Aristophane

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Modèle:Voir homonymes

Modèle:Infobox Écrivain

Aristophane (en grec ancien Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang) est un poète comique grec du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, né dans le dème de Cydathénéon vers 445 Modèle:Av JC et mort entre 385 et 375 Modèle:Av JC<ref group="Note">Les dates de naissance et de mort du poète nous sont inconnues ; les érudits en ont discuté : voir l'introduction de l'édition d'Aristophane dans les Belles Lettres, tome I Modèle:Harv.</ref>. Son œuvre à elle seule représente ce qui nous reste de l'Ancienne Comédie, et coïncide avec les années glorieuses d'Athènes sous l'administration de Périclès et la longue et sombre période de la guerre du Péloponnèse. Au tournant du Modèle:S mini- et du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, alors qu'Athènes voit éclore des modes de pensée nouveaux dans tous les domaines, et que les mœurs politiques et sociales se transforment ou se dégradent, Aristophane cloue au pilori par de grands éclats de rire les politiciens démagogues et va-t-en-guerre, les citoyens en proie à une « judicardite<ref group="Note">Victor-Henry Debidour traduit ainsi le grec Modèle:Grec ancien, la passion immodérée de l'Héliée Modèle:Harv</ref> » aiguë, cette pernicieuse manie des procès, ou les maîtres d'incivisme et de décadence<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Biographie

Aristophane naquit vers 445 Modèle:Av JC, à l'époque où débuta la construction du Parthénon ; il était le fils de Philippos le Comique, chef du dème de Cydathénéon, de la tribu Pandionis<ref name="C">Modèle:Harvsp</ref> : il était athénien de naissance, comme le confirme une liste de prytanes de cette tribu, où figure le nom du poète qui occupa cette charge vers la fin de sa vie ; il semble que ses parents aient été clérouques à Égine vers 430 Modèle:Av JC<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il débuta très jeune au théâtre, alors qu'il n'était pas encore un éphèbe, c'est-à-dire sans avoir atteint l'âge de dix-huit ans, et il se fit connaître par deux pièces aujourd'hui perdues : Les Détaliens (427) et les Babyloniens (426). Ces deux pièces, ainsi que Les Acharniens, furent représentées sous des prête-noms, car Aristophane, qui s'était lancé dans la satire politique la plus virulente, n'ignorait pas qu'il risquait un retour de bâton<ref>Modèle:Harvsp</ref> ; malgré cette mesure de prudence, Les Babyloniens, joués aux Grandes Dionysies, valurent peut-être à Aristophane la menace d'un procès devant le Conseil des Cinq-Cents<ref>Modèle:Harvsp</ref>, mais les faits, rapportés dans certaines scholies, ne sont pas attestés. Les Acharniens, joués sous le nom d'un acteur, Callistratos, furent couronnés de succès aux Lénéennes en 425 avec le premier prix<ref name="Coulon">Modèle:Harvsp, notice du tome I.</ref>. L'année suivante, Aristophane obtint de nouveau le premier prix aux Lénéennes avec Les Cavaliers, pièce dans laquelle il décochait les traits de sa verve la plus acérée contre le démagogue Cléon ; celui-ci le menaça de le traîner devant les tribunaux. Il est vraisemblable que pour éviter une condamnation, Aristophane dut promettre de modérer ses attaques contre Cléon ; un passage des Guêpes (vers 1284 à 1291) le donne à penser. Cléon retira sa plainte<ref>Modèle:Harvsp, notice du tome I.</ref>,<ref name="X">Modèle:Harvsp</ref>. Aux Grandes Dionysies de 423, le poète ne remporta que le troisième prix avec Les Nuées. La suite de sa carrière dramatique, qui semble s'être poursuivie sans encombre durant les années suivantes, nous est inconnue.

