Haram
Modèle:Homon Modèle:Homophone Modèle:Confusion
Ḥarām (arabe : Modèle:Lang [ḥarām], illégal ; illicite ; interdit ; inviolable ; sacré ; saint<ref name=":1">Daniel Reig, Dictionnaire arabe-français, français-arabe, Paris, Larousse, 1998, entrée n° 1247.</ref>), venant de la racine arabe Ḥ-R-M, est un mot qui a deux sens en arabe et dans l'islam : « interdit » ou « sacré ». Cette racine produit aussi les termes haram (arabe : Modèle:Lang [al-ḥaram], enceinte, lieu sacré, sanctuaire, chose sacrée<ref name=":1" />) qui renvoie à un lieu dont l'accès est défendu à certains, ainsi que harîm (Modèle:Lang [ḥarīm]) qui a donné en français le harem.
Ainsi l'interdit se déploie-t-il sur deux niveaux : celui des actions illicites et donc interdites (par opposition aux actions licites, dites hlel), et celui d'espaces sacrés et donc fermés à certains. Toutefois, on a un chevauchement de sens dans la mesure où harâm (second « a » long) renvoie aussi à l'espace tout comme haram (second « a » court).
Ce sont ces différentes dimensions que présente l'article.
Généralités
Il y a donc lieu de distinguer entre d'une part des éléments interdits parce que illicites (harâm) et des zones dont l'accès est interdit parce qu'il s'agit de territoires sacrés ou de sanctuaires à l'accès défendu (haram)<ref name=":3">Dominique et Janine Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, Paris, PUF, 1996, 1010 p. Modèle:ISBN p. 336-337</ref>.
Le fait que les mots sacré et interdit aient la même racine peut être interprété comme une confusion de l'interdit et du sacré (comme sacer en latin, ou tabou dans les langues polynésiennes). Cependant cette interprétation n'est pas étayée par des preuves solides<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.
Harâm
On notera tout d'abord que le mot harâm (second « a » long) est employé comme un adjectif. Il signifie alors, d'une part « interdit » et d'autre part, « sacré »<ref name=":3" />. En arabe, au sens de « interdit, illicite », harām est le contraire de halâl (« autorisé, permis »). En tant que tel, le mot relève alors du droit musulman, le fiqh, et ce qui est harâm est en fait « interdit par la Loi religieuse »<ref name=":3" />.
Mais il peut donc aussi se traduire par « sacré » et qualifier un espace. Dans ce sens, dans le Coran, la mosquée de la Mecque est appelée (sourate 17 al-Isra, v. 1), « Mosquée Sacrée » (Modèle:Lang [al-masjid al-ḥarām]), tandis que la Kaaba (sourate al-Mâ'ida, v. 97) reçoit l'appellation de « Maison sacrée » (arabe : Modèle:Lang [al-bayt al-ḥarām]). En outre, le territoire autour des deux villes saintes de la Mecque et de Médine est dit harâm (arabe : Modèle:Lang [al-balad al-ḥarām]) expression qui véhicule la notion de territoire à la fois « sacré » et en même temps interdit aux non-musulmans. Relevons toutefois que dans le Coran (al-Tawba, v. 28), c'est l'accès à la Mosquée sacrée qui est explicitement interdit à celles et ceux que le Coran qualifie de « polythéistes » ou « associateurs » (al-mushrikûn)<ref>Modèle:Article</ref>.
Haram
Le deuxième mot, haram (second « a » bref), est lui un substantif qui vient aussi de la racine Ḥ-R-M qui véhicule l'idée d'interdire et d'être interdit<ref name=":3" />. Il se pourrait, selon Dominique et Janine Sourdel, que le mot ait été utilisé déjà à l'époque pré-islamique, puisque Mahomet aurait déclaré dans un hadith que « chaque prophète a son haram »<ref name=":3" />.
Ainsi, dans une mosquée, la salle de prière (le sanctuaire à proprement parler) est désignée par le substantif al-haram. En ce sens, le terme s'applique principalement à deux territoires sacrés: ceux de la Mecque et de Médine, auxquels viendra s'ajouter, à Jérusalem, celui connu aujourd'hui sous le nom d'Esplanade des mosquées, appelé en arabe al-Ḥaram ash-Sharîf, « le noble sanctuaire », et parfois aussi Hébron<ref name=":3" />. Les deux haram d'Arabie jouissent d'un statut privilégié et d'une prééminence sur tout autre sanctuaire, et ils ont reçu le nom de al-haramân, « les deux haram »<ref group="Note">Le suffixe -ân sert à noter un pluriel de deux choses. Cette terminaison se transforme en -ayn lorsque le mot est en état construit.</ref>, que l'on retrouve dans l'expression khâdim al-haramayn [ash-sharîfayn], « gardien ou serviteur des [deux] lieux saints », titre que porte aujourd'hui encore le roi d'Arabie saoudite<ref name=":3" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
On relèvera enfin que le mot harem (en arabe, Modèle:Lang [ḥarīm]<ref name=":1" />) vient de la même racine arabe Ḥ-R-M : le mot désigne le gynécée interdit aux hommes (mais cet espace peut porter d'autres noms, selon les régions non arabophones du monde musulman<ref name=":3" />.
