Ève mitochondriale
L'Ève mitochondriale, ou plus récente ancêtre matrilinéaire commune, est le nom donné à la femme étant la plus récente ancêtre commune par lignée maternelle de l'humanité. En première approximation, elle est la dernière femme dont les mitochondries ont engendré les mitochondries de tout humain actuel : les mitochondries sont des organites cellulaires qui ne sont transmis que par l'ovule de la mère ; seuls de très rares cas de transmission d'ADN mitochondrial par le père ont été rapportés. L'Ève mitochondriale est l'équivalent féminin de l'Adam Chromosome-Y, l'ancêtre commun le plus récent par lignée paternelle.
En tenant compte de la vitesse de mutation (concept de l'horloge moléculaire), dans cet ADN mitochondrial, les calculs laissent penser que l'Ève mitochondriale a vécu il y a quelque 150 000 ans. La phylogénie suggère qu'elle a vécu en Afrique orientale<ref name="Ancestors_Tale">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Richard Dawkins, Il était une fois nos ancêtres : une histoire de l'évolution, 2005 Modèle:ISBN ; {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Ancestor's Tale: A Pilgrimage to the Dawn of Life, 2004 Modèle:ISBN </ref> (aujourd'hui Éthiopie, Kenya ou Tanzanie).
Éclaircissement
Bien que le nom biblique d'Ève lui ait été donné, l'Ève mitochondriale n'était pas forcément la seule femme vivant à son époque, ni la seule femme ayant eu une descendance jusqu'à nos jours. Ce qui caractérise l'Ève mitochondriale, avec toutes ses ancêtres par lignée maternelle, est qu'elle est l'ancêtre de l'humanité actuelle par lignée maternelle uniquement : de sa génération, seule l'Ève mitochondriale a produit une chaîne ininterrompue de filles jusqu'à aujourd'hui, et elle fut la seule de laquelle tous les humains vivants descendent en ligne maternelle. Étant transmises de mère en fille et en fils, seules les mitochondries de cette femme (parmi celles de son époque) sont à l'origine des mitochondries que possèdent n'importe quel humain actuel.
Si le critère de matrilinéarité est abandonné, il existe des ancêtres communes à l'humanité actuelle qui sont plus récentes que l'Ève mitochondriale, et qui ont pu transmettre jusqu'à nos jours une partie de leur ADN nucléaire : Modèle:Refsou. Cependant, puisque la reproduction mêle l'ADN nucléaire des chromosomes transmis par les deux parents, une ancêtre commune plus récente que l'Ève mitochondriale est difficile à définir d'une manière non arbitraire, et la plus récente est difficile à identifier.
Analogie avec l'Adam Y-chromosomique
Il a existé par ailleurs un homme, l'Adam Y-chromosomique, ayant engendré une lignée ininterrompue de garçons jusqu'à nos jours, et qui est l'aïeul patrilinéaire de tous les humains actuels. On date cet « Adam » d'environ Modèle:Nombre années<ref name="Cruciani2011">Modèle:Article </ref>. Si l'on tient compte des marges d'incertitudes de leurs études respectives, l'Ève mitochondriale a pu être contemporaine de l'Adam Y-chromosomique, de sorte que, bien que ce soit très improbable, ils auraient en effet pu former un couple. S'ils ne sont pas les premiers Homo sapiens, seuls leurs gênes ont en effet été transmis jusqu'à nos jours, les autres lignées humaines s'étant éteintes sans descendance à des époques ultérieures.
Cependant, les estimations du temps jusqu'à l'ancêtre commun le plus récent ont été systématiquement plus faibles pour le chromosome Y (il y a ∼60–140 mille ans) que pour l'ADNmt (il y a ∼140-240 mille ans)<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.
L'idée d'un couple entre l'Adam chromosomique et l'Eve mitochondriale est indémontrable en l'état et n'a que peu de chance d'avoir une réalité paléoanthropologique.
Transmission paternelle de mitochondries ?
À l'heure actuelle, une transmission paternelle de mitochondries n'a été observée que dans de très rares cas, chez des espèces de moules<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Il s'agit donc d'une hypothèse audacieuse. Si elle s'avérait, les mitochondries ne seraient pas un marqueur matrilinéaire aussi exclusif qu'on l'avait considéré.
Origine africaine
On parle parfois de l'Ève mitochondriale comme d'une Ève africaine. L'hypothèse africaine est établie sur l'examen des fossiles aussi bien que sur l'analyse de l'ADN mitochondrial. Les « arbres généalogiques » (ou « phylogénies ») édifiés sur la base des comparaisons des ADN mitochondriaux montrent que les humains vivants dont les lignages mitochondriaux constituent les premières branches de l'arbre sont les populations indigènes d'Afrique, tandis que les lignages des peuples indigènes des autres continents naissent tous de lignées africaines.
Des critiques de ces généalogies ont soutenu la thèse d'une Éve asiatique, et par extension d'une origine asiatique de l'humanité. Toutefois, le principal soutien que l'ADN mitochondrial apporte à l'hypothèse d'une Ève africaine ne dépend pas des arbres généalogiques mais du constat que c'est parmi les populations africaines que l'on trouve la plus grande diversité d'ADN mitochondrial, certaines variations ne semblant exister qu'en Afrique. Cette diversité n'aurait pas pu s'accumuler ainsi si les humains n'avaient pas vécu bien plus longtemps en Afrique que n'importe où ailleurs. L'analyse des séquences du chromosome Y a donné des résultats allant dans le sens d'un Adam Y-chromosomique africain également.
Culture populaire
- Dans le dernier épisode de la saison 4 de Battlestar Galactica, lorsque l'humanité vient s'établir sur Terre, l'Ève Mitochondriale est présentée comme étant la fille d'un père humain et d'une mère cylon, un organisme synthétique.
- La franchise de jeux-vidéo Parasite Eve fait également référence à l’Ève Mitochondriale<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Cann, R.L., Stoneking, M., et Wilson, A.C., 1987, "Mitochondrial DNA and human evolution", Nature 325; Modèle:P.
- Excoffier, L., et Yang, Z., "Substitution Rate Variation Among Sites in Mitochondrial Hypervariable Region I of Humans and Chimpanzees", 1999, Molecular Biology and Evolution 16; Modèle:P.
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Articles connexes
- Macrohaplogroupe L (ADNmt)
- Adam Y-chromosomique
- Les Sept Filles d'Ève, une tentative d'explication de l'évolution des principales familles mitochondriales.
- Dernier ancêtre commun universel
Liens externes
- Modèle:Lien brisé illustrant les migrations déduites de l'ADNmt.
- Schéma et explications expliquant cette théorie.