Hippocrate

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Modèle:Sous-titre Modèle:Redirect confusion Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2

Hippocrate de Kos, ou simplement Hippocrate (du grec Modèle:Grec ancien), né vers 460 avant J.-C. sur l’île de Kos et mort en 377 av. J.-C. à Larissa, est un médecin grec du siècle de Périclès, mais aussi philosophe, considéré traditionnellement comme le « père de la médecine ».

Il a fondé l'école hippocratique qui a révolutionné intellectuellement la médecine en Grèce antique. Il rend la médecine distincte et autonome d'autres domaines de la connaissance, comme la théurgie et la philosophie, pour en faire une profession à part entière.

On sait très peu de choses sur la vie d'Hippocrate, sa pensée et ses écrits. Néanmoins, Hippocrate est couramment décrit comme le parangon du médecin de l’Antiquité. C'est l'initiateur d'un style et d'une méthode d'observation clinique, et le fondateur des règles éthiques pour les médecins, à travers le serment d'Hippocrate et d'autres textes du Corpus hippocratique.

Biographie

Fichier:Kos Asklepeion.jpg
Asklepieion sur l’île de Kos.

Selon la plupart des historiens, Hippocrate est né en 460 avant J.-C. sur l’île grecque de Kos, qui faisait partie de la confédération athénienne. Il fut un médecin réputé et un maître célèbre de médecine. Sa famille, d'origine aristocratique, transmettait un savoir médical et prétendait, comme les autres familles Asclépiades, descendre d'Asclépios par son fils Podalire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La première partie de sa carrière s'effectue à Kos, celle-ci n'est pas la ville actuelle de Kos, la cité antique se trouvait à une autre extrémité de l'île, sur l'emplacement actuel d'une petite station balnéaire, Kamari<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Puis sa vie se déroule en Grèce du nord, en Thessalie et en Thrace, notamment à Abdère et l'ile de Thasos. D'après les textes hippocratiques mentionnant la localisation géographique des malades, la cité la plus lointaine vers le nord est Odessos (Varna actuel en Bulgarie), et vers le sud Athènes et des îles de la mer Égée, Syros et Délos<ref name=":3">Modèle:Chapitre.</ref>.

De nombreux éléments biographiques sont apocryphes et sujets à discussions<ref name="nuland4">Modèle:Harvsp.</ref>. En général, les historiens accordent plus de poids, par principe, aux témoignages du vivant d'Hippocrate, notamment ceux de Platon (dans Protagoras, Phèdre) et d'Aristote (dans Politique). D'après ces témoignages, Hippocrate était déjà de son vivant, un médecin de grande réputation, dont la méthode logique et l'emploi précis des termes avaient valeur exemplaire<ref name=":2">Modèle:Ouvrage</ref>.

Viennent ensuite des textes grecs et romains sur leur propre passé. Les gréco-romains avaient l'habitude de composer, à titre d'exercices ou de conférences, des lettres ou des discours imaginaires de célébrités du passé, dont il est difficile de démêler le vrai du faux<ref name=":2" />.

Galien se réfère à Hippocrate, et fait de nombreuses allusions à sa vie. Soranos d'Éphèse, un gynécologue grec du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle fut le premier biographe d’Hippocrate et ses écrits, intégrant ces lettres et discours, sont la source des principales informations dont nous disposons sur sa personne<ref name=":2" />. Ces sources datent donc de près de cinq siècles après la mort d'Hippocrate, en 377 avant J.-C.

La réunion des textes hippocratiques (authentiques, anonymes, et hypothétiques) se fait progressivement durant le premier millénaire, jusqu'en 1526, date de la première édition imprimée des œuvres complètes d'Hippocrate en grec. Sur la base des informations contenues dans ces différents textes, de nombreux auteurs ont cherché à reconstituer, ou imaginer, une biographie d'Hippocrate<ref name=":2" />. En commençant par celui de la Souda du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (article « Hippocrate »), et l'érudit Jean Tzétzès qui rédigea une biographie d'Hippocrate dans ses Chiliades au Modèle:Sap-<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="nuland7">Modèle:Harvsp.</ref>.

Image

Modèle:Citation bloc

Fichier:Hippocrates.jpg
Image conventionnelle de « portrait » romain en buste (gravure du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle).

Selon le témoignage d’Aristote, Hippocrate est connu comme Modèle:Citation<ref name=jones38>Modèle:Harvsp.</ref>. Concernant son apparence, Hippocrate fut d'abord décrit comme un Modèle:Citation, puis comme Modèle:Citation<ref name="marti86">Modèle:Harvsp.</ref>. Il est certainement considéré comme un sage, un homme d’une très grande intelligence et, surtout, comme un bon praticien. Francis Adams, médecin et traducteur du grec, le décrit comme un vrai Modèle:Citation<ref name="adams15">Modèle:Harvsp.</ref>.

Cette image de sage, de vieux médecin est renforcée par les bustes qu’on possède de lui et qui le représentent le visage ridé et portant une grande barbe. De nombreux médecins de l'époque avaient les cheveux coupés court dans le style de Jupiter et d’Asclépios. Par conséquent, les bustes d'Hippocrate qui nous sont parvenus ne sont peut-être seulement qu’une autre version des portraits de ces divinités<ref name="garrison100">Modèle:Harvsp.</ref>.

Hippocrate et les croyances qui lui sont attribuées sont considérés comme celles de l’idéal médical. Fielding Garrison, une autorité en matière d'histoire de la médecine, a déclaré : Modèle:Citation<ref name="garrison934">Modèle:Harvsp.</ref>. Modèle:Citation, selon Une courte histoire de la médecine, qui a inspiré la profession médicale depuis sa mort<ref name="sing29">Modèle:Harvsp.</ref>.

Selon Vivian Nutton : « Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, à l'exception de la Bible, aucun texte et aucun auteur de l'Antiquité ne surpasse l'autorité qu'ont Hippocrate de Kos et le Serment hippocratique ». Régulièrement cité dans les revues savantes et la presse populaire, Hippocrate reste un personnage familier, considéré par tous, médecins et non-médecins, comme le Père de la médecine occidentale, dictant la conduite éthique des médecins<ref name=":2" />.

Réalités ou légendes

Il existe plusieurs courants historiques abordant la vie d'Hippocrate. Un courant sceptique et positiviste, inauguré par Émile Littré au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, rejette dans la légende la plupart des textes sur ce sujet. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Vivian Nutton souligne qu'on ne sait quasiment rien sur Hippocrate lui-même, et même qu'il est peu probable qu'il soit l'auteur du Serment<ref name=":2" />.

D'autres, comme Jacques Jouanna, considèrent Modèle:Citation. Ainsi des données littéraires hypothétiques ont pu être confirmées par de nouvelles découvertes épigraphiques<ref name=":3" />. Ces données restent controversées, et d'autres historiens étudient aussi la formation et l'évolution de la légende hippocratique comme des objets historiques en eux-mêmes, dont il faut saisir le rôle social différent selon les époques et les civilisations<ref>Modèle:Harvsp</ref> (Empire romain, islam médiéval, Renaissance européenne…).

La plupart des histoires qui sont rapportées sur la vie d'Hippocrate sont probablement fausses parce qu’elles sont incompatibles avec les données historiques, et qu’on raconte des histoires similaires ou identiques, à propos d’autres personnages comme Avicenne et Socrate, ce qui suggère qu’il s’agit de légendes. Les deux anecdotes les plus célèbres, car reprises par des écrivains ou des peintres, sont la rencontre d'Hippocrate et de Démocrite, et le refus d'Hippocrate de l'invitation du roi de Perse Artaxerxès Ier. Ces deux évènements auraient eu lieu dans la première période de la vie d'Hippocrate, lorsqu'il était encore à Kos.

Hippocrate et Démocrite

Des récits (notamment celui de Diogène Laërce) affirment que Démocrite, philosophe de la cité d'Abdère, était considéré comme fou parce qu'il se moquait de tout. Le peuple d'Abdère fit appel à Hippocrate pour venir le soigner. Hippocrate ne diagnostiqua chez Démocrite qu'une disposition à être heureux : loin d'être fou il riait en fait de la folie des hommes. Démocrite fut par la suite surnommé « le philosophe rieur<ref name="encyclopedia">Modèle:Harvsp.</ref> ». Selon Jouanna, il est impossible de savoir la vérité. Modèle:Citation<ref name=":4">Modèle:Harvsp</ref>.

Cette anecdote a été reprise par La Fontaine dans Démocrite et les Abdéritains, et par Stendhal dans Vie de Henry Brulard. Le peintre Pieter Lastman, un des maîtres de Rembrandt, a représenté la scène<ref name=":4" /> : Hippocrate rendant visite à Démocrite (1622).

Hippocrate et le roi de Perse

Une autre légende concerne le refus d'Hippocrate d'accepter les présents d’[[Artaxerxès Ier|Artaxerxès {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], roi de Perse, qui voulait s'attacher ses services<ref name="pinault">Modèle:Harvsp.</ref>. La validité de cette anecdote est admise par les sources les plus anciennes, mais réfutée par des historiens plus modernes et est donc sujette à caution<ref name="adams1213">Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès (original).JPG
Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès, Girodet, 1792.