Vie privée

Quant à sa vie privée, elle demeure obscure à l'exception de certains éléments : Aristophane a eu, selon la tradition, trois fils, dont seul le premier, Ararôs, est un peu connu : il fut, lui aussi, poète comique et remporta la victoire en 387 aux Dionysies avec la pièce intitulée Côcalos, une comédie écrite par le père pour favoriser le succès de son fils<ref name="C"/>. Ses deux derniers fils, Philippos et Nicostratos (d'après Apollodore d'Athènes) ou Philétairos (selon Dicéarque) étaient metteurs en scène, en grec Modèle:Lang <ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Mais la formation d'Aristophane, ses études littéraires, son caractère ne peuvent faire l'objet que de conjectures : Victor-Henry Debidour imagine qu'il a vécu dans la campagne attique, dont il aime et connaît si bien la vie paysanne<ref>Modèle:Harvsp</ref>, et il est évident qu'il a reçu une solide éducation littéraire, lui qui cite Euripide (dont il se moque souvent), Sophocle et Eschyle. En outre, il est possible qu'il ait été un ami de Socrate, comme semble en témoigner Le Banquet de Platon<ref name="X"/>. Les idées professées par Aristophane au cours dudit banquet ne laissent pas de surprendre par leurs contradictions et les perplexités qu'elles soulèvent : l'homme que fut Aristophane est sans doute d'abord celui qui soumet tout à une seule loi, celle du « rire à déchaîner<ref>Modèle:Harvsp</ref> ». On ne peut toutefois pas totalement écarter l'idée que Platon ait délibérément mis dans la bouche d'Aristophane des propos contraires aux convictions affichées de celui-ci, ce qui apparaîtrait dès lors comme une réplique au traitement que fait Aristophane du personnage de Socrate, pris comme cible de ses moqueries dans Les Nuées.

Aristophane chez Platon

Platon a intégré Aristophane dans le groupe des participants au Banquet, son ouvrage sur l'amour<ref>Modèle:PlaBan, 189 a - 193 d.</ref>. Nul doute quant au fait que Platon désigne par Aristophane son contemporain, auteur de théâtre, dont la thèse sur l'amour se résume, non pas à un discours, mais à une fable sur l'origine des hommes<ref group="Note">Voir la notice de Léon Robin dans l'édition des Belles Lettres (1970, Modèle:P.LVII à LXIII).</ref>: le mythe des androgynes. Le personnage raconte que les hommes auraient été composés de deux moitiés (deux hommes, deux femmes ou un homme et une femme). Ils auraient un jour voulu défier les dieux pour prendre leur place. Zeus, voulant alors punir l'espèce humaine de son audace, aurait scindé les Hommes en deux moitiés, implantant chez eux le désir de retrouver une unité originelle (on peut y voir ici une notion "d'âmes sœurs", puisqu'il n'existerait qu'une personne qui nous correspondrait parfaitement). Aristophane s'appuie précisément sur une fable, car contrairement aux philosophes, il ne prétend pas expliquer, mais par une analogie il s'attache plutôt à donner une image saisissante de l'Amour<ref group="Note">Le philosophe André Comte-Sponville dans une conférence sur l'amour a cité cette thèse et fait la remarque que ceux qui ont étudié Le Banquet ne se souviennent le plus souvent que de la seule thèse d'Aristophane, qui est pourtant la plus critiquée par Platon.</ref>.

Platon reprend cette fable pour deux raisons: afin de parler du désir, le plaçant à la fois comme maladie et guérisseur. L'Homme essaye, par l'amour, de recréer la perfection. Mais aussi pour parler de la nature humaine. En effet, ce que ses contemporains prennent pour la nature humaine serait le résultat d'une punition divine, et donc un accident<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Avec le mythe des androgynes, Aristophane écrit une fable, et Platon nous propose une interprétation.

