Noyades de Nantes

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Modèle:Infobox Massacre Les noyades à Nantes sont un épisode de la Terreur qui a eu lieu entre novembre 1793 et février 1794 à Nantes. Pendant cette brève période, des milliers de personnes, suspectes aux yeux de la République (prisonniers politiques, de guerre, de droit commun, gens d'Église…), ont été noyées dans la Loire sur ordre de Jean-Baptiste Carrier. Hommes, vieillards, femmes et enfants meurent ainsi dans ce que Carrier appelle la « baignoire nationale ».

Situation

Nantes était assiégée par tous les fléaux qu'une guerre civile entraîne. Les menaces épidémiques et les difficultés alimentaires ne sont pas niables. Nourrir plus de dix mille prisonniers représente une charge pour Nantes. Jean-Baptiste Carrier voulait ravitailler d'abord l'armée sous ses ordres et ensuite pourvoir la ville.

La crainte de l'épidémie

La crainte de l'épidémie a été avancée pour justifier la décision d'isoler les détenus à la prison de l'Entrepôt des cafés puis sur des navires mouillés dans le port de Nantes ; elle a servi de prétexte à vider les prisons du centre-ville. Les pertes enregistrées dans le personnel de surveillance, le corps médical, les infirmiers, les juges même, ont semé l'effroi chez les responsables révolutionnaires, la crainte de perdre leur avantage, et les ont incités au pire. Plutôt que de périr de la maladie avec leurs prisonniers politiques, ils ont préféré les massacrer.

Les conférences du 4-5 décembre 1793 (14 et 15 frimaire an II)

Le Modèle:Date- au soir, Jean-Baptiste Carrier, les membres principaux du Comité révolutionnaire de Nantes, François Louis Phelippes-Tronjolly et ses collègues, Julien Minée pour le département, Renard pour la municipalité, des représentants de Vincent-la-montagne, se réunissent. Ils décident de constituer un jury chargé de dresser une liste de proscrits. Le Modèle:Date- plus de trois cents noms seront couchés sur le papier. Il ne reste plus qu'à ordonner l'exécution.

Pour cela, Carrier imagine un procédé radical. Il indiquera dans son plaidoyer que les malades laissés par les Vendéens à Château-Gontier en Modèle:Date- avaient déjà été noyés dans la Mayenne. Il répliqua ainsi ce procédé à Nantes appelé « déportation verticale » ou « baptême patriotique » : il fait embarquer les condamnés sur des barques à fond plat qui sont coulées au milieu de la Loire, au niveau de Chantenay. Les exécutions ont lieu de nuit pour plus de discrétion, mais les corps flottent ensuite en surface aux yeux des Nantais. Ces massacres laissèrent ainsi des traces d'horreur dans la mémoire de tous à l'époque.

Identité des noyeurs

Ils se divisent en deux groupes :

Les noyades

Première noyade

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Plaque commémorative, située sur le quai de la Fosse, au niveau du ponton Belem à l'aval du pont Anne-de-Bretagne.

Les prêtres réfractaires figurent parmi les premiers prisonniers détenus à Nantes. Ceux pris dans le département sont enfermés d’abord au couvent Saint-Clément, puis aux Carmélites. Le Modèle:Date-, ils sont envoyés à Chantenay sur un ponton, La Thérèse, où les conditions de détention sont terribles à cause de la chaleur. La plupart des prêtres sont transférés le Modèle:Date- ou le Modèle:Date- au couvent des Petits-Capucins et à l’Hermitage, où les conditions de détention sont plus supportables. Mais le Modèle:Date-, sur ordre du Comité révolutionnaire de Nantes, tous les prêtres des Petits-Capucins sont renvoyés dans un ponton, sur le navire La Gloire mouillant à la Sécherie<ref>Alfred Lallié, Les noyades de Nantes, Modèle:P.12-13</ref>.