Selon Jouanna, l'invitation est vraisemblable, car les rois perses faisaient traditionnellement appel aux meilleurs médecins de leur monde étranger connu, notamment égyptiens depuis la plus haute antiquité et grecs depuis Darius, et la présence de plusieurs médecins grecs à la cour perse est attestée. De même le refus d'Hippocrate est plausible, compte tenu du contexte politique de la période.

L'anecdote a été utilisée dans des milieux romains comme une invitation à se méfier des médecins grecs puisqu'ils n'aimaient pas les ennemis de la Grèce (Caton raconté par Plutarque) ; ou au contraire comme un modèle exemplaire de patriotisme et de désintéressement (biographes de l'Islam médiéval), et qui sera aussi retenu en Europe.

Étienne de La Boétie, dans son Discours de la servitude volontaire, témoigne d'une lettre d'Hippocrate adressée au grand Roi de Perse de refuser de servir les Barbares qui voulaient tuer des Grecs et asservir la Grèce<ref>Modèle:Citation. Modèle:Ouvrage</ref>.

En 1792, le peintre Girodet peint Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès, tableau remarqué par Baudelaire lors d'une exposition en 1846<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le départ de Kos

Les causes du départ d'Hippocrate de Kos pour la Thessalie (à peu près avant - 420) font l'objet d'interprétations variées selon les biographes.

Il existe une tradition malveillante selon laquelle Hippocrate aurait fui après avoir incendié la bibliothèque de l'école de Cnide. Des siècles plus tard le grammairien byzantin Jean Tzétzès écrit qu’Hippocrate a aussi brûlé le temple d'Asclépios de Kos, après avoir appris la médecine en étudiant les récits de guérison consacrés par les prêtres<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il aurait agi ainsi pour détruire ses sources, cacher ses plagiats et s'assurer de l'exclusivité d'un savoir médical. Cette tradition négative, remontant à l'Époque hellénistique témoigne de l'existence d'un courant anti-hippocratique qui se serait manifesté dans l'entourage d'Hérophile, un grand médecin d'Alexandrie. Cela pourrait aussi avoir été inventé par le clergé d'Asclépios lui-même, pour faire croire à une grande ancienneté du temple malgré l'absence de preuves avant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Article.</ref>.

Selon Soranos d'Éphèse, Hippocrate serait parti à la suite d'un rêve lui enjoignant de s'installer en Thessalie. Pour Jouanna, l'explication la plus vraisemblable était son désir d'enrichir son expérience, car l'une des idées importantes de la médecine hippocratique est l'influence des divers milieux naturels (airs, eaux, lieux) sur la santé et les maladies<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Autres anecdotes

La maladie d'amour

Appelé auprès du nouveau roi de Macédoine, Perdiccas II, que l'on croyait gravement malade, il aurait diagnostiqué une maladie d'amour du jeune roi pour la courtisane de son père décédé.

Une histoire analogue est rapportée à propos d'autres médecins de l'antiquité comme Érasistrate. Dans tous les cas, un grand médecin découvre chez un jeune prince (en lui prenant le pouls et en faisant défiler devant lui, une à une, toutes les femmes du palais) une maladie d'amour cachée pour la femme (sa belle-mère) ou la courtisane de son père, vivant ou décédé. La répétition de l'intrigue fait douter de l'authenticité<ref name=":5">Modèle:Harvsp</ref>, d'autant plus que la prise de pouls n'est pas mentionnée dans les textes hippocratiques<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Cette histoire est restée célèbre, enrichie de variantes et d'innovations, et reprise par des poètes, comme Dracontius avec Hippocrate (Aegritudo Perdicae « La maladie de Perdiccas »)<ref name=":5" />, ou des peintres, comme David avec Érasistrate (Érasistrate découvrant la cause de la maladie d'Antiochius, 1774).

Pestilences

Hippocrate aurait contribué à la guérison des Athéniens durant la peste d'Athènes (430-429 avant J-C) par de grands feux utilisés pour purifier l'air (tradition de période romaine), voire en ayant découvert un antidote (tradition de période byzantine). Ces événements ont peu de chances de s'être réellement produits<ref name="adams1011">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="jones37">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="dictionary">Modèle:Harvsp.</ref>.

Selon Jouanna, il y aurait confusion avec une autre pestilence en Grèce du nord, notamment à Delphes, dans les années 419-416 avant J.-C. La venue d'Hippocrate serait confirmée à cette époque par des inscriptions dédicatoires<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Mort d'Hippocrate

Il meurt à Larissa, en Thessalie, vers 370 avant J.-C., à un âge avancé (les divers biographes donnent une marge de 85 à Modèle:Nombre). Son tombeau se trouvait au nord de Larissa ; un essaim d'abeilles situé sur sa tombe fournissait un miel réputé pour ses pouvoirs de guérison<ref name="marti86" />,<ref name="margotta73">Modèle:Harvsp.</ref>. Les nourrices locales s'y rendaient pour soigner les enfants en les frottant avec ce miel<ref name=":6">Modèle:Harvsp</ref>.

Après sa mort, il devient un héros guérisseur auquel on rend un culte. Dans son île natale de Kos, des sacrifices annuels furent faits chaque jour anniversaire de sa naissance. Des monnaies de bronze à son effigie apparaissent à Kos dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant J.-C. Il fait aussi l'objet de cultes privés de la part de médecins de l'antiquité (statuettes, bustes, inscriptions funéraires…)<ref name=":6" />.

Légendes tardives
Fichier:Plane tree of Hippocrates.jpg
Arbre d'Hippocrate sous lequel on dit qu’Hippocrate aurait travaillé, dans la ville de Kos<ref name=NHLtree>Modèle:Harvsp.</ref>.

Toute une littérature pseudo-hippocratique se développe au Moyen Âge. Le faux s'y distingue par impossibilité chronologique. Ainsi, une lettre d'Hippocrate Sur la constitution de l'homme est adressée au roi Ptolémée Sôter. Elle eut un grand succès, puisqu'on connait une trentaine de manuscrits médiévaux conservant cette œuvre<ref name=":7">Modèle:Harvsp</ref>.

Dans le roman français du Lancelot-Graal (début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), Hippocrate entend parler de la résurrection de Lazare par Jésus-Christ. Il ne soigne plus la maladie d'amour du roi Perdiccas, mais celle du neveu d'Auguste, l'empereur romain. Ce dernier fait ériger en remerciement, à l'endroit le plus élevé de Rome, deux statues d'Hippocrate, en or et grandeur nature<ref name=":7" />.

Hippocrate est aussi victime d'une Gauloise dont il est tombé amoureux. Sous prétexte d'une rencontre galante, elle réussit à le suspendre à sa fenêtre, prisonnier dans une corbeille, où il est la risée des passants. Des artistes médiévaux ont souvent représenté la scène sur des tablettes d'ivoire, la victime étant soit Hippocrate, soit Virgile<ref name=":7" />.

Selon une légende arabe, le sage Lokman réussit à arracher à Hippocrate ses secrets médicaux, qu'il gardait jalousement, et Hippocrate en meurt de dépit<ref>Modèle:Article</ref>. Selon une autre légende arabe, Hippocrate, sentant sa mort approcher, fit graver ses secrets sur une tablette et placer cette dernière dans une cassette en ivoire qu'il emporta dans la tombe. Le court texte censé être la transcription de cette tablette est traduit en latin sous le titre de Secreta Hippocratis ou de Capsula eburnea<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Généalogie légendaire et famille

La généalogie légendaire d’Hippocrate fait remonter son ascendance paternelle directement à Asclépios (Platon précise qu’il est un « Asclépiade ») et son ascendance maternelle à Héraclès provenant des Grecs. Selon les biographies, qui se recoupent dans l'ensemble, mais divergent dans le détail, Hippocrate est le Modèle:17e, Modèle:18e ou Modèle:19e descendant à partir d'Asclépios<ref>Selon Jouanna 1992 (Modèle:P.) Modèle:Citation.</ref>.

Modèle:Article détaillé L'arbre généalogique le plus complet est celui de Tzétzès. Il s'agit d'une filiation dont l'historicité n'est pas contrôlable : Asclépios, Podalire, Hippoloque, Sostratos, Dardanos, Crisamis, Cléomyttadès, Théodore, Sostratos II, Crisamis II, Théodore II, Sostratos III, Nébros, Gnosidicos, Hippocrate, Héracléidas, Phénarète, Hippocrate II qui est le grand Hippocrate<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Les biographes n'ont pas conservé le nom de la femme d'Hippocrate, mais elle avait pour ancêtre Cadmos de Kos, tyran de l'île lors de la première guerre médique. Trois enfants naissent de ce mariage ; deux garçons Thessalos et Dracon qui seront médecins, et une fille épouse de Polybe, un autre médecin. Ce Polybe, gendre et disciple d'Hippocrate, est considéré comme l'auteur du traité hippocratique De la nature de l'homme<ref name=":28">Modèle:Harvsp</ref>. Cette fille d'Hippocrate a inspiré une légende byzantine, rapportée par les croisés, et qui se retrouve dans un récit de Jean de Mondeville. Transformée en dragon par un enchantement, la fille d'Hippocrate est enfermée dans un château, où seul le baiser d'un chevalier lui permettra de retrouver sa forme première<ref name=":28" />. Le traité Nature de l'homme est attribué à Polybe, disciple et gendre d'Hippocrate (ne pas confondre avec l'historien Polybe de Mégalopolis) ; et De la superfétation est attribué à Léophanès par Émile Littré<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Œuvres : le corpus hippocratique

Fichier:Galenoghippokrates.jpg
Peinture murale représentant Galien et Hippocrate. Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Anagni, Italie .

