèle:Date-.
Initialement, l'Aspirin est disponible sous forme de poudre dans les pharmacies : de petits sacs en papier sont remplis de Modèle:Unité de poudre chacun et remis au patient. Dès l'année suivante, le comprimé Aspirin contenant Modèle:Unité d'acide acétylsalicylique est lancé, ce qui en fait l'une des premières préparations sous forme de comprimé au monde<ref name=Bayer/>. La préparation arrive en France en 1908 et est commercialisée par la Société chimique des usines du Rhône.
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Aspirin Bayer (1899)
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Couverture du premier rapport clinique du Dr Kurt Witthauer sur l'Aspirine (1899)
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Présentation pharmacologique de l'aspirine, par le Dr Heinrich Dreser (1899)
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Réclame de 1923 en France (L'Illustration)
En Modèle:Date-, le supérieur hiérarchique direct d'Hoffmann, Modèle:Lien, publie un article revendiquant la paternité de la découverte<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Article.</ref>. Cette revendication est ignorée par les historiens des sciences jusqu'en Modèle:Date, date à laquelle les recherches de Walter Sneader de l'université de Strathclyde, à Glasgow, concluent que c'est bien Eichengrün qui a eu l'idée de synthétiser l'acide acétylsalicylique<ref>Modèle:Article.</ref>. Bayer, dans un communiqué de presse, réfute cette théorie, mais la controverse reste ouverte.
Le mécanisme d'action de la molécule n'est élucidé que bien plus tard. En Modèle:Date, John Vane et Priscilla Piper découvrent l'action inhibitrice de l'aspirine sur les prostaglandines<ref>Modèle:Article.</ref>. Vane et les biochimistes suédois Bengt Samuelsson et Sune Karl Bergström sont récompensés par le prix Nobel de médecine en Modèle:Date pour cette découverte. La cible précise de la molécule, la cyclooxygénase, a été isolée en Modèle:Date<ref>Modèle:Article.</ref>.
Ce n'est qu'en Modèle:Date- que les propriétés antiagrégantes plaquettaires de l'acide acétylsalicylique ont été mises en évidence<ref>Modèle:Article.</ref>. La première étude clinique démontrant une efficacité dans les maladies cardiovasculaires date de Modèle:Date<ref>Modèle:Article.</ref>.
Le brevet Bayer
Après la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles stipule que la marque et le procédé de fabrication entrent dans le domaine public dans un certain nombre de pays (France, États-UnisModèle:Etc.) mais pas dans d'autres (comme le Canada).
Après l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne en Modèle:Date-, le Modèle:Lien a saisi les biens américains de Bayer. Deux ans plus tard, le nom de la société Bayer et les marques commerciales aux États-Unis et au Canada ont été vendus aux enchères et achetés par le laboratoire pharmaceutique Modèle:Lien, devenu plus tard Sterling Winthrop, pour un montant de Modèle:Unité de dollars.
Aux États-Unis la marque a été partiellement annulée par une décision de justice de 1921 car Bayer n'avait pas utilisé correctement le nom de son propre produit et avait autorisé pendant des années l'utilisation de la mention « aspirine » par d'autres fabricants sans défendre ses droits de propriété intellectuelle<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Une mention en rouge « Authentique » (Modèle:Lang), figurait sur les boîtes et apparaissait dans la publicité des comprimés d'aspirine de Bayer peu de temps après la décision de 1921<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
La société Bayer n'a récupéré ses droits aux États-Unis qu'en Modèle:Date- en rachetant l'activité de vente libre de Sterling Winthrop<ref>H. Lévesque et O. Lafont, L'aspirine à travers les siècles : rappel historique, La Revue de médecine interne, 2000 ; 21 Suppl. 1 : 8-17, Éditions scientifiques et médicales Elsevier, 2000, lire en ligne Modèle:Pdf, Modèle:P..</ref>. Bayer a repris à compter de cette date les droits sur le nom et le logo de Bayer et a permis à l’entreprise de profiter à nouveau des ventes américaines de son produit le plus célèbre<ref name=History/>.
