Bitlis

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Modèle:Infobox Ville de Turquie

Fichier:Bitlis city center.jpg
Vue d'une rue du centre-ville de Bitlis.

Bitlis (en kurde Bidlîs ou Bêdlîs ; en arménien Modèle:Lang ou Modèle:Lang, Baghesh, ou Modèle:Lang, Baghaghesh) est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. Peuplée majoritairement de Kurdes, la population s'établit à 65 169 habitants en 2000, en incluant les villages alentour.

Étymologie

L'origine du nom Bitlis est incertaine. La croyance populaire relate une hypothèse sans fondement historique : le nom proviendrait d'un général macédonien nommé Lis ou Batlis auquel Alexandre le Grand aurait confié la construction d'une forteresse à l'emplacement de la ville actuelle.

Géographie physique

Situation

La ville se situe à Modèle:Unité d'altitude<ref name="Carte de la Turquie">Carte de la Turquie, éditions Marco Polo Modèle:ISBN.</ref>, sur les flancs de la vallée de la rivière Bitlis (Bitlis Çayı), un affluent du Tigre à Modèle:Unité des rives du lac de Van, sur le haut-plateau arménien. La ville est dominée par deux massifs montagneux : Le massif de Muşgüneyi (Muşgüneyi Dağları) à l'ouest, et le massif de Kavuşşahap (Kavuşşahap Dağları) à l'est, dont un des sommets domine la ville, le Şirkin Tepe (Modèle:Unité)<ref name="Carte de la Turquie"/>.

Climat

Le climat de Bitlis est rude : hivers longs avec de très importantes chutes de neige, étés chauds et humides.

Histoire

Fichier:131 Bataille de Malazgirt.jpg
La bataille de Manzikert en 1071.

Antiquité

Bitlis fait partie de la province du Tôroubéran au sein du royaume d'Arménie ; elle fait partie des possessions des nakharark du Bznounik (les Bznouni) jusqu'en 336-337, date de son rattachement au domaine royal arsacide<ref>Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 Modèle:ISBN, Modèle:P.172.</ref>.

Moyen Âge

Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, lors de la domination arabe de l'Arménie, Bitlis passe aux mains des Mamikonian<ref>Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Modèle:P.220.</ref>.

La ville est sous le contrôle des émirs zourarides au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, vassaux des rois arméniens bagratides<ref>Claude Mutafian et Éric Van Lauwe, Atlas historique de l'Arménie, Autrement, coll. « Atlas / Mémoires », 2005 Modèle:ISBN, Modèle:P.47.</ref>, avant d'être incorporée à l'émirat kaysite de Manazkert au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref>Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Modèle:P.291.</ref>. Vers 970, elle est attaquée par les armées byzantines qui désirent annexer les territoires du royaume arménien et les principautés arabes situées sur les rives du lac de Van<ref name="Dédéyan 292">Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Modèle:P.292.</ref>. Elle est ensuite disputée entre les Hamdanides<ref>Claude Mutafian et Éric Van Lauwe, op. cit., Modèle:P.49.</ref> et les Marwanides<ref>Claude Mutafian et Éric Van Lauwe, op. cit., Modèle:P.51.</ref> (vassaux de Byzance<ref name="Dédéyan 292"/>). À la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, après l'affaiblissement du pouvoir byzantin dans la région, consécutif à la bataille de Manzikert en 1071, la ville tombe aux mains de Togan Arslan<ref>Togan Arslan est le second bey de la dynastie des Dilmaçoğlu qui règne sur Bitlis depuis les années 1080.</ref>, un sujet la dynastie des Shah Arman installée à Akhlat.

L'émirat kurde

Du Modèle:S mini au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Bitlis devient un des émirats kurdes. Bien que, durant cette période, la ville soit assujettie à une succession de pouvoirs plus larges qui s'exercent dans la région de Van, elle maintient une certaine forme d'indépendance. Au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, ses émirs kurdes de la famille Rojki (ou Rojki) sont vassaux de la fédération tribale turcomane des Kara Koyunlu (Moutons noirs turcomans), qui regroupe entre autres les petits émirats voisins : Ahlat, Muş, et Hınıs. La ville tombe ensuite aux mains des Timourides en 1394 mais participera au retour des Turcomans Kara Koyunlu peu après. S'ensuit alors l'effondrement de cette fédération : l'émirat de Bitlis disparaît.

