Bamboula
La bamboula est une danse effectuée au son d'une variété de tambour africain, le bamboula, instrument à percussion dont elle tient son nom.
Par extension, bamboula est également utilisé en argot pour désigner un tirailleur sénégalais ou une personne noire, avec une connotation fortement raciste proche de celle du terme « nègre ».
Étymologie
Le terme est dérivé des mots du sarar et du bōla (langues parlées en Guinée portugaise) ka-mombulon et kam-bumbulu qui signifient tambour<ref name=cnrtl>Modèle:CNRTL.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Danses
La forme bamboula apparaît dans une chanson haïtienne en 1757 et la bamboula deviendra une danse syncopée exécutée au rythme de ce tambour lors des fêtes et cérémonies à Haïti. Cette danse sera importée aux États-Unis, via la Louisiane, par les Africains déportés à La Nouvelle-Orléans au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, puis avec l'arrivée d'esclaves noirs déplacés par les colons français de l'île de Saint-Domingue vers la Louisiane, notamment après la Révolution haïtienne. Les esclaves se retrouvaient sur Congo Square, à la lisière du quartier du Vieux carré français de La Nouvelle-Orléans, pour danser la bamboula.
En 1848, en Louisiane, le tout premier succès swing, composé par Louis Moreau Gottschalk (né à La Nouvelle-Orléans mais originaire de Saint-Domingue par sa mère) est intitulé Modèle:Lien<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Au tournant de 1913 à 1914<ref name="Figaro1914" />, l'administration coloniale du Congo belge interdit<ref name="Figaro1914">Modèle:Lien web : article recensant des textes parus dans Le Figaro autour du Modèle:Date-, section « La bamboula démoralisatrice ».</ref> la danse traditionnelle de bamboula, sous la justification qu'elle serait Modèle:Citation et Modèle:Citation ; elle s'opposerait Modèle:Citation. La bamboula est alors considérée par l'administration coloniale comme ayant acquis au fil des siècles un Modèle:Citation et Modèle:Citation aux yeux des indigènes.
Racisme
L'utilisation du mot comme injure raciste envers des personnes noires en France métropolitaine est attesté dès les années 1880<ref>Modèle:Lien web</ref>. Pour Marie TrepsModèle:Sfn, Modèle:Citation
Le terme est également utilisé argotiquement pour désigner un tirailleur sénégalais ou plus généralement une personne noire<ref name=cnrtl/>, avec une connotation dégradante proche de celle du terme « nègre ». Dans l’ouvrage Maudits mots, la fabrique des insultes racistes, de la linguiste Marie Treps, bamboula, serait issu de ka-mombulon et kam-bumbulu, qui signifient « tambour » dans les langues sara et bola parlées en Guinée portugaise. En 1714, en Côte d'Ivoire, le mot a pris le genre féminin, et désigne cette fois une « danse de nègres ». Modèle:Citation, précise l’auteur<ref name="Jeune Afrique">Modèle:Harvsp citée par Modèle:Lien web.</ref>.
Ensuite, rappelle Treps<ref>Modèle:Harvsp citée par Modèle:Lien web.</ref>, Modèle:Citation
En 1914, lors de la Première Guerre mondiale avec l'arrivée des tirailleurs sénégalais sur le front, le terme se charge encore plus négativement. Modèle:Citation, souligne Marie Treps<ref name="Jeune Afrique" />. On retrouvera ceci dans des caricatures du magazine français L'Illustration, alors abondamment diffusé. Le tirailleur sénégalais, personnage à la fois violent et amusant dans les dessins de l'époque, menace par exemple les soldats allemands de sodomie.
Sens dérivés
- « Faire la bamboula » signifie en français « faire la fête »<ref name=cnrtl/>.
- « Bamboula » est aussi devenu une insulte raciste pour désigner les personnes noires<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Biscuit et zoo humain
Bamboula était aussi une marque de biscuits au chocolat vendue en France de la biscuiterie Saint-Michel, qui avait pour mascotte un petit garçon noir vivant dans un monde imaginaire appelé Bambouland peuplé de fées et de trolls, une parodie d'Astérix qui se proposait en bande-dessinée à l'intérieur de chaque paquet. Cette marque a disparu au début des années 1990 à la suite d'une polémique déclenchée à cause de la maladresse de l'équipe marketing chargée de ce produit et à la suite des plaintes qui débouchent en Modèle:Date- sur un constat d'atteinte à la dignité humaine. En effet, la marque sponsorise à Port-Saint-Père (Loire-Atlantique), au parc Safari africain, un Village de Bamboula qui évoque les zoos humains. Le parc se voulait un village de Côte d'Ivoire avec des Modèle:Citation en tenue traditionnelle, dont le contrat de travail spécifiait notamment qu'ils et elles devaient être torses nus quand la température le permettait<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Cette affaire peut être rapprochée de celles concernant L'ami Y'a bon, de la poudre chocolatée Banania, mais aussi du dessert lacté Créola de Chambourcy, marques et logotypes qui ont dû être abandonné par les entreprises les exploitant<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Au Royaume-Uni, en 2001, la marque de confiture Robertson's a dû changer sa mascotte qui représentait un petit homme noir appelé Golly pour des personnages conçus par Roald Dahl<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Bande dessinée
Les Aventures de Bamboula sont une série de bande dessinée de Mat (1895-1982), nourrie de clichés coloniaux, publiée dans les années 1950 aux éditions Rouff. En 2018, les éditions de Varly, petit éditeur spécialisé dans les rééditions d'albums anciens ou dans le domaine public, renoncent à le rééditer devant les protestations de personnalités comme le producteur radio Claudy Siar<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.