Bagne de Toulon

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Modèle:Infobox Monument

Le bagne de Toulon fut un établissement pénitentiaire, aujourd’hui disparu, situé à Toulon (Var). Pouvant loger plus de Modèle:Nombre, il fut le bagne le plus grand, et aussi le plus longtemps ouvert, de 1748 à 1873<ref>Modèle:Article</ref>, cessant d'exister avec la création des bagnes de Cayenne et de Nouvelle-Calédonie.

Histoire

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Galère par Pierre Puget vers 1655.

Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le roi Louis XIII transféra à Toulon et Marseille la Flotte du Levant, basée jusque-là à Fréjus. Sous Louis XIV, le ministre Colbert décida que le commerce serait donné à Marseille et que Toulon deviendrait un port de guerre. L’ingénieur Sébastien Le Prestre de Vauban créa la Darse Neuve. Construite entre 1679 et 1685, celle-ci fait 20 hectares. Ainsi, Toulon devint le port d’attache des galères royales.

Louis XIV voulut reconstruire la flotte royale pour avoir un corps de galères. Mais se posait le problème des rameurs. Colbert, pour résoudre ce problème, ordonna que l’on applique plus souvent la peine des galères, jusqu’alors seulement appliquée en temps de guerre : Modèle:Citation.

Pour un siècle, il suffisait d’avoir la « mauvaise gueule » pour se retrouver sur les galères. On était condamné à trois, six, neuf, vingt ans, voire à perpétuité. Parfois même, des hommes condamnés à des peines limitées n’étaient pas libérés après avoir purgé leur peine. Quand on commença à utiliser des canons, les galères n’étaient plus utiles, puisqu'elles ne pouvaient être armées qu’en poupe et proue. C’est le 27 septembre 1748 que Louis XV ordonna que la peine des galères soit remplacée par celle des fers. La fin des galères coïncida donc la même année avec la construction du premier bagne à Toulon qui était jusqu'ici leur port d’attache.

Le mot « bagne » vient de l’italien bagno, qui était le nom d’une ancienne prison à Livourne, construite à l'emplacement d'anciens bains publics romains. À Toulon, on logea les forçats sur les anciennes galères démâtées, les bagnes flottants et on les employa dans les travaux les plus pénibles : sur le port, dans l’arsenal, dans la corderie ou dans les carrières de pierres.

En 1750, peu après la création des bagnes, un code royal comporta

Article 20 :
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Article 22 :
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Article 27 :
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Lors de la Révolution, la flétrissure fut abolie et la durée de l'exposition réduite.

Article 28, de la première partie du Code des délits et des peines du 3 brumaire, an IV :
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En même temps, on remplaçait officiellement le mot galérien, qu'on utilisait toujours pour les condamnés aux travaux forcés, par le terme « forçat ».

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Représentation d'un bagnard de Toulon, au début du 19ème siècle (source : musée du Fort Balaguier).

En 1810, le Code pénal impérial français entra en vigueur. Il ordonna le rétablissement de la flétrissure et raccourcit le temps de l'exposition.

Article 22 :
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Le Modèle:Date-, une ordonnance de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] abolit la flétrissure en même temps que l'amputation de la main du parricide.

Le 9 décembre 1836, Louis-Philippe ordonna que les forçats soient transportés vers les bagnes dans des fourgons cellulaires, plutôt que d’être exposés aux regards de la foule. La même ordonnance porta la suppression des fers et des boulets (à compter du Modèle:Date-).

Le 12 avril 1848, le gouvernement provisoire abolit la peine de l’exposition publique.

Fichier:L'Illustration 1862 gravure Incendie du Santi-Petri, Bagne maritime de Toulon.jpg
Incendie du Santi-Petri, Bagne maritime de Toulon (la nuit du 5-6 janvier 1862 ; les 800 forçats ont été sauvés).

Les bagnes métropolitains restèrent en usage jusqu’au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. En ce temps, il y avait plus de Modèle:Unité (ils étaient encore 11 000 en 1846). Mais d'une part, ils prenaient le travail aux ouvriers honnêtes, et d'autre part, ils furent considérés trop dangereux pour être maintenus sur le territoire.

