Le corps simple antimoine est un métalloïdepolymorphe, toxique et cancérigène, tout comme l'arsenic<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gabriela Ungureanu, Sílvia Santos, Rui Boaventura et Cidália Botelho, « Arsenic and antimony in water and wastewater: Overview of removal techniques with special reference to latest advances in adsorption », Journal of Environmental Management, Modèle:Vol., 15 mars 2015, Modèle:Pages</ref> (auquel il est souvent associé, par exemple dans les munitions à base de plomb). L'antimoine est aussi un polluant routier et urbain nanoparticulaire<ref>Modèle:Article.</ref> émergent, notamment comme contaminant de la fin de vie de produit en contenant<ref>Modèle:Article.</ref>, et parce qu'il il est utilisé dans le monde entier pour remplacer l'amiante dans les patins de freins)<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>M. Philippe, P. Le Pape, L. Bordier, G. Landrot, L. Delbes et S. Ayrault (2020) L'antimoine, un polluant émergent dans les sols et rivières urbaines : les bassins de rétention autoroutiers comme modèles de milieux récepteurs réactifs. (version PDF)</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
La littérature mentionne des formes (bio)méthylées (à faibles concentrations), qui pourraient être plus bioassimilables<ref name=IRSNfiche/>.
Dans les organismes, sa toxicité semble liée à son affinité pour les groupements thiols (liaison irréversible à des enzymes importants).
Son éventuelle écotoxicité est mal connue. Selon l'IRSN, Modèle:Citation<ref name=IRSNfiche/>.
Le symbole Sb, choisi pour l'élément par Berzélius, fait référence au latinModèle:Langue, issu du grecModèle:Grec ancien, désignant les corps minéraux antimoniés en général, et la stibine en particulier. Le nom « antimoine » serait une altération de l'arabe الإثمد al-ʾiṯmid<ref>Dictionnaire étymologique des mots français venant de l'arabe, du turc et du persan, Georges A. Bertrand</ref>, un emprunt à l’ancien égyptienstim ou smdt par l'intermédiaire du copte ou du grec Modèle:Grec ancien<ref name=":1" />.
La stibine est un trisulfure d'antimoine dont la poudre noire intense était connue dans l'Antiquité pour souligner le contour des yeux ou comme fard à cils<ref>Jean-Pierre Tricot, CURRUS TRIOMPHAL!S ANTIMONII ou LE TRIOMPHE DE LA IATROGENESE.</ref>, ou encore comme médicament pour soigner/prévenir les infections oculaires, et le terme est resté pour cet usage, bien que la première description d'une préparation n'apparaisse que dans un manuscrit de 1604.
Le stibium qui peut déjà désigner le corps simple gris métallique et stable des chimistes, ou l'antimoine natif des minéralogistes, est sûrement connu depuis le Modèle:Lien millénaire av JC, notamment des Babyloniens. Un vase chaldéen en antimoine pur datant d'environ quatre mille ans avant notre ère a été retrouvé. Les Égyptiens des [[Ve dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:| }} }}]] et [[VIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIe{{#if:| }} }} dynasties égyptiennes]] se servaient de récipients en cuivre recouverts d'antimoine pour le transport de l'eau<ref>Antimoine sur universalis.fr</ref>.
Au Modèle:Sap-, Celse et Pline l'Ancien utilisent le terme latinstibium, signifiant dans la pratique « signe, marquage (par exemple du pourtour des yeux) », que le chercheur Jöns Jakob Berzelius a abrégé au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle en Sb, devenu ainsi le symbole chimique de l'antimoine. Pline aurait baptisé ainsi son minerai mais avec une distinction entre formes mâle et femelle : le mâle désigne probablement la stibine (donc le sulfure d'antimoine), la femelle, décrite comme supérieure, plus lourde, plus brillante et moins friable, est probablement l'antimoine métallique trouvé à l'état naturel<ref>Pline l'Ancien, L'Histoire Naturelle, XXIII, 23.</ref>. Pline utilise également les mots stimi, larbaris, alabastre, ainsi que platyophthalmos i.e. « grands yeux » en grec, d'après l'effet cosmétique du khôl.
