Traites négrières

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
Fichier:Marché aux esclaves de Zanzibar.JPG
Captifs sur le marché aux esclaves de Zanzibar un des hauts lieux de la traite orientale, deuxième tiers du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

Le terme « traite négrière », ou « traite des nègres » ou « traite des noirs », désigne le commerce d'esclaves noirs déportés d'Afrique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> durant près de treize siècles, phénomène historique en raison des dizaines de millions de victimes déportées d'un continent à l'autre.

Trois types de traite négrière ont abouti à la déportation de plusieurs millions de personnes, selon des estimations parfois contestées, et concernent des périodes de longueur très différentes. La traite orientale, dont la traite arabe était la composante principale (Modèle:Nobr de déportés, sur 13 siècles<ref name="1990_Patrick_MANNING" />), la traite intra-africaine (Modèle:Nobr de déportés<ref name="1990_Patrick_MANNING" />,<ref>Mémoire de la traite négrière, Marcel Dorigny, www.monde-diplomatique.fr, novembre 2007.</ref>), et la traite atlantique (Modèle:Nobr de déportés, dont Modèle:Pourcentage sur Modèle:Nobr<ref name="1990_Patrick_MANNING" />, principalement au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=":2">Modèle:Ouvrage.</ref>). La traite orientale et la traite intra-africaine ont eu leur apogée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=":2" />.

Le Portugal, les Pays-Bas, l'Angleterre et le Danemark, pays où l'esclavage décline depuis les années 1760-1770, sont les premiers à connaître un mouvement abolitionniste, qui vise d'abord les négriers, dans l'espoir d'assécher progressivement l'esclavage, avec l'espoir qu'une hausse du prix des captifs oblige certains planteurs à moins les brutaliser, d'autres à les vendre ou compter sur des naissances dans les plantations.

Le Portugal est le premier pays à abolir la traite et l'esclavage, en 1761. En Angleterre, l'abolition est réclamée par une pétition au Parlement de 1783<ref name="pinfold">Modèle:Chapitre.</ref>,<ref name="+1">Modèle:Harvsp.</ref>, soutenue par Charles Middleton, chef suprême de la Royal Navy, puis d'autres, au nombre de 519, [[Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni#Mobilisation parlementaire et interdiction de la traite (1807)|totalisent Modèle:Nombre en 1792]].

La Révolution française abolit aussi la traite et l'esclavage, par le Décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794, mais Napoléon les rétablit en 1802-1803. En 1807, le Parlement britannique vote l'abolition de la traite atlantique, dont les flux chutent après le droit de visite des navires étrangers, imposé par les Britanniques à partir de 1815, grâce à la domination des mers de la Royal Navy. Napoléon abolira à son tour la traite des Noirs en 1815, et la Deuxième République abolira l'esclavage sur tous les territoires français, par le décret du 27 avril 1848.

Cependant la traite orientale, principalement arabe, ainsi que la traite intra-africaine, ininterrompues depuis de nombreux siècles, vont perdurer. L'esclavage sera aboli par les Européens dans ces régions, avec l'interdiction de ces dernières traites, au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, et au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

Définitions, étymologie et historiographie

Le mot « traite » vient du verbe latin « Modèle:Lang » signifiant échanger<ref>Dictionnaire Nouveau Petit Larousse 1958 Modèle:Nobr.</ref>. L’historien Joseph Miller a donc appelé les années 1500-1800 la période « en extraction » de l’histoire de la traite des Noirs<ref>Christopher L. Miller, « The French Atlantic Triangle: Literature and Culture of the Slave Trade » (Durham : Duke University Press, 2008), Miller, 11.</ref> et a observé que la relation était loin d’être égale<ref>Miller, 12.</ref>.

Selon le statut de Rome de la cour pénale internationale, Modèle:Citation<ref>statut de Rome de la Cour Pénale Internationale : art. 7, al.2, c), Cour Pénale Internationale, consulté le Modèle:Date-.</ref>.

Les historiens anglophones parlent de slave trade (« commerce d'esclaves ») mais Serge Daget rappelle que bon nombre d'entre eux étaient nés libres<ref>Dictionnaire de l'Académie française, Modèle:8e, 1932-1935. : « la traite des noirs est le trafic consistant à échanger des marchandises contre des noirs africains ou à les acheter pour les employer ou les revendre en qualité d'esclaves », Le Trésor de la langue française informatisé.</ref>. Pour d'autres historiens, la captivité imposée pendant le voyage en fait des esclaves.

Les deux traites occidentales, en droiture et triangulaire

Le Commerce triangulaire n'est qu'une forme de traite parmi d'autres, qui diffère de celle "en droiture". Il a surtout pris de l'ampleur au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. L'historien Olivier Pétré-Grenouilleau estime « traite négrière » plus adaptée<ref>Modèle:Harvsp.</ref> que celle de Commerce triangulaire car faisant référence aux « négriers ».

La majorité des navires commerçant avec les colonies ne pratiquent pas la traite négrière, mais le commerce en droiture<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, qui domine aux deux tiers le commerce triangulaire, plus tardif<ref name="Vindt"/>: le navire achemine les aliments, tissus et outils nécessaires au fonctionnement des colonies et revient chargé de denrées coloniales (coton, sucre, cacao, café, indigo). Cet aller-retour direct entre la métropole et la colonie est moins risqué car évitant le long détour par l'Afrique, qui mobilise plus de capitaux.

Fichier:Cauris et perles échangés contre des esclaves-Musée d'Aquitaine.jpg
Exemples de "pacotille" échangée contre des esclaves en Afrique : Cauris des îles Marquises et perles de Murano. Un captif pouvait valoir entre 8 000 (1724) et 80 000 cauris (1748) selon la demande.

Dans le commerce triangulaire, les navires négriers partent de l'Europe les cales pleines de verres, miroirs, tissus, armes à feu, barres de fer, lingots de plomb, troqués contre des captifs. Les navires mettaient ensuite le cap sur l'Amérique du Sud, les Caraïbes ou l'Amérique du Nord, où les esclaves étaient vendus contre des lettres de change ou des matières premières : sucre, puis coton et café ensuite ramenées en Europe. À partir des années 1680, Anglais, Français et Danois font concurrence aux Portugais, ce qui fait monter le prix des esclaves en Afrique, relançant les guerres tribales.

Critères selon Grenouilleau

Pour qu'il y ait traite négrière, selon l’historien Olivier Pétré Grenouilleau, il faut que les six éléments suivants soient combinés<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

  • les victimes sont des Noirs ;
  • les réseaux d’approvisionnement sont organisés et intégrés ;
  • les populations esclaves ne peuvent se maintenir de manière naturelle (natalité/décès) ;
  • le lieu de la capture et celui de la servitude sont éloignés l’un de l’autre ;
  • la traite<ref>On dit traite des esclaves, de la gomme ou du sucre, lorsqu'on échange des marchandises de traite contre des produits connus, à des prix à peu près stables et lorsqu'on engage des capitaux importants en vue de bénéfices prévisibles dans la mesure où les risques appréciables — tempêtes, maladies, révoltes d'esclaves, piraterie — ne les réduisent pas, Henri Brunschwig, « La troque et la traite », Cahiers d’Études africaines, année 1962, Modèle:Vol.2, Modèle:N°7, Modèle:P.340.</ref> correspond à un échange commercial entre producteurs et acheteurs et l’esclave est donc considéré comme une marchandise;
  • des entités politiques approuvent ce commerce et en retirent un bénéfice financier.

Le différend historiographique de 1969, Curtin contre Dunbar

Jusqu'au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les historiens ont pris en compte les chiffres sur le commerce des esclaves estimés dans son livre de 1860, de Modèle:Nobr, publié sous le titre « The Mexican papers », dont une partie a été traduite le Modèle:Date- dans la « Revue des deux mondes »<ref>Edward Ely Dunbar J. A. H. Hasbrouck & Company, printers, 1860 [1].</ref> puis republiée en 1863<ref>"History of the Rise and Decline of Commercial Slavery in America" par Edward Ely Dunbar, Carlton Publisher, 1863 [2].</ref>, par Edward Ely Dunbar (1812-1871)<ref>Tombe d'Edward Ely Dunbar [3].</ref> abolitionniste américain et se basant sur des connaissances encore partielles sur la répression de la traite au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>""The Mexican papers", 1863[4].</ref>. Ces chiffres avaient été retravaillés en 1936 par l'économiste allemand Robert René Kuczynski, qui les a lui-même hérités de l'écrivain américain W. E. B. Du Bois, les publiant dans « The Negro ». Ces chiffres sont ensuite contestés par de nouveaux ouvrages, comme le livre de Modèle:Lien en 1969<ref>"The Atlantic Slave Trade: A Census", en 1969.</ref> proposant de « nouveaux » chiffres<ref name=unescotraite/>, mais lui-même contesté pour ne se référer à aucune source nouvelle<ref name=unescotraite/>. Dans « The Atlantic Slave Trade: A Census », il critique le fait que le chiffre de Modèle:Nobr de déportés soit une extrapolation à partir de dossiers désormais perdus concernant la Jamaïque<ref>"Philip Curtin, 87, Scholar of Slave Trade, Is Dead", par William Grimes, nécrologie dans le New York Times Modèle:Date- [5].</ref>. Dans une démarche historiographique, il montre aussi le lien entre les chiffres d'Edward Ely Dunbar et ceux de W. E. B. Du Bois et Robert René Kuczynski<ref name="adu">"L'Afrique sous domination coloniale, 1880-1935" par Albert Adu Boahen UNESCO, 1987 [6].</ref>.

Le chiffre de Modèle:Nobr d'esclaves estimé par Curtin, est souvent considéré comme le strict minimum pour ce qui est du trafic atlantique et n'inclut pas celui passant par l'océan Indien, autre traite marquée par la participation de l'Europe, dont l'ordre de grandeur est jugé encore plus difficile à estimer<ref name=unescotraite/>.

Les travaux de l'historien Patrick Manning dès 1969

Dans les années 1960, l'universitaire Patrick Manning observe que l’Afrique du Nord et l’Arabie furent au cours du premier millénaire les principales destinations des migrants subsahariens<ref name=Dufoix/> et lance des recherches audacieuses, estimant qu'elle fut sous-évaluée.

En 1969, il soutient sa thèse sur l’histoire économique du Dahomey entre 1880 et 1914, sous la direction de Philip Curtin<ref name=Dufoix/>, qui publie cette année-là The Atlantic Slave Trade<ref name=Dufoix/>. Au cours des années 1970, Manning se tourne vers des analyses démographiques de la traite à partir des terrains qu’il connaît, le golfe du Bénin, pour tenter d’affiner les données disponibles sur le nombre de personnes qui y ont été asservies ou déportées<ref name=Dufoix/>. Il constate que les débats sur la diaspora africaine ont régulièrement grandi en importance depuis les années 1960<ref name=Dufoix/>. Grâce à des programmes de simulation développés avec un collègue mathématicien, il estime en 1981 que la mortalité due à l’esclavage a entraîné un déclin démographique<ref name=Dufoix/>. Deux ouvrages synthétisent ces recherches : Francophone Sub-Saharan Africa (1988) et Slavery and African Life (1990)<ref name=Dufoix/>. Mais l'étude de la traite n'est rapidement pour lui qu'un palier vers l’histoire migratoire<ref name=Dufoix/>, plus large, qui peut la faciliter, car il constate, à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, des Modèle:Citation<ref name=Dufoix/> et un Modèle:Citation<ref name=Dufoix/>.

Obliquant vers l'histoire migratoire en 1983, Patrick Manning élabore à Bryn Mawr College un projet de cours « Histoire de trois mondes (Afrique, Europe, Amérique) »<ref name=Dufoix/>, puis un an plus tard déménage à Northeastern University<ref name=Dufoix/>, où il le reprend. Au même moment, le Zimbabwéen Robin Cohen publie en 1995 une grande synthèse sur la migration mondiale<ref name=Dufoix/>, puis en 1997 un livre sur les diasporas mondiales<ref name=Dufoix/>, remarqué par Patrick Manning, qui s'aperçoit que les études sur chaque diaspora ont eu tendance à Modèle:Citation<ref name=Dufoix/>, offrant un potentiel de connexion.

En 2005, Patrick Manning publie Migration in World History, reprenant ses travaux sur l'histoire mondiale<ref name=Dufoix/>, dont deux chapitres entiers traitent de la dispersion de l’humanité à partir de l’Afrique sur très longue durée<ref name=Dufoix/>. Puis en 2009 c'est une étude de la « diaspora africaine », cette fois resserrée à une période qui ne débute qu’en 1400<ref name=Dufoix/>, qu'il décrit comme un ensemble de communautés en provenance d’Afrique subsaharienne, sur le continent comme ailleurs sur la planète<ref name=Dufoix/>, et qu'il segmente en plusieurs « régions »<ref name=Dufoix/>, en développant le concept de « maillage africain », réseau d’intercommunications locales permettant l’échange culturel<ref name=Dufoix/>.

Liens et comparaison contestée entre les traites négrières

Les trois traites négrières ont des liens : la traite atlantique, lorsqu'elle a gagné en importance au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, a causé une forte croissance de la traite interafricaine, à qui les Européens sous-traitent des rafles, razzias et expéditions qu'ils réalisaient eux-mêmes au siècle précédent. Les victimes sont alors comptabilisées dans chacune des deux traites. Pour la même raison, la traite interafricaine est aussi liée à la traite arabe. Jusqu'en 2004, les historiens ne comparaient pas et n'ajoutaient pas les estimations des différentes traites, en raison de périodes de longueur très différentes et de ces doublons.

En Modèle:Date-, historien français Olivier Grenouilleau est le premier à faire une comparaison chiffrée des trois types de traite négrière<ref>Les traites négrières, par Olivier Grenouilleau.</ref>, la traite orientale, la traite atlantique et la traite intra-africaine<ref>Traites négrières, esclavage : les faits historiques Jérôme Gautheret, Le Monde, Modèle:Date-.</ref>, en publiant une compilation bibliographique d'autres auteurs, récompensée par un prix du Sénat. Cette comparaison est reprise peu après dans des articles de presse critiquant la Loi Taubira, classant les traites négrières dans les crimes contre l'humanité, au moment du vote de la loi du 23 février 2005, exigeant au contraire une place dans les programmes scolaires pour « le rôle positif de la colonisation », elle-même contestée par un Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire.

Une « Affaire Olivier Grenouilleau » démarre ainsi lors de l'entretien d'Olivier Grenouilleau accordé au Journal du dimanche du Modèle:Date-, accusant la Loi Taubira d'être responsable des déclarations antisémites de Dieudonné et les descendants d'esclaves d'être peut-être des descendants de négriers. La militante Odile Tobner dénonce de son côté un livre à Modèle:Citation obtenant une couverture médiatique disproportionnée en qualifiant abusivement de traite négrière Modèle:Citation, et les traites orientales frappaient Modèle:Citation<ref> « Une négrophobie académique ?, Olivier Pétré-Grenouilleau, ou la banalisation de la Traite » par Odile Tobner, Modèle:Date- sur "Les mots sont importants" [7].</ref>.

Dès les années 1960, l'universitaire Patrick Manning avait étudié l'importance de la traite orientale en soulignant ses débuts dès le premier millénaire<ref name=Dufoix/>. Selon Patrick Manning, Olivier Grenouilleau avait puisé dans son livre de 1990, Slavery and African Life, des estimations statistiques sur les populations en Afrique et sur la mise en esclavage afin d'affirmer en 2004 Modèle:Citation.

Patrick Manning a ensuite dénoncé chez Olivier Grenouilleau Modèle:Citation et conteste son affirmation d'avoir écrit la première histoire globale de ce phénomène. Selon Patrick Manning, son propre livre et celui de François Renault et Serge Daget, Les traites négrières en Afrique, datant de 1985, l'avaient précédé de deux décennies<ref name="Dufoix">"Pour une histoire mondiale de la diaspora africaine". Entretien de Stéphane Dufoix avec Patrick Manning, dans la revue Tracés en 2012 [8].</ref>, en soulignant l'importance de la traite orientale et de la traite inter-africaine.

Olivier Pétré-Grenouilleau estime aussi avoir révélé que la traite orientale aurait été la plus importante en nombre avec Modèle:Nobr de Noirs, du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à 1920<ref name=":5" />, chiffre cependant considéré comme « hypothétique » par Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne, spécialiste de l'Afrique<ref name=coquery123>Modèle:Ouvrage.</ref>. Selon Olivier Grenouilleau, elle aurait été moins visible car se déroulant principalement sur terre et parce que les esclaves n'étaient pas incités à se reproduire entre eux<ref name=":2" />, mais d'autres historiens observent que c'était le cas aussi pour la traite atlantique.

Plus généralement, la comparaison est par ailleurs critiquée pour trois raisons:

  • la traite orientale s'est étendue sur treize siècles alors que la traite atlantique s'est concentrée à Modèle:% sur Modèle:Nobr<ref name=doridiplo/>;
  • dans le cas de la traite atlantique il s'agit de totalisations agrégeant les comptabilités détaillées des armateurs et de leurs actionnaires, mais volontairement incomplètes pour se protéger du fisc et du mouvement abolitionniste. Dans le cas de la traite orientale et de la traite inter-africaine, il s'agit de projections mathématiques en forme de pure estimation, effectuées dans des travaux de recherche pour "balayer" la démographie des 11 siècles et être sûr de ne pas manquer un phénomène migratoire ou un autre
  • elle compare la fourchette basse de l'estimation dans un cas (la traite Atlantique) et la fourchette haute dans les cas de la traite orientale et de la traite inter-africaine. Lors d'une interview de janvier 2005 dans Le Monde Olivier Grenouilleau<ref name="soublin">« L'esclavage permettait de renforcer les élites », par Olivier Grenouilleau, historien, professeur à l'université de Lorient, propos recueillis par Jean Soublin le Modèle:Date- dans Le Monde [9].</ref>, a reconnu que l'estimation de Ralph Austen sur laquelle il s'est basé, Modèle:Nobr d'esclaves pour la traite orientale, sur onze siècles, est sujette à une marge d'erreur exceptionnellement élevée, de plus ou moins Modèle:%<ref name=soublin/>, précision qu'il ne fournit plus dans les articles de presse suivants. Cette estimation est par ailleurs considérée comme « hypothétique » par Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne, spécialiste de l'Afrique<ref name=coquery123/>.

La traite orientale

Modèle:Article connexe

Fichier:Costumes de Differents Pays, 'Maniere Dont les Maures Prennent les Esclaves' LACMA M.83.190.278.jpg
« Maniere dont les Maures prennent les Esclaves », v. 1797.

La traite orientale ou arabe-musulmane utilisait les voies commerciales des empires arabe puis ottoman : traversée du Sahara, de la Méditerranée, de la mer Noire, de la mer Rouge et le long de la côte africaine de l'océan Indien via les cités-États swahilis, qui se spécialisent dès l'Antiquité dans ce commerce. Ces routes commerciales approvisionnait leurs principaux marchés aux esclaves, dans les grandes villes d'Afrique du Nord et de la péninsule arabique, du Moyen-Orient, puis de Turquie<ref name=":2" />.

Les régions d'importation des captifs sont le Kanem (actuel Tchad), la Nubie, l'Éthiopie, la Somalie et l'hinterland mozambicain et tanzanien<ref name=":2" />.

Contrairement à une idée reçue, la traite orientale ne touchait pas davantage les femmes que les hommes et n'était pas particulièrement à finalité sexuelle<ref name="PET36">Modèle:Harvsp.</ref>. En revanche, elle était orientée plus vers la satisfaction des besoins domestiques que vers le travail productif<ref name=":2" />. Elle fournissait une main-d'œuvre servile employée à des travaux domestiques et de services (employés de maison, tâches d'entretien des palais et des infrastructures et activités sexuelles : harem, concubines, prostitution, eunuques).

