Ouadjkheperrê Kames

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Infobox Personnalité de l'Égypte antique

Ouadjkheperrê Kames est un souverain de l'Égypte antique, dernier représentant de la [[XVIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} dynastie]] de Thèbes. Manéthon l’appelle Kamose, Kames ou Kamosis. Successeur de Seqenenrê Tâa, il en est peut-être le frère, bien qu'on le tienne encore souvent pour le frère présumé d'Modèle:Monarque.

Son règne clôt la Deuxième Période intermédiaire durant laquelle une grande partie de l'Égypte est sous le joug des rois Hyksôs de la [[XVe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVe{{#if:|  }} }} dynastie]].

L'état du corps conservé de Seqenenrê Tâa semble indiquer que les hostilités contre l'« occupant » avaient déjà commencé antérieurement au règne de Ouadjkheperrê Kames. Celui-ci tente à son tour de reconquérir la Basse-Égypte<ref group="Note">L'Égypte du nord, c'est-à-dire principalement le delta du Nil</ref> et d'expulser les Hyksôs. Sa campagne victorieuse dans le nord se déroule durant la troisième année de son règne, et permet de soumettre l'ensemble de la vallée du Nil jusqu'au Fayoum, voire peut-être aux portes du delta. Dans le sud, Ouadjkheperrê Kames reprend pied en Nubie et occupe la forteresse de Bouhen<ref name="Vernus137">Modèle:Harvsp</ref>, abandonnée par les Égyptiens depuis la [[XIIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XIIIe{{#if:|  }} }} dynastie]] au profit du royaume de Kouch.

Cet an 3 est une des principales dates du règne de Ouadjkheperrê Kames, que l'on situe aux alentours de -1554 à -1550 / -1549<ref group="Note">Selon A. D. Dodson, W. J. Murnane, K. S. B. Ryholt. Autres avis de spécialistes : -1571 à -1569 (Modèle:Redford), -1545 à -1539 (D. Franke).</ref>, bien qu'on lui attribue souvent une ou deux années supplémentaires<ref name="Ryholt204">Modèle:Harvsp</ref>, voire davantage<ref name="Barbotin80">Modèle:Harvsp</ref>. On ignore tout des circonstances de sa mort. La prise d'Avaris, capitale des Hyksôs, et la libération du pays sont achevées par son successeur Modèle:Monarque, ouvrant la période faste du Nouvel Empire. Le tombeau de Ouadjkheperrê Kames est à Dra Abou el-Naga.

Généalogie

Modèle:Annexe

Fichier:VotiveBarqueOfKamose.png
Barque votive attribuée au roi Ouadjkheperrê Kames, découverte près du sarcophage d'Iâhhotep

Les liens de parenté exacts de Ouadjkheperrê Kames avec la famille royale thébaine restent obscurs<ref name="Vandersleyen 192">Modèle:Harvsp</ref>. Se basant principalement sur la chronologie des règnes, on le considère souvent comme le fils probable de son prédécesseur Seqenenrê Tâa et le frère de son successeur Modèle:Monarque<ref name="Grimal252">Modèle:Harvsp</ref>. Cette hypothèse n'est pas assurée, voire difficilement soutenable pour certains spécialistes<ref name="Gitton17">Modèle:Harvsp</ref>. Ouadjkheperrê Kames est en effet en âge de mener des campagnes de conquête dès son avènement, alors que Seqenenrê Tâa, suivant l'analyse de sa momie, est mort entre trente et quarante ans<ref name="Smith02">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Vandersleyen190">Modèle:Harvsp</ref>. Les cultes funéraires des deux souverains furent associés après leur mort<ref name="Vandersleyen 192"/>. De plus, Seqenenrê Tâa avait vu son fils aîné Ahmès<ref group="Note">Ce jeune prince reçut un culte durable dans la région thébaine sous le nom d'Ahmès-Sapaïr</ref> mourir avant lui<ref name="Vandersleyen2005">Modèle:Harvsp</ref>, et laissait outre de nombreuses filles, un autre Ahmès, futur Modèle:Monarque, en bas âge<ref name="Shaw212">Modèle:Harvsp</ref>. Dans cette période de trouble militaire, Ouadjkheperrê Kames peut avoir assumé le pouvoir à la place d'un enfant. Son cercueil, d'allure modeste<ref name="Vandersleyen195">Modèle:Harvsp</ref>, ne possédait d'ailleurs pas d'uræus, ornement privilégié de la royauté<ref name="Shaw211">Modèle:Harvsp</ref>. De plus, la stèle d'Modèle:Monarque à Karnak fait l'état civil complet d'Modèle:Monarque, aidant à situer les membres de la famille royale les uns par rapport aux autres : « épouse du roi (Seqenenrê Tâa), la sœur du souverain, v.s.f (Ouadjkheperrê Kames ?), la fille du roi (Senakhtenrê Iâhmes ?), l'auguste mère du roi (Modèle:Monarque-) »<ref name="Barbotin61">Modèle:Harvsp</ref>. Envisagé comme un contemporain de son prédécesseur, Ouadjkheperrê Kames est désormais considéré par de nombreux spécialistes comme le frère de Seqenenrê Tâa<ref name="Dodson124">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Vandersleyen 192"/>, ou éventuellement comme un parent d'une branche collatérale<ref name="Gitton18">Modèle:Harvsp</ref>.

