Sycophante

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Un sycophante (en grec ancien "Modèle:Grec ancien" / "Modèle:Lang") est, dans l'Athènes antique, un délateur professionnel.

Étymologie

La composition du mot est simple : il vient de Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, « figue », et de Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, « découvrir ».

En revanche, son origine est obscure dès l'Antiquité<ref>Les considérations étymologiques sont tirées du Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Klincksieck, 1999 (Modèle:2e mise à jour), article « Modèle:Grec ancien », de Pierre Chantraine, p. 1069 a et b.</ref>. Plutarque<ref>Modèle:Méta-modèle source{{#if: |Modèle:Espace« {{{référence}}} »|}}, Solon, XXIV, 2.</ref> rapporte l'explication selon laquelle ces délateurs s'en prenaient aux exportateurs de figues hors de l'Attique, l'exportation étant alors illégale. Cependant, si l'on connaît des mesures restrictives sur l'exportation de produits agricoles, souvent attribuées à Solon, aucune ne porte sur les figuesModèle:Sfn. On a proposé de voir dans le sycophante celui qui « montre les figues » cachées par un voleur dans ses vêtements<ref>Louis Gernet, « Notes de lexicologie juridique », dans Mélanges Boisacq I (Annuaire de l'Institut de philologie et d'histoire orientales et slaves 5, 1937), p. 393.</ref>. Les figues étant des fruits de grande consommation et de faible valeur marchande, du moins en Attique<ref>Cf. Alimentation en Grèce antique.</ref>, le sycophante serait alors celui qui n'hésite pas à dénoncer le vol de choses sans valeur<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} August Böckh, Die Staathaushaltung der Athener, 13, 56.</ref>. Enfin, le sycophante pourrait être le dénonciateur de ceux qui volent les figues des figuiers sacrés<ref>Modèle:CNRTL</ref> : les vols de figues étaient fréquents en Attique, Modèle:Citation (en grec Modèle:Grec ancien) aux dires de Julius PolluxModèle:Sfn.

Le sycophante dans le système juridique athénien

L’existence de délateurs professionnels s’explique par les particularités du système juridique athénien<ref>Cette partie s’appuie sur Michel Humbert, Institutions politiques et sociales de l’Antiquité, Dalloz, coll. « Précis », 2003 (Modèle:8e), § 165-166.</ref>. À partir du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, la principale juridiction est l’Héliée, un tribunal populaire constitué de Modèle:Nb tirés au sort. En l’absence de ministère public, on compte sur le civisme populaire pour la dénonciation des crimes. Les actions sont divisées en deux classes : la Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang (action privée) suppose un intérêt à agir, au lieu que la Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang (action publique) peut être le fait de tout citoyen, qui assume donc le rôle du ministère public. S’il remporte son procès, l’accusateur perçoit une partie de l’amende versée par celui qui est condamné : dans le cas d’infraction aux lois sur le commerce, les douanes ou les mines, la prime s’élève, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, aux trois quarts de l’amende infligée, et au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, à la moitié<ref>Robert Flacelière, La Vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès, Hachette, 1971, Modèle:P.281.</ref>.

Les sycophantes sont donc des individus qui lancent des accusations non pas dans un esprit de civisme, mais dans le seul but de s’enrichir : ils constituent une perversion du système. Le terme est clairement injurieux dès l’Antiquité : Démosthène les traite ainsi de « chiens du peuple<ref>Contre Aristogiton, I, 40.</ref> ». Le système athénien tente de s'en protéger en condamnant à de fortes amendes ceux qui lancent des accusations infondées. Les accusateurs dont l’action n’a été soutenue que par un cinquième des voix de l’Héliée sont également frappés d’atimie (privation des droits civiques) partielle : on leur retire leur droit d’accuser<ref>Sur l’atimie, voir {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mogens Herman Hansen, Modèle:Lang, Odense University Classical Studies, 8.</ref>. Malgré ces sanctions, les sycophantes mènent souvent des carrières assez lucratives. Platon, dans une description de l'homme esclave de ses désirs, lequel est amené à se procurer de l'argent par n'importe quel moyen, les décrit ainsi : « Il leur arrive, s'ils sont doués pour la parole, de se faire sycophantes ; ils produisent de faux témoignages et se laissent corrompre par des pots-de-vin<ref>Modèle:PlaRép, Livre IX, 575 b.</ref>. »

De la satire à la réflexion politique

Les sycophantes ont été la cible favorite des railleries des auteurs comiques. Aristophane en particulier met en scène un sycophante dans Les Acharniens : en pleine guerre du Péloponnèse, le héros Dicéopolis, qui a conclu une paix privée avec Sparte, voit le « marché libre » qu’il a ouvert menacé par l’arrivée de Nicarchos, un sycophante qui veut dénoncer toutes les marchandises venues du territoire ennemi. Outré, Dicéopolis rosse le délateur, le ficelle et le vend à un marchand béotien en guise de : Modèle:Citation bloc

Le Béotien l’assure en effet que les sycophantes, spécialité athénienne, sont inconnus à Thèbes : il pourra gagner de l’argent en l’exhibant comme une curiosité. Dans Les Cavaliers, Aristophane évoque le vent redoutable qu'il nomme plaisamment le « sykophantias »<ref>Aristophane, Les Cavaliers, 436-437.</ref> et devant lequel il vaut mieux carguer les voiles...

Le problème général des confiscations de biens, source d'appauvrissement et de dissensions au sein des communautés, a suscité la réflexion d’Aristote qui a fustigé Modèle:Citation. Dans sa Politique, il a envisagé les dispositions à prendre pour mettre un terme aux sinistres activités des sycophantes. Afin d’assurer la stabilité politique des régimes populaires qu'il appelle « démocraties », Aristote, insiste sur la nécessité de ne pas partager les biens des riches malgré les dénonciations des démagogues : Modèle:Citation Pour éviter les nombreuses confiscations des biens par des démagogues, Aristote propose que le peuple n’en retire plus aucun avantage : Modèle:Citation

Notes

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

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