Les travaux des historiens Raymond Mauny, William G. L. Randies et Pierre Kalck ont établi qu'il fallait en moyenne compter trois à cinq morts, pour un esclave déporté<ref name=diopmaes/>.

Au Moyen Âge, une partie des esclaves terminaient leurs périples en Espagne et au Portugal, en partie sous contrôle musulman<ref>Significativement, avant de voir le commerce triangulaire se mettre en place, la traite atlantique débuta par une période qui vit se poursuivre la déportation de captifs africains vers la péninsule ibérique (cette fois sous contrôle européen chrétien) et ce, pendant plusieurs décennies ; v. Gomes Eanes de Zurara, Chronique de Guinée, éd. IFAN, Dakar, 1960.</ref> avec l'Al-Andalus jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ou en Sicile jusqu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et dans les Balkans à compter du milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle avec les Ottomans.

La traite d'esclaves noirs se poursuivit après la Reconquista espagnole, surtout vers la Sicile et les royaumes de la couronne d'Aragon. Après le Moyen Âge, quelques esclaves noirs arrivèrent jusqu'en Russie via l'Empire ottoman qui contrôlait la quasi-totalité du pourtour de la mer Noire<ref>La Chaîne et le lien, Doudou Diène, (éd.), Paris, Éditions Unesco, 1998 [10].</ref>.

Le chiffre de Modèle:Nobr estimé en 1978

Lors du colloque de cinq jours organisé par l'UNESCO 1978 à Haïti<ref name=diopmaes/>,<ref name=unescotraite/>, consacré à la traite négrière, les participants ont estimé le nombre des esclaves partis d'Afrique à Modèle:Nombre pour la traite atlantique, et Modèle:Nobr pour la traite orientale. Pour cette dernière traite, le chiffre de Modèle:Nobr se répartit ainsi : Modèle:Nobr pour la traite dans l'océan Indien et Modèle:Nobr pour la traite transsaharienne et la traite par la mer Rouge<ref name="diopmaes">"Essai d'évaluation de la population de l'Afrique Noire aux {{#switch: XVI

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}}", par Louise-Marie Diop-Maes, dans la revue Population en 1985 [11].</ref>, dont moins Modèle:Nobr pour la période de 1451 à 1870<ref name=unescotraite/>. Le chiffre de dix millions s'étend sur la période comprise entre 850 et 1910, mais certains historiens le trouvent excessif<ref name=unescotraite/>, hypothèse jugée plausible par l'historien nigérian Joseph E. Inikori, qui rédige le compte-rendu du colloque, mais pouvant selon lui Modèle:Citation<ref name=unescotraite/>, signe que les experts ne conçoivent pas alors les traites comme se dissociant mais se complétant<ref name=unescotraite/>.

Le colloque est suivi par le lancement en 1994 par l'UNESCO d'un programme consacré à la traite transatlantique, et il est décidé d'accentuer les recherches sur les traites de l'océan Indien, jugées moins bien étudiées que celles de l'océan Atlantique<ref name="unescotraite">"La traite négrière du {{#switch: au

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   Modèle:S mini-{{#ifeq: au|-| – | au }}Modèle:S mini- siècle

}}", analyse de l'historien nigérian Joseph E. Inikori, documents de travail et compte rendu de la Réunion d'experts organisée par l'Unesco à Port-au-Prince en Haïti, du 31 janvier au Modèle:Date- [12].</ref>.

Le chiffre de Modèle:Nobr estimé en 1990, puis en 2004

En 1990, avec l'avancée des recherches, l'historien américain Patrick Manning est le premier à estimer à Modèle:Nobr le nombre de déportés pour l'ensemble de la traite orientale<ref name="1990_Patrick_MANNING" />. Les estimations sont ensuite affinées, puis partagées par plusieurs historiens, dont l'africaniste américain Ralph Austen<ref name=":3">Modèle:Lien web.</ref>.

En 2004, l'historien français Olivier Pétré-Grenouilleau<ref name=":5" />, spécialiste de l'histoire de l'esclavage, publie un livre comparant pour la première fois les différentes traites, sur la base d'une compilation de plusieurs auteurs, dont Ralph Austen. Il affirme que la traite orientale aurait été la plus importante en nombre d'individus asservis : Modèle:Nobr de Noirs, du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à 1920<ref name=":5">Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, Olivier Grenouilleau a lui-même reconnu dans une interview de janvier 2005, juste après la sortie de son livre, que l'estimation de Ralph Austen dont il s'est servi est sujette à une marge d'erreur exceptionnellement élevée, de plus ou moins 25 %<ref name="soublin" />. Cette estimation est par ailleurs considérée comme « hypothétique » par Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne, spécialiste de l'Afrique<ref name=coquery187>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les nouvelles estimations ajoutent à leur base plusieurs données fiables, mais parfois incomplètes<ref name=":3" />. On peut citer entre autres :

  • Les chiffres sur le nombre d'esclaves noirs incorporés dans les armées d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (une cinquantaine de sources différentes les évoquent).
  • Pour la période entre le Modèle:S mini- et le Modèle:S mini- siècle, les récits des différentes époques, qui fournissent des renseignements notamment chiffrés sur l'esclavage ou la traite.
  • Le nombre d'esclaves répertoriés dans certaines villes.

Il a parfois fallu procéder par déduction : des projections mathématiques ont par exemple évalué le nombre d'arrivées annuelles d'esclaves dans une ville, en considérant le taux de mortalité supposé des esclaves présents dans la ville en question.

Selon Olivier Grenouilleau, la traite orientale se déroulant principalement sur terre, elle aurait été moins visible : l'importance des mariages mixtes aurait masqué l'importance de cette traite, ainsi que le fait que les esclaves ne soient pas incités à se reproduire entre eux<ref name=":2" />, mais d'autres historiens observent que c'était le cas aussi pour la traite atlantique.

Étant donné la marge d'erreur (25 %) des nouvelles estimations, le chiffre de Modèle:Nobr repose sur une certitude scientifique d'environ 75 %, suffisamment importante pour être considérée par la communauté internationale d'historiens. Quant au chiffre de Modèle:Nobr en lui-même, il est considéré plausible, ou certain, selon le point de vue des différents spécialistes de l'histoire de l'esclavage.

La comparaison est par ailleurs critiquée, car la traite orientale s'est étendue sur 13 siècles alors que la traite atlantique a été effectuée en Modèle:Nobr, tandis que les deux mouvements ne comportent pas du tout le même type de sources, la seconde étant documentée par les comptabilités des armateurs, confrontés à l'abolitionnisme. Au total, 90 % des esclaves africains déportés vers les colonies européennes l’ont été sur Modèle:Nobr, entre 1740 et 1850<ref name="doridiplo" />.

La traite orientale à son apogée en 1860

À des époques plus tardives, on a pu en trouver également dans l'agriculture<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, l'artisanat et l'extraction minière ou le métier des armes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La traite orientale connut ainsi son apogée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=":2" />, notamment à travers une réorientation vers le travail productif avec l'essor de la culture du clou de girofle à Zanzibar : Modèle:Nombre, soit deux tiers de la population en 1834<ref name=":2" />, puis Modèle:Nombre en 1860, pour une population totale de Modèle:Nombre environ<ref name=unescotraite/>. La plupart appartenaient à des Omanais, qui étaient moins de 5 000<ref name=unescotraite/>. Seyyid Said possédait 45 plantations, dont une regroupant 6 000 à Modèle:Nombre<ref name=unescotraite/>. Cette époque de récoltes abondantes clous de girofle a Modèle:Citation d'esclaves razziés à l'intérieur de l'Afrique de l'Est<ref name=unescotraite/>. D'après l'historien Cooper, de 15 000 à 20 000 transitaient par Zanzibar chaque année<ref name=unescotraite/> vers 1860.

Les prélèvements en Asie centrale, Empire byzantin et Europe

La traite orientale ne se limitait pas aux populations noires. D'autres groupes ethniques en étaient aussi victimes, notamment des Européens, mais dans des proportions moindres. Elle prélevait des populations venant des steppes turques d'Asie centrale et de l'Europe slave et suscita des razzias dans le monde chrétien (Sud de l'Europe, Empire byzantin).

La présence d'esclaves en Asie

Par ailleurs, des inscriptions javanaises et des textes arabes montrent qu'aux {{#switch: X

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}}

}}, l'Indonésie entretenait des échanges commerciaux avec l'océan Indien et la côte est de l'Afrique. Les inscriptions parlent d'esclaves jenggi, c'est-à-dire « zengi », employés à Java ou offerts à la cour de Chine. En arabe, Zeng ou Zanj désigne à l'époque les habitants de la côte de l'Afrique de l'Est<ref>Lombard, Denys, Le Carrefour javanais. Essai d'histoire globale, EHESS, 1990.</ref>.

Groupes ethniques descendants de la traite orientale

Parmi les groupes ethniques et communautés descendants d'esclaves affranchis issus de la traite orientale, il y a, entre autres : les Akhdam au Yémen, les Afro-Saoudiens, les Afro-Palestiniens, les Afro-Syriens, les Afro-Jordaniens, les Afro-Irakiens, les Siya d'Iran ou Afro-Iraniens, les Siddis d'Inde et du Pakistan, les Jalban (Jalbane) d'Égypte, les Zenci ou Afro-Turcs de Turquie, les Haratin (Haratine) ou Chouachin (Chouachine) du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie, Azaouad et Azaouagh).

La traite intra-africaine ou interne

C'est la moins étayée des trois traites pour sa partie ancienne, faute de sources écrites. Selon le philosophe et théologien canadien Melchior Mbonimpa, elle remonterait au moins au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Mbonimpa">Modèle:Ouvrage.</ref>, mais sa partie la plus importante, la plus récente, principalement au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle est documentée depuis longtemps.

La majorité des personnes mises en esclavage sont des prisonniers de guerre<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref> ou des personnes reconnues coupables de crimes ou parentes d'une personne exécutée pour crime<ref name=":0" />,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Si les guerres ont pû constituer une offre de prisonniers à utiliser, l'ampleur d'une demande spécifique à l'Afrique et les principaux travaux auxquels ces esclaves « internes à l'Afrique » ont été affectés sont rarement identifiés clairement. La traite intra-africaine a été stimulée par les deux autres, mais n'est devenue dominante qu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, deux expéditions brésiliennes ont dû rentrer à l'intérieur des terres, en Angola, pour s'approvisionner<ref name="revue">"Les traites négrières, ou les limites d'une lecture européocentrique" par Olivier Pétré-Grenouilleau, dans la Revue d'histoire moderne et contemporaine en mai 2005 [13].</ref>. Les captifs ont assez rapidement été échangés contre des marchandises venues d'Europe, dont les armes à feu, munitions et barres de métal étaient prédominantes. Puis au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle es Européens ont construit des « forts de traite » sur le littoral, pour emprisonner les captifs qui leur étaient vendus au fil de l'eau, en attendant qu'ils soient assez nombreux pour qu'un navire vienne les chercher.

C'est beaucoup plus tard que quatre grands royaumes côtiers vont construire, aux {{#switch: et

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}}, leur bonne fortune sur le dos des esclaves: Bénin, Dahomey, Ashanti et l'Oyo. Parmi les monarques dahoméens, le pire fournisseur d’esclaves fut Béhanzin et Tegbessou parmi ceux qui s'enrichissent le plus : en 1750, il vend Modèle:Nombre par an et encaisse un revenu de Modèle:Nombre sterling, dépassant celui des plus riches trafiquants de Liverpool et de Nantes<ref name="phili" />. Ce fut le cas aussi des princes des États voisins de celui du sultan du Bornou (Kanem, Wadaï, Baguirmi et Sokoto), sur les terres du futur Nigeria. Au pays des Fellatas, les raeeas étaient menées par Ahmadou, fils et digne héritier de El Hadji Omar Seydou Tall<ref>Interview de l'économiste sénégalais Tidiane N'Diaye, auteur de « Le génocide voilé » éditions Gallimard, 2008, par Philippe Triay le Modèle:Date-, pour le portail "Outremers".</ref>.

Les problèmes de sources et d'époque

Modèle:Article détaillé

Fichier:Slaves in chains.png
Esclaves enchaînés en Afrique de l'Est.

Selon l'historien Olivier Grenouilleau, Modèle:Citation<ref name="revue" />, avec l'l'expansion de la culture sucrière, tout comme les effectifs de la traite intérieure africaine<ref name="revue" />. À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la proportion d'esclaves en Afrique était cinq fois plus élevée que trois siècles plus tôt<ref name="revue" />.

La part de la traite intra-africaine dans l'ensemble de la traite a fortement progressé au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, selon l'historien Patrick Manning. À partir des années 1800, les sources écrites deviennent bien plus nombreuses, d'autant que l'abolition de la traite atlantique en 1807 puis sa répression par la Royal Navy entraînent des recherches sur l'offre de prisonniers. Entre 1806 et 1863, la politique anglaise de répression de cette traite a représenté l'équivalent, en moyenne, de 1,8 % du revenu national<ref name="soublin" />, alors que dans le même pays, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'apport du capital négrier dans la formation de ce revenu national s'est située seulement autour de 0,11 %<ref name="soublin" />, dépassant rarement la barre des 1 %, selon Olivier Grenouilleau, historien, professeur à l'université de Lorient<ref name="soublin" />. Avant 1850, seulement un tiers des captifs africains restaient sur place. Puis entre 1850 et 1880, leur nombre devint supérieur à ceux exportés par la traite orientale et la traite occidentale, abolie à l'échelle internationale depuis 1809, et combattue par la Royal Navy à une échelle intensive à partir de 1814-1815. Après 1880, la quasi-totalité des captifs resta sur place<ref name="PET7">Modèle:Harvsp.</ref>.

Malgré les sources écrites beaucoup plus significatives du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les auteurs les plus engagés dans la mise en avant de la traite intérieure africaine, comme Olivier Grenouilleau<ref name="soublin" />, reconnaissent que le débat sur l'impact des différentes traites pour l'Afrique noire, ne recevra sans doute jamais de réponses claires<ref name="soublin" />.

Les recherches des années 1970 et 1980

La traite interafricaine est ainsi connue et analysée de longue date par les historiens français, sans retard réel sur l'historiographie des autres pays<ref name="Piet_C._HEMMER">"La Traite des noirs par l'Atlantique" pa Piet C. Emmer, Jean Mettas, Jean-Claude Nardin. Société Française d'Histoire d'Outre-Mer, 1975.</ref>,<ref name="Claude_MEILLASOUX">"L'Esclavage en Afrique précoloniale" par Claude Meillassoux et Maurice Godelier, aux Editions Maspero en 1975, compte-rendu de lecture par Éliane Journal des Africanistes en 1976 [14].</ref>,<ref name="medard">"Traites et esclavages en Afrique orientale et dans l'océan Indien" par Henri Médard, KARTHALA Editions, 2013 [15].</ref>. Dès 1972, l'historien Hubert Deschamps lui accordait déjà une « place marquée » dans son livre<ref name="Hubert_DESCHAMPS"> Histoire de la traite des Noirs, de l'Antiquité à nos jours" par Hubert Deschamps, Editions Fayard, 1972.</ref>, même s'il observait qu'il est difficile de l'évaluer<ref name="Deschampps_et_Laroche">"Histoire de la traite des Noirs, de l'Antiquité à nos jours" par Hubert Deschamps, compte-rendu de l'historien Charles Laroche dans la revue Outre-Mers en 1972 [16].</ref>. L'historien Hubert Deschamps, professeur à la Sorbonne à partir de 1962, en parle, sans la classer parmi les autres traites moins connues, dès la courte préface du livre publié par l'historien Jean-Michel Filliot, aux Éditions de l'Office de la recherche scientifique et technique outre-mer, en 1974<ref name="Jean-Phillipe_FILLIOT">"La traite des esclaves vers les Mascareignes au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle" par Jean-Michel Filliot, Editions de l'Office de la recherche scientifique et technique outre-mer, en 1974.</ref> et qui fait l'objet de compte-rendu dans des revues scientifiques prestigieuses les deux années suivantes, sans mentionner cette traite interafricaine comme une révélation<ref>"La traite des esclaves vers les Mascareignes au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle" par Jean-Michel Filliot, compte-rendu de lecture par Jacques Houdaille, dans la revue Population en 1976 [17].</ref>, <ref>"La Traite des esclaves vers les Mascareignes au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle", par Jean-Michel Filliot, compte-rendu de lecture par Jean Valette, dans la. Revue d'histoire Outre-Mers en 1975 [18].</ref>.

Dès les années 1980, la communauté des historiens tente de pallier les lacunes de la recherche pour mieux connaître cette traite interafricaine, malgré la difficulté d'interpréter les sources orales, et déplorent plus généralement Modèle:Citation, qui finit par faire croire que la traite Modèle:Citation des personnes déportées<ref>"De la traite à l'esclavage: actes du Colloque international sur la traite des noirs, Nantes, 1985, Volume 1" par Serge Daget - Centre de recherche sur l'histoire du monde atlantique, 1988.</ref>.

Le chercheur canadien Martin A. Klein estime lui que, bien avant 1850, plus de la moitié des captifs restaient en Afrique de l'Ouest<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon lui, même les années où l'exportation d'esclaves atteignait son intensité maximale, les captifs restant sur place Modèle:Incise étaient plus nombreux<ref name="PET7" />.

Le lien avec les autres traites puis avec l'abolition de la traite atlantique

Les historiens ont plus travaillé sur les liens avec les autres traites et les conséquences de l'abolition de la traite occidentale que sur la comparaison chiffrée entre les différentes traites, en raison des problèmes de disparité entre les époques et de sources écrites lacunaires. La comparaison entre traites est surtout venue lors de la couverture médiatique du livre d'Olivier Grenouilleau en 2004, qui reprend des projections de Patrick Manning, estimant à Modèle:Nobr le nombre de victimes de la traite intra-africaine<ref>« La colonisation est-elle responsable des malheurs de l'Afrique », Ambroise Tournyol du Clos, Conflits, hors série Modèle:N°, printemps 2016, Modèle:P..</ref>, soit la moitié des captifs exportés par les traites occidentales et orientales<ref name="PET7" />. Mais l'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch estime quant à elle que « quatorze millions d'esclaves qui auraient, en sus, été « traités » et utilisés à l'intérieur du continent noir par les Africains eux-mêmes » est « un chiffre sans fondement sérieux »<ref name=coquery187/>.

Les historiens ont apporté des contrepoids aux thèses légitimant la traite occidentale par l'existence d'un esclavage africain<ref name="Ferro">"Les esclavages dans l’histoire européenne" par Marc Ferro, directeur d’études, à l'École des hautes études en sciences sociales, contribution au Séminaire national "La traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions : mémoire et histoire", organisé le Modèle:Date- par l'Éducation nationale, au Carré des sciences, à Paris [19].</ref>. Ils ne sont pas unanimes sur la question de savoir si les traites atlantique et orientale sont à l'origine de la traite intra-africaine, mais d'accord pour constater qu'elles l'augmentent très fortement à partir des {{#switch: et

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}}<ref name="Ferro" />, période où l'abondance des sources écrites fait foi. Les esclaves sont échangés contre des armes à feu, ce qui permet à certains peuples de former des nations guerrières, comme les Ashanti du pays de l'or, au Guana, et les migrations se multiplient, désorganisant les agricultures. D'autres peuples acquièrent des armes pour se défendre et se mettent à vendre à leur tour des prisonniers afin de pouvoir se procurer ces armes.

