Antimoine

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Autre4 Modèle:Infobox Élément/Antimoine L'antimoine est l'élément chimique de numéro atomique 51, de symbole Sb (Stibium). L'adjectif « antimonié » qualifie un corps ou une matière qui contient de l'antimoine.

L'antimoine est un membre du groupe des pnictogènes. De propriétés intermédiaires entre celles des métaux et des non-métaux, l'antimoine est, avec l'arsenic, un métalloïde du cinquième groupe principal du tableau périodique. Il s'agit d'un élément faiblement électropositif. L'électronégativité selon Pauling est de l'ordre de 1,9, alors que celle de l'arsenic avoisine 2.

Le corps simple antimoine est un métalloïde polymorphe, toxique et cancérigène, tout comme l'arsenic<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gabriela Ungureanu, Sílvia Santos, Rui Boaventura et Cidália Botelho, « Arsenic and antimony in water and wastewater: Overview of removal techniques with special reference to latest advances in adsorption », Journal of Environmental Management, Modèle:Vol., 15 mars 2015, Modèle:Pages</ref> (auquel il est souvent associé, par exemple dans les munitions à base de plomb). L'antimoine est aussi un polluant routier et urbain nanoparticulaire<ref>Modèle:Article.</ref> émergent, notamment comme contaminant de la fin de vie de produit en contenant<ref>Modèle:Article.</ref>, et parce qu'il il est utilisé dans le monde entier pour remplacer l'amiante dans les patins de freins)<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>M. Philippe, P. Le Pape, L. Bordier, G. Landrot, L. Delbes et S. Ayrault (2020) L'antimoine, un polluant émergent dans les sols et rivières urbaines : les bassins de rétention autoroutiers comme modèles de milieux récepteurs réactifs. (version PDF)</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

La littérature mentionne des formes (bio)méthylées (à faibles concentrations), qui pourraient être plus bioassimilables<ref name=IRSNfiche/>.

Sa cinétique environnementale est mal connue, mais il semble peu mobile dans les sols, et assez peu bioassimilable pour les plantes. Il ne semble pas être bioaccumulé ni faire l'objet de bioamplification dans les réseaux trophiques<ref name=IRSNfiche/>.

Dans les organismes, sa toxicité semble liée à son affinité pour les groupements thiols (liaison irréversible à des enzymes importants). Son éventuelle écotoxicité est mal connue. Selon l'IRSN, Modèle:Citation<ref name=IRSNfiche/>.

Histoire et étymologie

Le symbole Sb, choisi pour l'élément par Berzélius, fait référence au latin Modèle:Langue, issu du grec Modèle:Grec ancien, désignant les corps minéraux antimoniés en général, et la stibine en particulier. Le nom « antimoine » serait une altération de l'arabe الإثمد al-ʾiṯmid<ref>Dictionnaire étymologique des mots français venant de l'arabe, du turc et du persan, Georges A. Bertrand</ref>, un emprunt à l’ancien égyptien stim ou smdt par l'intermédiaire du copte ou du grec Modèle:Grec ancien<ref name=":1" />.

La stibine est un trisulfure d'antimoine dont la poudre noire intense était connue dans l'Antiquité pour souligner le contour des yeux ou comme fard à cils<ref>Jean-Pierre Tricot, CURRUS TRIOMPHAL!S ANTIMONII ou LE TRIOMPHE DE LA IATROGENESE.</ref>, ou encore comme médicament pour soigner/prévenir les infections oculaires, et le terme est resté pour cet usage, bien que la première description d'une préparation n'apparaisse que dans un manuscrit de 1604.

Le stibium qui peut déjà désigner le corps simple gris métallique et stable des chimistes, ou l'antimoine natif des minéralogistes, est sûrement connu depuis le Modèle:Lien millénaire av JC, notamment des Babyloniens. Un vase chaldéen en antimoine pur datant d'environ quatre mille ans avant notre ère a été retrouvé. Les Égyptiens des [[Ve dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:|  }} }}]] et [[VIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIe{{#if:|  }} }} dynasties égyptiennes]] se servaient de récipients en cuivre recouverts d'antimoine pour le transport de l'eau<ref>Antimoine sur universalis.fr</ref>.

Dans l'Antiquité, les Égyptiens appelaient l'antimoine mśdmt. Les hiéroglyphes ne permettent que de supposer les voyelles mais la tradition arabe laisse supposer que la prononciation est mesdemet<ref>Cité par W. F. Albright, Notes on Egypto-Semitic Etymology. II, The American Journal of Semitic Languages and Literatures, Modèle:Vol.34, Modèle:N°4, juillet 1918, Modèle:P. (Modèle:P.).</ref>Modèle:Référence insuffisante.

Au Modèle:Sap-, Celse et Pline l'Ancien utilisent le terme latin stibium, signifiant dans la pratique « signe, marquage (par exemple du pourtour des yeux) », que le chercheur Jöns Jakob Berzelius a abrégé au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle en Sb, devenu ainsi le symbole chimique de l'antimoine. Pline aurait baptisé ainsi son minerai mais avec une distinction entre formes mâle et femelle : le mâle désigne probablement la stibine (donc le sulfure d'antimoine), la femelle, décrite comme supérieure, plus lourde, plus brillante et moins friable, est probablement l'antimoine métallique trouvé à l'état naturel<ref>Pline l'Ancien, L'Histoire Naturelle, XXIII, 23.</ref>. Pline utilise également les mots stimi, larbaris, alabastre, ainsi que platyophthalmos i.e. « grands yeux » en grec, d'après l'effet cosmétique du khôl.

