J'irai cracher sur vos tombes

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Livre

J'irai cracher sur vos tombes est un roman noir de Boris Vian, publié sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, paru pour la première fois en 1946 aux éditions du Scorpion. Ce roman, comme plusieurs autres, a d'abord été édité sous le nom de « Vernon Sullivan », dont Vian se présentait comme le traducteur.

L'histoire, comme les autres écrits de Vian sous le pseudonyme de Sullivan, se déroule dans le Sud des États-Unis. Elle met en scène la vengeance d'un métis à la suite du lynchage de son frère, pour dénoncer le racisme dont sont victimes les Noirs américains dans leur vie quotidienne face aux Blancs.

Résumé

Lee Anderson, un homme né d'une mère mulâtre, et qui a la peau blanche et les cheveux blondsModèle:Sfn, quitte sa ville natale après la mort de son frère noir, lynché parce qu'il était amoureux d'une blanche.

Arrivé dans cette autre ville, Lee, qui a Modèle:Citation (se revendiquer blanc), devient libraire et entre dans la petite bande locale de jeunes en manque d'alcool et sexuellement très actifs. Son but est de venger la mort de son frère. Il choisira de le faire en tuant deux jeunes Blanches de la bourgeoisie locale (« deux pour un »).

Analyse

Loin du style des romans signés « Boris Vian », Modèle:Refnec et le plus représentatif de la série « Vernon Sullivan ». Vian y dénonce le racisme ambiant et la condition précaire des Noirs dans le Sud des États-Unis. La sexualité, violente, y est très présente. Boris Vian s'en explique en 1959 dans une émission de radio, où est évoquée avec Jean Dutourd sous forme de plaisanterie l'affadissement progressif de cet aspect dans l'adaptation théâtrale de 1948, puis dans le film à paraître. C'est la sexualité qui permet l'existence du personnage central, qui est métis. Et c'est la sexualité qui permet de transgresser ou menace les frontières imposées par le ségrégationnisme, et génère les lynchages, à l'image de celui d'Emmett Till, ainsi que le fil conducteur de la vengeance : Modèle:Citation bloc

Selon Michel Rybalka, cette thématique de la vengeance fait écho à des enjeux plus personnels, Modèle:Citation bloc

Pour Mounia Benalil, Modèle:Citation bloc

En 1949, le livre, considéré comme pornographique et immoral, est interdit et son auteur, condamné pour outrage aux bonnes mœurs.

Genèse et accueil

Au début de l'été 1946, Vian fait la connaissance d'un jeune éditeur, Jean d'Halluin, qui cherche à publier des ouvrages à grande diffusion pour lancer les éditions du Scorpion qu'il vient de créer, en particulier des imitations des romans américains alors en vogueModèle:Sfn. D'Halluin demande à Vian, un ami de son frère Georges qui jouait dans le même orchestre que BorisModèle:Sfn, de lui faire un livre dans le genre de Tropique du Cancer d'Henry Miller, qui plaît beaucoup. Le projet est conçu par l'auteur et l'éditeur comme le Modèle:Citation un Modèle:Lang dans une période de deux semaines, c'est-à-dire un roman qui serait à la fois une bonne opération commerciale et un Modèle:Citation dans la tradition du roman noir américainModèle:Sfn. Selon Alfred Cismaru, Vian se serait à l'origine proposé d'écrire le livre en dix jours<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Selon Philippe Boggio, Modèle:Citation.

Les critiques divergent dans leur appréciation du choix d'un pseudonyme : Michel Rybalka y voit un besoin d'argent<ref name="Rybalka">Modèle:Chapitre.</ref> ; Modèle:Lien, un Modèle:CitationModèle:Sfn ; Marc Lapprand, des Modèle:Citation qui Modèle:Citation des Modèle:Citation de Vian, mais Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En quinze jours de vacances, en effet, du 5 au Modèle:Date-, Vian s'amuse à imiter la manière des romans noirs américainsModèle:Sfn, avec des scènes érotiques dont il dit qu'elles Modèle:Citation. Le titre initialement envisagé par Vian est J'irai danser sur vos tombes, le titre définitif ayant été suggéré par Michelle<ref name="Dupuis" />.

En raison de sa composante érotique, le livre, présenté par d'Halluin dans des encarts publicitaires comme le Modèle:Citation, va devenir le Modèle:Lang de 1947 en France<ref name="Pfitzner">Modèle:Article.</ref>. Le tirage sera de Modèle:Unité en un peu plus de deux ans<ref name="Contat">Modèle:Article.</ref> ou Modèle:Unité<ref name="Dupuis">Modèle:Article.</ref> selon les sources.