À partir de 1750, la traite intra-africaine concerne des territoires éloignés comme l'Oubangui-Chari, déjà sous la pression de la traite orientale, où les Européens procurent des armes à feu à des courtiers locaux, africains, qui acheminent les esclaves par pirogue, sur des fleuves que les navires européens ont du mal à remonter. L'existence de la traite intra-africaine, son développement au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quand les débouchés vers l'Amérique sont interdits, une époque où les différentes traites avaient déjà plongé l'Afrique dans un chaos militaire, démographique et économique, ont servi souvent de prétexte à la constitution des empires coloniaux français, belges, allemand, italien et anglais. En raison des risques militaires, des maladies et des difficultés de navigation, les Européens avaient jusque-là, dans la majorité des cas, évité de pénétrer l’intérieur des terres avant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, même si les Portugais ont fait des razzias à l'intérieur de l'Angola dès 1583. Malgré le [[Histoire de la culture des plantes sucrières|boom sucrier du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]], les besoins des économies européennes en matières premières et leurs moyens militaires n'étaient pas encore aussi importants que lors de la Révolution industrielle, dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, principale période de colonisation.

La traite intérieure vue du Nigeria ou en Côte d'Ivoire

En juin 2009 au Nigeria, après avoir relevé que le Sénat américain a présenté des excuses pour « l'inhumanité, la cruauté, l'injustice fondamentale de l'esclavage », le Congrès des droits civiques (CRC), un collectif rassemblant des dizaines d'organisations de défense des droits de l'homme a demandé aux « chefs traditionnels africains nigérians de s'excuser pour le rôle que leurs ancêtres ont joué dans la traite des esclaves »<ref name="croixnigeria">"Des Africains ont eu leur part dans la traite des Noirs" dans La Croix le 12/11/2009 [20].</ref>. Le CRC a proposé à cette occasion qu'en échange de ces excuses ces chefs traditionnels obtiennent une reconnaissance constitutionnelle<ref name="croixnigeria" />, une démarche parfois jugée liée à des arrière-pensées politiques, dans un pays où le poids de ces chefs traditionnels dans une partie des villages est considéré par les élites urbaines comme un frein à la modernité<ref name="croixnigeria" />.

L'indignation apparaît parfois comme trop sélective et les Ivoiriens n'ont par exemple jamais organisé de manifestations pour protester contre l’esclavage toujours pratiqué au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en Mauritanie, remarquait en 2016 le journaliste Venance Konan, directeur du journal Fraternité Matin, à Abidjan<ref name="venance">"Traite négrière occidentale et arabe : l’indignation sélective de l’Afrique" par Venance Konan, journaliste et écrivain ivoirien, est le directeur du journal Fraternité Matin, à Abidjan. dans Le Monde du Modèle:Date- [21].</ref>.

La traite occidentale

Modèle:Article détaillé

Sur les Modèle:Nombre négrières atlantiques, l'immense majorité a eu lieu après 1640<ref name=mendes/>. Auparavant, de 1500 à 1640, environ Modèle:Nombre arrivèrent au Nouveau Monde<ref name=mendes/>, soit seulement 5% du total, contre plus de sept millions au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=mendes>Modèle:Article.</ref>.

Cette période pré-1640 est elle-même divisée entre un début très lent, le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et ses Modèle:Nombre importés en Amérique, et une accélération, avec Modèle:Nombre dans les quatre première décennies du suivant. Ainsi, la toute première partie, de 1500 à 1600, voit trois fois moins de déportations vers l'Amérique que la seconde, celle qui va de 1600 à 1640<ref name=mendes/>.

Seulement 5 % du total des esclaves déportés par la traite atlantique l'ont été avant 1640, essentiellement par les Portugais, principalement pendant les 45 premières années de l'époque de l'Union ibérique qui plaçait le Portugal sous domination espagnole entre 1580 et 1640. Les Portugais pratiquent alors des razzias dans l'intérieur des terres de l'Angola, dans l'espoir de se procurer les nombreux esclaves que leur colonie brésilienne requiert lors de l'essor sucrier et que l'Espagne leur commande pour l'immense mine d'argent du Potosi au Pérou. Avant ces deux phénomènes, la demande d'esclaves est faible et se heurte à la résistance des souverains africains, en Sénégambie comme au Kongo. du coup, les populations réduites en esclaves lors de la première vague de conquête de l'Empire espagnol (1492-1550 sont d'abord amérindiennes.

L'essor de la traite atlantique ne sera cependant significatif qu'à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle quand le Portugal se voit concurrencer par quatre nouveaux pays esclavagistes d'Europe (France, Angleterre, Pays-Bas et Danemark), pour atteindre un sommet au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans un commerce devenu proprement triangulaire<ref name=mendes/>.

Le traité de Tordesillas, signé sous l'autorisation du Pape, réservait au Portugal toute la zone au-dessous d'une certains limite et interdisait à l'Espagne la colonisation de l'Afrique, ce qui l'a obligé à importer des esclaves via l'Asiento, monopole réservé au Portugal.

Les premiers esclaves africains arrivent à Cuba dès 1513. Mais deux siècles et demi plus tard, en 1763, Cuba ne compte que Modèle:Nombre, Modèle:Nobr moins que la Jamaïque anglaise et Modèle:Nobr moins que Saint-Domingue. En revanche, de 1792 à 1860, Modèle:Nombre sont introduits par les réfugiés français de Saint-Domingue à Cuba<ref>http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/cuba_dans_l_empire_espagnol.asp.</ref>, alors que l'esclavage disparaît à Saint-Domingue et à la Jamaïque.

Les explorations portugaises sans esclaves

L'exploration des côtes africaines lancée par le prince Henri le Navigateur en 1422 recherchait exclusivement des métaux précieux. En 1441, des Africains sont ramenés dans la péninsule ibérique mais en tout petit nombre<ref>Gomes Eanes De Zurara, Chronique de Guinée, éd. IFAN, Dakar, 1960.</ref>. La première vente a lieu en 1444, dans la ville portugaise de Lagos<ref>Gomes Eanes de Zurara, Chronique de Guinée, éd. IFAN-Dakar, 1960, chap. XXIV & XXV.</ref>.

Le Vénitien Alvise Cadamosto organise aussi deux expéditions pour les côtes de l'Afrique subsaharienne, en 1455 et 1456, mais sans ramener d'esclaves<ref>Voyages en Afrique noire d’Alvise Ca Da Mosto, éd. Chadeigne/UNESCO, Paris, 2003.</ref>.

Par la bulle Romanus Pontifex, en 1454, le Pape Nicolas V se pose en arbitre des empires espagnols et portugais, y compris dans la christianisation des peuples indigènes et musulmans. L'historien Norman Cantor l'a opposé à [[Eugène IV|Modèle:Nobr]], auteur de l'encyclique Sicut dudum qui interdisait clairement la possession d'hommes et Modèle:Par qui d'avoir légalisé la colonisation de l'Afrique et l'esclavage. Cependant, les différentes sources explicatives, la précision du texte une année plus tard, ainsi que la non-utilisation de cette bulle pour justifier l'esclavage, montrent que ces accusations ne sont pas prouvées<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

La remontée des grands fleuves

Modèle:Article détaillé Les Portugais ont aussi exploré les Royaumes du Kongo, de Loango, de Kakongo et de Ngoyo, par les grands fleuves reléguant les voies terrestres au second plan.

De 1485 à 1877, les Européens ont tenté de remonter le fleuve Congo avec les caravelles portugaises. Diogo Cão et ses hommes ont atteint les rapides de Yellala en 1485 avant de rebrousser chemin sans doute à cause de la malaria<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. À cet endroit, il laisse un padrão témoignant de sa visite, qui ne sera redécouvert qu'en 1911<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Des obstacles géographiques ont freiné la navigation et le flux des esclaves<ref name=":4">Modèle:Ouvrage.</ref>, en particulier les rapides de Yellala, les chutes d'Inga et les chutes Livingstone, amenant les Portugais à ne pas trop s'éloigner des régions côtières.

Les fleuves permettent d'accéder jusqu'à des territoires éloignés comme l'Oubangui-Chari, déjà sous la pression de la traite orientale, où les Européens procurent des armes à feu à des courtiers locaux, africains, qui acheminent les esclaves par pirogue à partir de 1750.

Les cours d'eau Sangha, Oubangui, et Congo, constituaient également des voies d'acheminement. Les Bobangis qui contrôlaient le territoire situé entre le confluent Congo-Oubangui et l'actuel site de Bangui, la capitale centrafricaine, deviendront ainsi un maillon essentiel d'une chaîne négrière en tant que peuple courtier<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

L'étude du rôle important de la côte de Loango, zone côtière de Modèle:Unité allant du cap Lopez au Gabon, jusqu'à Luanda en Angola n'a pas suscité beaucoup d'intérêt de la part des chercheurs<ref>Modèle:Lien web.</ref>, et la littérature nouvelle des années 1980 s'est focalisée sur la partie sud de l'embouchure du fleuve Congo, l'Angola, dominée par les Portugais, négligeant la côte de Loango, sorte de « zone franche » où les marchands locaux, Britanniques, Français et Hollandais, ont joué un rôle clé<ref name="p8">Stacey Jean Muriel Sommerdyk, op. cit. Modèle:P..</ref>. Les Britanniques, plus présents dans la navigation vont aussi mieux contrôler ces espaces. Selon l'historien Pierre Kalck, le port anglais de Liverpool a lancé, entre 1783 et 1793, plus de Modèle:Nombre négrières, déportant Modèle:Nombre<ref name=diopmaes/>.

Rang Zone d'embarquement Nombre de captifs Pourcentage de captifs
1 Côte de Loango & Côte d'Angola 5 694 574 45,48
2 Golfe du Bénin 1 999 060 15,97
3 Golfe du Biafra (et îles avoisinantes du golfe de Guinée) 1 594 560 12,73
4 Côte de l'Or 1 209 321 9,66
5 Sénégambie et îles avoisinantes 755 713 6,04
6 Côte orientale et îles de l'océan Indien 542 668 4,33
7 Sierra Leone 388 771 3,10
8 Côte sous le vent (actuelle Côte d'Ivoire) 336 868 2,69
- Total 12 521 300 100,00

Des forts d'abord bâtis par les Portugais en manque d'or

Modèle:Articles connexes L'archéologie a montré que les forts bâtis par les Européens sur des îles ou presqu'îles de la côte africaine ont d'abord été bâtis pour d'autres commerces que les esclaves, à une époque où la traite négrière atlantique est encore inexistante. C'est l'or qui est d'abord recherché. En 1471, les Mandingues s’inquiétèrent quand la quantité d’or que le royaume de Bono fournissait aux Dioula se réduit après l'arrivée de nouveaux acquéreurs sur la côte<ref name="Bourges-Wauthier_578">Les cinquante Afriques, Hervé Bourges et Claude Wauthier, Seuil, (1978), Modèle:P..</ref>, les Portugais, qui identifient les royaumes africains contrôlant des gisements d'or.

Fichier:Elmina Castle (3587077829).jpg
Le fort d'Elmina au Ghana.

En 1482, ils construisent le fort d'Elmina, « la mine » en portugais, sur la Côte de l'Or. L'or est recherché pour à payer les mercenaires de la guerre de reconquête de la péninsule ibérique, terminée en janvier 1492, quand tombe le dernier bastion musulman à Grenade.

Peu après, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, d'autres sources européennes mentionnent l'existence d'États riches en or dans la haute vallée de l'Ofin (Ghana). C'est sur le littoral correspondant que les autres Européens s'implantent d'abord, rivalisant pour s'approvisionner en or. Sur les Modèle:Nobr de la Côte de l'Or du Ghana furent construits près de quarante forts et loges<ref name=deveau/>. Les Portugais croyaient avoir trouvé l’Eldorado dont rêvait l’Europe entière, en manque d'or et d'argent<ref name=deveau/>. Les mines du nord de l’actuel Ghana connaissaient alors une pleine exploitation dont les musulmans exportaient la presque totalité par les pistes transsahariennes.

L'arrivée des Portugais inversa les flux, suscitant la jalousie de concurrents<ref name="deveau">"Traite, esclavage et fortifications dans l’Ouest africain ({{#switch: -

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}})" par Jean-Michel Deveau dans Eco-Géo de juin / août 2007 [22].</ref>.

Ce n'est que beaucoup plus tard que les mêmes forts serviront à emprisonner des captifs, en attendant qu'il y en ait assez pour une déportation, dans un processus coûteux car les navires ne disposent d'aucune information, et perdent du temps et des marins, qui succombent aux maladies en raison de l'allongement du voyage.

Les débuts : les Portugais s'arriment à la traite orientale

Modèle:Article connexe La traite atlantique concerne d'abord des esclaves nés en captivité au Portugal ou en Espagne<ref name=mendes/>.

Au début, ces esclaves partent vers Lisbonne, au départ de l'île d'Arguin, sur la côte Mauritanienne, au débouché des caravanes provenant de Tombouctou<ref name=mendes/>, empruntées par la traite orientale. Ils sont moins de 200 par an entre 1500 et 1514<ref name=mendes/>, puis ce chiffre approche du millier les années suivantes<ref name=mendes/>. Ils partent aussi de l’entrepôt de Santiago du Cap-Vert<ref name=mendes/>, vers Séville et Valence<ref name=mendes/>.

Ces esclaves deviennent domestiques, concubines, ou travailleurs pour les mines et les sucreries des Canaries, São Tomé-et-Principe ou Madère<ref name=mendes/>.

La première vague d'esclaves d'Amérique, d'abord Amérindiens

Des esclaves noirs ne sont introduits à Hispaniola découverte par Christophe Colomb, qu'après la découverte de mines d’or à Cibao entre 1505 et 1525, et en quantité modeste.

Le Brésil, découvert en 1500, n'adoptera lui la culture du sucre qu'en 1548 ou 1550<ref name=mendes/>, malgré la volonté du Roi du Portugal manifestée dès 1516. Et cette culture ne prend son essor au Brésil qu'à partir de 1580. Auparavant, l'offre mondiale est plus réduite et dominée par les îles: Madère, les Canaries, Hispaniola et Sao-Tomé.

Les déportations ne deviendront significatives qu'à partir des années 1580, en Angola, secteur d'où viendront trois-quarts du total des captifs déportés par les Portugais, quand ils entreprennent la conquête du cours du fleuve Kwenza.

Les protestations au pape du roi Alphonse {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }} du Kongo

Le Roi du Portugal répondit par la négative aux lettres de protestations congolaises du roi [[Alphonse Ier (manikongo)|Modèle:Nobr du Kongo]], pourtant converti, comme son père, au christianisme, dont un successeur fut assassiné. Le roi Alphonse {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }} du Kongo écrivit aussi au Pape pour protester contre la détention d'esclaves par les Portugais.

De nombreux jeunes congolais sont envoyés au Portugal pour y être éduqués<ref name=Battel1901/> mais dans une lettre en 1517, [[Alphonse Ier du Kongo Nzinga Mvemba|Modèle:Nobr du Kongo]] estime que les résultats de ses efforts de coopération avec les Portugais ne sont pas à la hauteur. En 1517 aussi, il réclame d'être exemptés des taxes portugaises<ref name=Battel1901/> et de pouvoir utiliser un navire pour le commerce<ref name=Battel1901/>.

En 1526, [[Alphonse Ier (manikongo)|Modèle:Nobr]] demande aux Portugais de lui envoyer des physiciens<ref name=Battel1901/> et des apothicaires. Il envoie même en 1530 au Roi du Portugal deux bracelets d'argent qu'il a reçu de Matamba<ref name=Battel1901/>. En 1526 il dénonce dans une autre lettre les projets de marchands d'esclaves portugais<ref name=Battel1901/>

Une enquête menée en 1548 montre un début de déplacement du commerce portugais un peu au Sud, vers l'Angola, en réaction à cette résistance congolaise<ref name=Battel1901/>. Ce commerce ne reprend réellement qu'avec la recherche de richesses minérales menée par Ruy Mendes, le "découvreur des mines de cuivre"<ref name=Battel1901/> d'Afrique dans les années 1690<ref name=Battel1901/>, qui aurait découvert aussi du plomb<ref name=Battel1901/>, tandis que l'Allemand Gimdarlach (ou Durlacher), a découvert lui cuivre, plomb et argent-métal<ref name="Battel1901">"The Strange Adventures of Andrew Battell of Leigh, in Angola and the Adjoining Regions" par Andrew Battel, en 1901 [23].</ref>.

D'autres rois africains ont refusé de vendre des captifs aux négriers européens au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, comme le roi du Rio Sanguin<ref>André Ducasse, Les Négriers et le trafic des esclaves, Paris, Hachette, 1948 [24].</ref>.

Ces refus seront constatés aussi au siècle suivant, au royaume du Kongo en 1641, où le roi Garcia II, continue à commercer avec les Portugais, mais refuse la vente d'esclaves, car ce sont, dit-il, « ni de l'or, ni du drap, mais des créatures »<ref name="phili">Les partenaires africains de la traite négrière atlantique [25].</ref>.

L'offensive terrestre portugaise de 1583

Modèle:Article détaillé Modèle:Article détaillé L'expédition de traite négrière du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en Angola n'est pas dirigée par un Portugais métropolitain mais par Salvador de Sá gouverneur et héritier de la colonie naissante de Rio de Janeiro. Il veut obtenir des Noirs pour les exporter à Buenos Aires, afin de relancer la contrebande entre Rio de Janeiro les rives la Plata, officiellement pour approvisionner les planteurs de sucre de la baie de Guanabara. Mais leurs besoins sont cependant encore modestes et couverts par l’asservissement des Indiens<ref name=alencastro/>. En réalité, selon l'historien Luiz Felipe de Alencastro, il souhaitait surtout atteindre Buenos Aires, pour contrôler l'accès et l'approvisionnement des riches mines d'argent du Potosi<ref name=alencastro/>. Mais la traite entre La Plata et Rio de Janeiro, ainsi lancée dans les deux dernières décennies du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ne se maintiendra par la suite que de manière intermittente jusqu’au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="alencastro">"Le versant brésilien de l'Atlantique-Sud : 1550-1850" par Luiz Felipe de Alencastro dans la revue Annales. Histoire, Sciences Sociales en 2006 [26].</ref>.

Entre-temps, en 1567 est fondé le comptoir de Luanda à l'embouchure du Kwanza, à Modèle:Unité au sud de l'embouchure du fleuve Congo pour rechercher les célèbres mines d'argent de Cambambe recherchées depuis 1520 et en 1575<ref name=randles>Modèle:Article.</ref>, la Couronne portugaise accorde à Paulo Dias de Novais une charte pour bâtir trois forts en Afrique entre le Bengo et le Kwenza, fleuve au sud du Congo, navigable jusqu'à Modèle:Unité dans l'intérieur<ref name=randles/>. Pendant trois ans, accompagné de 350 à 700 portugais, selon les sources<ref name=randles/>, il vit en paix avec le roi d'Angola<ref name=randles/>, puis il reçoit, de 1578 à 1587, cinq renforts successifs en hommes et matériel<ref name=randles/>. Quand le roi d'Angola fait tuer trente Portugais en 1680 et saisit leurs marchandises, ces derniers renoncent à s'emparer des mines pacifiquement et décident de Modèle:Citation<ref name=randles/>.

Les Portugais n'acceptent plus alors qu'on ne leur livre plus que les condamnés à mort. Un missionnaire écrit ainsi en 1583 : que « cette année, les Portugais ont conquis la moitié du royaume d'Angola et battu quatre armées du roi. Des milliers de [ses] vassaux ont été tués et on s'est emparé des mines de sel, ce qui est le plus grave pour eux, car le sel leur sert de monnaie. D'innombrables esclaves ont été capturés »<ref>" Monumenta missionaria africana " par António Brásio (1906-1985).</ref>,<ref name=randles/>.

Entre 1583 et 1618, les Portugais bâtissent dans les terres un réseau de forteresses, structuré sur l'axe fluvial majeur, le fleuve Kwanza<ref name=Demaret/>:

Pour l'Afrique, c'est le début de ce que la géographe et historienne Marie-Louise Maes a appelé « une guerre de Cent Ans qui a duré trois siècles, avec les armes de la guerre de Trente Ans »<ref name="diopmaes" />, causant une chute démographique du même impact que ce qu'avait connu la France pendant la guerre de Cent Ans<ref name="essai">" Essai d'évaluation de la population de l'Afrique Noire aux {{#switch: XVI

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}}", par Louise-Marie Diop-Maes, dans la revue Population en 1985 [27].</ref>.