Bien plus tard, il était bien connu des alchimistes du Moyen Âge sous le nom antimonium. Cette forme latine médiévale, attestée vers 1050, a une origine incertaine :

  • selon l'étymologie populaire, une légende<ref>Voir par exemple Diana Fernando, Alchemy : an illustrated A to Z (1998)</ref> explique l'origine de ce nom par une succession de décès survenus au Moyen Âge parmi des moines. Ils auraient effectué des travaux de recherche sur ce corps ou auraient été victimes de l'alchimiste Basile Valentin, élève de Paracelse. Celui-ci avait l'habitude de jeter les résidus de ses expériences dans la mangeoire de ses cochons pour les engraisser. Ce faisant, il aurait administré de l'antimoine aux porcs qui seraient ainsi devenus toxiques ;
  • une autre étymologie pseudo-savante propose un terme grec hypothétique, antimonos, du grec anti, « à l'opposé de » et monos, « seul », parce qu'on croyait que ce métal ne se présentait jamais seul<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En effet, l'antimoine ne se trouve à l'état naturel que combiné à d'autres métaux comme le plomb<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Edmund von Lippmann (1919) Entstehung und Ausbreitung der Alchemie, teil 1. Berlin: Julius Springer, Modèle:P.643-5</ref>. Cependant le préfixe grec anti-, qui présente des valeurs diverses (« en face, en échange, à son tour, équivalant à, contre… »), n'a jamais celle d'une simple négation ;
  • Lippman<ref name=":0" /> a conjecturé un terme grec, anthemonion (mascara, littéralement « fleurette ») et cite de nombreux termes apparentés en grec ancien décrivant des éléments chimiques ou biologiques ;
  • les utilisations précoces du terme antimonium remontent à 1050-1100, par Constantin l'Africain dans des traités de médecine arabe<ref name=":0">Lippmann, Modèle:P.642</ref> et plusieurs spécialistes pensent qu'il s'agit d'une altération scripturale de l'arabe الإثمد al-ʾiṯmid, un emprunt à l’ancien égyptien stim ou smdt par l'intermédiaire du copte ou du grec στίμμι [stímmi]<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>. L'élément antimoine (et non le cosmétique, son sulfure) pouvait être nommé ithmid, athmoud, othmod, ou uthmod, ou encore athimar. Littré suggère que la première forme dérive de stimmida, forme accusative de stimmi<ref>Greek-Englis Lexicon de Liddel-Scott-Jones : la déclinaison et la vocalisation varient ; Endlich, F.M. On Some Interesting Derivations of Mineral Names, The American Naturalist, Modèle:Vol.22, Modèle:N°253, janvier 1888, Modèle:P. (Modèle:P.) ; Celse, 6.6.6 ff ; Pline, L'Histoire Naturelle 33.33 ; Lewis and Short : Latin Dictionary.</ref>. Sarton le dérive lui aussi de ithmid<ref>Sarton, George. (1935) Review of Al-morchid fi'l-kohhl, ou Le guide d'oculistique, traduit par Max Meyerhof. Isis (1935), 22(2):539-542</ref>. D'autres possibilités incluent un hypothétique *as-stimmi, dérivé du grec ancien<ref>Endlich, Modèle:P.28, l'avantage de as-stimmi serait qu'il partage une syllabe entière avec antimonium.</ref>. En effet le mot grec stimmi, utilisé par les poètes tragiques dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle, désignait dans l'Antiquité la stibine.

Il existe dès l'Antiquité une petite métallurgie extractive de l'antimoine ; elle se poursuit à l'époque médiévale. Elle est mieux connue dès l'époque moderne.

Fichier:Antimon Barren, Deutsches Museum.JPG
Face striée de lingot d'antimoine conservé au Musée allemand de Munich.

Plus récemment, les chimistes du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle nommaient Mercure de vie, ou Poudre d'Algaroth, le « beurre d'antimoine précipité par l'eau »<ref>Source Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers</ref>. De nos jours, il n'est plus utilisé en médecine que contre la leishmaniose (viscérale ou cutanées)<ref>Mascherpa G. (1982), La querelle de l’antimoine et la victoire de la chimie. Parties I et II, L’Act. Chim., avril et mai 1982, Modèle:P.45.</ref>. Voir la querelle de l'antimoine dans : Modèle:Article détaillé

Isotopes

Modèle:Article détaillé L'isotope antimoine 121 représente 57 % de la masse estimée d'antimoine, il est le seul isotope stable avec l'Modèle:Lnobr.

Il existe une vingtaine d'isotopes radioactifs, dont les masses atomiques s'échelonnent de 113 à 134. Parmi ces isotopes assez mal connus, l'antimoine 125, radionucléide artificiel employé comme indicateur radioactif, sporadiquement présent dans l’environnement, très peu étudié, hormis sur quelques sites industriels pollués<ref name=IRSNfiche>IRSN, Fiche radionucléide - Antimoine 125 et environnement Modèle:Pdf, 25Modèle:Nb p.</ref>.

L'antimoine 124 est une source de rayons gamma. Associé au béryllium, il a été utilisé pour faire diverger certains réacteurs nucléaires<ref>Lire en ligne Modèle:Pdf, Sciences et Avenir, Modèle:N°, février 1977.</ref>.

Corps simple

Fichier:Antimony-piece.jpg
Morceau d'antimoine ultra pur.

Le rayon atomique de l'antimoine avoisine Modèle:Unité, il est situé entre celui de l'arsenic Modèle:Unité et celui du bismuth Modèle:Unité. L'énergie d'ionisation est également respectivement intermédiaire, Modèle:Unité entre Modèle:Unité et Modèle:Unité. Les principales critères physico-chimiques, des ponts thermodynamiques à l'enthalpie de formation atomique, confirment l'évolution du métalloïde As vers le métal véritable au sens chimique que représente le bismuth. Toutefois, du fait sa polarisabilité médiocre, l'antimoine se rapproche souvent bien plus de l'arsenic.