Aujourd'hui, l'aspirine est une marque générique dans de nombreux pays. L'aspirine, avec un A majuscule, reste une marque déposée de Bayer en Allemagne, au Canada, au Mexique et dans plus de Modèle:Unité, pour l'acide acétylsalicylique sur tous les marchés, mais en utilisant des emballages et des aspects physiques différents pour chaque<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Propriétés pharmacologiques
L'aspirine possède les propriétés pharmacologiques suivantes :
- antalgique (diminution de la douleur) ;
- antipyrétique (diminution de la fièvre) ;
- anti-inflammatoire non stéroïdien ;
- antiagrégant plaquettaire (empêche la coagulation du sang).
Mécanisme d'action
L'aspirine inhibe la production de prostaglandines<ref name=":0">Modèle:Article</ref> et de thromboxanes. L'aspirine par une réaction chimique d'acétylation inhibe de façon irréversible les enzymes cyclooxygénase (COX1 et COX2)<ref name=":0" />, des enzymes participant à la production de prostaglandines et de thromboxanes<ref>Modèle:Lien web</ref>. L'aspirine est différente des autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui inhibent de façon réversible cette enzyme.
L'aspirine fait baisser la fièvre (antipyrétique), en réduisant la production de prostaglandines dans l'hypothalamus, thermostat de la température corporelle.
Elle réduit la douleur (analgésique) en bloquant la production des hormones responsables des messages transmis aux récepteurs de la douleur dans le cerveau, d'où son efficacité sur les migraines et les douleurs d'origines diverses. Par le même mode d'action, elle réduit les inflammations (AINS) résultant d'une dilatation vasculaire, comme les coups de chaleur, qui ne s'accompagnent pas forcément de coups de soleil.
L'aspirine agit sur les plaquettes sanguines, en inhibant la cyclooxygénase, une enzyme ayant un rôle important dans l'agrégation des plaquettes, et ce, de manière permanente, c'est-à-dire durant toute la durée de vie de la plaquette jusqu'à ce qu'elle soit détruite par la rate (entre sept et dix jours). Elle favorise par ce biais la circulation et peut servir pour prévenir les infarctus (du myocarde ou d'autres organes), en évitant la formation de caillots (thrombose)<ref>Modèle:Article.</ref>.
L'acide acétylsalicylique pourrait avoir une action sur le système immunitaire<ref>Modèle:Article.</ref> en stimulant légèrement (à faible dose) ou au contraire en inhibant (à forte dose) la production des cytokines<ref>Modèle:Article.</ref>.
Pharmacocinétique
L'aspirine est absorbée au niveau de l'estomac et du duodénum. Le facteur de biodisponibilité dépend de la dose : de 60 % pour moins de Modèle:Unité à 90 % pour Modèle:Unité ou plus par saturation de l’hydrolyse hépatique<ref name="RCP"/>. La prise de certains aliments épicés semble réduire le taux d'absorption<ref>Modèle:Article.</ref>.
Pour les formes pharmaceutiques immédiates, le pic de concentration est atteint de Modèle:Unité après la prise<ref name="RCP"/>. Il peut être atteint plusieurs heures après pour une forme gastro-résistante ou à libération modifiée. L’absorption peut être fortement perturbée dans ces dernières formes, en particulier chez le patient diabétique<ref>Bhatt DL, Grosser T, Dong JF Modèle:Et al., Enteric coating and aspirin nonresponsiveness in patients with type 2 diabetes mellitus, J. Am. Coll. Cardiol., 2017, 69:603–612.</ref>.
Sa demi-vie dans le sang n'est que de Modèle:Unité et de Modèle:Unité pour l'acide salicylique qui est un métabolite actif obtenu par hydrolyse<ref name="RCP"/>.
Indications thérapeutiques et prophylactiques
Douleur, fièvre et inflammation
L'aspirine est utilisée depuis plus de cent ans pour soulager la douleur, faire baisser la fièvre et traiter l'inflammation.
Elle n'est plus indiquée pour traiter ces symptômes, on préfèrera utiliser d'autre AINS comme l'ibuprofène ou des antalgiques/antipyrétique comme le paracétamol.
Maladies cardiovasculaires
À petite dose (entre Modèle:Unité suivant les études), les propriétés antiagrégantes de l'aspirine préviennent efficacement la formation de caillots de sang dans les vaisseaux sans causer de dommages significatifs à l'organisme. Le bénéfice de cette prise a été prouvé en prévention secondaire<ref>Modèle:Article.</ref>, c'est-à-dire après un premier accident vasculaire (syndrome coronarien aigu, AVC, AOMI...) et elle est indiquée à vie. Le bénéfice excède significativement le risque majoré d'hémorragie dans ce cas.
