Palimpseste
Un palimpseste (du grec ancien Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, « gratté de nouveau ») est un manuscrit constitué d’un parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau.
Histoire
Le palimpseste est un produit de recyclage du parchemin : les manuscrits désuets ou de peu de valeur étaient désencrés ou effacés grâce à de la ponce et fournissaient un nouveau support aux copistes. Le poète Catulle, au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, ironise sur un poète aussi riche que vaniteux qui, au lieu de diffuser ses œuvres sur le banal palimpseste, les fait copier sur du papyrus relié et broché<ref>René Ménard, La Vie privée des Anciens, Paris, Vve Ménard et Cie, p. 526-527 [1]</ref>. Le recours au palimpseste se généralise au Moyen Âge, surtout entre le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quand les monastères occidentaux, principaux producteurs et conservateurs de documents écrits, ne peuvent plus compter sur les importations de papyrus du fait de la domination musulmane en Égypte.
La plus ancienne Bible espagnole, conservée à la cathédrale de León, est ainsi un palimpseste qui a reçu au moins trois textes superposés : une copie de la Lex Romana Visigothorum, notée au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, puis quarante feuillets d'extraits bibliques en semi-onciale du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, puis une Bible plus récente du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle environ<ref>Samuel Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du Moyen Âge, Hachette, 1893, p. 8-9 [2]</ref>.
À cause de cette méthode, de nombreux écrits ont été momentanément ou irrémédiablement perdus : correspondances privées, textes juridiques tombés en désuétude, textes d'auteurs jugés païens ou hérétiques ou simplement dont la présentation ne correspondant plus au nouveau goût. Il est cependant parfois possible de reconstituer l'ancien texte de certains palimpsestes grâce aux techniques modernes de restauration de documents (chimie, imagerie aux rayons ultraviolets, rayonnement synchrotron).
Par extension, on parle parfois de « palimpseste » pour un objet qui se construit par destruction et reconstruction successive, tout en gardant l'historique des traces anciennes.
En urbanisme, André Corboz a proposé la métaphore du palimpseste dans son texte Le territoire comme palimpseste<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Le terme est également utilisé en architecture, ou encore dans l'analyse paysagère. Par exemple, Olivier Mongin parle de la « ville palimpseste »<ref>Olivier Mongin La condition urbaine, la ville à l'heure de la mondialisation, Le Seuil, 2005 ; rééd. Modèle:Coll. Points Seuil, 2007 ; Modèle:Nobr).</ref>.
En art, on parle aussi de « biopalimpseste » pour une œuvre d'art issue du bio-art qui met en jeu les questions relatives à la réécriture du vivant.
Palimpsestes renommés
- Le palimpseste d'Archimède<ref>Ce palimpseste fait l'objet d'un projet international visant à en extraire la totalité du texte : http://archimedespalimpsest.org/.</ref> : une copie de l'ouvrage d'Archimède La Méthode datant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (de la sphère et du cylindre ; de la mesure du cercle ; la quadrature de la parabole ; des corps flottants ; Modèle:Etc.), fut transformé en livre de prières au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, à Constantinople<ref>Selon William Noel et Reviel Netz, Le codex d'Archimède, Modèle:Éd. JC Lattès (2008), Modèle:P., le colophon du manuscrit date du 14 avril 1229.</ref>. Le palimpseste fut découvert en 1899 à Constantinople, puis attribué à Archimède en 1906 par Johan Heiberg qui en fit une copie, permettant à la communauté scientifique de découvrir un texte inédit de ce savant. Le palimpseste fut de nouveau perdu ou volé, puis retrouvé en 1996<ref>Voir à ce sujet l'article du Monde du 6 novembre 2014 :« Euréka », un palimpseste !.</ref>. Dans ce texte, Archimède donne une méthode mécanique par pesée, lui permettant de comparer les volumes de la sphère, du cône et du cylindre, ces trois volumes étant découpés en tranches extrêmement fines.
- Le Codex Ephraemi Rescriptus, contenant des parties de l'Ancien et du Nouveau Testaments en grec, datant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, est recouvert par les travaux d'Éphrem le Syrien, datant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Bibliothèque Nationale de Paris). Il a été déchiffré entre 1841 et 1842 par Constantin von Tischendorf.
- Le Codex Nitriensis, un volume contenant des travaux de Sévère d'Antioche, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, est écrit sur un palimpseste du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle qui contenait des manuscrits de l’Iliade, de l'Évangile selon Luc, et des Éléments d'Euclide (Modèle:Lang).
- Le Codex Climaci Rescriptus, contenant des fragments du catalogue des étoiles d'Hipparque (astronome). En 2022, ces fragments grecs ont été rendus lisibles sous l'écriture syriaque par analyse multispectrale, alors que le catalogue d'Hipparque était réputé définitivement perdu<ref>Modèle:Article{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}.</ref>.
- Un double palimpseste, dans lequel un texte du Modèle:S mini- ou Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de Saint Jean Chrysostome, en syriaque, couvre un traité de grammaire latine du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, qui à son tour recouvrait les annales latines de l'historien Granius Licinianus, du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Modèle:Lang).
- Un hyper-palimpseste, le Codex de Novgorod, dans lequel des centaines de textes ont laissé leurs traces sur le dos en bois d'une tablette de cire.
- Un texte de Cicéron, Modèle:Lang, du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, recouvert par des Psaumes de saint Augustin, du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Bibliothèque du Vatican). La découverte de ce texte de Cicéron a été faite par le cardinal Angelo Mai, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
- Les solives palimpsestes de Montaigne, du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle où dans sa librairie à Saint-Michel-de-Montaigne (Dordogne), il avait fait peindre en noir sur un badigeon blanc, des sentences grecques et latines d'Érasme, Socrate, Horace, Lucrèce, PlineModèle:Etc. ; soit Modèle:Nombre et Modèle:Nombre pour un total de Modèle:Nombre qui apparaissent aujourd'hui sur les strates à peine perceptibles des précédentes.
- Un manuel pratique d’astronomie inédit, traitant en grec ancien du météoroscope et attribué à Claude Ptolémée (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), copié au {{#switch: -
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: VII|-| – | VII }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècles
}}, était dissimulé dans Modèle:Citation. Le réemploi remonte aux environs du Modèle:Citation. Victor Gysembergh, coauteur de l'étude consacrée au nouveau manuscrit parue le 9 mars 2023 dans la revue scientifique Modèle:Lang, estime qu'il s'agit du Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
On peut signaler une utilisation courante en archéologie égyptienne en application directe de la définition du mot, qui est utilisé pour désigner les modifications apportées par un souverain dans le cartouche d'un pharaon précédent (exemple de Karnak, cartouches des salles nord et sud du palais de Maât)<ref>« Modèle:Lang, Recueil d’études dédiées à Jean-Claude Grenier » – Modèle:Nobr – cartouches de Modèle:Nobr et de Modèle:Nobr. Textes réunis et édités par Annie Gasse, Frédéric Servajean et Christophe Thiers, Montpellier, 2012 - Équipe « Égypte Nilotique et Méditerranéenne » de l’UMR 5140, « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (Cnrs – Université Paul Valéry – Modèle:NobrI).</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ángel Escobar, Modèle:LangModèle:Pdf, Zaragoza 2006.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Giovanni Pastore, The recovered Archimedes planetarium.
- Du palimpseste au palimptexte, une tentative de définition.
- Dans son adaptation au cinéma du roman d’Umberto Eco, Jean-Jacques Annaud souligne au générique d'ouverture : Modèle:Citation.
Articles connexes
- Palimpsestes, livre de Gérard Genette
- Parchemin
- Épigraphie