Stratification sociale
La stratification sociale, appelée aussi hiérarchisation sociale, est un processus qui tend à positionner les individus de façon hiérarchique, en strates (ou couches) au sein d'une organisation sociale donnée, et à engendrer des inégalités, en termes d'accès et de répartition des ressources. Le processus de stratification sociale produit une hiérarchie sociale, ainsi qu'un ordre social.
Périodes préhistoriques et protohistoriques
Selon la théorie évolutionniste socioculturelle, les périodes préhistoriques et protohistoriques sont globalement marquées, malgré quelques phrases de nivellement social, par le passage des sociétés relativement égalitaires du Néolithique (période caractérisée par la prédominance des tombes collectives à l'échelle familiale, villageoise ou à recrutement plus large) aux chefferies individualistes des âges du bronze et du fer. Si l'émergence d’une hiérarchie sociale forte est visible dès le Néolithique (prestige de certaines architectures domestiques, cultuelles ou funéraires), elle devient plus marquée aux époques protohistoriques (multiplication de sites fortifiés sur des points topographiques stratégiques<ref>Ces défenses naturelles sont des sites de hauteur (éperon, colline) protégés par des dénivelés ou, des sites de plaine (confluences et méandres de cours d’eau) protégés par ces zones humides. Certaines sont secondairement dotées de fortifications (rempart simple ou multiple au niveau d'un éperon barré, d'une colline fortifiée). Cf Modèle:Lien web.</ref>, développement de la production d'objets de luxe et de prestige, de l'architecture monumentale, de sépultures individuelles isolées ou bien regroupées en de vastes cimetières, sous forme de tombes simples et d'autres aristocratiques)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Dans l'histoire antique
Chez les Grecs, la société des cités se divise principalement en trois catégories reconnues :
- les citoyens, hommes libres possédant des droits politiques de la polis.
- les métèques ou hommes libres étrangers.
- les esclaves ou hommes non libres. Contrairement aux deux premières, cette strate inférieure contient en son sein des femmes et des enfants.
Chez les Romains, la société se divise en catégories complexes que la notion marxiste de classe sociale ne peut pas rendre parfaitement, compte tenu des critères plus juridiques que socio-économiques :
- les citoyens romains, hommes libres possédant des droits civiques et personnels de Rome puis dans l'Empire romain. Les femmes romaines vivaient dans la dépendance de leur père puis de leur mari. Parmi ces citoyens se dégagent des familles de la nobilitas ou patriciens, puis en familles de la plèbe ou plébéiens.
- les esclaves ou hommes non libres (voir Esclavage dans la Rome antique).
La stratification des groupes sociaux romains ayant considérablement évolué au cours de l'antiquité romaine, la société romaine se trouve regroupée en deux grands ordres à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle ; les honestiores et les humiliores Modèle:Incise, séparés juridiquement et socio-économiquement.
Dans l'histoire médiévale et à l'Époque moderne
Dans le monde européen des périodes qui ont suivi l'antiquité, c'est une société d'ordres qui s'est mise en place. Dans d'autres continents, ce fut souvent une société de castes. L'un et l'autre ne sont pas synonymes. Dans la Civilisation islamique à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les couches sociales ont varié selon les lieux et les temps mais toujours au sein d'une famille selon des catégories d'emploi : commerce, administration, etc. Plusieurs de ces types de société se sont en partie maintenus jusqu'à aujourd'hui, d'où les notions encore actuelles de :
- Noblesse
- Chevalerie
- Gentry (anglaise)
Dans la Chrétienté a été élaboré une description de la société chrétienne en trois ordres sociaux, dont seuls les caractères juridiques se sont maintenus jusqu'à l'époque des révolutions du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle :
- l'Ordre du Clergé
- l'Ordre de la Noblesse
- l'Ordre du Tiers état (ou troisième ordre)
Ces catégories n'ont jamais été fondées sur des valeurs de richesse, d'où l'apparition dès l'an Mil d'une bourgeoisie dans les bourgs et villes européennes, au sein du tiers état mais utilisée comme ressource sociale des deux autres ordres (voir anoblissement).
- le servage présent dans quelques pays, parfois jusqu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle (Russie) montre le caractère non complet de cette description. Toutefois il a commencé à être fortement limité dans les pays occidentaux à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.
L'évolution des sociétés paysannes, également stratifiées à l'extrême, vers une société ouvrière dans le cadre des révolutions industrielles a profondément modifié la société européenne et les sociétés occidentales installées en Amérique.
