Taula

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Fichier:Torralba d'en Salort (30047996471).jpg
Taula de Torralba d'en Salort.

Une taula (mot catalan signifiant « table ») est un monument mégalithique spécifique à l’île de Minorque, dans les îles Baléares, en Espagne. Les taulas sont des monuments caractéristiques de la culture post-talayotique (Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle à Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle). Depuis la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, les archéologues s'accordent sur le rôle uniquement symbolique de la taula au sein d'une enceinte à ciel ouvert mais ce sujet a longtemps fait l'objet de vives controverses.

Description

La taula est considérée comme un monument à part entière, bien qu'il s'agisse d'un élément qui ne peut être compris isolément, en dehors de son propre ensemble architectural appelé enceinte à taulaModèle:Sfn.

L'architecture de l'enceinte à taula est assez standardiséeModèle:Sfn. L'enceinte est en forme de fer à cheval avec une façade légèrement concave intégrant au centre une (exceptionnellement deuxModèle:Sfn) entrée orientée sud-est/sud-ouest. Le mur de l'enceinte est un mur à double parementModèle:Sfn. Le mur extérieur est monté en appareil cyclopéenModèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'entrée de l'enceinte est matérialisée par un portail à linteauModèle:Sfn comportant parfois plusieurs niveaux. La porte de plusieurs enceintes comporte une pierre distincte au sol, de couleur rougeâtre et de forme arrondie, dont la signification demeure inconnueModèle:Sfn. Le mur intérieur intègre des pilastres (avec base, fût et chapiteau) dont l'allure rappelle celle de la taula. Parfois, il existe des piliers indépendants autoportants. Le nombre total de piliers et pilastres est généralement compris entre 8 et 10, exceptionnellement 14 (Torralba)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. La différence de niveau entre les pilastres et la taula exclut la possibilité d'une construction avec un toit plat, d'ailleurs aucune fouille archéologique n'a documenté l'existence de supports intermédiaires et aucune dalle de couverture n'a jamais été découverteModèle:Sfn. En outre la partie supérieure du mur peut comporter des niches et la partie inférieure peut être aménagée avec des bancs en pierreModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. La partie arrière de l'enceinte est en forme d'absideModèle:Sfn.

Une étude statistique menée sur 26 taulas démontre une forte corrélation (r=0,8) entre la longueur maximale de l'enceinte et la largeur de la façade, ce qui permet de classifier les enceintes en deux catégories : un groupe restreint (Binissafullet, Torre Llisa, Bellaventura) de petites enceintes avec une longueur maximale de Modèle:Unité, et un groupe plus nombreux (Trepucó, Son Catlar, Torre d'en Galmés, Torralba d'en Salort...) de grandes enceintes (façade supérieure à Modèle:Unité de longueur)Modèle:Sfn. De même, l'orientation des édifices semble relativement standardisée au sud avec quelques variantes observées au sud-est et au sud-ouest mais qui pourraient résulter de contraintes topographiquesModèle:Sfn. Selon J. Aramburu-Zabala Higuera, l'orientation des enceintes à taula peut être mise en relation avec les autres monuments talayotiques : les enceintes à taula auraient tendance à avoir été édifiées face à d'autres édifices, en particulier des talayots, isolés ou comportant une grotte à proximitéModèle:Sfn. En tout état de cause, la construction des enceintes à taula devait résulter d'une planification architecturale assez pousséeModèle:Sfn.

31 enceintes à taula ont été recensées dans l'île de MinorqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn mais seuls 7 taulas sont encore deboutModèle:Sfn (dont celle de Binissafullet qui a été restaurée)Modèle:Sfn. En raison du mauvais état de conservation de plusieurs monuments, les vestiges d'une salle hypostyle peuvent se confondre avec ceux d'une enceinte à taula (Na Comerma de Sa Garita, Torre Vella d'Aranjuez, Torre Vella d'en Lozano)Modèle:Sfn. Aucune taula n'est connue en dehors de MinorqueModèle:Sfn.

