Mulâtre

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Enfant mulâtre avec sa mère espagnole et son père noir en Nouvelle-Espagne, par le peintre espagnol Miguel Cabrera (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle).

Un mulâtre (féminin mulâtresse) est une personne métisse née d'un parent noir et d'un parent blanc<ref>Rubrique mulâtre, mulâtresse, CNRTL : Modèle:Citation.</ref>.

Étymologie et usage

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Juan de Pareja (ici peint par Diego Velázquez, 1650), né esclave en Espagne, était le fils d'une Africaine et d'un Espagnol.

Le terme mulâtre, emprunté au portugais Modèle:Langue (mulet)<ref name="Rey" />, est apparu en 1544 en français dans l'ouvrage de Jean Fonteneau La Cosmographie avec l’espère et régime du soleil du nord dans le sens général de métis. Ce n'est qu'en 1604 chez François Martin de Vitré<ref>Description du premier voyage faict aux Indes Orientales par les François en l'an 1603, Modèle:P. et ibid, par François Martin, de Vitré.</ref> que le substantif prend son acception actuelle : « Il y a quelques mulastres ou mestis c'est-à-dire personnes issus d'hommes blancs et de femmes noires »<ref>Etymologie de mulâtre, C.N.R.T.L..</ref>.

Le terme mulato ou mulata est utilisé en portugais pour désigner des métis. Au Brésil, la mulata est encensée durant le carnaval, notamment dans des chansons spécifiques (Modèle:Portugais)<ref>Carnaval de Rio, p. 182 de Walnice Nogueira Galvão.</ref>.

Muladi est une des origines possibles du terme espagnol et portugais mulato. Selon le dictionnaire de l'Académie royale espagnole, muladi signifie « l'Espagnol chrétien qui, pendant la domination islamique en Espagne, a embrassé l'Islam et a vécu parmi les musulmans »<ref>Modèle:Lien web.</ref>, tandis que Bernards et Nawas disent que la forme plurielle du mot semble être restreinte à Al-Andalus, presque exclusivement aux régions de Mérida, Grenade, Séville et Jaén.

Les mots espagnols, portugais et catalans sont dérivés eux-mêmes du terme arabe muwallad dont le sens fondamental est « personne d'ascendance mixte », en particulier un descendant de père arabe et de mère non-arabe, qui a grandi sous l'influence d'une société arabe et a été instruit dans la culture islamique, ou bien des hommes musulmans et des femmes étrangères non musulmanes. Muladi est la forme espagnole du terme muwalladun, désignant les musulmans de langue arabe d'origine hispanique qui se sont rebellés pour l'égalité des Hispaniques et contre la domination arabe. Selon Dozy, Muwallad signifie « quiconque, sans être d'origine musulmane, naît parmi les musulmans et a été élevé comme un Arabe »<ref>Modèle:Article.</ref>. Le mot, selon lui, n'implique pas nécessairement d'ascendance arabe, qu'elle soit paternelle ou maternelle.

Muwallad dérive de la racine WalaD (ولد). Walad signifie « descendant, fils, garçon, jeune animal (mâle), jeune homme ». Muwallad renvoie à la progéniture. Le terme muwalladin est parfois utilisé en arabe encore aujourd'hui pour décrire les enfants de pères musulmans et de mères étrangères<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les dictionnaires français Hachette et Larousse indiquent le terme comme « vieilli »<ref>Définition du dictionnaire Larousse.</ref>. L’étymologie faisant référence au mulet peut être considérée comme peu honorable, mais l'usage du terme a été adopté, avec fierté, par ceux qui se réclament de cette communauté. Elle a d'ailleurs pu avoir le caractère d'une caste. Selon Alain Rey, le terme « mulâtresse » est, lui, considéré comme dépréciatif<ref name="Rey">Alain Rey, Dictionnaire historique la langue française, Le Robert, 2011, Modèle:P..</ref>.

Contexte historique du terme

Aux Antilles et dans les Mascareignes, la désignation des personnes selon leur couleur a une importance historique. Elle est due à une représentation de la hiérarchie sociale. Plus les personnes étaient d'ascendance européenne, plus elles étaient supposées riches et puissantes. Initialement les colons étaient des nobles, et le roi de France, Louis XIV, ne permettait pas la transmission du titre au travers du mariage avec des Africains d'origine. Il faut rappeler que ce titre conférait une fonction d'autorité sur des Français<ref>Le terme désigne étymologiquement Ceux qui ont été affranchis, c'est-à-dire rendus Francs ou libres de toutes charges. Ce n'est qu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que l'esclavage et le servage disparaissent en Europe. C'est l'ordonnance de Louis X le Hutin qui en est le premier symbole. En 1315 il affranchit tous les serfs du domaine royal, et proclame selon le droit de nature, chacun doit naître franc. Cité par Adolphe Chéruel (1809-1891) dans le Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de la France, Paris, 1899.</ref>, et souvent un territoire associé en métropole.