Les raids portugais du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Modèle:Article détaillé Jusqu'au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les Portugais seront les seuls Européens à pratiquer la traite négrière, vers le Brésil et l'empire espagnol. Ils profitent au tournant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle de l'envol des productions d'argent-métal et de sucre, qui sert aussi de monnaie, leur permettant d'acheter beaucoup plus d'esclaves. La mine d'argent espagnole du Potosí, plus importante du Monde, a atteint son niveau historique de production en 1580-1620<ref name=Gaston/>. Dès 1585, elle a décuplé par rapport 1570<ref name=Gaston/> et la ville a plus d'habitants que Madrid, Séville ou Rome<ref name=Gaston/>. Sa production d'argent-métal reste proche des sommets au début du siècle suivant.

Dans les décennies qui suivent, ce métal du Potosi sert aux sucreries portugaises du Brésil à acheter des esclaves noirs raflés le long des fleuves africains<ref name="Gaston">"Potosi, l'argent du Pérou inonde le monde" par Tristan Gaston Lebreton dans Les Echos le Modèle:Date- [28].</ref>.

Cet afflux d'argent-métal espagnol<ref>Mesuré par l’étude menée grâce au cyclotron a porté sur Modèle:Nobr du Pérou de 1556 à 1784, Modèle:Nobr du Mexique de 1516 à 1598, Modèle:Nobr espagnoles de 1512 à 1686 et Modèle:Nobr françaises de 1531 à 1652 provenant des collections du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale (Paris), du musée Puig (Perpignan) et de la collection Bourgey (Paris). [29].</ref> a aussi dopé la frappe monétaire en Europe dans les années 1610, les mines du Mexique prenant ensuite le relais<ref>"L’argent du Potosi (Pérou) et les émissions monétaires françaises" par Bruno Collin, dans la revue Histoire et mesure en 2002 [30].</ref>. Il provoque un essor de la demande de tabac, puis de sucre, en Europe, mais aussi une Modèle:Citation, renchéri par les pénuries de la guerre de Trente Ans. Dès le milieu des années 1610, le prix du tabac produit en Virginie a augmenté<ref name="McCartney">"A Study of the Africans and African Americans on Jamestown Island and at Green Spring, 1619-1803" par Martha W. McCartney, étude pour le Colonial National Historical ParkcNational Park Service en 2003 [31].</ref>.

Jusque-là, au cours de la période 1560-1620, environ 74 % du sucre venait d'Hispaniola. Dans l'île espagnole, jusqu'aux années 1570<ref name=Schnakenbourg/>, la main d'œuvre était essentiellement amérindienne, avant d'être remplacée par des Africains de Madère et Sao Taomé, choisis pour leur expérience<ref name="Schnakenbourg">"Le monde atlantique. Un espace en mouvement Modèle:S mini--Modèle:S mini- siècle" par Eric Schnakenbourg, Éditeur Armand Colin en 2021 [32].</ref>. Les années 1610 ont vu le Brésil prendre le relais : le nombre de moulins y passe de 130 en 1585 à 230 en 1610 et 346 en 1629<ref name=Schnakenbourg/>. Il a triplé en un demi-siècle. Une invention importante, autour de 1610<ref name=Schnakenbourg/>, permet de remplacer les deux cylindres horizontaux broyant la canne par trois cylindres verticaux, Modèle:Citation<ref name=Schnakenbourg/>, avec des chaudières plus petites pour Modèle:Citation<ref name=Schnakenbourg/>.

Luis Mendes de Vasconcelos, nouveau gouverneur portugais de l'Angola, depuis 1617, a alors amplifié la politique de raids dans l'intérieur des terres, capturant des milliers de prisonniers, parmi lesquels un nombre disproportionné de femmes et d'enfants<ref name="Austin">"1619: Virginia’s First Africans" par Beth Austin et le Musée historique de Hampton, en décembre 2018 [33].</ref>. Il opère notamment deux grands raids successifs contre la population de langue Kimbundu. Le premier captura de quoi remplir six grands navires négriers entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-<ref name=Encyclopédie>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Martha McCartney, « Africans, Virginia’s First », Encyclopédie de la Virginie.</ref>, soit près de Modèle:Unité livrés ensuite à Veracruz, au Mexique<ref name=Austin/>. Parmi les six, le San Juan Bautista, parti de de San Lucar, près de Séville le 12 ou le Modèle:Date-<ref name=Austin/>. Chargé d'embarquer deux cents esclaves sur la côte angolaise<ref name=Austin/>, le négrier espagnol en a pris 150 de plus<ref name=Austin/>, en grande partie des femmes et des enfants<ref name=Austin/>.

Les archives montrent que trente-six négriers espagnols firent le trajet entre 1618 et 1621<ref name=McCartney/>, avant la défaite portugaise de décembre 1622 à la bataille de Mbumbi. Le San Juan Bautista fut le seul attaqué par des corsaires<ref name=McCartney/>. Il faudra attendre 1629 pour qu'un amiral hollandais s'attaque à une escadre espagnole de la Flotte des Indes, gagnant la bataille de la baie de Matanzas.

Un raid a lieu contre la ville d'Angoleme, décrite en 1564 comme habitée par Modèle:Unité dans près de Modèle:Nombre<ref name=Encyclopédie/>, où les habitants avaient leur propre religion<ref name=Encyclopédie/>, mais beaucoup avaient eu des contacts avec les missionnaires jésuites arrivés avec les Portugais en 1575<ref name=Encyclopédie/>. Des estimations chiffrent à 50 000 le nombre d'Africains capturés lors des raids de cette période<ref name=McCartney/> et l'évêque Manuel Bautista Soares du Kongo a parlé d'approximativement Modèle:Unité chrétiens capturés<ref name=McCartney/>.

La colonisation portugaise de l'intérieur des terres

Modèle:Article détaillé Les Portugais s’employaient surtout à acquérir l’or africain expédié en métropole<ref name=alencastro/>, mais intensifie la recherche d'esclaves dans la seconde partie des années 1620, compte tenu de la demande au Brésil.

Dans le diocèse du Congo et d’Angola, les évêques résidèrent entre 1596 et 1621 au siège épiscopal de Mbanza Congo, à Modèle:Unité du littoral puis s'installeront plus tard à Luanda<ref name=alencastro/>, au moment de l'intensification de la traite et de sa militarisation.

Desservie par des voies fluviales et des chemins, la région hébergeait entre Modèle:Nombre portugais et lusobrésiliens au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dont une part de soldats<ref name=alencastro/>, sans compter leurs alliés, les guerriers « jagas » et Mubiré<ref name=alencastro/>, ce qui en fait le peuplement européen le plus massif en Afrique pour deux siècles<ref name=alencastro/>.

Dans l'Angola de la seconde partie des années 1620, selon le gouverneur Fernão de Sousa (1625-1630), les sobas, devenus vassaux de la couronne portugaise, s’étaient engagés à fournir une certaine quantité d’esclaves adultes et robustes. Ce gouverneur rappelle que les « négriers » n’ont pas le droit de négocier directement dans les terres des sobas, mais que les femmes et enfants de ces derbiers sont envoyés aux Amériques en cas de non-livraison du quota d'esclaves<ref>Catarina Madeira-Santos, [https://journals.openedition.org/bresils/741 « Esclavage africain et traite atlantique confrontés : transactions langagières et juridiques (à propos du tribunal de mucanos dans l’Angola des {{#switch: XVIII

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}} »], revue Brésils, 2012.</ref>.

Les Portugais destabilisés par la guerre de Trente Ans

Modèle:Article détaillé

La marine hollandaise affaiblit le Portugal par ses colonies

La défaite subie par les soldats portugais en décembre 1622 à la Bataille de Mbumbi, malgré le soutien de leurs supplétifs, les mercenaires Imbangala, décrit par des sources européennes et locales comme des cannibales originaires du sud de la rivière Kwanza, modifie la donne de la guerre de Trente Ans. La marine hollandaise décide alors qu'elle va affaiblir les Portugais par leurs colonies.

C'est la mission confiée à Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, fondée en 1621, qui n'a pas les ambitions commerciales de la prestigieuse la Compagnie néerlandaise des Indes orientales car la piraterie constitue l'un des objectifs avoués de sa charte. Dans un rapport de l'époque, un des dirigeants de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales écrit : « sans esclaves, il n'y a pas de Pernambouc, et sans Angola, il n'y a pas de Portugal »<ref name=Demaret/>.

Dès 1624, les Néerlandais tentent de s'emparer de Luanda deux fois<ref name=Demaret/>, après la prise de Salvador de Bahia, au Brésil<ref name=Demaret/>, via deux expéditions, menée par Philip van Zuylen puis Piet Hein<ref name=Demaret/>. Ce dernier s'empare d'une flotte espagnole remplie d'argent du Pérou, au large de Cuba<ref name=Demaret/>.

Johan Maurits de Nassau tente une expédition contre Elmina, en 1637 puis en 1641<ref name=Demaret/>. Puis, profitant du flottement politique provoqué par la restauration de l'indépendance du Portugal vis-à-vis de l'Espagne, il s'attaque à Luanda et São Tomé<ref name=Demaret/>.

L'Angola ne sera repris aux Hollandais qu'en 1648, grâce au soutien des colons sud-américains du Brésil<ref name=alencastro/>. Le Brésilien Salvador de Sá devint alors lui-même gouverneur angolais<ref name=alencastro/>.

Les conséquences de l'attaque du Brésil par les Hollandais

La guerre de Trente Ans (1618-1648), est considérée par des historiens comme le premier conflit mondial en raison des batailles opposent les Hollandais aux Espagnols et Portugais sur les quatre continents. La plupart des soldats sont des mercenaires et les monnaies de l'époque, or, argent-métal et sucre, viennent à manquer. Les Hollandais ont déstabilisé le circuit commercial des esclaves qui partaient de l'Angola portugais vers les plantations du Brésil, produisant 80% du sucre mondial, en partie d'entre eux continuant leur voyage forcé vers le sud et Buenos Aires, embouchure du puissant fleuve remontant jusqu'au pied de la Cordillère des Andes, où ils transitaient ensuite par charriots vers l'énorme mine de Potosi alors une des villes les plus peuplées du Monde, assurant la moitié de la production d'argent-métal de l'Empire espagnol.

Une pénurie mondiale de sucre mais aussi d'argent-métal est alors causée par la destruction d'une grande partie des moulins à sucre du Pernambouc brésilien par les Hollandais<ref>P. C. Emmer, Les Pays-Bas et la traite des Noirs, Modèle:P..</ref>. Dès 1624, les Hollandais harcèlent les Portugais des deux côtés de l'Atlantique, puis s'emparent entre 1630 et 1635 des deux tiers du Brésil sucrier. Les cours du sucre flambent, quasiment au moment d'une surproduction de tabac, dont les prix sont au contraire en chute libre, provoquant en 1639 la seconde révolte des engagés blancs de la BarbadeModèle:Refinc<ref name="Pariser-p24">Modèle:Ouvrage.</ref>, les Irois, après celle de 1634<ref name="Pariser-p24" />. Dans cette petite île, la plus peuplée de la Caraïbe car sans Amérindiens, quelques planteurs un peu plus riches prévoient de passer de la culture du tabac à celle du sucre. Le Hollandais Peter Blower, arrivé du Brésil en 1637, y amène le sucre pour tester sa culture.

Cette situation provoquera dans la seconde partie des années 1640 l'importation d'Africains pour remplacer les engagés irlandais dont les planteurs se méfient, sur fond de Première révolution anglaise. De nombreux écrits de l'époque montrent cependant une résistance, aux Pays-Bas comme en Angleterre, aux idées esclavagistes, tout au long des années 1640.

Les années 1640

Le traité d'alliance commerciale entre le Portugal et l'Angleterre

Modèle:Article détaillé Sur fond de guerre néerlando-portugaise qui a épuisé et déstabilisé le commerce au Brésil, la Restauration portugaise de Noël 1640 met fin à l'Union ibérique associant depuis 1580 ce petit royaume à son grand voisin espagnol. le Roi Jean IV remplace le précédent. À la recherche d'alliés et de rentrées d'argent, il signe un traité de coopération avec les Néerlandais en 1641, puis dans la foulée début 1642 avec l'ex-ennemi historique qu'était l'Angleterre<ref name="opal">"Why the Portuguese Restoration of 1640 Matters to the History of American Slavery" par Jason Opal, professeur agrégé au Département d'histoire et d'études classiques de l'Université McGill, responsable du projet "Most Noble Island: Three Ages of Barbados in the Early America", le Modèle:Date- [34].</ref>. Les marchands anglais réclament immédiatement les mêmes privilèges<ref name=opal/>. Juste avant, en Modèle:Date-, la Révolte en Irlande et de supposés complots papistes dénoncés par des pamphlets alarmistes dans toute l'Angleterre protestante<ref>Modèle:Ouvrage ; Modèle:Ouvrage ; Modèle:Harvsp.</ref> ont poussé le roi [[Charles Ier (roi d'Angleterre)|Modèle:Nobr]], père de [[Charles II (roi d'Angleterre)|Modèle:Nobr]], à se réfugier le Modèle:Date au château de Windsor, au début de la guerre civile anglaise qui mènera à sa décapitation. Il était alors en pleine préparation de ce traité d'alliance et de commerce avec le Portugal<ref>Guide des agents consulaires, par J. Bursotti, éditions Cataneo, 1833.</ref>, qu'il signe le Modèle:Date- malgré l'opposition du Parlement anglais, et qui permet aux Anglais de tenter d'acheter des esclaves en Angola, à moitié envahi par les Hollandais, pour tenter d'en revendre aux planteurs anglais de la Barbade, où le sucre vient d'être introduit. De plus, quasiment seuls les Portugais connaissaient les rythmes infernaux et les secrets complexes de la production de sucre<ref name=opal/>, le bon adapté pour couper la canne et les dimensions exactes des laminoirs et chaudrons<ref name=opal/>, comme y fait référence le planteur brésilien Gaspar Dias Ferreira en 1645: « les Noirs et les sucres doivent passer par les mains des Portugais »<ref name=opal/>.

Ce traité ouvre Modèle:Citation.

Comme pour le distinguer du petit troc<ref name=opal/>, il autorise à « transporter des marchandises, des chargements ou des calèches sur des wagons, des chevaux ou des navires » des terres portugaises à « tout autre endroit »<ref>"Lorraine White, “Strategic Geography and the Spanish Hapsburg Monarchy’s Failure to Recover Portugal, 1640–1668,” Journal of Military History, 71 (April 2007), 379–409, citée par Jason Opal, professeur agrégé au Département d'histoire et d'études classiques de l'Université McGill [35].</ref>. Le texte appelle également à de futurs accords commerciaux avec le Brésil, dont une partie est restée portugaise<ref>"Articles of Peace and Commerce between the High and Potent Charles I….and John IV, King of Portugal [29 January 1642]” signé à Londres et retrouvés dans "A Collection of Treaties between Great Britain and Other Powers, éditions. George Chalmers (2 vols., Londres, 1790) II, 264, 259, and 257–67, cité par Jason Opal, professeur agrégé au Département d'histoire et d'études classiques de l'Université McGill [36].</ref>.

En 1641, la Barbade a déjà accueilli le premier navire négrier de son histoire, le Seerobbe, avec à bord Modèle:Nobr sur les 330 pris en Afrique<ref name=opal/>. La Guinea Company anglaise, dirigée depuis 1628 par Nicholas Crispe, un très proche ami du roi, avait été dénoncée dès 1640 par le Parlement britannique en raison de son monopole sur les forts d'Afrique pris par les Anglais aux Portugais pour tenter d'y collecter de l'or. Elle est aussi soupçonnée participer à la traite négrière. En 1999, les archéologues découvriront sur un site ayant appartenu à Nicholas Crispe, des vestiges d'une manufacture d'objets en verre probablement destinés à l'Afrique, renforçant cette thèse<ref>Modèle:Lien web.</ref> car ces objets sont les mêmes que ceux retrouvés en Amérique et au Ghana, sur la Côte-de-l'Or, et n'ont pas d'autres équivalents auparavant en Angleterre<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Opposés au roi, les parlementaires obtiennent en 1643 la fin du monopole de la Guinea Company. La Royal Navy lui réclame Modèle:Unité en 1642<ref name=Svalastog/> et le Parlement place ses biens sous séquestre en 1644, notamment la moitié du capital de la Guinea Company<ref name=Svalastog/>. Il est aussi question de saisir la moitié de la cargaison du navire The Star, qui ramène Modèle:Unité d'or africain<ref name="Svalastog">Mastering the Worst of Trades England’s Early Africa Companies and Their Traders, 1618–1672, Julie M. Svalastog · 2021 ÉditionsBrill [37].</ref>.

C'est seulement au milieu de la décennie que d'autres négriers anglais trouveront une petite place en Angola, que Portugais et Hollandais continuent de se disputer: les débuts de l'essor sucrier à la Barbade, entre 1640 et 1645, reposent principalement sur les Engagés blancs. Quand les Portugais reprennent l'Angola en 1648, les premiers négriers anglais sont déjà au Nigeria : pour enlever des esclaves, ils remontent les rivières du royaume d'Arda<ref name=opal/> où les Portugais avaient pris quelques-uns dès 1575<ref>Les Côtes d'Afrique occidentale entre «Rio Volta » « et Rio Lagos » (1535-1773) par P. Verger, dans le Journal des africanistes en 1968 [38].</ref>, et la Calabar (rivière)<ref name=opal/>, d'où ils en avaient déporté en Amérique espagnole en 1620 et 1625<ref name="Antera Duke" /> et vers la plantation de sucre brésilienne de "Santana" à Bahia dès 1616<ref name="Antera Duke" />. La rivière Calabar, navigable grâce à un tirant d'eau de Modèle:Unité, se jette dans le fleuve Cross à une cinquantaine de kilomètres de son estuaire. Au moins trois navires anglais ont acheté des esclaves en 1644-45, selon une source<ref>African Merchants, Notables and the Slave Trade at Old Calabar, 1720: Evidence from the National Archives of Scotland, Stephen D. Behrendt et Eric J. Graham en 2003.</ref>. Selon une autre, le Calabar fut victime d'un total de Modèle:Nobr négriers en 1645-1647<ref name="Antera Duke">"The Diary of Antera Duke, an Eighteenth-Century African Slave Trader" par Stephen D. Behrendt, Antera Duke, A.J.H. Latham, et, David Northrup en 2010 [39].</ref>, vers la Barbade principalement<ref name="Antera Duke" />, les traces de Modèle:Citation<ref name="Antera Duke" />, via des barres de cuivre et de fer échangées<ref name="Antera Duke"/>, n'apparaissant qu'en 1668<ref name="Antera Duke"/>. Alors qu'à la même époque, sur la Gold Coast, les esclaves ne représentent qu'une part minoritaire de la valeur des navires anglais<ref name="Antera Duke" />, au Calabar c'est la totalité et le seul motif de voyages<ref name="Antera Duke" /> qui en moyenne prennent six mois et déportent Modèle:Nobr<ref name="Antera Duke" />. Huit navires hollandais étaient auparavant venus entre 1638 et 1645, mais restés dans l'estuaire<ref name="Antera Duke" />. Au total, entre 1650 et 1815, le Calabar sera considéré comme la Modèle:5e zone de déportation d'Africains vers l'Amérique<ref name="Antera Duke" />, derrière les deux ports angolais de Luanda et Benguela, et ceux de Bonny (Nigéria) et Ouidah (Bénin)<ref name="Antera Duke" />. Ce trafic va transformer au siècle suivant un peuple de pêcheurs en canoé, les Efik (peuple), en auxiliaires des négriers européens : au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ils apprennent l'anglais et vendent comme esclaves la minorité d'Igbo<ref name="Antera Duke" />, peuple frontalier, établi sur leur territoire<ref>Chambers, Douglas B. (2005). Murder at Montpelier: Igbo Africans in Virginia. Univ. Press of Mississippi, Modèle:P.. Modèle:ISBN.</ref>, dans la zone comprise entre Bonny et Calabar.