Hippocrate est largement considéré comme le « Père de la Médecine »<ref name="hanson">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="nutton_p80">Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>. Son école a donné beaucoup d'importance aux doctrines cliniques d'observation et de documentation. Ces doctrines s'appuient sur une pratique d'écriture, claire et objective. C'est la première littérature médicale que l'on ait conservée, se présentant sans séparation nette entre technique et esthétique<ref name=":10" />.

C'est l'apparition d'un style médical fondateur de la médecine clinique : « le malade devient objet du regard, source de signes. Écriture et séméiologie sont absolument liées »<ref name=":12">Modèle:Ouvrage</ref>. Ce style médical combine, entre autres, la brachylogie (ellipse ou style laconique), la parataxe (les faits sont consignés en accumulation successive), l'asyndète (style sublime), le style métaphorique, le style aphoristique<ref>Jackie Pigeaud 2008, op. cit., Modèle:P..</ref>…

Ces procédés ne relèveraient pas d'une intention rhétorique, mais d'une réflexion consciente, raisonnée, technique<ref>Jackie Pigeaud 2008, op. cit., Modèle:P..</ref>. Dès lors, le nom d'Hippocrate a en réalité deux sens : c'est d'abord le personnage historique, mais aussi l'œuvre (l'ensemble des textes) léguée sous son nom, la collection hippocratique ou corpus hippocratique<ref name=":17">Modèle:Harvsp</ref>.

Modèle:Article détaillé

Fichier:HippocraticOath.jpg
Manuscrit byzantin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle du Serment d’Hippocrate sous la forme d'une croix.

Le Corpus hippocratique (du Modèle:Lang-la) est une collection de plus de soixante traités de médecine, écrits en Ionique (dialecte ionien). Cette collection pose de nombreux problèmes non résolus de façon définitive : problèmes de classement, de datation, d'attribution…

Il apparaît comme très probable que la grande majorité des traités datent d'une période allant de 420 à 350 avant J.-C. Les autres traités s'étalant entre le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant J.-C., et le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle après J.-C.<ref>Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

En raison des styles d'écriture et des différences de vocabulaire, des contradictions dans les doctrines, de la date apparente de rédaction, les chercheurs estiment que le Corpus hippocratique ne peut pas avoir été écrit par une seule personne. Dès l'antiquité, Galien cherchait à déterminer les textes authentiques provenant d'Hippocrate des autres, rédigés par ses disciples ou d'autres médecins<ref>Jacques Jouanna 1995, Modèle:P..</ref>. Le Corpus hippocratique comprend différents types de textes ou genres littéraires<ref>Modèle:Ouvrage</ref> :

  • Les traités-listes sont une forme très ancienne, ils correspondent à une première organisation du savoir en listes et sous-listes plus ou moins détaillées.
  • Les recueils de notes, à usage privé, où l'auteur consigne ce qui lui parait important et significatif, avec une unité de style.
  • Les recueils de maximes, à des fins d'enseignement ou de mnémotechnique.
  • Les essais, dotés d'une forme littéraire, de type discours ou conférence, selon différents publics : étudiants, amateurs cultivés, spécialistes…

Ces textes ont été réunis sans ordre particulier à l'origine<ref name="rutkow23">Modèle:Harvsp</ref>, plusieurs classements ont été proposés au cours de l'histoire et aucun n'est apparu satisfaisant pour faire consensus<ref name=":17" />.

Parmi les textes importants, le plus célèbre est le serment d'Hippocrate, sur l'éthique de la pratique médicale. Traditionnellement attribué à Hippocrate, mais cette attribution est mise en doute par la plupart des historiens<ref>Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>. Les autres textes significatifs et les plus souvent cités sont :

  • De la maladie sacrée
  • Le pronostic
  • Des airs, des eaux et des lieux
  • Des épidémies I et III
  • Aphorismes
  • De l'ancienne médecine
  • De la nature de l'Homme

À partir de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de nombreux problèmes historiques du Corpus Hippocratique ont perdu leur importance (attribution et classement des œuvres). Au lieu de se concentrer sur l'authentification des écrits, Modèle:Citation<ref>Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

En ce sens, si le personnage Hippocrate a gardé son image de Père ou de Héros, il a laissé sa place au « médecin hippocratique » anonyme, mais représentatif d'une période cruciale de l'antiquité.

Fondamentaux de la médecine hippocratique

Malgré les divergences ou contradictions qui peuvent exister dans le corpus hippocratique, les historiens ont déterminé des constantes communes et « révolutionnaires » qui introduisent une nouvelle vision de l'homme et de sa place dans l'univers, où la médecine doit se définir par ce qu'elle fait et plus important encore par ce qu'elle ne fait pas<ref name="nutton_p80" />.

Causalité naturelle : la mise à l'écart du divin

Le traité De la maladie sacrée est un texte emblématique dans l'histoire des idées, car c'est le premier texte où une médecine rationnelle s'oppose à une médecine religieuse ou magique<ref name=":11" />. L'épilepsie était alors appelée Modèle:Citation en étant perçue comme une sanction divine pour une souillure indéterminée. L'auteur entend démontrer que cette maladie n'est pas Modèle:Citation<ref>Cité par LLoyd (1999a), Modèle:P.. et par E. Bréhier, Histoire de la philosophie, tome I, p. 65</ref>.

Son dernier argument est d'ordre « physiologique » : la maladie ne s'en prend qu'aux « phlegmatiques » (voir : théorie des humeurs) or, si la maladie était véritablement une visitation divine, tous devraient pouvoir en être atteints. Il ajoute que cette maladie vient du cerveau. « Toutes les maladies sont divines et toutes sont humaines », précise l'auteur<ref name=":0">Sur la maladie sacrée, c.18.</ref>, car si la nature est divine, toutes les maladies peuvent être aussi bien divines que naturelles et humaines. Sa conclusion étant qu'il faut Modèle:Citation<ref name=":0" />.

De fait, on ne trouve pas mention d'une seule maladie mystique dans la totalité du corpus hippocratique. Le médecin se distingue du prêtre guérisseur en évitant les moyens magiques ou sacrés, qui viseraient à apaiser la colère des dieux ou à purifier le malade. L'auteur hippocratique n'est pas un athée, il considère que si la nature (physis ou phusis) a bien un caractère divin, elle n'est pas le jouet des caprices des dieux, elle est soumise à un processus logique de causalité que les dieux eux-mêmes ne brisent pas, et qu'il est possible de connaitre<ref name=":11">Jacques Jouanna 1995, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Jackie Pigeaud va plus loin en montrant que De la maladie sacrée constitue aussi une théodicée, une « tentative profonde pour innocenter Dieu du mal »<ref name=":16">Jackie Pigeaud 2008, op. cit., Modèle:P..</ref>. L'auteur hippocratique affirme « Je ne pense pas que le corps de l'homme soit souillé par le dieu, le plus mortel par le plus pur ». Selon Pigeaud, si le rationalisme grec s'est constitué contre les dieux, c'est au nom d'une conception plus pure du Divin. En écartant la maladie de toute causalité tragique, religieuse ou morale, De la maladie sacrée distingue définitivement la maladie du mal, et la remet dans le domaine d'un spécialiste, le médecin<ref name=":16" />.

La maladie : une histoire logique du corps dans son environnement

La maladie est un processus corporel sous influence combinée de facteurs environnementaux (air, eaux, lieux), de l'alimentation et des habitudes de vie. Il s'agit d'une nouvelle vision de l'homme qui n'est plus en relation plus ou moins conflictuelle avec les dieux, mais en rapport avec son environnement. Ainsi les changements du corps ne dépendant pas d'une justice divine, mais du déroulement des saisons, du milieu social, géographique et climatique. Solidaire de son milieu, l'homme jouit de la meilleure santé quand les influences extérieures sont équilibrées et modérées<ref name=":8">Jacques Jouanna 1995, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Cette nouvelle perspective est présentée dans le traité des Airs, Eaux, Lieux, considéré aussi comme un premier traité d'anthropologie, car l'auteur applique son analyse des individus malades à l'ensemble des peuples, expliquant leur diversité par les différences de climat et de lois (régime politique)<ref name=":8" />.

Cependant, Hippocrate a travaillé cliniquement de façon empirique, en se basant sur son expérience et ses observations, et sur la foi de principes qui seront contestés par la médecine moderne en anatomie et physiologie (tel est le cas de la théorie des humeurs<ref name="jones11">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="nuland8">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="garrison9394">Modèle:Harvsp</ref>). Toutefois, outre les principes éthiques, ce qui reste le plus souvent d'Hippocrate en médecine moderne, sans avoir été oublié, sont les principes d'observation et d'analyse logique (logique grecque) des maladies appréhendées dans leur histoire et leur déroulement par enchaînement de causalités.