Bien plus tard, il était bien connu des alchimistes du Moyen Âge sous le nom antimonium. Cette forme latine médiévale, attestée vers 1050, a une origine incertaine :
selon l'étymologie populaire, une légende<ref>Voir par exemple Diana Fernando, Alchemy : an illustrated A to Z (1998)</ref> explique l'origine de ce nom par une succession de décès survenus au Moyen Âge parmi des moines. Ils auraient effectué des travaux de recherche sur ce corps ou auraient été victimes de l'alchimiste Basile Valentin, élève de Paracelse. Celui-ci avait l'habitude de jeter les résidus de ses expériences dans la mangeoire de ses cochons pour les engraisser. Ce faisant, il aurait administré de l'antimoine aux porcs qui seraient ainsi devenus toxiques ;
une autre étymologie pseudo-savante propose un terme grec hypothétique, antimonos, du grec anti, « à l'opposé de » et monos, « seul », parce qu'on croyait que ce métal ne se présentait jamais seul<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En effet, l'antimoine ne se trouve à l'état naturel que combiné à d'autres métaux comme le plomb<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Edmund von Lippmann (1919) Entstehung und Ausbreitung der Alchemie, teil 1. Berlin: Julius Springer, Modèle:P.643-5</ref>. Cependant le préfixe grec anti-, qui présente des valeurs diverses (« en face, en échange, à son tour, équivalant à, contre… »), n'a jamais celle d'une simple négation ;
Lippman<ref name=":0" /> a conjecturé un terme grec, anthemonion (mascara, littéralement « fleurette ») et cite de nombreux termes apparentés en grec ancien décrivant des éléments chimiques ou biologiques ;
les utilisations précoces du terme antimonium remontent à 1050-1100, par Constantin l'Africain dans des traités de médecine arabe<ref name=":0">Lippmann, Modèle:P.642</ref> et plusieurs spécialistes pensent qu'il s'agit d'une altération scripturale de l'arabe الإثمد al-ʾiṯmid, un emprunt à l’ancien égyptien stim ou smdt par l'intermédiaire du copte ou du grec στίμμι [stímmi]<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>. L'élément antimoine (et non le cosmétique, son sulfure) pouvait être nommé ithmid, athmoud, othmod, ou uthmod, ou encore athimar. Littré suggère que la première forme dérive de stimmida, forme accusative de stimmi<ref>Greek-Englis Lexicon de Liddel-Scott-Jones : la déclinaison et la vocalisation varient ; Endlich, F.M. On Some Interesting Derivations of Mineral Names, The American Naturalist, Modèle:Vol.22, Modèle:N°253, janvier 1888, Modèle:P. (Modèle:P.) ; Celse, 6.6.6 ff ; Pline, L'Histoire Naturelle 33.33 ; Lewis and Short : Latin Dictionary.</ref>. Sarton le dérive lui aussi de ithmid<ref>Sarton, George. (1935) Review of Al-morchid fi'l-kohhl, ou Le guide d'oculistique, traduit par Max Meyerhof. Isis (1935), 22(2):539-542</ref>. D'autres possibilités incluent un hypothétique *as-stimmi, dérivé du grec ancien<ref>Endlich, Modèle:P.28, l'avantage de as-stimmi serait qu'il partage une syllabe entière avec antimonium.</ref>. En effet le mot grec stimmi, utilisé par les poètes tragiques dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Av JCModèle:Vérification siècle, désignait dans l'Antiquité la stibine.
Il existe dès l'Antiquité une petite métallurgie extractive de l'antimoine ; elle se poursuit à l'époque médiévale. Elle est mieux connue dès l'époque moderne.
Plus récemment, les chimistes du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle nommaient Mercure de vie, ou Poudre d'Algaroth, le « beurre d'antimoine précipité par l'eau »<ref>Source Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers</ref>. De nos jours, il n'est plus utilisé en médecine que contre la leishmaniose (viscérale ou cutanées)<ref>Mascherpa G. (1982), La querelle de l’antimoine et la victoire de la chimie. Parties I et II, L’Act. Chim., avril et mai 1982, Modèle:P.45.</ref>. Voir la querelle de l'antimoine dans : Modèle:Article détaillé
Le rayon atomique de l'antimoine avoisine Modèle:Unité, il est situé entre celui de l'arsenic Modèle:Unité et celui du bismuthModèle:Unité. L'énergie d'ionisation est également respectivement intermédiaire, Modèle:Unité entre Modèle:Unité et Modèle:Unité. Les principales critères physico-chimiques, des ponts thermodynamiques à l'enthalpie de formation atomique, confirment l'évolution du métalloïde As vers le métal véritable au sens chimique que représente le bismuth. Toutefois, du fait sa polarisabilité médiocre, l'antimoine se rapproche souvent bien plus de l'arsenic.
