Philippicos

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Modèle:Infobox Empereur romain

Philippicos (ou Philippikos; en grec : Modèle:Grec ancien) fut brièvement un empereur et usurpateur byzantin du Modèle:Date au Modèle:Date. De son vrai nom Bardanès ou Vardanis (Modèle:Grec ancien, arménien Վարդան), il était d'une famille arménienne de haut rang au service des empereurs byzantins. Son court règne de dix-sept mois<ref group=N>Ce nombre varie selon les sources de l’époque : Théophanes (386) parle d’un règne de 2 ans et 9 mois, Nicéphore d’un règne de deux ans, le Chronicon Altinate et Gradense d’un an, 6 mois et 10 jours (Sumner (1976) Modèle:P.).</ref> raviva les controverses christologiques et déclencha une lutte contre les images qui, sans avoir de caractère religieux, laissait prévoir les grands conflits de l’iconoclasme<ref>Ostrogorsky (1983) Modèle:P.</ref>,<ref>Bréhier (1969) Modèle:Pp.</ref>.

Origine ethnique

Il est souvent considéré par les historiens modernes comme un Arménien sur la base de son prénom (une forme hellénisée de « Vardan »)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Celui-ci pousse d'ailleurs le généalogiste Christian Settipani à rattacher Bardanès à la famille Mamikonian à travers son père Nicéphore, patrice en 668, l'année de sa mort, fils de Bardanios, consul et de sa femme, une fille inconnue de Valentin, et petit-fils d'Artabasde et de sa femme Modèle:Incise, issues d'une colonie arménienne à Pergame, ce dernier peut-être le fils de Modèle:Souverain3<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, mais selon l'historienne de l'Arménie médiévale, Nina Garsoïan, la thèse de la descendance de Bardanès et d'autres nobles arméno-byzantins des Mamikonian Modèle:Citation<ref>Kazhdan (1991) « Mamikonean », Modèle:Vol., Modèle:Pp.</ref>.

Premières années

Les chroniqueurs Théophane le Confesseur et Michel le Syrien le présentent comme un homme cultivé et éloquent (le premier s'étonnant même du contraste entre l'intelligence de ses discours et l'indignité de son comportement). Ayant manifesté son ambition d'accéder au trône (il aurait rapporté une prédiction selon laquelle il deviendrait empereur), il avait été exilé à Céphalonie par Modèle:Souverain2 pour « avoir rêvé l’Empire »<ref>Théophane le Confesseur 372, cité par Bréhier (1968) Modèle:P. et Sumner (1976) Modèle:P.</ref>, et ensuite rappelé par Modèle:Souverain2 après son rétablissement<ref name=kazhdan>Kazhdan (1991) « Philippikos », Modèle:Vol., Modèle:P.</ref>.

En 710, la cité byzantine de Chersonèse, en Crimée, se révolta contre l'empereur Modèle:Souverain2 avec l'aide des Khazars qui occupaient alors l'arrière-pays. Modèle:Souverain2 détestait les habitants de cette ville : en 704, alors qu'il s'y trouvait en exil, il avait échafaudé un plan pour recouvrer le trône, mais les notables de Chersonèse l'avaient dénoncé à Modèle:Souverain2, et il n'avait dû son salut qu'à la fuite chez les Khazars. Il envoya donc une flotte commandée par le patrice Étienne Asmiktos avec l'ordre de soumettre la ville à un châtiment exemplaire. Le patrice emmenait aussi avec lui Bardanès, que l'empereur avait condamné à un nouveau bannissement. Asmiktos procéda à des exécutions, et ensuite, rappelé par l'empereur, il reprit la direction de Constantinople en octobre, laissant donc Bardanès sur place. Mais en traversant la mer Noire, sa flotte coule lors d'une tempête<ref>Treadgold (1997) Modèle:P.</ref>,<ref name="sumner" />.

Pendant ce temps, les notables de Chersonèse firent à nouveau alliance avec les Khazars. Modèle:Souverain2 envoya une nouvelle flotte commandée par le patrice Georges et l'éparque Jean, mais à leur arrivée, ces deux derniers tombèrent dans un piège et furent tués par les habitants de la ville, tandis que le reste de la troupe était livré aux Khazars, et massacré par eux. C'est alors, probablement en septembre 711, que Bardanès fut proclamé empereur à Chersonèse<ref>Theoph. 379; Niceph. 46</ref>,<ref name=sumner>Sumner (1976) Modèle:P.</ref>,<ref name=treadgold>Treagold (1997) Modèle:P.</ref>. Pendant l'été, Modèle:Souverain2 envoya une nouvelle flotte sous le commandement du patrice Mauros. Dans le même temps, les Arabes attaquant sur la frontière orientale, il quitta lui-même la capitale à la tête d'une armée qui atteignit Sinope<ref name=treadgold/>. Mais à Chersonèse Bardanès s'était entendu avec le khagan des Khazars, et Mauros se retrouva dans l'incapacité évidente de se rendre maître de la ville. Craignant de retourner affronter la colère de Modèle:Souverain2, il changea de camp, et lui et sa troupe proclamèrent aussi Bardanès empereur sous le nom de Philippikos. Probablement en octobre, la flotte s'en revint à Constantinople<ref name=sumner/>,<ref name=ostrogorsky>Ostrogorsky (1983) Modèle:P.</ref>.