La maladie est ainsi un changement (μεταβολή) par rapport à l'habitude en période de santé (Du régime dans les maladies aiguës, 27 ; Des lieux dans l'homme, 45)<ref>Jackie Pigeaud 2008, op. cit., Modèle:P..</ref>.

La médecine : une relation thérapeutique

L'objet de la médecine

Il est défini dans le traité De l'art, il s'agit Modèle:Citation<ref name=":9">Modèle:Ouvrage</ref> ; dans Épidémies I, on trouve la maxime Modèle:Citation<ref name=":10">Jacques Jouanna 1995, op. cit, Modèle:P..</ref>, source probable de la fameuse locution latine Primum non nocere « D'abord ne pas nuire ».

Ici le médecin hippocratique affirme que la finalité de la médecine n'est pas la réussite du médecin, mais l'intérêt du malade. Dans les traités hippocratiques, le malade est désigné par le terme anthrôpos « l'être humain », toutes les autres distinctions (sexe, statut social, peuple ou race) étant secondaires, ce qui a fait parler d'un humanisme hippocratique<ref name=":10" />.

Cependant la médecine reste un art technê, c'est-à-dire un métier, une technique qui ont leurs limites : Modèle:Citation (De l'art). Il faut savoir ne pas intervenir quand toute action est vaine ou nuisible Modèle:Citation (Aphorisme 7)<ref name=":9" />.

Il existe donc aussi en médecine hippocratique un refus de soigner dans les cas jugés désespérés, de crainte d'y laisser sa réputation (par exemple, dans Fractures, cas de fractures ouvertes du fémur ou de l'humérus à la face interne du membre). Le fondement théorique de ce refus (l'au-delà des ressources de l'art ne peut aller contre le cours naturel) est devenu étranger aux consciences modernes<ref name=":10" />.

Plus proches des préoccupations modernes, sont l'évitement de l'innovation spectaculaire, qui profite plus au médecin qu'au malade (Fractures) ou encore la probité du médecin qui lui fait reconnaitre ses propres erreurs pour éviter qu'elles ne se reproduisent (Épidémies V)<ref name=":10" />.

La triade hippocratique

Selon l'auteur de Épidémies I, Modèle:Citation. Cette triade a été appelée « le triangle hippocratique » car selon Gourevitch, il s'agit bien d'une figure géométrique à trois sommets qui offre deux points de vue pour observer les deux autres sommets : le point de vue du médecin et le point de vue du malade<ref>Danielle Gourevitch 1984, op. cit., Modèle:P..</ref>.

La relation thérapeutique est pensée en termes de stratégie d'alliance dans un combat. Il faut combattre la maladie et cette lutte est menée par le malade, le médecin est l'allié du malade, celui qui l'aide à combattre. Modèle:Citation<ref name=":6" />.

Selon Debru, le médecin historien helléniste Littré aurait traduit à l'envers la dernière phrase en la présentant ainsi : Modèle:Citation tant Littré est persuadé, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, que c'est au médecin de combattre et au patient de l'aider<ref>Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio</ref>. À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'étrangeté du texte original disparaît, avec l'actualité faisant prévaloir le point de vue du malade.

Le médecin hippocratique doit donc déployer une stratégie professionnelle pour être accepté par le malade comme allié, d'abord par son savoir et son savoir-faire, mais aussi par l'apparence, l'attitude et le comportement, le discours et le sens du dialogue<ref name=":6" />. Aristote, et surtout Platon, transposent cette réflexion médicale dans la rhétorique, la politique et l'éthique. Le législateur (ou l'homme politique dans la démocratie athénienne) doit être, comme le médecin, un homme non seulement savant en son art, mais aussi un maître de persuasion<ref name=":18">Jacques Jouanna 1995, op. cit., Modèle:P.. </ref>.

Professionnalisme

La médecine hippocratique se distinguait par son strict professionnalisme, sa discipline et la rigueur de sa pratique<ref name="garrison">Modèle:Harvsp</ref>. Les traités consacrés à ces questions sont en particulier Du médecin, De la bienséance, et De l'officine du médecin. Ces textes recommandent aux médecins d'être toujours rigoureux, honnêtes, calmes, compréhensifs et sérieux. Une attention particulière est apportée à tous les aspects de la pratique : les prescriptions détaillées pour l'éclairage, le personnel qui assistait le praticien, le positionnement des instruments et du patient, les techniques de bandage et de contention dans les lieux d'opérations<ref name="margotta64">Modèle:Harvsp</ref>. Il faut même veiller à garder les ongles courts pour utiliser au mieux le toucher du bout des doigts<ref name="rutkow24">Modèle:Harvsp</ref>.

Modèle:Citation bloc

Enfin, les difficultés du métier sont ramassées dans le premier aphorisme des Aphorismes, plus connu par l'expression latine Modèle:Citation (l'art est long et la vie est courte), mais dont le texte original complet est : Modèle:Citation bloc

Observations et pronostic

Fichier:Ancientgreek surgical.jpg
Instruments chirurgicaux de l’Antiquité grecque. Sur la gauche on distingue un trépan et sur la droite, un jeu de scalpels. La médecine hippocratique a fait bon usage de ces instruments<ref name=adams17>Modèle:Harvsp</ref>.

L'examen hippocratique du patient a pour but de déterminer l'écart entre son état présent et son état habituel, lorsqu'il était proche de l'état des gens en santé. Pour cela, le médecin utilise ses cinq sens de façon systématique (en commençant par la vue) et progressive (d'abord de loin puis de près, en allant d'une approche d'ensemble aux détails minutieux). Ayant rassemblé ces éléments, il questionne le patient ou son entourage pour les évaluer par rapport à un état antérieur<ref name=":14" />,<ref name=":15" />.

Il utilise alors sa « raison » pour déterminer les changements en cours, en remontant au passé, et en « calculant » l'avenir. C'est alors qu'il peut juger de l'opportunité de traiter, par quels moyens et à quels moments.

Cette démarche est différente du diagnostic moderne qui vise à distinguer de plus en plus précisément une maladie particulière. Le médecin hippocratique cherche des symptômes visibles indiquant les changements internes (invisibles) en cours chez un malade. Modèle:Citation<ref name=":14">Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

L'examen clinique

Le traité Le pronostic recommande les principales observations à faire : l'examen du visage et des yeux, de la position du malade sur sa couche (placement des jambes et mouvements des mains), de la respiration (rythme, chaleur et humidité du souffle), les plaies ou abcès s'il en existe, les sueurs chaudes ou froides, le toucher des hypocondres (dureté et sensibilité), la chaleur ou le froid des parties du corps, troubles du sommeil, examens des fluides corporels (couleur, densité, odeur... des selles, urines, crachats...)<ref name=":15">Modèle:Harvsp</ref>.

Le traité Épidémies I et III ajoute : le régime déjà prescrit et celui qui l'a prescrit, la constitution de l'atmosphère et la situation du lieu, les habitudes de vie et l'âge, le discours, le comportement, le silence et les penséesModèle:Etc. Dans ce traité, les observations cliniques sont des comptes-rendus très détaillés, notant l'évolution de la maladie, jour par jour, d'un patient particulier (nom, lieu géographique, condition sociale), soit au total 42 patients en tout. Il n'existe rien de comparable à ces rapports quotidiens dans tous les textes médicaux jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Parmi les premiers à reprendre ce modèle d'observations détaillées, on trouve Guillaume de Baillou (1538-1616)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Le pronostic

Le rassemblement des données obtenues par les sens (« expérience ») se complète par l'utilisation de la raison ou plus exactement la faculté de calculer logismos ou logizesthai. À partir de là, l'auteur du traité De l'art se propose de passer du visible à l'invisible, c'est-à-dire de percevoir non seulement les maladies apparentes à la surface du corps, mais aussi celles qui se cachent à l'intérieur. Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Cette faculté de calculer permet aussi un pronostic prognôsis ou « prognose grecque » qui est une prévision distincte de la prédiction divinatoire ou mantique. Le rôle du pronostic hippocratique a été diversement interprété par les spécialistes. Ce pouvait être un moyen de montrer ses compétences en se démarquant des devins (la prognose grecque est une « divination » par le corps « qui marche »<ref>Modèle:Chapitre.</ref>), tout en se protégeant des accusations de négligence, en indiquant l'issue la plus prévisible<ref name=":13">Modèle:Harvsp</ref>. Modèle:Citation<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>. Selon A. Debru, l'un des buts avoués du pronostic hippocratique, est aussi de séduire et d'être admiré : Modèle:Citation<ref name=":1" />.