Œuvre

Bien qu’Aristophane ait écrit Modèle:Nombre, selon les érudits alexandrins (Modèle:Nombre originales, plus cinq reprises de ses propres pièces<ref group="Note">Éolosicon II, Les Nuées II, La Paix II, Ploutos II, Les Thesmophories II.</ref> et quatre d’attribution douteuse), on ne possède pas l'intégralité de son œuvre dramatique : la plupart de ses comédies sont connues seulement par des fragments ou sont perdues ; seules onze nous sont parvenues<ref group="Note">Cette chronologie des pièces est établie par Modèle:Harvsp tome I, Introduction. On consultera aussi la chronologie de Modèle:Harvsp et les notices des pièces, en particulier Modèle:P.1058, 1160, 1311.</ref> :

La hardiesse des poètes comiques, le retour au pouvoir du parti aristocratique, et les malheurs d'Athènes, ont amené une réaction contre la liberté du théâtre. Cette réaction se dessine dès 412 Modèle:Av JC et sous les Trente : elle aboutit vers 388, semble-t-il, à une loi qui interdit formellement les attaques contre les personnes. C'est l'arrêt de mort de la comédie ancienne. Aristophane tente des voies nouvelles : avec le Côcalos (pièce perdue) et la seconde édition du Ploutos (388 av. J.-C.), il inaugure la satire des mœurs, d'où va sortir la comédie nouvelle des Athéniens. À part le Ploutos et les pièces contre Euripide, les comédies d'Aristophane sont des satires sociales ou des pamphlets politiques. Attaché à la cause des petits propriétaires campagnards et des paysans appauvris par la prolongation de la guerre, victimes impuissantes des hommes d'affaires et des intrigants de la ville<ref>Modèle:Harvsp</ref>, le poète se sert largement des libertés que lui laisse l'état démocratique pour attaquer non les vices inhérents aux institutions d'Athènes, mais l'état actuel du régime et les chefs de file de la classe politique, notamment dans Les Cavaliers. Les pièces d'Aristophane se révèlent ainsi très précieuses pour la connaissance de l'histoire du temps, des institutions et des mœurs athéniennes à la fin du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle

À la Renaissance, les pièces d'Aristophane font partie des œuvres recommandées par Érasme pour une bonne éducation humaniste. La première pièce d'Aristophane traduite en latin est le Ploutos, dans la traduction de Leonardo Bruni.

Modèle:Boîte déroulante/début La liste suivante est établie par Modèle:Harvsp
11 pièces conservées :

17 pièces perdues approximativement datées :

  • 427 : Les Détaliens<ref group="Note">Pascal Thiercy traduit ce titre par Les Banqueteurs, et Modèle:Harvsp par Les Gens du festin.</ref>. L'idée principale de la pièce est connue à partir des fragments. Elle semble avoir été une satire de l'éducation sophistique<ref name="Coulon"/>. Un père honnête, tenant des principes d'autrefois, est représenté au milieu d'autres convives du thiase d'Héraclès, et s'oppose à un fils débauché et hâbleur, déjà corrompu par tous les vices de la chicane et des sycophantes<ref>Maurice Croiset, Aristophane et les partis à Athènes, Paris, Fontemoing, 1906, Modèle:P.49-50.</ref>.
  • 426 : Le Centaure (?)
  • 426 : Les Babyloniens. Cette comédie politique où Aristophane attaquait Cléon comme démagogue et concussionnaire, nous est connue par divers témoignages. Le poète y protestait contre le traitement imposé aux cités alliées et se moquait de certaines ambassades, propres à tromper le peuple par de beaux discours<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
  • 424 : Les Paysans
  • 423 : Les Cargos
  • 423 : Les Nuées I, [[[:Modèle:1re]] version]
  • 422 : Le Proagôn, Modèle:1er
  • 421 : Les Saisons
  • entre 420 et 415 : La Vieillesse. Des barbons retrouvant leur verdeur s'abandonnent à la débauche.
  • entre 420 et 415 : Les Campeuses
  • entre 420 et 415 : Anagyros
  • vers 417 : La Paix II, [[[:Modèle:2de]] version]
  • 414 : Amphiaraos
  • entre 410 et 407 : Gérytadès
  • 408 : Ploutos I [[[:Modèle:1re]] version]
  • 387<ref group="Note">L'édition de La Pléiade mentionne les deux en 386, Victor Coulon dans l'édition des Belles Lettres et la critique anglo-saxonne donnent 387, date qui semble plus logique.</ref> : Côcalos.
  • 386 : Éolosicon [[[:Modèle:2e]] version], la dernière pièce d'Aristophane.

