Jazz modal
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Le jazz modal est un courant du jazz qui s'est développé à la fin des années 1950, et qui a exercé une certaine influence jusque dans les années 1970.
Descriptions
Le jazz modal a puisé dans les idées des musiques orientales et exotiques : un morceau de jazz modal contient souvent trois ou quatre accords, rarement plus, d'où son nom (modal : qui s'apparente aux modes - types de gammes caractéristiques), ce qui permet à l'improvisateur une extraordinaire liberté d'expression et un jeu "out" (en dehors de la tonalité de référence) souvent très apprécié.
À l’affût de nouvelles pistes d'improvisation, quelques musiciens se sont aventurés au-delà des gammes classiques majeures et mineures. Ils s’inspirèrent des modes de la musique religieuse médiévale, qui utilisaient des intervalles altérés entre les tonalités habituelles, ou encore (et surtout) des modes dits « grecs » (ionien, dorien, phrygien, lydien, mixolydien, éolien, locrien), ce qui en fait la musique modale par opposition avec la musique tonale.
Historique
Précurseurs
Plusieurs morceaux, même s'ils ne correspondent pas exactement à la définition du jazz modal, en possèdent quelques caractéristiques. On peut ainsi citer Jungle Blues de Jelly Roll Morton, enregistré en 1927, qui est un blues sur un seul accord, mais il est enregistré avant la fixation des canons du jazz<ref name="pourquoi 83">Modèle:Harvsp.</ref>. Les premières mesures de Caravan de Duke Ellington sont également construites sur un seul accord<ref name="pourquoi 87">Modèle:Harvsp.</ref>. On peut aussi citer Koko (1940) de Duke Ellington ou le pont de Bohemian After Dark (1955) d'Oscar Pettiford, qui utilise des modes indiens<ref name="dico"/>.
Plusieurs compositions de Django Reinhardt peuvent également annoncer le jazz modal :
- Appel indirect, enregistré le Modèle:Date, construit sur une forme AABA. Chaque A reste sur un do septième, la section B présentant un ré Modèle:Bémol septième, chacun des accords étant abordé de façon mixolydienne<ref name="pourquoi 87"/>. Cette structure, avec une progression d'un demi-ton, est la même que celle de So What<ref name="pourquoi 87"/>.
- Les quatre premières mesures du pont de Douce ambiance (1943) sont jouées en la dorien<ref name="pourquoi 87"/>.
- Flèche d'or est un morceau construit sur une structure inhabituelle, un AABBA, avec un seul accord sur la section A, un si mineur, et un seul autre accord pour la section B, un mi septième<ref name="pourquoi 83"/>. Pour autant, le solo de Django n'est pas réellement modal, ne se fixant aucune gamme ou aucun mode, alternant jeu in et jeu out, et à certains moments frôlant même l'atonalisme<ref name="solo 215">Modèle:Harvsp .</ref>.
Par ailleurs, d'autres compositions de Django Reinhardt ne sont ni modales ni tonales : Diminushing (1947)Modèle:Incise, Impromptu (1951), Nuit de Saint-Germain-des-Prés (1951)<ref name="pourquoi 87"/>.
Naissance réelle
On situe généralement les premières recherches autour du jazz modal à la fin des années 1950, avec Miles Davis et John Coltrane. Milestones (1958), enregistré sur l'album du même nom, est construit sur les modes dorien et éolien<ref name="dico">Philippe Carles, André Clergeat, Jean-Louis Comolli, Dictionnaire du Jazz, Paris, Robert Laffont, Modèle:Coll. « Bouquins », 1994.</ref>. Le morceau a d'ailleurs la même structure AABBA que Flèche d'or de Django Reinhardt. Pour autant, les disques de Django ayant peu circulé aux États-Unis, il est très peu probable que Miles Davis ait eu connaissance de cet enregistrement<ref name="pourquoi 84">Modèle:Harvsp.</ref>.
Mais c'est en 1959 qu'on trouve la première forme aboutie de jazz modal sur le disque Kind of Blue avec entre autres John Coltrane et le pianiste Bill Evans, qui apporte sa connaissance de la musique classique (Ravel, Debussy) à Miles<ref name="dico"/>. On trouve sur cet album le morceau So What, construit à partir de deux accords (16 mesures de ré mineur, 8 de mi Modèle:Bémol mineur, 8 de ré mineur).
En 1960, John Coltrane enregistre My Favorite Things avec notamment le pianiste McCoy Tyner, musicien emblématique du jazz modal.
Le compositeur George Russell est l’un des premiers défricheurs du jazz modal, dès la fin des années 1940, et ensuite avec son ouvrage The Lydian Chromatic Concept Of Tonal Organization For Improvisation, publié en 1959.
Le jazz modal, avec des thèmes écrits sur un ou deux accords, va se prolonger dans les années 1960-70. Citons les longues improvisations méditatives de John Coltrane (y compris, dans une certaine mesure, dans sa « période free jazz »), McCoy Tyner, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Pharaoh Sanders, Don Ellis<ref name="dico"/>... Le jazz-rock, tel qu'on le retrouve sur Bitches Brew (1970) de Miles Davis, peut également être considéré comme une continuité du jazz modal.