Selon Pigeaud, la saisie hippocratique du déroulement temporel de la maladie est « une des grandes expériences antiques du temps, qui a contribué à la prise de conscience de la durée, comme du temps orienté. »<ref>Jackie Pigeaud 2008, op. cit., Modèle:P..</ref>. La maladie est aussi un processus historique. Des analogies ont été relevées entre la méthode historique de Thucydide et la méthode hippocratique, notamment la notion de « nature humaine » comme mode d'explication de répétitions prévisibles en vue d'une utilité future, pour d'autres temps ou pour d'autres cas<ref name=":18" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

La « prognose grecque » est aussi un moyen de contrôler la maladie, de façon à modifier le traitement lors d'évènements prévus pour intervenir rapidement même dans les maladies aiguës les plus dangereuses<ref name=":13" />. Ainsi la médecine hippocratique utilise des termes tels que, « exacerbation », « rechute », « résolution », « crise ou paroxysme », « pic » et « convalescence »<ref name="garrison97">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="mart90">Modèle:Harvsp.</ref>.

Par exemple, une des contributions d’Hippocrate est sa description et son pronostic de l’empyème thoracique (pleurésie purulente), et sa détermination du moment et du siège d'une ponction pleurale avec drainage pleural (Des Maladies, II). Son principe de base reste toujours valable au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Éponymies

Fichier:ClubbingFingers1.jpg
Doigts en baguettes de tambour secondaire à une hypertension artérielle pulmonaire chez un patient atteint du syndrome d'Eisenmenger. Décrit pour la première fois par Hippocrate, l’aspect des doigts en baguette de tambour est également connu sous le nom « d’hippocratisme digital ».

Faciès hippocratique

Le « faciès hippocratique » est le changement qui se produit dans le visage à l'approche de la mort, ou pendant une longue maladie. Shakespeare fait allusion à cette description dans sa relation de la mort de Falstaff dans [[Henry V (Shakespeare)|Henry Modèle:V]] acte Modèle:II, scène Modèle:III<ref name="sing40">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="margotta70">Modèle:Harvsp</ref>.

Dans le traité Le Pronostic, après avoir dit que le danger est d'autant plus grand que le visage s'éloigne de son apparence habituelle, la description originale est la suivante : Modèle:Citation Dans le même texte, le médecin peut s'approcher pour examiner les yeux : Modèle:Citation. Le texte précise que le médecin doit confronter ces observations avec des données d'interrogatoire sur des causes telles que l'insomnie, la diarrhée ou le jeûne. Si c'est le cas, le patient peut se rétablir en un jour et nuit. En l'absence de ces causes, si le patient n'est pas rétabli dans le même intervalle de temps, il est près de la mort<ref name=":15" />.

Hippocratisme digital

C'est une déformation de l'extrémité des doigts ou des orteils n'intéressant que les parties molles et les ongles. Cet hippocratisme digital est aussi appelé signe des « doigts en baguette de tambour ». C'était un signe important, présent dans des cas appelés aujourd'hui bronchopneumopathie chronique obstructive, cancer du poumon, cardiopathies congénitales cyanogènesModèle:Etc.

Succussion hippocratique

C'était une manœuvre clinique historique qui consistait à secouer le patient par les épaules, afin de percevoir un éventuel « bruit de succussion », bruit de clapotis ou de fluctuation produit par un liquide dans la plèvre au cours d'un épanchement pleural. Le procédé est décrit dans Des Maladies II, pour détecter de quel côté est le bruit afin de déterminer l'endroit d'incision pour l'évacuation de liquide ou de pus.

Ce procédé d'auscultation immédiate a été longtemps méconnu, jusqu'à ce que Laennec, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le redécouvre en lisant Hippocrate. Il teste lui-même la méthode pour entendre effectivement la fluctuation du liquide. Il rend hommage à l'exactitude d'Hippocrate, mais il lui reproche de n'avoir pas compris que le bruit de clapotis suppose une collision d'air et de liquide, donc aussi une présence d'air dans la cavité pleurale (pneumothorax)<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Dispositifs et manœuvres orthopédiques

Le « banc d'Hippocrate » qui est un appareil permettant de mettre les os en traction et le « bandage hippocratique » sont deux dispositifs qui ont reçu le nom d’Hippocrate<ref name="Fishchenko">Modèle:Harvsp</ref>.

La « réduction d'Hippocrate » est une réduction d'une luxation de l'épaule par traction sur le membre supérieur, accompagnée d'une contre-traction dans l'aisselle où l'opérateur pousse à l'aide de son pied<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Autres

Le « corpus hippocratique » et le « Serment d'Hippocrate » portent également son nom.

Le rire ou rictus sardonique, provoqué par le spasme des muscles du visage, est aussi parfois qualifié de « sourire d'Hippocrate ».

La « chausse d'Hippocrate » est un filtre rudimentaire constitué par une étoffe formant une sorte de chaussette munie d'une corde<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Une boisson médicinale très utilisée au Moyen Âge, l’« hypocras », est aussi réputée avoir été inventée par Hippocrate.

Savoirs et théories

Modèle:Article détaillé La médecine hippocratique et sa philosophie (« hippocratisme ») constituent une médecine Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref> du point de vue moderne. Elle se situerait dans le cadre plus général des médecines traditionnelles d'autres civilisations, plus proche des médecines naturelles que de la médecine académique moderne, laquelle est surtout fondée sur la méthode anatomoclinique et les sciences biologiques.

Le savoir hippocratique est conjectural, à partir de suppositions fondées sur des apparences (phainomena). Dans des textes hippocratiques (De l'ancienne médecine, 9), l'art médical se rapproche de la navigation<ref>Jacques Jouanna 1995, op. cit., Modèle:P..</ref>, c'est le pilote d'un navire qui doit affronter de nombreuses forces mouvantes et changeantes. Il doit guider ce navire à bon port, en sachant prévoir les manœuvres décisives à un moment donné, lors de circonstances précises. Le médecin se distingue par son expérience, car il n'existe pas de moyens d'atteindre la vérité exacte (akribès), le seul critère admis est le correct (orthόn). Le médecin est condamné à se frayer un chemin, s'aidant de tous les signes, en le conjecturant à coups d'opinions (dόxas)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Les théories hippocratiques se basent sur l'observation intégrée dans un vaste ensemble d'analogies familières. Le va-et-vient constant à l'intérieur du corps est comparé à l'entretien des forêts, l'estomac est un four, l'utérus une ventouse, les processus de fabrication des fromages illustrent la coagulation ou la séparation des liquides dans le corpsModèle:Etc. Selon Nutton, Modèle:Citation, c'est-à-dire celui de textes prononcés en public pour expliquer et convaincre<ref name=":20">Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>,<ref>Il existe un débat entre historiens sur ce point, les uns inspirés par Gaston Bachelard se livrent à une analyse épistémologique historique, d'autres estiment que cette approche est inappropriée (anachronique) quand elle s'applique à des textes de l'antiquité.</ref>.

Corps et fonctionnement

La distinction anatomie / physiologie est d'origine moderne, la médecine de l'antiquité englobe les deux sous le terme de physis<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La structure anatomique est inséparable de sa fonction présumée (cause finale ou telos). Le médecin hippocratique ne pratique pas la dissection humaine, il cherche à reconstituer l'intérieur du corps à partir de l'examen en surface, ou de l'observation de dissections animales<ref name=":19">Jacques Jouanna 1995, op. cit., Modèle:P..</ref>. Le vocabulaire hippocratique utilise de nombreux termes « faux amis », encore utilisés de nos jours mais dans un tout autre sens.

Les principaux organes se répartissent dans deux grandes cavités séparées par le diaphragme.

Les os et la chair

La disposition et la forme des os est dans l'ensemble exacte. Cette connaissance assez précise s'expliquerait par l'étude des luxations et fractures, principal sujet des traités chirurgicaux, et la longue résistance des os à la décomposition, après la mort.

Les muscles sont connus, mais pas leur propriété de se contracter, aussi sont-ils appelés « chair ». Ce sont les ligaments qui ont pour fonction de maintenir l'ensemble et provoquer le mouvement, ces ligaments sont appelés neura, terme désignant, dans le contexte hippocratique, à la fois les tendons et les nerfs<ref name=":19" />. Ce point de vue antique reste ancré dans le langage populaire où le terme « nerfs » désigne en fait ligaments et aponévroses (toutes les parties blanches) dans une viande rouge de boucherie.

L'air et le sang

Le corps est parcouru par des conduits phlebes, à la fois les veines et les artères sans distinction. Ces conduits répartissent le sang, l'air ou les humeurs, séparément ou ensemble. Le terme moderne trachée est une abréviation du terme hippocratique trachée-artère. Le nombre et la disposition de ces vaisseaux est variable selon les textes hippocratiques, montrant que ce système vasculaire ou « protovasculaire » est très discuté durant l'antiquité jusqu'à Galien. Des auteurs hippocratiques peuvent décrire dans le corps des trajets de l'air sans faire intervenir les poumons, ou du sang sans mentionner le cœur<ref name=":19" />.

Selon les textes, le point de départ du système vasculaire peut être la tête, le foie, la rate, ou le cœur. Le pouls artériel n'est pas encore connu et ne sert pas au diagnostic. Si les battements artériels aux tempes sont bien observés, ils sont vus comme manifestation pathologique<ref name=":19" />. Ce savoir vasculaire peut servir d'indice de datation d'un texte hippocratique. Ces textes montrent le renversement progressif d'un point de vue : les spéculations anatomiques se font d'abord à partir de la pratique médicale, mais la démarche inverse tend à s'imposer, c'est la pratique médicale qui doit se baser sur l'intérieur observable du corps<ref>Marie-Paule Duminil 1983, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Digestion et génération

Les organes digestifs sont mal connus. L'estomac ne joue pas un rôle important, le siège de la digestion est le « ventre » ou « cavité » koiliè sous le diaphragme. La digestion est vue comme une sorte de lutte où la nature humaine triomphe de la nature de l'aliment, ou encore comme une sorte de cuisson dans une marmite, ou de fermentation dans une cuve.