Les interdits de type harâm
Interdits généraux
Le Coran énonce un certain nombre d'interdits dont les principaux sont regroupés dans ces deux versets : Modèle:Citation bloc
Le Coran rappelle que ʿĪsā avait levé des interdits alimentaires, mais l'islam va en conserver certains : Modèle:Citation bloc
L'interdit de l'alcool
Le mot alcool, (arabe : Modèle:Lang [koḥôl], alcool) provient d'une même racine (Modèle:Lang [kaḥala], avoir les yeux cernés, avoir mal dormi) que l'on retrouve dans le fard noir à paupières à base d'antimoine (Modèle:Lang [koḥol], khôl ; fard noir à paupières), parce que les deux donnent des yeux cernés, le regard fatiguéModèle:Référence nécessaire.
Comme le miel, le lait et l'huile, le vin est au croisement de deux types d'industries: une industrie naturelle, qui fait croître le raisin jusqu'à sa cueillette, et une industrie humaine, qui le transforme pour en faire cette boisson enivrante. Les fruits de la vigne et du palmier sont permis, mais le vin qu'on en tire est interdit : Modèle:Citation bloc
Au début de la prédication le Coran se limite à dire aux musulmans de ne pas arriver ivres à la prière. Mais le vin comporte même une certaine utilité. Modèle:Citation bloc
Un peu plus tard, la consommation de vin (et plus généralement de boisson fermentées) n'est interdite qu'à cause des conséquences de l'ivresse, les conséquences de l'ivresse disparaissent au paradis et la consommation du vin y est permise. Modèle:Citation bloc
Plus tard encore, ce verset est abrogé (La notion d'abrogation est contradictoire avec le verset 7 de la sourate 3, la notion de « soukara » ne veut pas dire ivre exemple « Sakrat al mout » on peut être dans cet état après une anesthésie par exemple) et l'interdiction se généralise et se durcit. Le verset suivant est un verset abrogeant le précédent ; il ne faut pas boire de boisson fermentée à cause des conséquences sur le comportement du buveur. Modèle:Citation bloc
Ces trois versets font partie de sourates dites médinoises que la tradition place respectivement Modèle:87e, Modèle:92e et Modèle:112e dans l'ordre de la révélation.
Si dans les œuvres du poète perse Khayyâm (1048 - 1123), le vin n'est vraisemblablement pas une allégorie, d'autres poètes comme Hafez (1320-1389), ou Rûmi (1207-1273) tiennent l'ivresse et le vin pour une allégorie du Divin.
Pour certains hétérodoxes, l'ivresse est un moyen de parvenir à l'extase, à la connaissance suprême, elle permet une élévation de l'âme à la connaissance spirituelle.
Ainsi, le vin est l'accompagnateur des cérémonies hétérodoxes qui trouvent en lui tous les artifices de départ, d'élévation et d'émotion, conditions requises pour l'émergence de l'extase. Les métaphores qui associent le vin à l'extase mystique, voire à l'amour de Dieu, sont nombreuses<ref>Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éditions Albin Michel.</ref>.
Nourriture interdite
Modèle:Article détailléCertaines viandes sont harâm, comme le porc<ref name=":0">Coran, V, v. 3 (« la table servie »).</ref>, Modèle:Référence nécessaire, ou encore celle d'animaux halâl mais non abattus selon le rituel<ref name=":0" />.
Les espaces sacrés (haram)
La spécification de la Mecque et de Taëf comme « enceintes sacrées » remonte à la période préislamique, à côté de celle d'autres cités sacralisées (liées à des divinités locales). Concrètement cela consistait en certains tabous comme l'interdiction de faire la guerre dans ces régions, d'y chasser et d'en arracher des plantes, autant d'usages qui étaient présents avant l'islam et du temps de Mahomet<ref name=":2">Mohammed Hocine Benkheira, « Enceinte sacrée » dans Mohammed Ali Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », 2007, 981 p.Modèle:ISBN p. 252-3</ref>.
Selon M. H. Benkheira, c'est quelques décennies après la mort de Mahomet que l'interdiction d'accès à Médine et à la Mecque aux non-musulmans a été promulguée ; l'histoire de cette interdiction, difficile à cerner avec certitude, remonte probablement à l'époque du calife omeyyade Umar ibn Abd al-Aziz (682-720), dont la politique est caractérisée par une hostilité marquée à l'encontre des juifs, des chrétiens et des non-musulmans en général. C'est a posteriori que les exégètes musulmans ont justifié cette pratique à partir du Coran (9, 28), déclarant les non-musulmans « impurs par nature », et qualifiant leur présence au sein du haram de « souillure ». Néanmoins, jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, voire au-delà, de nombreux témoignages attestent de la présence de non-musulmans à Médine et à la Mecque<ref name=":2" />.
Notes et références
Notes
<references group="Note" />
Références
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Abu Hamid Muhammad b. Muhammad al-Tusi al-Gazali, Kitab al-halal wal haram, traduit par Régis Morelon, éd. Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1991