Dans la nuit du Modèle:Date-, un groupe de révolutionnaires commandés par l’adjudant-général Guillaume Lamberty et Fouquet viennent établir un corps de garde à la Sécherie, dans l’auberge de la femme Pichot ; celle-ci, selon son témoignage, Modèle:Citation

Le canonnier Wailly, de faction sur le ponton La Samaritaine, dans la nuit du 16 au Modèle:Date-, laisse l’unique témoignage sur cette première noyade :

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Environ 90 prêtres périssent victimes de la première noyade. On compte cependant trois survivants qui sont recueillis par des matelots de L’Imposant qui leur donnent de l’eau-de-vie pour les réchauffer. Informé, le Comité révolutionnaire ordonne au capitaine Lafloury, commandant du navire, de faire transférer les trois prêtres dans une galiote hollandaise le Modèle:Date-, selon Fourier, directeur de l’hospice révolutionnaire Modèle:Citation. Julien Landeau, curé de Saint-Lyphard parvient à s'échapper et regagne sa paroisse où il vit en clandestinité jusqu'en 1795. Il est l'unique survivant de la première des noyades de Nantes<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le Modèle:Date-, Carrier rend compte à la Convention nationale de l’opération en termes voilés :

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Deuxième noyade

La deuxième noyade de prêtres est encore le fait de Guillaume Lamberty. Plusieurs hommes de la compagnie Marat conduits par Foucauld détroussent méthodiquement les 58 prêtres arrivés d'Angers. Les prêtres sont transférés sur une gabare spécialement aménagée et emmenés loin du port, à l'entrée de l'estuaire où il est procédé à leur submersion. Cette fois il n'y a aucun survivant.

Troisième noyade dite du Bouffay

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Les noyades de Nantes en 1793, peinture de Joseph Aubert, 1882.

La troisième noyade, dite du Bouffay, est la noyade la plus connue, grâce à l'abondance des témoignages la concernant à cause de la participation du comité révolutionnaire de Nantes. Ces témoignages sont recueillis après l'arrestation des membres du comité le Modèle:Date-<ref name="Lallié23">Alfred Lallié, Les noyades de Nantes, Modèle:P.23-27</ref>.

Le Modèle:Date-, à huit heures du soir, un agent entre à la prison du Bouffay avec deux paquets de cordes et un ordre signé du comité de rassembler les 155 détenus. La liste de ces 155 détenus avait été rédigée dans la nuit du Modèle:Date- lors d'une réunion des corps administratifs. Les prisonniers figurants sur cette liste appartiennent à toutes les conditions sociales ; il s'y trouve quelques nobles et un grand nombre de détenus de droit commun<ref name="Lallié23" />.

À 9 heures, les hommes de la compagnie Marat et le comité révolutionnaire de Nantes menés par Goullin, Bachelier et Grandmaison arrivent à la prison. Les Sans-culottes Marat se font d'abord servir à boire et à manger puis Modèle:Citation

À 11 heures, suivi d'hommes armés, Gérardeaux, dit « Joson », guichetier de la prison des Saintes-Claires, entre dans la cour et crie à voix haute pour être entendu des détenus : Modèle:Citation. Les Marats et les membres du comité révolutionnaire font alors ouvrir les cellules et appellent les prisonniers qui figurent sur la liste ; les récalcitrants sont frappés à coups de plat du sabre<ref name="Lallié23" />.

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Cette troisième noyade a coûté la vie à cent vingt-neuf détenus, dans la nuit du 14-Modèle:Date- (24-25 frimaire an II). Menés par Jean-Jacques Goullin et Michel Moreau-Grandmaison, les « Marat » gagnent la prison du Bouffay. La plupart de ces hommes sont ivres et plus tout à fait en état de consulter leurs listes, ils raflent alors au hasard les prisonniers dans leurs cellules. Ils les attachent ensuite deux par deux à une pierre après les avoir dépouillés de leurs objets personnels et de leur argent. Embarqués sur une sapine, les suppliciés sont dirigés vers l'aval de la Loire et l'embarcation coulée un peu plus loin que Trentemoult, au bout de l'île Cheviré.