Les œufs de poule servent de modèle pour comprendre le développement du fœtus humain, et la description de l'utérus humain ressemble en fait à ce qui peut s'observer chez l'animal. L'utérus féminin est l'organe qui suscite le plus l'imagination chez le médecin hippocratique. La matrice peut voyager subitement à travers tout le corps, desséchée ou échauffée, elle court se jeter vers des organes plus humides ou plus frais, des jambes à la tête, c'est la Modèle:Citation<ref name=":19" />, modèle précurseur de l'hystérie<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La matrice paraît dotée d'une vie propre, c'est comme un animal de compagnie récalcitrant, que l'on peut attirer par des saveurs sucrées ou refouler par des mauvaises odeurs<ref name=":20" />.

La menstruation est vue comme un processus absolument nécessaire de purification, d'évacuation de mauvais sang. Le fait de ne pas avoir ses règles normales est considéré comme très dangereux, et le début de la ménopause est compris comme une stagnation de poison ou de putréfaction, dans le corps de la femme<ref name=":21">Vivan Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>. Ces conceptions auront une profonde influence jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Cerveau et lieux spongieux

Le cerveau est vu comme un organe double (les deux hémisphères) séparé par une membrane. La moelle épinière reste aussi vague, selon l'auteur du traité Des chairs, elle n'est pas semblable à la moelle des os, car elle est la seule à avoir des enveloppes en étant réunie au cerveau. L'auteur de La maladie sacrée fait du cerveau le siège de l'intelligence et de la sensation, et refuse le cœur ou le diaphragme comme sièges des émotions. L'intelligence procède du cerveau, réceptacle des sensations, par l'intermédiaire de l'air et du sang<ref>Achille Souques 1936, op. cit., Modèle:P. et 45-50.</ref>.

Le cerveau agit aussi comme une éponge, attirant à lui les humeurs du corps pour les distribuer à nouveau. Les hippocratiques attribuent aux autres organes de nature spongieuse (poumons, rate, foie…) un rôle prédominant de régulation des humeurs<ref name=":22">Jacques Jouanna 1995, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Théorie des humeurs

Modèle:Article détaillé Les textes hippocratiques présentent différentes théories sur le rôle et la fonction des humeurs (fluides liquides du corps) correspondant à une phase de formation ou de discussions. Cette phase aboutit à une théorie d'ensemble dite théorie des quatre humeurs, exposée nettement dans le traité De la nature de l'homme. Ce traité est attribué à Polybe de Cos, disciple et gendre d'Hippocrate. Cette théorie deviendra la grande théorie hippocratique par excellence, alors qu'il ne s'agit, au temps d'Hippocrate, que d'un point de vue minoritaire, toujours contesté par de nombreux auteurs plus tardifs<ref>Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Cette théorie des quatre humeurs avait l'avantage d'être « un système d'une parfaite clarté pour rendre compte d'un monde intérieur entièrement obscur »<ref name=":22" />. Elle relie les quatre humeurs aux quatre éléments, et aux quatre saisons, en établissant quatre tempéraments englobant le corps et l'âme ou esprit (soma et psyché). Cette dernière théorie, achevée et popularisée par Galien, est celle qui dominera la pensée médicale jusqu'à l'époque moderne<ref name=":23">Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

La ou les théorie(s) des humeurs rassemblent des données empiriques médicales, et des éléments philosophiques présocratiques. Les historiens divergent sur l'interdépendance médecine / philosophie (si l'une a préparé ou influencé l'autre, ou l'inverse), de même il existe un débat (en épistémologie de la médecine) sur les rapports observation / théorie (par exemple si une observation sans pré-supposé théorique est possible)<ref>Bernard Vitrac 1989, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Données empiriques

Divers fluides ou liquides s'écoulent du corps en état de santé ou de maladies et de blessures : urine, sperme, sang, selles, pus, crachats, écoulements du nez ou de l'oreille. Cette évacuation extérieure met sur la voie d'une représentation intérieure où les liquides coulent (rhein) dans le corps. Le corps est le siège d'une hydraulique et d'une hydrographie, avec sources, rivières et embouchure, du haut vers le bas, selon la voie du moindre obstacle. Cette conception survit dans le langage populaire « rhume de cerveau », c'est-à-dire flux (rheuma) par le nez, provenant d'une source située plus haut, le cerveau<ref name=":21" />.

Les textes hippocratiques n'accordent pas de nombre fixe aux principales humeurs qui sont deux, trois ou quatre. La plupart accordent une importance pathologique à deux fluides, le phlegme et la bile. Des textes postérieurs distinguent bile jaune et bile noire, les derniers établissent quatre humeurs (sang, phlegme, bile jaune et bile noire).

Le phlegme est un terme grec désignant à l'origine une substance associée à la combustion ou à l'inflammation (on le retrouve dans des vieux termes médicaux comme phlegmasie - inflammation - ou anti-phlogistique - anti-inflammatoire -, ou toujours actuel comme phlegmon). Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant J.-C., il change de sens pour désigner une substance froide, blanche et collante, comme celle du mucus du nez, des crachats, de certains dépôts dans les urines… ou présente dans des fluides corporels (aujourd'hui lymphe, liquide cérébrospinal, liquide synovial…)<ref name=":21" />,<ref>Bernard Vitrac 1989, op. cit., Modèle:P..</ref>. Dans ce dernier sens, le phlegme sera appelé pituite à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

La bile (qui sera précisée bile jaune) est présente dans les vomissements et la diarrhée, c'est un irritant qui interfère avec la bonne digestion. De nombreux textes placent les maladies entre deux pôles : le phlegme et la bile avec leurs occurrences saisonnières opposées (rhume hivernal et dysenterie estivale)<ref name=":21" />.

La bile noire ou atrabile apparait plus tardivement, elle est d'abord présente dans les textes, non comme une substance, mais comme une maladie « la mélancolie », considérée comme un état physique de transformation de sang ou de phlegme. La plupart des chercheurs estiment que « la bile noire n'a vu le jour que pour expliquer les maladies de la bile noire » avant de devenir une humeur distincte corroborée par la couleur des verrues, des nævus, de plaies et cicatrices, et d'hémorragies de sang noir veineux<ref name=":23" />.

Enfin, cette bile noire peut s'opposer au sang rouge qui entretient et donne la vie<ref name=":23" />.

Rapports philosophiques

Si la médecine hippocratique est influencée par les philosophes présocratiques, elle cherche aussi en tant que médecine à affirmer son autonomie. C'est ici que les textes hippocratiques divergent, paraissant même polémiquer entre eux.

Des textes, dits de médecine philosophique, s'appuient sur la primauté de la philosophie naturelle pour établir la nature de l'homme afin de pratiquer la médecine<ref name=":34" />. On y retrouverait les influences diverses d'Anaxagore, d'Héraclite, d'Empédocle, de Démocrite… Ainsi le traité Des vents fait de l'air l'élément constituant essentiel, ce qui est proche d'Anaximène de Milet. D'autres traités se basent sur deux éléments (feu et eau, Du Régime)<ref name=":34" /> ou sur trois (feu, terre et air, Chairs)<ref name=":24">Jacques Jouanna 1995, op. cit. Modèle:P..</ref>Modèle:Etc.

Au moins deux grands textes présentent un point de vue inverse. Selon De l'ancienne médecine : c'est la connaissance et la pratique médicale qui permet, à partir de chaque homme réel, de connaitre la vraie nature de l'homme dans ses différentes catégories. « La médecine n'est plus à la remorque d'une anthropologie philosophique, elle devient elle-même science de l'homme »<ref name=":24" />.

De la nature de l'homme récuse aussi la médecine philosophique fondée sur un seul, deux ou trois éléments constitutifs de l'univers, systèmes insuffisants pour rendre compte de la totalité des phénomènes médicaux. La « vraie médecine » doit se baser sur les humeurs corporelles telles qu'on peut les observer selon la constitution individuelle idiosyncrasie, le régime, les lieux, le climat, les saisons<ref name=":24" />… L'auteur présente alors son propre modèle, reprenant celui d'Empédocle (4 éléments cosmiques liés à 4 qualités fondamentales) pour son potentiel explicatif<ref>Vivan Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Quelques concepts

Selon ce modèle, « le corps humain est composé de quatre humeurs dont le juste tempérament est la condition de la santé ». La maladie est considérée comme évoluant en trois phases :

  1. changement des humeurs, en qualité ou en quantité (transformation ou déséquilibre).
  2. la coction : réactions de « cuisson », par exemple la fièvre.
  3. la crise : évacuation réussie ou pas de l'humeur mauvaise ou en excès.

