Manuscrit
Un manuscrit (du latin manu scriptus<ref>Le Petit Larousse illustré 2008, Modèle:P..</ref>) est, littéralement, un texte « écrit à la main », sur un support souple, que ce soit par son auteur (« manuscrit autographe ») ou par un copiste, avant l'invention de l'imprimerie. Le terme s'applique à différents supports (papyrus, parchemin ou papier) mais ne s'emploie pas pour des supports rigides, comme les tablettes de cire ou les inscriptions épigraphiques ou rupestres. Avant la mise au point et la diffusion de l'imprimerie, à partir du milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, tous les livres (en occident) étaient des manuscrits. Au-delà de cette période, le manuscrit peut être utilisé pour des textes de diffusion restreinte ou pour des documents préparatoires (prise de notes, brouillon, etc.).
Par extension, le terme désigne aujourd'hui le brouillon d'un texte original soumis à un éditeur en vue de sa publication. On désigne parfois ces manuscrits comme des tapuscrits quand il s'agit de documents tapés à l'aide d'une machine à écrire ou d'un ordinateur avec un logiciel de traitement de texte.
Cote d'un manuscrit
Les manuscrits conservés en bibliothèque sont identifiés par une cote, généralement précédée de l'abréviation ms (singulier) ou mss (pluriel). La cote est composée du nom du lieu de conservation, suivi de celui de l'institution qui conserve le document, du fonds où il est conservé quand il y a lieu (fonds français, latin, etc.), et du numéro d'inventaire du manuscrit, qui peut être simple (100) ou complexe (fol-lat-32).
On repère la cote des manuscrits dans les catalogues de leur lieu de conservation (par exemple, dans le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France<ref>Modèle:Lien web</ref>).
La Bibliothèque nationale de France comporte un département des manuscrits, divisé en deux sections : manuscrits occidentaux et orientaux.
Histoire
Dans les sociétés anciennes, la rédaction d'un manuscrit était confiée à un scribe. Cette fonction était hautement considérée à l'époque de l'Égypte antique et les royaumes de Mésopotamie. Pour devenir scribe, une formation d'une douzaine d'années était nécessaire<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les scribes étaient donc très rares et recherchés. Ils formaient une classe sociale à part sous la protection du dieu Thot<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Plusieurs finissaient par occuper de hauts rangs en devenant juges, ambassadeurs ou officiers hauts gradés<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Dans les pays européens, la copie des manuscrits est restée une activité hautement spécialisée jusqu'à l'invention de l'imprimerie. Elle a longtemps été le domaine des monastères.
Après une forte baisse due à la chute de l'Empire romain et aux invasions barbares, la production de manuscrits a connu une forte croissance au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (estimée à Modèle:Nombre), puis au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (362 %), et après un fléchissement aux deux siècles suivants, une augmentation au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (263 %) et cette croissance continue aux siècles suivants (voir graphique ci-contre). La France, dont on connaît Modèle:Unité durant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en a laissé 74 190 du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Une augmentation est liée à la croissance économique<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et la création d'un véritable marché, avec des versions illustrées par de riches enluminures.
À partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il apparaît des manuscrits autographes. Ils étaient extrêmement rares auparavant, voire inexistants, à part dans le monde du théâtre, où les auteurs établissaient eux-mêmes des copies de leur travail pour la réalisation du spectacle<ref>Modèle:Article.</ref>.
Avec l'élaboration de la notion et du droit d'auteur, le manuscrit venant de la main de l'auteur lui-même apparaît comme une garantie attestant de sa qualité.
Dans le monde musulman, la tradition manuscrite s'est maintenue bien au-delà du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en raison de l'interdiction en 1485 de l'imprimerie par le sultan Bajazed II, interdiction qui restera en vigueur jusqu'au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Huff">Toby Huff, Modèle:Langue, Cambridge University Press, 2011, Modèle:P..</ref>.
Manuscrits médiévaux
Dans l'histoire du livre, le Moyen Âge est une période importante qui s'insère entre deux révolutions techniques, soit le codex au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et l'invention de l’imprimerie à caractères mobile par Gutenberg vers 1460<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le codex est formé par l'assemblage de feuilles pliées en deux, assemblées en cahiers reliés par une couture<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il a donné la forme parallélépipédique du livre que l'on connait aujourd'hui<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Si on le compare aux traditionnels rouleaux ou volumen, le format du codex est plus économique et compact. Il est possible d'y écrire des deux côtés d'une feuille<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la production de livres manuscrits était réalisée par des moines copistes<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Les ateliers de copies appelés scriptorium étaient presque exclusivement liés à un monastère ou à un ordre religieux<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. La règle de Saint-Benoît qui imposera aux moines la lecture des livres de la liturgie chrétienne augmenta l'importance du rôle du scriptorium dans la vie quotidienne et intellectuelle des moines<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>.