La taula est dressée face à l'entrée de l'enceinte et ses surfaces antérieures, visibles depuis l'entrée, sont mieux travaillées que ses parties postérieures. Contrairement à une impression fréquente, la taula n'est pas dressée exactement au centre de l'enceinte mais avec un léger décalage vers l'arrièreModèle:Sfn. La taula est une construction mégalithique constituée de deux blocs de pierre de forme parallélépipédique, soigneusement équarrisModèle:Sfn. Le premier bloc de pierre est dressé verticalement, en étant soit posé directement sur le sol rocheux (cas le plus fréquent), soit planté et calé dans une cavité creusée dans le sol tel un menhir (Torralba d'en Salort, Trepucó), c'est une pierre de soutienModèle:Sfn. Le second bloc est posé en équilibre à l'horizontale sur le sommet du premier, tel un chapiteau d'une longueur maximale de Modèle:UnitéModèle:Sfn au sommet d'une colonne, l'ensemble formant un « T ». Les taulas mesurent au maximum Modèle:Unité de hauteurModèle:Sfn (de Modèle:Unité de hauteur)Modèle:Sfn. Plusieurs études ont tenté de démontrer, sans succès, l'existence d'un lien supposé de proportion, mesuré en unités métriques hellénistiquesModèle:Sfn, entre les deux éléments de la taulaModèle:Sfn. Les piliers verticaux sont d'un style très homogène alors que les chapiteaux horizontaux adoptent des formes plus variées tout en restant parallélépipédiquesModèle:Sfn.

Fouilles archéologiques

Fichier:Imhotep de Torre d'en Galmés.jpg
Figurine d'Imhotep (Torre d'en Galmés).

Les fouilles des enceintes entourant les taulas ont mis en évidence la présence récurrente d'un foyer près du côté droit des taulas. D'important niveaux de cendres et de charbons, indiquant la réalisation de bûchers intenses et régulier, accompagnées de restes d'animaux comportant des marques de cuisson ont ainsi été découvert à Torralba d'en Salort et à Sa Torreta de Tramuntana. Ces restes sont très majoritairement composés d'os de chèvres et de moutons, mais des ossements de vaches et de cochons ont aussi été découvert. L'étude des ossements révèle qu'il s'agissait de jeunes animaux dont ne furent consommées que les parties les plus charnues après cuissonModèle:Sfn.

Le mobilier archéologique découvert se compose principalement d'un grand nombre de fragments de céramique, d'origine locale ou importée, de petite taille, pouvant correspondre à une vaisselle individuelle destinée à la consommation de nourriture et de boisson. Les céramiques les plus fréquentes sont des fragments d'amphores puniques importées depuis la colonie voisine d'Ebusus installée sur l'île d'Ibiza qui contenaient du vin. Selon M. Fernández-Mirranda, la fragmentation de ces amphores indique une destruction volontaire dans la cadre d'un rituel. Quelques objets représentant des divinités ont aussi été recueillis lors des fouilles : taureau en bronze de Torralba d'en Salort, figurine égyptienne de Torre d'en Galmés, terres-cuites puniques de Sa Torreta de TramuntanaModèle:Sfn.

Essais d'interprétation

Les premières tentatives d'interprétation (Joan Ramis, J. Armstrong) datent du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle : elles proposent de voir dans les taulas des autels sacrificiels. En 1892, Émile Cartailhac, après avoir visité plusieurs sites, émet l'hypothèse que la taula est un simple pilier destiné à soutenir le toit de la construction, celle-ci pouvant être le siège politico-administratif d'une communauté villageoise. Dans les années 1930, Margaret Alice Murray, qui avait fouillé les enceintes de Trepucó et de Torreta de Tramuntana, propose de voir dans la taula la représentation d'une divinité, l'enceinte délimitant un espace de culte. Murray réfute la thèse de Cartailhac, qui n'a procédé à aucune fouille, car selon elle l'enceinte ne pouvait être recouverte (la taula et les pilastres ne sont pas de la même hauteur et sont trop éloignés les uns des autres)Modèle:Sfn.