Modèle:Nombre perdues (sans date) :

Les CigognesLes DanaïdesDédaleÉolosicon [[[:Modèle:1re]] version]Les HérosLes LemniennesLes PhéniciennesPolyidosLes RôtisseursLes TelmessiensLes Thesmophories [[[:Modèle:2e]] version]Triphalès.

Quatre pièces perdues d'attribution douteuse : Les ÎlesLe Naufrage (de Dionysos)NiobosLa Poésie. Certains attribuent ces pièces à son contemporain Archippos.Modèle:Boîte déroulante/fin

La comédie d'Aristophane

Modèle:Article connexe

Du cômos à la comédie attique

Fichier:Dionysos satyrs Cdm Paris 575.jpg
Dionysos et les Satyres. Intérieur d'une coupe attique à figures rouges par le peintre de Brygos. Vers 480 Modèle:Av JC

La comédie est restée liée aux festivités religieuses des Lénéennes et des Dionysies rurales. Issue du comos, ce joyeux cortège carnavalesque qui parcourait les faubourgs d'Athènes en l'honneur du dieu Dionysos, la comédie d'Aristophane en conserve, dans son essence comme dans sa structure, de nombreux vestiges<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Dionysos, qui incarne la fécondité et la puissance de la vie, était prié, à travers les phallophories, pour la fertilité des champs ; de même la plupart des comédies d'Aristophane s'achèvent sur une invitation à jouir de tous les aspects de la vie heureuse, en priant les dieux d'accorder « une production d'orge abondante, beaucoup de vin et des figues à croquer, et de rendre nos femmes fécondes<ref>Aristophane, La Paix, vers 1322-1325.</ref> » ; la tonalité de franche paillardise ou d'obscénité du théâtre d'Aristophane, héritier du cortège des antiques Dionysies, lui-même obscène dans sa tenue, ses gestes et ses paroles, participe de cet appétit vital, élémentaire et fondamentalement sain<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Comme dans le comos, les spectateurs participent au mouvement de liesse collective : dans ce joyeux cortège, les plus délurés lançaient brocards et quolibets en direction des badauds ou de tel autre cômaste, et c'est de cette joute verbale traditionnelle que dérive le moment du duel appelé agôn dans la comédie ; même en dehors de ce moment, Aristophane tient compte de la présence du public en entamant parfois avec lui un faux dialogue<ref>Aristophane, Les Guêpes, vers 73 à 87 ; La Paix, vers 821-823.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les danses des choreutes déguisés de façon grotesque en guêpes, grenouilles ou oiseaux, les cabrioles du chœur à sa sortie de scène<ref>Aristophane, Les Guêpes, vers 1516-1537.</ref> sont aussi un reste de l'antique cortège endiablé des Dionysies rurales. De même que le comos n'avait pas de sujet, la comédie d'Aristophane, d’après Victor-Henry Debidour, Modèle:Citation<ref name="Y">Modèle:Harvsp</ref>.

Structure de la comédie ancienne

La définition de cette structure est tirée des pièces d'Aristophane, mais elle n'est ni canonique ni imposée<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Dans ses grandes lignes, le schéma-type se présente ainsi :

Le prologue, généralement dit par un ou deux esclaves, se présente comme un hors-d'œuvre qui permet d'exposer la situation et le thème au début de la pièce.