On ne lui connaît pas davantage d'épouse avérée. Se basant sur un sarcophage pouvant en réalité appartenir à Modèle:Monarque<ref name="Dodson125">Modèle:Harvsp</ref>, on lui attribue parfois une épouse appelée Ahhotep Modèle:II<ref name="Gitton12">Modèle:Harvsp</ref>. Une « fille royale » ayant vécu sous Modèle:Monarque, est sans doute sa fille<ref name="Gitton45">Modèle:Harvsp</ref>, ainsi que l'indique clairement son nom : Satkames, « fille de Kames ». Mentionnée comme « épouse royale » et révérée dans les listes d'ancêtres royaux de l'époque ramesside, cette dernière fut probablement unie à Modèle:Monarque<ref name="Gitton48">Modèle:Harvsp</ref> et porta le titre d'épouse du dieu, peut-être de manière posthume.

Titulature

Modèle:Article détaillé

Modèle:Palette

Malgré un règne relativement court, Ouadjkheperrê Kames est connu par trois noms d'Horus différents, signe caractéristique de l'instabilité de l'époque<ref group="Note">Le roi Hyksôs contemporain Apophis de la [[XVe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVe{{#if:|  }} }} dynastie]], dont le long règne de près de quarante ans couvre l'essentiel de la [[XVIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} dynastie]], changea lui-même deux à trois fois de nom d'Horus.</ref>. S'il est « celui qui apparaît sur son trône » dans sa titulature de l'an 3, il est appelé, sur un bloc de Karnak, « celui qui dompte les deux terres ». Enfin, dans son mobilier funéraire, un éventail lui donne pour nom d'Horus « celui qui nourrit les deux terres »<ref name="Vandersleyen195"/>. Ce dernier nom est également celui de la résidence des derniers roi de la [[XVIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} dynastie]], au nord de Thèbes, à Deir-el-Ballas.

Outre le nombre des noms d'Horus, Ouadjkheperrê Kames est décrit par un grand nombre d'épithètes, procédé destiné à se développer dans la phraséologie royale du Nouvel Empire mais qui demeure exceptionnel à cette époque. Cela laisse présager des nombreuses actions initiées par le roi<ref name="Vandersleyen195"/>. Toujours appelé « Kames le vainqueur » sur ses stèles commémoratives, il est également « le fameux grand souverain » ou « le fameux souverain du sud ». Son courage et sa bravoure sont particulièrement exaltés, inaugurant les récits des conquérants de la [[XVIIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIIe{{#if:|  }} }} dynastie]].

Règne

Sources du règne

Fichier:2e-stele-Kamose.jpg
Seconde stèle de Ouadjkheperrê Kames, découverte à Karnak. Musée de Louxor

Une grande partie de la période couverte par les « princes indigènes » de la [[XVIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} dynastie]] reste obscure, tant dans leur ordre de succession que dans leurs rapports avec les rois Hyksôs de la [[XVe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVe{{#if:|  }} }} dynastie]]. Mais du règne des deux derniers d'entre eux nous sont parvenus des éléments progressivement plus nombreux : sous Seqenenrê Tâa, un conte recopié sous la [[XIXe dynastie égyptienne|Modèle:Nobr]] et intitulé « La querelle d'Apophis et de Séqénenrê »<ref group="Note">Retrouvé sur le papyrus Sallier</ref> relate un défi lancé par le roi Apophis d'Avaris au prince du sud sous forme d'énigme<ref name="Maspéro365">Modèle:Harvsp</ref>, défi dont l'état fragmentaire du document ne nous permet pas de connaître l'issue mais qui garde le souvenir d'une reprise des hostilités. La momie du roi Seqenenrê Tâa conserve en effet des blessures caractéristiques à la tête, qui semblent avoir été infligées par des armes hyksôs<ref name="Shaw211"/>,<ref name="Ryholt177">Modèle:Harvsp</ref>.

