Pariser Kanonen

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Modèle:Titre mis en forme Modèle:Infobox Artillerie

Les Modèle:Lang (les « canons de Paris » en français) sont sept pièces d’artillerie à très longue portée utilisées au cours de la Première Guerre mondiale par l'armée allemande pour bombarder Paris. Par la longueur du canon, elles furent les pièces d'artillerie les plus grandes en service durant la Grande Guerre.

Surnommés la « Grosse Bertha » par les Français, bien que ce nom désignât un autre canon pour les Allemands, les Pariser Kanonen tiraient à plus de Modèle:Unité de distance.

Armes de la guerre psychologique destinées à terroriser la population, ces canons ont envoyé un total de Modèle:Nombre sur Paris et les communes environnantes, entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-<ref>Françoise Blum, Sylvie Le Dantec (préface André Kaspi), « Les vies de Pierre Naville », Centre d'histoire sociale du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 2007, Modèle:P.79.</ref>, causant la mort de Modèle:Nombre.

Dénomination

Alain Huyon, colonel au service historique de l’Armée de terre, relève de multiples dénominations pour ces pièces<ref name="Huyon">Alain Huyon, « La Grosse Bertha des Parisiens », Revue historique des armées, Modèle:N°, 2008, Modèle:P., mis en ligne le 5 janvier 2009 (consulté le 15 août 2010).</ref> :

  • du côté allemand :
    • Pariser Kanonen ou Parisgeschütze : canons parisiens ou bouches à feu de Paris ;
    • Langer Friedrich : Frédéric le Long/le Grand, surnom donné par le personnel des usines Krupp en référence au fondateur du groupe, Friedrich Krupp. On trouve aussi Langer Max ;
    • Die Pariserin : la Parisienne, pour le commun des Allemands ;
    • le tube en lui-même est nommé Wilhelmsrohr (« tube de Guillaume »), en référence à l’empereur Guillaume II ;
  • du côté français, ce canon est surnommé « Bertha » et « Grosse Bertha » dès son entrée en service<ref>Voir par exemple l'article « Paris again Shelled by Long-Range Gun » dans le The New York Times, 6 août 1918, page 3 (lire en ligne).</ref>. Mais les grosses pièces d’artillerie appelées Grosse Bertha (Dicke Bertha) par les Allemands sont de gros obusiers utilisés pour détruire des fortifications et d’une portée d’un peu plus de Modèle:Nombre. La confusion vient de Français vivant à proximité des emplacements de tir des Pariser Kanonen, entendant les artilleurs utiliser le nom allemand, mais pour désigner une autre pièce d’artillerie<ref name="Huyon"/>.

Conception et fabrication

Fichier:Pariser Ferngeschütz.jpg
Maquette d'un Pariser Kanone. Collection d’études militaires, Coblence.

Le canon dit Pariser Kanone (all. Kanone/Kanonen ; nom féminin) est conçu par l’état-major allemand comme une arme psychologique, destinée à terroriser les Parisiens, les désordres et les manifestations ainsi suscitées étant censées pousser le gouvernement français à demander un armistice<ref name="Huyon"/>. C’est l’ingénieur allemand Rausenberger qui conçoit un canon de Modèle:Unité, tirant depuis des plates-formes métalliques démontables<ref name="Huyon"/>.

Sept tubes sont construits dans les usines Krupp d’Essen et les usines Škoda de Plzeň<ref name="Huyon"/>.