Propriétés physiques

Fichier:Antimony pellets.jpg
Granules ou boulettes d'antimoine purifié.

En dehors de l'antimoine gris ou semi-métallique, assez analogue à l'arsenic gris, le corps simple antimoine existe sous trois formes solides, dont deux instables notamment à la chaleur (jaune Modèle:Fchim et noire) qui redonne la forme stable grise et une explosive.

La condensation rapide des vapeurs d'antimoine donne une forme jaune non métallique de structure tétraédrique, soit Modèle:Fchim

D'aspect blanc argenté et cassant, le corps simple Modèle:Fchim de densité 6,7 est un semi-métal brillant. Il ne ternit pas à l'air à température ambiante. Il conduit très mal la chaleur et assez mal l'électricité. Sa conductivité électrique n'atteint que Modèle:Unité/2 de celle du corps simple métal cuivre.

Très cassant du fait de l'énergie de cohésion abaissée aux joints de grain, il peut être facilement réduit en poudres fines.

Fichier:Antimony2.jpg
Gros morceaux d'antimoine, fragmenté en petits.

Cette forme stable, constituée de macromolécules dont les atomes sont agencés en un réseau cristallin trigonal, fond au-dessus de Modèle:Tmp et bout vers Modèle:Tmp. Il se vaporise très lentement au rouge blanc. Sur la base de mesures faites en 1928, il est parfois annoncé que l'antimoine liquide diminue de volume en se solidifiant, ce qui a été contredit par la suite<ref>Modèle:Article.</ref>.

Propriétés chimiques

L'antimoine est soluble dans les acides sulfurique, nitrique et phosphorique concentrés et à chaud. Il engendre alors lentement ce que l'on croyait de l'acide antimonique, mais qui se trouvent sous la forme d'ions antimoniates Sb(OH)6.

L'antimoine impur peut être purifié par fusion avec du carbonate de soude ou Modèle:Fchim (et éventuellement du charbon actif).

La valence de l'antimoine dans ses composés peut être II, III, V et accessoirement −III. L'antimoine perd des électrons et forme des ions Sb3+, hydrolysé en SbO+ ou même précipité en Sb(O{H)2+ en milieu acide. L'antimoine Sb de valence V, ou Sb(V) se situe à un niveau d'énergie supérieur de Modèle:Unité de Sb(III). L'oxyde Modèle:Fchim est insoluble virtuellement en solution acide. Il s'agit d'un oxydant modérément fort.

L'antimoine corps simple ou Sb0 (Sb au degré d'oxydation zéro ou élémentaire) n'est qu'à un niveau d'énergie inférieur de Modèle:Unité par rapport à Sb(III). Sb(-III) représenté par l'hydrogène antimonié Modèle:Fchim plonge à Modèle:Unité par rapport à Sb0.

Fichier:Antimony trioxide.svg
Trioxyde d'antimoine en cristal cubique (sénarmontite).

L'antimoine corps simple réagit au rouge avec le gaz oxygène. L'oxyde amphotère formé Modèle:Fchim est volatile. Il s'agit d'une poudre blanche et cristalline, insoluble dans l'eau. Chauffé, elle devient jaune, mais refroidie, redevient blanche. La sénarmontite octédrique, en réalité de maille cubique, se transforme en fleur d'antimoine, sous forme de rhomboèdres (empilement de plans de symétrie C3) homologues de la valentinite.

Modèle:Fchim sénarmontite ou cristal de maille cubiqueModèle:Fchim fleur d'antimoine structure valentinite instable avec <math>\Delta H</math> = Modèle:Nb
Fichier:Antimony trichloride.JPG
Trichlorure d'antimoine.
Fichier:Antimony trifluoride.jpg
Trifluorure d'antimoine.

L'antimoine s'enflamme spontanément dans le gaz chlore. Le chlorure normalement formé est un pentachlorure Modèle:Fchim, et il faut réchauffer ce corps lentement vers Modèle:Tmp pour former le trichlorure Modèle:Fchim. Néanmoins, le trichlorure d'antimoine peut être obtenu avec les corps simples si la température est contrôlé à Modèle:Tmp. Il est facilement obtenu par réaction de l'antimoine avec l'eau régale, avec un excès d'acide chlorhydrique. Il s'agit d'une masse incolore, molle et hygroscopique, appelée « beurre d'antimoine ». Au contact de l'eau, une réaction exothermique dangereuse se produit avec dégagement de chlorure d’hydrogène (HCl) gazeux<ref>ARIA (2005) Fuite d’un catalyseur à base de trichlorure d’antimoine ; N° 29974 - 07/06/2005 - France - 69 - Pierre-béniteE</ref>.

Le trifluorure d'antimoine peut être également facilement obtenu, ainsi que le pentafluorure d'antimoine.

Fichier:SbH3 burning in oxygen.jpg
L'antimonide brûle dans l'oxygène pur avec une flamme orange vif en dégageant de la chaleur. (Remarque : Modèle:Fchim est produit à un rythme plus lent.)

L'antimoine réagit à chaud avec les autres corps simples halogènes brome et l'iode. avec le fluor, il donne un corps incolore et volatile, le trifluorure d'antimoine Modèle:Fchim.