Concernant le règne de Ouadjkheperrê Kames, deux stèles commémorant sa campagne victorieuse de l'an 3 ont été découvertes à Karnak, la première, fragmentaire, en 1932 et 1935<ref name="Lalouette116">Modèle:Harvsp</ref>, et la seconde plus complète en 1954<ref name="Lalouette116"/>, qui constitue la suite du récit de la précédente. Une tablette en hiératique, dite « tablette Carnavon Modèle:N° » trouvée en 1908 à Dra Abou el-Naga<ref name="Lalouette116"/>, permit de combler en partie la lacune de la première stèle. En 2008, l'équipe de fouilles de l'université de Montpellier à Ermant a exhumé dans le temple de Montou le fragment d'une nouvelle stèle de Kamosis, construite sur le même modèle que les précédentes mais différente dans son contenu. En effet, Modèle:Citation<ref name="Ahram">Ermant : rapport de la mission 2008, consulté le 15 novembre 2009.</ref>.

Dans le sud, Ouadjkheperrê Kames est le premier roi égyptien, depuis la fin de la [[XIIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XIIIe{{#if:|  }} }} dynastie]] à avoir laissé son nom en Nubie<ref name="Vandersleyen195"/> : deux graffiti sur des rochers attestent de son passage sur le Nil<ref name="Ryholt179">Modèle:Harvsp</ref>, alors qu'une stèle d'un commandant de Bouhen<ref name="Barbotin194">Modèle:Harvsp</ref> indique sans doute l'extension maximale de l'avancée thébaine. La stèle d'un autre guerrier du nom d'Ahmès, de Bouhen, déclare avoir servi un « prince courageux »<ref name="Barbotin196">Modèle:Harvsp</ref> dont le cartouche endommagé appartient probablement à Ouadjkheperrê Kames<ref name="Vandersleyen196"/>.

Contexte

Les souverains de la [[XVIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} dynastie]] ont connu une période de paix relative avec leurs voisins du nord, d'une durée possible de vingt-cinq ans<ref name="Ryholt177"/>,<ref group="Note">Une période sans doute décrite par les dignitaires du conseil de Kamosis sur la première stèle de Karnak, dont le discours est détaillé ci-après.</ref>, mais le roi de Thèbes Séqenenrê est finalement mort sous les haches hyksôs, augurant la reprise des hostilités.

Sur la première stèle de Kames, alors que celui-ci déclare ses intentions belliqueuses, les grands et dignitaires de son conseil lui répondent :

Modèle:Citation

Cette situation paraît décrire les relations pacifiques entre les deux dynasties avant le règne de Seqenenrê Tâa<ref name="Barbotin63">Modèle:Harvsp</ref>. Il s'agirait alors d'un anachronisme constituant un moyen d'exalter le courage et l'ambition du roi<ref name="Ryholt177"/>, seul contre l'avis de ses conseillers à vouloir affronter ses ennemis :

Modèle:Citation

Le pouvoir de la [[XVIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} dynastie]] s'étend alors depuis Éléphantine au sud, jusqu'en Moyenne-Égypte, à Cusae<ref group="Note">Appelée Qis en ancien égyptien, Cusae en grec, il s'agit de l'actuelle el-Qusiya, au nord d'Assiout</ref>, alors que les Hyksôs sont reconnus pour maîtres jusqu'à Hermopolis, qui était le centre administratif de la région durant le Moyen Empire<ref name="Shaw201">Modèle:Harvsp</ref>. La répartition de la céramique dans la région de quarante kilomètres environ entre Cusae et Hermopolis, et les différences de style attestent bien de cette frontière politique, avant la campagne de Ouadjkheperrê Kames<ref name="Barbotin63"/>,<ref name="Shaw202">Modèle:Harvsp</ref>. En outre, on trouve dans cette région frontalière<ref group="Note">Notamment, aux alentours d'Assiout, sur les sites de Mostagedda, Qau el-Kébir et Deir Rifa, cf. Shaw 2000, pages 200 à 203</ref>, sur les deux rives, plusieurs cimetières nubiens de « type Pan-grave »<ref name="Shaw202"/>,<ref group="Note">Nom donné par allusion à la forme caractéristique des tombes et que l'on trouve, en général, dans toute la vallée du Nil, en Haute-Égypte comme en Nubie</ref> contemporains de la période. S'ils contiennent tous des objets nubiens (culture de Kerma classique), les fouilles archéologiques ont révélé dans certains d'entre eux des vases et poteries de type « Tell el-Yahoudieh », donc importés de la Basse-Égypte Hyksôs ou du Levant<ref name="Vandersleyen164">Modèle:Harvsp</ref>, alors que d'autres contenaient des objets typiques de l'artisanat de Haute-Égypte<ref name="Shaw202"/>. Ces découvertes suggèrent que la frontière étaient patrouillée par des mercenaires nubiens, aussi bien aux ordres des Hyksôs qu'à ceux des rois de Thèbes<ref name="Shaw202"/>.