En dehors de l'antimoine gris ou semi-métallique, assez analogue à l'arsenic gris, le corps simple antimoine existe sous trois formes solides, dont deux instables notamment à la chaleur (jaune Modèle:Fchim et noire) qui redonne la forme stable grise et une explosive.
La condensation rapide des vapeurs d'antimoine donne une forme jaune non métallique de structure tétraédrique, soit Modèle:Fchim
D'aspect blanc argenté et cassant, le corps simple Modèle:Fchim de densité 6,7 est un semi-métal brillant. Il ne ternit pas à l'air à température ambiante. Il conduit très mal la chaleur et assez mal l'électricité. Sa conductivité électrique n'atteint que Modèle:Unité/2 de celle du corps simple métal cuivre.
Très cassant du fait de l'énergie de cohésion abaissée aux joints de grain, il peut être facilement réduit en poudres fines.
Cette forme stable, constituée de macromolécules dont les atomes sont agencés en un réseau cristallin trigonal, fond au-dessus de Modèle:Tmp et bout vers Modèle:Tmp. Il se vaporise très lentement au rouge blanc. Sur la base de mesures faites en 1928, il est parfois annoncé que l'antimoine liquide diminue de volume en se solidifiant, ce qui a été contredit par la suite<ref>Modèle:Article.</ref>.
Propriétés chimiques
L'antimoine est soluble dans les acides sulfurique, nitrique et phosphorique concentrés et à chaud. Il engendre alors lentement ce que l'on croyait de l'acide antimonique, mais qui se trouvent sous la forme d'ions antimoniates Sb(OH)6−.
La valence de l'antimoine dans ses composés peut être II, III, V et accessoirement −III. L'antimoine perd des électrons et forme des ions Sb3+, hydrolysé en SbO+ ou même précipité en Sb(O{H)2+ en milieu acide. L'antimoine Sb de valence V, ou Sb(V) se situe à un niveau d'énergie supérieur de Modèle:Unité de Sb(III). L'oxyde Modèle:Fchim est insoluble virtuellement en solution acide. Il s'agit d'un oxydant modérément fort.
L'antimoine corps simple ou Sb0 (Sb au degré d'oxydation zéro ou élémentaire) n'est qu'à un niveau d'énergie inférieur de Modèle:Unité par rapport à Sb(III). Sb(-III) représenté par l'hydrogène antimonié Modèle:Fchim plonge à Modèle:Unité par rapport à Sb0.
L'antimoine corps simple réagit au rouge avec le gaz oxygène. L'oxyde amphotère formé Modèle:Fchim est volatile. Il s'agit d'une poudre blanche et cristalline, insoluble dans l'eau. Chauffé, elle devient jaune, mais refroidie, redevient blanche. La sénarmontite octédrique, en réalité de maille cubique, se transforme en fleur d'antimoine, sous forme de rhomboèdres (empilement de plans de symétrie C3) homologues de la valentinite.
Modèle:Fchimsénarmontite ou cristal de maille cubique → Modèle:Fchimfleur d'antimoine structure valentinite instable avec <math>\Delta H</math> = Modèle:Nb
Fichier:SbH3 burning in oxygen.jpgL'antimonide brûle dans l'oxygène pur avec une flamme orange vif en dégageant de la chaleur. (Remarque : Modèle:Fchim est produit à un rythme plus lent.)
L'antimoine réagit à chaud avec les autres corps simples halogènes brome et l'iode. avec le fluor, il donne un corps incolore et volatile, le trifluorure d'antimoine Modèle:Fchim.