Le débat se poursuit tout au long du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et reprend dans les années 1970 entre L. Péricot et J. Mascaró Pasarius : Péricot accorde à la taula à la fois un rôle fonctionnel comme pilier de la toiture (reprenant l'hypothèse de Cartailhac) et symbolique, a contrario Mascaró Pasarius réfute l'existence d'une toiture et considère que la taula est une symbolisation de la tête d'un taureauModèle:Sfn en lien avec le culte de cet animal. Dans les années 1980, G. Roselló-Bordoy et L. Pantalamor défendent l'hypothèse structurelle (la taula est un pilier) et rejettent son caractère symbolique tout en accordant une fonction religieuse à l'enceinte. Les fouilles du site de Torralba d'en Salort conduisent M. Fernández-Mirranda à reprendre la thèse de Murray et à exclure la possibilité d'une couverture de l'enceinte. Depuis lors, la thèse désormais admise par les chercheurs des universités des Îles Baléares et de Barcelone accorde un rôle symbolique à la taula au sein d'une enceinte à ciel ouvertModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

L'enceinte à taula est un bâtiment communautaire, édifié à l'intérieur, voire au centre, des agglomérations. La monumentalité des constructions, les découvertes archéologiques qui y ont été faites (statues humaines ou zoomorphes, bétyles) contribuent à accorder une signification symbolique à ces édificesModèle:Sfn qui étaient probablement des sanctuairesModèle:Sfn. La signification des cérémonies qui s'y déroulaient demeure controverséeModèle:Sfn. Plusieurs auteurs ont proposé d'y voir un lieu de culte en lien avec des rites associés à la fertilisation agricole, impliquant la consommation de vin et de viande, en lien avec un culte tauromorphe ou à la déesse TanitModèle:Sfn. L'hypothèse d'un édifice à vocation astronomique a aussi été évoquée mais aucun alignement avec des événements astronomiques significatifs n'a été démontréModèle:Sfn et les justifications demeurent parfois très fantaisistesModèle:Sfn,<ref group="Note">A Sa Torreta de Tramuntana, la taula serait alignée avec le lever de la Lune (azimuts 52° et 126°) une fois tous les 18,6 ans...</ref>. Selon J. Aramburu-Zabala Higuera, la taula serait une plate-forme où était momentanément déposé un cadavre, pendant une période de deuil, avant son transfert vers son lieu de sépulture définitifModèle:Sfn.

Datation

Les taulas sont des monuments caractéristiques de la culture post-talayotique. Les antécédents architecturaux sont des structures en forme d'absides construites à l'époque talayotique (Torralba d'En Salort) qui ont évolué vers des enceintes à taula, dont l'utilisation et la diffusion se généralisent au début de la période post-talayotiqueModèle:Sfn. La plupart des enceintes ont été abandonnées à la fin du Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle, ce qui coïncide avec la deuxième guerre puniqueModèle:Sfn.

Les quelques datations au radiocarbone qui ont pu être réalisées sur les niveaux d'utilisation des enceintes correspondent à une période comprise au Modèle:Lien siècle av JCModèle:Vérification siècle mais la chronologie relative donnée par les céramiques retrouvées sur place indique que les premières utilisations de ces enceintes datent de vers 400 av. J-C.Modèle:Sfn.

Folklore

Dans le folklore minorquin, les taulas sont les tables et les pilastres périphériques les sièges de géants qui les utilisaient pour manger durant leur séjour sur l'île avant le DélugeModèle:Sfn.

Notes et références

Notes

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Références

Modèle:Références

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Articles connexes

Modèle:Portail