Au sud de la seconde cataracte, le royaume nubien de Kerma est dans sa phase dite « classique », et son autorité s'étend jusqu'à la Basse-Nubie<ref name="Vernus139">Modèle:Harvsp</ref>. Son souverain, qui règne sur une fédération de tribus<ref name="Shaw209">Modèle:Harvsp</ref>, est appelé « roi de Kouch » dans les textes égyptiens. La répartition de vases et la présence de quelques sceaux attestent de relations commerciales et diplomatiques entre le royaume nubien et le roi Hyksôs<ref name="Barbotin38">Modèle:Harvsp</ref>, au moins à la fin de la Deuxième Période intermédiaire, relation que vient confirmer le message du roi Hyksôs reporté sur la stèle de Ouadjkheperrê Kames. Lorsque Thèbes et Avaris entrent en conflit, les Hyksôs ont encore un accès vers la Nubie par la route des oasis<ref name="Shaw207">Modèle:Harvsp</ref>.

Nubiens et thébains entretiennent également d'étroits contacts<ref name="Shaw209"/>, qu'il s'agisse de raids nubiens sur les villes égyptiennes avant ou pendant le règne de Seqenenrê Tâa<ref name="Barbotin38"/>, ou de familles égyptiennes établis à Bouhen au service du roi de Kouch. Les rois thébains emploient des mercenaires nubiens, et notamment les Medjaÿ<ref group="Note">Des combattants nubiens originaires du désert oriental</ref>, volontaires ou enrôles de force<ref name="Shaw209"/>. De nombreux éléments indiquent que les biens, comme les personnes, voyagent entre les deux pays<ref name="Shaw209"/>.

Une tombe, découverte intacte en 1908 à Dra Abou el-Naga, lieu d'inhumation royale de la [[XVIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} dynastie]], et contemporaine de l'époque de Ouadjkheperrê Kames, concerne une dame, liée à la cour royale mais d'origine nubienne, ainsi qu'un enfant en bas âge<ref name="Shaw209"/>,<ref name="Ryholt180">Modèle:Harvsp</ref>. Outre les céramiques relevant de la culture de Kerma, tous les objets funéraires découverts sont de type égyptien, et dénotent une richesse certaine pour la période : dans un grand sarcophage de style richi, le corps portait plusieurs bijoux d'or, notamment « l'or de l'honneur », un collier composé de piécettes sur quatre rangs soulignant le statut de sa mystérieuse propriétaire<ref name="Ziegler">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Shaw209"/>. Ce cercueil anonyme suggère l'existence d'une union diplomatique lors de cette période<ref name="Ryholt180"/> et souligne l'importance de la Nubie pour les égyptiens en tant que lieu d'exploitation de l'or, ainsi que les alliances probables des rois thébains avant le conflit entamé par Kamosé.

Du règne de Seqenenrê Tâa où y est édifié un palais de grandes dimensions<ref name="Vandersleyen190"/>, à celui d'Modèle:Monarque, le site de Deir-el-Ballas<ref name="Lacovara">Modèle:Harvsp</ref>, à quarante kilomètres au nord de Thèbes, garde des traces d'activités militaires<ref name="Shaw210">Modèle:Harvsp</ref>. Compte tenu des poteries et outils de style nubien (Kerma) découverts sur le site, on peut déduire que de nombreux Medjaiou y vivaient à côté des égyptiens, composant une partie importante des troupes employées par Kamosé lors de sa reconquête<ref name="Shaw210"/>. Kamosé édifie un domaine portant l'un de ses noms d'Horus Sedjefa-taoui entre Thèbes et Dendérah<ref name="Grimal253">Modèle:Harvsp</ref>, qui pourrait correspondre au site de Ballas<ref name="Vandersleyen222">Modèle:Harvsp</ref>.