Turcomans et Ottomans

Les Ak Koyunlu (Moutons blancs turcomans) assiègent la ville à trois reprises dans les années 1470 et suivantes avant de la capturer en 1494-1495 et de la perdre peu après au profit des Ruzaki. La ville doit se soumettre à un gouverneur pendant l'invasion de la dynastie perse des Séfévides menée par le Shah Ismail Ier (1501-1524). Néanmoins, la cité se range du côté des Ottomans à leur arrivée dans la région. Mais l'émir ottoman prête allégeance aux Perses. Une armée ottomane assiège Bitlis pendant trois mois en 1531 et 1532 puis se retire en 1533. Sheref est tué et son fils et successeur se soumet aux Ottomans. Muş et Hınıs se séparent de l'émirat de Bitlis et deviennent des sandjaks indépendants, bien que dirigés par des beys de la famille Ruzaki. Une mission jésuite s'installe à Bitlis en 1685. La dynastie des Ruzakides disparaît en 1849 quand le gouverneur ottoman évince le dernier émir, Sheref Bey, qui est fait prisonnier et amené à Constantinople. La ville est ensuite dirigée par un paşa ottoman et devient en 1864 la préfecture du vilayet auquel la ville donne son nom<ref>Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Modèle:P.494.</ref>.

En 1814, la population de la ville atteint les 12 000 habitants, composée à parts égales de musulmans et de chrétiens arméniens. En 1838, la population oscille entre 15 000 et 18 000 habitants dont les deux tiers sont des musulmans et un tiers des Arméniens, augmentés d'une petite communauté de Modèle:Lien. En 1898, Lynch estime la population à 30 000 personnes dont 10 000 Arméniens, 300 Syriaques et les autres sont des Kurdes musulmans.

Première Guerre mondiale

Fichier:Lake Van 02.jpg
Le lac de Van, enjeu du front caucasien entre armée russe et troupes de Mustafa Kemal pendant la Première Guerre mondiale.

Un tiers de la population de Bitlis est arménienne à la veille du génocide arménien. En 1915, Turcs et Kurdes, dirigés par Jevdet Bey, massacrent 15 000 Arméniens<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Source Records of the Great War, vol. 4, éditions Charles F. Horne, National Alumni, 1923.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Martin Gilbert, The First World War, Macmillan, 2004 Modèle:ISBN, p. 167.</ref>. L'ampleur des massacres et leur violence sont telles que le général Vehib pacha parle en 1918 d'« un exemple d'atrocité qui ne s'est jamais produite dans l'histoire de l'islam<ref>Raymond Kévorkian, Le génocide des Arméniens, Odile Jacob, Paris, 2006 Modèle:ISBN, Modèle:P.430.</ref> ».

En février 1916, sur le front caucasien, les armées russes lancent une offensive afin de capturer Muş et Bitlis. Muş tombe le Modèle:Date-. À Bitlis, les positions turques se maintiennent à la périphérie de la ville et sont protégées par l'étroitesse de la vallée. Dans la nuit du 2 au Modèle:Date-, lors d'un fort blizzard, le Modèle:8e de carabiniers caucasiens avance en silence et après des combats au corps à corps, prend les positions turques<ref>Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Modèle:P.537.</ref> et fait plus de mille prisonniers. L'armée turque abandonne Bitlis et se retire vers Siirt. Un contingent, commandé par Mustafa Kemal, s'avance pour défendre Bitlis mais arrive trop tard. En août 1916, la Seconde armée turque entreprend une offensive contre les Russes sur le front oriental. Le Modèle:Date-, le Modèle:16e de l'armée de Mustafa Kemal, augmenté d'une armée irrégulière kurde, attaque Muş et Bitlis. Craignant un encerclement, le général et commandant russe Nazarbekov abandonne Bitlis le Modèle:Date-. Après la perte de Muş, il décide d'abandonner Tatvan et toute la vallée de Muş avant de se retirer à Ahlat. En septembre, l'offensive turque piétine et se délite. Nazarbekov reprend Tatvan et Muş à mesure que les forces turques se retirent, mais il n'a plus assez de troupes disponibles pour reprendre Bitlis alors que l'hiver arrive. La révolution russe au printemps 1917 compromet toute victoire future de l'armée russe<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W.E.D. Allen et P. Muratoff, Caucasian Battlefields, Cambridge, 1953.</ref> et, même si la ville est reconquise par les Russes, elle est reprise sans combat par les Turcs en Modèle:Date-<ref>Anahide Ter-Minassian, 1918-1920 — La République d'Arménie, éditions Complexe, Bruxelles, 1989 (réimpr. 2006) Modèle:ISBN, Modèle:P.26.</ref>.