La « crise » est le moment précis et décisif où tout peut basculer : soit la maladie commence à triompher, et le patient peut succomber, soit à l'inverse la guérison débute, et le malade peut se rétablir. Ces crises sont censées revenir à date régulière selon des « jours critiques ». Si une crise survient au cours d'une journée éloignée d'un « jour critique », cette crise est décisive de façon définitive (Des épidémies I, 3).

Sont ainsi distinguées des affections des jours pairs et des jours impairs, de différentes périodes, ainsi que les fièvres quartes, quintanes, septanes, nonantes... Il s'agit d'une sorte de numérologie, où le nombre joue un rôle de principe organisateur, analogue à celui d'Hésiode (jours fastes et néfastes) ou de Pythagore (proportions et harmonie)<ref>Bernard Vitrac 1989, op. cit., Modèle:P..</ref>. C'est une mystique des nombres qui, à partir de la réalité clinique des fièvres intermittentes, cherche à appréhender le déroulement de toutes les maladies<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Thérapeutique

Fichier:HippocraticBench.png
Dessin d'un banc d'Hippocrate d’une édition byzantine d’un ouvrage de Galien au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

S'il existe bien une rupture avec les moyens magiques et incantatoires, il y a aussi une continuité avec les autres moyens déjà connus, au nombre de trois : les remèdes, les incisions (« le fer »), les cautérisations (« le feu »).

Remèdes

Plus de 380 noms de plantes (en très grande majorité), de substances animales et minérales se retrouvent dans le Corpus. La plupart d'entre eux ont été identifiés, au moins de façon générique. La posologie est approximative, et les prescriptions ne correspondent pas toujours à des données modernes, par exemple l'huile de lin n'est pas utilisée comme laxatif courant, mais pour traiter les maladies de l'utérus<ref name=":25">Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Si la valeur de nombreux remèdes peut être confirmée du point de vue moderne, on trouve aussi des utilisations de type magique ou symbolique, notamment dans le domaine gynécologique<ref name=":25" />.

Ces remèdes visent essentiellement à évacuer les humeurs mauvaises par le haut (vomitifs, expectorants…), ou par le bas (purgatifs, diurétiques…). À cela peuvent s'ajouter fumigation, bains de vapeurs… L'un des remèdes les plus puissants, alors discuté, était l'hellébore. Plusieurs textes hippocratiques mettent en garde contre les effets néfastes d'une « superpurgation », ce sont les premiers textes à exposer des excès, accidents et erreurs thérapeutiques<ref>Modèle:Harvsp</ref>, ou iatrogénèse.

En règle générale, la médecine hippocratique est très respectueuse du patient, le traitement est doux, tout en cherchant à garder le patient propre et à prévenir toute aggravation. Par exemple, l'eau propre ou le vin étaient utilisés pour préparer les lieux d'incisions. Des baumes apaisants (émollients) étaient parfois utilisés<ref name="garrison98">Modèle:Harvsp</ref>.

Incisions

Elles ont pour but d'évacuer les liquides impurs, lorsque les remèdes n'ont pas été suffisants. La saignée est le moyen le plus souvent utilisé. Les textes donnent la liste des nombreux points où l'on pouvait saigner, en se basant sur l'état de la maladie et sur la force du malade<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Une méthode souvent employée était celle des ventouses scarifiées, consistant à pratiquer une petite incision suivie de l'apposition d'une ventouse<ref>Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

L'incision permet aussi d'évacuer le pus d'un abcès, les liquides d'épanchements ou autres collections suppurées.

Cautérisations

Elles apparaissent comme les moyens ultimes. L'emploi des cautères consiste à provoquer des brûlures cutanées en des endroits précis afin de barrer la route au cheminement du mal. Le patient cautérisé, couverts de cicatrices, est une figure de la comédie antique<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Par ailleurs, les hémorroïdes, qu’on croyait causées par un excès de bile et de phlegme, étaient traitées par excision et cautérisation. D'autres traitements tels que l'application de différents baumes sont également proposés<ref name="johann12">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="book">Modèle:Harvsp</ref>. Les utilisations du spéculum rectal, un dispositif médical courant, sont exposés dans le Corpus hippocratique<ref name="jani">Modèle:Harvsp</ref>. Ce qui constitue la première référence connue à l’endoscopie<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Chirurgie orthopédique

Les traités chirurgicaux sont principalement Des articulations, Des fractures, Plaies de tête… On y trouve des conseils sur la réduction des luxations et des fractures simples. L'auteur montre une bonne connaissance des blessures typiques et de toutes sortes de fractures. Sa maîtrise technique lui permet de pratiquer jusqu'à la trépanation (enlever un morceau d'os crânien). Il distingue la simple fêlure de l'apophyse d'une vertèbre (douloureuse mais peu grave) d'une fracture-luxation du corps vertébral, beaucoup plus dangereuse<ref>Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Ces textes impliquent un savoir anatomique (osseux) et un savoir-faire technique (palpation, manipulation). L'auteur se veut simple et prudent, refusant l'utilisation d'appareils compliqués (servant à la réduction des fractures par extension-traction), et les manœuvres téméraires hasardeuses. Il refuse de faire de l'art médical un spectacle, préférant l'intérêt de son patient aux applaudissements de la foule<ref>Hippocrate 1986, op. cit, Modèle:P., présentation par A. Debru.</ref>.

Diététique et régimes de vie

La diététique tient une place centrale dans la thérapeutique hippocratique. Selon des textes comme Du Régime (vers 400 av. J.-C.), Des aliments, Du régime dans les maladies aiguës, c'est le moyen le plus sûr de traiter la maladie et ce, dès le début.

Schéma représentant les qualités élémentaires que forme la combinaisons des quatre éléments.
Schéma représentant les qualités élémentaires que forme la combinaisons des quatre éléments.

De l'ancienne médecine fait de l'invention de la cuisine le début de la médecine. En inventant la cuisine, les hommes passent du cru indigeste au cuit bénéfique. La cuisine fonde et entretient une nature humaine qui se distingue de celle des bêtes sauvages. En cela les savoirs et techniques culinaires inspirent la préparation des remèdes, expliquant l'existence de la médecine<ref>Hippocrate 1986, op. cit., Modèle:P. (présentation par A. Debru).</ref>.

La diététique vise d'abord à rétablir l'équilibre naturel des quatre humeurs. Par exemple, dans certains cas, par l'utilisation du citron pour son action sur le foie, dont on pensait qu’il était bénéfique lorsque le phlegme (la lymphe) était surabondant<ref name="boylan">Modèle:Harvsp</ref>. Ou encore, Hippocrate pensait tantôt le repos, tantôt l'exercice, d'une importance souvent capitale<ref name="margotta73" />.

Selon cette approche, la diététique repose sur quatre idées :

  • la digestion est une cuisson des aliments ;
  • il est préférable de manger certains aliments crus, ou d'autres légèrement ou longuement cuits, cela pour faciliter la digestion ;
  • le corps est composé d'éléments ou humeurs qui déterminent un tempérament général et individuel ;
  • il est recommandé de manger une nourriture équilibrée et proportionnée, c'est-à-dire des aliments sans abus correspondant à ses besoins du moment et à son tempérament individuel.

Aliments et boissons

Modèle:Article connexe

Dans la diététique hippocratique, on classe les aliments en fonction de leurs propriétés correspondant aux quatre humeurs. Ils peuvent échauffer ou refroidir, humidifier ou assécher. D'autres relâchent le ventre ou le resserrent, sont nourrissants ou amaigrissants, provoquent des renvois ou des vents<ref name=":26">Modèle:Harvsp</ref>. Comme pour la médecine traditionnelle chinoise, pour rester en bonne santé au fil des saisons, il faut avoir une nourriture équilibrée et appropriée aux besoins du moment. L’alimentation varie ainsi selon le lieu, le climat et les saisons qui influent sur les humeurs.

Le régime des malades les plus faibles se limitait aux boissons. L'eau est considérée froide et humide et s'oppose au vin sec et chaud. Par analogie de couleurs, le vin rouge est jugé fortifiant pour le sang et le vin blanc diurétique. Les breuvages à base de miel sont fréquemment utilisés comme le mélicrat (le terme hydromel est postérieur à Hippocrate). Le mélicrat est du miel mélangé à de l'eau ou du lait, bu cru ou bouilli. L'oxymel est du miel dans du vinaigre, à dosage variable selon les utilisations<ref name=":26" />.

Ces conceptions qui ont largement dominé la médecine en Occident pendant plus de mille ans ont laissé des traces importantes dans la culture populaire. Cette tradition survit également dans certaines pratiques culinaires (manger du melon avec du jambon cru, en début de repas, des poires au vin en dessert, boire un digestif en fin de repas) ou dans certains conseils diététiques de nos grands-mères (comme ne pas boire en milieu du repas).

Règles de vie

Cette diététique s'inscrit dans un mode de vie<ref name=":34">Modèle:Article</ref>. Hippocrate pensait tantôt le repos, tantôt l'exercice, d'une importance souvent capitale. Les exercices concernent les personnes en bonne santé comme les malades. L'idéal est de trouver pour chacun l'équilibre convenable entre alimentation et exercices. Du régime distingue les exercices naturels comme la promenade, la lecture, le discours, le chant, la musique (écouter de la musique est un exercice de l'âme)… et les exercices intenses qui relèvent de la gymnastique (mouvements des bras, exercices de balançoire, course, lutte…)<ref name=":27">Modèle:Harvsp</ref>.