Poursuite des noyades

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Les Noyades de Nantes, peintre anonyme, Musée d'histoire de Nantes.

Le Modèle:Date-, lecture est faite d'un courrier de Carrier lors d'une séance du Comité de salut public, ici retranscrite :

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Vers le 3 nivôse an II, soit le Modèle:Date, une importante exécution est effectuée avec deux bateaux à Chantenay. Celle-ci est rapportée lors du procès de Carrier par plusieurs témoins, dont Fréteau et le canonnier Wailly. 800 personnes périssent lors de cette noyade, dont des femmes<ref>Surnommées par des Républicains « sillon reproducteur (ou générateur) ».</ref> et des enfants. Parmi les condamnés figurent également de nombreux Allemands, déserteurs de la Légion germanique, qui avaient rallié les Vendéens. Dans le jargon cynique des soldats républicains, on désignait par « mariage républicain » le mode d'exécution qui consistait à attacher nus un homme et une femme avant de les noyer<ref>N. Delahaye & J. Ch. Mênard, présenté par Jean Tulard, Guide historique des guerres de Vendée - Les itinéraires de la Mémoire 1793/1832, Editions Pays et Terroirs, Cholet, 1993, p.51</ref>.

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Le Modèle:Date-, à Nantes, le commissaire civil Benaben écrit aux administrateurs du Maine-et-Loire :

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Noyades des galiotes

Du Modèle:Date- (9 nivôse an II) au Modèle:Date- (29 nivôse an II), ce furent les « noyades des galiotes », des navires hollandais restés à Nantes par suite du blocus et qu'on déplaça pour la circonstance vers la prison de l'Entrepôt des cafés. Impossible de dire s'il y eut deux ou trois expéditions. À chaque fois, deux cents à trois cents victimes, hommes, femmes et enfants mêlés. Il semble que l'ultime noyade organisée sous la direction de Carrier, destinée à vider la prison de l'Entrepôt des cafés, ait été perpétrée dans la nuit du 29 au Modèle:Date- (10-11 pluviôse an II) et ait concerné quatre cents détenus environ.

La noyade de la baie de Bourgneuf

Une ultime noyade a lieu le Modèle:Date dans la baie de Bourgneuf<ref name="Gérard514-515">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans une lettre datée du Modèle:Date et lue à la Convention, le commissaire des guerres Bouquet dénonce cette noyade ordonnée par l'adjudant-général Lefebvre qui aurait provoqué la mort de 41 personnes : deux hommes, dont un vieillard aveugle de 78 ans, douze femmes, douze filles et quinze enfants, dont dix de 6 à 10 ans et cinq enfants à la mamelle<ref name="Gérard514-515"/>.

Estimations du nombre des victimes

Le nombre des victimes n'est pas connu avec précision :

Par ailleurs, les noyades eurent également des conséquences pour la population nantaise, puisque les cadavres polluèrent l'eau du fleuve au point que selon la municipalité « une ordonnance de police doit être prise pour interdire de boire l'eau de la Loire, que les cadavres ont infectée »<ref name="Annales 227-228">Modèle:Harvsp</ref>. Les noyades contribuèrent donc à aggraver l'épidémie de typhus qui commençait à ronger les habitants de la villeModèle:Refnec.

Thèse du génocide vendéen

Pour l'historien Reynald Secher, auteur de l'ouvrage controversé Le génocide franco-français : La Vendée-Vengé, ces massacres constituent un des volets d'une politique d'extermination des habitants de la Vendée décidée par le Comité de salut public et votée par la Convention le Modèle:Date, l’appellation Modèle:Citation visant selon lui la totalité de la population<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Bibliographie

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Voir aussi

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Notes et références

Références

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