Puis c'est la parodos, l'entrée du chœur formé de vingt-quatre choreutes sous la direction d'un chef de chœur, le coryphée. Ces choreutes sont des chanteurs et danseurs. Alors que le chœur tragique n'intervient pas dans l'action, celui de la comédie est directement engagé dans la situation<ref name="D">Modèle:Harvsp</ref>, ce qui entraîne une source supplémentaire de confusions comiques.

L’agôn, en grec ancien Modèle:Grec ancien, est la scène de combat ou de duel qui oppose deux personnages ou deux camps dans un long débat rhétorique. Chez Aristophane, cet affrontement est stylisé et mécanisé en « tous contre un » ou inversement, « un contre tous »<ref name="D" />. Dans sa forme la plus complète, l’agôn comporte une partie chantée par le chœur, puis deux vers d'exhortation du coryphée, et l'exposé des premiers arguments qui s'achèvent par quelques vers débités à toute allure sans que l'acteur reprenne son souffle ; l'adversaire répond selon une disposition symétrique<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le premier qui prend la parole dans le duel est toujours celui qui sera finalement battu.

La parabase, généralement située vers le milieu de la pièce, correspond à une sorte d'entracte. Les choreutes, restés seuls en scène, ayant ôté leur costume et leur masque, exposent directement aux spectateurs les intentions, les justifications ou les doléances de l'auteur. Il peut s'agir de considérations politiques ou culturelles.

L’exodos correspond à la sortie du chœur ; c'est un final chanté et dansé.

Les personnages d'Aristophane

Le poète comique dans sa fantaisie débridée a inventé une foule de personnages pleins de vie, hommes, femmes, dieux ou êtres hybrides. Cependant, dès l'époque alexandrine, on lui reprochait de ne pas savoir créer des personnages vraisemblables et bien typés ; et de fait, ses personnages ne sont pas des caractères<ref name="B">Modèle:Harvsp</ref> : leur personnalité ne se résume pas à une seule et même passion dominante, du début à la fin de la pièce. Ses personnages présentent des incohérences (auxquelles leur créateur n'attache d'ailleurs aucune importance) sans toutefois manquer de finesse psychologique ; Aristophane a créé sur son théâtre des « natures », tant il cherche non pas la profondeur mais la vigueur<ref name="B"/>. Selon F. M. Cornford<ref>F. M. Cornford, The Origin of Attic Comedy, Cambridge University Press, 1934, Modèle:P.119-139.</ref>, ces personnages appartiendraient à trois grandes catégories : le bouffon (Modèle:Grec ancien), le bon bougre malin et ironique (Modèle:Grec ancien), et le charlatan ou l'imposteur (Modèle:Grec ancien). Pascal Thiercy<ref>Modèle:Harvsp</ref> pense que chacun des personnages relève un peu de ces trois catégories, selon les besoins de la situation. Et de fait, Aristophane opère souvent des retournements d'attitudes chez ses personnages, ces conversions spectaculaires étant des sources sûres d'effets comiques, comme le constate le chœur par exemple pour Philocléon, « revenu de la rudesse de ses façons » et converti finalement à une vie de délices et de mollesse<ref>Aristophane, Les Guêpes, vers 1450 à 1461.</ref>.