Dans les années 1860, les bagnards de Toulon sont réquisitionnés pour la construction du canal du Verdon.

Napoléon III ordonna la création des bagnes coloniaux par la loi du Modèle:Date<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Mais on avait déjà commencé la déportation des forçats pour la Guyane française, le 27 mars 1852 avec 298 condamnés extraits des bagnes de Rochefort et de Brest. Peu à peu, les bagnes métropolitains furent abandonnés. Toulon sera le dernier qui fermera ses portes, en 1873.

Aujourd'hui, il ne reste plus trace du bagne. Les bâtiments qui subsistaient furent touchés par les bombardements du port entre 1943 et 1944 et furent entièrement rasés à la fin de la guerre<ref name ="Toulon de A à Z">Toulon de A à Z de Magali Béranger, éd. Alan Sutton, 2010, p. 16</ref>.

La vie des forçats au bagne

Fichier:La prison de Bicêtre à Gentilly - le départ de la chaîne des forçats.jpg
Le malheureux Cloquemin sous les verroux. Départ de la chaîne à Bicêtre.

Arrivée

Les forçats arrivaient enchaînés par le cou et menottés, en groupes de 24, les cordons ou cadènes, sur des haquets.

À leur arrivée, ils étaient tondus, vêtus d’une casaque de laine rouge, d'un gilet de laine rouge, d'une chemise de toile blanche, d'un pantalon de toile jaune et d'une paire de souliers ferrés sans bas. Ils portaient aussi un bonnet de laine, dont la couleur indiquait la durée de la condamnation : le bonnet rouge pour les condamnés à temps et le bonnet vert pour les condamnés à perpétuité. Une plaquette de fer-blanc, portée sur la casaque, le gilet et le bonnet, indiquait le matricule du condamné. Ceux qui travaillaient dehors recevaient également une vareuse de laine grise.

Ensuite, on enchaînait, ou “accouplait” (en argot on appelait cela le mariage) les forçats deux à deux, toujours un “ancien” à un nouveau venu. Pour cela, on rivait une manille autour de la jambe droite du condamné. À la manille, on rivait une chaîne de neuf maillons d’environ 16 centimètres et lourde de sept à onze kilos, que l’on fixait à sa ceinture. On réunissait les deux chaînes par trois anneaux de fer, appelés organeaux. Deux forçats ainsi accouplés étaient appelés chevaliers de la guirlande.

Vie quotidienne et travaux

Un forçat qui montrait une bonne conduite pouvait, après quatre ans, être mis à la chaîne brisée, aussi appelée la demi-chaîne : on rompait les organeaux ; le forçat ne gardait ainsi que la moitié de la chaîne, c'est-à-dire neuf maillons, d'où l'expression. Cependant, on continuait à l’enchaîner pendant la nuit. Chaque matin et chaque soir, les bagnards devaient tendre leur jambe au rondier, qui frappait les fers avec un marteau. Ainsi, par le son que ceux-ci faisaient, le gardien savait si une lime avait mordu le métal.

Les forçats couchaient sur des grands bancs de bois, au bout desquels se trouvaient des anneaux de fer auxquels on les enchaînait pendant la nuit. On n’accordait des couvertures ou des matelas qu'aux condamnés ayant une bonne conduite. Les salles n’étaient chauffées que pendant les plus froids mois de l’hiver.

La nourriture se composait de pain noir, de fèves, de légumes secs et, les jours des travaux, de viande et de vin. Il était également permis de s’acheter des rations supplémentaires.

