Ȝ
Modèle:Méta bandeau de note Modèle:Confusion Modèle:A sourcer Modèle:Infobox Graphème La lettre yogh, ou ȝoȝ, est une lettre originale de l'alphabet latin que l'on utilisait dans les manuscrits en moyen anglais (période médiévale s'étendant du Modèle:S mini au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle). Elle est dérivée de la forme de la lettre g utilisée en vieil anglais, ᵹ, et a été utilisée en moyen anglais vernaculaire pour représenter un groupe de consonnes fricativesModèle:Sfn.
Origines
Dans les manuscrits en vieil anglais (Modèle:S mini–Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle), la lettre g se traçait comme dans l'illustration (fig. 1). On reconnaît l'œil d'un g dans la graphie onciale insulaire d'Irlande : ce sont en effet des missionnaires irlandais qui, apportant le christianisme et ses textes, ont transmis l'alphabet latin aux Anglo-Saxons, écriture qui a remplacé l'alphabet runique. La graphie, sous la plume des scribes anglais, est devenue en moyen anglais une nouvelle lettre, ȝ (fig. 2).
Voici deux exemples de textes en vieil anglais puis en moyen anglais. L'extrait 1 est tiré du Beowulf (date de rédaction du manuscrit unique : Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle), l'extrait 2 d'un poème écrit au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, The Owl and the Nightingale. La première ligne montre la graphie des manuscrits (le g oncial insulaire et le yogh sont en rouge), la seconde ligne une version n'utilisant que l'alphabet latin habituel. Noter le g oncial capital et la présence d'autres lettres anciennes comme thorn ou wynn dans le texte en vieil anglais :
Voici, tirée d'une photographie du manuscrit du Beowulf (même extrait), la lettre g onciale irlandaise dans ses deux casses :
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GARDE[NA]
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dagum
Voici la lettre ȝ dans The Owl and the Nightingale :
-
an hule and one niȝtingale
Au cours de la période du moyen anglais (Modèle:S mini–Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle) yogh, comme les autres lettres germaniques, disparaît progressivement, remplacé par g, y ou gh en fin de mot, en partie parce que cette lettre était inconnue des usages écrits apportés par les scribes anglo-normands. L'ignorance de sa spécificité a parfois conduit les scribes à confondre yogh et z et utiliser ce dernier à la place de la lettre particulière (de même que y a pu remplacer þ). L'avènement de l'imprimerie marque la disparition définitive des lettres anciennes déjà mourantes.
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Yogh utilisé pour /x/ : God spede þe plouȝ: & sende us korne inow.
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Traduction anglaise de Modèle:Lien de 1919 d’un texte de Jean d'Outremeuse décrivant les lettres anglaises thorn et yogh dans un manuscrit du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
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Modèle:Graphie dans The romance of Guy of Warwick dans le manuscript d’Auchinleck de c. 1370.
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Modèle:Graphie reproduit dans The romance of Guy of Warwick de Julius Zupitza publié en 1887.
Utilisation
Note : la transcription phonétique est en API.
L'ancien anglais ne connaît pas le yogh mais un g venu de la graphie irlandaise servant à noter un ancien *g proto-germanique. Or, ce phonème connaît en vieil anglais de nombreux allophones. Il se réalise normalement :
- Modèle:SAPI (y dans yourte) devant ou après les lettres i, æ, e et y (sauf si a, o ou u le suivent directement) ;
- Modèle:SAPI (j dans John) après n ou dans le digramme cg ;
- Modèle:SAPI entre voyelles si a, o ou u le suivent ou après consonne et devant ces voyelles ;
- Modèle:SAPI en début de mot devant une consonne ou les voyelles a, o et u.