L'hydrure d'antimoineModèle:Fchim est le « gaz d'hydrogène stibié » ou « hydrogène antimonié » des anciens, encore appelée stibine en chimie analytique. Ce gaz toxique, très instable, est un produit de réduction en milieu acide, obtenu par exemple en versant de l'antimoine dans une solution d'acide où barbote des copeaux de zinc, provoquant une ébullition d'hydrogène réactif. Il est comparativement obtenu en moindre quantité que l'arsine, mais beaucoup plus que la bismuthine plus instable, si l'opération concerne respectivement les corps simples arsenic et bismuth. Ce gaz n'existe pas en solution alcaline, il se décompose en Sb et en hydrogène. Mais sa décomposition exothermique peut survenir à la moindre excitation à l'état gazeux :
L'antimoine forme facilement des alliages avec les principaux métaux usuels, dont le plomb, le cuivre ou les métaux précieux. Il est souvent considéré comme un élément durcissant dans les alliages, comme ceux à base de plomb (Pb) et d'étain (Sn). Avec le bismuth, il forme des alliages dits antimoniure de bismuth de proportions variées qui présentent de multiples propriétés électriques.
L'antimoine est présent dans de nombreux composés minéraux, souvent associé avec le plomb, sous forme d'oxydes, de sulfures, de sulfoxydes, d'oxychloruresModèle:Etc.
L'acide antimonique HSb(OH)6 est inconnu en pratique : il n'existe que l'ion antimoniate, par exemple dans le pyroantimoniate de sodium NaSb(OH)6, encore écrit par convention Modèle:Fchim, le pyroantimoniate de potassium.
Le trisulfure d'antimoineModèle:Fchim apparaît communément sous la forme de cristaux allongés, gris noir, à éclat métallique net. Il s'agit de la stibine de maille orthorhombique des minéralogistes. Mentionnons la forme allotropique amorphe rouge (rouge orangée) du trisulfure d'antimoineModèle:Fchim, celle-ci est relativement instable et un faible apport d'énergie, pas seulement thermique, la retransforme en la première forme cristalline gris noir.
Ainsi
Modèle:Fchimrouge orangé, amorphe, chauffé et secoué → Modèle:Fchimcristaux allongés gris-noir type stibine avec <math>\Delta H</math> = Modèle:Nb.
Lors du test de Marsh, le miroir d'antimoine obtenu par décomposition de l'hydrogène stibié (stibine) ou hydrure d'antimoine sur la surface du verre, n'est pas dissous par la solution d'hypochlorite, contrairement au miroir d'arsenic. L'antimoine en milieu acide réagit avec un hydrogénosulfure ou avec l'ion hydrogénosulfure pour former un sulfure orangé insoluble. C'est ce précipité coloré qui permettait autrefois d'attester la présence d'antimoine.
La quantité d’antimoine dans différents milieux est quantifiable par différentes méthodes analytiques. Pour dissocier l’antimoine de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion à l’aide d’un acide. Vu la grande toxicité de l’antimoine, l’INRS offre deux services de détection pour les composés d’antimoine dans le sang et l’urine, soit l’ICP-MS ou la SAA-four de graphite<ref>Dosage de l'antimoine sanguin - Biotox - INRS (Institut national de recherche et de sécurité)</ref>.
Occurrence dans les milieux naturels, minéralogie et géologie
Le clarke s'élève entre 0,7 et 0,2 ppm ou en moyenne 0,5 g par tonne<ref>Alain Foucault, opus cité.</ref>. L'antimoine est un élément rare, dix fois moins fréquent que l'arsenic. Il est toutefois présent dans plus de cent minéraux.
Pour les analyses de cycle de vie et l'appréhension de l'épuisement des ressources dites abiotiques, l'antimoine est l'unité utilisée depuis 2004 pour quantifier une consommation de matière première<ref>Fichier sourceModèle:Pdf.</ref>. La conversion des quantités brutes vers leur équivalent antimoine ou kg d'antimoine fait intervenir la quantité totale de matière première disponible sur terre. Ainsi il existe des estimations en milligrammes d'antimoine par kilogramme, en milligrammes d'antimoine par litre…, pour estimer la rareté d'une entité décrite.
Formes, spéciation, minéraux les plus communs
L’antimoine se trouve le plus facilement sous forme de sulfures, combiné, associé ou non avec d’autres métaux (plomb, cuivre, argent) sa spéciation influe grandement sur sa toxicité<ref>Picot A. et Proust N., Toxicochimie des produits minéraux : importance de la spéciation, Encyclopédie Médico-Chirurgicale (EMC), Toxicologie
Pathologie professionnelle, Elsevier, Modèle:Quand.</ref>.
