Tranchée des baïonnettes
La tranchée des baïonnettes est un monument commémoratif de la bataille de Verdun en 1916. Le site est classé monument historique en 1922<ref>Modèle:Base POP Mérimée</ref> et reconnu en tant que haut-lieu de la mémoire nationale en Modèle:Date-<ref name="liste_lieux_mem"> Arrêté du 20 mars 2014 portant définition et fixant la liste des hauts lieux de la mémoire nationale du ministère de la défense (NOR : DEFD1407040A) - consulter le Journal officiel </ref>. Il est situé sur le ban communal de Douaumont-Vaux (Meuse). Il constitue l'un des mythes de la Première Guerre mondiale, avec le Modèle:Citation de Péricard<ref>Voir [[95e_régiment_d'infanterie#Devise|Modèle:95e Régiment d'infanterie]]</ref>.
Faits d'armes
Le Modèle:Date-, vers une heure, le 137e régiment d'infanterie de Fontenay-le-Comte (Vendée), composé majoritairement de Vendéens, fut transféré de la citadelle de Verdun pour relever les troupes présentes à Thiaumont avec la mission de tenir la position<ref name="info_site"> Panneau d'information visible sur le site du monument commémoratif </ref>. Ces deux bataillons déployés sur le versant nord du ravin de la Dame subirent le feu nourri de l'artillerie allemande et les assauts de l'ennemi jusqu'à la fin du mois de juillet<ref name="WKPD_137"> voir 137e_régiment_d'infanterie#1916</ref>. Toutefois l'épisode de la tranchée des baïonnettes se déroula précisément le Modèle:Date-<ref name="WKPD_137"/>.
Arrivé sur place dans la nuit du 9 au Modèle:Date-, le lieutenant-colonel Gauthier, commandant le Modèle:137e RI, maintint son ordre de tenir la position, jugée essentielle à l'organisation du front, en dépit d'une situation peu favorable. En effet, d'une part, le régiment fut positionné à contre-pente du ravin de la Dame et dominé par l'ennemi, d'autre part, la liaison avec l'artillerie était défectueuse, et, enfin, les deux bataillons de l'aile droite du dispositif étaient à découvert sur plus de cinq cents mètres. Par ailleurs, des renseignements obtenus de prisonniers sur le regroupement de pièces d'artillerie ennemies firent craindre une attaque imminente<ref name="info_site"/>.
À l'aube du Modèle:Date-, le premier bataillon du commandant Denef et le troisième bataillon du commandant Dreux aménagèrent à la hâte leurs positions dans une succession de trous d'obus entre le boyau Le Nan et l'Ouest de la tranchée Genet. La mission du 137° RI ne fut pas modifiée. Le Modèle:Date-, durant dix heures, les positions françaises furent soumises au pilonnage intensif et permanent de l'artillerie allemande. Modèle:Citation selon le témoignage du soldat Pierre Pénisson<ref name="info_site"/>.
Le Modèle:Date-, à partir de six heures, les troupes allemandes, soutenues par leur artillerie lancèrent sans succès plusieurs attaques, avant de pouvoir prendre les positions françaises à revers et assaillir les deux bataillons. Ce jour-là, une soixantaine d'hommes, à court de munitions et de vivres, se résolurent à se rendre<ref>Témoignage du lieutenant Lucien Polimann datant du début des années 1930 et cité par Ouest-France dans un article paru le 4 août 2014 et consacré à la ta tranchée des baïonnettes.</ref>. Ils alignèrent leurs fusils à la verticale<ref > Modèle:Ouvrage </ref>en un dernier hommage à leurs compagnons d'armes tombés dans la tranchée.
Les jours suivants, l'intensité des combats baissa. Le Modèle:137e RI perdit 37 officiers, 133 sous-officiers et Modèle:Nombre du rang durant ces combats<ref name="info_site"/>.