La conquête du nord

Au plus tard lors de la troisième année de son règne, Ouadjkheperrê Kames mène son armée dans le nord, au-delà de Cusae. Il marche d'abord sur Néfrousy, à proximité de Beni Hassan<ref name="Grimal252"/>,<ref name="Vandersleyen193">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="Note">Néfrousy est déjà à une vingtaine de kilomètres au nord d'Hermopolis</ref>, ayant envoyé des Medjaiou en reconnaissance, afin de prendre ce point d'appui des Hyksôs.

Modèle:Citation

Ouadjkheperrê Kames n'a pas que les Hyksôs pour ennemis, mais doit aussi lutter contre les égyptiens collaborant avec les souverains d'Avaris, comme ce « Téti, fils de Pépi » dont la première stèle a conservé le nom. Une fois Néfrousy prise, la région, est livrée au pillage. Le roi prend encore Hardaï<ref name="Vandersleyen193"/>, à quarante kilomètres plus au nord, et Pershak, lieu à la localisation inconnue<ref name="Vandersleyen193"/>. Les lacunes de la fin de la première stèle nous prive de la suite immédiate de son action. Dans l'hypothèse où le roi thébain est entré en Basse-Égypte, ces lacunes pourraient évoquer la prise de Memphis<ref name="Barbotin64">Modèle:Harvsp</ref>, bien que de nombreux spécialistes en doutent<ref name="Ryholt172">Modèle:Harvsp</ref>.

Dès le début de la seconde stèle, Ouadjkheperrê Kames a remonté le Nil, abordant des lieux à la localisation inconnue, Per-Djed-ken<ref name="Lalouette119">Modèle:Harvsp</ref> et Inyt-net-khent<ref name="Lalouette119"/>,<ref group="Note">cf. Lalouette 1995, Modèle:P., note 58. Ce nom pourrait, selon Labib Habachi, signifier « Le temps de descendre le courant » et représenter un carrefour entre la Haute et la Basse-Égypte</ref>, ayant conduit les forces Hyksôs à se replier<ref name="Lalouette119"/>. Il invective le roi Apophis, appelé avec mépris « chef du Rétjénou » pour souligner sa qualité d'étranger. Ouadjkheperrê Kames s'assure du contrôle du fleuve et des marchandises qui y transitent<ref name="Grimal253"/>, décrit la mise à sac de la région d'Avaris<ref name="Barbotin64"/> (l'actuelle Tell el-Dab'a) et la peur dans laquelle se retrouvent ses habitants. Mais la capitale Hyksôs n'est pourtant pas prise, et la localisation exacte de Kamosé fait débat. Car le temps employé par le texte tend à démontrer qu'il ne s'agit là que de menaces<ref name="Vandersleyen193"/> :

Modèle:Citation

Fichier:GD-EG-Nomes de Haute-Égypte.jpg
Les nomes de Haute-Égypte

Ouadjkheperrê Kames n'aurait donc pas assiégé réellement la cité, ni réclamé les possessions d'Avaris, mais celles appartenant à Avaris, c'est-à-dire au domaine Hyksôs<ref name="Ryholt172"/>. L'action suivante, bien concrète, se déroule d'ailleurs dans la ville de Saka (el-Qeis), dans le nome cynopolite<ref name="Vandersleyen194">Modèle:Harvsp</ref>, Modèle:17e de Haute-Égypte, qui serait donc la région la plus septentrionale reprise par Ouadjkheperrê Kames<ref name="Ryholt172"/>. C'est peut-être là qu'il y intercepte un messager, envoyé par le roi Apophis à son allié du sud, le roi de Koush. Le message, reproduit in extenso sur la stèle, donne de précieux détails sur les relations entre les états, ainsi que sur les actions de Kamosé antérieurement à sa campagne militaire :

Modèle:Citation

La découverte de ce message arrête sans doute la progression de Ouadjkheperrê Kames vers le nord<ref name="Barbotin64"/>, mais sa riposte ne se fait pas attendre. Le chemin des oasis, à l'ouest, assure les communications entre le royaume Hyksôs et celui de Kerma. La maîtrise de Saka et du nome cynopolite permet à Ouadjkheperrê Kames de contrôler les pistes d'accès les plus directes à l'« oasis du Nord »<ref group="Note">Celui de Bahariya</ref>,<ref name="Colin42">Modèle:Harvsp</ref>. Aussi organise-t-il une attaque dévastatrice sur l'oasis de Bahariya, qui a le double avantage de rompre tout contact entre les deux royaumes ennemis<ref name="Barbotin64"/>, et de se prémunir de toute attaque sur ses arrières depuis les régions occidentales. Les habitants de Bahariya étaient considérés, au même titre que les autres égyptiens collaborant avec les Hyksôs, comme des rebelles<ref name="Colin41">Modèle:Harvsp</ref>, et entretenaient des relations sinon militaires, au moins commerciales avec Avaris<ref name="Colin45">Modèle:Harvsp</ref>. Avant son départ, Ouadjkheperrê Kames renvoie le messager à son maître Hyksôs, le relâchant à Atfieh au sud de Memphis, dans le Modèle:22e de Haute-Égypte, avec pour ordre d'informer Apophis des dégâts causés au nome Cynopolite.