Dans la société contemporaine
Les approches sont diverses pour décrire les strates de la société actuelle issue des révolutions industrielles et des transformations de la société agricole. Ces analyses ne peuvent pas se faire sans être rapprochées des études démographiques, ni sans la compréhension des notions d'Industrialisation, de Colonisation, de Mécanisation ou encore de Mondialisation. Enfin, il ne faut pas oublier de regarder ces transformations avec le prisme des deux guerres mondiales et de la construction des sociétés démocratiques et totalitaires.
De là, divers types d'analyses sont en concurrence, compte tenu des opinions :
Perspective marxiste
Dans la perspective marxiste, la société est hiérarchisée en classes sociales plus ou moins antagonistes dans une lutte des classes, ici rangées de la plus pauvre à la plus riche :
- le sous-prolétariat
- le prolétariat ou classe ouvrière
- la petite bourgeoisie (ou classe moyenne)
- la bourgeoisie ou société capitaliste. Cette dernière renferme la classe dirigeante qui détient les diverses sortes de pouvoirs.
Le marxisme associe à cette vision de la stratification de la société la notion historique de « lutte des classes ». Pour Marx, l'histoire n'est qu'une succession de lutte entre classe dominante et classe dominée. Il associe à la classe dominée le prolétariat et à la classe dominante la bourgeoisie. La lutte des classes se base sur la théorie de la stratification sociale.
Le projet du communisme est de modifier le rapport entre les strates sociales pour parvenir à une société sans classes.
Perspective non marxiste
Modèle:Section à recycler Dans une perspective non marxiste, la société est aussi hiérarchisée en classes, mais celles-ci sont différentes. On parlera notamment de :
- la servitude
- le tiers monde (pauvres des pays pauvres)
- le quart-monde (pauvres des pays riches)
- les couches populaires ou cols bleus
- la classe moyenne ou Cols blancs
- l'élite, au sein de laquelle sont notamment désignés les dirigeants
La perspective écosophique tend à reconsidérer les classes sociales non pas d'après des strates mais selon un écosystème social. Elle tient compte de la notion d'écologie sociale ou écologie politique.
En France, on se réfère à une classification de la population en Catégories Socio-Professionnelles (CSP), élaborée par l'INSEE en 1982 à partir d'une première classification datant de 1954. Ces catégories sont regroupée en 6 groupes socio-professionnels: : Agriculteurs exploitants, Artisans, commerçants et chefs d’entreprise, Cadres et professions intellectuelles supérieures, Professions Intermédiaires, Employés, ouvriers.
À l'ère de la mondialisation et des réseaux sociaux médiés par l'Internet
Les amitiés internationales sont considérées comme enrichissant le savoir et la vie des individus<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref> ; elles influent aussi sur la stratification sociale (avec des enjeux de hiérarchie, statut, pouvoir, subordination voire d'oppression)<ref>Modèle:Article.</ref>. Avec le Web 2.0 et ses suites, les réseaux sociaux sont devenus plus « virtuels » et se sont notamment développés dans la webosphère, dont via les « amis » sur Facebook.
Deux études conduites par des psychologues de l'Université de Cambridge ont en 2015 étudiés le nombre d'« amis » sur Facebook des internautes.
- la première a conclu que dans la classe sociale supérieure étasunienne, les niveaux d'amitié internationaux sur Facebook sont inférieurs à ce qu'ils sont dans les autres classes, ce qui prive la classe sociale supérieure d'accès à des idées nouvelles, comme à certaines opportunités commerciales<ref name=AmisFacebookStrat2015>Modèle:Article.</ref> (et expliquant peut-être sa crainte des migrants).
- la seconde étude, basée sur Modèle:Citation montre que plus un pays est riche, plus le niveau d'internationalisme est bas sur Facebook (moins d'amis étrangers)<ref name=AmisFacebookStrat2015/>.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Felix Bühlmann, Céline Schmid Botkine, Peter Farago, François Höpflinger, Dominique Joye, René Levy, Pasqualina Perrig-Chiello, Christian Suter (éds.) (2012), « Rapport social 2012 : générations en jeu », Genève/Zurich, Éditions Seismo, Sciences sociales et problèmes de société, Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Dominique Joye, Christine Pirinoli, Dario Spini et Eric Widmer (2012), Parcours de vie et insertions sociales, Genève/Zurich, Éditions Seismo, Sciences sociales et problèmes de société, Modèle:ISBN
- René Levy (1997), Tous égaux ? De la stratification aux représentations, Genève/Zurich, Éditions Seismo, Sciences sociales et problèmes de société Modèle:ISBN
Articles connexes
- Capital social (sciences sociales)
- Classe sociale
- Caste
- Fracture sociale
- Intersectionnalité
- Mobilité sociale
- Sociologie