Par ailleurs, il faut rappeler que les premiers mulâtres sont apparus avant l'économie de plantation et la traite des esclaves. Ils étaient les enfants d'européens et d'esclaves africaines des débuts de la traite occidentale qui débuta en 1441 par la déportation de captifs africains vers la péninsule ibérique<ref>Gomes Eanes De Zurara, Chronique de Guinée, éd. IFAN, Dakar, 1960.</ref> ainsi que de flibustiers et boucaniers.

Une « caste » de mulâtres a émergé et s'est développée économiquement, une aisance leur ouvrant un accès à l'éducation ; c'est-à-dire aux professions intellectuelles. La défense de leur couleur était implicitement associée à leurs privilèges, et leur patrimoine. Ce qui les a conduit, à l’imitation des békés, à restreindre les mariages avec des personnes d'ascendance africaine, dont la couleur est implicitement associée à la pauvreté héritée de leur condition d'esclave, puisque ces personnes n'ont plus de patrimoine, initialement saisi par les noblesses africaines qui ont vendu leurs ancêtres<ref>Lawoetey-Pierre Ajavon dans Traite et Esclavage des Noirs : Quelle responsabilité Africaine ?, Éditeur : Éditions Anibwe (Modèle:1er juin 2010), Modèle:ISBN.</ref> pour participer au commerce triangulaire lancé par les colons<ref>Olivier Pétré-Grenouilleau dans Les Traites négrières: Essai d'histoire globale, Éditeur : Folio (16 novembre 2006), Modèle:ISBN (résumé).</ref>.

En opposition avec ces comportements discriminatoires et ces inégalités, le mariage d'une personne d'ascendance africaine avec un béké ou un mulâtre était à la fois une ascension sociale et une remise en cause de l'ordre établi. Il s'est ajouté, notamment aux Mascareignes, l'arrivée d'une immigration asiatique. Une partie d'entre elle a été intégrée aux mulâtres. Contrairement aux États-Unis, les métissages n'ont jamais été interdits dans les colonies des pays (catholiques) d'Europe continentaleModèle:Refnec,<ref>Il y a l'exception de la seconde version du Code Noir en 1724, signée par Louis XV alors qu'il a 14 ans, et qu'il est sous l'influence du Duc de Bourbon. La validité juridique de ce texte destiné à la Louisiane est discutée.</ref>.

Les nuances de métissage

D'après le Dictionnaire universel, Panthéon historique, littéraire et encyclopédie illustrée (1852) :Modèle:Citation bloc

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La population métisse, comme la population blanche, s'est approprié ces classifications par nuance de couleur et il en reste des traces dans le langage, notamment aux Antilles françaises. D'autres termes antillais existent, et sont plus ou moins usités. Certains sont péjoratifs comme chapé coolie qui désigne les métis indiens, d'autres restent plus affectifs comme chabin (féminin: chabine) et désignent les métis à la peau claire (ou avec des yeux ou cheveux clairs). L'hybride issu du mouton et de la chèvre est aussi nommé chabin, chabine.

Chaque teinte entre le noir et le blanc a eu son qualificatif. Dans les Antilles françaises, en Espagne, au Portugal, au Brésil et dans le sud des États-Unis comme dans plusieurs autres pays, l'importance de l'origine raciale ne s'arrêtait pas à la première génération. Une classification raciste selon la part de « sang noir » s'est mise en place, ainsi traditionnellement :

  • Un enfant issu d'une union noir-blanc est un mulâtre (mulâtresse)
  • Un enfant issu d'une union mulâtre-blanc est un quarteron (quarteronne)
  • Un enfant issu d'une union quarteron-blanc est un octavon (octavonne)
  • Un enfant issu d'une union mulâtre-noir est un câpre (câpresse) ou un griffe (griffonne)

Le terme quarteron signifie que l'individu a un quart de sang noir et octavon qu'il en a un huitième (les qualificatifs ont par exemple été utilisés concernant Alexandre Dumas père et fils)<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En langue anglaise, la division ne s'arrêtait pas à octoroon (l'équivalent d'octavon), on avait donc ensuite le quintroon (c’est-à-dire la cinquième génération à partir de l'ancêtre noir), nettement plus fréquent que son synonyme hexadecaroon (qui signifie que l'individu a un seizième de sang noir). Ces derniers qualificatifs ont probablement été très peu utilisés car à ce niveau les individus n'ont plus aucune caractéristique les différenciant des blancs.

