Prolétariat
Le prolétariat est, selon Karl Marx notamment, la classe sociale opposée à la classe capitaliste. Elle est formée par les prolétaires, également désignés couramment comme travailleurs.
Le prolétaire ne possède ni capital ni moyens de production et doit donc, pour subvenir à ses besoins, avoir recours au travail salarié. Le prolétariat ne se réduit donc pas au stéréotype de l'ouvrier en blouse bleue ni du travailleur souillé des mines, mais recouvre l'ensemble des êtres humains qui doivent se soumettre à un travail salarié, quels que soient leur niveau de vie et le niveau de leur salaire.
Étymologie
Le mot « prolétaire » désigne à l'origine un citoyen romain de la plèbe si pauvre qu'il ne paie pas d'impôt et ne peut être utile à l'État que par sa descendance (du latin proles). Il forme la classe la moins considérée de la civitas (ensemble des citoyens), constituée de ceux qui ne peuvent s'acheter aucune pièce d'armure et qui ne possèdent le droit de vote qu'en théorie. C'est la sixième et dernière classe sociale.
Définitions du prolétariat
Théorie marxiste
Selon la définition de Marx et des marxistes, le prolétariat est constitué de l'ensemble des salariés et des chômeurs (considérés comme des salariés sans emploi). Le prolétariat est la classe sociale qui, pour avoir de quoi vivre, est obligée de vendre sa force de travail à la classe antagoniste, qui dispose du capital et des moyens matériels de production<ref>Voir par exemple Maximilien Rubel, « La conception du prolétariat chez Marx », communication au Modèle:5e Congrès mondial de sociologie, Washington, 1962. Également Jacques Wajnsztejn, Après la révolution du capital, L'Harmattan, 2007, Modèle:P.. De même Yvon Quiniou, Karl Marx, Le Cavalier bleu, 2007, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Citation Jean-Charles Asselain, dans « Le capitalisme : mutations et diversités », no 349 de La Documentation française, mars-avril 2009, Modèle:P..</ref>.
Marx et Engels proposent plusieurs définitions du prolétariat : Modèle:Citation (Le Capital<ref>Karl Marx, Le Capital, 1867, Garnier-Flammarion, 1969, Modèle:P..</ref>). Dans le Manifeste communiste (1848), Marx parle du prolétariat comme étant Modèle:Citation.
Le prolétariat se définit ainsi en opposition à une autre classe : la bourgeoisie ; avec laquelle il entretient un rapport économique déterminé : le salariat. Prolétariat et bourgeoisie sont ainsi les deux pôles d'un même rapport social. Il Modèle:Citation (Karl Marx, Manifeste communiste, 1848). Modèle:Citation (Karl Marx, Le Capital, 1867<ref>Marx, Œuvres I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1967, Modèle:P..</ref>). Les chômeurs sont aussi considérés comme faisant partie du prolétariatModèle:Référence nécessaire.
Selon Engels : Modèle:Citation bloc
L'intérêt du prolétaire est d'obtenir le plus possible de son travail, tandis que réciproquement le propriétaire des moyens de production cherche à minimiser ce coût. Le prolétaire a donc des intérêts contraires à ceux du bourgeois (ou du capitaliste). D'où un conflit entre eux, la « lutte des classes ».
Selon Marx, le moteur de l'Histoire est précisément la lutte des classes. Le contexte historique est important pour comprendre les notions de « bourgeoisie » et de « prolétariat » à une époque où le droit de vote est réservé à la classe possédante. Et c'est parce qu'il y a lutte entre les prolétaires et les bourgeois que les prolétaires doivent écarter la bourgeoisie de l'exercice du pouvoir et supprimer l’exploitation économique, permettant la disparition des classes sociales (Modèle:Citation est l'objectif énoncé par Marx dans les statuts de l'Association internationale des travailleurs, en 1864). La société deviendrait alors communiste.
Selon Maximilien Rubel, Modèle:Citation<ref>Maximilien Rubel, Marx critique du marxisme, Payot, 2000, p. 288.</ref>.
Autres approches
Selon Raymond Aron (en 1955), le prolétariat regrouperait Modèle:Citation, c'est-à-dire les ouvriers<ref>Raymond Aron, L'Opium des intellectuels, 1955, partie I, Chapitre III, section « Définition du prolétariat » : Modèle:Citation bloc</ref>.
D'autres sources associent le prolétariat à tout ou partie de la classe ouvrière tel le TLFi : Modèle:Citation bloc
Cependant, selon l'Encyclopædia Universalis : Modèle:Citation bloc
En 1925, Edmond Goblot a enrichi la notion de capital en y incluant le « capital humain » (principalement les relations/amis et les diplômes). À la lutte des classes s'ajouteraient donc de nouvelles discriminations sociales entre les diplômés et les non diplômés<ref>Edmond Goblot, La Barrière et le Niveau, édition numérique Denis Anne, Modèle:P..</ref>. Pierre Bourdieu le développe dans La Distinction (1979) sous le concept de capital culturel. Des auteurs contemporains rapprochent la prolétarisation du phénomène de paupérisation et d'exclusion<ref>Karine Clément, « Russie : pauvreté de masse et stigmatisation des pauvres (Partie 2) », Cultures et conflits, 35, 1999, Modèle:Lire en ligne.</ref>. Enfin, selon Raoul Vaneigem, Modèle:Citation<ref>Modestes propositions aux grévistes, 2004.</ref>.
Usages historiques
En 1825, Jacques Marquet de Montbreton de Norvins affirme : Modèle:Citation<ref>Portefeuille de 1813, p. 489. Cité dans Modèle:Ouvrage.</ref>. En Modèle:Date-, une proclamation du Gouvernement provisoire écrite par Alphonse de Lamartine annonce qu'Modèle:Citation à dater de la loi électorale provisoire qui substitue le suffrage universel masculin au suffrage censitaire. L'historien Samuel Hayat estime qu'Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
.jpg){kind=link}