Il s'agit de répondre à la pénurie d'esclaves<ref name=opal/> à la Barbade et dans les trois îles française des Antilles alors en pleine expansion sucrière: Saint-Christophe (partagée avec les Anglais), la Guadeloupe et la Martinique. Pénurie aussi de chevaux : leur exportation d'Angleterre est limitée depuis le déclenchement de la guerre civile<ref name=opal/>. En préparant sa traversée de l'Atlantique de 1647, Richard Ligon, un royaliste anglais, a fait appel à l’archipel du Cap-Vert, alors portugais, « où nous devions échanger des Noirs, des chevaux et du bétail »<ref name=opal/> pour les revendre dans la Caraïbe<ref>Richard Ligon, A True and Exact History of the Island of Barbados (Londres, 1654), cité par Jason Opal, professeur agrégé au Département d'histoire et d'études classiques de l'Université McGill [40].</ref>. Le Jacob, navire hollandais capturé par les Anglais, est acheminé à la Barbade en 1644<ref name=opal/>, puis de 1644 à 1646, au moins Modèle:Nobr anglais ont transporté des esclaves dans l’Atlantique<ref name=opal/>. La Barbade, sûre et stable<ref name=opal/>, où quelques grands planteurs avaient tiré solvabilité des exportations précédentes de coton et de tabac<ref name=opal/>, était la destination logique, surtout depuis la perte de l’île de Providence, prise par les Espagnols en 1641<ref name=opal/>. Saint-Christophe et les Bermudes étaient d'autres possibilités<ref name=opal/>.

En 1647, la Première révolution anglaise connait un second souffle, le roi rejette en Modèle:Date- un projet constitutionnel du gendre d'Cromwell, Henry Ireton, qui lui retire tout contrôle sur l'armée et la politique étrangère. Il réagit en attaquant l'Angleterre avec l'Écosse en avril-Modèle:Date- mais dès le mois d'août est défait par les parlementaires d'Cromwell à Preston<ref name="Chassaigne">Modèle:Ouvrage.</ref>, puis jugé par un tribunal spécial, choisi par la soixantaine de députés siégeant encore aux Communes (Parlement croupion) et décapité à Whitehall, le Modèle:Date-, la Chambre des lords étant supprimée le Modèle:Date- et la royauté abolie le 8<ref>Quentin Skinner, La Liberté avant le libéralisme, Paris, Seuil, 2000, note 43, 131Modèle:Nb p., Modèle:ISBN.</ref>. Ses partisans pour la plupart réfugiés aux colonies des Antilles et dans les îles de la Manche sont alors dans le viseur de Cromwell.

De 1641 à 1648, Garcia II du Congo, allié aux Hollandais, exclut la traite

Garcia II du Kongo devient Roi du Kongo le Modèle:Date, faisant échec au Portugais qui avaient tenté d'imposer un rival. Il contracte une alliance avec les Hollandais mais en fixant des règles : il se déclare disposé à continuer à commercer comme avec les Portugais, mais exclut la vente d'esclaves, car ce sont, répète-t-il, « ni de l'or, ni du drap, mais des créatures »<ref name=Tidiane>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les Hollandais du Brésil s'emparent deux mois après de Luanda, capitale de l'Angola et de São Tomé, à l'insu d'Amsterdam, qui accepte à postériori. La métropole y voit un moyen de défendre les Congolais contre les Portugais mais le gouverneur hollandais du Brésil lui propose de reprendre la traite négrière portugaise, en faisant miroiter une très forte rentabilité. En Modèle:Date, une guerre éclate entre Garcia II du Kongo et son vassal africain comte de Soyo, Dom Daniel da Silva<ref> Comte de Soyo de 1641 à 1650.</ref>, qui l'emporte le 29 avril puis fin Modèle:Date, contre une armée royale il est vrai limitée à 300 à Modèle:Nobr. Les archives montrent que le gouverneur hollandais a exigé un peu avant des Congolais un pot-de-vin, des esclaves qu'il a fait revenir discrètement, pour leur promettre une aide militaire dans ce conflit.

Le Modèle:Date arrivent au Kongo cinq missionnaires capucins (italiens et espagnols) avec un mandat de la Congrégation de la Propagande de la Foi, fondée par le Pape Grégoire XV en 1622. Par une lettre à Rome du Modèle:Date, le roi réclame l'envoi d'un nouveau contingent de missionnaires. Le Saint-Siège donne son accord et au total c'est une trentaine de capucins qui arrivent.

Sept ans après l'arrivée des Hollandais, une expédition navale, majoritairement financée par les Portugais du Brésil, expulse les Hollandais de l'Angola, le Modèle:Date. Le roi Garcia II est alors sous la menace d'un conflit avec les Portugais. Il négocie avec eux un traité de paix, conclu en 1649 à Luanda, abandonnant sa souveraineté sur l'île de Luanda et renonçant à tout commerce direct avec les Hollandais. Une clause prévoit que « le roi du Kongo s'engage à donner à la couronne du Portugal les montagnes dans lesquelles on dit que se trouvent des mines d'argent ».

Un premier conflit intervient en 1651, lorsque le roi est déçu dans son espoir d'obtenir l'appui de Rome pour rendre la royauté héréditaire et supprimer l'élection : il expulse de son fief son neveu Dom Pedro nommé duc de Nsundi. En 1654, du fait de la non observation du traité de 1649, la guerre manque d'éclater.

Le coup de frein d'Oliver Cromwell, des pirates et des Amérindiens

La Barbade fut la première menacée par une flotte envoyée d'Angleterre par Oliver Cromwell en 1651. Affaiblis par la première guerre anglo-néerlandaise, qui fait suite à cette expédition et est rapidement gagnée par Oliver Cromwell (1652-1654), les Hollandais renoncent au Brésil en 1654<ref name=deveau/>,<ref>"Laurent Wirth, inspecteur général de l’Éducation nationale , conclusion du Séminaire national "La traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions : mémoire et histoire", organisé le Modèle:Date- par l'Éducation nationale, au Carré des sciences, à Paris [41].</ref>. D'autres pays récupèrent une partie de leurs comptoirs africains.

Une autre flotte envoyée d'Angleterre par Oliver Cromwell s'empare de la Jamaïque espagnole en 1655, ou des pirates et boucaniers s'installent pendant une vingtaine d'années, constituant un obstacle à tout développement de l'esclavage, d'autant que plusieurs centaines d'esclaves locaux ont profité de l'assaut pour s'échapper et fuir dans les montagnes créer des "Quilombo", campements cachés à l'image de ceux qui ont tant tracassé les colons au Brésil et à Carthagène des Indes

Pour que l'esclavage puisse s'y installer la Couronne d'Angleterre décidera Modèle:Nobr plus tard d'effectuer des dons des terres importants aux pirates de Jamaïque des années 1670 en particulier à leur chef Henry Morgan.

En Guadeloupe et Martinique des années 1650, c'est la présence d'Amérindiens dans une partie de chacune des deux îles qui est un obstacle à la culture du sucre, avec de fréquentes attaques des plantations notamment en 1654. Les colons décident de les exterminer par la Guerre de 1658 contre les Indiens caraïbes, pour obtenir une île sans aucune présence amérindienne, comme l'était la Barbade dès sa première colonisation. La guerre est motivée par le fait que de nombreux esclaves fugitifs se sont réfugiés dans la partie de l'île contrôlée par les Indiens caraïbes<ref>"Histoire générale des Antilles et des Guyanes: des Précolombiens à nos jours", par Jacques Adélaïde-Merland, page 95 [42].</ref>. Les militaires qui y ont participé reçurent ensuite des terres, comme Pierre Dubuc de Rivery qui fonda une dynastie de planteurs de sucre.

Les colons des Antilles contre la Compagnie française des Indes occidentales

Colbert décide en 1658 de transformer la Compagnie normande, qui avait importé les premiers esclaves de Guadeloupe, en Compagnie du Cap-Vert et du Sénégal, dont elle rachète les actifs et le monopole du commerce au Sénégal, puis en 1664 le tout est cédé à une nouvelle Compagnie française des Indes occidentales (CFIO), qui récupère aussi les actifs antillais de la Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Ni l'une ni l'autre ne développent la traite négrière, car Colbert préfère ménager les Hollandais, qu'il cherche à faire venir en France pour créer des manufactures et qui commercialisent le tabac des Antilles françaises à l'export. Sur les côtes de Guinée, la CFIO sous-traite la traite à des interlopes hollandais<ref>Chouin, G. Minor Sources? Two Accounts of a 1670-1671 French Voyage to Guinea: Description, Authorship and Context. History in Africa 31 (2004):133-155.</ref> à l'exception de la mission avortée confiée de Modèle:Date- à Modèle:Date- à Louis de Hally et Louis Ancelin de Gémozac. Les liens diplomatiques avec les États de la Côtes de l'Or<ref>Chouin, G. Eguafo, un royaume africain au 'cœur françois'. Mutations socio-économiques et politique européenne d'un État de la Côte de l'Or (Ghana) au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Afera Éditions, 1998.</ref> n'entrainent pas de traite. Pour relancer celle-ci, Louis XIV fonde la Compagnie du Sénégal en 1673, dirigée par Sieur de Richemont puis Jacques Fuméchon (1674–1682), qui prend l'île de Gorée en 1677, dans le cadre de la Guerre de Hollande, alors que les premiers esclaves français des Antilles françaises venaient d'Angola, du Congo et de Guinée<ref name="Regent">"La France et ses esclaves: de la colonisation aux abolitions, 1620-1848" par Frédéric Regent, en 2007 [43].</ref>.

Accélération à la Restauration anglaise

Modèle:Article détaillé Dès la Restauration anglaise, le Modèle:Date, le roi [[Charles II (roi d'Angleterre)|Modèle:Nobr]] lance les bases de l'empire colonial anglais, en développant des colonies qui l'ont soutenu activement pendant. Il crée la Caroline, concédée à des proches, et où émigrent plusieurs centaines de planteurs de la Barbade, où la relance de la culture du sucre a suscité une pénurie de terres. Au Suriname, les colons anglais de la Barbade arrivés en 1650 agrandissent aussi rapidement leurs plantations, grâce à de nouveaux moulins à sucre inventés à la Barbade.

Portugais et Britanniques signent le traité de White-Hall, qui reprend l'esprit du traité du Modèle:Date-. Catherine de Bragance, sœur du roi [[Alphonse VI (roi de Portugal)|Modèle:Nobr de Portugal]], épouse le nouveau roi Modèle:Nobr d'Angleterre<ref name=":16">Casimiro Augusto, Dona Catarina de Bragança, rainha de inglaterra, filha de Portugal (1956), Fundaçâo da casa de Bragança - Portugalia editora.</ref>. Le Portugal devient un instrument essentiel de la politique d'expansion du Royaume-Uni<ref name=":14">Modèle:Ouvrage.</ref>, qui s'engage à le défendre lui et ses territoires coloniaux et reçoit des privilèges au Brésil colonial<ref name=":16" />.

Le roi [[Charles II (roi d'Angleterre)|Modèle:Nobr]] d'Angleterre fonde en décembre 1661 la Compagnie des aventuriers d'Afrique qui construit ou agrandit rapidement trois forts sur la côte ghanéenne, à Anashan, Winneba et Accra<ref>Le Ghana, par Patrick Puy-Denis.</ref> et reprend aux Hollandais, entre 1661 et 1664, les forts ghanéens de Morée et Takoradi, d'Anomabu et Egya, ainsi que celui de Carolusburg aux Danois, ou celui de Gorée, plus au nord, aux Hollandais<ref>Patrick Puy-Denis, Le Ghana, Karthala, Paris, 1994, Modèle:P. Modèle:ISBN [44].</ref>, ce qui amena les Hollandais à s'attaquer aux colonies anglaises du Suriname.

Dans les années 1660, la Compagnie des aventuriers d'Afrique a aussi fondé des établissements tout le long du fleuve Gambie, à Kassang, Brefet, Foni, Combo. Des forts furent bâtis sur la Petite-Côte, à Rufisque, Oudal et Portudal et sur la Grande côte, le long des rivières Sierra Leone et Nunez. L'île de Saint-André est rebaptisée James Island. Des acheteurs portugais, qui connaissent l'intérieur des terres, sont embauchés au nombre de<ref>Eurafricans in western Africa: commerce, social status, gender, par George E. Brooks, Modèle:P..</ref>.

La compagnie devait offrir deux éléphants au roi d'Angleterre à chaque fois qu'il se présentait sur son territoire<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Mais elle a beaucoup de mal à fournir l'énorme demande d'esclaves de l'Empire colonial anglais qui est lancé au même moment par le roi Modèle:Nobr en créant la Caroline et en développant la Barbade et le Suriname anglais.

Dès 1667, la Compagnie des aventuriers d'Afrique concède son monopole local à la Compagnie des aventuriers de Gambie, pour la traite en Gambie, où elle a échoué malgré ses investissements<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> puis est liquidée avec un passif de Modèle:Nombre en 1672, l'année de sa reprise par la Compagnie royale d'Afrique.

Les îles Vierges furent colonisées en 1672 par la Compagnie danoise des Indes occidentales et de Guinée.

Les guerres en Scandinavie succédant à la guerre de Trente Ans, avaient poussé les Rois de Suède du Danemark à rechercher des métaux précieux pour payer leurs mercenaires, en les échangeant en Afrique contre le cuivre et le fer, dont ils ont des réserves de minerais, en faisant appel à des navigateurs protestants et juifs du Brandebourg, région correspondant à l'estuaire allemand de l'Elbe, autour du port de Hambourg.

Fichier:Cape Coast Castle, Cape Coast, Ghana.JPG
Le fort de Cape Coast au Ghana.

Le Fort de Cape Coast, érigé par les marchands portugais puis repris par la WIC hollandaise, avait ainsi été récupéré par un de ses anciens salarié, Hendrik Carloff, qui se met au service d'une Compagnie suédoise d'Afrique puis DE sa rivale, la Compagnie danoise des Indes occidentales et orientales, pour constituer la Côte-de-l'Or danoise. Celle-ci va s'allier aux Anglais car elle entretient des liens commerciaux étroits avec la Barbade, à laquelle elle avait proposé à la fin des années 1640 de pallier sa pénurie d'esclaves. Les armes de la guerre de Trente Ans (1618-1648) vont être recyclées dans ce trafic. C'est ainsi que va émerger à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sur la côte, le royaume Denkyira et surtout, plus au nord, dans l'intérieur des terres, le royaume Ashanti et son premier souverain Obiri Yeboa, dont le successeur Osei Toutou remporta une série de victoires contre les voisins, à l'aide des armes à feu fournies par les Européens. Il reçoit le trône d’or, sur lequel était répandu le sang des prisonniers sacrifiés<ref name="Bourges-Wauthier_578"/>.

La Compagnie du Sénégal des années 1670

La création dans les années 1670 de la Compagnie du Sénégal et de la Royal African Company dope le commerce triangulaire. La Martinique n'avait que Modèle:Nombre en 1674, ils sont 90 000 un siècle plus tard. D'immenses fortunes émergent<ref name="Sevillia251">Modèle:Ouvrage.</ref>, sans se réinvestir dans l'industrie : malgré l'enrichissement des Irlandais de Nantes, l'arrière-pays reste sous-développé. Nantes, Bordeaux, Le Havre et La Rochelle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> deviennent à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle les principaux ports français pratiquant le commerce triangulaire français. La Compagnie française des Indes orientales développe un trafic de traite à partir du Sénégal (Île de Gorée) et du port de Ouidah, à destination des Antilles françaises, notamment de Saint-Domingue.Les bateaux sont plus grands, Saint-Domingue reçoit Modèle:Nombre par an, le prix des esclaves monte encore, générant des guerres en Afrique.

La très forte croissance de la traite atlantique au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Une consommation de sucre par habitant en quadruplement

Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle qui fut "le grand siècle sucrier et esclavagiste par excellence, l'ère des îles désenchantées par le commerce des hommes et le dur labeur servile des plantations", époque où son rôle fut capital<ref>Jean MEYER. Histoire du Sucre, Desjonquères, Paris, 1989, fiche de lecture par Jean Poussou dans les Annales de Démographie Historique 1990 [45].</ref>. Alors qu'en 1700, la planète n'a que dix pays exportateurs, livrant au total Modèle:Unité, en 1770, on est passé à Modèle:Unité<ref name="Walvin">[46] "L’épopée du sucre, ou l’histoire d’un désastre social", livre de l’historien britannique James Walvin, fiche de lecture par Christine Matthey, dans Le Temps du Modèle:Date-.</ref>. Le mouvement s'accélère à la fin du siècle avec par exemple en Angleterre et au Pays de Galles une consommation annuelle de sucre qui atteint en 1809 8 kilos par personne contre moins de 2 kilos par personne en 1700, soit un quadruplement<ref name="Walvin" />.

La demande accrue d'esclaves pour cultiver le sucre fait monter les prix: on estime à Modèle:Nombre les revenus en 1750 de Tegbessou, roi du Dahomey de 1740 au Modèle:Date-, et successeur d'Agadja, qui lui-même avait succédé en 1711 à Agbo Sassa, prince héritier et fils unique d’Akaba qui n’avait que dix ans à la mort de son père en 1708. Agadja développa le commerce avec les Européens sans les intermédiaires de la côte, mais subit l’invasion des Yorubas du puissant royaume rival d’Oyo en 1726, qui exigent un tribut en échange de la paix en 1727 puis lancent de nouvelles invasions en 1728, 1729 et 1730-1732. Les Yorubas furent eux-mêmes très touchés par la traite au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, mise en place par les puissances occidentales, les chefferies locales procédant par razzias<ref name=Coquery2011>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Vers 1750, Tegbessou livre à lui seul 9000 esclaves par an<ref name=Tidiane/>. Environ Modèle:Nombre sont exportés chaque année vers l’Afrique au cours de la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name=Tidiane/>. Des chefs locaux sont désormais équipés efficacement et les peuples du littoral du Golfe de Guinée, où domine désormais Modèle:CitationModèle:Quoi<ref name=Tidiane/> n'ont plus comme choix que vendre des esclaves ou fuir loin dans l’intérieur du continent<ref name=Tidiane/>.

Explosion la production de sucre, émergence du café, coton et riz

Au siècle suivant, la traite devient plus massive, car les plantations coloniales se multiplient. La production de sucre est multipliée par six dans la Caraïbe et de nouveaux produits émergent, le café et l'indigo de Saint-Domingue, le riz de Caroline. Les marchandises de traite (fer, armes) sont plus nombreuses et prix des esclaves grimpe en Afrique, provoquant des guerres dont le seul but est de faire des prisonniers.

En 1756, un ex-fort sur la côte du Ghana est transformée en « Brew Castle », vaste demeure richement meublée par le négrier anglais Richard Brew. Il épouse la fille du chef africain John Corrantee<ref>Le maître d’Annamaboe, par Jean-Pierre Bat, dans Libération du Modèle:Date- [47] ; Where the Negroes Are Masters, par Randy J. Sparks, [48].</ref>, qui en 1747 avait envoyé ses fils à Paris et Londres pour mettre en concurrence les deux puissances européennes du commerce d'esclaves d'Annamaboe<ref> Selon Randy J. Sparks.</ref>.

Les Hollandais, les Suédois, les Danois et les Lettons sont aussi présents pendant toute la première moitié du siècle puis vont peu à peu s'effacer devant les deux puissances militaires et maritimes du moment, la France et Angleterre, qui se répartissent l'Amérique Nord lors de leurs guerres mais aussi l'accès aux fleuves de l'Angola et du Congo, autrefois territoires portugais.