La plupart des noms des protagonistes ont été forgés par Aristophane et forment un jeu de mots sur leur étymologie, un calembour implicite ou explicite, qui donne à comprendre avec humour ce qu'il faut penser de ces personnages : c'est pourquoi l'un des traducteurs d'Aristophane, Victor-Henry Debidour, a choisi de rendre Modèle:Grec ancien / Dicéopolis, par Justinet, Modèle:Grec ancien / Démos, par Lepeuple, Modèle:Grec ancien / Phidippide, par Galopingre, ou Modèle:Grec ancien / Lysistrata par Démobilisette<ref>Modèle:Harvsp, tomes 1 et 2, passim.</ref>,<ref group="Note">Modèle:Harvsp, qui a traduit le texte pour l'édition de La Pléiade, explique le parti qu'il a pris de ne pas traduire ces noms propres, Modèle:P.XXXVIII-XXXIX.</ref>. Or, justement, ces protagonistes du théâtre d'Aristophane se caractérisent souvent par un trait digne de la malice d'un Scapin, ce qu'on désigne en grec par le terme de Modèle:Grec ancien, un mélange d’effronterie, de coquinerie et de crapulerie<ref>Modèle:Harvsp</ref> ; l'adjectif correspondant, Modèle:Grec ancien, « canaille, gueux », employé plus de quatre-vingt fois par Aristophane, définit parfaitement le marchand de boudins dans Les Cavaliers et Pisthétairos dans Les Oiseaux. Mais cette impudence est tempérée par des éléments positifs qui empêchent le personnage de tomber dans la fourberie et la méchanceté, la Modèle:Grec ancien (ruse) du Paphlagonien<ref>Modèle:Harvsp</ref> ; ces éléments positifs font du personnage un objet d'admiration et assurent parfois sa réussite finale.

Au cours du prologue, ces personnages se montrent toujours inventifs : ils imaginent une solution aussi miraculeuse qu'utopique, l’astuce aberrante, mais d'après eux imparable, qui va leur permettre d'échapper à une situation intolérable<ref name="Y"/>. C'est cette initiative mirobolante qui amorce l'action en opérant un renversement des normes et des valeurs et la mise en œuvre d'une fiction scénique<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Ainsi, Dicéopolis, un brave Athénien, annonce « une initiative étonnante et grandiose<ref>Aristophane, Les Acharniens, vers 128.</ref> », conclure une trêve pour son compte personnel. Lysistrata a trouvé le moyen de « sauver la Grèce » : faire la grève du devoir conjugal pour obliger les hommes à faire la paix<ref>Aristophane, Lysistrata, vers 46 et 124.</ref>.

