Iatrogénèse

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La iatrogénèse ou iatrogénie est l'ensemble des conséquences néfastes sur l'état de santé individuel ou collectif de tout acte ou mesure pratiqué ou prescrit par un professionnel de santé habilité et qui vise à préserver, améliorer ou rétablir la santé.

Fichier:Iatros.jpg
Un médecin (iatros) grec (plus de 400 ans Modèle:Av JC) effectue une saignée sur un patient (vers 480-470 Modèle:Av JC, Louvre, Dpt. des Antiquités Grecques/Romaines, Paris).

En France, le Haut comité de la santé publique<ref>Modèle:Lien web.</ref> considère comme iatrogènes Modèle:Cita<ref>Bertrand Garros, ancien membre du Haut Comité de la santé publique : Conférence nationale de santé 1998, rapport du HCSP : Modèle:Lien web.</ref>. La notion est donc très générale, qualifiant un trouble ou un effet non souhaitable consécutif :

  • à l'intervention d'un médecin ou autre professionnel de la santé, qu'il y ait ou non erreur de traitement ;
  • ou à l'utilisation d'un médicament, qu'elle corresponde ou non à son indication habituelle.

Terminologie

Les termes de iatrogénèse et de iatrogénie désignent la même réalité, le second étant l'ancien terme préconisé, mais qui reste encore davantage utilisé aujourd'hui. De même, les adjectifs qui s'y rapportent, iatrogène et iatrogénique sont synonymes<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Une maladie, un état, un effet secondaireModèle:Etc., sont dits iatrogènes lorsqu'ils sont occasionnés par un traitement médical. En grec, le mot signifie littéralement « provoqué par le médecin » (du grec ancien Modèle:Grec ancien, « médecin », et Modèle:Grec ancien, « origine ») , ou par d'autres professionnels de la santé, par exemple par un pharmacien.

La iatrogénèse (en particulier médicamenteuse) en questions

Qu'est-ce que la iatrogénèse médicamenteuse ?

Tout médicament a des effets bénéfiques, mais aussi des effets indésirables. Ils peuvent provenir :

  • du médicament lui-même,
  • de son association avec un autre médicament,
  • de son incompatibilité avec le malade,
  • d'une erreur de prise.

C'est ce qu'on appelle la iatrogénèse médicamenteuse.

Importance du risque

En France

La réduction du risque iatrogène a été définie comme une priorité par la Conférence nationale de santé de 1996.

Modèle:Citation

Ces effets indésirables sont la cause de 128 000 hospitalisations chaque année en France<ref>La iatrogénie (iatrogénèse) médicamenteuse en France</ref>,<ref>Quelques chiffres tirés de "l'estimation du risque iatrogène grave dans les établissements de santé en France", Drees, Études et Résultats, Modèle:N°, février 2003</ref>.

Il y aurait, selon Philippe Douste Blazy, 8 000 décès annuels du fait des interactions médicamenteuses qui ne représentent qu'une partie de la iatrogénèse médicamenteuse<ref>8000 décès annuels du fait des interactions médicamenteuses</ref>.

Selon Anne-Marie Payet, Modèle:Citation

Dans les autres pays

Aux États-Unis, l'iatrogénie médicamenteuse constitue la Modèle:5e de mortalité<ref name=":0">Modèle:Lien web.</ref>.

Iatrogénèse totale, risques, risques évitables et mortalité

En France

La iatrogénèse totale est plus générale que la iatrogénèse médicamenteuse.

Le Comité de coordination de l'évaluation clinique et de la qualité en Nouvelle-Aquitaine (CCECQA), à Bordeaux, a étudié la iatrogénèse en milieu hospitalier en France. Cette évaluation du risque iatrogénique grave dans les établissements de santé fait apparaître un risque de 15 %, dont 6,2 % seraient évitables<ref name="Ecoetsante2010">Nosocomial ? iatrogène ? Définitions et différences. Notion d'iatrogénèse systémique</ref>.

La iatrogénèse totale (en ajoutant causes immédiates et associées) a été estimée par l'INSERM (1997) à 10 000 décès/an, hors infections nosocomiales (qui elles sont estimées causer 4 200 décès par an en France). Mais Modèle:Citation selon le document DGS/GTNDO. La seule Modèle:Citation Et les 13 000 décès avérés (et peut-être jusqu'à 32 000<ref>Mortalité, mortalité prématurée, mortalité évitable. Quelques chiffres et ordres de grandeur</ref>) à la suite d'un accident médicamenteux ne sont qu'une (autre) partie des décès hors infections nosocomiales.

Au total, évènements iatrogènes et infections nosocomiales représenteraient plus de 20 000 décès/an. Des estimations complémentaires font apparaître des chiffres beaucoup plus élevés : 34 200 décès annuels, voire plus<ref name="Ecoetsante2010"/>.