L'auteur est censé être un Noir américain nommé Vernon SullivanModèle:Note que Boris ne fait que traduire. Le titre original du roman est censé être Modèle:Lang. D'Halluin est enthousiasteModèle:Sfn. Vian, en introduction du livre, prétend avoir rencontré le véritable Vernon Sullivan et reçu son manuscrit de ses mainsModèle:Sfn. Il y voit des influences littéraires de James Cain, il met en garde contre la gêne que peuvent occasionner certaines scènes violentes. Jean d'Halluin a même prévu de publier des « bonnes feuilles » dans Franc-Tireur. Tous deux espèrent un succès sans précédent.

À la parution du roman le Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, les premières critiques indignées leur donnent l'espoir que le scandale sera égal à celui soulevé par la publication du roman de Miller, et la critique du roman par Les Lettres françaises, qui le traite de « bassement pornographique », fait, selon Philippe Boggio monter les enchèresModèle:Sfn.

Selon Fabio Regattin, au contraire, l'ouvrage, au début Modèle:Citation

Mais il leur faut bien vite déchanter lorsque France Dimanche et l'hebdomadaire L'Époque réclament des poursuites pénales identiques à celles qu'a connues Henry MillerModèle:Sfn. Par ailleurs, on annonce la parution d'un deuxième Vernon Sullivan. Mais déjà, Jean Rostand, l'ami de toujours, se déclare déçu. Boris a beau se défendre d'être l'auteur du livre, un certain climat de suspicion règne chez Gallimard, qui refuse du même coup L'Automne à Pékin. Selon Philippe Boggio, seul Queneau a deviné qui était l'auteur et trouvé le canular très drôleModèle:Sfn.

Le sort fait à Henry Miller touche aussi Boris Vian, qui est attaqué en justice le Modèle:Date- par le « Cartel d'action sociale et morale » (successeur de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique) dirigé par l'architecte protestant Daniel ParkerModèle:Sfn. La plainte s'appuie sur le [[Code de l'action sociale et des familles|décret-loi du Modèle:Date- relatif à la famille]] pour taxer ce Modèle:Citation d'incitation à la débauche. Vian risque deux ans de prison et Modèle:Nombre d'amende<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ce même mois, Vian écrit un second Sullivan, Les morts ont tous la même peau qui paraît en 1948 et dont le héros, trois fois assassin, porte le nom de Dan Parker<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le scandale s'aggrave lorsque l'auteur est accusé d'être un « assassin par procuration » ; en effet, en Modèle:Date-, la presse rapporte un fait divers sensationnel : un homme a assassiné sa maîtresse en laissant un exemplaire annoté de J'irai cracher sur vos tombes au chevet du cadavreModèle:Sfn. Boris doit prouver qu'il n'est pas Vernon Sullivan et, pour cela, il rédige en hâte un texte en anglais qui est censé être la version originale. Il est aidé dans ce travail par Milton Rosenthal, un journaliste des Temps modernesModèle:Sfn. Ce texte sera publié en Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En Modèle:Date-, le tribunal suspend les poursuites. Une édition illustrée par Jean Boullet est publiée la même année. En Modèle:Date-, après la loi d'amnistie de 1947, Boris Vian reconnaît officiellement être l'auteur de J'irai cracher sur vos tombes sur les conseils d'un juge d'instruction, pensant être libéré de tout tracas judiciaire. C'est sans compter sur Daniel Parker et son « cartel moral », qui attendait la traduction en anglais de l'ouvrage et le deuxième tirage de la version en français pour relancer cette procédure. Cette fois, en 1949, le livre de Boris est interdit. Entre-temps, le romancier a vendu plus de Modèle:Unité de son œuvre, ce qui lui a rapporté Modèle:Nombre de l'époque (10 % de droits en tant qu'auteur, 5 % en tant que traducteur), si bien que le fisc lui réclame des indemnités faramineuses qu'il ne peut payer, l'obligeant à laisser saisir les reliquats de droits du romanModèle:Sfn.

L'histoire complète du livre, de la pièce de théâtre et du film est contée par Noël Arnaud dans Le Dossier de l'affaire “J'irai cracher sur vos tombes”, publié en 1974Modèle:Sfn et réédité en 2006 chez Christian Bourgois.

Adaptations

Au théâtre

Au cinéma

En bande-dessinée

Dans la fiction

Laurent Chevalier consulte cet ouvrage dans le film Le Souffle au cœur.

Notes et références

Modèle:Crédit d'auteurs

Notes

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Références

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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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