Monument commémoratif
[[Image:Tranchée des Baïonnettes - Stèle.JPG|vignette|redresse|Stèle en hommage au [[137e régiment d'infanterie|Modèle:137e RI]]]] Dès Modèle:Date-, l'abbé Louis Ratier, brancardier du Modèle:137e RI en 1916, se rendit sur la crête de Thiaumont et aperçut des canons de fusils sortant de terre<ref name="info_site"/> qui pouvaient marquer la présence de dépouilles de soldats enterrés à la hâte dans l'attente d'une sépulture décente<ref name="min_def"> Voir l'article consacrée à la légende sur le site du ministère de la Défense </ref>. Le commandant du régiment fit alors aménager un petit monument commémoratif surmonté d'une croix, qui, isolé dans le paysage dévasté par les combats, attirait l'attention des nombreux visiteurs. L'un d'entre eux, George T. Rand, un banquier américain, offrit cinq cent mille francs pour faire ériger un monument dédié aux héros de Verdun. Son édification se fit rapidement<ref name="info_site"/>.
Des fouilles entreprises en Modèle:Date- par le service des sépultures de guerre et d'état civil de la Modèle:6e région militaire, mirent au jour vingt-et-un corps, tous allongés et désarmés. Seuls quatorze d'entre eux purent être identifiés. Ils reposent désormais au cimetière de Fleury-devant-Douaumont. Les sept inconnus furent inhumés sur place<ref name="ChemMem"> Voir l'article consacré à la tranchée des baïonnettes sur le site gouvernemental Chemins de mémoire </ref>.
Le monument commémoratif fut conçu par André Ventre, architecte des Monuments historiques. L'accès à l'ouvrage se fait par une entrée massive ornée d'un portail en fer forgé réalisé par le ferronnier d'art Edgar Brandt<ref name="verdun-meuse"> Voir le site officiel de la mission histoire du département de la Meuse </ref>. Passé le portail, un escalier étroit, symbolisant les sillons empruntés par les soldats montant au front sur le lieu même des faits de Modèle:Date-, mène à une croix de pierre. Une dalle de béton repose sur des colonnes. Elle couvre l'emplacement de la tranchée des baïonnettes et les croix des sept soldats inconnus qui y reposent<ref name="info_site"/>. Des fusils dont les baïonnettes sont brisées sont plantés à proximité des croix<ref name="ChemMem"/>.
Au moment de sa conception, le monument devait répondre au triple objectif de conserver le souvenir des défenseurs de Verdun, d'honorer les survivants et de nourrir le patriotisme de l'après-guerre<ref name="info_site"/>. Inauguré le Modèle:Date- par Alexandre Millerand, Président de la République, et par Hugh Wallace, ambassadeur des États-Unis<ref name="ChemMem"/>. Il est aujourd'hui le plus ancien monument du champ de bataille de Verdun<ref name="info_site"/>. En 1922, il fut classé monument historique. En Modèle:Date-, le monument devint la propriété du ministère de la Défense et fut reconnu, avec la nécropole nationale de Fleury-devant-Douaumont, comme l'un des hauts-lieux de la mémoire nationale<ref name="liste_lieux_mem"/>.
Controverse
Après-guerre, un tourisme mémoriel<ref> Voir sur Chemins de mémoire un article relatif à l'évolution de la mémoire.</ref> s'était développé et fit s'entrecroiser les différents récits qui ont été véhiculés par les guides. L'historiographie de l'époque, alimentée par la forte émotion suscitée dans l'opinion publique par ce haut fait d'armes des Bretons et des Vendéens du Modèle:137e RI, permit de magnifier la vérité de la scène. S'apprêtant à franchir le parapet de la tranchée, ils auraient été ensevelis vivants par l'explosion d'un obus allemand. Dans l'imaginaire collectif, les canons de fusils trouvés sur place se transformèrent en pointes de baïonnettes, plus évocatrices de l'horreur des combats. La presse présenta ce lieu comme une Modèle:Citation où les Modèle:Citation<ref name="info_site"/>,<ref name="verdun-meuse"/>.