La (seule) iatrogénèse médicamenteuse a été étudiée en milieu hospitalier, par exemple au Modèle:2e Forum AAQTE, 1998 : Lutter contre l'erreur médicamenteuse<ref>Modèle:2e Forum AAQTE, 1998 : "Lutter contre l'erreur médicamenteuse"</ref> et à la Modèle:4e de l'AAQTE, 2002<ref>4èmes journées de l'AAQTE, 2002</ref>.

Dans les autres pays

Une étude menée en 1999 dans les pays francophones d'Europe a montré une augmentation du risque iatrogène en réanimation<ref name=":1" />.

Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus touchées par la iatrogénèse médicamenteuse ?

Les personnes de plus de Modèle:Nobr sont Modèle:Nobr plus souvent touchées :

  • avec l'âge, le nombre de maladies augmente, et la consommation de médicaments aussi ;
  • l'organisme élimine moins bien les médicaments<ref name=":0" /> ;
  • le risque de se tromper dans les différentes prises est accru ;
  • ainsi que le risque d'interactions médicamenteuses.

Extrait d'une lettre du Directeur de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSaPS) aux professionnels de santé, Modèle:Date-<ref>Prévention de la iatrogénie médicamenteuse chez le sujet âgé</ref> :

Modèle:Début citationLes personnes âgées sont particulièrement exposées au risque d’effets indésirables liés à la prise de médicaments : les événements indésirables médicamenteux sont Modèle:Nobr plus fréquents en moyenne après Modèle:Nobr et 10 à 20 % d’entre eux conduisent à une hospitalisation. Pourtant près Modèle:Nobr pourraient être évités.

Les effets indésirables qui pourraient être évités sont le plus souvent la conséquence :

  • d’une erreur thérapeutique (mauvaise indication, non-respect des contre-indications, posologie excessive ou traitement trop prolongé)
  • d’une mauvaise observance du traitement
  • ou d’une automédication inappropriée chez ces patients âgés et fragiles, traités pour plusieurs pathologies.Modèle:Fin citation

Quels sont les risques (symptômes) ?

Les risques diffèrent selon les médicaments en cause. Il peut s'agir d'hémorragie (prise d'un anticoagulant), de vomissements, de réactions dermatologiques, de malaise ou chute (antihypertenseurs, somnifèresModèle:Etc.), d'insuffisance rénale, ou de maladies complexes (myofasciite à macrophages par exemple), de syndrome métabolique (prise de plusieurs neuroleptiques associés ou non avec des antiépileptiques, des benzodiazépines)Modèle:Etc.

Comment l'éviter ?

Au niveau du particulier, il faut respecter l'ordonnance à la lettre (horaires de prise, dosage, durée du traitement) et informer tous les médecins consultés des médicaments que l'on prend.

Mais cette approche est souvent insuffisante, car par exemple le médecin à l'origine de la prescription n'est pas toujours informé des autres médicaments pris par le patient, ni des nombreuses interactions entre les médicaments.

Le pharmacien qui connaît son patient et ses habitudes en matière de médicaments, ou qui constate que des médicaments sur une ou plusieurs ordonnances sont incompatibles entre eux, peut jouer un rôle considérable pour éviter de telles interactions néfastes entre médicaments. Pour lutter contre la iatrogénèse, le Dossier Pharmaceutique du patient est consultable dans toutes les officines françaises. Il permet la visualisation par le pharmacien de l'ensemble des délivrances de médicaments dits « classiques » (par opposition aux médicaments biologiques), d'un patient sur les Modèle:Nobr mois, qu'elles aient été délivrées par lui ou par d'autres officines<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Une nécessaire approche systémique

D'une manière plus générale, il est nécessaire d'appréhender la question sous l'angle systémique, car on impute, à l'hôpital, plus de 80 % des causes profondes des événements indésirables à l'organisation (de l'hôpital, des soins)<ref>Rapport "To Err is Human : Building a Safer Health System", Institute of Medicine 1999 Nosocomial ? iatrogène ? Définitions et différences. Notion de iatrogénèse systémique</ref>.

En ce qui concerne la France, Modèle:Citation Modèle:Citation

Les objectifs du Ministère de la Santé français

Modèle:Section à actualiser Le Ministère de la Santé français s'est donné, pour 2008, des objectifs<ref>Document "Iatrogénie"</ref> :

  • réduire d'1/3 la fréquence des événements iatrogènes graves (EIG) évitables lors des séjours hospitaliers ;
  • réduire de 20 % l'incidence des infections nosocomiales secondaires à des actes invasifs ;
  • réduire d'1/3 la prévalence de la iatrogénèse médicamenteuse hospitalière grave et évitable ;
  • réduire d'1/3 le nombre annuel d'hospitalisations dues à un effet médicamenteux indésirable évitable ;
  • réduire de 30 % les doses annuelles par habitant secondaires à une irradiation médicale à visée diagnostique ;
  • réduire de 20 % le nombre de décès ayant la iatrogénèse comme cause principale.

Voir aussi

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Quelques chiffres au Canada, même si « 95 % des événements indésirables des médicaments ne sont pas déclarés » :

Associations

Modèle:Portail