La stibine ou antimonite (Sb2S3) est la forme la plus fréquente, largement majoritaire. Son nom provient du grec stibi qui signifie noir d’antimoine. Elle est de couleur gris acier, d’une densité de 4,6.
La berthiérite (FeSb2S4). Son nom lui a été donné en hommage à Pierre Berthier qui en fut le découvreur en 1827 à Chazelles dans le Puy-de-Dôme en France. Sa densité est également de 4,6.
Fichier:Berthierite-cu10d.jpgBerthiérite de la mine Herja près de Kisbánya, Baia Mare, Maramures, Roumanie. Belle pièce à groupement de lamelles ou lames parfois de plus de Modèle:Nb. Taille globale Modèle:Tunité.
La berthiérite se confond assez facilement avec la stibine. Pour les distinguer, il faut faire une attaque à l'hydroxyde de potassium (KOH). La stibine réagit plus facilement que la berthiérite en produisant un enduit jaune.
La gudmundite est un sulfure de fer et d'antimoine FeSbS du groupe des arsénopyrites.
La wakabayashilite [(As,Sb)6S9][As4S5] est un sulfure complexe d'As et Sb.
Il existe une nombreuse famille de sulfosels d’antimoine contenant divers éléments métalliques comme le plomb, l’argent, le zinc, le cuivre. C’est le plomb qui est le plus fréquemment représenté. On peut citer par exemple :
Fichier:Senarmontite-60834.jpgOctaèdre gris-blanchâtre, cristal automorphe centimétrique de sénarmontite de la mine du Djebel Haminate, Ain Beida, Ancien Constantinois, Algérie.
L'antimoine et la plupart de ses composés sont très toxiques ou toxiques, et souvent vomitifs et/ou irritants pour les muqueuses et la peau, voire l'estomac et l'intestin (après ingestion).
L'antimoine semble être sous certaines formes toxique pour le spermatozoïde, génotoxique (clastogène<ref>Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1992). Comparison of the clastogenic effects of antimony trioxide on micein vivo following acute and chronic exposure. Biometals, 5(1), 47-50|résumé.</ref>,<ref>Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1993), Comparison of clastogenic effects of antimony and bismuth as trioxides on mice in vivo. Biological trace element research, 37(2-3), 281-292|résumé</ref>) et reprotoxique<ref>Elliott, B. M., Mackay, J. M., Clay, P. et Ashby, J. (1998), An assessment of the genetic toxicology of antimony trioxide. Mutation Research/Genetic Toxicology and Environmental Mutagenesis, 415(1), 109-117|résumé.</ref>,<ref>Beliaeva AP. The effect of antimony on the generative function.(0016 -9919</ref>,<ref>Jelnes J.E. (1988), Semen quality in workers producing reinforced plastic | Reproductive Toxicology, 2(3-4), 209-212.|résumé</ref>. Puis l'embryon, le fœtus et la femme enceinte et l'enfant y sont a priori beaucoup plus vulnérables que l'adulte en termes de risques. Aussi le « Volet périnatal » du programme national de biosurveillance a-t-il notamment porté sur l’imprégnation des femmes enceintes par l’antimoine. À l'occasion du suivi d'une cohorte de Modèle:Nb enceintes de la « Cohorte Elfe » ; femmes ayant accouché en France en 2011, hors Corse et TOM)<ref name=EtudeF2011>: métaux et métalloïde des recherches de la cohorte Elfe ; Décembre 2016 ; SANTÉ PUBLIQUE France / Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011. Volet périnatal du programme national de biosurveillance|PDF, 224p|Aussi disponible à partir de l’URL : www.santepubliquefrance.fr</ref>, le dosage urinaire de 990 femmes enceintes a révélé la présence d'antimoine au-delà des seuils de détection dans 70 % des échantillons d’urine analysées (moyenne géométrique : Modèle:Nb ; avec Modèle:Nb de créatinine, soit un niveau proche des moyennes trouvées chez la femme (enceinte ou non, en France et à l’étranger) lors d'études précédentes<ref name=EtudeF2011/>. Ce travail a montré que l'imprégnation des femmes enceintes par ce métalloïde croît avec la consommation de tabac et avec la consommation d’eau embouteillée)<ref name=EtudeF2011/>. En zone industrielle et urbaine, l'air devient aussi une nouvelle source de contamination environnementale<ref>Modèle:Article.</ref>, à des doses éventuellement problématique pour l'embryon ou la femme enceinte<ref>Fort M, Grimalt JO, Querol X, Casas M, Sunyer J. Evaluation of atmospheric inputs as possible sources of antimony in pregnant women from urban areas, Science of The Total Environment, 2016, 544:391-9.</ref>.