Modèle:Citation

La fin de la stèle relate le retour victorieux de Ouadjkheperrê Kames dans le sud, et son arrivée à Thèbes où il est accueilli par une population en liesse. Le dieu Amon est honoré pour avoir donné la victoire aux thébains. Un haut dignitaire ayant la charge de « directeur du sceau », Ousernecha dit Neshi, reçoit l'ordre de réaliser les stèles commémorant les victoires du roi, destinées au temple d'Amon de Karnak<ref name="Barbotin179"/>.

La chronologie de l'ensemble des événements relatés sur ces stèles connaît encore quelques difficultés d'interprétation. Il a été envisagé qu'il puisse s'agir de deux campagnes distinctes<ref name="Vandersleyen194"/>, la première dans le district de Néfrousy, peut-être en l'an 1<ref name="Vandersleyen194"/>, et la seconde, dans le nome cynopolite et l'oasis de Bahariya durant l'an 3, date à laquelle l'ensemble est gravé dans la pierre. La prise de la Basse Nubie pourrait alors avoir eu lieu vers l'an 2<ref name="Vandersleyen194"/>.

Dans tous les cas, les actions de Kamosé dans le Nord permirent de reprendre pour le moins une grande partie de la Moyenne-Égypte, repoussant le pouvoir Hyksôs dans ses bases de la Basse-Égypte tout en rompant ses communications avec l'allié koushite. Mais les conséquences de cette campagne restent difficiles à estimer<ref name="Grimal253"/>, et la guerre de reconquête ne reprendra qu'une décennie après l'accession au pouvoir du jeune Modèle:Monarque<ref name="Shaw212"/>.

Campagne en Nubie

Fichier:Carte-forteresses-nubiennes.jpg
Positions des forteresses nubiennes

Comme le contenu du message du roi Hyksôs Apophis à son allié de Koush le laisse supposer, Ouadjkheperrê Kames mena au moins une campagne en Nubie avant sa marche vers le Nord en l'an 3<ref name="Ryholt181">Modèle:Harvsp</ref>. Deux graffiti à Tochka et Arminna, en aval de Bouhen, attestent du passage de Kamosé<ref name="Barbotin174"/>. On y trouve les noms de Ouadjkheperrê Kames et d'Modèle:Monarque, suivis respectivement de deux « fils royaux » prénommés Téti et Djéhouty<ref name="Ryholt273">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="Note">À Tochka, les noms des fils royaux suivent tous deux celui d'Modèle:Monarque. cf. Ryholt 1997, Modèle:P., note 989</ref>. Ces inscriptions peuvent constituer la preuve d'une corégence des deux rois dans les années postérieures à l'an 3 de Ouadjkheperrê Kames, si elles ont bien été gravées en même temps<ref name="Ryholt1827">Modèle:Harvsp</ref>. Les deux dignitaires sont possiblement les premiers « chefs des pays du Sud » attestés<ref name="Vandersleyen195"/>, sous les règnes successifs de Ouadjkheperrê Kames et d'Modèle:Monarque, entamant une longue lignée de « Fils royal de Koush ». Il n'y a cependant aucune autre attestation d'un Vice-roi de Koush à une date si haute et il pourrait s'agir de membres de la famille royale, proches parents des rois thébains<ref name="Ryholt274">Modèle:Harvsp</ref>.

Comme dans les régions disputées par les rois de Thèbes et d'Avaris au nord, on trouve un nombre important de tombes dites « pan grave » réparties en Basse-Nubie, attestant de l'avancée des troupes de Kamosé dans le sud<ref name="Barbotin53">Modèle:Harvsp</ref>. La stèle de Bouhen datée de l'an 3 indique le nom d'un roi qui, bien qu'endommagé, ne peut correspondre qu'à Ouadjkheperrê Kames<ref name="Vandersleyen196">Modèle:Harvsp</ref>. Il est ordonné au commandant, resté anonyme par les lacunes du document, d'opérer des travaux de restauration et d'agrandissement de la forteresse<ref name="Barbotin194"/>,<ref name="Ryholt181"/>. Après une première campagne en Nubie dans les deux premières années de son règne, Ouadjkheperrê Kames ordonne donc une reprise en main administrative de la région, alors qu'il s'engage lui-même dans un affrontement contre les Hyksôs au nord<ref name="Vandersleyen196"/>.