L'hydrure d'antimoine Modèle:Fchim est le « gaz d'hydrogène stibié » ou « hydrogène antimonié » des anciens, encore appelée stibine en chimie analytique. Ce gaz toxique, très instable, est un produit de réduction en milieu acide, obtenu par exemple en versant de l'antimoine dans une solution d'acide où barbote des copeaux de zinc, provoquant une ébullition d'hydrogène réactif. Il est comparativement obtenu en moindre quantité que l'arsine, mais beaucoup plus que la bismuthine plus instable, si l'opération concerne respectivement les corps simples arsenic et bismuth. Ce gaz n'existe pas en solution alcaline, il se décompose en Sb et en hydrogène. Mais sa décomposition exothermique peut survenir à la moindre excitation à l'état gazeux :

2 SbH3 gaz instable → 2 Sb poudre cristal + 3 H2 gaz avec <math>\Delta H</math> = Modèle:Nb.

Alliages et composés chimiques

Alliages

L'antimoine forme facilement des alliages avec les principaux métaux usuels, dont le plomb, le cuivre ou les métaux précieux. Il est souvent considéré comme un élément durcissant dans les alliages, comme ceux à base de plomb (Pb) et d'étain (Sn). Avec le bismuth, il forme des alliages dits antimoniure de bismuth de proportions variées qui présentent de multiples propriétés électriques.

Il forme aussi des associations avec l'arsenic.

Corps composés antimoniés

Fichier:Stibnite (Iyo Province, Shikoku Island, Japan) 2 (18739923680).jpg
Stibine, échantillon japonais en longues aiguilles gris-noires.

L'antimoine est présent dans de nombreux composés minéraux, souvent associé avec le plomb, sous forme d'oxydes, de sulfures, de sulfoxydes, d'oxychloruresModèle:Etc.

L'acide antimonique HSb(OH)6 est inconnu en pratique : il n'existe que l'ion antimoniate, par exemple dans le pyroantimoniate de sodium NaSb(OH)6, encore écrit par convention Modèle:Fchim, le pyroantimoniate de potassium.

Fichier:Sulfid antimonitý.JPG
Sulfure d'antimoine dans une coupelle de verre.

Le trisulfure d'antimoine Modèle:Fchim apparaît communément sous la forme de cristaux allongés, gris noir, à éclat métallique net. Il s'agit de la stibine de maille orthorhombique des minéralogistes. Mentionnons la forme allotropique amorphe rouge (rouge orangée) du trisulfure d'antimoine Modèle:Fchim, celle-ci est relativement instable et un faible apport d'énergie, pas seulement thermique, la retransforme en la première forme cristalline gris noir.

Ainsi

Modèle:Fchim rouge orangé, amorphe, chauffé et secouéModèle:Fchim cristaux allongés gris-noir type stibine avec <math>\Delta H</math> = Modèle:Nb.
Fichier:SodiumStibogluconate.png
Représentation spatiale codée du « stibogluconate de sodium ».

L'antimoine est présent dans de nombreux composés organométalliques. Ainsi, il existe des acétates, des tartrates, des gluconatesModèle:Etc.

Analyse qualitative et dosage quantitatif

Lors du test de Marsh, le miroir d'antimoine obtenu par décomposition de l'hydrogène stibié (stibine) ou hydrure d'antimoine sur la surface du verre, n'est pas dissous par la solution d'hypochlorite, contrairement au miroir d'arsenic. L'antimoine en milieu acide réagit avec un hydrogénosulfure ou avec l'ion hydrogénosulfure pour former un sulfure orangé insoluble. C'est ce précipité coloré qui permettait autrefois d'attester la présence d'antimoine.

Fichier:Antimoon kwalitatieve analyse.png
Précipité caractéristique de sulfure coloré.

Il est possible de séparer As et Sb à l'état de sulfures en dissolvant sélectivement Modèle:Fchim plus basique dans l'acide chlorhydrique et Modèle:Fchim plus acide dans le carbonate d'ammonium.

La quantité d’antimoine dans différents milieux est quantifiable par différentes méthodes analytiques. Pour dissocier l’antimoine de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion à l’aide d’un acide. Vu la grande toxicité de l’antimoine, l’INRS offre deux services de détection pour les composés d’antimoine dans le sang et l’urine, soit l’ICP-MS ou la SAA-four de graphite<ref>Dosage de l'antimoine sanguin - Biotox - INRS (Institut national de recherche et de sécurité)</ref>.

Les raies d'absorption sont intenses dans l'ultraviolet proche.

Occurrence dans les milieux naturels, minéralogie et géologie

Le clarke s'élève entre 0,7 et 0,2 ppm ou en moyenne 0,5 g par tonne<ref>Alain Foucault, opus cité.</ref>. L'antimoine est un élément rare, dix fois moins fréquent que l'arsenic. Il est toutefois présent dans plus de cent minéraux.

L'antimoine se trouve encore plus rarement dans la nature sous forme d'un élément natif, le Sb métallique dénommé antimoine natif souvent avec des traces d'arsenic, de fer et d'argent. Ce minéral est parfois en alliage avec l'arsenic natif, ainsi le stibarsen ou l'arite. La breithauptite est un antimoniure de nickel naturel.

Pour les analyses de cycle de vie et l'appréhension de l'épuisement des ressources dites abiotiques, l'antimoine est l'unité utilisée depuis 2004 pour quantifier une consommation de matière première<ref>Fichier source Modèle:Pdf.</ref>. La conversion des quantités brutes vers leur équivalent antimoine ou kg d'antimoine fait intervenir la quantité totale de matière première disponible sur terre. Ainsi il existe des estimations en milligrammes d'antimoine par kilogramme, en milligrammes d'antimoine par litre…, pour estimer la rareté d'une entité décrite.