Chaque manuscrit représentait un travail long et fastidieux pouvant s'étaler sur plusieurs mois. La vitesse moyenne des copistes était environ quatre pages par jour<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Pour accélérer la production d’un manuscrit, une pratique courante était de diviser chaque manuscrit en cahiers entre plusieurs copistes<ref name=":2">Modèle:Article</ref>. Ensuite, le chef de l'atelier assemblait les cahiers en prenant soin de corriger les erreurs<ref name=":2" />.
Outre les copistes, la production de manuscrit exigeait la collaboration entre diverses personnes, dont un préparateur de copie qui traçait les lignes sur le parchemin, un rubricateur qui dessinait et peignait les titres des sections ou de chapitres en rouge (rubricator), un correcteur d'épreuve et un relieur<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Avant le papier, le parchemin fut le support privilégié par les copistes médiévaux, car la peau des animaux était plus résistante et avait une plus grande durabilité que le papyrus ou le papier. De plus, il était possible de gratter et nettoyer le parchemin pour effacer une erreur ou modifier des sections<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le prix élevé des parchemins fit en sorte qu'on chercha à les réutiliser et la technique du palimpseste fut progressivement mise au point. Un palimpseste pouvait être obtenu en laissant tremper un parchemin toute une nuit dans du lait puis brossé à la pierre ponce pour finalement être blanchi à la craie<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il pouvait ensuite être réutilisé.
Enluminures
Les manuscrits dotés d’enluminure ou de miniatures étaient plus rares. Étant plus coûteux à produire, ils furent par le fait même mieux conservés et devinrent rapidement des objets de collections<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Les principales fonctions des enluminures étaient d’embellir et de représenter le contenu du texte pour en éclairer le sens<ref name=":1" />,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Les illustrations servaient également à orienter le lecteur en représentant le contenu d'un chapitre ou d'une section à lire, similaire à un index imagé<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. L'étude des manuscrits inachevés a permis de constater que les espaces prévus pour les enluminures étaient déterminés avant le travail d'écriture du copiste<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Conservation et accessibilité des manuscrits
Les bibliothèques, qu’elles soient publiques, nationales ou spécialisées, ainsi que les musées et les centres de documentation ou d’archives sont des endroits où les manuscrits peuvent être conservés. La Bibliothèque de l’Arsenal, qui fait partie de la Bibliothèque nationale de France, a, par exemple, un fond de lettres et de manuscrits très riche<ref name="Villeneuve">Villeneuve Paquerette. En flânant au Musée des Lettres et des Manuscrits. In: Vie des arts. 2005, Modèle:Vol. Modèle:N°. Modèle:P..</ref>. Certains manuscrits étant considérés comme importants pour le patrimoine du pays en question peuvent être rassemblés dans les bibliothèques nationales ou patrimoniales et dans les centres de documentation patrimoniaux.
La conservation des manuscrits doit être prise en charge par des institutions qui connaissent les techniques se rapportant spécifiquement aux manuscrits qu’ils conservent. Le manuscrit pouvant se désagréger rapidement s’il n’est pas conservé correctement, le bibliothécaire ou le spécialiste chargé de sa conservation doit être encore plus vigilant contre l’humidité et la poussière, les deux ennemis principaux des manuscrits<ref name="Thompson">Thompson Edward Maunde. Sur l'arrangement et la conservation des manuscrits. In: Bibliothèque de l'école des chartes, 1887, tome 48, Modèle:P..</ref>.