  • Longueur du tube : 34<ref name="Huyon"/> à Modèle:Unité<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le tube était une juxtaposition de 3 tubes usagés de canons de calibre Modèle:Nombre<ref name="Huyon"/>, dans lesquels était inséré un tube réducteur au calibre Modèle:Nombre. Afin d’éviter la pliure, voire la rupture d’un tel fût, un solide haubanage partant d’un mât central renforce et soutient le canon sur toute sa volée<ref name="Huyon"/>.
  • Calibre : Modèle:Unité. Les munitions étaient toutes des obus de Modèle:Nombre chemisés entre Modèle:Unité pour s’adapter à l’usure progressive du tube provoquée par l’effet d’arrachement des projectiles. Le tube était usé après Modèle:Unité ; chaque obus était numéroté de 1 à 65. Ces obus devaient être tirés dans l’ordre, puisqu’ils étaient d’un diamètre de plus en plus élevé pour compenser l’usure du tube ; une erreur dans l’ordre de tir aurait pu se traduire par l’explosion du canon par suite du coincement du projectile dans le tube. Le Modèle:65e, il fallait changer le tube, qui était alors renvoyé chez Krupp pour rechemisage et fabrication d’une nouvelle série d’obus.
  • Diamètre du canon : Modèle:Unité au tonnerre<ref name="Huyon"/>
  • Poids du tube : Modèle:Unité<ref name="Huyon"/>
  • Poids du canon : Modèle:Unité (avec la plate-forme de tir)<ref name="Huyon"/>
  • Poids de l’obus : plus de Modèle:Unité <ref name="Huyon" />
  • Charge propulsive : 150 à Modèle:Unité de poudre selon la distance de la cible<ref name="Huyon" />
  • Portée maximale : Modèle:Unité (Modèle:Unité selon certaines sources) sous un angle de tir fixe de 55° (réglage de la portée par la charge propulsive)
  • Vitesse initiale du projectile à charge maximale : Modèle:Unité<ref name="Huyon"/> soit plus de Mach 5
  • Temps de vol du projectile : Modèle:Unité<ref name="Huyon"/>

Les obus tirés étaient déviés de près de Modèle:Unité par la force de Coriolis<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>

L’obus tiré atteint l’altitude maximale de Modèle:Unité à l’apogée de sa trajectoire. Ce fut longtemps le record d’altitude atteint par un objet lancé par l’Homme (jusqu’à l’invention de la fusée V2 lors de la Seconde Guerre mondiale)<ref name="Huyon"/>. Le projectile avait ainsi une trajectoire essentiellement dans les couches les moins denses de l'atmosphère, subissant moins de frottement, ce qui allongeait sa portée.

Le Pariser Kanone multiplie par 4 la portée maximale de l’artillerie de l’époque, la passant de Modèle:Unité<ref name="G & H">Modèle:Article</ref>.

La mise en œuvre est complexe :

  • des plates-formes de tir doivent être aménagées, soit en béton (Modèle:Unité et Modèle:Unité d’épaisseur), soit en adaptant des plates-formes en acier destinées aux canons de Modèle:Nombre ;
  • le canon, très lourd, ne peut être acheminé que par voie ferrée, qui doit donc aller jusqu’à ces plates-formes ;
  • l’affût de Modèle:Unité devait être descendu du train et mis en place pour recevoir le canon ;
  • le tube doit être changé tous les Modèle:Unité à cause de l’usure<ref name="G & H"/> ;
  • des abris pour les officiers, le personnel, les générateurs électriques, ainsi que des communications abritées entre ces installations doivent être aménagés avant la mise en œuvre du canon<ref name="Huyon"/>.

Les tirs étaient donc extrêmement coûteux.

Utilisation opérationnelle

Fichier:Bombardement de Paris en avril 1918 par l'artillerie allemande à longue portée.jpg
Le bombardement de Paris vu par la presse française d’époque. Dessin paru dans l’hebdomadaire Le Miroir du 7 avril 1918.
Fichier:George Eastman House - Bouvigny (French) - Emplacement d-une Bertha (pd).jpg
La monture du canon installé à Bruyères-sur-Fère, carte postale de 1918.
Fichier:Eglise St Gervais Paris bombardement 1918.jpg
L’église Saint-Gervais après le bombardement du 29 mars.