Les seuils toxicologiques ont été choisis de manière à ne pas gêner l'industrie (ne pas empêcher la commercialisation des bouteilles PET en particulier), mais devraient selon les toxicologues André Picot et Jean-François Narbonne (2011) être revue à la baisse en Europe : Modèle:Citation<ref name=toxiqueMythique2011/>. La littérature scientifique suggère Modèle:Citation<ref name=bPeinture2020/>.
Polluant émergent
L'antimoine, rare dans la croûte terrestre était naturellement très peu présent dans l'eau et encore moins dans l'air (Reimann Modèle:Et al. 2010)<ref>Modèle:Article.</ref>. Ayrault Modèle:Et al. (2010) notent qu'il a soudainement fortement augmenté (depuis le début des années 2000) dans l’air<ref>Modèle:Article.</ref>, ainsi que dans l’eau<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} L. Tessier et P. Bonté, « Suspended sediment transfer in Seine river watershed, France: a strategy using fingerprinting from trace elements », Science for Water Policy, Modèle:P., 2002.</ref> au point d'être devenu l’un des éléments métalliques en traces (ETM) les plus enrichis dans les environnements urbains par rapport au fond géochimique<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.
Face à l'accroissement rapide de ce polluant dans l'environnement, des chercheurs tentent de trouver des techniques de dépollution efficace pour ce polluant retrouvé dans l'eau, l'air et les sols et sédiments. Une piste récente (publication 2021) est celle d'un adsorbant à base d'oxyde de graphène et d'alginate de sodium (GAD) doté d'une bonne capacité à adsorber l'antimoine présent dans l'eau (capacité d'adsorption de Langmuir est de Modèle:Nb, mais en sachant que son efficacité diminue avec la température<ref name=depollutionEau2021>Modèle:Article.</ref>.
Cinétique environnementale et écotoxicologie
L'antimoine est un métalloïde toxique, puissant vomitif, et a priori écologiquement non-essentiel et non-bénéfique<ref name=Biogeochemistry2019/>. Il est donc considéré comme indésirable dans les sols cultivés, les eaux de boisson et dans la chaine alimentaire.
Son comportement biogéochimique dans le système Sol-Rhizosphère-plante est longtemps resté méconnu ; comme pour de nombreux métaux, il est modulé par la nature du sol et le degré d'acidité de l'eau du sol, notamment ; il peut être bioaccumulé dans les parties comestibles de nombreuses plantes (céréales, légumes, légumineuses, notamment)<ref name=Biogeochemistry2019/>. Des études récentes ont porté sur la spéciation solide de l'antimoine dans les échantillons des bassins routiers et de bord de route ; elles ont montré que différentes formes chimiques de ce métalloïde existent dans son cycle biogéochimique, et lors de son parcours depuis la chaussée routière jusqu'aux bassins récepteurs, très influencées par les conditions rédox du milieu<ref>Modèle:Article.</ref>, et donc par les conditions microbiologiues du milieu ; en particulier, comme pour l'arsenic ou le mercure, certains micro-organismes du sol (champignons et bactéries) peuvent biométhyler les composés trivalents de l'antimoine et former des composés encore plus toxiques et bioassimilables<ref name=toxiqueMythique2011>A. Picot et J.F. Narbonne (2011), L'antimoine, un toxique mythique toujours méconnu, L'actualité chimique, (351), 53.</ref>. Comme pour d'autres métaux et métalloïdes, les champignons semblent pouvoir être utilisés pour un biomonitoring de l'environnement<ref>Modèle:Article.</ref> ; dans le cas d'une analyse des métaux et métalloïdes de neuf espèces de champignons comestibles venant de cinq régions de la Chine, les taux de Sb étaient compris entre une valeur indétectable par la méthode (ICP-MS) utilisée et Modèle:Nb de champignon sec.
L'antimoine en tant que corps simple est cassant ou à propriétés mécaniques fragiles. Il est presque toujours employé comme additif ou catalyseur pour divers emplois industriels et médicaux<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il était présent dans le « métal d'Alger », le « métal de la Reine ».