Antilles françaises

Dans les Antilles françaises, à Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti), en Guadeloupe et en Martinique, la systématisation et la radicalisation de l’emploi des nuances de métissage dans les registres paroissiaux arrivent après la Guerre de Sept Ans (1756-1763). Le terme mulâtre désigne alors précisément une personne ayant un parent blanc et un parent noir. Les termes suivants étaient utilisés dans les registres paroissiaux puis dans les actes d'état civil<ref>Frédéric Regent, Esclavage, métissage et liberté, Grasset, 2004, p.14</ref>,<ref>Gérard Etienne, François Soeler, La femme noire dans le discours littéraire haïtien: éléments d'anthroposémiologie, Balzac-Le Griot, 1998, p. 27.</ref>,<ref>Regent Frédéric, « Structures familiales et stratégies matrimoniales des libres de couleur en Guadeloupe au XVIIIe siècle », Annales de démographie historique 2/2011 (n° 122) , p. 69-98.</ref>:

Proportion d'ancêtres noirs Saint-Domingue Guadeloupe/Martinique
7/8 Sacatra -
3/4 Griffe Capre
5/8 Marabou -
1/2 Mulâtre Mulâtre
1/4 Quarteron Métis
1/8 Métis Quarteron
1/16 Mamelouk Mamelouk
1/32 Quarteronné -
1/64 Sang-mêlé -

À noter qu'en Martinique et en Guadeloupe, le terme de Quarteron ne désigne pas une personne ayant 1/4 de « sang noir » comme dans la partie française de Saint-Domingue, mais l’individu provenant d’un Blanc et d’une métisse et qui a donc 1/8 de « sang noir ». Ainsi, les différences fondamentales entre la partie française de Saint-Domingue et la Martinique et la Guadeloupe viennent principalement des termes métis et quarteron dont la signification est inversée.

Statut social du mulâtre

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Juan de Pareja, né d'un père espagnol et d'une mère esclave noire, peint par Velasquez (1650).
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La Rédemption de Cham de Modesto Brocos (1895), illustrant l'éclaircissement du lignage familial au fil des générations.

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Le mulâtre jouissait jusqu’au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans les Antilles et en Amérique latine (également dans le sud des États-Unis) du prestige du sang blanc et de la force noire (chaque nuance de couleur correspondait dans l'imaginaire collectif à une valeur et à un statut social). En même temps le mulâtre suscitait, à cause de sa position, un sentiment de haine et d’agacement aussi bien chez les blancs que chez les noirs, certains préférant être employés par un blanc raciste que par un mulâtre.

Chaque famille (noire) avait pour ambition « d'éclaircir son sang », génération après génération, car cela signifiait à terme échapper à la condition pauvre et à l'esclavage (s'affranchir par une couleur libre). Sous certaines conditions, l'enfant mulâtre pouvait être affranchi, mais dans d'autres cas et dans des colonies autres que françaises même les octavons pouvaient rester esclaves.

C'est pourquoi certains mulâtres furent adeptes de l’éclaircissement du lignage familial et évitaient au maximum le contact avec les noirs, en se mêlant si possible aux blancs (ou supposés blancs). Ceci a été longtemps le cas au Brésil même après l’abolition de l’esclavage, c’est ce qu'on a appelé le branqueamento. Les noirs, les métis ou les indiens recherchant systématiquement une femme plus claire.

Du point de vue légal, le statut des mulâtres était variable : selon la disposition IX de 1685 du code noir ceux issus d'un père blanc naissaient libres : Modèle:Citation (et de même « si le mari esclave a épousé une femme libre, les enfants tant mâles que filles suivent la condition de leur mère »). De ce fait ils étaient inscrits à l'état civil, avec toutes les conséquences sur la capacité à agir et disposer de propriétés. Mais l'article 13 de ce même code précise que, dans le cas où le père serait déjà marié, « si le père est libre et la mère esclave, les enfants soient esclaves pareillement ».

Notes et références

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Voir aussi

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Articles connexes

Lien externe

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