Les recommandations médicales de la HAS<ref>Modèle:Lien web</ref> préconisent l'emploi de l'aspirine en prévention primaire (c'est-à-dire avant même l'apparition d'une maladie vasculaire) chez les patients à haut risque cardio-vasculaire (SCORE>5). L'efficacité semble être partielle (diminution des infarctus du myocarde mais tendance à l'augmentation des accidents vasculaires cérébraux de type hémorragique) et n'a été testée que sur des populations bien ciblées (médecins)<ref>Modèle:Article.</ref> ou femmes de plus de Modèle:Unité avec une diminution modérée des accidents vasculaires cérébraux mais un effet sur la mortalité et la morbidité cardiovasculaire non significatif<ref>Modèle:Article.</ref>. Une plus grande efficacité chez la femme que chez l'homme a aussi été constatée<ref>Modèle:Lien web</ref>. Les résultats sont plus mitigés pour d'autres études, bien qu'elles soient faites chez des personnes dites Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. En particulier, il n' y a pas de diminution de la mortalité cardiovasculaire, avec une augmentation du risque d'hémorragies<ref>Mahmoud AN, Gad MM, Elgendy AY, Elgendy IY, Bavry AA, Efficacy and safety of aspirin for primary prevention of cardiovascular events: a meta-analysis and trial sequential analysis of randomized controlled trials, Eur Heart J, 2019;40:607–617</ref>.
Une « résistance à l'aspirine » est décrite chez certains patients, conduisant à une antiagrégation plaquettaire insuffisante<ref>Hennekens CH, Schror K, Weisman S, FitzGerald GA, Terms and conditions: semantic complexity and aspirin resistance, Circulation, 2004, 110:1706–1708.</ref> et concernerait environ 5 % des patients<ref>Gum PA, Kottke-Marchant K, Poggio ED Modèle:Et al., Profile and prevalence of aspirin resistance in patients with cardiovascular disease, Am. J. Cardiol., 2001, 88:230–235.</ref>, avec un risque théorique supérieur d'accidents cardiaques. Cette résistance serait plus liée avec la forme gastro résistante de la présentation de l'aspirine, conduisant à une absorption différée ou réduite qu'avec la molécule elle-même<ref>Grosser T, Fries S, Lawson JA Modèle:Et al., Drug resistance and pseudoresistance: An unintended consequence of enteric coating aspirin, Circulation, 2013, 127:377-385.</ref>.
Réduction du risque de cancer
Un grand nombre de données expérimentales, ainsi que plusieurs études épidémiologiques rétrospectives, ont conclu que de petites doses d'aspirine en chimioprévention pouvaient diminuer le risque de contracter certains types de cancers, dont ceux du foie<ref>Simon TG, Duberg AS, Aleman S et al. Association of aspirin with hepatocellular carcinoma and liver-related mortality, N Engl J Med, 2020;382:1018-1028</ref>. Les études expérimentales le montrent pour divers cancers, comme celui du côlon, du sein, de la prostate, de la bouche, de la gorge, de l'œsophage, de l'estomac et du poumon (non à petites cellules). Les études épidémiologiques montrent que c'est la mortalité par cancers digestifs qui diminuerait le plus<ref>Modèle:Article.</ref>.
Une vingtaine d'études de cancérogenèse chez rats et souris étayent cet effet protecteur<ref>chimioprévention, INRA.</ref>. Plusieurs essais cliniques montrent que de petites doses d'aspirine diminuent, modestement, la récurrence des polypes intestinaux et la survenue des cancers du côlon<ref>Modèle:Article.</ref>, essentiellement si ces derniers expriment l'enzyme cyclooxygénase de Modèle:Nobr (ce qui représente environ deux tiers desdits cancers)<ref>Modèle:Article.</ref>. Les doses indiquées étant cependant susceptibles de provoquer des saignements gastriques ou intestinaux, l'utilisation de l'aspirine n'est pas actuellement recommandée pour la prévention des cancers<ref>Modèle:Article.</ref>.
Grossesse
A petites doses, chez la femme enceinte, la prise d'aspirine diminue le risque de prématurité, du moins, dans les pays avec accès limités aux soins<ref>Hoffman MK, Goudar SS, Kodkany BS et al. Low-dose aspirin for the prevention of preterm delivery in nulliparous women with a singleton pregnancy (ASPIRIN): a randomised, double-blind, placebo-controlled trial, Lancet, 2020;395:285-293</ref>.