Les positions politiques d'Aristophane

Modèle:Article connexe Arrivé à l'âge d'homme, Aristophane a été le témoin de tous les événements majeurs qui ont bouleversé l'histoire d'Athènes : conséquences de l'impérialisme du gouvernement de Périclès, guerre du Péloponnèse (431 à Modèle:Date), pouvoir des démagogues Cléon, Hyperbolos et Cléophon, oligarchie des Quatre-Cents, constitution des Cinq-Mille, tyrannie des Trente, enseignement et procès de Socrate<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ses comédies, où il prend pour cible les tenants du parti populaire, contiennent une foule d'allusions à cette actualité. On s'est donc interrogé sur ses positions politiques : parce qu'il a pris le parti des jeunes aristocrates qui composent le chœur des Cavaliers, et s'est fait l'adversaire farouche de Cléon et du bonhomme Démos, on a vu en lui tantôt un pacifiste, tantôt l'ennemi de la démocratie athénienne à la solde des aristocrates<ref group="Note">Pascal Thiercy montre qu'il n'y a pas lieu de voir une alliance politique entre Aristophane et les Cavaliers Modèle:Harv.</ref>. Et la dérision dans laquelle il enveloppe allègrement Socrate et Euripide a fait naître aussi le soupçon qu'en poète comique en quête de succès, il aurait cédé sans scrupule à la logique du rire pour complaire à son auditoire<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'Aristophane n'est ni un doctrinaire ni un homme de parti<ref name="Dedibour_47">Modèle:Harvsp</ref>. Ses sympathies et ses détestations trouvent leur source dans un profond besoin de fraternité<ref>Modèle:Harvsp</ref> qui s'exprime si bien dans la prière de Trygée à la Paix : Modèle:Citation bloc Il fait bon vivre quand est établie cette solidarité civique entre Grecs liés par la communauté de langue et de religion ; elle est un facteur de prospérité. Voilà pourquoi le poète a l'audace de prôner la négociation avec l'ennemi en pleine guerre du Péloponnèse, allant même jusqu'à le plaindre pour les maux qu'il endure lui aussi, mais en se défendant de « laconiser »<ref name="X"/> ; voilà pourquoi aussi il chante si souvent avec tendresse le bonheur de la vie paysanne, au milieu de la vigne, des figuiers et des oliviers. C'est de cette masse des petits propriétaires campagnards qu'Aristophane s'est fait le porte-parole politique, alors que la guerre, prolongée par l'appât d'une solde indéfinie, ravageait chaque année l'Attique<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les paysans réfugiés à l'intérieur des murs de la cité devinrent une clientèle d'assistés, vivant des allocations de l'État<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il ne manque donc pas non plus de mettre en garde ces campagnards qui sont la dupe du « premier charlatan venu qui fait leur éloge et celui de la cité, mérité ou pas mérité ; du coup, ils ne s'aperçoivent pas qu'ils sont exploités<ref>Aristophane, Les Acharniens, vers 371 à 374.</ref> ! » Car ces politiciens entretiennent le clientélisme, ils veulent que les Athéniens soient pauvres pour mieux les avoir à leur merci, comme le dompteur qui se fait obéir d'un animal dressé<ref>Aristophane, Les Guêpes, (703-705).</ref>. Aristophane se montre particulièrement virulent contre l'enrichissement illicite des élus avec l'argent public : investis de magistratures, ces « flatteurs salariés, blanc-becs enculés<ref>Aristophane, Les Guêpes(683 et 687) Traduction d'Hilaire Van Daele, Les Belles Lettres, 1998.</ref>,<ref>Voir Ploutos (567 à 570).</ref> » accaparent les revenus de l'État aux dépens du peuple, qui « se laisse embobeliner » alors qu'il est à l'origine de cette richesse<ref>Aristophane, Les Guêpes (655-712).</ref>. Platon a envisagé l'égalité prônée par le socialisme ou les théories collectivistes qui apporteraient la solution au livre V de sa République ; mais cette utopie assortie de la communauté sexuelle, proposée par Praxagora dans L'Assemblée des femmes, n'est qu'une satire d'une certaine idée du collectivisme<ref>Modèle:Harvsp</ref> : ces théories, selon Aristophane, sont vouées à l'échec en dépouillant ceux qui possèdent quelque richesse sans enrichir les autres<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Pour autant, Aristophane n'a fait l'éloge ni d'Antiphon ni de Critias, et n'a jamais été compromis avec les Quatre-Cents<ref name="Dedibour_47" />.

Sur le plan judiciaire, Aristophane a stigmatisé les institutions absurdes de la cité, avec ses six mille dicastes de l'Héliée, ce tribunal qu'il qualifie de Modèle:Citation<ref>Aristophane, Les Cavaliers, vers 979.</ref>, insinuant ainsi qu'on pouvait en acheter les verdicts<ref>Modèle:Harvsp</ref> ; ce système de citoyens rétribués pour juger empoisonne la vie sociale par la manie de la chicane, des calomnies et des dénonciations qu'il engendre, au point de produire des sycophantes, ces délateurs professionnels qu'Aristophane déteste<ref>Aristophane, Les Guêpes et Les Acharniens, passim.</ref>.

Honneurs

Un astéroïde est nommé (2934) Aristophane en son honneur en 1960.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Éditions d'Aristophane

Le philologue allemand Gottfried Hermann publia en 1799 une édition de la pièce Les Nuées. Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, paraissent deux traductions d'Aristophane, par Nicolas-Louis Artaud chez Brissot-Thivars, puis Charpentier (1830), et par Eugène Talbot chez Lemerre (1897), toutes deux aujourd'hui dans le domaine public. De nos jours, les principales traductions intégrales d'Aristophane en français sont :

Études

Ouvrages généraux
Études sur Aristophane
Articles
Ouvrages

Liens externes

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