Deux embases bétonnées et toutes les installations annexes nécessaires sont aménagées dès fin 1917 au pied du mont de Joie, une colline du Laonnois (centre du département de l’Aisne). À l’avantage de donner une position cachant les canons (il est haut de Modèle:Unité), ce site allie celui d’une bonne desserte : la RN 44 passe d’un côté de la colline, la voie ferrée Laon-Amiens de l’autre. Les plates-formes de tir sont aménagées dans le bois de l’Épine, au lieu-dit l’Anchette, dans la commune de Crépy, à Modèle:Unité au nord du village. Il est possible qu’une troisième pièce ait été installée à proximité<ref name="Huyon"/>.

La première campagne de tir débute le Modèle:Date, et dure jusqu’au 3 mai. Le premier jour, les tirs se succèdent de Modèle:Heure à Modèle:Heure, par temps nuageux garantissant une absence de repérage par avion. Des tirs intenses de batteries de Modèle:Unité sont déclenchés pour camoufler le son du Pariser. Quatre mortiers de SKL/45 Max de Modèle:Nombre, disposés à proximité, tirent également pour éviter tout repérage par les SRS françaises (sections de repérage par le son). Enfin, dix escadrilles aériennes sont en vol pour protéger le canon. Plus d’une vingtaine d’obus tombent sur Paris et sur des communes de la petite couronne (Pantin, Vanves, Châtillon-sous-Bagneux)<ref name = "G & H" /> ce 23 mars à une cadence d’environ un obus toutes les vingt minutes. Le premier explose quai de la Seine dans le Modèle:19e<ref name = "G & H"/>. On dénombre Modèle:Unité et Modèle:Unité après cette première journée<ref name = "G & H"/>. Le lendemain, les tirs reprennent, encouragés par la nouvelle de la réussite (qui parvient à Modèle:Heure, d’après lecture des journaux parisiens). À partir du 25 mars, des espions allemands font des comptes-rendus par téléphone à un intermédiaire : les artilleurs ont connaissance du résultat de leur tir en moins de quatre heures<ref name="Huyon"/>.

Les rumeurs les plus folles courent sur l’arme nouvelle dont semble disposer l’armée allemande. On pense à un avion volant à haute altitude. Lorsqu’ils en sont informés, les Parisiens la surnomment « Bertha ». Cependant, la terreur n’est pas au rendez-vous. De plus, les SRS repèrent très vite l’emplacement de cette pièce unique dans le tonnerre provoqué par tous les tirs d’artillerie. Dès le 24 mars, des tirs de contre-batterie de Modèle:Nombre, Modèle:Nombre et Modèle:Nombre (huit pièces de 340 des 77e et Modèle:78e d’artillerie lourde à grande puissance) pilonnent l’emplacement. Malgré leur précision, ces tirs de contre-batterie ne détruisent pas les Pariser, même s’ils tuent sept de ses servants et en blessent six. Le Grand Quartier général français interrompt ces tirs pour n’utiliser finalement que des pièces de Modèle:Nombre, souhaitant économiser ses tubes de grosses pièces. La première interruption des tirs intervient finalement quand une des pièces éclate le 3 mai, à la suite de l’explosion prématurée d’un obus dans le canon de la pièce. La pause dure trois semaines, pour vérification sur la deuxième pièce. Il apparaît que pendant un temps, ces tirs sont guidés par un espion, caché dans une grotte du mont de Joie, mais sans de meilleurs résultats<ref name="Huyon"/>.

Le 29 mars 1918 à Modèle:Heure un obus tiré par la Pariser Kanone crève la voûte et détruit le deuxième pilier de la façade latérale gauche (nord) de l’église Saint-Gervais provoquant l’effondrement d’une partie de celui-ci sur le public pendant l’office du Vendredi saint, et causant Modèle:Unité et Modèle:Unité. Cette attaque a un retentissement international, les Français commencent à craindre la défaite, certains responsables à Paris envisagent un repli du gouvernement vers la Loire<ref name=":0">Film documentaire Les grains de sable de l'histoire. France, 2014. Capitaine Emmanuel Ranvoisy (Brigade des Sapeurs-pompiers de Paris).</ref>. Les tirs conjugués aux bombardements nocturnes des bombardiers Gotha G eurent un fort impact psychologique sur la population parisienne<ref name=":0" />,<ref name="G & H" /> au regard du nombre de tués (par comparaison avec une journée sur le front<ref name="G & H" />). Entre la fin mars et le début du mois d’avril 1918, un demi-million de Parisiens, sur une population de trois millions, quittent la capitale, Modèle:Unité étant tombés les trois premiers jours<ref name="G & H" />. Encore aujourd’hui, on se souvient plus de la « Grosse Bertha/Pariser Kanone » que de certaines batailles importantes ou sanglantes de la Première Guerre mondiale<ref name="G & H" />.