La prise d'aspirine à Modèle:Unité augmenterait l'efficacité de la fécondation in vitro en améliorant la vascularisation de l'utérus<ref>« Low-dose aspirin in a short regimen as standard treatment in in vitro fertilization: a randomized, prospective study ».</ref>.
La prise quotidienne d'aspirine à faible dose (entre 100 et Modèle:Unité selon les études) permettrait de réduire significativement le risque de développer une pré-éclampsie au cours de la grossesse pour les femmes à risque<ref>Modèle:Cite pmid.</ref>. Cette maladie, également appelée toxémie gravidique, est une des principales causes des décès maternels, jusqu'à 20 %. L'aspirine ayant pour effet de fluidifier le sang permet de diminuer l'hypertension et les dangers qui y sont liés. Toutefois il semble que la prise d'aspirine doive commencer tôt dans la grossesse afin d'empêcher la formation d'anomalies au niveau des artères intra-utérines qui seront la cause de la pré-éclampsie.
Effets secondaires
Ses effets secondaires sont essentiellement des troubles gastriques (exemple : gastrite voire hémorragie digestive en cas de dose élevée) et des allergies (pouvant provoquer l'œdème de Quincke). Certaines présentations de l'aspirine, dites « entériques » diminuent l’absorption de la molécule au niveau de l'estomac, alléguant une protection de ce dernier, mais qui n'est pas du tout démontrée<ref>Kelly JP, Kaufman DW, Jurgelon JM Modèle:Et al., Risk of aspirin-associated major upper-gastrointestinal bleeding with enteric-coated or buffered product, Lancet, 1996, 348:1413–1416.</ref>.
De manière générale, l'aspirine inhibe l'agrégation plaquettaire. Par conséquent, le risque d'hémorragie est à prendre en compte, surtout s'il y a déjà prescription d'anticoagulants.
Contre-indications et précautions
Elle est ainsi totalement contre-indiquée chez les personnes souffrant d'hémophilie. Elle est évidemment déconseillée en cas de plaie en début de cicatrisation.
Elle est déconseillée en tant que prévention primaire de maladies cardiovasculaires, la balance bénéfice-risque n'étant pas favorable.
L'aspirine doit être utilisée avec prudence chez le nourrisson et l'enfant, car en cas de surdosage (au-dessus de Modèle:Unité par kg et par jour), elle est neurotoxique. En outre, elle peut entraîner l'apparition du syndrome de Reye en cas de varicelle ou de grippe. En effet, l'aspirine peut aussi provoquer un syndrome de Lyell (syndrome d'origine médicamenteuse) à l'origine d'une destruction des kératinocytes, décollement dermique et atteinte des muqueuses.
Les cardiaques, sous traitement au long cours à petites doses en raison de son effet antiagrégant, peuvent être exposés à ses effets secondaires. Le bénéfice du traitement reste cependant de loin supérieur au risque, ce qui justifie sa prescription.
Chez les personnes souffrant d'un ulcère gastrique, l'aspirine peut occasionner une hémorragie digestive, par inhibition de la synthèse des prostaglandines, substances protectrices pour la muqueuse de l'estomac.
Lors d'une grossesse, elle peut être prise à titre ponctuel pendant les deux premiers trimestres (notamment associée à l'héparine pour prévenir le risque de fausse-couche lors du syndrome des antiphospholipides). Puis, l'utilisation d'aspirine est contre-indiquée au troisième trimestre : sur le fœtus à partir du sixième mois, ce type de médicament exerce des effets vasoconstricteurs au niveau des reins et peut conduire à une insuffisance rénale ou encore à des troubles de l'appareil cardiopulmonaire.
Ce médicament passe dans le lait, mais compte tenu de la demi-vie d'élimination très courte, l'usage de ce médicament est généralement autorisé pendant l'allaitement en utilisation de courte durée (quelques jours).
En cas de risque de dengue, l'utilisation de médicaments à base d'aspirine est fortement désapprouvée, vu le risque d'apparition de la forme hémorragique de la maladie. Cet avis doit accompagner, au Brésil, toute publicité du produit<ref name=saredrogarias>Modèle:Lien web.</ref>.
Chez les personnes présentant un syndrome de Widal (association d'asthme, polypose nasale et allergie à l'aspirine), la prise d'aspirine peut entraîner des difficultés respiratoires allant jusqu'à la crise d'asthme<ref>Modèle:Article.</ref>.