Formes, spéciation, minéraux les plus communs

L’antimoine se trouve le plus facilement sous forme de sulfures, combiné, associé ou non avec d’autres métaux (plomb, cuivre, argent) sa spéciation influe grandement sur sa toxicité<ref>Picot A. et Proust N., Toxicochimie des produits minéraux : importance de la spéciation, Encyclopédie Médico-Chirurgicale (EMC), Toxicologie Pathologie professionnelle, Elsevier, Modèle:Quand.</ref>.

Fichier:Stibine x240.jpg
Stibine vue au microscope x240.

Sulfures

  • La stibine ou antimonite (Sb2S3) est la forme la plus fréquente, largement majoritaire. Son nom provient du grec stibi qui signifie noir d’antimoine. Elle est de couleur gris acier, d’une densité de 4,6.
  • La berthiérite (FeSb2S4). Son nom lui a été donné en hommage à Pierre Berthier qui en fut le découvreur en 1827 à Chazelles dans le Puy-de-Dôme en France. Sa densité est également de 4,6.
Fichier:Berthierite-cu10d.jpg
Berthiérite de la mine Herja près de Kisbánya, Baia Mare, Maramures, Roumanie. Belle pièce à groupement de lamelles ou lames parfois de plus de Modèle:Nb. Taille globale Modèle:Tunité.

La berthiérite se confond assez facilement avec la stibine. Pour les distinguer, il faut faire une attaque à l'hydroxyde de potassium (KOH). La stibine réagit plus facilement que la berthiérite en produisant un enduit jaune.

La gudmundite est un sulfure de fer et d'antimoine FeSbS du groupe des arsénopyrites. La wakabayashilite [(As,Sb)6S9][As4S5] est un sulfure complexe d'As et Sb.

Il existe une nombreuse famille de sulfosels d’antimoine contenant divers éléments métalliques comme le plomb, l’argent, le zinc, le cuivre. C’est le plomb qui est le plus fréquemment représenté. On peut citer par exemple :

Fichier:Senarmontite-60834.jpg
Octaèdre gris-blanchâtre, cristal automorphe centimétrique de sénarmontite de la mine du Djebel Haminate, Ain Beida, Ancien Constantinois, Algérie.

Oxydes

Modèle:Article connexe Les Modèle:Page h' sont généralement colorés :

On connaît aussi des minéraux dont la composition est celle d'un oxyde mixte d'antimoine et d'un autre élément, notamment le fer :

Ces deux minéraux ont aussi pu être synthétisés<ref>Modèle:Article.</ref>.

Hydroxydes et oxohydroxydes

Toxicité et environnement

Toxicologie

L'antimoine et la plupart de ses composés sont très toxiques ou toxiques, et souvent vomitifs et/ou irritants pour les muqueuses et la peau, voire l'estomac et l'intestin (après ingestion).

Le gaz antimoniure d'hydrogène ou hydrure d'antimoine présente une toxicité comparable à l'arsine. La limite de tolérance dans l'atmosphère de travail est Modèle:Unité d'air. Il est parfois retrouvé dans l'eau en bouteille (à partir du PET qui en relargue)<ref>Shotyk W, Krachler M, Chen B. Contamination of Canadian and European bottled waters with antimony from PET containers. J Environ Monit. 2006;8(2):288- 92</ref> et dans l'eau potable<ref>OMS/WHO (2003) Antimony in Drinking-water ;14</ref>, à des concentrations Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref> ; vu sa toxicité, Santé Canada a émis une norme provisoire de concentration maximale acceptable pour l’eau potable qui est de Modèle:Nb<ref>Page 2 - Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : documentation à l'appui : Antimoine.</ref>.

En France, il existe deux fiches toxicologiques sur le site de l'INRS<ref>Sécurité et santé au travail : INRS</ref>:

L'antimoine semble être sous certaines formes toxique pour le spermatozoïde, génotoxique (clastogène<ref>Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1992). Comparison of the clastogenic effects of antimony trioxide on micein vivo following acute and chronic exposure. Biometals, 5(1), 47-50|résumé.</ref>,<ref>Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1993), Comparison of clastogenic effects of antimony and bismuth as trioxides on mice in vivo. Biological trace element research, 37(2-3), 281-292|résumé</ref>) et reprotoxique<ref>Elliott, B. M., Mackay, J. M., Clay, P. et Ashby, J. (1998), An assessment of the genetic toxicology of antimony trioxide. Mutation Research/Genetic Toxicology and Environmental Mutagenesis, 415(1), 109-117|résumé.</ref>,<ref>Beliaeva AP. The effect of antimony on the generative function.(0016 -9919</ref>,<ref>Jelnes J.E. (1988), Semen quality in workers producing reinforced plastic | Reproductive Toxicology, 2(3-4), 209-212.|résumé</ref>. Puis l'embryon, le fœtus et la femme enceinte et l'enfant y sont a priori beaucoup plus vulnérables que l'adulte en termes de risques. Aussi le « Volet périnatal » du programme national de biosurveillance a-t-il notamment porté sur l’imprégnation des femmes enceintes par l’antimoine. À l'occasion du suivi d'une cohorte de Modèle:Nb enceintes de la « Cohorte Elfe » ; femmes ayant accouché en France en 2011, hors Corse et TOM)<ref name=EtudeF2011>: métaux et métalloïde des recherches de la cohorte Elfe ; Décembre 2016 ; SANTÉ PUBLIQUE France / Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011. Volet périnatal du programme national de biosurveillance|PDF, 224p|Aussi disponible à partir de l’URL : www.santepubliquefrance.fr</ref>, le dosage urinaire de 990 femmes enceintes a révélé la présence d'antimoine au-delà des seuils de détection dans 70 % des échantillons d’urine analysées (moyenne géométrique : Modèle:Nb ; avec Modèle:Nb de créatinine, soit un niveau proche des moyennes trouvées chez la femme (enceinte ou non, en France et à l’étranger) lors d'études précédentes<ref name=EtudeF2011/>. Ce travail a montré que l'imprégnation des femmes enceintes par ce métalloïde croît avec la consommation de tabac et avec la consommation d’eau embouteillée)<ref name=EtudeF2011/>. En zone industrielle et urbaine, l'air devient aussi une nouvelle source de contamination environnementale<ref>Modèle:Article.</ref>, à des doses éventuellement problématique pour l'embryon ou la femme enceinte<ref>Fort M, Grimalt JO, Querol X, Casas M, Sunyer J. Evaluation of atmospheric inputs as possible sources of antimony in pregnant women from urban areas, Science of The Total Environment, 2016, 544:391-9.</ref>.