Une deuxième campagne de tirs de Pariser Kanonen a lieu du 27 mai au 11 juin, toujours à partir du mont de Joie à Crépy. Pendant ce temps, l’armée allemande mène également une grande offensive qui la conduit au sud de la Marne. Il est possible que l’interruption des tirs entre le 11 juin et le 16 juillet soit due au transport d’une Pariser Kanone de Crépy à Bruyères-sur-Fère dans un bois du lieu-dit Val-Chrétien<ref name="Huyon"/>, plus au sud de l’Aisne.

Une éventuelle troisième campagne a lieu à partir de Bruyères-sur-Fère, les 16 et 17 juillet, mais l’utilisation du site est interrompue par l’offensive du 18 juillet 1918, les Allemands évacuant leur pièce afin qu’elle ne tombe pas aux mains des Alliés<ref name="Huyon"/>.

Enfin, la quatrième et dernière campagne de tirs, à partir des plates-formes métalliques aménagées à Beaumont-en-Beine, dure jusqu’au 9 août 1918<ref name="Huyon"/>. En tout, Modèle:Nombre sont tombés sur Paris, causant la mort de Modèle:Nombre et en blessant Modèle:Nombre<ref name="Huyon"/>,<ref>{{#if:|https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4605797h%7C{{ #if: bpt6k4605797h |{{ #if: Excelsior du 9 janvier 1919 : Carte et liste officielles des obus lancés, numérotés suivant leur ordre et leur date de chute | Excelsior du 9 janvier 1919 : Carte et liste officielles des obus lancés, numérotés suivant leur ordre et leur date de chute | lire en ligne]}} | {{ #if: |[{{{1}}} lire en ligne]|lire en ligne}} }} sur Gallica}}</ref>.

Non loin de Crépy, on peut voir encore aujourd’hui sur la commune de Coucy-le-Château<ref>Modèle:Lien web.</ref> dans le bois du Montoir<ref>« Le mystère de la Grosse Bertha » sur le site Chemins de mémoire du ministère de la Défense.</ref>, une énorme cuvette de béton sur laquelle les Allemands avaient installé un SKL/45 Langer Max Brummer<ref>Modèle:Lien web</ref> un canon de Modèle:Unité dont le tube avait Modèle:Unité de long, appelé aussi à tort « Grosse Bertha ». À quelques kilomètres de là, les Allemands avaient fait construire un canon en bois et une fausse voie ferrée qui servaient de leurres afin de tromper d’éventuels repérages par l’aviation ennemie.

Bilan

Le ou les canons restants sont démontés devant la progression de l’offensive alliée, et renvoyés en Allemagne. Tout le matériel, toutes les archives sont détruits. L'information sur les caractéristiques techniques précises est donc perdue, même si des témoignages et des archives privées découvertes ultérieurement en ont donné un aperçu<ref name="Huyon"/>.

Réussite technique allemande<ref name="G & H" />, ces canons mobilisèrent les premiers temps d’importantes forces françaises pour repérer leur emplacement et essayer de les détruire<ref name="G & H" />. Mais leur fabrication et mise en œuvre furent aussi très coûteuses pour les Allemands et ces canons n’eurent pas l’effet escompté sur la population qui s’y habitua avec l’espacement des tirs<ref name="G & H" />, et ils ne modifièrent pas le cours du conflit<ref name="G & H" />.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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