Entre 1700 et 1787, les exportations de sucre depuis l'Amérique quadruplent<ref name=Schnakenbourg/>. La production sucrière du Brésil stagne mais sa part des exportations fond, passant de 35% à 7%. Il est remplacé par la France, dont la part monte au cours de cette période de 17 % à 44 % tandis que l'Angleterre se stabilise à 37% contre de 39% au début du siècle. La part de tous les autres pays restE proche d'un dixième<ref name="BlackburnSchnakenbourg">"The Making of New World Slavery: From the Baroque to the Modern, 1492-1800", par Robin Blackburn en 1997, cité par Eric Schnakenbourg en 2021 [49].</ref>.

Répartition de la production mondiale de sucre<ref name=BlackburnSchnakenbourg/> entre 1700 et 1787:

Année 1700 1787
Brésil 35 % 7 %
Antilles françaises 17 % 44 %
Antilles anglaises 39 % 37 %
Reste du Monde 9 % 12 %

La fiscalité anglaise profite aux concurrents français

La Marine anglaise va accroître son pouvoir sur l'océan Atlantique tout au long du siècle, mais les plantations françaises de Saint-Domingue n'en vont pas moins prospérer malgré des perturbations causées les guerres, notamment en s'approvisionnant auprès de négriers anglais opérant discrètement sous pavillon portugais. Les cycles qui permettent aux négriers de Nantes, Bordeaux ou La Rochelle de s'enrichir très vite sont caractérisés par une très forte croissance, entre ces guerres.

La fiscalité des produits coloniaux est en effet très favorable en France alors qu'elle est confiscatoire dans l'Empire anglais, où la métropole veut étouffer les jacobites, très présents aux colonies et chez les négriers. Antoine Walsh, plus gros négociant du port de Nantes, fait partie des jacobites exilés en France et en Espagne. Il finance une grande expédition jacobite contre l'Angleterre en 1745, la dernière des guerres écossaises, dont les clans sont défaits à la Bataille de Culloden.

Fichier:084 Compagnie des Indes Traite des Noirs.jpg
La traite des Noirs pratiquée par la Compagnie des Indes orientales depuis Ouidah : rapport d'un inspecteur de la Compagnie datant de 1728 (Musée de la Compagnie des Indes).

Dès 1705, le sucre roux est ansi taxé à 342 % en Angleterre, niveau jugé prohibitif, faisant stagner les importations anglaises de sucre entre 1699 et 1713, à 44 milliers de tonnes, contre 438,3 milliers de tonnes<ref name="import">"Sugar and Slavery: An Economic History of the British West Indies, 1623-1775", par Richard B. Sheridan, page 410 [50].</ref>, au détriment de la Barbade<ref name="import" />, alors qu'elles explosent en France<ref name="import" /> où le commerce triangulaire est exonéré de toute taxe sur le sucre embarqué après avoir débarqué des esclaves<ref name="Eltis, 1987" />

Après la guerre de Succession d'Espagne qui s'achève en 1712, la législation française se durcit en 1713 et la contrebande passe ensuite par Newport qui devient dans les années 1730, la plaque tournante américaine du trafic de mélasse venue des Antilles françaises.

Les années 1712 à 1722 sont celles d'un essor de la traite<ref name=houdaille/>, temporairement stoppé en 1723-1725 par une crise brève mais brutale<ref name=houdaille/> et suivi de 1726 à 1731 par un nouvel essor<ref name=houdaille/> puis en 1732-1735 un léger tassement<ref name=houdaille/>. Assez rapidement, dès 1720 selon les historiens, la production de sucre de Saint-Domingue dépasse celle Jamaïque, puis l'écart se creuse.

En 1733, le parlement anglais vote le Sugar and Molasses Act imposant une taxe de six cents sur chaque gallon de mélasse entrant aux treize colonies américaines pour profiter du décollage de la traite<ref name=houdaille/>, qui s'accélère en 1736-1743. Celle-ci se déplace massivement vers la grande colonie française de Saint-Domingue de 1739 à 1744 amenant Antoine Walsh à entrer en campagne contre projet de taxe de dix livres par esclave importé à Saint-Domingue.

Puis les Années 1740 voient la conquête des terres du sud de Saint-Domingue, pour de nouvelles cultures, café et coton, notamment lors des difficultés des Anglais avec les Nègres marrons en Jamaïque, où le relief favorise le phénomène endémique des Nègres marrons de Jamaïque. En 1739-40, ceux-ci obligent le gouverneur britannique Edward Trelawny à signer un traité avec eux, promettant des terres et l'autonomie, en échange de leur engagement à ne plus aider les esclaves en fuite. Les Anglais se signalent alors par des attaques de corsaires. Sur les Modèle:Nobr négrières françaises de 1743, 11 sont victimes des corsaires britanniques.

Le port de Nantes s'enrichit très vite : la moyenne d'apport dans des mariages entre époux jacobites passe ainsi de 28 000 à Modèle:Nombre entre le premier et le deuxième quart de siècle dans cette ville et les années 1750 voient l'apogée de la traite nantaise, jusqu'en 1756.

Après 1763 : des négriers anglais pour les plantations françaises

Modèle:Article détaillé La guerre de Sept Ans (1756-1763) paralyse ensuite le trafic négrier<ref name="houdaille">"Les esclaves dans la zone d'occupation anglaise de Saint-Domingue en 1796", par Jacques Houdaille, dans la revue Population en 1971 [51].</ref> temporairement. Mais le Traité qui la conclut voit la France renoncer au Canada pour conserver ses îles à sucre, apportant une perspective de stabilité aux négriers et aux planteurs français de Saint-Domingue .

Ils profitent aussi du Sugar Act anglais de 1763, fiscalité alourdie sur les îles à sucre britanniques, pour les marginaliser. Mais si les Français dominent de plus en plus la rente sucrière, les Anglais comptent toujours dans le trafic négrier : au moins un cinquième des esclaves importés à Saint-Domingue, dans les années 1760 et les années 1770 transite sur des navires non français, selon les estimations les plus prudentes. La maison « Mason and Bourne », de Liverpool, recourt à des pavillons français<ref name="Eltis, 1987" />, tout comme les armateurs du Rhode Island. La Nouvelle-Angleterre livre les plantations françaises en poisson séché et en importe discrètement de la mélasse pour ses fabriques de rhum.

En 1767, un article de La Gazette du commerce, journal d'information économique, relate la création d'une association « pour la traite des nègres, le commerce d'Amérique et la pêche », qui dénonce la concurrence des navires étrangers le long de la côte africaine<ref name=rn/>. Modèle:Citation, affirme l'article<ref name=rn/>. L'objectif n'est pas atteint: en 1769, La Gazette du commerce publie cette fois des statistiques par pays du nombre d'esclaves achetés en Afrique, qui montre 104000 achats au cours de l'année, dont la moitié par les Anglais<ref name=rn>Modèle:Article.</ref>

La destination « Amérique du Nord », elle, reste modeste ne dépassant jamais 15 % du trafic négrier malgré une petite progression au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Eltis, 1987">D. Eltis (1987).</ref> : les plantations de riz de Caroline du Sud ont un taux de mortalité moins fort que celle de sucre et la majorité des esclaves y sont nés sur le sol américain.

Nouveaux bouleversements dans les années 1780

En 1776-1784, la guerre d'indépendance des États-Unis paralyse à nouveau<ref name=houdaille/> le trafic négrier, qui subit sept ans après, en 1791, le choc de la Révolution haïtienne puis 1793-1802 les guerres de la Révolution française et les guerres napoléoniennes jusqu'en 1815.

Entre-temps, l'abolition de la traite atlantique a été obtenue dès 1780 en Pennsylvanie, puis d'autres nouveaux États du Nord des États-Unis. Les législateurs prennent acte d'une réalité, les dizaines de milliers de libération d'esclaves par les Anglais dès les débuts la guerre d'indépendance des États-Unis<ref name="Bernardo">"De retour en Afrique: Des révoltes d'esclaves au panafricanisme", par João Bernardo, en 2020 aux Editions Librinova [52].</ref>, pour en armer une partie, ce qui fait basculer la plupart des planteurs du Sud contre l'Angleterre. Les nouveaux États du Sud des États-Unis refusent de suivre dans l'abolition et exigent au contraire une indemnisation massive par l'Angleterre, accusée de vol d'esclaves.

En Angleterre, ces événements ont fait évoluer les mentalités. Une pétition au Parlement réclame l'abolition en 1783<ref name="pinfold"/>, soutenue par Charles Middleton, chef suprême de la Royal Navy, puis d'autres, au nombre de 519, [[Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni#Mobilisation parlementaire et interdiction de la traite (1807)|totalisent Modèle:Nombre en 1792]]<ref name="Nelly_SCHMIDT"/>,<ref name="Dziembowski">Edmond Dziembowski, « Le radicalisme au début du xixe siècle, ou le poids des héritages », dans la revue Cahiers d’histoire, en 2010 [53].</ref>.

La France tente alors d'en profiter. À partir de 1784, les « acquis de Guinée » exonérant le commerce triangulaire sont remplacés par une subvention directe, majorée pour les voyages vers le sud de Saint-Domingue, Tobago, Sainte-Lucie, Martinique et la Guadeloupe<ref name="Eltis, 1987" />.

Conditions matérielles de la traite atlantique

Des taux de rentabilité difficiles à calculer

Les statistiques sur le trafic négrier donnent des taux de rentabilité très variables selon les périodes. La guerre de Sept Ans (1756-1763), la guerre d'indépendance des États-Unis (1776-1784) et les guerres de la Révolution française (1792-1802) ont relancé la piraterie et parfois stoppé la navigation. Leur durée représente près de la moitié de la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, période reine de la traite atlantique.

Le calcul d'une rentabilité moyenne, ou d'un nombre moyen d'esclaves déporté par an est ainsi biaisé, variant de 76000 à 100000 entre 1780 et les années 1820<ref name=doridiplo/>. Les chiffres font l’objet de vives controverses <ref name="doridiplo">"Une approche globale du commerce triangulaire" par Marcel Dorigny, Maître de conférences en histoire à l’université Paris-VIII, dans Le Monde diplomatique de novembre 2007 [54].</ref>, y compris pour le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle (60 % des expéditions<ref name=doridiplo/>) et le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle (33 %), alors que les {{#switch: XVII

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}} assurèrent à peine 7 % du total<ref name=doridiplo/>.

La forte mortalité des équipages

Fichier:087 Compagnie des Indes Plan d'un navire négrier.jpg
Plan d'un navire négrier de la Compagnie des Indes ayant chargé sa « cargaison » en 1769.
Fichier:084 Compagnie des Indes Traite des Noirs.jpg
La traite des Noirs pratiquée par la Compagnie des Indes depuis Ouidah : rapport d'un inspecteur de la Compagnie datant de 1728.

La mortalité des équipages des navires négriers est tout juste inférieure à celle des captifs<ref name="Vindt" /> car spécifiquement aggravée par 4 raisons<ref name= Saupin/>.

La première est l'exposition à des maladies tropicales virulentes contre lesquelles ces marins n'ont aucune immunité<ref name= Saupin/>, alors que les Africains approchés ont eux survécu à la mortalité infantile causée par ces maladies<ref name= Saupin/>.

Fichier:098 Dutertre Danse des Nègres.jpg
Dutertre : Traversée. Danse des Nègres (vers 1850).

La deuxième raison est la longueur des séjours effectués le long du littoral africain<ref name= Saupin/> bien supérieure à celle de la traversée pour ensuite gagner les îles de la Caraïbe ou le Brésil<ref name= Saupin/>: carences et maladies augmentent avec le temps à bord.

Les navires mouillent plusieurs mois, pour rechercher puis stocker les petits groupes de captifs qui y convergent par pirogues<ref name=Porret/>, et sont marchandés contre des textiles, armes à feu, et poudres aux souverains locaux, Modèle:Citation<ref name="Porret">" Le négrier ou l’enfer sur mer" critique du livre de l’historien Marcus Rediker, par Michel Porret, professeur d’histoire moderne à l’Université de Genève Le Temps du Modèle:Date- [55].</ref>.

La troisième raison est la dureté du travail à bord: il faut nettoyer les esclaves pour éviter qu'ils ne tombent malades, les faire monter sur le pont pour les travaux ou des exercices permettant de faire circuler le sang<ref name= Saupin/>, comme celui de la danse forcée<ref name=Porret/>, ce qui expose aux tentatives de mutinerie.

La quatrième est le fait qu'un nombre important de marins, une fois arrivés aux Antilles, préfèrent disparaître et que les capitaines préfèrent masquer ce phénomène en les comptabilisant comme décédés<ref name="Saupin">"La violence sur les navires négriers dans la phase de décollage de la traite nantaise (1697-1743)" par Guy Saupin, section dans l'ouvrage "La violence et la mer dans l'espace atlantique: {{#switch: -

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   Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle

}} " par Mickaël Augeron, Mathias Tranchant, aux Presses universitaires de Rennes en 2015 [56].</ref>.

Risques, comptabilité et craintes des dénonciations abolitionnistes

Les armateurs, face aux risques de piraterie, naufrages et maladies, ont multiplié les expéditions partagées entre un grand nombre d'investisseurs, qui achetaient des « parts » dans les navires et exigeaient en retour d'avoir des informations sur les dangers encourus et les pertes humaines<ref name= Saupin/>, d'où les rapports rédigés par les capitaines des navires négriers<ref name= Saupin/>. La traite atlantique faisait l'objet d'une comptabilité très détaillée.

Ces informations risquaient de tomber entre les mains des abolitionnistes anglais, qui à la recherche d'informations pour dénoncer les abus des capitaines à leurs associés.

Au Royaume-Uni, c'est dans le sillage du renouveau religieux impulsé par le fondateur du méthodisme, le prédicateur John Wesley que le mouvement antiesclavagiste prit une ampleur déterminante : dès 1774, la publication par Wesley de ses Modèle:Lang, encouragea les pasteurs méthodistes à réclamer avec force dans leurs sermons la disparition de la traite<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Les capitaines cherchaient donc à dissimuler les causes réelles des décès, l'entassement des esclaves sur les navires, la durée réelle des traversées, ou les révoltes d'esclaves, dont de nombreuses traces ont cependant survécu<ref name= Saupin/>.

Par ailleurs, la lourde fiscalité anglaise sur le sucre et le trafic négrier incitait à minorer les chiffres globaux.

La sous-estimation des révoltes et aléas climatiques

Amistad, film historique américain réalisé par Steven Spielberg en 1997 a montré les difficultés pour les esclaves, même en cas de révolte victorieuse sur le navire, à revenir en Afrique ou trouver une destination en Amérique sans être repris, à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Les supplices des meneurs (pendaison, décapitation, dépeçage, noyade à vif)<ref name=Porret/>, visaient aussi à les décourager.

Sur le navire bordé de filets pour les suicidaires<ref name=Porret/> règnent nudité<ref name=Porret/>, marquage au fer rouge, entassement à demi courbé Modèle:Nobr par jour<ref name=Porret/>, enchaînement en duo, au milieu des rats et de la vermine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, travaux de nettoyage forcés, qui s'ajoutent au gavage des grévistes de la faim à l’ouvre-bouche métallique<ref name=Porret/>.

La construction d’un faux-pont, entre l’entrepont et le pont supérieur, servait à augmenter la surface de stockage des captifs. Il était démontable. Les trop grands ne pouvaient se tenir assis<ref name= Saupin/>. C'est l’aménagement le plus significatif des navires de traite lorsque ce phénomène prend son essor à Nantes dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name= Saupin/>,<ref>" A bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite" par Marcus Rediker, Editions du Seuil, 2014 [57].</ref>.

De 1713 à 1743, les archives nantaises comportent 33 exemples de révoltes pour Modèle:Nobr, soit une sur 14, la plupart en mer et parfois lors des escales dans les îles portugaises<ref name= Saupin/>.

Les mutins utilisent des armes saisies sur les sentinelles et le matériel de travail ou de navigation, notamment les couteaux en cuisine<ref name= Saupin/>. L'équipage a pour consigne de limiter les pertes<ref name= Saupin/>: les rapports des capitaines insistent sur le recours à des armes qui assomment et sur les décès par noyades et suicides. Plusieurs rébellions ont causé la mort d’une cinquantaine de noirs<ref name= Saupin/> mais la majorité moins de Modèle:Nobr<ref name= Saupin/>. En 1721, la réédition du Parfait Négociant de Jacques Savary<ref name= Saupin/> témoigne du nombre important de révoltes d'esclaves et tente de définir des précautions<ref name= Saupin/>. L'auteur explique Modèle:Citation. Il en est fait mention par son fils Jacques Savary des Bruslons dans son « Dictionnaire universel de commerce », publié en 1723<ref name= Saupin/>.

Tous les témoignages émanent des gardiens<ref name= Saupin/>, en général passés au filtre des rapports de capitaine devant justifier devant leur armateur la perte d’une partie de la cargaison<ref name= Saupin/> et qui privilégient souvent une explication de type psychologique<ref name= Saupin/>.

Les constats alarmants ne relèvent pas tous des abolitionnistes. La La Gazette du commerce publie en 1771 une lettre d'un certain Laffon de Ladebat, qui n'a rien d'un abolitionniste, à propos de « la nourriture des nègres dans les vaisseaux »<ref name=rn/>. Le texte décrit Modèle:Citation<ref name=rn/>, tout en assurant que Modèle:Citation et que Modèle:Citation<ref name=rn/>.

Aléas climatiques et entassement s'aggravent mutuellement

Le taux d'entassement est variable d'un navire à l'autre, difficile à certifier, et ne suit aucune courbe logique au fil des décennies. Les premières expéditions négrières du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ont lieu sur de gros bâtiments, en période de guerre.

Ensuite, la période 1713-1743 voit les taux d'entassement en constante augmentation, allant de 2 à Modèle:Nobr par tonneau. Une baisse temporaire a cependant lieu en 1740 et 1743, grâce à l'augmentation du tonnage.

Le principal facteur de mortalité est l'allongement de la durée du voyage, causé par un aléa climatique ou le risque d'être arraisonné par un autre navire. Il est aggravé en cas d'entassement.

S'ensuit en général une pénurie, les vivres et eau s'abîment et s'épuisent. Elle est d'autant plus grave que le capitaine a pris ou non un risque qui vient l'aggraver, celui d'entasser un nombre d'esclaves plus important que prévu dans les cales du navire. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les cycles de la traite négrière sont courts, coupés par les guerres, avec une très forte croissance qui incite les armateurs à en profiter le plus vite possible. La Modèle:Citation selon l'historien Guy Saupin. Si le voyage dure, les captifs incubent des maladies européennes.

Pendant les tempêtes, les périodes sans aucun vent ou les canicules, l'impossibilité de ventiler le navire augmente le nombre de victimes et la probabilité de révoltes. Modèle:Citation, selon Guy Saupin.

Après 1712, entre 14 et 20 % des effectifs embarqués décèdent. Ce taux revient dans les années 1720 à 13,9 %, mais cette diminution n'est pas confirmée de 1731 à 1743, malgré la fin d'une phase d’expérimentation longue.

Les armateurs qui fixent les consignes cherchaient d'abord à limiter les décès en raccourcissant le plus possible le temps passé à bord, mais sans forcément y parvenir.

Un commerce d'hommes influents

Modèle:Article détaillé La traite négrière occidentale, en raison de ces importants risques militaires, sociaux, médiaux et politiques, nécessite une surface financière conséquente. On n'y trouve guère d'artisans ou petits marchands, mais surtout des officiers supérieurs, la plupart du temps très proches de la royauté, parfois habitués aux expéditions lointaines ou des financiers confirmés.