L'antimoine est présent dans certains pigments ; il ne semble pas utilisé pour les peintures artistiques, mais les anciennes peintures contenaient très fréquemment du Sb comme agent anti-farinage, et les peintures plus récentes aux couleurs vives peuvent encore contenir du Sb comme fixateur de couleur, y compris sur du mobilier urbain et les équipements de jeux pour enfants, à des concentrations parfois très élevées (jusqu'à plusieurs centaines à environ Modèle:Nb) selon Turner et Filella (2020)<ref name=bPeinture2020>Modèle:Article</ref>.
Dans le verre et la céramique, Sb est présent sous forme de pigment, d'agent de collage, d'opacifiant ou de fixation ; il est largement présent dans les peintures-émaux jusqu'à des concentrations de 6 % ; jusqu'à plusieurs milliers de μg/g selon Turner et Filella (2020).
C'est ainsi un composant fréquent d'alliages notamment de métaux comme le plomb (dont il augmente la dureté) servant à la fabrication :
des batteries au plomb<ref>BRGM (2012), Panorama 2011 du marché de l'antimoine – Rapport public. Orléans, BRGM, Contract No.: RP -61342- FR.</ref> (qu'il durcit) ;
des alliages pour brasure plomb-antimoine-étain (environ 80 %, 15 % et 5 %) ;
des « plombs » des balles et grenailles de cartouches de guerre et de chasse ou de tir sportif, ce qui explique que des quantités significatives d'arsenic et d'antimoine (en plus du plomb) puissent être retrouvées comme polluant du sol d'anciens stands de tir ou champs de tir<ref>Kerstin Hockmann, Susan Tandy, Markus Lenz, René Reiser, Héctor M. Conesa, Martin Keller, Björn Studer, Rainer Schulin (2015), Antimony retention and release from drained and waterlogged shooting range soil under field conditions, Chemosphere, Modèle:Vol.134, septembre 2015, Modèle:P.536–543.</ref>, y compris sous des formes lixiviables contaminantes des eaux superficielles et/ou des nappes phréatiques<ref>Okkenhaug G, Gebhardt KAG, Amstaetter K, Bue HL, Herxel H, Almås ÅR, Cornelissen G, Breedveld GD, Rasmussen G et Mulder J (2016), Antimony (Sb) and lead (Pb) in contaminated shooting range soils: Sb and Pb mobility and immobilization by iron based sorbents, a field study, Journal of Hazardous Materials, 307:336-343.</ref>. Des taux d'antimoine de Modèle:Nb ont été relevés pour des taux de plomb variant de Modèle:Nb Pb/L dans l'eau interstitielle sur un site étudié par Okkenhaug Modèle:Et al. (2016) ;
le cuivre antimonié servait de monnaie autrefois en Chine et au Japon ; il fait partie des premiers alliages de cuivre utilisés au début de l'Âge du bronze car l'antimoine en augmentait la résistance ;
la poudre de Sb (ou de divers composés purifiés) donne un effet de scintillement aux feux d'artifice ;
Sous forme d'oxyde Sb2O3 : il diminue la propagation des flammes dans les matières plastiques<ref>NRC (2000) Toxicological Risks of Selected Flame -Retardant Chemicals | Washington, DC: National Research Council.</ref>. Il entre aussi dans la composition du PET comme résidu de catalyseur de la réaction de polymérisation<ref>admin.ch, Antimoine dans les denrées alimentaires et repas de commodité conditionnés en barquettes de PET, 23.08.2007. Consulté le 10 juin 2013.</ref>, devenant contaminant de l'eau pour sa part qui est désorbée du plastique des bouteilles (alors qu'il pourrait être remplacé par le dioxyde de titane (TiO2), comme les Japonais ont commencé à le faire)<ref name=toxiqueMythique2011/>.
Les composés d'antimoine entrent dans la composition de nombreuses glaçures. Le trifluorure d'antimoineModèle:Fchim est un agent décapant ou un agent fluorant, aussi utilisé en poterie/céramique.
Le beurre d'antimoine ou Modèle:Fchim est un produit intermédiaire de la chimie de l'antimoine. Cette base de Lewis sert pour élaborer des catalyseurs, des réactifs pour la synthèse de la vitamine A.