Ce soin de préservation et de conservation des manuscrits entraîne parfois un accès limité, voire une inaccessibilité, au grand public pour la consultation. Certains endroits donnent accès librement aux manuscrits à toute la communauté qu’ils desservent, soit autant aux chercheurs, aux historiens, aux érudits, aux journalistes et aux étudiants qu’aux gens curieux voulant explorer le monde des manuscrits<ref>Legendre Françoise. Les bibliothèques vers un patrimoine partagé. In: Études normandes, Modèle:50e année, Modèle:N°, 2001, Patrimoine, Tourisme, Développement, Modèle:P..</ref>. D’autres font la même chose, mais avec des conditions strictes, par exemple, consultation dans un espace défini de la bibliothèque ou interdiction de manger et de boire. Le Musée britannique fait l’acquisition de manuscrits afin que le public y ait accès, seul endroit en Angleterre où l’accès aux manuscrits est permis pour le grand public<ref name="Thompson"/>. Par contre, d’autres bibliothèques, comme la Bibliothèque nationale de France, ne donnent accès à certains manuscrits qu’à des chercheurs<ref name="Villeneuve"/> dont, par exemple, les historiens ou ceux dont le sujet d’étude est le manuscrit en tant qu’objet, qui font donc de la génétique des textes.
Des chercheurs utilisant un « modèle d’espèce invisible » ont estimé que 90 % des manuscripts de la littérature médiévale ont disparu. À partir des Modèle:Unité et de Modèle:Nobr catalogués dans les bibliothèques, il devait y avoir approximativement Modèle:Unité de Modèle:Unité<ref>Modèle:Article.</ref>.
Manuscrits de Tombouctou
4 203 des manuscrits de Tombouctou ont été brûlés ou volés durant le conflit armé au Mali entre 2012 et 2013. 90 % de ces manuscrits ont été sauvés par la population s'étant organisée autour de l'ONG "Sauvegarde et valorisation des manuscrits pour la défense de la culture islamique" (SAVAMA-DCI)<ref name="Le sort des manuscrits anciens du Mali au centre d'une conférence internationale à Bamako | ONU Info">Modèle:Lien web</ref>. Environ 350 000 manuscrits ont été transportés à l'abri et 300 000 d'entre eux étaient toujours conservés à Bamako en 2022<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name="Mali : les précieux manuscrits de Tombouctou – Jeune Afrique">Modèle:Lien web</ref>. Une consultation internationale sur la sauvegarde, l’accessibilité et la promotion des manuscrits anciens au Sahel a eu lieu au bureau de l’UNESCO à Bamako en 2020<ref name="Le sort des manuscrits anciens du Mali au centre d'une conférence internationale à Bamako | ONU Info" />,<ref name="Mali : les précieux manuscrits de Tombouctou – Jeune Afrique" />.
Notes et références
Annexes
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage.
- Alain Boureau, Le Feu des manuscrits. Lecteurs et scribes des textes médiévaux, Les Belles Lettres, 2018, Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.
- Jacques Dalarun (dir.), Le Moyen Âge en lumière. Manuscrits enluminés des bibliothèques de France, Paris, Fayard, 2002, Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.
- Paul Géhin (dir.), Lire le manuscrit médiéval. Observer et décrire, Paris, Armand Colin, 2005, Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.
- Claude Mediavilla, Calligraphie. Du signe calligraphié à la peinture abstraite, Imprimerie nationale, coll. « Art du livre », 1993, Modèle:Nb p., Modèle:ISBN.
- Mary Lynn Ritzenthaler, Archives & manuscripts, conservation: a manual on physical care and management, États-Unis, Michigan, Society of American Archivists 1983, 2009, Modèle:Nb p., Modèle:ISBN.
Articles connexes
- Dans la littérature
- Manuscrit trouvé à Saragosse, de Jean Potocki
- Manuscrit de Viguier
- Manuscrits, collection de poésie d'avant-garde créée par Michel Cosem en 1968.
Liens externes
- Manuscrits - Bibliothèque européenne
- Département des manuscrits - Bibliothèque nationale de France (BnF)
- Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux (BVMM) - Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT)
- Medium - Base de gestion des reproductions de manuscrits archivées à l'IRHT
- Calames - Catalogue en ligne des archives et des manuscrits de l'enseignement supérieur
- Le Lexicon: Mise en page et mise en texte des manuscrits hébreux, grecs, latins, romans et arabes, par Philippe Bobichon
- Manuscrits médiévaux d'Aquitaine
- Biblissima (portail sur le patrimoine écrit du Moyen Âge et de la Renaissance en Occident, du {{#switch: au
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| Modèle:S mini-{{#ifeq: au|-| – | au }}Modèle:S mini- siècle
}})
- Le manuscrit médiéval (blog de Jean-Luc Deuffic)