Les seuils toxicologiques ont été choisis de manière à ne pas gêner l'industrie (ne pas empêcher la commercialisation des bouteilles PET en particulier), mais devraient selon les toxicologues André Picot et Jean-François Narbonne (2011) être revue à la baisse en Europe : Modèle:Citation<ref name=toxiqueMythique2011/>. La littérature scientifique suggère Modèle:Citation<ref name=bPeinture2020/>.

Polluant émergent

L'antimoine, rare dans la croûte terrestre était naturellement très peu présent dans l'eau et encore moins dans l'air (Reimann Modèle:Et al. 2010)<ref>Modèle:Article.</ref>. Ayrault Modèle:Et al. (2010) notent qu'il a soudainement fortement augmenté (depuis le début des années 2000) dans l’air<ref>Modèle:Article.</ref>, ainsi que dans l’eau<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} L. Tessier et P. Bonté, « Suspended sediment transfer in Seine river watershed, France: a strategy using fingerprinting from trace elements », Science for Water Policy, Modèle:P., 2002.</ref> au point d'être devenu l’un des éléments métalliques en traces (ETM) les plus enrichis dans les environnements urbains par rapport au fond géochimique<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Face à l'accroissement rapide de ce polluant dans l'environnement, des chercheurs tentent de trouver des techniques de dépollution efficace pour ce polluant retrouvé dans l'eau, l'air et les sols et sédiments. Une piste récente (publication 2021) est celle d'un adsorbant à base d'oxyde de graphène et d'alginate de sodium (GAD) doté d'une bonne capacité à adsorber l'antimoine présent dans l'eau (capacité d'adsorption de Langmuir est de Modèle:Nb, mais en sachant que son efficacité diminue avec la température<ref name=depollutionEau2021>Modèle:Article.</ref>.

Cinétique environnementale et écotoxicologie

L'antimoine est un métalloïde toxique, puissant vomitif, et a priori écologiquement non-essentiel et non-bénéfique<ref name=Biogeochemistry2019/>. Il est donc considéré comme indésirable dans les sols cultivés, les eaux de boisson et dans la chaine alimentaire.

Son comportement biogéochimique dans le système Sol-Rhizosphère-plante est longtemps resté méconnu ; comme pour de nombreux métaux, il est modulé par la nature du sol et le degré d'acidité de l'eau du sol, notamment ; il peut être bioaccumulé dans les parties comestibles de nombreuses plantes (céréales, légumes, légumineuses, notamment)<ref name=Biogeochemistry2019/>. Des études récentes ont porté sur la spéciation solide de l'antimoine dans les échantillons des bassins routiers et de bord de route ; elles ont montré que différentes formes chimiques de ce métalloïde existent dans son cycle biogéochimique, et lors de son parcours depuis la chaussée routière jusqu'aux bassins récepteurs, très influencées par les conditions rédox du milieu<ref>Modèle:Article.</ref>, et donc par les conditions microbiologiues du milieu ; en particulier, comme pour l'arsenic ou le mercure, certains micro-organismes du sol (champignons et bactéries) peuvent biométhyler les composés trivalents de l'antimoine et former des composés encore plus toxiques et bioassimilables<ref name=toxiqueMythique2011>A. Picot et J.F. Narbonne (2011), L'antimoine, un toxique mythique toujours méconnu, L'actualité chimique, (351), 53.</ref>. Comme pour d'autres métaux et métalloïdes, les champignons semblent pouvoir être utilisés pour un biomonitoring de l'environnement<ref>Modèle:Article.</ref> ; dans le cas d'une analyse des métaux et métalloïdes de neuf espèces de champignons comestibles venant de cinq régions de la Chine, les taux de Sb étaient compris entre une valeur indétectable par la méthode (ICP-MS) utilisée et Modèle:Nb de champignon sec.

De manière générale, l'antimoine se montre toxique pour de nombreux animaux (produit notamment génotoxique et cancérogène, interagissant avec divers antioxydants enzymatiques (peroxydase, catalase, ascorbate peroxydase, superoxyde dismutase, glutathion peroxydase) et non enzymatiques (glutathion, phytochélatines, proline et acide ascorbique) en produisant des radicelles réactifs et en induisant un stress oxydatif). Certains de ses composés sont en outre de puissants perturbateurs endocriniens<ref name=toxiqueMythique2011/>.

Les plantes ont développé une tolérance à l'antimoine, qui leur fait jouer un rôle important dans les phénomènes de bioaccumulation, d'écotoxicité et de contamination du réseau trophique et de la chaîne alimentaire par le Sb<ref name=Biogeochemistry2019>Modèle:Lien web.</ref>. Modèle:...