Le martèlement partiel du nom du roi sur la stèle de Bouhen<ref name="Vandersleyen196"/>, ainsi que les traces d'incendie et de destruction datées de la fin de la Deuxième Période intermédiaire sur le site, posent plusieurs interrogations sur l'existence d'une deuxième campagne de Ouadjkheperrê Kames dans le sud, après l'an 3<ref name="Ryholt182">Modèle:Harvsp</ref>. Le royaume de Kerma est alors à la fin de sa « période classique », et à l'apogée de sa puissance<ref name="Shaw208">Modèle:Harvsp</ref>. Il est possible d'envisager que les Koushites aient repris temporairement la forteresse.

Si, dans l'hypothèse d'une corégence, les noms des rois Ouadjkheperrê Kames et Ahmôsis ont bien été gravés en même temps à Tochka et Arminna<ref name="Ryholt1827"/>, ils le furent au minimum en l'an 4 de Ouadjkheperrê Kames puisque celui-ci ne mentionne jamais Ahmôsis sur les stèles de Karnak, datées de l'an 3. Ces graffiti célébreraient dans ce cas le passage de l'armée égyptienne lors d'une seconde campagne nubienne<ref name="Ryholt274"/>.

Mais ces événements restent conjecturaux pour beaucoup de spécialistes qui arrêtent l'action de Ouadjkheperrê Kames après sa troisième année de règne.

Réalisations et fin de règne incertaine

Comme pour beaucoup de souverains de la [[XVIIe dynastie égyptienne|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:|  }} }} dynastie]], on a retrouvé peu de traces de constructions du règne de Ouadjkheperrê Kames, dont l'action fut principalement militaire. Outre les stèles dressées à Karnak et Ermant, il fit édifier un ouvrage à Karnak, dont il ne reste que la base avec quatre marches pouvant être le support d'une barque sacrée<ref name="Barbotin66">Modèle:Harvsp</ref> ou d'un naos<ref name="Grimal253"/>. Le récit de guerre de Ouadjkheperrê Kames est le premier document écrit mentionnant le char et le cheval en Égypte<ref name="Vandersleyen205">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Rommelaere23">Modèle:Harvsp</ref>. Un domaine porte en outre l'un des noms d'Horus du roi, Sedjefa-taoui entre Thèbes et Dendérah<ref name="Grimal253"/>. Le prédécesseur de Ouadjkheperrê Kames, Seqenenrê Tâa avait fait édifier deux bâtiments dont un palais, entourés d'une véritable ville<ref name="Barbotin50">Modèle:Harvsp</ref> à Deir-el-Ballas, et la fondation portant le nom de Ouadjkheperrê Kames pourrait faire partie de cet ensemble, où l'on sait que les forces armées Medjaiou ont stationné. On ne connaît à ce jour aucune autre œuvre de Ouadjkheperrê Kames dont nous ayons conservé une trace.

Tous les documents attribués à Ouadjkheperrê Kames indiquent la troisième année, qui demeure la plus haute date attestée de manière certaine. C'est pourquoi on lui a longtemps attribué un règne de trois ans, avant de connaître un fin rapide et inconnu. Des travaux plus récents remettent en cause cette estimation et attribuent plutôt quatre à cinq années de règne à Ouadjkheperrê Kames<ref name="Ryholt204"/>. Comme exposé précédemment, Ryholt évoque ainsi la possibilité d'une corégence avec Modèle:Monarque, après les trois années de campagne de Ouadjkheperrê Kames, et lui attribue cinq années de règne<ref name="Ryholt1827"/>.

Barbotin expose quant à lui la possibilité d'un règne de onze ans<ref name="Barbotin80"/>, hypothèse étayée, entre autres, par une interprétation différente du papyrus Rhind<ref name="Spalinger23">Modèle:Harvsp</ref> dont un bref extrait reste une des sources factuelles principales des événements de la reconquête thébaine :

Modèle:Citation

S'il est communément admis qu'Modèle:Monarque est « le prince du sud » évoqué sur le payrus, il est possible d'y voir Ouadjkheperrê Kames et d'aplanir certaines incohérences dans le déroulement de la libération du pays. Ahmôsis n'aurait eu alors qu'à reprendre aux Hyksôs affaiblis la cité d'Avaris avant de les pourchasser jusqu'à Sharouhen<ref name="Barbotin80"/>.