Par ailleurs, la prise d'aspirine (comme celle d'anti-inflammatoires ou d'antibiotiques, médicaments ototoxiques) a été signalée comme pouvant occasionner une perte d'audition ou l'apparition d'acouphènes <ref>Modèle:Lien web.</ref>. De manière anecdotique, lors de la pandémie de grippe espagnole (vers 1919), de très fortes doses d'aspirine telles qu'elles ont été préconisées à l'époque (plus de Modèle:Unité en 24 h) ont pu contribuer à accroître la mortalité et la sévérité des symptômes <ref>Modèle:Article.</ref>,<ref name=saredrogarias/>.
Propriétés chimiques
L'acide acétylsalicylique est la dénomination commune internationale de l'acide 2-(acétyloxy) benzoïque (selon les normes IUPAC).
Au cours des années, il fut aussi appelé acide 2-acétyloxybenzoïque, acide 2-acétoxybenzoïque, acétylsalicylate, acide ortho-acétylsalicylique, acide ortho-acétyloxybenzoïque ou encore acétosal.
Les pharmacopées européenne (Ph. Eur.), américaine (USP) et Modèle:Lien décrivent des méthodes d'identification et d'analyses de l'acide acétylsalicylique destiné aux médicaments.
Synthèse
La synthèse initiale de Gerhardt décrite en 1853<ref name="y1853" /> fut améliorée en 1975<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Elle est assez simple et consiste en l'estérification de la fonction hydroxyle de l'acide salicylique avec l'anhydride acétique, en milieu acide. On obtient l'acide acétylsalicylique et de l'acide acétique comme sous-produit (la synthèse de l'acide salicylique se fait par réaction de Kolbe).
La purification peut se faire de deux manières : par recristallisation dans l'acétone (selon un brevet de Monsanto de 1959), par recristallisation dans un solvant mixte Modèle:Nobr ou par un procédé mettant en œuvre une distillation (brevet de Norwich Pharma de 1966). Le produit purifié se présente sous la forme de cristaux blancs en forme d'aiguille.
Un test au chlorure de fer(III) Modèle:Fchim peut servir à déterminer l'éventuelle présence d'acide salicylique n'ayant pas réagi. Le chlorure de fer(III) réagit avec le groupe OH phénol et donne lieu à une coloration rouge du produit.
Marché
C'est un des médicaments les plus consommés au monde, avec une consommation annuelle estimée à Modèle:Unité, soit l'équivalent de Modèle:Unité de comprimés de Modèle:Unité<ref name="10.1073/pnas.222543099">Modèle:Article.</ref>. En 2008, 85 % de la production d'acide acétylsalicylique est réalisée à Langreo en Espagne, dans une usine chimique de la multinationale Bayer<ref name="10.1073/pnas.222543099"/>. De là, il est envoyé dans le monde entier où il est intégré à de nombreuses autres préparations.
En France, Modèle:Nombre commercialisés contiennent de l'aspirine. Annuellement, Modèle:Unité d'aspirine sont consommées<ref>dossier de ac-nancy-metz.fr, introduction.</ref>. Sachant qu'un comprimé contient Modèle:Unité, chaque Français consomme en moyenne soixante comprimés d'aspirine par an.
Il est concurrencé par le paracétamol, autre antalgique et antipyrétique mais dépourvu d'effets au plan gastrique (l'aspirine favorise l'ulcère comme les autres anti-inflammatoires non stéroïdiens). En revanche, le paracétamol a des effets néfastes irréversibles sur le foie à très fortes doses. L'acide acétylsalicylique reste un antiagrégant plaquettaire de référence.
Divers
L'aspirine fait partie de la liste modèle des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en novembre 2015)<ref>WHO Model List of Essential Medicines, 19th list, novembre 2015.</ref>.
Dans les années 1980, il était concevable dans certains milieux sportifs d’utiliser un cachet d’aspirine lors de la reprise des entraînements après long arrêt afin de diminuer les effets de courbature des muscles.
Aspirine est une nouvelle d'Amélie Nothomb (2001) comprenant des histoires autour de l'aspirine.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Marie Germaine Bousser, L'aspirine, pour ou contre ?, Éd. Le pommier, 2006.
Articles connexes
Liens externes
Sites internet
- Modèle:Compendium
- Site canadien, sur aspirin.ca.