Usages

Fichier:Antimoine.JPG
Un échantillon d’antimoine.
Fichier:LeadPlombs contenu 1 cartouche.jpg
Grenaille de plomb de chasse (durcie par de l'arsenic et de l'antimoine sans lesquels le plomb serait trop mou).

Corps simple et alliages

L'antimoine en tant que corps simple est cassant ou à propriétés mécaniques fragiles. Il est presque toujours employé comme additif ou catalyseur pour divers emplois industriels et médicaux<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il était présent dans le « métal d'Alger », le « métal de la Reine ».

L'antimoine est présent dans certains pigments ; il ne semble pas utilisé pour les peintures artistiques, mais les anciennes peintures contenaient très fréquemment du Sb comme agent anti-farinage, et les peintures plus récentes aux couleurs vives peuvent encore contenir du Sb comme fixateur de couleur, y compris sur du mobilier urbain et les équipements de jeux pour enfants, à des concentrations parfois très élevées (jusqu'à plusieurs centaines à environ Modèle:Nb) selon Turner et Filella (2020)<ref name=bPeinture2020>Modèle:Article</ref>.

Dans le verre et la céramique, Sb est présent sous forme de pigment, d'agent de collage, d'opacifiant ou de fixation ; il est largement présent dans les peintures-émaux jusqu'à des concentrations de 6 % ; jusqu'à plusieurs milliers de μg/g selon Turner et Filella (2020).

C'est ainsi un composant fréquent d'alliages notamment de métaux comme le plomb (dont il augmente la dureté) servant à la fabrication :

Corps composés

Fichier:Antimony trioxide.jpg
Poudre blanche de trioxyde d'antimoine.
Fichier:Antimony trioxide'.jpg
Un sac de trioxyde d'antimoine.

Sous forme d'oxyde Sb2O3 : il diminue la propagation des flammes dans les matières plastiques<ref>NRC (2000) Toxicological Risks of Selected Flame -Retardant Chemicals | Washington, DC: National Research Council.</ref>.
Il entre aussi dans la composition du PET comme résidu de catalyseur de la réaction de polymérisation<ref>admin.ch, Antimoine dans les denrées alimentaires et repas de commodité conditionnés en barquettes de PET, 23.08.2007. Consulté le 10 juin 2013.</ref>, devenant contaminant de l'eau pour sa part qui est désorbée du plastique des bouteilles (alors qu'il pourrait être remplacé par le dioxyde de titane (TiO2), comme les Japonais ont commencé à le faire)<ref name=toxiqueMythique2011/>.

Les Modèle:Page h' permettent de produire un verre blanc opaque.

Fichier:1657 Anabaptist tankard (UBC-2011).jpg
Le pigment jaune sous la glaçure de cette poterie d'origine morave et anabaptiste, commémorant l'an 1657 provient d'un composé d'antimoine.

Les composés d'antimoine entrent dans la composition de nombreuses glaçures. Le trifluorure d'antimoine Modèle:Fchim est un agent décapant ou un agent fluorant, aussi utilisé en poterie/céramique.

Le beurre d'antimoine ou Modèle:Fchim est un produit intermédiaire de la chimie de l'antimoine. Cette base de Lewis sert pour élaborer des catalyseurs, des réactifs pour la synthèse de la vitamine A.

Le trisulfure Modèle:Fchim peut servir à former des pâtes pour allumage des allumettes. Il sert en pyrotechnie, ainsi que dans l'élaboration des verres rouges.

Utilisation médicale

Fichier:Emetic.png
Structure simplifiée du tartrate double de potassium et d'antimonyle. Une autre présentation de ce vomitif se trouve en :File:Emetic2.png

L'un de ses composés avait un usage cosmétique : stibine broyée pour élaborer le khôl.


Dans l'Antiquité, l'antimoine était utilisé comme vomitif ; des coupes ou récipients en alliages à base d'antimoine servaient à conserver du vin, dont certains composants réagissent avec l'antimoine pour former des corps toxiques à effet vomitif puissant. Ainsi, les riches fêtards romains pouvaient, après s'être fait vomir, continuer à engloutir des mets raffinés, servis par leurs esclaves. Cet usage abusif est passé dans la médecine gréco-romaine.Modèle:Article détaillé

Fichier:Antimony cup with leather case, Europe, 1601-1700 Wellcome L0057583.jpg
Coupe en antimoine ou alliage fortement antimonié avec sa trousse protectrice, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Son usage est strictement médical : du vin y était conservé pendant Modèle:Nb, puis bu pour faire vomir et transpirer, c'est-à-dire comme purge d'excès d'humeurs du patient. Il existait également des cuillères à soupe ou petites cuillères ayant le même effet, pour un moindre coût.

En 1566, le Parlement de Paris en interdit l'usage en médecine<ref name=bourzat>Modèle:Article</ref>, une mesure que la faculté de Montpellier refuse de respecter.

Le Modèle:Date-, Louis XIV est victime d'une grave intoxication alimentaire lors de la prise de Bergues dans le Nord. Le lundi Modèle:Date-, il reçoit les derniers sacrements et on commence à préparer sa succession. Mais Modèle:Référence souhaitée, lui donne un émétique à base d'antimoine et de vin, qui le guérit « miraculeusement ». Le Parlement de Paris finit alors, en 1666, par ré-autoriser l'usage de l'antimoine à des fins médicales<ref name=bourzat/>.