Après la guerre, le traité de Sèvres (Modèle:Date) prévoit le rattachement de la ville à l'Arménie (moyennant arbitrage du président américain Woodrow Wilson pour la fixation des frontières)<ref>Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Modèle:P.594.</ref>, mais il n'est pas ratifié. L'Arménie renonce en outre à la ville par le traité d'Alexandropol<ref>Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Modèle:P.595.</ref>, confirmé par le traité de Kars (Modèle:Date)<ref>Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., Modèle:P.596.</ref>.

Géographie

Population

Année Ville Banlieue Total
1960 86 000
1965 81 000
1970 72 000
1975 64 000
1980 52 000
1985 48 000
1990 38 130 30 002 68 132
1997
2000 44 923 20 246 65 169
2007

Transports et communications

Fichier:Tatvan (view from Nemrut).jpg
La ville de Tatvan et l'extrémité occidentale du lac de Van, vues du nord.

La ville est reliée par la route aux principales villes de la région : au nord-est, à Modèle:Unité se trouve le port de Tatvan sur le lac de Van, à Modèle:Unité au nord-ouest se trouve la ville de Muş tandis qu'à Modèle:Unité à l'ouest sur la Modèle:Cartouche route/Modèle se trouve la ville de Diyarbakır. La ville n'est pas desservie par le chemin de fer. La gare terminus se trouve à Tatvan. La ligne relie Tatvan à Muş puis plus à l'ouest conduit à Elâzığ d'où part la correspondance pour Diyarbakır.

Économie

L'économie locale est basée sur la production agricole (fruits, céréales et tabac). L'industrie est peu représentée : travail du cuir, manufacture de tabac, industrie textile (tissage et teinture).

Culture et patrimoine

Architecture

La ville possède davantage de témoignages architecturaux traditionnels et médiévaux qu'aucune autre ville dans l'est de la Turquie. Les constructions sont de bonne qualité, utilisant des matériaux locaux, notamment une pierre brune brillante, parfois appelée « pierre d'Ahlat ».

La ville comporte de nombreux monuments de la dernière période médiévale islamique : mosquées, écoles coraniques (medersas) et des tombeaux. Ce sont principalement des commandes de l'élite kurde. Le style architectural particulièrement conservateur se rapproche fortement des édifices datant du début de l'ère seldjoukide. On peut notamment citer la Grande mosquée (Ulu Camii) du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et son minaret du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'école coranique Gokmeydani Medresesi et la mosquée Şerefiye, datant du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Jusqu'en 1915, la ville possédait plusieurs églises et monastères arméniens, tous rasés pendant le génocide arménien, à l'exception d'une église du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle qui sert aujourd'hui d'entrepôt<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} T. A. Sinclair, Eastern Turkey, an Architectural and Archaeological Survey, vol. 1, Londres, 1987, p. 297-308.</ref>.

La ville possède également de nombreuses maisons anciennes bâties en pierres de taille et à l'architecture imposante. Le rez-de-chaussée sert pour le stockage des denrées et comporte une écurie et peu d'ouvertures, le premier étage sert d'habitation et est mieux éclairé. Le toit plat est recouvert d'argile. Contrairement aux maisons traditionnelles que l'on trouve à Erzurum ou à Van, les maisons de Bitlis ne comportent ni grande fenêtre, ni balcon<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Y. Sayin, Bitlis Evleri, Ankara, 2001, p. 43-44.</ref>.

Tourisme

Plusieurs routes pittoresques permettent de découvrir les alentours de Bitlis :

Gens célèbres

La cité est la patrie de l'historien kurde du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle Sherefxan Bedlisi (aussi connu sous le nom de Sharaf al-Din Bitlisi). L'écrivain arméno-américain William Saroyan (1908-1981), dont les parents ont émigré de Bitlis à Fresno en Californie, est l'auteur d'une pièce intitulée Bitlis, qui traite de son « retour » dans la ville qu'il considère comme sa patrie. L'homme politique turc, écrivain et diplomate Kâmran İnan (né à Bitlis en 1929) est l'auteur d'une histoire de Bitlis.

Notes et références

Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Articles connexes

Liens externes

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