Un homme d'origine plus modeste, comme Henry Morgan, s'y fait une place grâce à son statut de chef des pirates de la Caraïbe au début des années 1670. La majorité de ces armateurs (il existe quelques exceptions comme la famille de Montaudoüin) ne consacre qu'une partie de leur activité à la traite négrière afin de diversifier les risques. Ainsi à Nantes, premier port négrier en France (43 % des expéditions négrières françaises, représentant un peu plus d’un dixième de l'activité maritime nantaise), l'armement négrier n'a jamais excédé 22 % de l'armement total<ref name="Vindt">Modèle:Article.</ref>.

Le développement très rapide de la traite entre 1665 et 1750 contribue à des fortunes considérables, à une époque où l'argent est rare et circule encore relativement peu, l'absence d'industrie limitant les possibilités de s'enrichir vite. Leur influence amène l'Angleterre puis la France à approvisionner en esclaves l'Espagne à qui le traité de Tordesillas interdit l'accès aux côtes d'Afrique.

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Jean-Baptiste du Casse, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Quelques personnages influents dans la traite négrière occidentale :

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}}…] Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>, puis est guillotiné en 1794.

Les négociants juifs n'ont joué qu'un rôle très marginal dans la traite atlantique. Dans Le Monde du Modèle:Date-, l'historien Gilles Manceron<ref>Rédacteur en chef de revue de la Ligue des droits de l'homme.</ref> a rappelé les quatre déclarations en un an de l'humoriste Dieudonné accusant les Juifs d'être responsables des traites négrières<ref>Dans Le Journal du dimanche du Modèle:Date-, à propos de ceux qui avaient agressé le public de son spectacle, il affirmait : "Ceux qui m'attaquent ont fondé des empires et des fortunes sur la traite des Noirs et l'esclavage", puis en juillet 2004, il récidivait : "Les juifs ont profité de cette colonisation et de la traite négrière." et évoquait le Modèle:Date- "la haine des juifs à l'égard des Noirs" et affirmait le Modèle:Date- que les "autorités sionistes" l'empêchaient de faire "un film sur la traite négrière".</ref>, en démontrant qu'elles n'ont aucun fondement. Il rejette les appels aux tribunaux, interdictions et agressions visant ses spectacles, pour ne pas lui permettre Modèle:Citation, alors qu'il Modèle:Citation<ref name="Manceron">"L'exploitation raciste d'un crime contre l'humanité", par Gilles Manceron, dans Le Monde du Modèle:Date- [58].</ref>, le terme « élucubrations » étant aussi utilisé à ce sujet par l'historien Olivier Grenouilleau. Aucun juif ne figurait parmi les capitaines de navires négriers<ref name=Manceron/> ; ils étaient absents du négoce négrier à Nantes<ref name=Manceron/> et très marginaux à Bordeaux<ref name=Manceron/>. L'écrivaine noire Calixthe Beyala, présidente du Collectif Égalité, a au même moment rappelé dans Le Monde qu'au moment Modèle:Citation. Elle dénonce aussi les médias qui font de Dieudonné le Modèle:Citation, contribuant Modèle:Citation<ref name="Beyala">"Les convoyeurs de la haine", par l'écrivain Calixthe Beyala présidente du" Collectif Égalité", dans Le Monde [59].</ref>.

La traite des Océaniens

Modèle:Article détaillé

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Groupe de Kanaks dans une exploitation de canne à sucre du Queensland, en Australie.

Une pratique s’apparentant à l’esclavage

Dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, bien que l’esclavage soit alors aboli dans les pays occidentaux, les Océaniens vont faire l’objet d’une véritable traite, digne de celle des noirs d’Afrique, pour faire face aux besoins des compagnies minières et des plantations coloniales, c’est le blackbirding. Comme dans le cas de l'engagisme, cette main d’œuvre est en principe sous contrat, et certains sont volontaires, mais la majorité est razziée sur les plages, kidnappée ou vendue par des chefs<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref>.

Le blackbirding commence en 1863, à l’initiative de Robert Towns, armateur et homme d’affaires australien, fondateur de Townsville, pour ses champs de coton<ref name=":1" />. Au total, pour approvisionner le Queensland en Australie, ce sont près de Modèle:Unité qui sont recrutés ou enlevés, principalement en provenance des Nouvelles Hébrides (Vanuatu) et des Salomon, mais aussi de Nouvelle-Guinée et aux Îles Loyauté<ref name=":02">Modèle:Article.</ref>.

De même plusieurs milliers de Gilbertins sont recrutés pour travailler sur les plantations des Fidji, des Samoa, de Tahiti.

L'Est de l'océan Pacifique est aussi concerné, et les mines du Pérou sont responsables de razzias sur les îles Ellice, Tokelau, Cook, Marquises et sur l’île de Pâques<ref name=":1" />.

Fin progressive de la traite

Le Royaume-Uni réglemente le trafic en 1868 et 1872. La France instaure en 1874 une législation et un service spécial de l’immigration. L'Australie l’interdit dès 1902. Les abus restent toutefois encore très nombreux et le taux de mortalité de cette population était élevé : environ 30% d’entre eux mouraient sur les plantations, en raison de leur exposition aux maladies européennes mais aussi de la malnutrition et des mauvais traitements<ref name=":22">Modèle:Lien web.</ref>. En 1904, l’enseigne de vaisseau Laurent écrit à propos du recrutement des Néo-Hébridais : « Pour 450 F (…) le Canaque est vendu pour Modèle:Nobr (…). Au bout de ce temps (…) 70 % ont disparu, victimes d’un travail trop pénible, de privations exagérées et surtout de mauvais traitements qui forment trop souvent leur seule rétribution »<ref name=":02" />.

Souvenir et reconnaissance

En Australie, les descendants du blackbirding représentent une communauté de Modèle:Nombre qui se considèrent comme « le peuple oublié ». Des fosses communes pleines de ces ouvriers morts sur les plantations, sont encore découvertes aujourd’hui<ref name=":22" />. Depuis la fin des années 1990, l'Australie et ses territoires reconnaissent progressivement l'existence historique de cette pratique et entament des démarches officielles de réparation symbolique au profit des descendants australiens des victimes de blackbirding<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La répression et l'abolition des traites négrières

Modèle:Article détaillé Modèle:Article détaillé Dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les traites négrières rencontrent une opposition en Angleterre. Ralph Davis a raconté les mutineries de Liverpool en août 1775, dans le port, où des marins de navires baleiniers se révoltèrent contre des armateurs désireux de réduire les salaires et furent rejoints par l'équipage d'un navire négrier, avant d'occuper la Bourse de Commerce, où les soldats furent envoyés pour déloger plusieurs milliers de mutins<ref>"Européens et espaces maritimes: vers 1690-vers 1790", par Paul Butel, p. 175 [60].</ref>.

Des interdictions qui s'échelonnent entre 1786 et 1814-1815

La plupart des pays impliqués dans les traites négrières les ont abolies au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, plusieurs décennies avant de le faire pour l'esclavage, d'abord pour des motifs humanistes. Pour sa part, l'historien marxiste Eric Williams y voit un calcul économique pour favoriser le libre-échange au détriment d'un mercantilisme daté<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le premier pays occidental à abolir la traite des Noirs est le Danemark : une ordonnance royale du Modèle:Date- proscrit la traite (l'esclavage y sera totalement aboli en 1847), mais la mesure devra s'échelonner sur dix ans<ref>Éric Schnakenbourg , « Les Scandinaves et la traite des Noirs », Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe (en ligne), ISSN 2677-6588, ehne, Modèle:Date-, consulté Modèle:Date-.</ref>. Une première fois le Modèle:Date- la France interdit le versement des primes accordées depuis 1784 aux trafiquants d'esclaves et renouvelle la mesure le Modèle:Date-. La traite est ensuite abolie par le Royaume-Uni en 1807, les États-Unis en 1808, et en France, par le décret du 29 mars 1815<ref>Bulletin des lois, 1815 (page 55) - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486114j.</ref>, quand Napoléon revient au pouvoir lors des Cent-Jours, confirmé par la suite par l'ordonnance royale du Modèle:Date et la loi du Modèle:Date. Ces trois pays n'aboliront respectivement l'esclavage qu'en 1833, 1865 et 1848<ref name="Delacampagne208">Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Bodleian Libraries, Vive l'egalité Vive la liberté- Napoleon Bonaparte premier consul s'est rendu à Notre Dame pour y entendre la Sainte Me.jpg
« Vive l'égalité, vive la liberté », caricature de Napoléon, Bodleian Library.

La France et le Royaume-Uni ont signé une première convention pour la suppression du trafic des esclaves et un traité contre la traite des Noirs le Modèle:Date- et une convention supplémentaire le Modèle:Date-<ref>Georg Friedrich von Martens, Nouveau recueil de traités d'alliance, de paix, de trêve, de neutralité, de commerce, de limites, d'échange... des puissances et États de l'Europe depuis 1808, Librairie de Dieterich, Gottingue, 1833, tome IX, 1827-1831, Modèle:P..</ref>. Cette convention prévoit que d'autres puissances maritimes sont invitées à se joindre à ces conventions. Les villes hanséatiques le font le Modèle:Date-<ref>Georg Friedrich von Martens, Nouveau recueil de traités d'alliance, de paix, de trêve, de neutralité, de commerce, de limites, d'échange… des puissances et États de l'Europe depuis 1808, Librairie de Dieterich, Gottingue, 1840, tome XV, 1830-1838, Modèle:P..</ref>, le Grand-duc de Toscane le Modèle:Date-<ref>Annales maritimes et coloniales, 1841, Modèle:P..</ref>, la république d'Haïti le Modèle:Date-<ref>Annales maritimes et coloniales, 1841, Modèle:P..</ref>.

Le Brésil abolit officiellement la traite en 1850<ref name="Delacampagne214">Modèle:Harvsp.</ref> mais l'esclavage seulement le Modèle:Date<ref>Modèle:Lien web.</ref>, ce qui cause le renversement de l'empereur Pedro II<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le dernier navire négrier arrive à Cuba en 1867<ref name="Delacampagne215">Modèle:Harvsp.</ref>.

Si la traite atlantique disparaît, une traite persiste entre l'île de Zanzibar et le monde arabe. Alexandrie est de nouveau, dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'un des principaux marchés à esclaves. On estime à Modèle:Unité de personnes le nombre des victimes de la traite transsaharienne entre 1800 et 1880<ref name="Delacampagne215"/>. Une nouvelle forme de traite apparaît : l'engagisme ou coolie trade.

L'abolitionnisme avait cependant tenté d'interdire l'esclavage bien plus tôt. Dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la papauté condamne l'esclavage : c'est le cas de Pie II, de Paul III, de Pie V, d'Urbain VIII ou encore de Benoît XIV<ref name="Sevillia252">Modèle:Ouvrage.</ref>. Mais ne pouvant le supprimer, elle cherche ensuite à améliorer les conditions par une action auprès des esclaves (Sœur Javouhey, Pierre Claver, Montalembert).

La Révolution française [[Décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794|abolit l'esclavage le Modèle:Nobr]]<ref>Modèle:Lien web.</ref>, Napoléon Bonaparte le rétablit par le [[Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802|décret du Modèle:Nobr]] (Modèle:Date-) après la restitution de la Martinique, de Sainte-Lucie et de Tobago à la France par la paix d'Amiens (Modèle:Date-)<ref>Modèle:Lien web.</ref> et plus encore lors du soulèvement de Saint-Domingue qu'il tente vainement de combattre par une expédition désastreuse qui ne peut empêcher l'indépendance d'Haïti<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il rétablit aussi l'esclavage en Guadeloupe et en Guyane, les deux autres colonies qui avaient joui de l'abolition depuis 1794. L'abolition de l'esclavage sera définitive, dans toutes les colonies et possessions françaises, avec le [[décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848|décret du Modèle:Nobr]]<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En Louisiane, le gouverneur espagnol, Francisco Luis Hector de Carondelet, avait interdit toute importation d'esclaves en 1796. Son prédécesseur Esteban Rodríguez Miró, avait banni en 1786 l'importation d'esclaves nés dans la Caraïbe, la limitant à ceux qui venaient d'Afrique.

La Révolution haïtienne de son côté, combattit la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe, liée à la traite négrière illégale, pour rendre la traite plus dangereuse et plus difficile.

Les effets de l'abolition aux États-Unis

Le Brésil achète ses esclaves avec l'or du Minas Gerais, en expansion dès 1740, recyclé pour acheter des tissus indiens dans les années 1780<ref name="Eltis, 1987" />. Avec les Portugais et Espagnols, ils sont les seuls à avoir un accès régulier à l'Afrique à partir de 1810<ref name="Eltis, 1987" />. Les importations d'esclaves aux États-Unis chutent de 8 % dans les années 1790 et 20 % dans les années 1800<ref name="Eltis, 1987" />, tombant aux deux tiers de leur niveau des années 1780<ref name="Eltis, 1987" /> dès les années 1820. Sans les restrictions aux traites négrières, ce volume aurait au contraire doublé en trente ans, selon l'historien David Eltis, professeur à l'Université Emory, vu le boom des surfaces plantées en coton aux États-Unis. L'allongement de la durée de vie des esclaves, le bond de leur natalité et la hausse de la productivité ont compensé<ref name="Eltis, 1987" /> et pris le relais des achats à prix fort aux anciennes colonies de la côte atlantique qui ne pèseront plus que 10 % du coton américain en 1865.

Entre 1817 et 1820, neuf négriers du Rhode Island sont condamnés par les tribunaux américains<ref name="Eltis, 1987" />. La plupart vont chercher des esclaves à Cuba pour les revendre en Géorgie, d'où un prix plus élevé de 50 % à Cuba, soumis à la demande des États-Unis, qu'au Brésil<ref name="Eltis, 1987" />. Puis le quasi-monopole mondial des États-Unis dans le coton les place en position de force face aux marchands d'esclaves<ref name="Eltis, 1987" />.

Les historiens estiment que le professeur Philip Curtin a sous-estimé le nombre d'esclaves importés aux États-Unis, plus que pour les autres territoires et constatent une chute des prix des esclaves en 1823, quand les abolitionnistes en Angleterre obtiennent une répression plus dure de la traite, dans le sillage du Scandale de l'île d'Amelia de l'automne 1817, qui voit l'armée de négriers de Louis-Michel Aury investir une île espagnole. Une forte hausse des prix des esclaves va au contraire anticiper, dans les années 1850, l'abolition de l'esclavage aux États-Unis<ref name="Eltis, 1987" />, à une époque où il est difficile de s'en procurer, le Brésil monopolisant le commerce illégal, et où leur accès aux soins s'améliore, aidé par le fait que la proportion de mulâtres parmi les esclaves des États-Unis d'Amérique va atteindre 10,4% en 1860. Une fois la traite atlantique disparue, la croissance démographique en Afrique atteignit l'un des taux les plus élevés du monde entre 1900 et 1950.

Le traité de 1817 avec le roi de Madagascar

En 1817, les Britanniques signent un traité avec Radama Ier, roi de Madagascar, lui allouant Modèle:Unité annuels pendant trois ans contre son engagement à renoncer à la traite tandis que le roi négrier Docemo du golfe de Guinée sera déposé par des interventions militaires.Modèle:Refnec

Les nouveaux circuits de la traite

Les Antilles britanniques ne représentent plus qu'un tiers des esclaves transportés par les négriers britanniques après 1800, selon l'historien David Eltis, professeur à l'Université Emory<ref>"Economic Growth and the Ending of the Transatlantic Slave Trade", par David Eltis, professeur d'histoire à l'Université Emory, Oxford University Press, 1987, page 51 [61].</ref>. Les négriers anglais et américains sont nombreux à changer de localisation, pour éviter la répression de la traite. Ils évitent les ports anglais à partir de 1811 et s'installent à l'étranger, recourant au pavillon portugais, pays allié de l'Angleterre<ref>"Economic Growth and the Ending of the Transatlantic Slave Trade", par David Eltis, professeur d'histoire à l'Université Emory, Oxford University Press, 1987, page 53 [62].</ref>. De plus, les négriers refusent de faire crédit à Cuba et dans les Antilles françaises, réduisant les flux vers cette destination.

Entre 1783 et 1807, la moitié des esclaves transportés par le Rhode Island allaient à Cuba. Mais après 1807, les navires danois et anglais, qui régnaient sur le commerce interantillais, ont cessé la traite négrière, ce qui fait chuter les prix sur ce marché. Cuba est alors approvisionné directement en Afrique et devient la plaque tournante du trafic mondial, dirigé en grande partie par les Réfugiés français de Saint-Domingue à Cuba, qui importe entre 1792 et 1807 autant d'esclaves qu'en deux siècles, et qui avaient animé la Piraterie des années 1800 dans la Caraïbe. Sur Modèle:Nobr négriers recensés entre 1808 et 1815, la totalité sauf douze passe par Cuba ou le Brésil.

L'action spécifique des Britanniques contre les traites négrières

Modèle:Article détaillé Modèle:Article détaillé Le Royaume-Uni a eu les moyens de réprimer la traite de la plupart des pays, grâce à la puissance de la Royal Navy, sortie gagnante du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, sous la pression d'une partie des milieux économiques, menés par William Wilberforce, qui l'avaient jugée contre-productive dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, pour des raisons d'équilibre économique, puis sous l'influence de l'Anti-Slavery Society. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la culture du sucre est plus grande consommatrice d'esclaves, qui meurent d'épuisement sur les plantations en quelques années, et les « îles à sucre » françaises ont profité d'une fiscalité plus favorable pour supplanter leurs rivales britanniques.

La Société pour l’abolition de la traite négrière (Society for the Extinction of the Slave Trade), influencée par les initiatives des quakers anglais et nord-américains, provoqua en 1788 une enquête du Conseil privé de la Couronne<ref name="coll2006">"La traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions : mémoire et histoire", Actes du colloque national - Paris, le Modèle:Date- [63].</ref>, qui amena le Parlement à voter en 1807 l’interdiction de la traite négrière. Les abolitionnistes britanniques intensifièrent alors leurs campagnes<ref name="coll2006"/>, recourant aux moyens les plus divers pour sensibiliser l’opinion publique mondiale : conférences, signatures de pétitions, campagnes de boycott des marchandises en provenance de pays à esclaves, diffusion de livrets et feuilles imprimés et illustrés. L’Angleterre prit ainsi la tête des courants abolitionnistes mondiaux après avoir maîtrisé le trafic négrier pendant plus de deux siècles<ref name="coll2006"/>.

Au congrès de Vienne (1815), Talleyrand promit à Castlereagh de soutenir la position britannique sur l'interdiction de la traite. Malgré l’abolition par plusieurs pays, celle-ci continua de perdurer. En France, elle devint illégale mais se poursuivit : jusqu'au milieu des années 1820, des négriers français sont armés à Nantes ou Bordeaux, à la vue de tous. Ils bafouent ouvertement la loi. Entre 1815 et 1833, on recense Modèle:Nobr de traite à Nantes<ref name="Sevillia251"/>.

La traite négrière disparaît grâce à des accords entre la France et le Royaume-Uni et d'autres pays, incluant un « Droit de visite des navires étrangers », prévu explicitement par une série de traités internationaux : la Royal Navy croise sur les côtes occidentales africaines. La mission de ses vaisseaux est de visiter les lieux de la traite et les navires marchands. L'État français coopère, mais une large partie des milieux d'affaires français accuse l'Angleterre de vouloir simplement ruiner la France et juge que la traite est un acte patriotique, contribuant à la richesse de la France. Après 1835, on ne dénombre plus que Modèle:Nobr français à s'être livrés à la traite.

Les marchés nationaux d'esclaves se substituent aux traites négrières

Fichier:Slave Market-Atlanta Georgia 1864.jpg
Vente aux enchères d'esclaves noirs, Atlanta, Georgie, États-Unis, 1864.