Les forçats travaillaient sur des tâches différentes. Le travail était divisé entre Grande Fatigue et Petite Fatigue. La Grande Fatigue correspondait au travail sur le Port de commerce, dans l'arsenal, à la corderie, aux fourgons, dans les ateliers de serrurerie ou les carrières. Une lettre sur la casaque indiquait le lieu de travail. Un forçat de bonne conduite, pouvait travailler à la Petite Fatigue soit : dans l’hôpital, dans la cuisine ou, s’il savait lire, dans quelques bureaux du bagne. Vers 1816, l'intendant de Lareinty prit la décision d'employer les forçats aux ouvrages d'art du port militaire. Son but était double ; offrir aux forçats qualifiés une voie de réinsertion, faire construire à moindres frais des ouvrages nécessaires à la marine mais que le budget ne permettait pas de construire à l'entreprise. Le programme de grands travaux "à l'économie" réalisés à cette époque a permis de construire l'hôpital de Saint-Mandrier (actuel centre d'instruction naval Nord, dont la chapelle est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques), le magasin général (actuel magasin d'habillement), les bassins Vauban n° 2 et 3, toujours en service et qui furent les premiers cas d'emploi de béton de ciment artificiel à la mer, les cales couvertes (incendiées avant la guerre), le hangar aux bois de l'arsenal du Mourillon (démoli depuis la guerre).

Les forçats se levaient l’hiver à six heures, l’été à cinq heures, et commençaient le travail une heure plus tard, ceci jusqu’à midi ; ils déjeunaient dans leur salle pendant une heure. Puis, ils reprenaient le travail jusqu’à huit heures du soir (en hiver) ou jusqu’à neuf heures (en été). Après le souper, extinction des feux.

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Vieille ville de Toulon : Tronc pour les prisonniers du bagne de Toulon.

Lois et répression

Les lois du bagne étaient strictes. Victor Hugo les résume pendant sa deuxième visite au bagne de Toulon ainsi : Modèle:Citation (Victor Hugo, Choses vues, Toulon, 1839).

Mettre un forçat à la double chaîne signifiait enchaîner le forçat dans une salle séparée au bout de son banc avec une chaîne, qui pesait double de poids d'une chaîne normale. Cette pièce séparée depuis laquelle le forçat ne sortait jamais, avant qu’il n’ait purgé sa punition était ainsi appelée « salle de la double chaîne » (c'était la salle numéro 3 quand Vidocq y était). Le cachot était une cellule étroite, longue de deux mètres, contenant un banc de bois, un seau et une cruche, sans fenêtre, excepté un guichet dans la porte.

La bastonnade était appliquée devant toute la chiourme. Le condamné était couché à plat ventre, torse nu, sur le coursier. Quatre forçats devaient le tenir par les bras et les jambes pour l’empêcher de se débattre. Un cinquième devait appliquer la bastonnade soit quinze à soixante coups, avec une corde goudronnée. Il arrivait que le condamné passe quelque temps à l’hôpital, à la suite des blessures. Une autre punition disciplinaire était le boulet au pied.

Témoignage de Schopenhauer

Témoignage d'un voyageur contemporain des Misérables… En 1804, le jeune Schopenhauer visite le sud de la France, il passe par Marseille et Toulon ; il a tout juste 16 ans : Modèle:Citation bloc

Composition du bagne par durée de détention en 1836

Modèle:Section à sourcer

  • 4305 détenus dont :
    • 1193 condamnés à perpétuité
    • 174 condamnés à plus de 20 ans de bagne
    • 382 condamnés à plus de 16 ans et à moins de 20 ans de bagne
    • 387 condamnés à plus de 11 ans et à moins de 15 ans de bagne
    • 1469 condamnés à plus de 5 ans et à moins de 10 ans de bagne
    • 700 condamnés à moins de 5 ans de bagne

Les épidémies

  • Une épidémie de dysenterie fit des ravages au bagne durant l'année 1834, les malades étaient soignés à l'hôpital maritime de Toulon à Saint Mandrier. Sur l'acte de décès la lettre B signifiant « Bagnard » apparaissait dans la marge du document<ref>Recherches de Robert Depardieu</ref>.

Forçats célèbres

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Portrait de l'empoisonneuse Marie Lafarge, condamnée aux travaux forcés à perpétuité en 1840 et déportée à Toulon.

Plusieurs personnages imaginaires passèrent quelques années au bagne de Toulon :

Bibliographie

  • Modèle:Ouvrage
  • Jacques Denis, Forçats corses, déportations au bagne de Toulon 1748 - 1873, Toulouse, Éditions Privat, 2011
  • Modèle:Ouvrage
  • Michel Pierre, Le temps des bagnes, 1748-1953, Tallandier, 2017.

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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