Règne

Apprenant le tour pris par les événements, Modèle:Souverain2 rebroussa précipitamment chemin. Quand il arriva sur la rive asiatique du Bosphore, Philippikos et Mauros étaient déjà entrés dans Constantinople<ref group=N>Philippikos entra à Constantinople le 4 ou le 24 novembre 711 (cf. P. Grierson, Dumbarton Oak Papers, 16 (1962), 50f et Modèle:P.).</ref>. Ils firent exécuter les principaux responsables de la cour de Modèle:Souverain- ; son fils Tibère, six ans, fut arraché à l'autel de l'église Sainte-Marie-des-Blachernes, malgré les supplications de sa grand-mère Anastasie, femme de Modèle:Souverain-, et égorgé<ref>Norwich (1989) Modèle:P.</ref> ,<ref name=sumner/>. Ils envoyèrent des hommes débarquer devant le camp de Modèle:Souverain2 près de Chalcédoine, et ceux-ci réussirent à retourner une partie des troupes de l'empereur déchu, à le capturer et à le décapiter. La tête de Justinien fut livrée à Philippicos, qui l'envoya à Ravenne et à Rome<ref name=ostrogorsky/>.

Politique religieuse

Comme beaucoup d'Arméniens au service des Byzantins, Philippikos était favorable au monothélisme, une doctrine conçue pour réconcilier l'Église orthodoxe grecque avec les monophysites, mais condamnée comme hérétique par le concile œcuménique de 680 de Constantinople<ref>Ostrogorsky (1983) Modèle:P.</ref>. Deux mois après son entrée à Constantinople, Philippikos déposa le patriarche Cyrus de Constantinople qui défendait les conclusions du concile et le remplaça par Modèle:Souverain3, d'accord avec lui. Dans un édit impérial, il désavoua les décisions du Sixième Concile œcuménique et décréta le monothélisme seule doctrine autorisée. Un concile purement byzantin fut ensuite organisé : la majorité des évêques souscrivirent à l’édit impérial, y compris le futur patriarche Modèle:Souverain3, qui était alors métropolite de Cyzique <ref name=gold>Treadgold (1997) Modèle:P.</ref>. Et pour que personne ne se trompe sur ce changement radical, il fit enlever une inscription commémorative du Sixième Concile placée sur la porte du Milion, face au Palais impérial, la remplaçant par une représentation de l’empereur et du patriarche Serge, ancien champion du monothélisme<ref>Agathon Diacre, cité par Ostrogorsky (1983) Modèle:P.</ref>,<ref>Treagold (1997) Modèle:P.</ref>,<ref>Norwich (1989) Modèle:P.</ref>. La même année, il voulut rallier son pays d’origine au patriarcat byzantin et expulsa ceux qui s’y opposèrent. Le résultat fut une émigration des Arméniens, qui cessèrent de voir en Byzance leur protectrice, vers les pays arabes <ref name=brehier>Bréhier (1969) Modèle:P.</ref>,<ref name=sumner/>.

À Rome la position de l’empereur provoqua une violente opposition. Le pape Constantin (r. 708-715) répondit à la lettre par laquelle Philippikos l’informait de son avènement dans des termes qui lui semblèrent profondément hérétiques, en interdisant de reproduire l’effigie de l’empereur sur des pièces de monnaie, de référer à son règne dans la datation de documents et même d’inclure son nom dans les prières de l’Église. De plus, il donna l’ordre de faire placer dans l’église de Saint-Pierre les images non seulement du Sixième Concile, mais également des cinq précédents <ref name=which>Norwich (1989) Modèle:P.</ref>. Les divergences théologiques sur la nature du Christ trouvaient ainsi leur expression dans l’adoption ou l’exclusion de certaines images <ref>Liber Pontificalis, cité par Ostrogorsky (1983) Modèle:P.</ref>.