En moyen anglais, la lettre onciale est encore utilisée mais a pris une nouvelle forme (fig. 2), une sorte de z cursif , qui se nomme yogh. Quand elle vaut le son [g] (et aussi [dʒ]), les scribes anglo-normands lui préfèrent la lettre caroline g, qu'ils utilisaient ainsi sur le continent. Yogh sert alors seulement pour des sons que les usages anglo-normands ne prévoient pas :
- Modèle:SAPI ancien issu de g vieil anglais ;
- Modèle:SAPI issu d'un ancien [ɣ] (son qui ne s'est pas poursuivi en moyen anglais). L'orthographe a dans ce cas parfois conservé par tradition un yogh là où un wynn (ou uu ou encore w) serait attendu : fēolaga [feːəlɑɣɑ] → felaȝ(e) [feːlaw(ə)] → fellow ['feləʊ] « compagnon » ;
- le phonème Modèle:BAPI en fin de mot ou devant consonne sourde (réalisé [x] ou [ç], selon la voyelle précédente, comme ch dans l'allemand Nacht ou ich), écrit auparavant de préférence h : vieil anglais niht → moyen anglais niȝt, tous deux valant /nixt/ [niçt] (actuellement [naɪt]) « nuit ».
En sorte, le moyen anglais connaît deux variantes de la lettre g : le yogh (prononcé [j], [x] et [w]) issu du g oncial vieil anglais et le g continental apporté par les scribes normands ([ɡ] et [dʒ]).
Entre les {{#switch: XV
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}}, y pour [j] et gh pour [x] remplacent petit à petit yogh dans tous ses usages. Le phonème [x] en fin de mot, de plus, s'amuït, sauf dans quelques-uns où il évolue en [f]. L'orthographe en porte la trace : vieil anglais : þurh [θurx] → moyen : þruȝ puis through [θrʊx] (noter la métathèse de consonnes) → moderne : through [θɹuː] « à travers ». L'orthographe actuelle ne témoigne de la présence ancienne du yogh que par son digramme gh.
La lettre yogh ne sert en fait que très peu aux linguistes : ceux-ci préféreront en effet utiliser un symbole moins ambigu, comme j ou χ, etc. En revanche, c'est en philologie, dans la translittération des manuscrits, qu'il trouve tout son sens.
Pour des raisons techniques historiques, les caractères yogh Modèle:GraphieModèle:Sfn, l’epsilon réfléchi Modèle:Graphie, ou même le chiffre 3 Modèle:Graphie, sont utilisés à la place du Ꜣ (alef égyptologique) en égyptologie.
Rasmus Rask utilise la lettre yogh (en contraste avec la lettre ej Modèle:Graphie) dans sa transcription du géorgien et de l’arménien Modèle:LangueModèle:Sfn publiés en 1832.
Formes
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Yogh dans Cambridge, Corpus Christi College, MS 032, f. 181v.
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Yogh capitale enluminée dans Cambridge, Corpus Christi College, MS 032, f. 182r.
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Yogh majuscule dans Ȝef, et minuscule, dans nyȝ, dans Sisam 1921.
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Yogh italique dans Sisam 1921.
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Yogh dans un ouvrage de Karl D. Bülbring publié par la Early English Text Society en 1891.
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Extrait de An Old and Middle English reader, 1893, avec yogh.
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Yogh dans un ouvrage de Margaret Joyce Powell publié par la Early English Text Society en 1916.
Codage informatique
La graphie en vieil anglais de g est parfois rendue dans les éditions philologiques modernes par un ej (ou un ej bouclé : ʓ) ; il existe un caractère plus adapté qu'un vrai ej, c'est ᵹ U+1D79, cependant rarement inclus dans les polices de caractères. Ainsi, on pourra lire ʒear / ʓear / ᵹear pour gear, qu'on transcrit sinon plus simplement gēar. Le mot est devenu ȝere (yere) en moyen anglais, de là year « année ». On utilise parfois, toujours pour l'ancien anglais, ȝ, bien que ce soit un anachronisme.
La norme Unicode, dans ses débuts, ne distinguait pas yogh ȝ de ej ʒ, les deux étant codés par ej. Ce ne sont cependant pas les mêmes caractères. L'erreur a été corrigée dans la Modèle:3e d'Unicode. Actuellement, on code yogh par U+021C pour la capitale et U+021D pour la minuscule, soient :
- capitale Ȝ
- UTF-8 :
0xC8 0x9D
; - UTF-8 octal :
\310\235
; - entité numérique décimale HTML :
ȝ
;
- UTF-8 :
- minuscule ȝ
- UTF-8 :
0xC8 0x9C
; - UTF-8 octal :
\310\234
- entité numérique décimale HTML :
Ȝ
.
- UTF-8 :