Le trisulfure Modèle:Fchim peut servir à former des pâtes pour allumage des allumettes. Il sert en pyrotechnie, ainsi que dans l'élaboration des verres rouges.
Utilisation médicale
Fichier:Emetic.pngStructure simplifiée du tartrate double de potassium et d'antimonyle. Une autre présentation de ce vomitif se trouve en :File:Emetic2.png
L'un de ses composés avait un usage cosmétique : stibine broyée pour élaborer le khôl.
Dans l'Antiquité, l'antimoine était utilisé comme vomitif ; des coupes ou récipients en alliages à base d'antimoine servaient à conserver du vin, dont certains composants réagissent avec l'antimoine pour former des corps toxiques à effet vomitif puissant. Ainsi, les riches fêtards romains pouvaient, après s'être fait vomir, continuer à engloutir des mets raffinés, servis par leurs esclaves. Cet usage abusif est passé dans la médecine gréco-romaine.Modèle:Article détaillé
Le Modèle:Date-, Louis XIV est victime d'une grave intoxication alimentaire lors de la prise de Bergues dans le Nord. Le lundi Modèle:Date-, il reçoit les derniers sacrements et on commence à préparer sa succession. Mais Modèle:Référence souhaitée, lui donne un émétique à base d'antimoine et de vin, qui le guérit « miraculeusement ». Le Parlement de Paris finit alors, en 1666, par ré-autoriser l'usage de l'antimoine à des fins médicales<ref name=bourzat/>.
En pharmacie, il existe des pommades stibiées censées atténuer la douleur.
Production et commerce
Minerais d'antimoine et traitements directs
Les principaux minerais d'antimoine sont par ordre la stibine Modèle:Fchim présents en filons massifs (peut-être plus de Modèle:Unité/2 de la production directe), la valentinite Modèle:Fchim autrefois en Algérie), l'(oxy)hydroxyde d'antimoine Modèle:Fchim. L'exploitation des autres Modèle:Page h' ou hydroxydes d'antimoine est encore plus rare.
En 1990, les principaux pays extracteurs de minerais d'antimoine sont la Chine, la Russie, l'Afrique du Sud, la Bolivie, le Mexique, le Canada et l'Australie.
Les minerais principalement à base de stibine, mais aussi de quartz ou d'autres reliquats rocheux sont concassés, enrichis par flottation, puis fondus vers Modèle:Tmp. Une masse grise s'écoule au fond du creuset car la stibine ou trisulfure d'antimoine est facilement fusible. Elle cristallise ensuite en aiguilles cristallines, cette masse est dénommée « antimoine cru ».
Le métal est ensuite obtenu par grillage des sulfures et/ou par réduction via le monoxyde de carbone, opérations perfectionnées par les fondeurs français à la Belle Époque.
Donnons d'abord la réaction exothermique de grillage au four tournant :
2 Modèle:Fchimsolide cristal en aiguilles + 9 O2gaz (de l'air) → 2 Modèle:Fchimpoudre solide + 6 SO2gaz anhydride sulfureux avec <math>\Delta H</math> = Modèle:Nb.
Elle est suivie par la réduction par le charbon de bois (charbon actif) qui s'opère dans un four de fusion, c'est-à-dire un four à montée de chauffe rapide. Voilà la réaction globale :
2Modèle:Fchimsolide cristal pulvérulent + 3 C charbon de bois → 4 Sb dépôt en rhomboèdres + 3 CO2gaz anhydride carbonique.
Donnons enfin la réaction de grillage dans un four à fosse.
2 Modèle:Fchimsolide cristal pulvérulent + Modèle:Fchimsolide cristal en aiguilles → 6 Sb dépôt en rhomboèdres + 3 SO2gaz anhydride sulfureux.
Le raffinage de l'antimoine est typique de celui des semi-métaux. Il peut s'effectuer par sublimation ou par fusion de zone.
Production industrielle actuelle
C'est le plus souvent un sous-produit du raffinage ou de la métallurgie du plomb, du cuivre et de l'argent. Mais une partie non négligeable de l'antimoine peut également être récupérée au cours du traitement des ordures.
En 2016, la France est importatrice nette d’antimoine, d'après les douanes françaises. Le prix moyen à la tonne à l'import est de Modèle:Euro<ref>Modèle:Lien web</ref>.
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