Lutte contre les Bulgares et les Arabes

Profitant de la confusion engendrée par le changement de gouvernement à Constantinople, les troupes arabes, commandées par Maslama ben Abd al-Malik, pénétrèrent très loin en Asie mineure en 712 mettant à sac les villes d'Amasia et de Gangres, sur le territoire des Arméniaques, et de Misthia, sur celui des Anatoliques ; ils hivernèrent dans cette dernière région, et au printemps 713 détruisirent complètement la ville d'Antioche de Pisidie, qui ne s'en releva jamais<ref name=brehier/>,<ref name=gold/> . Pendant ce temps, le khan bulgare Tervel, voulant venger le meurtre de son ancien allié Justinien, déclara la guerre à Philippikos; après avoir traversé la Thrace sans difficulté, ce qui montre la faiblesse des défenses byzantines en Europe, il arriva jusqu'aux murailles de Constantinople après avoir pillé les riches villas de l’élite constantinopolitaine dans les banlieues où elles aimaient passer l’été<ref name=which/>.

L'empereur n’eut d’autre choix que de rappeler en Europe des troupes du thème de l’Opsikion en Asie mineure sous le commandement du strategos (général) Georges Bouraphos <ref name=gorsky>Ostrogorsky (1983) Modèle:P.</ref>.

Chute

Ce dernier, allié à un patrice nommé Théodore Myakios, prit la résolution de mettre fin au règne de Philippikos. Le samedi Modèle:Date-, veille de la Pentecôte, il envoya à Constantinople une troupe de soldats commandée par un de ses officiers, Rouphos<ref>Theoph. 383; Niceph. 49</ref>. Ceux-ci surprirent Philippikos dans le palais pendant une sieste, s'emparèrent de lui, le conduisirent vers l'hippodrome et lui crevèrent les yeux<ref name=which/>. Cette mutilation l'empêchait définitivement de régner.

Il est probable que le but était de faire proclamer Georges Bouraphos empereur, mais les conspirateurs perdirent le contrôle des événements, et le lendemain ce fut le protasekretis (Premier secrétaire) de Philippikos, Artémios, qui fut proclamé par une foule rassemblée à Sainte-Sophie, sous le nom d'Modèle:Souverain2<ref name=gorsky/>,<ref name=gold/>. Ce dernier fit châtier les conspirateurs par la loi du talion : le Modèle:Date-, Theodore Myaces était aveuglé et exilé, Georges Bouraphos le 17<ref>Sumner (1976) Modèle:P.</ref>. Quant à Philippikos il fut exilé dans le monastère urbain des Dalmates où il serait mort le Modèle:Date- (selon Sumner) ou 715 (selon Grierson)<ref name=kazhdan/>.

Notes et références

Notes

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Références

Modèle:Références

Bibliographie

Sources primaires

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Chronique de Michel le Syrien par J. B. Chabot : Première édition 1899-1910 introduction, corrections et index ajoutés en 1924 ; réimpr. Bruxelles, 1963, et 2010.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Chronicle of Theophanes, « Anni mundi 6095-6305 (A.D. 602-813) » by Harry Turtledove, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1982 Modèle:ISBN.

Sources secondaires

  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bellinger, Alfred Raymond; Grierson, Philip, eds. Catalogue of the Byzantine Coins in the Dumbarton Oaks Collection and in the Whittemore Collection: Phocas to Modèle:Souverain-, 602-717. Part 1. Phocas and Heraclius (602-641). Dumbarton Oaks, 1992. Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bréhier, Louis. Vie et Mort de Byzance, coll. « L'évolution de l'humanité », L'âge d'homme éd., Paris, 1969 [1946].
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Cheynet, Jean-Claude. Byzance, l’Empire romain d’Orient. Paris, Armand Colin, 2012. Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Cheynet, Jean-Claude. Le Monde byzantin, II, L’Empire byzantin (641-1204). Paris, Presses Universitaires de France, 2007. Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Philip Grierson, Cyril Mango and Ihor Ševčenko. The Tombs and Obits of the Byzantine Emperors (337-1042), Dumbarton Oaks Papers, Vol. 16 (1962). DOI: 10.2307/1291157.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Haldon, John. Warfare, State and Society in the Byzantine World, 565–1204. London, UCL Press, 1999. Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Herrin, Judith. “Philippikos ‘The Gentle’”. (In) Hagit Amirav, Bas ter Haar Romeny (ed): From Rome to Constantinople: Studies in Honour of Averil Cameron. Leuven 2007, Modèle:Pp..
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jenkins, Romilly. Byzantium The Imperial centuries AD 610-1071. Weidenfeld & Nicolson, 1966. Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kaegi, Walter Emil. Byzantium and the Early Islamic Conquests. Cambridge, Cambridge University Press, 1992. Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kazhdan, Alexander (ed). The Oxford Dictionary of Byzantium. Oxford, University of Oxford, 1991, Modèle:Vol.. Modèle:ISBN
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Norwich, John Julius. Byzantium, Modèle:Vol., The Early Centuries, New York, Alfred A. Knopf, 1989. Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ostrogorsky, Georges. Histoire de l’État byzantin. Paris, Payot, 1983 [1956], Modèle:ISBN.
  • {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Settipani, Christian. Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, 2006, (Modèle:ISBN.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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