Ouadjkheperrê Kames passa à la postérité et était toujours honoré à l'époque ramesside. Son nom apparaît sur les listes de souverains de « la grande famille », qui recensent et célèbrent les fondateurs de l'empire égyptien. C'est notamment le cas dans la tombe de l'artisan Khabekhnet à Deir el-Médineh<ref group="Note">TT2</ref> et sur une table d'offrandes de Qen<ref group="Note">Qenherkhepeshef, scribe de la Place de Vérité sous le règne de Mérenptah</ref>,<ref name="Vandersleyen 192"/>.

Sépulture

Qu'il ait régné trois années ou davantage, Ouadjkheperrê Kames meurt de manière inattendue, sinon brutalement, avant que sa tombe à Dra Abou el-Naga ne soit achevée<ref name="Lalouette123">Modèle:Harvsp</ref>. Son cercueil est d'allure modeste, sans dorure ni uræus<ref name="Vandersleyen195"/>. De style richi, il représente le roi portant la barbe postiche, coiffé du némès et le buste couvert par un large collier ousekh<ref group="Note">Il est depuis exposé au Musée du Caire</ref>. Il était accompagné de plusieurs objets d'apparats, portant pour certains le nom de son successeur Ahmôsis, ainsi que de nombreuses armes, évoquant les combats du roi<ref name="Barbotin67">Modèle:Harvsp</ref>.

Inhumé dans la nécropole des rois de Dra Abou el-Naga, sa tombe, située dans une succession logique à côté de celle de Seqenenrê Tâa, était toujours connue durant l'inspection des tombes, sous la [[XXe dynastie égyptienne|Modèle:Nobr]] mentionnée sur le papyrus Abbott<ref name="Barbotin67"/>. Comme beaucoup d'autres, son sarcophage fut ultérieurement sorti de sa tombe et déplacé pour le protéger des pilleurs de tombes. Il fut sans doute installé un temps dans la cache de Deir el-Bahari, avant d'être l'un des premiers à être pillé à l'époque moderne<ref name="Grimal254">Modèle:Harvsp</ref>. Il fut en effet inhumé finalement de nouveau, dans des décombres<ref name="Lalouette124">Modèle:Harvsp</ref>.

Enterré sans soin au débouché de la vallée des Rois, le sarcophage de Ouadjkheperrê Kames fut redécouvert intact en Modèle:Date-<ref name="Barbotin67"/>, lors de la campagne de fouille que commanda le vice-roi Saïd Pacha à Auguste Mariette pour le compte de Modèle:Monarque. À l'ouverture du sarcophage, la momie très abîmée tomba aussitôt en poussière.

À l’époque de sa découverte, la chasse aux antiquités et notamment aux objets précieux prévalait sur les fouilles archéologiques et la muséographie, alors balbutiante. Ainsi les objets qu'il contenait et qui formaient l'ultime viatique funéraire du souverain furent donnés en présent par le vice-roi au monarque français. Mariette fit don du miroir en bronze au Musée du Louvre et les armes et bijoux de Kamosé furent acquis par différents musées à la suite de la dispersion de la collection impériale peu après la défaite de Sedan.

Fichier:Louvre egyptologie 11.jpg
Éléments d'un bracelet en or au nom d'Ahmôsis découvert sur la momie de Ouadjkheperrê Kames - Musée du Louvre

On citera notamment les haches en bronze, portant sur leurs lames les cartouches du roi, qui se trouvent actuellement au British Museum et à l'Ashmolean Museum d'Oxford en Angleterre. Ce dernier musée a également acquis un poignard en bronze au manche en bois recouvert d'une feuille d'or. Le Louvre quant à lui s'est porté acquéreur du cartouche royal en or encadré par deux lions couchés qui porte le nom d'Ahmôsis, tandis qu'un célèbre poignard au nom de Ouadjkheperrê Kames, à lame de bronze et au manche en argent et bois doré s'est retrouvé exposé après quelques pérégrinations de collectionneurs au musée de la Bibliothèque Royale de Bruxelles.

Le scarabée de cœur et les amulettes prophylactiques qui couvraient la momie du roi ont été en revanche perdus, sans doute acquis par des collectionneurs privés. Ils ne sont jamais réapparus sur le marché des Antiquités depuis.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Bibliographie

Liens externes

Modèle:Autres projets Modèle:Liens

Modèle:Palette Modèle:Portail