Fichier:Diego Mateo Zapata (1701) Crisis médica sobre el antimonio.jpg
Crisis médica sobre el antimonio<ref name=":3">https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Crisis_médica_sobre_el_antimonio_(1701).pdf</ref> (1701)

En 1701, le médecin espagnole Diego Mateo Zapata publie Crisis Médica sobre el antimonio<ref>http://www.biblioteca.org.ar/libros/71098.pdf</ref>, un ouvrage pamphlétaire qui crée la polémique, sur l'utilisation notamment de l'antimoine en médecine<ref name=":13">Modèle:Lien web</ref>.

Des composés de l'antimoine sont utilisés pour guérir des maladies parasitaires, comme l'antimoniate de méglumine pour la leishmaniose humaine et canine<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En pharmacie, il existe des pommades stibiées censées atténuer la douleur.

Production et commerce

Minerais d'antimoine et traitements directs

Les principaux minerais d'antimoine sont par ordre la stibine Modèle:Fchim présents en filons massifs (peut-être plus de Modèle:Unité/2 de la production directe), la valentinite Modèle:Fchim autrefois en Algérie), l'(oxy)hydroxyde d'antimoine Modèle:Fchim. L'exploitation des autres Modèle:Page h' ou hydroxydes d'antimoine est encore plus rare.

En 1990, les principaux pays extracteurs de minerais d'antimoine sont la Chine, la Russie, l'Afrique du Sud, la Bolivie, le Mexique, le Canada et l'Australie.

Les minerais principalement à base de stibine, mais aussi de quartz ou d'autres reliquats rocheux sont concassés, enrichis par flottation, puis fondus vers Modèle:Tmp. Une masse grise s'écoule au fond du creuset car la stibine ou trisulfure d'antimoine est facilement fusible. Elle cristallise ensuite en aiguilles cristallines, cette masse est dénommée « antimoine cru ».

Le métal est ensuite obtenu par grillage des sulfures et/ou par réduction via le monoxyde de carbone, opérations perfectionnées par les fondeurs français à la Belle Époque.

Donnons d'abord la réaction exothermique de grillage au four tournant :

2 Modèle:Fchim solide cristal en aiguilles + 9 O2 gaz (de l'air) → 2 Modèle:Fchim poudre solide + 6 SO2 gaz anhydride sulfureux avec <math>\Delta H</math> = Modèle:Nb.

Elle est suivie par la réduction par le charbon de bois (charbon actif) qui s'opère dans un four de fusion, c'est-à-dire un four à montée de chauffe rapide. Voilà la réaction globale :

2Modèle:Fchim solide cristal pulvérulent + 3 C charbon de bois → 4 Sb dépôt en rhomboèdres + 3 CO2 gaz anhydride carbonique.

Donnons enfin la réaction de grillage dans un four à fosse.

2 Modèle:Fchim solide cristal pulvérulent + Modèle:Fchim solide cristal en aiguilles → 6 Sb dépôt en rhomboèdres + 3 SO2 gaz anhydride sulfureux.

Le raffinage de l'antimoine est typique de celui des semi-métaux. Il peut s'effectuer par sublimation ou par fusion de zone.

Production industrielle actuelle

C'est le plus souvent un sous-produit du raffinage ou de la métallurgie du plomb, du cuivre et de l'argent. Mais une partie non négligeable de l'antimoine peut également être récupérée au cours du traitement des ordures.

L'antimoine est une ressource non renouvelable, produite dans les pays suivants :

Pays Tonnes % du total
République populaire de Chine 126 000 81,5
Russie 12 000 7,8
Afrique du Sud 5 023 3,3
Tadjikistan 3 480 2,3
Bolivie 2 430 1,6
Total cinq pays 148 933 96,4
Total monde 154 538 100,0

Chiffres de 2003, métal contenu dans les minerais et concentrés, source : L'état du monde, 2005.

La Chine produisait en 2006 87 % de l'approvisionnement mondial<ref>Arnaud de la Grange, « Pékin joue de l'arme des « terres rares » », Le Figaro, 25 octobre 2010.</ref>.

La production globale, incluant la récupération des ordures, en 1990 atteignait déjà Modèle:Unité.

Histoire de la production

Fichier:Massiac usine du Babory.jpg
Usine d'antimoine du Babory en 1900 à Massiac.

Modèle:Article détaillé À la Belle Époque, la France figurait parmi les tout premiers producteurs mondiaux d'antimoine avec les sites mayennais de Laval, corses d'Ersa, de Luri ou de Meria, auvergnats de Massiac, d'Ouche ou de la vallée de la Sianne, où le fondeur Emmanuel Chatillon améliore le procédé de grillage, l'industriel métallurgiste Emmanuel Basse Vitalis rationalise son extraction et sa production… sans oublier les mines notamment algériennes de la compagnie des mines de la Lucette.

Fichier:Emmanuel Chatillon 1886.jpg
Emmanuel Chatillon, industriel français du procédé de traitement de l’antimoine par « grillage volatilisant ».

La France fut ainsi le premier producteur mondial d’antimoine entre 1890 et 1910 grâce à la production de la Compagnie des mines de La Lucette, propriétaire de gisements en Mayenne, près de Laval, et des mines d'antimoine d'Auvergne.

Commerce en France

En 2016, la France est importatrice nette d’antimoine, d'après les douanes françaises. Le prix moyen à la tonne à l'import est de Modèle:Euro<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

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  • Pierre-Christian Guiollard, La mine d'or et d'antimoine de la Lucette, auteur-éditeur, 1996.
  • Pierre-Christian Guiollard, L'Industrie minière de l'antimoine et du tungstène, Éditions Atlantica, 2010.
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Articles connexes

Modèle:Colonnes

Liens externes

Modèle:Tableau périodique (navigation) Modèle:Familles d'éléments chimiques (navigation) Modèle:Palette

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