Une violente controverse naquit rapidement opposant, d'une part, un courant dont la figure dominante est Jacques Péricard, promoteur d'une vision héroïque des faits, et d'autre part, d'anciens poilus, dont Jean Norton Cru, dénonçant une imposture<ref>Modèle:Citation. Modèle:Ouvrage.</ref>. Ce dernier, qui a rassemblé une somme de récits de soldats de la Grande Guerre<ref> Témoins : essai d’analyse et de critique des souvenirs de combattants de 1915 à 1928, Paris, Les Étincelles, 1929.</ref>, s'en prit à Modèle:Citation<ref> Il vise notamment le commandant Henri Bouvard qui Modèle:Citation, cité par Frédéric Rousseau dans Le Procès des témoins de la Grande Guerre : l'affaire Norton Cru, Paris, Seuil, 2003. Modèle:ISBN.</ref>. Un ensevelissement par projection de terre paraît irréaliste pour les anciens combattants<ref>Modèle:Citation, témoignage cité par Ouest France dans un article paru le 4 août 2014 et consacré à la ta tranchée des baïonnettes.</ref>, les obus disloquant davantage les tranchées qu'ils ne les comblent<ref>Modèle:Citation Jean Norton Cru, Témoins, voir ci-dessus.</ref>. À l'exemple du commandant Bouvard, pris à partie par Cru, certains tenants de la vision héroïque ont admis bien plus tard la mystification<ref> Henri Bouvard, La Gloire de Verdun, Payot, 1935 : Modèle:Citation Dans la deuxième édition, il cite le témoignage du commandant Dreux, qui commandait le bataillon voisin de celui enseveli. Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'un témoignage de première main, mais Dreux a combattu à quelques dizaines de mètres de la tranchée des baïonnettes, le même jour, soit le 12 juin 1916.</ref>.
Malgré ces témoignages et en dépit du résultat des fouilles, l'épitaphe Modèle:Citation fut inscrite à l'entrée du monument<ref name="verdun-meuse"/>. Comme pour vouloir éloigner toute polémique des cérémonies, aucun représentant du Modèle:137e RI ne fut invité le jour de l’inauguration<ref name="ouest_france"> Rapporté par Ouest France dans un article du 4 août 2014.</ref>.
Une hypothèse récente voit dans le récit héroïque une aubaine pour dissimuler le nombre réel de prisonniers faits par les Allemands au sein de ce régiment qui s'était, par ailleurs, illustré sur les champs de bataille dès 1914<ref name="info_site"/>. Infirmée par les faits, réfutée par les anciens combattants du Modèle:137e RI, l'histoire de la compagnie ensevelie par un bombardement réapparaît encore régulièrement<ref name="ChemMem"/>. Elle est très souvent présentée comme une vérité avant les faits eux-mêmes<ref> Voir, par exemple, le panneau d'information visible sur le site du monument ou encore le site internet du centenaire de la bataille de Verdun.</ref>, confirmant la formule de Lucien Polimann : Modèle:Citation<ref name="ouest_france"/>.
Symbolique
La tranchée des baïonnettes est une illustration de la cicatrice vivace laissée dans la mémoire nationale française par la Grande Guerre en général et par la bataille de Verdun en particulier. Dans l'immédiat après-guerre, de tels récits glorieux, conçus par des Français de l'arrière<ref name="info_site"/>, donnèrent une justification à la perte des soldats pour la défense de la Patrie<ref name="min_def"/> lors de combats jugés a posteriori aussi vains que meurtriers<ref> voir Bilan de la bataille de Verdun</ref>.
Toutefois, dépassant les récits et les interprétations des faits, souvent contestables, la tranchée des baïonnettes illustre le sacrifice et le martyre des soldats français à Verdun<ref name="info_site"/>. Elle revêt un caractère éminemment symbolique comme le résume le commandant P.<ref> Cité par Christophe Fombaron sur son site internet consacré aux Français à Verdun. Il est l'auteur de plusieurs livres sur la Grande Guerre. </ref> : Modèle:Citation
Hommage
La ville de Fontenay-le-Comte nomme « rue de la tranchée des baïonnettes » l’une de ses voies<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Annexes
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage, Modèle:P.
- La Tranchée des baïonnettes : son histoire, Verdun, Les Éditions Lorraines Frémont, s.d. 32p
Articles connexes
- Liste des mémoriaux et cimetières militaires de la Meuse
- Liste des 139 sites funéraires et mémoriaux de la Première Guerre mondiale inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco
Liens externes
- La tranchée des baïonnettes avec une bonne documentation