Plusieurs genres de bains sont prescrits, chacun ayant leurs propriétés. Sont ainsi distingués le bain par immersion ou par aspersion ; chaud, tiède ou froid ; à jeun ou après le repas ; eau douce ou eau de mer. Les règles d'applications sont très précises, de l'ordre du rituel.

L'alternance veille-sommeil se règle aussi selon les repas et les exercices. L'activité des rêves est prise en compte dans l'évaluation clinique.

Les relations sexuelles peuvent être conseillées ou interdites selon les cas. Le coït est considéré comme échauffant, humidifiant et amaigrissant. Il est déconseillé pour les contusionnés de la poitrine et les femmes enceintes. Il est conseillé pour les jeunes filles atteintes de délire lors de leurs premières règles, se marier au plus vite est alors un gage de guérison<ref name=":27" />.

Postérité

Antiquité jusqu'à Galien

Dès l'époque hellénistique (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant J.-C.), Hippocrate devient un classique. Les commentaires de traités et les glossaires expliquant les mots difficiles se succèdent. Les œuvres d'Hippocrate sont rassemblées à la bibliothèque d'Alexandrie, et chez sa rivale, la bibliothèque de Pergame<ref name=":29" />.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle après J.-C., les premiers essais d'Histoire de la médecine apparaissent. Ils sont rédigés en latin. Dans sa préface au De medicina, Celse désigne Hippocrate comme le fondateur de la médecine et la plus ancienne autorité, jugement partagé par Scribonius Largus ou Pline l'Ancien. Dès lors les textes hippocratiques font partie du patrimoine culturel : de grands auteurs, de Plutarque à Montaigne, citent Hippocrate dans leurs remarques ou réflexions<ref name=":29">Modèle:Harvsp</ref>.

Différentes écoles et courants médicaux se développent, quoique opposés ces courants revendiquent presque tous l'héritage hippocratique, au moins à partir de tel ou tel aspect de son œuvre. D'autres sont plus critiques, comme Asclépiade de Bithynie qui rejette la théorie des humeurs, ou Soranos d'Éphèse qui rectifie les erreurs d'Hippocrate en gynécologie<ref name=":29" />.

Deux médecins au moins poursuivent la tradition hippocratique d'observations de malades (hippocratisme clinique) : Arétée de Cappadoce et Rufus d'Éphèse.

Après Hippocrate, le médecin le plus remarquable de l'antiquité a été Galien. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle après J.-C., il rédige en grec plus de 25 ouvrages de commentaires sur Hippocrate. Galien présente Hippocrate comme un modèle pour ses contemporains, leur reprochant de le louer en parole, sans l'imiter dans les faits. La majeure partie de ces commentaires a été conservée en grec ou en arabe<ref name=":30">Modèle:Harvsp</ref>.

De la sorte, Galien est le principal diffuseur de l'hippocratisme en Occident et en Orient, mais il s'agit d'un Hippocrate adapté aux vues de Galien<ref name=":30" />, intégré dans un galénisme. Il faudra attendre la Renaissance pour voir renaître un hippocratisme basé sur le texte grec d'Hippocrate lui-même.

Antiquité tardive jusqu'au Moyen Âge

Modèle:Article détaillé

Après la chute de l'Empire romain, les textes d'Hippocrate et Galien persistent à travers de grandes encyclopédies comme celles d'Oribase (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), d'Aétius d'Amida (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), et enfin les livres de Paul d'Egine (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle). De plus, des traductions latines de quelques traités hippocratiques sont entreprises en Italie, particulièrement dans les régions sous influence byzantine<ref name=":31">Modèle:Harvsp</ref>.

En Orient, les textes grecs d'Hippocrate sont traduits en syriaque et après la conquête musulmane, en arabe, notamment par Hunayn ibn Ishaq. C'est le début d'un hippocratisme arabe représenté par Rhazès, dont les observations cliniques sont très proches d'un esprit hippocratique, détaché des spéculations théoriques. Ce qui n'est pas toujours le cas de la tradition arabe qui fait d'Hippocrate un patron prestigieux, mais relativement annexe, du galénisme<ref>Modèle:OuvrageModèle:Commentaire biblio</ref>. Modèle:Article détaillé

En Italie du sud, à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des traductions de l'arabe en latin sont faites par Constantin l'Africain. Après le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des traductions latines sont faites à partir du grec, mais elles restent rares. De fait les premières universités européennes de Médecine (Bologne, Montpellier, Paris) ne connaissent Hippocrate qu'à travers l'hippocratisme galéno-arabe, c'est-à-dire les textes commentés par Galien (en grec), dont ils ont la version latine à partir de la version arabe<ref name=":31" />.

Dans les facultés de médecine, les Aphorismes sont le texte hippocratique le plus étudié dans les Facultés jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=":31" />.

Hippocratismes modernes

La Renaissance s'accompagne d'un renouveau hippocratique. La collection Hippocratique est publiée dans toute son ampleur en livres imprimés, en traduction latine d'après le texte grec (Rome, 1525), la première édition du texte grec étant celle de Venise (1526). C'est un retour à la source grecque, à la « pureté d'origine » débarrassée des commentaires et ajouts de Galien et des auteurs arabes<ref name=":32">Modèle:Harvsp</ref>.

Les méthodes d'observations cliniques de malades, à la façon d'Hippocrate, sont reprises pour la première fois en Occident par Guillaume de Baillou. De nouveaux courants médicaux, divergents entre eux, mais opposés au galénisme, cherchent tous à se référer à Hippocrate. Par exemple, les partisans de Harvey et de la circulation sanguine, qui réfutent Galien, font d'Hippocrate un précurseur de la circulation sanguine<ref>Dans un traité hippocratique, l'auteur affirme que le mouvement des humeurs corporelles, n'ayant ni début, ni fin, est à l'image d'un cercle.</ref>.

La clinique hippocratique est un modèle pour des médecins comme Sydenham (« Hippocrate anglais »), Baglivi, Boerhaave (qui initie l'enseignement « au lit du malade »). En France le « néo-hippocratisme » devient une tradition de l'école de Montpellier, opposé au galénisme de la Faculté de Paris.

L'influence d'Hippocrate déborde le cadre médical. Son traité Des Airs, eaux et lieux aurait inspiré De l'esprit des lois de Montesquieu<ref name=":32" />.

Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'empirisme hippocratique est représenté par Laennec, qui voit en Hippocrate son précurseur dans le domaine de l'auscultation et des maladies de poitrine. Les querelles d'écoles de l'époque se projettent sur l'œuvre d'Hippocrate, ce dernier étant tour à tour loué ou fustigé. Par exemple, un médecin français, MS Houdart, qualifiait la méthode thérapeutique d'Hippocrate, qu'il jugeait trop attentiste, de Modèle:Citation<ref name=jones1213>Modèle:Harvsp</ref>.

Vers 1860, pour la médecine scientifique, la figure d'Hippocrate reste celle du fin observateur et de l'auteur du Serment, mais sa valeur pratique n'a plus qu'un intérêt historique.

Des thèmes hippocratiques sont repris par des courants de médecine naturelle, comme celui, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, du médecin français Paul Carton (1875-1947). La naturopathie se réfère aussi à une philosophie hippocratique, tenant compte des 4 éléments, des tempéraments, du milieu humoral et de la force vitale. Ce néo-hippocratisme est un compromis entre le vitalisme et le galénisme<ref name=":33">Vivian Nutton 2016, op. cit., Modèle:P..</ref>.

Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les concepts de la médecine hippocratique sont encore mis en pratique, par exemple en Inde musulmane en tant que médecine traditionnelle sous le nom de médecine Yunâni (le terme vient du grec Ionia, qui désigne la côte d'Asie Mineure). Cette médecine traditionnelle, là aussi, est plus un galénisme qu'un hippocratisme<ref name=":33" />.

Hommages

Bibliographie

Corpus hippocratique

Fichier:Hippokratous panton ton iatron.tif
Modèle:Langue, 1657.

Le « Corpus hippocratique » comprend entre soixante et soixante-douze traités médicaux, écrits en langue ionienne entre la fin du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle et la fin du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, réunis vers le Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle à Alexandrie. À l'exception de La Nature de l'homme (probablement écrite par Polybe, le gendre d'Hippocrate, vers 410 av. J.-C.), aucun de ces traités ne peut être clairement et définitivement attribué à Hippocrate ou à un quelconque auteur. Toutefois, on regroupe sous l'école de Cos : La Nature de l'homme, Airs, eaux, lieux, Prénotions coaques, Pronostics, La Maladie sacrée ; sous le nom d'école de Cnide : Sentences cnidiennes, Affections internes<ref>Laffont-Bompiani édi., Le nouveau dictionnaire des œuvres, t. Modèle:II, Modèle:P..</ref>.

Études sur Hippocrate

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Une gravure sur bois représentant la réduction d’une épaule luxée avec un dispositif hippocratique.

Autres lectures

Notes et références

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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

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