Aux États-Unis, il faut attendre 1805 pour que Washington interdise l'importation d'esclaves, ce qui enrichit leurs propriétaires : sur le marché aux esclaves de La Nouvelle-Orléans, le prix d'un esclave monte à Modèle:Unité en 1805 contre 200 en 1776 et 100 en 1766. Trois nouveaux états esclavagistes sont fondés dans les années 1810 : Alabama, Mississippi et Louisiane. Ils cultiveront 78 % du coton américain en 1859, si on leur ajoute la Géorgie. Les esclaves des anciennes colonies de la côte atlantique sont déplacés depuis le port de Norfolk jusqu'à La Nouvelle-Orléans, puis vendus aux propriétaires de l'Ouest. La Louisiane importe Modèle:Nombre entre 1790 et 1810<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La plupart doivent ensuite emprunter des « routes de la migration » établies le long d'un réseau d'entrepôts.

Les États-Unis ne comptaient que Modèle:Nombre en 1750, sur Modèle:Nobr d'habitants. En 4 générations, leurs descendants sont Modèle:Nobr plus nombreux : Modèle:Nobr en 1865. Une question centrale abordée par les historiens des États-Unis a été de savoir comment le commerce interrégional des esclaves du Vieux Sud côtier vers le Nouveau Sud intérieur a affecté les familles d'esclaves. La réponse, selon des études récentes, est que les familles et les communautés d'esclaves ont été dévastées: même si une partie des propriétaires cherchant des occasions de s'installer dans des régions de frontière se déplaçait avec leurs esclaves et leurs familles, il est probable que plus de 50 pour cent des esclaves exportés l'ont été sans leur famille.

Au Brésil, la délocalisation du pouvoir politique et financier vers le sud facilita le développement de la production de café dans le sud-est. L'Angleterre, qui craignait la concurrence « déloyale » d'une production par des esclaves exigea une chasse aux trafiquants<ref name="Guinard">BRÉSIL, LE PAYS DU CAFÉ, par Bruno Guinard, français installé au Brésil depuis plus de Modèle:Nobr, 2015 [64].</ref>. Du coup, le prix des esclaves flamba et un marché interne se développa pour déplacer cette main d´œuvre du Nordeste<ref name="Guinard" />.

Les abolitions tardives

Modèle:À compléter L'Arabie saoudite a aboli l'esclavage en 1962, la Mauritanie en 1981.

Le nombre de victimes des traites négrières

Fichier:The Last Journals of David Livingstone, in central Africa (1874) (14783837922).jpg
« Les esclavagistes se vengent de leurs pertes », Journal de D. Livingstone, 1874.

Le nombre de victimes des traites négrières est très variable d'un auteur à l'autre et n'a cessé de varier dans les années 2000 et 2010 à la hausse comme à la baisse.

L'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch a souligné en 2009 que les « chiffres globaux n'ont pas grand sens puisqu'ils recouvrent des durées très inégales : la traite musulmane, qui a commencé au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle s'est prolongée jusqu'au début du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XXe{{#if:|  }} }}. En outre, ils sont aussi contestables que contestés : un historien britannique vient-il de proposer de faire tomber la traite transsaharienne à six ou sept millions d'individus au plus (au lieu de douze), sur Modèle:Nombre »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Traite atlantique

En 2001, David Eltis avait estimé la traite atlantique à un total de Modèle:Unité pour Modèle:Unité débarqués aux Amériques, entre 1519 et 1867, chiffres repris dans Les Traites négrières, Essai d'histoire globale de Petré-Grenouilleau. Mais en décembre 2008, David Eltis a lancé la plus large base de données consacrée à la traite atlantique : The Trans-Atlantic Slave Trade Database, elle fait état de Modèle:Unité entre 1501 et 1866<ref>Modèle:Lien web.</ref>, soit 15% de plus qu'estimé en 2001 par le même auteur.

En 1969, l'historien américain Philip Curtin proposait Modèle:Unité par la traite atlantique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Nombre d'estimations ultérieures se sont appuyées sur les travaux de Curtin, en affinant certains aspects (notamment la traite illégale) pour parvenir à des chiffres, ou bien supérieurs (Inikori), ou bien inférieurs (Lovejoy).

En 1971, Jacques Houdaille a ainsi rendu compte des travaux de Curtin, qui recense Modèle:Nombre d'esclaves importés d'Afrique et vendus dans les Amériques, sans tenir compte de la mortalité importante lors du trajet en bateau, qui pouvait atteindre de 8 à 22 % de l'effectif<ref>Modèle:Article.</ref> puis en 1997, Hugh Thomas avait estimé au total à Modèle:Nobr le nombre d'esclaves « ayant quitté l'Afrique » lors de la traite atlantique, dont Modèle:Nombre arrivés à destination au moyen de Modèle:Unité. Il affecte au Portugal et sa colonie du Brésil Modèle:Unité de ces traversées<ref>Cf. Hugh Thomas, La Traite des Noirs, 1440-1870, éd. R. Laffont pour la traduction française, Paris 2006, Modèle:P. : « Statistiques approximatives ». Voir aussi la note consacrée à ces statistiques, Modèle:P., où l'auteur retrace la succession d'estimations depuis les années 1950.</ref>.

Dans les siennes, le Danemark est censé avoir déporté Modèle:Unité avec 250 traversées. Plus tard, l'historien danois Per Hernaes<ref>Cf. Traditions orales et archives de la traite négrière, sous la direction de Djibril Tamsir Niane, éd. UNESCO, 2001. Précisément, l'article intitulé « Les forts danois de la Côte de l'Or et leurs habitants à l'époque de la traite des esclaves », Modèle:P..</ref> a évalué à environ 85 000 le nombre total d'esclaves transportés sur des navires danois entre 1660 et 1806, soit 60% de plus.

L'écart entre auteurs à la même époque a parfois été important. En 1982, Joseph Inikori<ref>Cf. « Forced Migration », Londres, 1982.</ref> estimait à Modèle:Unité le nombre de déportés par la traite atlantique, tandis que Modèle:Lien proposait Modèle:Unité<ref>« The volume of the atlantic slave trade : a synthesis ».</ref> déportés (pour Modèle:Unité) ; chiffre qu'il portera à Modèle:Unité en 1989<ref>« The impact of the slave trade in Africa ».</ref>, soit Modèle:Nobr de moins que Joseph Inikori.

Serge Daget donnait comme estimations en 1990 :

Il distinguait la traite transsaharienne de traite orientale, qui inclut les voyages dans l'Océan indien. Modèle:Pas clair

Olivier Pétré-Grenouilleau a lui estimé, en 2004 la traite orientale, à destination du monde arabo-musulman : Modèle:Nobr de personnes ;

Traite orientale

Sahara

Modèle:Article détaillé

En 1979, Ralph Austen présentait des estimations affirmant que la moitié de la traite arabe aurait eu lieu sur ses huit premiers siècles, qui ont ensuite été fortement révisées, car la partie concernant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la plus documentée, avait été fortement sous-évaluée<ref>Cf. Ralph Austen, « The Trans-Saharan Slave Trade : A Tentative Census » dans H.A. Gemery & J.S. Hogendorn eds, The Uncommon Market. Essays in the Economic History of the Atlantic Slave Trade, New York, Academic Press, en 1979, pages 66 et 68.</ref>, notamment sur la traite orientale :

Mer Rouge et océan Indien

Soit au total Modèle:Nombre au départ et Modèle:Nombre à l'arrivée et pour l'ensemble des traites arabes.

Toutefois, en 1987<ref>African Economic History. Internal Development and External Dependency, Londres, James Currey, 1987, Modèle:P..</ref>, Austen porte à Modèle:Nobr le nombre de déportés de la « traite orientale » entre 650 à 1920 (au lieu des Modèle:Nobr reportés ci-dessus pour la période 800-1890) ; ce qui donnait globalement Modèle:Unité pour les traites arabes. C'est cette dernière estimation que Petré-Grenouilleau a reprise en 2004, mais qu'il n'avait pas retenue en 1997. Depuis, Ralph Austen estime à « environ Modèle:Nobr » le nombre de déportés par les « traites arabes ».

Des archives encore inexploitées

Archives nationales du Danemark

D'après Eric Goebel des archives nationales du Danemark, « on estime que les archives des compagnies commerciales danoises possèdent approximativement quelque Modèle:Nombre. Ces nombreux registres et liasses de documents occupent l'équivalent de Modèle:Unité linéaires sur des étagères »<ref>« Les archives des compagnies danoises d'outre-mer : une source pour la Route de l'esclave », dans Traditions orales et archives de la traite négrière, sous la direction de Djibril Tamsir Niane, éd. UNESCO, 2001.</ref>.

Archives de la traite en Angola

Selon Dra Rosa Cruz e Silva<ref>« Les archives de la traite en Angola », dans Tradition orale et archives de la traite négrière, éd. UNESCO, Paris, 2001.</ref>, les fonds documentaires du seul Angola sur la traite négrière comportent Modèle:Nombre occupant six kilomètres d'étagères. Et cela ne représente qu'une petite partie des archives angolaises, car « […] la plus grande partie de la documentation, la plus ancienne sur notre pays, la documentation sur les Modèle:S mini-, {{#switch: XVII

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}} […] est encore aujourd'hui au Portugal, la puissance coloniale ». Quand on songe à l'importance de la région d'Angola, démembrement de l'ancien royaume du Kongo, comme lieu de départ d'une forte proportion des déportés par la traite atlantique, on voit à quel point les estimations actuelles sont parcellaires ; et susceptibles de corrections substantielles dans les années à venir.

Les conséquences

Les différentes traites ont eu une influence profonde sur les sociétés africaines.

La ponction démographique directe et indirecte

Fichier:Head of an african.jpg
Figurine africaine, Venise (?) (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), Budapest, musée hongrois des Arts décoratifs.

Avec Modèle:Nobr d'habitants, l'Afrique représentait 20 % de la population mondiale en 1600. Trois siècles plus tard, en 1900, avec Modèle:Nobr d’habitants, elle n’en représente plus que 8,4 %<ref name=Mataillet/>, affaiblissement aggravé pour l'économie, car des hommes et des femmes jeunes ont été soustraits aux systèmes de production locaux<ref name=Mataillet/>.

Lors d'un colloque sur La tradition orale et la traite négrière<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Tradition orale et archives de la traite négrière.</ref>, il a été présenté que la traite négrière a été dévastatrice pour l'Afrique, à la fois socialement et économiquement.

Selon le professeur Gueye MbayeModèle:Référence souhaitée : Modèle:Citation bloc

Selon Eduardo Galeano, la situation globale de l'Afrique au temps de la traite négrière est à mettre en parallèle avec celle de l'Amérique et des Amérindiens<ref>Cf. Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l'Amérique latine, une contre-histoire, éd. Plon, 1981.</ref>. Il existe selon lui une indéniable corrélation entre l'extermination de ces derniers et la déportation de millions d'Africains dans les mines et plantations américaines ; entre l'effondrement des cultures (matérielles et spirituelles) amérindiennes au contact des Européens et l'agonie des sociétés traditionnelles africaines au sortir de la conjoncture négrière atlantique.

Nathan Nunn écrit quant à lui qu'au Modèle:Citation bloc

Les déplacements de population

Dans de nombreuses régions, les populations se sont réfugiées dans des zones montagneuses<ref name=Mataillet/> comme le Burundi et le Rwanda, qui ont les plus fortes densités de population<ref name=Mataillet/> car le relief abritait des expéditions des royaumes esclavagistes de l’Afrique orientale qui fournissaient le « marché » de Zanzibar<ref name=Mataillet/>. Au Mali, les Dogons se sont retranchés sur la falaise de Bandiagara, difficilement accessible par des guerriers à cheval<ref name=Mataillet/>. Parallèlement, de vastes espaces se sont dépeuplés, comme la partie orientale de la Centrafrique, dévastée par les razzias du chef de guerre africain Rabah, tué par des soldats français en 1900<ref name=Mataillet/>.

Ces déséquilibres démographiques ont été des freins au développement<ref name=Mataillet/>. La traite a aussi préfiguré les économies de rente de l’Afrique subsaharienne<ref name=Mataillet/> car ses bénéfices ne furent jamais utilisés à l’investissement productif, tout comme les profits du pétrole ou des diamants seront gaspillés dans les poches des dirigeants au {{#switch: XXI

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}}<ref name=Mataillet/>.

Les tensions locales à dimension mémorielle

Un article de janvier 2007 dans Jeune Afrique<ref name=Mataillet/> a rappelé que bon nombre de tensions locales à dimension mémorielle qui ont perduré jusqu'à l'Afrique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, notamment les images de la guerre qui dévaste à partir de février 2003 le Darfour, avec des villages encerclés par des cavaliers en armes, des cases brûlées, des femmes et enfants enlevés, comme dans les razzias subies par cette partie de l’Afrique à l'époque des négriers<ref name=Mataillet/>. Ce secteur fut un réservoir d’esclaves dès l’Égypte pharaonique<ref name=Mataillet/>, puis lors des périodes fatimide puis ottomane<ref name="Mataillet">"Les séquelles des traites négrières" le Modèle:Date- par Dominique Mataillet, dans Jeune Afrique [65].</ref>. Maures, Touaregs, Peuls et Arabes ayant joué un rôle actif dans les razzias, les mémoires des habitants des régions soudano-sahéliennes se réveillent parfois, comme lors des affrontements entre Sénégalais et Mauritaniens en avril 1989<ref>"Géopolitique de l’Afrique et du Moyen-Orient" Nathan, 2006, cité par Jeune Afrique en 2007 [66].</ref>.

Au Tchad et au Soudan, les affrontements du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle mettent aux prises des « communautés arabes » et « non arabes », Modèle:Citation<ref name=Mataillet/>, tandis que la guerre qui a décimé le Sud-Soudan de 1964 à 2005 fut marqué par la détermination, face au pouvoir de Karthoum des populations noires christianisées, qui ont payé un lourd tribut à la traite négrière<ref name=Mataillet/>. Une autre guerre civile rappelant les antagonismes du passé a vu s’affronter entre 1975 et 2002 le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), dominée par les habitants de la capitale Luanda sur les secteurs côtiers, et l'Unita de Jonas Savimbi, implantée dans le centre de l'Angola<ref name=Mataillet/>. Les relations difficiles, au Bénin, entre les Yoroubas du nord et les Fons du sud, ont pour partie des racines dans les tensions créées par les négriers des royaumes ashanti (Ghana et Côte d’Ivoire actuels), d'Oyo (Nigeria) et du Dahomey, opérant dans le passé au marché négrier d’Ouidah<ref name=Mataillet/>.

L'impact économique

Rentabilité et investissement

Dans sa contribution à l'ouvrage collectif The Oxford History of the British Empire, l'historien David Richardson estime<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> que les profits de la traite négrière n'ont représenté environ qu'un pour cent (1 %) des investissements réalisés dans les premières années de la révolution industrielle britannique.

De grands ports négriers comme Bristol, ou encore Nantes en France, n'ont pas connu de décollage industriel, leur arrière-pays restant rural, car les profits de la traite négrière ont dans leur quasi-totalité été investis dans des placements fonciers, en particulier la construction de châteaux somptueux.

Du côté africain, la traite a représenté un moyen important d'enrichissement pour les élites en place<ref>Modèle:Harvsp.</ref> mais n'ont pas donné lieu non plus à un réinvestissement.

Croissance économique

Pays d'Afrique

Les travaux de Nathan Nunn, un économiste canadien, professeur à l'Université Harvard, ont montré l'importance du préjudice économique lié à l'esclavage et la traite sur le développement économique des pays d'Afrique<ref>Nathan Nunn, The long term effect of Africa's slave trade.</ref>.

Pays d'Europe et d'Amérique

Parmi les pays d'Europe qui ont eu une trajectoire différente entre 1763 et 1789, la France s'est investie massivement dans la traite négrière alors que l'Angleterre y perdait du terrain. Les exportations françaises sont alors dopées par le sucre, l'indigo et le café. Mais la croissance économique est forte qu'en Angleterre, où elles portée par la révolution industrielle britannique.

Mémoriaux

Fichier:2022-06 - Maison de la Négritude - 12.jpg
La maison de la Négritude et des Droits de l'Homme à Champagney.

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Bibliographie

Ouvrages historiques

  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Olivier Pétré-Grenouilleau, Nantes au temps de la traite des Noirs, Paris, Hachette Littérature, 1998.
  • Djibril Tamsir Niane (dir.), La Tradition orale, source de connaissance des relations entre Europe-Afrique à partir de la Côte, UNESCO.
  • Marcus Rediker, À bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite, trad. d'Aurélien Blanchard, Paris, Seuil, 2013.
  • Théophile Conneau, Capitaine Canot. Vingt années de la vie d'un négrier, Paris, Mercure de France, coll « Les Libertés françaises », 1938. Modèle:Commentaire biblio
  • Jean-Pierre Plasse, Journal de bord d'un négrier, adapté du français du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par Bernard Plasse, préface d’Olivier Pétré-Grenouilleau, Marseille, Éditions le Mot et le reste, 2005 Modèle:ISBN.
  • Mickaël Augeron et Olivier Caudron, dir., La Rochelle, l'Aunis et la Saintonge face à l'esclavage, Les Indes savantes, Paris, 2012.
  • Tidiane N'Diaye, Mémoire d'errance, Ivry, Éditions A3, 1998.
  • Tidiane N'Diaye, L'Éclipse des Dieux, Paris, Éditions Du Rocher/Le Serpent A Plumes, 2006.
  • Tidiane N'Diaye, Le Génocide voilé : enquête historique, Paris, Gallimard, 2008 Modèle:ISBN. Modèle:Commentaire biblio
  • Modèle:Ouvrage
  • Hugh Thomas, La Traite des Noirs, trad. de Guillaume Villeneuve, éd. Robert Laffont, 2006.
  • Louis Sala-Molins, Le Code noir, Paris, PUF, 1988.
  • Eric Williams, Capitalisme et esclavage, éd. Présence Africaine, 1968.
  • Walter Rodney, Et l'Europe sous-développa l'Afrique..., trad. de Catherine Belvaude avec la collab. de Sàmba Mbuup, Paris, Éditions caribéennes, 1972.
  • Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l'Amérique, trad. de Claude Couffon, Paris, éd. Plon, 1981.
  • Gomes Eanes de Zurara, Chronique de Guinée, trad. de Léon Bourdon et Robert Ricard, Dakar, éd. IFAN, 1960.
  • Nelly Schmidt, L'Abolition de l'esclavage, Paris, éd. Fayard, 2005.
  • Serge Daget, La Répression de la traite des Noirs au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Karthala, 1997.
  • Serge Daget, Répertoire des expéditions négrières françaises à la traite illégale (1814-1850), Nantes, CRHMA, 1988.
  • Serge Daget, La Traite des Noirs, Éditions Ouest-France/-Université, 1990.
  • François Renault et Serge Daget, Les Traites négrières en Afrique, Paris, Karthala, 1986.
  • La Traite négrière du {{#switch: au
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   Modèle:S mini-{{#ifeq: XIX|-| – | XIX }}Modèle:S mini- siècle
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: au|-| – | au }}Modèle:S mini- siècle

}} : documents de travail et compte-rendu de la réunion d'experts organisée par l'UNESCO à Port-au-Prince, Haïti, 31 janvier - Modèle:Date-, UNESCO, 1979.

Articles

  • J. Baumès, L'immigration africaine et la traite des noirs, dans Revue contemporaine et Athenæum français, 1857, tome 34, Modèle:P. (lire en ligne)
  • Alain Blondy, "Le discours sur l'esclavage en Méditerranée :ne réalité occultée. L'esclavage des noirs et la régence de Tripoli", Cahiers de la Méditerranée, 65, 2002, p. 169-185 (lire en ligne)

Témoignages d'époque sur l'esclavage

Récits de fiction

Articles connexes

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Articles plus généraux

Articles spécialisés

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Liens externes

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